ARTE, dim 5 avril 2020, 17h45.ïŽ JAMES TISSOT LâĂ©toffe dâun peintre – Portraitiste de la haute sociĂ©tĂ© britannique et parisienne, le nantais James Tissot (1836-1902) portraiture les mondanitĂ©s et les rituels sociaux comme les mutations de son temps, en particulier celui de lâAngleterre Ă lâĂąge industriel quand il se fixe Ă Londres (1871) aprĂšs la guerre de 1870.
Sâil a reniĂ© son prĂ©nom (Jacques-Joseph) fleurant bon la bourgeoisie provinciale (nantaise) du XIXe siĂšcle succombant Ă lâanglomanie ambiante (lâAngleterre victorienne, celle du musicien Elgar, est la premiĂšre puissance europĂ©enne), « James » Tissot, nĂ© Ă Nantes en 1836, a conservĂ© le goĂ»t de la religion, les ambiances portuaires; les tissus â son pĂšre est marchand de soie, sa mĂšre, modiste. FormĂ© aux Beaux-Arts de Paris â expert praticien en costumes mĂ©diĂ©vaux et kimonos japonais â, il devient le peintre fĂ©tiche de lâĂ©lite du Second Empire suite Ă son Portrait de Mlle L.L. (1864), Ă la silhouette furieusement Ă la mode.
Mondain, modiste, mystique : l’Ă©clectisme exigeant de James Tissot
Eclectique, trĂšs en phase avec lâhyperculturisme de la fin du siĂšcle, Tissot revient Ă Paris dĂšs 1882, peint la femme comme un naturaliste inspirĂ© – comme Massenet ou Puccini Ă lâopĂ©ra. FrappĂ© par une vision mystique en 1888, il se dĂ©die alors Ă un art essentiellement religieux, oĂč il recycle les souvenirs de ses voyages en Palestine et Ă Jerusalem, renouvelant le tĂ©moignage fervent dâun Chateaubriant, au dĂ©but du siĂšcle. Tissot synthĂ©tise impressionnisme, Ingres, un rĂ©alisme qui rĂ©vĂšle un sens de la construction sans possĂ©der et maĂźtriser le cadrage photographique voire cinĂ©matographique de son ami, lâimmense Edgar Degas (sujet de la rĂ©trospective prĂ©cĂ©dente au MusĂ©e d’Orsay). Tissot Ă Londres cisĂšle un regard prĂ©cis, nerveux voire parodique et critique du genre humain et surtout urbain : comme il avait croquer les combats pour le Morning Post, pendant le front franco-prussien. A Londres, il portraiture les bonnes gens et les aristos britanniques, capturant des scĂšnes plus triviales pĂȘchĂ©es dans le port de Londres. Sa muse Kathleen Newton, divorcĂ©e irlandaise et mĂšre de deux enfants, sâimpose. AprĂšs la disparition de celle qui Ă©tait devenue sa compagne, en 1882, le peintre regagne la France. ĂpinglĂ© peintre de la mode, Tissot dĂ©voile une acuitĂ© rĂ©aliste plus profonde quâil nây paraĂźt. Ce docu assez diluĂ© et pas toujours prĂ©cis tente dâen dĂ©voiler les qualitĂ©s.
ARTE, dim 5 avril 2020, 17h45. Documentaire de Pascale BouhĂ©nic (France, 2020, 52mn) – Coproduction : ARTE France, CinĂ©tĂ©vĂ©, MusĂ©es dâOrsay et de lâOrangerie – Rappel : Exposition âJames Tissot, lâambigu moderneâ, prĂ©sentĂ©e du 24 mars au 19 juillet au musĂ©e dâOrsay.
Illustration : femmes regardant des objets jamponais, vers 1869 / James Tissot peint par Degas (DR)
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