samedi 20 avril 2024

CRITIQUE, CD. Evgeny KISSIN : The Salzburg Recital – Berg, Chopin, Gershwin, Khrenikov (encores) (1 cd Deutsche Grammophon – août 2021)

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CRITIQUE, CD. Evgeny KISSIN : The Salzburg Recital – Brg, Chopin, Gershwin, Khrenikov (encores) (1 cd Deutsche Grammophon – août 2021) – Les 13 et 14 août 2021, dans le Grosses Festspielhaus de Salzbourg, Evgeny Kissin réalise un récital solo, en mémoire de sa seule professeure / in memoriam : Anna Pavlovna Kantor (décédée en juillet 2021). La rare d’ouverture Berg, pendant plus de 13 mn, diffuse ses questionnements affleurés, irrésolus, répétant à l’infini des interrogations harmoniques suspendues, éperdues… sans réponses. Jusqu’au poudroiement sonore qui explose toute matérialité musicale.

Facétieuses et fugaces, comme des pochades ou bambochades scintillantes, les pièces de Khrenikov, expose la volubilité digitale du pianiste, peintre et poète, au toucher aérien (Dance), caressant, suggestif, son goût du brio funambule, des épisodes brefs, secrets (5 pièces).

Plus chantants, swingués avec subtilité et aussi fermeté, les 3 Préludes de Gershwin égrènent avec le même brio, toute l’imagination si mélodique et rythmée du roi du classique jazzy dont le dernier volet (Allegro ben ritmato e deciso), idéalement débridé, fouetté, articulé, en une transe crépitante.

 

 

 

Salzbourg 2021

Le piano scintillant nuancé d’Evgeny Kissin

 

 

 

 

La suite du programme est plus introspective et comprend Chopin dont le pianiste souverain sur ces terres, joue plusieurs pièces qu’il a marqué spécifiquement, entre ivresse éperdue, souvent au souffle extatique (Nocturne opus 61/1) ; ses rubatos, ses phrasés filigranés écartent tout effet appuyé, privilégiant un allant naturel comme distancié mais d’une articulation claire et idéalement sobre (vocalises et trilles sans aucun effet, d’une régularité, sans les maniérismes habituels).

Rayonne ainsi une ivresse heureuse que le pianiste semble ressentir, éprouver, partager avec son public (Impromptus, en particulier le No2 opus 36, à l’abattage cristallin, comme tendre et foudroyé, aux splendides crépitements finaux) ; sans omettre les éclairs de la passion la plus tempétueuse, d’une véhémence cependant toute maîtrisée et idéalement canalisée, aux arêtes ciselées comme des couperets, aux scintillements fulgurants là encore (Scherzo opus 20) : tout est là, dans cette soie souple et détaillée qui ne refuse pas des éclairs de sidération ; la Polonaise opus 53 est tout aussi impétueuse, d’un panache aux phrasés cependant filigranés : douceur et déflagration, ivresse éperdue qui en pièce finale emporte des tonnerres d’applaudissements.
Les 4 « encores » / bis entretiennent davantage le lien qui s’est tissé alors entre l’audience et le soliste seul en scène ; habitué des récitals, et sachant ménager la surprise, Evgeny Kissin décoche quelques flèches d’une fulgurance intacte, en particulier dans son propre tango (Dodecaphonic tango, âpre, vraie machine à la trépidation rythmique) préludant au somptueux et libre, comme improvisé Scherzo de Chopin opus 31 (de plus de 10 mn) : il est lunaire, onirique, dont les crépitements rappellent ce sens du muscle et d’une nervosité incandescente qui produisent des contrastes vertigineux. Remarquable musicalité, profonde, sobre, toujours admirablement nuancée, aux effets contrastés mesurés, d’autant plus percutants. Le roi Kissin signe l’un de ses meilleurs récitals.

 

 

 

 

 

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CD Evgeny KISSIN : The Salzburg Recital – Berg, Chopin, Gershwin, Tikhon Khrenikov (encores) ( 1 cd Deutsche Grammophon – août 2021)

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