COMPTE-RENDU, concert. MONACO, le 16 mai 2021. Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, A Kantorow – J Rhorer. Câest par une standing ovation (chose suffisamment rare Ă Monaco pour ĂȘtre relevĂ©e !) que lâextraordinaire moment de piano que nous a livrĂ© la star montante du piano français (et mondial) Alexandre Kantorow (LaurĂ©at du prestigieux Concours TchaĂŻkovski) sâest conclu ! Un succĂšs auquel doit Ă©galement ĂȘtre associĂ© le chef français JĂ©rĂ©mie Rhorer Ă la tĂȘte dâun Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo plus fabuleux que jamais ! Photo : A Kantorow, DR.
De fait, dĂšs son entrĂ©e dans lâarĂšne de lâAuditorium Rainier III (aprĂšs une rutilante Ouverture de Ruslan et Ludmila de Glinka !), le jeune pianiste instaure un climat incroyablement vivifiant de cette joute serrĂ©e entre orchestre et soliste qui est lâĂąme de cette extraordinaire (et diabolique !). Rhorer y dĂ©ploie un phrasĂ© dâune rigueur rythmique impeccable, parfaitement articulĂ©, puissamment contrastĂ©, sollicitant tous les pupitres (cordes, flĂ»te, clarinette et trompetteâŠ) tandis que le pianiste, en totale symbiose avec la phalange monĂ©gasque, sâengouffre avec hardiesse et virtuositĂ© dans ce torrent de notes qui alterne entre virtuositĂ© percussive et mĂ©ditation sensible. Une interprĂ©tation marquĂ©e dâune patente complicitĂ© entre soliste et chef et dâune virtuositĂ© pianistique Ă©chevelĂ©e⊠qui trouvera son aboutissement dans un Ă©poustouflant troisiĂšme mouvement, extraordinaire par son climat un peu mystĂ©rieux entretenu par les cordes, dâoĂč Ă©mergent les notes Ă©grenĂ©es du piano. Puis le trait se durcit, et le tempo sâaccĂ©lĂšre bientĂŽt dans une cavalcade finale captivante, imprĂ©gnĂ©e dâurgence, qui vient achever une lecture dâoĂč se dĂ©gage autant dâĂ©motion que de dextĂ©rité ! Une Ă©motion dont seront empreints les deux bis extraits du corpus brahmsien, qui vaudront un dĂ©chaĂźnement de vivats rarement entendu en Principauté !
Le concert se poursuit aprĂšs une « pause technique » par lâexĂ©cution de la 3Ăšme Symphonie (dite « Polonaise ») de TchaĂŻkovski, qui se trouve quelque peu « mal Ă lâaise » Ă la charniĂšre des deux premiĂšres, toute de fraĂźcheur bucolique, et du massif insurmontable des herculĂ©ennes trois suivantes. Cela explique la relative dĂ©fection de cette page symphonique, qui se positionne comme la mal aimĂ©e du cycle, mais Ă©galement la moins connue du compositeur russe. On gagnerait pourtant Ă la réécouter, mĂȘme si le premier et le dernier des cinq mouvements babillent un peu : lâorchestration de TchaĂŻkovski est ici tout entier, avec notamment un Scherzo dâune lĂ©gĂšretĂ© angĂ©lique, et Ă y regarder mieux, on sâaperçoit quâelle annonce, en plus dâun endroit, les trois symphonies du destin. JĂ©rĂ©mie Rhorer veille surtout ici Ă restituer une forme, Ă travers une lecture prĂ©cise et dĂ©cantĂ©e, au problĂ©matique Tempo di polacca final (qui vaut Ă lâouvrage son titre de « Polonaise »). Sa lecture a surtout le mĂ©rite dâun rĂ©el engagement, sillon que suit un OPMC tout feu tout flamme !
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COMPTE-RENDU, concert. MONACO, Auditorium Rainier III, le 16 mai 2021. Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Alexandre Kantorow, piano – JĂ©rĂ©mie Rhorer, direction.