samedi 20 avril 2024

Paris. INHA, vendredis 26 septembre et 3 octobre 2008. Wolfgang Amadeus Mozart: Intégrale des Sonates. François Dumont, piano

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Subtilité, rebonds, sens théâtral

La musique pour piano de Wolfgang Amadeus Mozart constitue l’une des principales sources d’inspiration du jeune pianiste François Dumont, né en 1985, qui dans le cadre d’un cycle de cinq concerts, organisé par l’association Jeunes Talents à l’Institut National de l’Histoire de l’Art, a interprété l’intégrale des Sonates du compositeur autrichien. Dumont organise ses programmes de telle sorte que sonates de jeunesse alternent avec celles de la maturité, que pages sombres et opus dramatiques se confrontent à d’autres, plus enjouées et lumineuses. Le jeu du pianiste français rassemble à la fois l’esprit d’improvisation et la plénitude belcantiste du style mozartien.

Mélodies parfaitement dessinées, avec un sens spécifique du rebond, de la relance rythmique. Sonorités gorgées de lumière, aux éclairages subtilement changeants, d’où l’on distingue toute la richesse harmonique de l’écriture. Instant mémorable, le mouvement lent de la Sonate en ut majeur K 545 dite « Facile », dans lequel l’interprète déploie une magnifique cantilène, tout emplie de lumière, sculptant la phrase avec un rare soin de l’harmonie (et Dieu sait qu’elle est incroyable dans cette page !). Tout au long de ces deux soirées, le jeu de Dumont impressionne non seulement par sa vélocité intrinsèque, son intuition imparable des registres du clavier – au moins ici, contrairement à d’autres de ses collègues, il y a une pleine conscience de l’étendue de l’instrument, les grave sonnent grave, les aigus prennent la couleur d’aigus -, mais surtout par un sens véritable du théâtre, de la caractérisation dramatique.

Mais, au risque d’étonner
, le meilleur du musicien, nous l’avons entendu dans les bis, tous deux consacrés à Chopin. Le premier soir, Dumont offrait un des Nocturnes (le n°8 opus 27 n°2, en ré bémol majeur), qui bien que joué peut-être légèrement rapidement, confirmait au plus haut point nos impressions ressenties à l’écoute des Sonates de Mozart : pureté de la ligne, naturel et souplesse, jeu lumineux d’une sensualité inoubliable, et surtout une force expressive qui semble uniquement résulter d’un souci de traduire le plus fidèlement possible les incroyables progressions harmoniques dont est parsemé en réalité le cycle entier des Nocturnes, qui, interprété ainsi, devient moderne, anticipant certaines pages de Debussy. Le soir suivant, Dumont choisissait la Polonaise Héroïque en la bémol majeur opus 53, et éblouissait par sa grande vivacité rythmique et son sens de la noblesse, en tous points éloignés d’une quelconque vulgarité. Ne manquez pas de venir écouter ce pianiste subtil et lumineux dans la suite de son cycle Mozart le vendredi 24 octobre (INHA, 2 rue Vivienne), ou encore le mercredi 22 octobre prochain dans un programme Debussy, Bartók, Janáček avec le violoniste Julien Szulman (Radio France, 18h).

Paris. Auditorium Colbert de l’Institut National de l’Histoire de l’Art, vendredis 26 septembre et 3 octobre. Intégrale des Sonates pour piano de Mozart. François Dumont, piano.

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