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On peut être surpris d’entendre dans cet enregistrement la Sonate Op. 108 en ré mineur au violoncelle et non au violon comme Brahms l’a conçue. Mais, n’en déplaise aux puristes, la transcription au 19ème siècle était une pratique courante, ne serait-ce que pour faciliter la diffusion des œuvres à une époque qui ne disposait pas encore de l’enregistrement sonore ! D’ailleurs Brahms lui-même n’a t-il pas transcrit sa première Sonate pour violon ou ses deux Sonates pour clarinette Op. 120 ? Après l’avoir esquissée, comme nous l’avons vu plus haut dès 1886, c’est toujours sur les rives du lac de Thun que Brahms peaufine sa Sonate Op. 108 deux ans plus tard. Le compositeur, âgé de cinquante-cinq ans, semble y atteindre une sorte de maturité d’inspiration et d’écriture dont la plénitude est renforcée ici par la sonorité plus grave et plus chaude du violoncelle ; et ce qui, peut-être, est perdu en brio semble gagné en lyrisme. Ce sommet de la musique de chambre est maîtrisé dans tous les domaines : formel, harmonique, sonore, expressif. On pourrait y voir une synthèse des sonates précédentes et sûrement l’apogée du lyrisme instrumental brahmsien.