mardi 16 avril 2024

Blandine Verlet joue François Couperin2cd Aparté

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cd, compte rendu, critique
François Couperin par Blandine Verlet

cd coup de coeur de la rédaction cd de classiquenews.com (juin 2012)

L’expérience est rare et mérite donc d’être soulignée dans nos colonnes. Le nouveau coffret de pièces pour clavecin de François Couperin par Blandine Verlet est pour la seconde fois, après la critique de Carter Chris Humphray, l’objet d’un compte rendu par notre rédacteur, Benjamin Ballifh. C’est pour lui aussi un immense coup de coeur.

Quelques fois le mot « critique » perd son sens et devient hors sujet, inutile voir déplacé, surtout s’il est pris dans son sens le plus strict-, devant un projet musical accompli; c’est bien le cas pour ce sublime disque que nous offre Blandine Verlet en jouant un florilège du Grand Couperin; ici notre rôle de critique se fait bien modestement l’amplificateur d’une évidence indiscutable.

Dès les premières notes, le son du somptueux clavecin Hemsh qui appartenait jadis à Madame Moulinié, frappe et saisit. C’est toujours une redécouverte de l’écouter, car l’esthétique des prises de son évoluant avec le temps, chaque enregistrement permet de découvrir et de savourer un nouvel aspect de l’ instrument royal qui règne au Parnasse de la facture.


Sublime Couperin par Blandine Verlet

Parmi tous les compositeurs français qui ont écrit pour le clavecin, Couperin est sans doute celui qui a véritablement voulu s’échapper du carcan classique de la suite de danses; son invention le place ailleurs, elle s’aventure dans le domaine privé, non seulement le sien, par un langage unique que lui est propre, mais aussi par le dévoilement subtil de l’intimité des personnages auquel il rend hommage dans sa musique.

Couperin au même titre que Watteau peint/compose des « portraits »: voyez le Gilles, monumental et pourtant si mystérieux, tendre effigie d’une profondeur et d’une vérité humaine sans équivalent dans l’histoire du portrait français, valant emblème de l’esprit de fugacité propre à la Régence ; la parenté entre le compositeur et le peintre ne doit pas surprendre: ils habitaient tous les deux à quelques rues de distance l’un de l’autre, à Paris, dans le quartier de l’église Saint-Jacques de la Boucherie.

Chez Couperin, le langage musical jaillit du clavecin, et la profusion d’agréments qu’il déploie, est naturellement induite par l’instrument. Les phrases musicales sont courtes et mélodiquement simples mais tout l’art est dans l’embellissement de ces mélodies, par conséquent, la qualité du clavecin choisi pour cet enregistrement fait beaucoup pour sa réussite.

Avec une grande maîtrise, Blandine Verlet sait rendre les ornements compréhensifs et intelligibles dans chaque phrase; la mélodie se distingue avec grâce et naturel ; nous sommes captivés car la musique devient enfin simple et évidente.

L’approche s’écarte nettement des brusqueries habituelles que les clavecinistes plus bavards et moins subtils, imposent par un toucher raide, faussement virtuose.

Nos réserves (car il y en a toujours) concernent les pièces de caractère plus vif comme la Gavotte, la Gigue du Huitième ordre ainsi que la Sophie du Vingt-sixième ordre et les Chinois du Vingt-septième ordre qui restent toujours dans une expression ronde souvent denuée de pique.

Au sein d’un cercle réservé, celui d’une vivacité rare et espiègle, les clavecinistes comme Pierre Hantaï, Skipe Sempé et particulièrement Bruno Procopio pour la jeune génération, montrent un art très savant et juste dans l’interprétation de cette musique du Grand Couperin qui a aussi tout un volet virtuose. Le nouveau regard de Blandine Verlet s’inscrit dans cette lignée où à l’intelligence du geste, à l’intériorité articulée du jeu répond une mécanique historique, exceptionnellement musicale; La main, l’esprit, la poésie … Qu’espérer de plus pour comprendre déjà l’immense François Couperin? Coffret événement.

François Couperin
(1668-1733): Septième et Huitième Ordres du Deuxième Livre de
1716-1717; 25è,26è et 27è ordres du Quatrième Livre de 1730. Blandine
Verlet, clavecin Hemsch 1751. 2 cd Aparté. Enregistrement réalisé en
novembre 2011 en Belgique. Réf.: AP036. CD1: 1h. CD2: 56mn.

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