Luca Francesconi (nĂ© en 1956). Le compositeur libre. C’est en Ă©coutant Richter lors d’un rĂ©cital Ă Milan que le jeune Luca se prend de passion pour la musique ; il fera comme le pianiste. FormĂ© au Conservatoire milanais (classe de composition de Azio Corghi), Francesconi conserve une libertĂ© et un appĂ©tit intact en admirant après Richter, Pollini qui joue comme s’il improvisait, et Berio dont Laborintus le marque profondĂ©ment. Ainsi ni post Nono, ni post Sciarrino, Francesconi sera d’abord lui-mĂŞme. Auprès de Berio dont il est l’assistant au moment de la crĂ©ation de La Vera storia Ă La Scala, Francesconi apprend un mĂ©tier, une discipline. Proche de Donatoni, pourtant moins connu, le jeune compositeur s’affirme avec sa première partition d’ampleur en 1982, Passacaglia pour grand orchestre. Son projet est de rĂ©tablir le lien entre intellect et corps, pensĂ©e et sensualitĂ©. L’homme aime transmettre, cultiver le temps long avec peu de personne pour approfondir toute relation ; il prend très au sĂ©rieux son activitĂ© de professeur. Comme directeur de la Biennale de Venise (pendant quatre annĂ©es : 2008-2011) il s’inscrit dans un terreau d’initiatives qui repensent le geste crĂ©ateur hors de toutes contraintes et de tout compromis.
Lors du premier concert (inaugural, le 5 fĂ©vrier 2016), Mikko Franck dirige Bread, water and salt (crĂ©ation française), composĂ© sur les poèmes de Nelson Mandela (d’après une proposition initiale du chef Antonio Pappano). L’Ă©criture très poĂ©tique tire profit de la langue xhosa très riche en consonnes. Le chant, donc l’opĂ©ra et le relecture de l’hĂ©ritage montĂ©verdien inspire aussi Francesconi qui après Quartet d’après Heiner MĂĽller, prĂ©pare un nouvel opĂ©ra, dĂ©diĂ© au personnage de Vautrin, conçu par Balzac (son titre : “Trompe la mort”). Commande de StĂ©phane Lissner pour l’OpĂ©ra national de Paris, l’ouvrage sera créé en 2017 au Palais Garnier. Et son livret est rĂ©digĂ© en français par le compositeur lui-mĂŞme, dans la tradition de Berlioz et Wagner. Aujourd’hui, Francesconi cultive une distance critique sur les chapelles et coteries bien pensantes par lesquelles il aura fallu passer pour se faire un nom (ou un rĂ©seau). Rejoindre l’Ircam, cultiver une posture post boulĂ©zienne n’a plus de sens actuellement. Et c’est tant mieux. Et puis contre toute tentation commerciale, l’indĂ©pendant assure qu’il faut retrouver le chemin de la libertĂ© audacieuse et inventive Ă une Ă©poque oĂą le rapp est servi comme un plat nouveau quand il Ă©tait dĂ©jĂ gĂ©nial Ă New York dans les annĂ©es 1970… Comme Berio qui pensait juste Ă voulant retrouver l’esprit d’innovation d’un Monteverdi, Francesconi nous indique le chemin de la crĂ©ation Ă dĂ©fendre et atteindre coĂ»te que coĂ»te.
Consulter le site du compositeur Luca Francesconi :
https://frescoanbima.wordpress.com/francesconi/Â
(en italien)