vendredi 29 mars 2024

Compte rendu, opéra. Angers. Angers Nantes Opéra, le 5 avril 2017. Mozart : Les Noces de Figaro. Andrè Schuen, Nicole Cabell, Peter Kàlmàn, Hélène Guilmette… Mark Shanahan, direction. Patrice Caurier et Moshe Leiser, mise en scène

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Compte rendu, opéra. Angers. Angers Nantes Opéra, le 5 avril 2017. Mozart : Les Noces de Figaro. Andrè Schuen, Nicole Cabell, Peter Kalman, Hélène Guilmette… Choeur d’Angers Nantes Opéra. Xavier Ribes, chef des choeurs. Orchestre National des Pays de la Loire, Mark Shanahan, direction. Patrice Caurier et Moshe Leiser, mise en scène. Première angevine de la nouvelle production des Nozze di Figaro d’Angers Nantes Opéra ! Le chef d’œuvre incontestable de Mozart et Da Ponte d’après Beaumarchais est mis en scène par le duo composé de Patrice Caurier et Moshe Leiser ; la production compte avec une distribution de chanteurs-acteurs éclatante, pas ou peu connus en France, sous la direction musicale du chef Mark Shanahan à la tête de l’Orchestre National des Pays de la Loire.

 

 

Les Noces ou les sentiments en concert

 

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Le Nozze di Figaro de Mozart est l’un des rares opéras dans l’histoire de la musique qui est toujours à l’affiche depuis sa création il y a 230 ans. Le monde entier n’a pas arrêté de solliciter ni d’adorer le sublime équilibre entre la musique formidable du génie salzbourgeois et le livret élégant / amusant de Lorenzo da Ponte, d’après Beaumarchais. D’une théâtralité exemplaire, l’oeuvre en elle-même impose plus ou moins une structure scénique qui rend la tâche de mise en scène à la fois facile et compliqué. Le duo toujours musical de Caurier et Leiser insiste sur le travail d’acteur, d’un raffinement et d’une sincérité remarquables, et propose une production aux allures classiques (l’influence de Strehler est évidente), avec l’idée fort poétique de faire apparaître et pousser la nature dans le domaine bourgeois du début de siècle où l’action paraît se situer. Ainsi, dès que des sentiments amoureux s’expriment, nous observons que feuillages et arbres envahissent la scène, jusqu’à la forêt nostalgique ma non tanto au dernier acte.

La distribution largement inconnue en France est une surprise indéniable ! Les deux couples principaux sont tout à fait remarquables. Si le primo uomo et la prima donna des Noces sont Figaro et Susanna, et non les nobles, en l’occurrence la Contessa et Il Conte Almaviva, ils le deviennent aussi par la force de leurs interprétations. Peter Kàlmàn dans le rôle de Figaro est un baryton basse, – je n’en peux plus bouffe, bouffe bouffe bouffe à souhait ! A part sa voix seine et son superbe investissement scénique, nous saluons particulièrement le style, parfois aux allures presque Rossiniennes. La Susanna de la soprano Hélène Guilmette est un bijoux de tendresse et d’humanité. Elle aussi est charmante et agile à souhait, que ce soit en solo dans le célèbre « Deh vieni, non tardar » au 4e acte, ou dans les nombreux ensembles au cours des actes. La Contessa et Il Conte Almaviva sont interprétés par Nicole Cabell et Andrè Schuen. Un duo rayonnant de prestance et de dignité, tout en étant profondément humains dans leur jeu d’acteur. La soprano américaine est imposante, nous nous réjouissons de voir enfin une Contessa incarnée, dont la dignité ne se limite pas à une quelconque conformité aux préjugés d’une certaine époque, mais qui est profonde et sincère, ancré dans son humanité. Ainsi, elle devient presque protagoniste dans cette production. Si l’instrument vibre beaucoup lors de son entrée « Porgi Amor », le « Dove sono » est impressionnant, fabuleux. Et elle rayonne toujours d’une lumière particulière dans les duos, notamment celui du 3e acte avec Susanna, véritable lettre d’amour en musique, « Canzonetta sull’aria ».
L’Almaviva du jeune baryton autrichien est tout aussi remarquable, par sa beauté plastique qui s’accorde à la qualité de la production certes, mais surtout par l’engagement et musical et théâtral dont il fait preuve. Sa voix seine et large frappe les cœurs, et il suscite inévitablement des soupirs comme Figaro suscite des rires ! Des chanteurs fortement prometteurs pour différentes raisons.

 

Dans les nombreux rôles « secondaires », plusieurs chanteurs se distinguent. Le Cherubino de la jeune mezzo Rosanne van Sandwijk est incroyable au niveau scénique, et sa voix a une certaine candeur dans le timbre très beau. Cependant, nous la trouvons un peu trop interventionniste dans la partition. Elle réussit à s’approprier le rôle, mais les effets ne sont pas toujours agréables (oublions les quelques problèmes d’articulation ou encore les syllabes ratées ou de trop). Un bon effort ! Sinon la Barberina touchante et pétillante de Dima Bawab séduit directement comme l’excellentissime Marcelline de Jeannette Fischer au chant et jeu sans défaut, le Bartolo presque trop beau de Fulvio Bettini à la diction italienne impeccable et d’un magnétisme inattendu, ou encore la basse Bernard Deletré dans le rôle d’Antonio le jardinier, d’une grande force comique. Les choeurs sont beaux mais le dynamisme paraît étrange parfois. Comme l’Orchestre qui ouvre l’œuvre avec une ouverture plein d’entrain et de brio comique, mais qui prend un petit moment pour trouver un équilibre entre la fosse et le plateau. La direction du chef est entraînante et pleine de swing. Les quelques petits décalages ponctuels n’enlevant en rien à la qualité musicale générale de la production, dont la musique est le véritable protagoniste, parée du meilleur théâtre qui soit. Nouvelle production hautement recommandé à tous nos lecteurs ! Encore à l’affiche, demain dimanche 9 avril 2017 à 14h30 au Grand Théâtre d’Angers. Incontournable.

 

 

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