CRITIQUE CD, Bruckner : Symphonie n°7 (Haitink – Challenge classic, Live juin 2019) – Aucun doute qu’aux cĂ´tĂ©s des hĂ©donistes spirituels, creusant et la splendeur sonore et le continuum mystique tels Gustav Wand ou Karajan, Haitink professe une plĂ©nitude orchestrale de première valeur. Ce live couronne un compagnonnage en complicitĂ© inspirĂ©e, de plus de 20 ans entre le chef et la phalange nĂ©erlandaise : maestro Haitink alors au terme de sa carrière en juin 2019, et le Radio Philharmonic Orchestra apportent Ă Bruckner l’éloquence de la clartĂ© mystique, de surcroĂ®t avec une saveur sonore, un travail de la texture instrumentale, idĂ©alement Ă©quilibrĂ©s. L’ambition de Bruckner dans un opus Ă l’architecture ample qui vaut cathĂ©drale : la majestĂ© des proportions s’affiche clairement dans la durĂ©e des 2 premiers mouvements : plus de 21 mn pour chacun. Ce qui permet Ă Haitink d’élucider le classicisme naturel de l’œuvre créée Ă Leipzig en 1884 (par Arthur Nikisch), son Ă©vidence formelle (pas de versions postĂ©rieures alternatives), surtout sa nature wagnĂ©rienne qui oeuvre souterrainement dans une partition conçue alors que Bruckner Ă©coute Ă Bayreuth, la crĂ©ation de Parsifal (1882), choc viscĂ©ral qui s’entend ici dans la conception des timbres associĂ©s, de la largeur sonore, pour une vision fĂ©dĂ©ratrice qui associe et mĂŞme fusionne les timbres, en particulier dans la rĂ©solution de la sĂ©quence finale oĂą les cordes en lĂ©vitation sont littĂ©ralement portĂ©es par la fanfare aĂ©rienne et majestueuse. Les dernières marches ascensionnelles ne sont d’ailleurs pas sans rappeler le crescendo des origines, l’ouverture organique de l’Or du Rhin. L’Adagio (le plus dĂ©veloppĂ© de toutes les symphonies de Bruckner) Ă©chafaude un mausolĂ©e endeuillĂ© pour… Wagner justement qui vient de mourir : l’in memoriam est un hommage bouleversant Ă la solennitĂ© lacrymale, grave, profonde qui dessine un inconsolable lamento orchestral (les somptueux tuben
wagnériens). Là encore Haitink étire la texture orchestrale en amples accoups, aux respirations profondes accordant douleur et dignité, tendresse et deuil, déchirement et consolation. Le Scherzo claque par son tempo vif, nerveux ; et le finale exalte ce « mouvementé », pas trop rapide dont Haitink saisit la mesure : le chef accomplit l’unité et la cohérence interne quasi cyclique de la symphonie, dans la réexposition finale du premier thème du mouvement I. Somptueuse conception sonore et architecturale de surcroit bonifiée par la prise de son, « super audio cd ».
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CD, Bruckner : Symphonie n°7 (Haitink – Challenge classic – live de juin 2019) – CLIC de CLASSIQUENEWS.
Plus d’infos sur le site de Challenge records / Page Bruckner, Haitink, symphonie n°7 de Bruckner :
https://www.challengerecords.com/products/16268803040781