BD Ă©vĂ©nement. BEETHOVEN : le prix de la libertĂ© (RĂ©gis Penet, Ă©ditions La BoĂźte Ă bulles). En grand format et dessin noir et blanc, RĂ©gis PENET renouvelle ici notre perception de Beethoven. Presque 6 mois aprĂšs lâannĂ©e LUDWIG, mise Ă mal du fait de la pandĂ©mie et donc de lâarrĂȘt des concerts et spectacles commĂ©moratifs en public, voici le portrait le plus saisissant de Beethoven dont le graphisme mesure et nuance chaque trait de la personnalitĂ© ; irascible certes, entier et passionnĂ© certainement ; gĂ©nĂ©reux, amoureux et fraternel assurĂ©ment. A travers un Ă©pisode de la vie de Ludwig (son sĂ©jour au sein de la famille Lichnowski en SilĂ©sie Ă partir de 1805), lâauteur souligne le tempĂ©rament libertaire, viscĂ©ralement indĂ©pendant de lâauteur qui sait susciter lâadmiration de ses mĂ©cĂšnes dont lâĂ©pouse du prince, Maria, interprĂšte inspirĂ©e de sa Sonate Walstein⊠il suffit dâun soir oĂč Lichnowski reçoit des soldats français⊠pour que lâĂ©quilibre de leur relation implose littĂ©ralement. Tout cela est vu Ă travers le tĂ©moignage du fils de la famille, le jeune Eduard von Lichnowski qui comprend ainsi comment Ludwig avait conscience de sa valeur et dans la suite de Mozart, refusait catĂ©goriquement de servir comme domestique. Câest que le compositeur sert une musique qui nâest pas divertissement mais force de dĂ©passement et dâaccomplissement universelâŠ
La valeur du dessin outre sa puissance suggestive, sait nous offrir plusieurs portraits en plan rapprochĂ© de Ludwig ; le trait capte les coups de sang, les accents passionnĂ©s dâun gĂ©nie de la musique, lequel plus proche de la nature que des hommes, ne se sentait plus davantage heureux que sâil pouvait contempler la ramure dâun arbre⊠VoilĂ une BD dâanthologie au dessin vif argent comme son sujet, Ă inscrire dans la suite immĂ©diate de lâannĂ©e Beethoven 2020.
BD événement. BEETHOVEN : le prix de la liberté (Régis Penet, éditions La Boßte à bulles)
https://www.la-boite-a-bulles.com/book/664
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PARIS. Récital de piano : Jean-Nicolas DIATKINE à GAVEAU
PARIS, Gaveau. 3 avril 2019, 20h. RĂ©cital JN DIATKINE, piano. Classiquenews avait dĂ©jĂ remarquĂ© le jeu facĂ©tieux mais prĂ©cis, imaginatif mais juste du pianiste Jean-Nicolas Diatkine (Ă Gaveau aussi en nov 2014 : programme Ravel, ChopinâŠ). Câest un lutin Ă©clairĂ© et cultivĂ© qui lui-mĂȘme cherche et trouve des filiations poĂ©tiques secrĂštes dâun musicien lâautre, dâune partition Ă un Ă©crivain (ainsi Proust parlant de ChopinâŠ). LâĂ©clectisme des programmes nourrit en rĂ©alitĂ© une riche rĂ©flexion sur le jeu des inspirations, sur la construction des Ă©difices poĂ©tiques… Câest Ă©videmment le cas de ce nouveau rĂ©cital qui marie Mozart (gluckiste, et dâune gravitas enfin apaisĂ©e dans lâAdagio k540), Beethoven (passionnĂ©, conquĂ©rant, inflexible) et Chopin (mĂ©lancolique et langoureux mais surtout vif, nerveux, fierâŠ).
Dans lâAppassionnata, Beethoven alors au service du Prince Lichnowsky, refuse de jouer pour les Français de NapolĂ©on qui occupent son palais : Lichnowsky fait enfoncer la porte de la chambre du compositeur qui sây Ă©tait rĂ©fugiĂ© ; mais Beethoven fier comme un paon, sâobstine et quitte les lieux (et son protecteur Ă Vienne). Dans une lettre demeurĂ©e fameuse, il exprime comme Mozart, lâunicitĂ© et lâindĂ©pendance non serviles de son gĂ©nie : « « Prince, ce que vous ĂȘtes, vous lâĂȘtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi-mĂȘme. Des princes, il y en a et il y en aura des milliers. Il nây a quâun seul Beethoven â signé : Beethoven ». JN Diatkine saura souligner entre chaque note musicale, cette assurance qui nâest pas arrogance mais suprĂȘme conscience de la puretĂ© de son art. Inflexible Beethoven et tellement naĂŻf aussi.
Puis la main preste, allĂ©gĂ©e, sâaccorde Ă la pensĂ©e fugace des PrĂ©ludes, ceux de Chopin : 24 esquisses dont lâacuitĂ© critique du pianiste rĂ©vĂ©lera surtout le fourmillement des idĂ©es, jaillissantes, fulgurantes. Mais le gĂ©nie de Chopin tient surtout Ă sa relecture du genre emblĂ©matique de la dignitĂ© de sa nation, occupĂ©e, meurtrie, martyrisĂ©e : dans la Polonaise opus 53, il y a certes le souvenir de la marche noble des princes en reprĂ©sentation ; il y a surtout lâexpression intime dâune blessure qui sublime la souffrance en ⊠grĂące. Magie de lâacte crĂ©ateur et poĂ©tique.
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Récital Jean-Nicolas DIATKINE, piano
PARIS, Salle Gaveau
Mercredi 3 avril 2019, 20h30
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https://www.sallegaveau.com/spectacles/jean-nicolas-diatkine-piano
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Programme:Â
Mozart :
Adagio K. 540 et Variations sur un thĂšme de Gluck K. 455
Beethoven :
Sonate n°23 op.57 « Appassionata”
Chopin :
24 Préludes (1839)
Polonaise op. 53 “HĂ©roĂŻque” (1842)
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Salle Gaveau Ă PARIS
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