Marie-Antoinette insuffle Ă la Cour de France un nouveau vent musical en liaison directe avec ses goĂ»ts d’active mĂ©lomane : harpiste, chanteuse et pianofortiste, la jeune Reine au dĂ©but des annĂ©es 1770 fait venir son professeur de musique Ă Vienne, Gluck. Le Chevalier ne fait pas qu’investir l’opĂ©ra français : il en rĂ©forme dans le bon sens le cadre, le langage, les finalitĂ©s. Le drame, la cohĂ©rence gĂ©nĂ©rale, l’expressivitĂ© plutĂ´t que la virtuositĂ©, les caprices des chanteurs… Après Gluck, Marie-Antoinette accueille les Italiens, Piccinni puis Sacchini, mais aussi GrĂ©try et Gossec, sans omettre Johann Christian Bach et Salieri. Juste avant la RĂ©volution, jamais la scène française ne fut aussi riche et prolyxe, inventive et audacieuse.
Théâtre de poche, 1780
Au moment oĂą Gluck rĂ©volutionne les planches lyriques, la Reine reçoit en 1774 comme cadeau de son Ă©poux Louis XVI, le domaine et le palais du Trianon : Ă l’origine, il s’agissait de la demeure de La Pompadour, elle aussi si protectrice des arts, prĂ©sent de Louis XV Ă sa maĂ®tresse et son amie. Par la suite l’architecte Jacques Anges Gabriel Ă©difiera l’OpĂ©ra royal de Versailles dans le pur style Louis XVI …
Pour assurer l’activitĂ© artistique qu’elle a connu Ă Vienne, Marie-Anotinette fait Ă©difier par Richard Mique, un théâtre miniature dans son domaine : il est inaugurĂ© en 1780.
De l’extĂ©rieur, l’Ă©crin du petit théâtre offre une façade sĂ©vère nĂ©o antique assez neutre : sa discrĂ©tion se rĂ©vĂ©lera dĂ©cisive pour sa prĂ©servation pendant la RĂ©volution. A l’intĂ©rieur, une centaine d’invitĂ©s de la Reine assiste aux reprĂ©sentations théâtrales et aux concerts dans un dĂ©cor or, bleu et blanc d’un raffinement discret, conçu avec des matĂ©riaux Ă©conomiques : les statues sont de stuc, les marbres, peints en trompe l’oeil. Une vingtaine de musiciens assurent le soutien musical des soirĂ©es lyriques ; et la scène, plus dĂ©veloppĂ©e que la salle, accueille toujours une machinerie demeurĂ©e intacte depuis le XVIIIème.
Pour sa royale mécène, Richard Mique dessine le parc de Trianon version Marie-Antoinette : un hameau et ses bergers, un lac et son phare, sertis par des jardins anglais.