jeudi 28 mars 2024

Bruxelles. Cirque Royal, le 30 avril 2011. Giuseppe Verdi: Nabucco. Carlo Guelfi, Carlo Colombara, Marianne Cornetti… Choeur et orchestre de La Monnaie; Julian Reynolds, direction

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Nabucco de très haute volée

Le 30 avril dernier le cirque royal, l’une des trois salles de l’Opéra De munt-La Monnaie accueillait Nabucco composé en 1841 par Giuseppe Verdi (1813 – 1901) sur un livret de Temistocle Solera. Nabucco a été créé le 9 mars 1842 à la scala de Milan. En très peu de temps, l’oeuvre devient le symbole du patriotisme italien grâce au célebrissime choeur des esclaves hébreux « Va pensiero ». Pour cette production, donnée en version concert, La Monnaie a réuni une distribution remarquable avec pour le rôle-titre, un changement de taille: Andrzej Dobber, malade, a dû renoncer à sa participation : il est remplacé par Carlo Guelfi qui est arrivé une semaine avant la première.


Un cast remarquable …

Eu égard aux conditions particulières liées à son arrivée, Carlo Guelfi, qui a eu moins d’une semaine pour travailler avec ses collègues, offre un Nabucco très honorable. Visiblement épuisé, le baryton italien a eu quelques dificultés à entrer dans son rôle mais il se reprend vite et la prière de Nabucco, entre autres, est chantée avec beaucoup de sensibilité; il fait également oublier une entrée en matière laborieuse grâce à un remarquable talent de comédien. Face à lui, deux fortes personnalités se distinguent : Carlo Colombara incarne un Zaccaria excellent. Grand prêtre à la fois autoritaire et paternel, il guide les hébreux avec aplomb et fermeté, leur rendant foi et courage dans les moments les plus critiques; c’est aussi ce caractère bien trempé qui permet à Zaccaria d’affronter Nabucco les yeux dans les yeux. Colombara ne tremble pas face aux pics de la partition et même s’il montre quelques signes de fatigue au tout début de l’oeuvre, il se reprend très vite et l’aria « Vieni ô levita », puis la prophétie sont donnés avec maestria recevant un très bel accueil du public. Autre alter ego de Nabucco, Abigaille est ici impeccablement incarnée par Marianne Cornetti tant vocalement que scéniquement, encore qu’une version concert limite les possibilités de chacun. Les sentiments contradictoires de l’ancienne esclave, devenue reine de Babylone par la force, pendant la maladie de Nabucco, sont exprimés avec intelligence, exprimant tour à tour amour, haine et nostalgie. Face à une Abigaille aussi terrible et émotionnellement riche, Catherine Keen apparaît comme une Fenena terne; dabord engorgée la voix peine à se faire entendre; l’articulation demeure inexistante et les talents d’actrice se font attendre. En fin de soirée, Keen parvient à s’imposer; choisir une voix de mezzo dans un rôle initialement composé pour une soprano est-il une bonne idée? Par contre Zoran Todorovich incarne un Ismaele vocalement idéal… seul son manque d’investissement scénique ne nous permet pas de voir à quel point le personnage est tiraillé entre sa foi et son amour pour Fenena. Si le quintette principal est globalement excellent, malgré les imperfections ici et là relevées, saluons les très belles et trop courtes apparitions de Kurt Gysen (Grand prêtre de Baal); Xavier Rouillon (Abdallo) qui suit les traces de son père et d’Olga Kindler(Anna). Quel dommage d’ailleurs que des coupures aient été opérées ici et là, privant ainsi ces trois artistes d’une partie de leurs rôles.


… soutenu par un orchestre et un choeur au rendez-vous

L’orchestre et le choeur de La Monnaie, très impliqués, sont dirigés avec brio par Julian Reynolds. Quel dommage cependant que l’acoustique du cirque royal, peu adaptée pour l’opéra, fasse tant ressortir le pupitre des cuivres au détriment du reste de l’orchestre. Concernant les choeurs, si la préparation musicale, sous la direction de Martino Faggiani est excellente, la diction reste perfectible. A leur décharge, il faut bien admettre que l’acoustique n’aide vraiment personne.

Donné en version concert, ce Nabucco saisit globalement par sa cohérence et sa tenue vocale. La Monnaie réunit une distribution convaincante qui sait rendre justice à l’oeuvre verdienne, dévoilant avec maestria (Carlo Guelfi dans le rôle-titre) son souffle et ses accents lyriques, même en version de concert.

Bruxelles. Cirque Royal, le 30 avril 2011. Giuseppe Verdi (1813 1901) : Nabucco. Opéra en quatre parties (1842); livret de Temistocle Solera. Avec Nabucco : Carlo Guelfi ; Zaccaria : Carlo Colombara; Abigaille : Marianne Cornetti; Fenena : Catherine Keen; Ismaele : Zoran Todorovich; Grand prêtre de Baal : Kurt Gysen; Abdallo : Xavier Rouillon; Anna : Olga Kindler; choeur et orchestre de l’opéra La Monnaie; Julian Reynolds, direction

Compte rendu mis en ligne par Carl Fisher. Rédigé par Hélène Biard, notre envoyé spéciale à Bruxelles
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