jeudi 18 avril 2024

Glenn Gould, au delà du temps (Bruno Monsaingeon, 2006). Arte, le 13 mai à 22h30

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Qui est Glenn Gould ? Comment expliquer la fascination que l’interprète mais aussi l’homme ont suscité auprès d’un public qu’il a décidé, en 1964, de mettre à distance ? Bruno Monsaingeon avec lequel le pianiste canadien a coréalisé plusieurs films essentiels pour comprendre son approche interprétative, nous offre au travers de regards multiples, grâce aux témoignages surtout de ses « fans », un portrait de l’homme.

Par la voix du comédien Mathieu Amalric, Gould se raconte : sa famille, sa mère organiste, ses premiers concerts, son travail surtout. Homme de la nuit, homme du montage et de l’enregistrement, il n’aura cessé en définitive de revenir toujours sur la perfection de son jeu. Sous l’oreille attentive du micro (réglé par la firme CBS) : multiplier les options, n’en trouver qu’une viable ; explorer le mystère de l’œuvre ; s’identifier au compositeur et par un phénomène d’identification qui confine à la transe, ne faire qu’un avec la pensée de l’auteur, Bach en particulier, et transmuer l’approche de l’interprète en acte de composition.

On ne saurait rassembler ailleurs, documents d’archives et témoignages aussi complets et même émouvants : chacun raconte son rapport à la musique grâce à Gould. Une expérience dont chaque individu ne sort pas indemne : héritage actuel que l’artiste n’aurait certainement pas renié tant son « art » ne s’adresse pas à la foule (phénomène collectif qu’il détestait) mais à l’individu. Rapport intime et d’introspection partagée qui atteste de sa quête originale qui, au-delà de l’exigence technicienne et technologique, -combien de temps passé à penser la musique, à exercer ses doigts sur le piano, puis à monter et démonter les bandes enregistrées ?- pour obtenir du sens.

L’homme qui a fait de l’enregistrement en studio une seconde langue musicale, n’espérait qu’un résultat : l’approfondissement et la réalisation d’un travail spirituel sur la matière musicale. Lui-même convaincu de l’au-delà, tentait d’approcher cette idée d’absolu, ce qui confère à son travail, sa signification quasi mystique. Ses entretiens filmés, son approche en particulier des dernières fugues de Bach, ce rituel devenu célèbre où il jouait contre le clavier, sur une chaise basse aux pieds avant surhaussés, en chaussettes, nourrissent le portrait sacralisé de l’interprète.
Cet aspect mystificateur de l’homme et de son « œuvre » est à mettre en rapport avec ce que dit Bruno Monsaingeon dans un récent entretien, paru dans les colonnes de notre confrère Diapason (mai 2006) : « Mais pour le plupart des gens, il y a chez Gould une dimension philosophique, quelque chose qui dépasse de loin la sphère musicale. Les problèmes qu’il pose sont d’ordre universel. C’est un phénomène christique. »

Aujourd’hui, 24 ans après sa mort, son œuvre nous parle ; elle nous déconcerte et nous subjugue. Que l’on soit irrité par son radicalisme, ou séduit par l’éclat et l’insolence du penseur, reconnaissons que peu d’artistes ont poussé aussi loin que lui, l’ascèse critique et l’abnégation de l’interprète, confronté à son œuvre de musicien.


Arte, Week-end Gould : les 13 et 14 mai.

Le 13 mai, à 22h30, « musica » : Glenn Gould, au delà du temps, film de Bruno Monsaingeon (2005, 1h46mn). Le dvd est annoncé au second semestre 2006 chez Idéale Audience.
Le 14 mai, à 19h, « maestro ». Série télévisée « Glenn Gould joue Bach », extraits des documents réalisés par Bruno Monsaingeon : La question de l’instrument (1979) et Un art de la fugue (1980).

Radio classique, semaine Gould : du 8 au 12 mai.

Radio classique consacre aussi plusieurs soirées à l’œuvre du pianiste et du compositeur. Du 8 au 12 mai, à 23h. Lire aussi notre notule dans « le Mag radio ».

Lire aussi notre entretien avec Bruno Monsaingeon, à propos du film « Glenn Gould, au delà du temps ».

Consulter également, sur le site d’Arte, le dossier Glenn Gould

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