vendredi 6 décembre 2024

Nouvelle Flûte Enchantée de Mozart à Aix sur Arte

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shikaneder papageno-magic-flute-mozartArte, mercredi 9 juillet 2014, 20h50. Mozart: La flûte enchantée.  Aix 2014. Grand invité du festival d’Avignon, le britannique Simon McBurney met en scène une nouvelle Flûte enchantée pour le festival d’Aix en Provence.  L’homme de théâtre ex élève à Cambridge avec sa petite amie d’alors Emma Thompson est passé par Paris puis récemment a triomphé dans la cour des papes en Avignon en 2,012 dans une adaptation du Maître et Marguerite de Boulgakov.  Partenaire au théâtre de Juliette Binoche,  Simon McBurney explore le labyrinthe de la psyché humaine comme son père archéologue avant lui, retourne et creuse les strates terrestres pour y révéler les vérités enfouies.  La Flûte mozartienne aixoise saura-t-elle nous dévoiler ainsi un peu de nous même? Mozart rencontre Shikaneder et sa troupe d’acteurs comédiens à Salzbourg, actif sur la scène du théâtre de la ville à l’hiver 1780. Les deux hommes se lient d’amitié. Ayant ouvert son propre théâtre à Vienne, Shikaneder présente en novembre 1789, son Oberon, roi des elfes, dans un dispositif empruntant à l’opéra et au théâtre (comédie populaire ou Singspiel) et dont il écrit le texte : l’ouvrage sera la source de La Flûte Enchantée, le dernier opéra de Mozart, créé en 1791 (au même moment que son dernier opéra seria : La Clémence de Titus).

 

 

 

MOZART_Opera_portrait_profilMozart sur le texte de Shikaneder, compose La Flûte enchantée au printemps 1791, affine l’instrumentation (si subtile) à l’été 1791. L’Ouverture et la fameuse marche des Prêtres seront terminées 2 jours avant la première (30 septembre 1791) où Shikaneder assurait le rôle de l’oiseleur Papageno. Des ténèbres (de l’ignorance) vers la lumière (de la sagesse), l’action de La Flûte emprunte les étapes (épreuves) d’une initiation (ou d’un rituel maçonnique). Le temple égyptien, cadre des prêtres et du sage Sarastro, y côtoie les apparitions nocturnes terrifiantes de la Reine de la Nuit ; sa fille Pamina serait prisonnière et il incombe au jeune prince Tamino de la délivrer… Mais les apparences ne sont-elles pas trompeuses ? Qui manipule qui ? Sarastro est-il réellement ce monstre barbare, geôlier abject de la belle jeune femme ? L’opéra de Mozart et Shikaneder ne finit pas de subjuguer par la justesse de ses intentions : désciller le regard des spectateurs, les conduire à décrypter manigances et supercheries … Ici, la fausse victime est un bourreau (La Reine de la Nuit) et le méchant sage (une source de philosophie salvatrice). Au centre de l’action, règne la vérité (celle de laquelle se montre digne en fin de parcours, Papageno, le double truculent de Tamino, qui apprend ainsi à ne plus mentir). La pertinence du propos ; la forme nouvelle, accessible, immédiatement proche de l’audience populaire, créant des personnages attachants, tendres, humains (Pappageno) aux côtés des héros (Pamina, Tamino) et des autorités (La Reine de la nuit, Sarastro) ont fait le succès de l’ouvrage auprès du public, ce dès la création de l’ouvrage : une revanche pour Mozart dont le Don Giovanni et Cosi fan tutte avaient plutôt été boudés- tout au moins accueillis avec une froideur polie-, par les Viennois. Dès septembre 1791, Mozart qui n’a plus que quelques semaines à vivre, connaît un triomphe populaire immense, source d’une légitime satisfaction (comme il s’en confie dans ses nombreuses lettres dont celles à Constance son épouse alors en cure).

arte_logo_2013Les mises en scène se succèdent sur le chef d’oeuvre du dernier Wolfgang : décalées, actualisées, classiques, égyptiennes, dépouillées, avec machineries. Depuis Bergman au cinéma, l’opéra a conquis le coeur d’une très large audience. Révélant aussi cet art suprême du compositeur sur le mode de la tendresse, de l’innocence recouvrée (les trois garçons dans leur nacelle guident Tamino dans son périple). Qu’en sera-t-il à Aix sous la direction scénique du britannique Simon McBurney ? Sur instruments d’époque, La Flûte aixoise 2014 réunit une distribution de tempéraments nouveaux… Réponse sur Arte, le 9 juillet 2014 dès 20h45.

 

Distribution : Kathryn Lewek (La reine de la nuit), Stanilas de Barbeyrac (Tamino), Mari Eriksmoen (Pamina), Christof Fischesser (Sarastro), … FreiburgerBarokorchester. Pablo Heras-Casado, direction. Simon McBurney, mise en scène.

 

Simon-McBurney-4Notre avis. Une Flûte désenchantée ? Le propos du metteur en scène invité au Festival d’Aix 2014, Simon McBurney est noir, sombre même et strictement souterrain ; déjà révélé à Amsterdam en 2012, cette Flûte désenchantée et triste à en mourir délaisse toute la poésie enfantine créé par le duo Mozart/Shikeneder… : tous les personnages en quête de vérité et d’accomplissement semblent flotter sur/ entre les strates d’un monde sans lumière, sans air, sans espace, sans respiration. Le père archéologue le hanterait-il? On passe sur certains détails qui paraissent trop décalés par rapport au Singspiel imaginé par Shikaneder et Mozart dont le génie de la comédie simple, enfantine, et presque innocente reste atemporel  mais imperceptible ici (La Reine en fauteuil roulant, les sages réunis autour de Sarastro sont des membres costumés cravatés d’un conseil d’administration lamba…)… Tout cela appelle-t-il à la féerie, à la poésie critique et facétieuse des auteurs du XVIIIème ? Force est de constater que non. Mais alors la mise en scène sert-elle véritablement une vision cohérente qui aide à la compréhension de l’opéra ? Heureusement, la presque magie viendrait de la fosse, sous la direction fluide et printanière et vive du chef Pablo Heras-Casado, profitant avec finesse des timbres fruités et d’époque de l’excellent Barokorchester Freibourg. A vous de juger…
Diffusion sur France Musique, le 25 juillet 2014, 20h (Idéal pour ceux qui ne souhaitent pas être divertis et « trompés » par les images de la production aixoise).

 

 

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