jeudi 28 mars 2024

Monteverdi, Il Ritorno d’ulisse (1640). Christophe RoussetToulouse, le 8 juin 2007 à 20h (version de concert)

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Claudio Monteverdi
Il Ritorno d’Ulisse in patria

, vers 1640

Toulouse, Théâtre du Capitole
Le 8 juin 2007 à 20h
(version de concert)

Paternité contestée

Année 2007, année plus lyrique que jamais. Monteverdi est à l’honneur. Son Orfeo, créé en 1607, considéré comme le premier opéra digne de ce nom, de l’histoire musicale, impose un génie de la scène, un poète musicien. Le compositeur a écrit d’autres oeuvres dont beaucoup sont hélas perdues. Heureusement subsistent, deux autres ouvrages scéniques, Il Ritorno d’Ulisse in patria (le Retour d’Ulysse dans sa patrie) et L’Incoronazione di Poppea (Le couronnement de Poppée, son dernier opus, créé en 1642), qui datent de la fin de sa carrière vénitienne, aux débuts des années 1640. Or si nous les comparons avec le recueil des madrigaux dramatiques, paru en 1638, comprenant la pièce maîtresse, Il Combattimento di Tancredi e Clorinda, le style est totalement différent. Dans Ulisse, veines comiques et dramatique se mêlent, mixité des registres, propre à l’opéra vénitien. Cavalli, Cesti, Ferrari, disciples de Monteverdi, produisent leurs oeuvres sur les scènes des théâtres de la Cité des doges, où l’opéra public est né (depuis 1637). Qu’il soit entièrement de la main du maestro Claudio, ou qu’il soit l’aboutissement d’une écriture collective, comme on le dit à présent de Poppea (le fameux duo final Poppée/Néron est attribué définitivement à Benedetto Ferrari), Ulisse s’impose à nous par le force de sa sagesse poétique (Bodoardo le librettiste de Monteverdi s’inspire de l’Odyssée d’Homère), créant au sein d’une foule de personnages comiques secondaires, deux rôles d’envergure, ceux de Penelopa (alto) et d’Ulisse (ténor). Couple séparé par le destin, mais réuni au terme de l’action. L’ouvrage brosse le portrait de deux coeurs mis à mal par les épreuves du destin et l’oeuvre du temps. Couple tragique, éprouvé, mais couple triomphant grâce à la constance, la loyauté, la fidélité de leurs sentiments.

Part mythique, divertissements comiques

Comparé au Combattimento, Ulisse  » est beaucoup plus « baroque » dans les intrigues, mêlant et opposant volontiers les passages tragiques et comiques. L’effectif instrumental, comme toujours à Venise et comme dans Poppée est très réduit – quelques instruments à cordes et une basse continue confiée au clavecin et au théorbe. C’est le plateau vocal qui présente tout l’intérêt d’une représentation vénitienne (l’opéra est démocratisé pour la première fois et on y joue à la recette) : Ulysse est confié à la voix de ténor, ce qui deviendra plus tard un topos de l’opéra du siècle à venir. Pénélope est curieusement attribuée à un contralto, voix grave qui sans doute veut évoquer le poids des années. Et c’est surtout une profusion de rôles et d’intrigues parallèles qui frappe, faisant de cet opéra un cas à part où la part mythique est souvent oubliée au profit des divertissements comiques ou courtois. L’opéra se conclut sur un grand air accompagné de Pénélope qui en fait un des premiers modèles du genre dans l’histoire de la musique. Mais l’essentiel de l’œuvre est une alternance de recitar cantando et de petits airs, de ritournelles instrumentales et de petits ensembles, au fond très proche des moyens mis en œuvre dans son dernier opéra L’Incoronazione di Poppea. » précise le chef des Talens Lyriques, Christophe Rousset qui a présenté en 2006, Poppea sur la scène toulousaine. Télémaque, dans la version de La Monnaie de Bruxelles présentée en 2004, Jan Kobow chante à Toulouse en 2007, le rôle-titre.

Il Ritorno d’Ulisse in patria

Le Retour d’Ulysse dans sa patrie
Dramma in musica en 3 actes avec prologue.
Livret de Giacomo Badoaro.
Créé en février 1640 à Venise au Théâtre San Giovanni e Paolo

Hilary Summers, Penelope
Jan Kobow, Ulisse
Emiliano Gonzalez Toro, Iro
Sabina Puértolas, Minerva
Anders J. Dahlin, Umana fragilita, Telemaco
Luigi De Donato, Nettuno
João Fernandes, Tempo, Feace 3, Antinoo
Robert Getchell, Eurimaco
Martine Mahé, Ericlea
Sarah Jouffroy, Fortuna, Melanto
Ann-Kristin Jones, Amore, Giunone
Jean-François Novelli, Anfinomo
Ryland Angel, Giove
Benoît Bénichou, Feace 1, Pisandro
David Lefort, Eumete, Feace 2
Les Talens Lyriques
Christophe Rousset
, direction musicale et clavecin

Information

Théâtre du Capitole de Toulouse
Renseignements et réservations : 05 61 63 13 13 ou www.theatre-du-capitole.org

Crédits photographiques
Jan Kobow (DR)
Christophe Rousset © Larrayadieu 2006

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