BORDEAUX, Opéra. MEYERBEER : Robert le diable, 20-25 sept 2021. En version de concert, Robert le Diable ouvre la nouvelle saison de l’Opéra de Bordeaux. Le chef-d’œuvre romantique de Meyerbeer s’approprie ainsi le principe du Grand Opéra à la française, avec ballet et chœur. Dès sa création en 1831 à l’Opéra de Paris (salle Le Peletier), l’ouvrage suscite un grand succès. 5 actes, plusieurs chanteurs créateurs exceptionnels, décors et costumes luxueux font les délices des parisiens. Et la scène fantomatique des nonnes dansant lors d’une nuit de sabbat marque les esprits, certains scandalisés, en majorité, saisis par la force spectaculaire (et onirique) du tableau : d’ailleurs Edgar Degas a peint l’ambiance de la fameuse scène des nonnes possédées, depuis la fosse, selon un cadrage moderne qui lui est propre.
Particulièrement sensible au répertoire français, l’ONBA Orchestre National de Bordeaux Aquitaine joue le drame avec, sous les traits de Robert et succédant au légendaire Adolphe Nourrit (créateur du rôle en 1831), le ténor américain John Osborn.
Degas : la scène des nonnes impudiques Ă l’OpĂ©ra de Paris : DR
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ROBERT LE DIABLE : Opéra de Bordeaux / OPERA–ouverture de saison lyrique
Version de concert mise en espace
Opéra en 5 actes de Giacomo Meyerbeer créé à l’Opéra de Paris le 22 novembre 1831
Musique de Giacomo Meyerbeer -Livret de Scribe et Delavigne
Direction musicale, Marc Minkowski
Mise en espace, Luc Birraux
Robert, duc de Normandie, John Osborn
Isabelle, Princesse de Sicile, Erin Morley
Bertram, Nicolas Courjal
Alice –sœur de lait de Robert, Amina Edris
Raimbaut, un troubadour, Nicolas Darmanin
Alberti / PrĂŞtre, Joel Allison
Hérault d’armes / Prévôt du Palais, Paco Garcia
Orchestre National Bordeaux Aquitaine
Chœur de l’Opéra National de Bordeaux
Directeur du Chœur, Salvatore Caputo
lundi 20 septembre 19h00
jeudi 23 septembre 19h00
samedi 25 septembre 19h00
De 8 à 90 € -Durée : 4h15 environ
(possibilité tarifs étudiants et tarifs réduits
https://www.opera-bordeaux.com/opera-robert-le-diable-17832
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Avec Robert le diable (créé Ă l’OpĂ©ra de Paris en 1831), Meyerbeer (1791 – 1864) – quadra au sommet de ses possibilitĂ©s, assoit sa rĂ©putation de grand faiseur d’opĂ©ras Ă la suite de Rossini (Guillaume Tell, 1829) et de Spontini, en s’adaptant Ă la vogue pour le Moyen-Age. Cet art troubadour qu’illustrent Ingres, Deveria, Delaunay, entre autres, permet au grand opĂ©ra Ă la française de se renouveler en particulier au niveau des effets spectaculaires : la machinerie, les dĂ©cors (de Ciceri qui ambitionne d’égaler la peinture d’histoire), les costumes produisent de nouveaux tableaux propres Ă saisir les esprits : Ă l’opĂ©ra Meyerbeer, bourgeois, orlĂ©anistes et lĂ©gitimistes se rĂ©concilient.
UN SOMMET DE L’OPERA TROUBADOUR SOUS LOUIS-PHILIPPE
Robert le Diable par Gustave Courbet (1957) – DR
C’est le spectacle, rite social où il faut être, désormais emblématique de la concorde retrouvée, incarnée par Louis Philippe. Le sommet en est à l’acte III : quand Robert fils exécré du diable (incarné par Bertram), est tenté par la volupté et suit les préceptes de son père démoniaque qui veut le perdre : cueillir un rameau sur la tombe d’une religieuse impure : ainsi le fils trop faible assiste conquis au ballet des nonnes ressuscitées et particulièrement lascives (un préfiguration du tableau des filles fleurs, tentatrices sous la conduite de Kundry, elle-même manipulée par Klingsor, dans Parsifal de Wagner). Du reste Balzac a tenté une analyse très pertinente de Robert le Diable dans sa nouvelle fantastique, Gambara.
De péripéties en sortilèges divers, le chevalier Robert parviendra à surmonter les défis et le complot du diable son père, déterminé à perdre sa descendance « indigne », trop humaine. De fait, grâce à la loyale et vertueuse Isabelle, fiancée de Robert (laquelle lui rappelle le souvenir aimant de sa mère), ce dernier résiste aux tentations diaboliques (il rompt le rameau du vice). L’amour sincère vainc tout. Et comme dans I Puritani (Bellni, 1835), le couple éprouvé, pourra en fin d’action se marier.
Génie de la scène et des ressorts dramatiques, Meyerbeer renouvelle ainsi le grand opéra français en 5 actes avec choeur et ballet : S’il manque parfois d’accents personnels, Meyerbeer sait être continument efficace ; privilégiant toujours la force des évocations dramatiques sur toute autre considérations, au sacrifice parfois de certains caractères, pas assez nuancés. Le drame fantastique, érotique et héroïque sera lui aussi traité en fin de siècle par Offenbach (Contes d’Hoffmann).
 Illustrations : Le tĂ©nor LOUIS GUEYMARD dans le rĂ´le de Robert le diable par le peintre Gustave Courbet (1857) – Robert chante alors l’air « l’or est une chimère »…
ECOUTER sur Youtube Robert le Diable, Berlin 2000 (direction : M Minkowski) :
AUTRE VERSION de ROBERT LE DIABLE accessible sur YOUTUBE :
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