PARIS, Gaveau. 3 avril 2019, 20h. RĂ©cital JN DIATKINE, piano. Classiquenews avait dĂ©jĂ remarquĂ© le jeu facĂ©tieux mais prĂ©cis, imaginatif mais juste du pianiste Jean-Nicolas Diatkine (Ă Gaveau aussi en nov 2014 : programme Ravel, Chopin…). C’est un lutin Ă©clairĂ© et cultivĂ© qui lui-mĂŞme cherche et trouve des filiations poĂ©tiques secrètes d’un musicien l’autre, d’une partition Ă un Ă©crivain (ainsi Proust parlant de Chopin…). L’éclectisme des programmes nourrit en rĂ©alitĂ© une riche rĂ©flexion sur le jeu des inspirations, sur la construction des Ă©difices poĂ©tiques… C’est Ă©videmment le cas de ce nouveau rĂ©cital qui marie Mozart (gluckiste, et d’une gravitas enfin apaisĂ©e dans l’Adagio k540), Beethoven (passionnĂ©, conquĂ©rant, inflexible) et Chopin (mĂ©lancolique et langoureux mais surtout vif, nerveux, fier…).
Dans l’Appassionnata, Beethoven alors au service du Prince Lichnowsky, refuse de jouer pour les Français de Napoléon qui occupent son palais : Lichnowsky fait enfoncer la porte de la chambre du compositeur qui s’y était réfugié ; mais Beethoven fier comme un paon, s’obstine et quitte les lieux (et son protecteur à Vienne). Dans une lettre demeurée fameuse, il exprime comme Mozart, l’unicité et l’indépendance non serviles de son génie : « « Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi-même. Des princes, il y en a et il y en aura des milliers. Il n’y a qu’un seul Beethoven – signé : Beethoven ». JN Diatkine saura souligner entre chaque note musicale, cette assurance qui n’est pas arrogance mais suprême conscience de la pureté de son art. Inflexible Beethoven et tellement naïf aussi.
Puis la main preste, allégée, s’accorde à la pensée fugace des Préludes, ceux de Chopin : 24 esquisses dont l’acuité critique du pianiste révélera surtout le fourmillement des idées, jaillissantes, fulgurantes. Mais le génie de Chopin tient surtout à sa relecture du genre emblématique de la dignité de sa nation, occupée, meurtrie, martyrisée : dans la Polonaise opus 53, il y a certes le souvenir de la marche noble des princes en représentation ; il y a surtout l’expression intime d’une blessure qui sublime la souffrance en … grâce. Magie de l’acte créateur et poétique.
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Récital Jean-Nicolas DIATKINE, piano
PARIS, Salle Gaveau
Mercredi 3 avril 2019, 20h30
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https://www.sallegaveau.com/spectacles/jean-nicolas-diatkine-piano
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Programme:Â
Mozart :
Adagio K. 540 et Variations sur un thème de Gluck K. 455
Beethoven :
Sonate n°23 op.57 « Appassionata”
Chopin :
24 Préludes (1839)
Polonaise op. 53 “HĂ©roĂŻque” (1842)
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Salle Gaveau Ă PARIS
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75008 PARIS
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