samedi 20 avril 2024

Benjamin Britten, Death in Venice (1973). Mezzo, en mai et en juin.

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Exigeant quant au choix des textes qu’il adapte pour la scène, Britten se plonge dans le texte de Mann, commande un livret à Myfanwy Piper dès 1970, et compose la partition jusqu’en 1973. « Death in Venice » est son dernier opus lyrique qui marque sa collaboration artistique avec son compagnon, le ténor Peter Pears. L’ouvrage sera créé le 16 juin 1973 dans le cadre du festival d’Aldenburgh, fondé par le compositeur au lendemain de la deuxième guerre mondiale. Le compositeur devait mourir trois ans, le 4 décembre 1976.

Afin d’accentuer la césure entre le monde de Gustav Von Aschenbach et le jeune Tadzio et sa famille, ces derniers sont incarnés dans l’opéra, par des danseurs. D’ailleurs, dans le roman de Thomas Mann, a aucun moment, les deux sphères ne communiquent entre elles. Jamais Aschenbach ne dialogue véritablement avec l’objet de ses observations. Dans l’adolescent, l’écrivain voit la figure de la beauté parfaite, l’idée de la perfection. On aurait donc tort d’y voir une illustration anecdotique d’un sujet homosexuel. L’attraction de l’homme pour le garçon se situe sur le plan esthétique : il trouve un écho dans le travail créatif du compositeur, sa quête d’absolu. Ici, la contemplation abordée exprime le désir le plus élevé de l’artiste créateur, un désir qui anime l’œuvre du poète, de l’écrivain, du cinéaste ou du compositeur. Le génie des auteurs, en premier lieu de Thomas Mann, est d’avoir ancré son histoire dans une Venise mortifère où tout semble sombrer inéluctablement lors d’une épidémie de choléra. De sorte que le trouble qui naît chez l’homme admiratif, approfondit sa recherche de plus en plus inquiète à trouver le mystère de la perfection.

L’idéal en ce monde existe-t-il ? Quelle forme prend-t-il ? Comment l’art et la création peuvent-ils peindre la beauté ? Est-il donner à l’homme esthète de pouvoir contempler l’idéal plutôt que d’en produire une représentation ? Et même, comment l’homme mortel peut-il espérer dépasser sa condition ? Ici, le surgissement de la beauté qui réactive une réflexion esthétique, et la présence de la mort omniprésente, symbolise la condition de tout artiste, de tout homme en général.
Le sujet intéresse particulièrement le sens de l’art. Il est juste de considérer le texte comme une réflexion sur la création, ici l’écriture de la musique.
Comme dans ses opéras précédents, Peter Grimes ou Billy Budd, Death in Venice est traversé par des éléments emblématiques de l’oeuvre du compositeur : présence récurrente de la mer (d’autant plus vivace pour la cité lagunaire), phrase mélodique obsessionnelle structurant le tissu musical, orchestre conçu comme un continuo : ciselant chaque parole des chanteurs, en particulier, la partie vocale dévolue à Aschenbach que chanta pour la création le ténor Peter Pears. C’est pour lui que Britten composa l’un des rôles les plus aboutis de son œuvre.

Pour les trente ans de sa mort, Britten mérite assurément qu’on diffuse et joue sa musique. Mezzo en cette année anniversaire diffuse la production produite en 1989 par le Glyndebourne Touring Opera.

« Mort à Venise » de Benjamin Britten
(1990, durée : 2h10). Réalisation: Robin Lough.

Opéra en 2 actes – Musique de Benjamin Britten – Livret : Myfanwy Piper. D’après la nouvelle de Thomas Mann. Avec : Robert Tear (Gustav von Aschenbach), Alan Opie (les différentes partie pour baryton : le directeur de l’hôtel, le barbier de l’hôtel, la voix d’Apollon), Michael Chance (Apollo), direction musicale : Graeme Jenkins. Mise en scène : Stephen Lawless. Chorégraphie : Martha Clarke.


diffusion

les 14 mai à 13h45, 23 à 15h45 et le 26 à 2h40

dvdthèque

le dvd de cette production plus que recommandable est publié chez Arthaus Musik (distributeur : Intégral)

Illustration : Venise, portiques et architecture, d’après Véronèse.
Photo montage © David Tonnelier 2006 pour classiquenews.com

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