samedi 20 avril 2024

Hector Berlioz, invité d’honneur sur Mezzo. A partir du 20 juin.

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Une Damnation de Faust à l’Opéra de Paris (jusqu’au 4 juillet), plusieurs soirées Mezzo qui diffusent le Te Deum, le Requiem puis la Symphonie Fantastique : Berlioz occupe le devant de la scène en juin.

Voici une occasion rêvée de plonger dans les eaux sombres et lyriques d’un immense génie dont l’oeuvre conçut une musique faite poésie.
Notre collaborateur Lucas Irom a pris prétexte de cette actualité pour évoquer la création du plus grand musicien romantique français. En suivant la chronologie des oeuvres, pleins feux sur deux œuvres diffusées par Mezzo, la symphonie fantastique composée par le musicien âgé de 27 ans, d’une part ; la Grande Messe des morts ou Requiem, d’autre part, œuvre apocalyptique autant qu’ample et sereine imploration pour le repos éternel.

Consultez dates et heures de diffusion en fin d’article.


La Symphonie fantastique (1830-1855)

« Symphonie H48 », le manifeste du romantisme musical français se développe en cinq chapitres : « Rêveries. Passions », « Un Bal », scène aux champs », marche au supplice », et songe d’une nuit de sabbat »
Composée dès 1830, puis créée en décembre de la même année, sous la direction de Habeneck, la partition subit de nouvelles transformations pendant le voyage en Italie (1831-32) et ne sera éditée dans une version encore transitoire qu’en 1845.
La symphonie est la manifestation d’un auteur original qui ne cesse d’apporter des modifications pour exprimer au plus juste son esthétique. Il modifie ses plans, reprend structure et continuité des épisodes, jusqu’en 1855.
Selon les indications les plus tardives de l’auteur, le sujet plonge dans la pensée d’un jeune héros romantique, Berlioz lui-même. L’oeuvre peut se lire comme une autobiographie, principe à l’honneur chez les créateurs romantiques qui prennent pour sujet de leur oeuvre, les propres états de conscience ou ici, d’inconscience. C’est d’ailleurs, entre le rêve et la réalité, l’ivresse attendrie et le cauchemar insoutenable et terrible que balance l’action de cette symphonie dont les épisodes sont scrupuleusement identifiés. Approfondir

Le Requiem ou grande messe des morts (1835-1837)

« cette poésie de la Prose des morts m’avait enivré et exalté à tel
point que rien de lucide ne se présentait à mon esprit, ma tête
bouillait, j’avais des vertiges
»

Berlioz compose son grand œuvre funèbre dans le contexte parisien qui voit la création de la Juive de Halévy (Opéra, 23 février 1835) et Les Huguenots de Meyebeer (Opéra, 29 février 1835). L’opéra est aussi au centre de son propre travail. Berlioz est sur le métier lyrique avec Benvenuto Cellini qu’il compose et finira grâce au soutien financier de son ami Ernest Legouvé. L’ouvrage sera créé à l’Opéra le 10 septembre 1838, non sans susciter une cabale qui décide du retrait de l’ouvrage de l’affiche. Mais les épisodes de galère et les revers du destin sont ponctués de surprises encourageantes. Car c’est l’époque où le compositeur recueille le témoignage d’un musicien admiratif : après l’écoute d’Harold en Italie (Conservatoire, 16 décembre 1838), Paganini donne 20 000 francs au compositeur de la Fantastique.
Une somme qui soulage Berlioz et lui permet d’écrire Roméo et Juliette (achevé le 8 septembre 1839). La nouvelle partition qui est dédié au généreux donateur sera créée après la mort de Paganini, survenue en 1840.

Berlioz reçoit la commande du Requiem en mars 1837. Il composera cette arche monumentale par l’ampleur de ses effectifs entre avril et juin. C’est Habenek, le créateur de la Fantastique, sept ans auparavant qui dirigera la création en grande pompe le 5 décembre, aux Invalides.
La période d’écriture prend une résonance personnelle dans sa propre vie. Quelques mois plus tard, le 18 février 1838, s’éteint sa mère.

Berlioz portait comme c’est la cas de beaucoup de ses œuvres, le projet d’une messe des morts depuis longtemps, certainement depuis sa première messe solennelle écrite en 1824 et donnée à Saint-Roch en 1825. La gestation est propice à la réussite de l’œuvre finale et au terme d’un parcours inimaginable au cours duquel la commande étant passée par le Ministère de la Guerre, puis reportée, avait fini par devenir un sujet tabou dans les couloirs de l’Administration Centrale, laissant Berlioz employé pour un travail dont il n’avait pas été payé.
Or quand on apprit que le 13 octobre 1837, la ville de Constantine (Algérie) était reprise aux turcs, laissant cependant un mort de grand mérite, le gouverneur général des colonies françaises, le Général Damrémont. Quand furent décrétées des obsèques nationales, le prétexte pour donner un Requiem était enfin trouvé. L’oeuvre de Berlioz trouvaient enfin une issue. Les répétitions commencèrent, et après la répétition générale aux Invalides, le 4 décembre 1837, Vigny notait : « la musique est belle et bizarre, sauvage, convulsive et douloureuse ». Approfondir

Te Deum
Après les événements révolutionnaires qui embrasent toute l’Europe, Berlioz compose son Te Deum en octobre 1848, et l’achêve en août 1849.
Dans un contexte politiquement agité, l’auteur se concentre sur son œuvre : il commence ses mémoires, à partir de mars, pendant son séjour à Londres.

Cependant il faut attendre six années avant que les parisiens n’entendent ce frère du Requiem (fracassant « Judex crederis« ). La première a lieu à Saint Eustache le 30 avril 1855 sous la direction de l’auteur. « Le Judex dépasse toutes les énormités dont je me suis rendu coupable auparavant« , écrit Berlioz à Liszt, quelques heures après la fin de la création, « Oui, le Requiem a un frère qui est venu au monde avec des dents, comme Richard III (moins la bosse) ».

Dans la carrière du compositeur, le Te Deum marque un tournant. Il accuse un repli dans le passé, un regain de nostalgie néo-classique, explicite dans le culte que Berlioz voue à Gluck, par exemple.

Actualité de Berlioz au mois de juin

1. Te Deum (programme inédit). Mezzo, le 20 juin à 20h50,
puis les 21 à 13h45, 30 à 10h. Concert enregistré pour les 400 ans de la Cathédrale de Winchester, en 1979. Interprètes : The Waynflete singers, Winchester Cathedral Choir, Southampton Choral society, Chelsea Opera group, The Irvine master choral, John Treleaven (ténor), LSO, direction : Martin Neary.

2.
Requiem (concert, 2002). Mezzo, Direction musicale : Christoph Eschenbach. Le 22 juin à 20h50, puis les 24 à 13h45 et 29 à 2h50

3.
La Symphonie Fantastique (concert, 2000). Mezzo, Direction musicale : Serge Baudo. Le 22 juin à 21h55, puis le 24 à 14h50.

4.
La Damnation de Faust
à l’Opéra Bastille, jusqu’au 4 juillet.

Illustrations :
Géricault, autoportrait (Musée du Louvre, Paris)
Courbet, portrait d’Hector Berlioz (Musée d’Orsay, Paris)

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