vendredi, juin 2, 2023

CRITIQUE, opéra. METZ, Opéra-Théâtre, le 30 oct 2022. Mel Brooks : Frankenstein Junior. A Azan Zielinski / P-E Fourny.

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CRITIQUE, opéra. METZ, Opéra-Théâtre, le 30 oct 2022. Mel Brooks : Frankenstein Junior. A Azan Zielinski / P-E Fourny.  Après avoir été reporté par deux fois à cause de la Pandémie, la comédie musicale Frankenstein Junior de Mel Brooks se voit programmée deux fois d’affilée, pour la fête d’Halloween 2021 et 2022. Adaptée en 2007 à partir de son film éponyme tourné en 1974, le facétieux homme de cinéma américain offre une parodie des multiples adaptations du roman de Mary Shelley, donnée ici dans version française de Stéphane Laporte, réalisée pour le Théâtre Déjazet en octobre 2011. Tout en étant proche du film, dans sa structure et dans son scénario, l’ouvrage est pourtant dans la lignée spirituelle des grandes comédies musicales de Broadway avec son livret cocasse et décalé, sa musique aux rythmes jazzy, ainsi que le rythme haletant des différents numéros chorégraphiques.

Pour mémoire, empruntons au programme le bref résumé de l’action : « Le jeune professeur d’anatomie Frederick Frankenstein, apprenant le décès de son arrière-grand-père, illustre créateur de monstre, dont il est peu fier, se rend en Transylvanie pour récupérer son patrimoine. A son tour il décide de créer un être vivant à partir d’un cadavre. Mais son serviteur bossu, Igor, chargé de trouver le cerveau d’un génie, lui rapporte en fait celui d’un anormal… ». Il faut ajouter les trois figures féminines essentielles que la fiancée du professeur, son assistante, et la vieille gardienne du château Frau Blücher, mais il a d’autres personnages hauts en couleur tels que l’inspecteur Kemp, au bras articulé ou Harold, l’ermite aveugle, pour une action qui tient l’auditeur en haleine. Clins d’œil, allusions appuyées, souvent en dessous de la ceinture, c’est du pur Mel Brooks !

Le directeur de l’institution messine, Paul-Emile Fourny, s’est auto-confiée la mise en scène, très inventive et facétieuse, faisant entrer rapidement le public dans cet univers à la fois étrange et drôle grâce à l’appui d’Emmanuelle Favre pour les décors, de Patrice Willaume pour les lumières, de Dominique Louis pour les costumes (très années 30), et enfin de Graham Ehrardt-Kotowich pour les nombreuses chorégraphies, interprétées par le corps de ballet maison. Marquée par de nombreux et rapides changements de décor, la mise en scène ne souffre aucun temps mort, et les scènes se succèdent à un rythme soutenu. On notera la beauté visuelle de certaines images, telle la scène du départ en paquebot de Frederick, la traversée en calèche de la forêt transylvanienne ou encore la fugitive scène du cimetière…

Et Fourny a su s’entourer d’une équipe de chanteurs mêlant spécialistes de l’opéra et de la comédie musicale, reprenant deux éléments-clés de la production parisienne du Théâtre Déjazet, l’étincelant et virevoltant Vincent Heden pour le rôle-titre, et Valérie Zaccomer, grandiose et glaçante Frau Blücher, deux acteurs-chanteurs complets et brillants. Le numéro de claquettes du premier, pendant le standard de Jazz Puttin’ On the Ritz d’Irving Berlin, rencontre un franc succès. De son côté, Jean-Fernand Setti campe un monstre à la voix aussi imposante que sa stature. Léonie Renaud est une Elisabeth aux graves solides et aux aigus éclatants, en plus d’être excellente comédienne, qui fait rire avec ses deux airs décalés : « Stop ! on n’touche pas » et « Profond, à moi l’amour ».  Grégory Juppin, spécialiste de la comédie musicale, met toute sa verve comique au service d’Igor, le serviteur-maître de cérémonie qui délivre un réjouissant « C’est la Transylvania mania ». Christian Tréguier, l’Ermite, offre l’air le plus touchant de la soirée, « Quelqu’un… », malgré le contexte parodique. Laurent Montel incarne un remarquable Inspecteur Kemp remarquable, tandis que Ia soprano Lisa Lanteri (Inga, l’assistante délurée) possède une voix lumineuse qui fait mouche dans son air « N’écoute que ton cœur ».

En fosse, enfin, Aurélien Alan Zielinski dirige un « Halloween Orchestra » riche en couleurs, et comporte notamment un discret synthétiseur ainsi qu’un saxophone baryton, rappelant assez aisément l’esprit de la musique américaine des années 1920-1930. Par rapport aux configurations plus « classiques », l’orchestre sonne très généralement plus fort, ce qui contraint les chanteurs et chanteuses à être tous équipés de micro-serre-tête, de sorte que l’orchestre ne couvre presque jamais.

Une réjouissante soirée, d’autant que dans la salle, nombre de (jeunes) spectateurs étaient venus déguisés, comme la direction du théâtre l’avait préconisé !

 

 

 

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CRITIQUE, opéra. METZ, Opéra-Théâtre, le 30 oct 2022. Mel Brooks : Frankenstein Junior. Vincent Heden, Jean-Fernand Setti, Grégory Juppin, Lisa Lantieri… Aurélien Azan Zielinski, direction. Paul-Emile Fourny, mise en scène.

 

 

 

 

 

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