LIVRE Ă©vĂ©nement. BALZAC penseur (collectif, direction : Francesco Spandri) – Ă©dition CLASSIQUES GARNIER

balzac penseur francesco spandri classiques garnier classiquenewsLIVRE Ă©vĂ©nement. BALZAC penseur (collectif, direction : Francesco Spandri) – Ă©dition CLASSIQUES GARNIER. Au delĂ  de l’observateur critique fin et analytique, qui rend sa prose d’une rare acuitĂ© Ă©pistĂ©mique, Balzac en interrogeant les effets et leurs causes et vice versa restitue aussi, en connivence avec son lecteur la progression des mĂ©tamorphoses individuelles et dans le protocole de lecture, laisse Ă  son lecteur le plaisir spĂ©cifique de dĂ©celer les Ă©tapes d’une pensĂ©e en action. Dans le travail de l’écrivain, le parcours du lecteur qui dĂ©masque et analyse, le sujet de l’analyse, Balzac dĂ©voile la mĂ©canique du cerveau qui tire les ficelles des actions. Pour autant Balzac, connaisseur des motivations, peintre de la psychĂ©, nous a t il laissĂ© ses propres thĂ©ories et opinions sur le propre du « gĂ©nie » humain ? Les 3 parties de ce collectif multiplie les angles de comprĂ©hension de la diĂ©gèse balzacienne.
La foi, le politique, le don… sont inspectés moins par leur principe actif propre que dans la réception de leur idée.
Désormais la pensée individuelle ne se mesure exactement que dans sa relation au corps social : un existe dans ses interactions multiples qui découle de son propre mouvement aux autres. Les articles s’appuient tous sur une connaissance aiguë, personnalisée du texte balzacien (dont entre autres La Physiologie du mariage, Le colonel Chabert, Le chef d’œuvre inconnu.…). Le chapitre le plus pertinent selon nous demeure à ce titre l’enseignement théorique balzacien des Deux rêves (Robespierre puis Murat) exposant ce en quoi tout exercice du pouvoir implique une autorité qui agit produisant ses conséquences implacables inévitables ; la cause, ses effets. La lecture de ce texte dévoile en définitive une pensée politique qui atteste de l’intelligence balzacienne, son unicité synthétique, exceptionnelle et toujours éclairante aujourd’hui. Contribution majeure.

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LIVRE Ă©vĂ©nement. BALZAC penseur (collectif, direction : Francesco Spandri) – Ă©dition CLASSIQUES GARNIER.
https://classiques-garnier.com/balzac-penseur.html

427 pages – Collection « Rencontres n°414 » – 49 euros
ISBN: 978-2-406-07978-1
ISSN: 2103-5636
DOI: 10.15122/isbn.978-2-406-07980-4
Éditeur: Classiques Garnier
Date de parution: 23/10/2019

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Résumé rédigé par l’éditeur
” Tout Ă  la fois mystique et matĂ©rialiste, Balzac reconnaĂ®t Ă  la littĂ©rature et en particulier au roman sa pertinence Ă©pistĂ©mique. Cette entitĂ© fluide qu’est l’idĂ©e existe chez lui comme force sociale et actantielle : la pensĂ©e agit sur la matière et maintient une prĂ©sence multiforme au sein de la diĂ©gèse. “

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PREMIĂRE PARTIE
L’ŒUVRE BALZACIENNE ET LES SAVOIRS SCIENTIFIQUES

Introduction : Les ressources de l’abstraction (Francesco Spandri)
Balzac et la querelle des analogues
L’imaginaire des fluides chez Balzac
Penser le magnétisme / Science, fantastique et ironie
La démarche de la pensée ou la métaphore vive

DEUXIĂME PARTIE
LE MOUVEMENT D’UNE PENSÉE EN ACTE

Penser la foi
Balzac penseur de l’histoire ?
Le retour, Du dipositif fictionnel à l’anthropologie historique
Pensée et métaphore du corps social
Balzac : une théorie du mensonge ? Hypothèses autour du Colonel Chabert
La pensée du « don » : figures de la donation de l’art et du savoir
Balzac et la question du génie
Penser la peinture : Le Chef d’œuvre inconnu
La pensée du livre
Un moment « littéraire » de la pensée : le statut de la connaissance dans la Physiologie du mariage
RĂŞves de terreur / Balzac penseur politique dans Les Deux RĂŞves
Un sang irréparablement versé / Relire La Bourse à la lumière de l’Essai sur le don de Marcel Mauss

TROISIĂME PARTIE
UNE FORME QUI PENSE

« Faire penser son lecteur » : A quoi reconnait-on le philosophique balzacien ?
Lire, c’est penser peut-être à deux ? / De la fiction à la réflexion
Penser l’exprit avec Balzac
Balzac penseur post-mortem
Balzac théoricien ?

ISIS de Lully

PARIS, TCE, ven 6 dĂ©c 2019, 19h30. En version de concert, l’un des opĂ©ras les moins connus de Lully et pourtant l’un des mieux Ă©crits… qui d’ailleurs ne devrait pas s’appeler ISIS mais IO, la nymphe aimĂ©e de Jupiter et qui dĂ»t Ă©prouver la haine jalouse et donc la sadisme de Junon, l’Ă©pouse officiel du Dieu des Dieux. A travers son prĂ©texte mythologique, la partition Ă©gratigne quelques protagonistes de la Cour de Louis XIV dont surtout la favorite en titre, La Montespan qui se reconnut Ă©videmment dans le rĂ´le infect de Junon et … obtint du Roi pour se venger l’exil du poète librettiste Quinault. Le TCE Ă  Paris affiche une version de concert d’un ouvrage majeur de Lully qui avant Rameau au XVIIIè (dans son dernier opĂ©ra Les BorĂ©ades de 1764), met en scène la folie amoureuse, la haine divine et la torture…

LIRE ici notre critique du cd ISIS de Lully dont la distribution est celle du spectacle parisien : ISIS de LULLY par Les Talens Lyriques

LULLY isis ROUSSET critique cd opera classiquenewsCD, critique.LULLY : ISIS / Io. Talens Lyriques, Ch Rousset (2 cd APARTE – juil 2019). Après Bill Christie et Hugo Reyne, tous d’eux ayant différemment réussi leur propre lecture d’Atys(respectivement en 1987 et 2009), sommet de l’éloquence et du sentiment XVIIè, Les Talens lyriques et leur chef Christophe Rousset poursuivent une sorte d’intégrale des opéras de Lully chez Aparté. Un défi redoutable et un courage immense… tant les plateaux sont difficiles à réunir, et le répertoire toujours écarté des scènes lyriques. Qui programme aujourd’hui le Florentin anobli / naturalisé par Louis XIV ? On s’étonne d’une telle situation, qui d’ailleurs vaut pour le baroque en général : même Rameau, le plus grand génie dramatique et orchestral du XVIIIè peine à défendre sa place à chaque saison nouvelle, en particulier à l’Opéra de Paris. Que l’on ne nous parle pas d’équilibre et de diversité des programmations. Le Baroque est de moins en moins joué au sein des théâtres d’opéras en France. Donc réjouissons nous de ce nouvel opus Lully par Ch Rousset.

Pourtant, soit qu’il soit question de la prise ou de l’économie du geste gĂ©nĂ©ral, la petitesse du son ne cesse ici d’interroger : on sait que les effectifs requis pour les crĂ©ations devant la Cour et le Roi, ne craignaient pas l’ampleur ; d’ailleurs toutes les gravures le reprĂ©sente : l’orchestre Ă©tait plĂ©thorique. Ce qui laisse imaginer un tout autre son Ă  l’époque… Pourquoi alors ce format sonore si Ă©troit et serrĂ©, d’autant que le traitement final souhaitĂ© lisse tout relief. Pas d’aspĂ©ritĂ©, ni de timbres dĂ©finis: un juste milieu qui attĂ©nue toute disparitĂ© et tend Ă  unifier la globalitĂ© vers une uniformitĂ© dĂ©sincarnĂ©e. S’agirait-il alors d’une autre raison ? La vision propre au chef qui en phrases courtes, certes prĂ©cises mais systĂ©matiques jusqu’à la mĂ©canique, sonne sèche ; des tempos parfois très prĂ©cipitĂ©s soulignent une lecture nerveuse… et finalement dĂ©vitalisĂ©e. Voici un Lully Ă©troit et mĂ©canisĂ© qui manque singulièrement d’ampleur, de souffle, de respiration. Tout ce qu’ont apportĂ© et cultivĂ© autrement et par un orchestre et un continuo plus palpitant, les prĂ©cĂ©dents dĂ©jĂ  citĂ©s : Christie et Reyne. Pas sĂ»r que les dĂ©tracteurs et critiques d’un Lully trop affectĂ©, sophistiquĂ©, et finalement artificiel, ne changent d’avis après Ă©coute de cet album. Lire la critique complète d’ISIS de Lully par Les Talens Lyriques

DVD, critique. MASSENET : MANON par K MacMillan – Lamb, Muntagirov, Yates (Opus Arte, 2018)

MANON-MCMILLAN-DVD-opus-ARTE-lamb-muntagirov-review-critique-danse-dvd-opera-classiquenewsDVD, critique. MASSENET : MANON par K MacMillan – Lamb, Muntagirov, Yates (Opus Arte, 2018). Inusable poĂ©tique de McMillan… Sir Kenneth MacMillan a marquĂ© les esprits par sa maĂ®trise du dramatisme, sachant revivifier la force Ă©motionnelle de sujets et mythes, tels Romeo et Juliette (1965 oĂą s’imposa Noureev, jeune pilier d’une Margot Fonteyn Ă  plus de 50 ans) ou la comĂ©die dramatique Mayerling (1978). Sa sensibilitĂ© narrative qui reste expressive et Ă©lĂ©gante s’est affirmĂ©e dès 1973 lors de sa crĂ©ation Ă  Covent Garden (avec Anthony Dowell et Antoinette Sibley, duo mythique du Royal Ballet) dans son inusable Manon (de son titre complet « L’histoire de Manon »), d’après Massenet (c’est Ă  dire ses opĂ©ras mais pas sa Manon contradictoirement). Comme John Cranko quand il s’empare de l’histoire d’OnĂ©guine (pas une note de l’opĂ©ra Ă©ponyme de Tchaikovski) MĂŞme si la fameuse scène Ă  Saint-Sulpice oĂą la courtisane Manon parvient Ă  sĂ©duire et reconquĂ©rir DesGrieux devenu abbĂ©, a Ă©tĂ© supprimĂ©e, McMillan trouve le ton juste, rĂ©alise avec mesure et Ă©quilibre le thème de l’amour contraint et finalement triomphant dans la mort; l’écriture narrative de McMillan, par sa clartĂ© et sa poĂ©sie – bel effet d’un Ă©quilibre maĂ®trisĂ©, a depuis influencĂ© dans cette mouvance dramatique, les Crnako donc, surtout John Neumeier, a contrario d’un BĂ©jart plus abstrait, et allĂ©gorique voire conceptuel. Jamais Ă©pais voire saint-sulpicien, McMillan prĂ©serve toujours une finesse psychologique admirable dont la Dame aux camĂ©lias de Neumeier est lui aussi redevable.

manon-500x333Sur les traces du roman de l’abbé Prévost (1731), la place majeure est réservée à la ballerina Sarah Lamb, Manon un peu sage cependant, qui devrait déployer une caractérisation riche, complexe, à multiples facettes : lolita écervelée, jouisseuse manipulant ses protecteurs, adoratrice de bijoux et de diamants (II) ; surtout dans la mort, agonisante, amoureuse sincère et jusqu’auboutiste, dans une plaine perdue de Louisiane (III) : peu à peu ce que révèle McMillan c’est l’évolution du personnage qui à mesure qu’il perd son insouciance gagne en humanité et en profondeur pour se consumer totalement. Le DesGrieux de Vadim Muntagirov assoit la forte conviction de cette production de 2018 : c’est un partenaire très solide aux côtés de Sarah Lamb, liane sensuelle, féminine jusqu’aux bouts de ses chaussons. Face à eux, agent du destin, qui rappelle toujours les deux cœurs trop jeunes et crédules à leur sort tragique, le Lescaut de Ryoichi Hirano s’impose par sa profondeur et la justesse du personnage.
CLIC_macaron_2014Dans la fosse, Martin Yates souligne les couleurs et les accents divers de la partition collectée par Leighton Lucas, qui reprend nombre de partitions extraites des opéras de Massenet. La version utilisée bénéficie d’une réorchestration réalisée par Yates en 2011. Plus de 40 après sa création, cette Manon de McMillan d’après Massenet n’a perdu aucun de ses charmes musicaux comme chorégraphiques. Un jalon classique et essentiel pour toute collection chorégraphique.

 

 

 

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Distribution :
Manon – Sarah Lamb
Des Grieux – Vadim Muntagirov
Lescaut – Ryoichi Hirano
Monsieur G.M. – Gary Avis
Lescaut’s Mistress – Itziar Mendizabal
Madame – Kirstin McNally
The Gaoler – Thomas Whitehead
Beggar Chief – James Hay
Courtesans – Fumi Kaneko, Beatriz Stix-Brunell, Olivia Cowley, Mayara Magri

Production:
Orchestration – Martin Yates (2011)
Choreography – Kenneth MacMillan
Staging – Julie Lincoln and Christopher Saunders
Designs – Nicholas Georgiadis
Lighting design – John B. Read

 

 

 

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DVD, critique. MASSENET : MANON par K MacMillan – Lamb, Muntagirov, Yates (Opus Arte, 2018) – Corps de Ballet du Royal Ballet, Orchestre de the Royal Opera House / Martin Yates, direction.

Illustration : © Alice Pennefather

 

 

 

 

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PARIS, Cortot, 2 déc 2019. Le Temps retrouvé. Li-Kung Kuo (violon) - Cédric Lorel (piano) (1 cd Cadence Brillante)

le-temps-retrouve-disque-img- li kung kuo cedric lorel violon et piano cd review annonce concert cd critique classiquenews CLIC de classiquenews 450PARIS, Cortot, 2 dĂ©c 2019. Le Temps retrouvĂ©. Li-Kung Kuo (violon) – CĂ©dric Lorel (piano) / 1 cd Cadence Brillante. A la recherche de Proust, et tout autant de la figure centrale d’Eugène YsaĂże, le violoniste Li-Kung KUO et le pianiste CĂ©dric LOREL mĂŞlent avec intelligence et avec un vrai goĂ»t des filiations et des correspondances quatre compositeurs français aux tempĂ©raments distincts ; tous se rejoignent sur un point : l’expression la plus juste et la plus prĂ©cise du sentiment intĂ©rieur. A la fois expressifs (et mesurĂ©s), et introspectifs (sans appuis excessifs), les deux interprètes ressuscitent un âge d’or de la musique de chambre française Ă  l’époque d’A la recherche du temps perdu. Musique et littĂ©rature dialoguent ici naturellement. De fait, dans cette vivacitĂ© aiguĂ« qui creuse la charge Ă©motionnelle de chaque morceau, sans rien omettre de chaque enjeu poĂ©tique, le duo rend justice Ă  l’esprit Belle Epoque, sorte de romantisme tardif transcendĂ©. S’affirment surtout deux sommets du chambrisme français (avec en volet final de ce triptyque imaginaire, le Trio de Ravel, absent ici car il faudrait un 3è complice) : le Poème de Chausson et la Sonate n°1 de Saint-SaĂ«ns, entre gravitĂ© et ravissement.

Le premier morceau (Caprice d’après La Valse de St-Saëns) affirme la virtuosité directe enflammée dont Ysaÿe était coutumier, habile à s’approprier chaque partition, avec une intensité et une articulation percutante, vive, précise, mordante. La personnalité inspire l’ensemble du programme ; c’est lui qui créa des pièces aussi prestigieuses que le Quatuor de Debussy, le Poème de Chausson. Avec Raoul Pugnol (piano), Ysaÿe joua la Sonate de Saint-Saëns dont il déduit une étude elle aussi saisissante par son nuancier expressif, ses crépitements d’une très haute virtuosité.

CHAUSSON, SAINT-SAËNS…
un âge d’or du chambrisme français

Chez Debussy, on relève dès « l’Allegro vivo » l’activité filigranée, inscrite dans le repli et la conservation du souvenir (chant et ligne du violon). « Intermède » est exprimé comme une pantomime, légère, d’une nervosité arachnénenne, précisément expressive, pure instant de poésie évocatoire, aux imprévisibles intentions, aux humeurs esquissées, changeantes.
« Très animé » laisse s’exprimer une agitation enivrée tout en délicatesse intérieure et pudique pourtant (réitération du thème de l’Allegro vivo), mais aussi presque lascive (hispanisme comme endeuillé et plein de panache).

Le piano choisi (Bechstein 1898) captive par sa qualité de rebond, velours allusif en particulier dans le climat de pluie suspendue qui installe ce calme inquiet et langoureux du Poème de Chausson. Préalable qui est amorce suspendue, d’une tristesse mesurée, elle aussi productrice d’un vrai climat poétique qui est propice à faire jaillir le sentiment : la ligne du violon est longue, sur le souffle, d’une infinie gravité, d’une profonde tendresse, d’un rayonnement peu à peu lumineux qui s’embrase littéralement. C’est sous les doigts du taiwanais Li-King Kuo, le déploiement de cette sensibilité claire et transparente, ligne éperdue, étirée jusqu’aux confins du souffle, essentiellement française.

CLIC D'OR macaron 200Puis s’accomplit le miracle du Saint-Saëns (Sonate n°1, modèle présumé de la fameuse Sonate de Vinteuil): très complices, et même fusionnels, piano et violon réussissent dans le premier mouvement « Allegro agitato », le plus long (7 mn), agité en effet et même crépitant, d’une activité que l’on penserait rien que bavarde, jusqu’à l’émergence de la « petite phrase », motif chantant dans l’aigu, vrai jaillissement d’un souvenir de ravissement fugace, qui apaise du fait même de son énoncé. La suggestion, l’allusion, l’infini mélancolie qui portent au rêve et à l’abandon, contrasté avec les passages plus tendus voire âpres, structurent une partition qui relève du génie de Saint-Saëns. Même s’il n’aimait pas le compositeur, Proust a dû irrésistiblement être vaincu par l’infinie tendresse de la mélodie centrale, désormais entêtante et emblématique de tout son œuvre littéraire. Les interprètes laissent à l’œuvre de superbes plages de dialogues feutrés, comme enveloppés par la question et le sens du souvenir et de la mémoire. C’est un temps rétrospectif et intime, mais aussi dans la réalisation, une formidable énergie active qui résoud et libère (réitération du motif « mauve » dans le dernier « Allegro molto »).
D’un bout à l’autre on goûte le velouté diaphane du piano, son crépitement crépusculaire (« mauve » et lunaire, aurait dit Marcel Proust, in texto) ; comme le chant en extase d’un violon qui caresse ses souvenirs, accepte, s’émerveille. En phrases étendues, éperdues (Adagio). En crépitement halluciné, roboratif (dernier Allegro molto). La qualité du chant du violon (Testore 1700, « ex Galamian ») s’épanouit sans emphase en toute complicité avec le Bechstein, le piano préféré de Debussy.
La qualité d’articulation et de chant du violon, se manifeste pleinement enfin dans l’extase mélodique du Hahn, évidement un « Nocturne » pour mieux se glisser et dialoguer avec le motif crépusculaire de la petite phrase inventée par Saint-Saëns.

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CD, Ă©vĂ©nement, critique. Le Temps retrouvĂ©. Li-Kung Kuo (violon) - CĂ©dric Lorel (piano) (1 cd Cadence Brillante) – parution le 15 novembre 2019

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LIRE aussi notre prĂ©sentation du cd LE TEMPS RETROUVÉ – Li-Kung Kuo (violon) - CĂ©dric Lorel (piano)

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AGENDA

 

 

CONCERT A PARIS

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Concert de lancement
PARIS, Salle Cortot,
Lundi 2 décembre 2019, 20h30

Li-Kung Kuo (violon)
Cédric Lorel (piano)

RÉSERVEZ

https://www.billetweb.fr/kuo-lorel-le-temps-retrouve

 

 

Programme :

Reynaldo Hahn (1874-1947)
Nocturne pour violon et piano

Claude Debussy (1862-1918)
Sonate pour violon et piano

Ernest Chausson (1855-1899)
Poème op. 25

Camille Saint-Saëns (1835-1921)
Sonate pour violon et piano n°1 op. 75

Eugène Ysaÿe (1858-1931)
Caprice d’après l’Etude en forme de valse op. 52 n°6 de Saint-SaĂ«ns

 

 le-temps-retrouve-disque-img- li kung kuo cedric lorel violon et piano cd review annonce concert cd critique classiquenews CLIC de classiquenews 450

 

 

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GRAND ENTRETIEN

CĂ©dric LOREL, Li-Kung KUO : Le temps retrouvĂ©LIRE notre entretien avec le violoniste Li-Kung Kuo et le pianiste CĂ©dric Lorel. Le duo explique l’enjeu artistique de leur premier album Ă©ditĂ© par Cadence Brillante : ressusciter l’engagement d’une personnalitĂ© musicale de premier plan, en lien Ă©troit avec la composition et les auteurs de son temps… Eugène YsaĂże et les compositeurs de son temps : la Belle Epoque (Hahn, Chausson, Saint-SaĂ«ns, Debussy…)

Propos recueillis en novembre 2019

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TEASER VIDEO

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CD, critique. SCHUMANN, Clara et Robert : Sonates. Margarita Höhenrieder, piano Pleyel (1 cd Solo Musica)

CD, critique. SCHUMANN, Clara et Robert : Sonates. Margarita Höhenrieder (1 cd Solo Musica). Née le 13 septembre 1819 , Clara Schumann, aurait donc eu en septembre 2019 : 200 ans. Rien de moins. Voilà qui mérite un programme spécifique. Celui défendu par la pianiste Margarita Höhenrieder suscite l’adhésion car il est risqué (clavier d’époque) et réussit la maîtrise de l’instrument en dépit de sa mécanique très délicate et de la sonorité imprévisible qui en découle.
hohenrieder margarita schumann clara solo musica cd review cd critique classiquenews portrait de clara schumann MH-01De plus, Ă  l’heure de la paritĂ© proclamĂ©e, espĂ©rĂ©e, affirmĂ©e ; Ă  l’heure du mouvement #metoo et aussi de la fĂ©minisation tant attendue des mĂ©tiers du classique, dont Ă©videmment celui de « cheffes » d’orchestre donnant naissance dĂ©sormais au nouveau terme « maestra », il est temps de rĂ©interroger le gĂ©nie musical… au fĂ©minin. Voici un programme Ă  point nommĂ© ; qui affirme le gĂ©nie d’une femme admirable, pianiste virtuose et plus cĂ©lèbre que son mari Robert ; et donc aussi compositrice : CLARA SCHUMANN (18919 – 1896).  Margarita Höhenrieder a le cran de choisir un instrument historique (Grand Pleyel datĂ© de 1850) dont le timbre et la longueur sonore (un peu courte, surtout dans les graves) redessinent l’architecture et les relief des partitions de Clara : la (seule) Sonate, pièce maĂ®tresse (surtout par son mouvement premier), mais aussi ici ses Trois Romances opus 11, d’une très riche vie intĂ©rieure et toutes de climats et contrastes exacerbĂ©s, parfois tendus.
Ainsi, tout le tempérament à la fois tendre et exalté, mais d’une ivresse digne de son compositeur de mari, s’écoule, respire, enfle ; en particulier dans l’ample premier mouvement de plus de 8 mn, qui restitue l’ardeur et la passion, la profondeur sourde et la gravité aussi (Rondo final), d’une compositrice romantique de premier plan.
Mises en dialogue avec les pièces de son épouse, les œuvres de Robert font valoir par contraste et comparaison (inévitable), l’écriture plus serrée, parfois mieux construite que celle de Clara ; ce qui frappe immédiatement c’est l’éloquence dramatique directe de Robert, très habile à contraster (qu’il soit Eusebius ou Florestan), quand Clara s’enivre et rêve, plus lyrique et d’une écriture qui se plaît à la langueur voire à la volupté à la fois grave (là encore) et secrète (quoique que la coupe syncopée, si vive de l’Andante des Trois Romances semble embrasée, exaltée au plus haut point). Voilà qui anticipe clairement son favori et futur grand ami intime, son cadet Johannes Brahms (et probablement fou amoureux de la musicienne). Le jeu de la pianiste sait équilibrer les difficiles plans sonores, d’autant que la mécanique du piano requis reste fragile, délivrant cette tension et cet éclat parfois sec, propres aux instruments historiques. L’attention et le souci d’une certaine vie intérieure ; mais aussi le nerf et l’énergie conduisent du début à la fin l’approche de la pianiste, chez Clara comme chez Robert dont elle sait exprimer le feu qui dévore dès le premier mouvement So rasch wie mögliech de la Sonate n°2, de braise et d’ardeur ciselée. Clara / Robert ont composé un couple magistral. Ils affichent et défendent tous deux, deux tempéraments ardents et trempés, absolument captivants. Sans que Clara dans la confrontation des écritures, n’en souffre d’aucune sorte. Bel engagement du jeu. Ce disque nous le démontre encore.

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CD, critique. SCHUMANN, Clara et Robert : Sonates. Margarita Höhenrieder (1 cd Solo Musica) – Enregistrement rĂ©alisĂ© en Suisse en janvier 2019

James GRAY met en scène les Nozze de Mozart

Mozart Wolfgang portrait par classiquenews -by-Croce-1780-81PARIS, TCE. MOZART: Nozze par James GRAY, 1er nov – 8 dĂ©c 2019. Le cinĂ©aste amĂ©ricain James Gray, bien connu pour soigner en particulier le profil psychologique de ses personnages, comme le tableau final qui les abandonne Ă  leur destin, rĂ©ussira-t-il Ă  renouveler notre perception des Nozze de Figaro de Mozart et Da Ponte, eux-mĂŞme inspirĂ©s par Beaumarchais ? Dans le trop court film d’annonce, Ă©ditĂ© sur le site du TCE, James Gray explique pourquoi il a dit oui Ă  cette aventure qui l’éloigne du cinĂ©ma, son territoire naturel. Lunettes d’intellos, faux air de mal rasĂ© sorti de son lit, – en rĂ©alitĂ© très new-yorkais, mais passionnĂ© par l’opĂ©ra, le rĂ©alisateur veut rendre hommage Ă  une partition et une pièce lyrique qu’il trouve « presque parfaite »…

GRAY, de l’espace à l’opéra
Né en 1969 (il a eu donc 50 ans en avril 2019), l’américain (d’origine ukrainienne) né à New York, James Gray met en scène Les Noces de Figaro du do mythique Mozart et Da Ponte. Adolescent, il a déserté les bancs de l’école pour occuper la rangée de fauteuil au cinéma, connaissant toutes l’histoire du genre et se passionnant aussi pour la littérature russe (Dostoievski en particulier et aussi Tolstoi) : il adapte au cinéma le sens d’une narration souvent épique, mais a le souci de la psychologie intime : ce qui le place comme le plus européen des réalisateurs américains.

Première au TCE, Paris

James Gray met en scène MOZART

De la psychologie autant que de l’action. Le réalisateur s’est taillé une très solide réputation au cinéma avec des films devenus cultes : Little Odessa conçu à 25 ans en 1994 et qui remporte le lion d’argent de Venise (chronique noire et familiale dans un quartier dont il a parfaitement connu l’ambiance et les dangers ; The Yards (2000, autre épisode noir qui décrit la maffia newyorkaise) ; la nuit nous appartient (2007), Two lovers (2008), surtout The Immigrant (2013 dont l’héroïne incarnée par Marion Cotillard évoque la lente descente aux enfers d’une jeune polonaise débarquant à New York) ; puis c’est le chef d’œuvre absolu, illustration d’un rêve personnel et esthétique qui adapte The Lost City of Z (2016), dramaturgie progressive qui comme dans The Immigrant, converge peu à peu vers l’éblouissement saisissant du dernier tableau, véritablement composé comme une peinture d’histoire. Aucun doute alors, James Grey est non seulement un grand narrateur, c’est aussi un esthète. Puis en 2019, le cinéaste renouvelle le genre SF depuis Alien, avec Ad Astra (vers l’étoile). Moins connu (et compris) aux USA qu’en Europe, James Gray a la passion de l’opéra. Réussira-t-il son premier coup à Paris en décembre prochain ? A t il la fibre mozartienne ?

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PARIS, TCEboutonreservation
29 nov , 1er, 3, 5, 7, 8 décembre 2019
6 représentations
Infos et réservations
https://www.theatrechampselysees.fr/la-saison/opera-mis-en-scene/les-noces-de-figaro

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DISTRIBUTION
Glysleïn Lefever: chorégraphie
Christian Lacroix: costumes
Bertrand Couderc: lumière
Anna Aglatova: Suzanne
Robert Gleadow: Figaro
Stéphane Degout: Le Comte Almaviva
Vannina Santoni: La Comtesse Almaviva
Eléonore Pancrazi: Chérubin
Carlo Lepore: Bartolo
Jennifer Larmore: Marceline
Florie Valiquette: Barberine
Mathias Vidal: Basilio
Matthieu Lécroart: Antonio
Rodolphe Briand: Curzio

Le Cercle de l’Harmonie
Unikanti :  Gaël Darchen, direction

Jérémie Rhorer: direction
James Gray: mise en scène
Santo Loquasto: scénographie

Opéra chanté en italien, surtitré en français et en anglais
Durée de l’ouvrage 2h40 environ

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mozart wolfgangMozart suit les pas de Beaumarchais : il n’oublie rien des enjeux de chaque protagoniste, 5 entités parfaitement caractérisées ; ni le contexte français de la Révolution qui couve : un climat de rébellion et de liberté à tout craint qui exalte les désirs et les pulsions de chacun… Voilà pourquoi tout tend ici à l’implosion, en particulier des codes d’une société (celle monarchiste) passablement inégalitaire et injuste. Tous sans exception souffre : les valets, Suzanne et Figaro, soumis à des règles éculées qui les renvoient toujours à leur « bassesse » sociale ; le Comtesse jouisseur invétéré qui comme Don Giovanni, « tourne en rond » ; la Comtesse son épouse, aussi frustrée, abandonnée que négligée…

Outre les défis et les attentes que suscitent le choix d’un metteur en scène de cinéma dans la réalisation de cette nouvelle production, le chef requis, mozartien diversement apprécié chez Mozart, Jérémie Rhorer poursuit son approche du théâtre mozartien au TCE (après Idomeneo, La Clémence de Titus, Cosi fan tutte et Don Giovanni, ces nouvelles Nozze sont donc le cinquième opus dirigé avenue Montaigne, avec son ensemble Le Cercle de L’Harmonie sur instruments d’époque). Mais autant « d’expérience » saurait-elle égaler l’excellente et récente maîtrise mozartienne d’un autre chef Mathieu Herzog et son fabuleux collectif Appassionnata (révélés dans une fabuleuse triologie symphonique, porutant très délicate; les 38, 39 et 40èmes symphonies de Mozart, cimes orchestrales pour tout chef digne de ce nom ?
Parmi les chanteurs à suivre particulièrement, la Comtesse de la soprano Vannina Santoni, déjà remarquée à l’Opéra de Tours (XX), dans un récital Beethoven et Mozart avec le Palais royal (le temps des héros)… La chanteuse saura-t-elle exprimer toute le désarroi et la solitude de Rosina, hier courtisée par Belfiore, aujourd’hui devenue épouse délaissée ? De même, le Cherubin de la pétillante Eléonore Pancrazi dans le rôle de Cherubin…

Vendredi 22 novembre 2019, 18h30
Rencontre avec Erik Orsenna, auteur de Beaumarchais, un aventurier de la liberté, Jérémie Rhorer, directeur musical, James Gray, cinéaste et metteur en scène, Frédéric Bonnaud, directeur général de la Cinémathèque française.

EntrĂ©e libre – Inscription obligatoire ICI
https://billetterie.theatrechampselysees.fr/selection/event/date?productId=101500458435

France Musique diffuse cet opéra le 28 décembre à 20h

LILLE. Symphonie n°1 de CHOSTAKOVITCH par l’ONL / JC CASADESUS

casadesus_603x380 Ugo ponte ONLLILLE. Les 6, 7 nov 2019. ONL, JC Casadesus. CHOSTAKOVITCH : symph n°1. L’Orchestre National de Lille et Jean-Claude Casadesus nous offrent dans ce programme riche en contraste deux tempéraments toalement opposés : la simplicité solaire d’un Mendelssohn fauché trop tôt (1845), et la sensibilité plus ambivalente du jeune Chostakovitch de 1926, inspiré par une ironie de plus en plus caustique voire grinçante. Et pour débuter la frénésie sanguine et méditerranéenne d’un autre jeune compositeur fougueux, Hector Berlioz à l’époque de son Carnaval Romain (ouverture) : en réalité, la partition du Romantique français datée de 1844, est une ouverture alternative à son opéra (maltraité) Benvenuto Cellini, comédie shakespearienne d’une exceptionnelle viitalité. Berlioz y recycle en particulier le duo Cellini et Teresa (Vous que j’aime plus que ma vie), confronté au grand chœur collectif du Carnaval proprement dit.

dmitri-chostakovitchD’une vitalité inédite dans l’œuvre de Dmitri Chostakovitch, son opus symphonique n°1 a certes ce goût du sarcasme et de la terreur rentrée, mais éblouit surtout par sa « joie de vivre », une ivresse sincère et désinvolte que ne connaissait pas de la part du compositeur qui manie comme personne le double langage. JC Casadesus aborde la partition créée à Leningrad en mai 1926 avec l’ardeur et la précision qui sied à une exceptionnelle versatilité, servi par une orchestration habile et raffinée ; le jeune compositeur encore élève du Conservatoire (19 ans) n’hésite pas à maintenir ses options de composition, contre l’avis d’un Glazounov pltuôt réservé sur la sonorité de certains passages… Déjà l’humour apparent du premier mouvement (Allegro) sonne ambigu ; d’autant que le scherzo (Allegro ou 2è mouvement) précise cette ironie encore vacillante au début… qui soustend et porte la maturité du Finale dont le caractère sombre voire amer révèle la vraie personnalité de Chostakovich : plus inquiète et analytique que bavarde ; sauvage et hypersensible ; consciente malgré elle, des terreurs qui menacent dans l’ombre proche.

mendelssohn elias cd felix-mendelssohn-bartholdy_jpg_240x240_crop_upscale_q95Le programme du concert comprend également le sublime Concerto pour violon n°2 de Mendelssohn, sommet de romantisme lumineux, intense, condensé, lui aussi sans effusion gratuite. Avec le violoniste albanais Tedi Papavrami. L’opus 64 est souvent le sujet d’un malentendu, permis par l’apparente simplicité brillante de son écriture ; rien de tel ici tant Mendelssohn y reste comme Mozart, d’une économie qui signifie non virtuosité mais sincérité et vérité. Amorcée dès 1838, achevée en 1844, le Concerto est créé à Leipzig en mars 1845… quelques mois plus tard, Felix Mendelssohn s’éteignait à l’âge de 36 ans.

 

 

 

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Mercredi 6 & jeudi 7 novembre 20hboutonreservation
Lille – Auditorium du Nouveau Siècle
Voyage romantique

Berlioz
Le Carnaval romain, ouverture
Mendelssohn
Concerto pour violon en mi mineur
Chostakovitch
Symphonie n°1

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE   –  Direction : Jean-Claude Casadesus  -  
Violon : Tedi Papavrami

 

 

 

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https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/voyage-romantique/

 

 

En région
Pas de billetterie O.N.L / billetterie extérieure
Soissons Cité de la Musique et de la Danse – Vendredi 8 novembre 20h
Infos et réservations : 03 23 59 83 86
Anzin Théâtre – Samedi 9 novembre 20h
Infos et réservations : 03 27 38 01 10

 

 

PrĂ©sentation du programme par l’Orchestre National de Lille : “Immense musicien et remarquable homme de lettres, le violoniste albanais Tedi Papavrami possède un parcours artistique hors du commun. Son archet virtuose, Ă  la fois pur et lyrique, sera l’instrument idĂ©al pour enchanter les emportements romantiques et la féérie bondissante du splendide Concerto pour violon n°2 de Mendelssohn. Créée en 1926, la Symphonie n°1 est l’une des Ĺ“uvres les plus joyeuses de Chostakovitch. Bien sĂ»r, on y retrouve le goĂ»t du sarcasme, les brusques changements d’humeur et le romantisme noir du compositeur russe. Mais la symphonie trace Ă©galement une montĂ©e en puissance, magistralement conduite par Jean-Claude Casadesus.”

 

“Romantic journey
The remarkable Tedi Papavrami enchants Mendelssohn’s splendid Violin Concerto No. 2 in E min. Premiered in 1926, Symphony No. 1 is one of Shostakovich’s most jubilant works, building to a powerful ending, all under the baton of Jean-Claude Casadesus.”

CD, critique. BEETHOVEN : Symph n°9 – Bernstein, Berlin 1989 (2 cd DG Deutsche Grammophon)

ode an die freiheit bernstein in berlin leonard bernstein 2 cd dg deutsche grammophon 1989 30 ans mur de berlin cd review critique cd classiquenews 4837441CD, critique. BEETHOVEN : Symph n°9 – Bernstein, Berlin 1989 (2 cd DG Deutsche Grammophon). Pour commĂ©morer les 30 ans de la chute du Mur de Berlin, DG réédite une très belle lecture de la 9è de Beethoven, devenue hymne de l’Europe progressiste, dĂ©sormais indissociable des grandes heures et cĂ©lĂ©brations de l’histoire europĂ©enne. Evidemment contexte oblige, les interprètes venus cĂ©lĂ©brer la fin de l’Allemagne divisĂ©e, dĂ©sunie en chantant l’ode fraternelle conçue par Beethoven comme l’appel Ă  changer de monde, sont hautement inspirĂ©s par l’urgence et la joie collective de la Chute du mur. D’autant que la direction organique, instinctive, très investie du chef d’origine juive, Leonard Bernstein restitue toute la profondeur et l’humanitĂ© de la partition et du contexte dans lequel elle est ainsi rĂ©alisĂ©e en dĂ©cembre 1989. L’annĂ©e est celle de la mort de Karajan, le plus grand chef d’alors ; Bernstein lui aussi chez DG, Deutsche Grammophon, fait figure de dernier gĂ©ant d’un monde porteur d’un nouveau, renouvelĂ© comme plein d’espoirs.

RÉÉDITION HISTORIQUE
Plateau de grande classe dont la diva bellinienne June Anderson, orchestre bavarois auquel se sont joints divers super solistes de différents orchestres (Dresde, Leningrad, Londres, New York, Paris… il faut bien défendre l’idée d’une phalange concrètement européenne); choeurs multiples également pour l’occasion (Dresde, Munich, Berlin GDR)… ce live du 25 décembre 1989 au Schauspielhaus de Berlin est de fait, fédérateur, historique. Donc incontournable. La fièvre de l’histoire rejoint l’oeuvre fraternelle et humaniste du plus génial des symphonistes de l’histoire européenne. Tout un symbole. L’occasion insuffle une tension unique à la partition de Beethoven. La sensibilité communicative du chef choisi fait le reste.

CD, critique. BEETHOVEN : Symph n°9 – Bernstein, Berlin 1989 (2 cd DG Deutsche Grammophon).

Ode an die Freiheit – Ode to Freedom
Beethoven: Symphony No. 9
Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks
Chor des Bayerischen Rundfunks
Chor der Staatskapelle Dresden
Kirov Orchestra, St Petersburg
Orchestre de Paris
London Symphony Orchestra
New York Philharmonic
Leonard Bernstein, direction
Live from Berlin 25 December/bre 1989

Parution : 27 Sept. 2019
2 CD Deutsche Grammophon – 0289 483 7441 0

CD critique. ENCORES : Nelson FREIRE, piano (1 cd DECCA).

freire-nelson-piano-encores-decca-critique-cd-classiquenewsCD critique. ENCORES : Nelson FREIRE, piano (1 cd DECCA). DECCA souffle les 75 ans du pianiste brésilien NELSON FREIRE, et aussi des décennies de coopération artistique, l’artiste étant avec Cecilia Bartoli l’un des derniers plus anciens interprètes exclusif de la marque bicolore. Les 30 titres ici composent une manière de jardin personnel, où rayonnent l’éclectisme rêveur et enchanté des 12 pièces lyriques de Grieg, préservées comme un cycle unitaire. Toutes sont des pièces q’il a joué en fin de récital, comme des « bis », ou « encores » selon la terminologie anglos axonne.
De la génération de son consœur argentine Martha Argerich, la féline noctambule (qui n’a pas sa même fidélité au label), Freire a commencé sa carrière musicale en 1949. Voilà donc 70 ans que le pianiste incarne une longévité admirable dont les qualités principales sont l’écoute intérieure, un toucher souple et ferme, une expressivité qui approche la suggestivité parfois enivré. Il n’avait que 5 ans quand « Nelsinho » joue en concert publique au vieux Cine Teatro Brasil à Boa Esperança. A Rio, le jeune pianiste se forme auprès de Lucia Branco, ancienne élève d’Arthur de Greef, lui-même formé par Liszt. Son récital à Rio d’avril 1953 (9 ans), puis son prix au Concours de piano de Rio 1957 lui permettent de rejoindre Vienne pour y étudier avec Bruno Seidlhofer. Pour nous, Freire demeure l’exceptionnel interprète des deux Concertos pour piano de Brahms (GewandhausLeipzig sous la direction de Ricardo Chailly, Decca) ; on est tout aussi convaincus par ses Chopin, Schumann et Liszt. Une sensibilité à part entre narration et imagination que le programme ENCORES illustre lui aussi.
On y dĂ©tecte immĂ©diatement un dĂ©tachĂ©, ce laisser faire, un abandon qui est la marque des grands interprètes ; un prĂ©sence supĂ©rieure dans le piano et pourtant au dessus… cela s’entend dans la construction de ses Pièces lyriques de Grieg, dont le choix met en lumière une nonchalance de plus en plus Ă©vanescente, Ă©purĂ©e jusqu’à la dernière, faite scintillement dans l’immatĂ©riel. Tout cela se dĂ©duit d’une rare intelligence qui nĂ©gocie son rapport avec la matĂ©rialitĂ© de la mĂ©canique du piano.
Puis l’enchaînement atteint une belle ivresse dans la progression des pièces choisies après Grieg : « Mélodie » de Rubisntein, sorte de quintessence de valse, ou de souvenir de valse éperdue, enchantée ; ce à quoi répond le « Poème » de Scriabine, transcendance et prolongement de la rêverie de Liszt.
A notre avis, les deux Préludes de Rachmaninov sonnent trop durs en revanche, âpres, arides et moins naturels.
Par contre quel détaché là encore, inscrit dans le songe halluciné des « 3 danses fantastiques » de Chostakovitch, au balancement fugace et miroitant, inquiet et sourdement angoissé. Belle ambivalence.
La question nostalgique de Granados, rĂ©pĂ©tant comme une danse toujours recommencĂ© sa caresse interrogative, en une Ă©lipse qui plonge elle aussi dans le mystère irrĂ©solu ; beau toucher mĂ©lancolique et fier – gorgĂ© d’un rĂ©el panache du dernier AlbĂ©niz (Navarra). Bon anniversaire « Nelsinho ». On en veut encore !

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CD critique. ENCORES : Nelson FREIRE, piano (1 cd DECCA).

 

LIVRE événement. Charlotte Chastel-Rousseau : El Greco. Collection Découvertes Gallimard (Gallimard)

el greco peintre portrait dossier classiquenews annonce critique peinture classiquenews G03772LIVRE événement. Charlotte Chastel-Rousseau : El Greco. Collection Découvertes Gallimard (Gallimard). Né crétois mais virtuose de la couleur vénitienne (il est disciple du Titien, immense peintre de Venise), El Greco cultive très vite un sens de la ligne et du chromatisme très original. Les choix des illustrations indiquent clairement l’évolution du créateur grec et son apport dans l’histoire de l’art européen, comme dernier grand peintre du XVIè et à l’aube du Baroque, l’ampleur du geste, les formes allongés, l’audace de la couleur, l’exaltation de la foi dans des dispositions qui s’apparentent à des visions mystiques annoncent directement l’ère des grands retables picturaux des églises de la contre-réforme. A la fois archaïque et baroque, El Greco cultive une écriture éclectique à part qui ne laisse pas de déconcerter le spectateur moderne.

Doménikos TheotokópouIos (1541-1614), dit « El Greco », ressuscite au XXè, comme précurseur des surréalistes et célébré par eux… Son mysticisme renouvelle totalement et la peinture et l’art sacré (il a commencé comme peintre virtuose d’icônes). Après sa formation vénitienne, El Greco rejoint l’Espagne dans les années 1570 y fusionnant le chromatisme de Tintoret et du Titien, la plasticité musculaire de Michel-Ange. Implanté à Tolède, le crétois développe un atelier spécialisé dans les tableaux d’autels, le portrait et d’autres sujets profanes (paysages…).
Ecartant le réalisme, El Greco affirme un imaginaire, des mondes visuels qui plonge son spectateur dans un pur délire poétique.

LIVRE Ă©vĂ©nement. Charlotte Chastel-Rousseau : El Greco. Collection DĂ©couvertes Gallimard Carnet d’expo, Gallimard Parution : 03-10-2019 – Trad. du français par Lisa Davidson – Édition en langue anglaise. Réédition pour l’exposition GRECO Ă  Paris, Grand Palais, du 16 octobre 2019 au 10 fĂ©vrier 2020. Prix indicatif : 9,90 euros.
http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Decouvertes-Gallimard/Decouvertes-Gallimard-Carnet-d-expo/El-Greco

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CD, critique. PROKOFIEV : complete works / intĂ©grale de l’œuvre pour VIOLON ET PIANO – Kristi Gjezi, Louis Lancien (1 cd PARATY, 2018)

cd-Prokofiev-complete-original-violin-piano-kristi-gjezi-louis-lancien-critique-classiquenews-cd-clic-de-classiquenewsCD, critique. PROKOFIEV : complete works / intĂ©grale de l’œuvre pour VIOLON ET PIANO – Kristi Gjezi, Louis Lancien (1 cd PARATY, 2018). Il ne faut pas se fier au visuel de couverture : en costume de gala (nĹ“ud blanc) et lunettes de premier Ă©lève, Prokofiev dissimule un psychisme riche voire tourmentĂ© : un volcan psychique rugit mĂŞme sous cette apparence plissĂ©e…. Son nĂ©oclassicisme ne doit pas s’entendre comme une douce rĂŞverie nostalgique sucrĂ©e et douceâtre, mais bien comme l’expression parfois âpre et mordante, de dĂ©chirements introspectifs profonds, voire de blessures liĂ©s Ă  des traumatismes vĂ©cus. Comme Shostakovich dont PARATY a aussi publiĂ© une Ă©tonnante et très convaincante intĂ©grale des Ĺ“uvres pour cordes avec piano, Proko ne cesse d’interroger par son alliance très efficace et captivante, entre virtuositĂ© libre et versatilitĂ© permanente ; ivresse lyrique et tension terrifiĂ©e ; les contrastes et ruptures de rythmes, les changements jamais prĂ©visibles du parcours harmonique, l’éclatement mĂŞme du discours, surprennent en permanence l’auditeur car l’on sent bien ici que la forme exprime des conflits jamais totalement rĂ©solus. Comme Shostakovitch, Prokofiev a Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ© et harcelĂ© par le rĂ©gime stalinien et l’autoritĂ© d’andrei jdanov.

En guise « d’apetizer », c’est bien de commencer piano dolce par les 5 Mélodies Op.35 bis : cycle qui lui aussi sous couvert de masques mélodiques, parfois affables, et joliment séducteurs, camoufle une vérité, une conscience aiguë de la barbarie (Prokofiev dut s’exiler avant de revenir en URSS à partir de 1932). Il y a toujours comme chez Shosta, ce double langage qui est fausse activité de l’équilibre. L’écoute attentive des 5 Mélodies fait entendre ce chant de l’âme, meurtrie, inquiète et grave, sous l’apparente expressivité. Le violon de Kristi Gjezi sonne comme une brûlure souple et lumineuse qui met en avant l’étonnante fluidité mélodique du programme entier. Evidement, plus manifeste encore dans les 5 chansons écrites à l’origine pour la cantatrice Nina Koshets, créatrice du rôle de Fata Morgana dans L’Amour des 3 oranges, créé à Chicago en 1921. De l’entente entre piano et violon, surgit des trésors de nuances secrètes et enivrantes, très inspirées par le folklore slave : mélancolie grave et oublieuse, langueur suspendue d’une ineffable douceur inquiète (1) ; sourdes ondulations coulantes du Lento ma non troppo (2) ; intensité libérée ivre et éperdue (3) ; Allegretto joué idéalement scherzando, d’une insouciance badine presque cabotine (4) ; enfin, merveille de l’andante non troppo (5) qui trouve ici le ton juste dans l’éternel basculement d’un questionnement nocturne sans réponse.

 

 

Kristi Gjezi & Louis Lancien jouent Prokofiev
Intégrale des œuvres pour violon et piano

Terreur secrète

 

 

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Les deux interprètes – le violoniste Kristi Gjezi et le pianiste Louis Lancien affirment ici d’évidentes affinitĂ©s avec l’Ecole russe, restituant une gĂ©nĂ©alogie d’auteurs inspirants de Rachamninov Ă  Prokofiev sans omettre Scriabine ni Medtner. Kristi pour sa part rapelle l’importance du violon russe depuis Oistrakh, lui-mĂŞme Ă©tendard et outil de la propagande soviĂ©tique, et fondateur de l’école russe de violon. ImmĂ©diatement se prĂ©cise la relation très ambiguĂ« de l’excellence artistique et de la rĂ©alitĂ© du pouvoir politique ; une situation singulière qui dĂ©termine le langage Ă  double voire triple lecture des Chostakovitch et Prokofiev dont l’œuvre pour violon et piano inspire ainsi ce premier album Ă©ditĂ© par PARATY.
Les 2 Sonates expriment cette ambivalence et une activité souterraine qui mêle sérénité, inquiétude, gravité voire terreur rentrée.
La première amorcée aux USA en 1938 est achevée en 1946, alors que la 2è est terminée à Moscou depuis 1943 (originellement destinée à la flûte). Les deux se chevauchent donc, offrant des facettes aussi multiples que complémentaires d’une intranquilité viscérale.
Sur les traces de son créateur David Oistrakh en 1946, la Sonate n°1 permet au violon élégantissime de Kristi Gjezi (1er violon du Capitole de Toulouse sous la direction de Tugan Sokhiev), d’étirer sa soie solaire et agile, révélant tout ce qu’ont de dissemblable en réalité les deux Sonates simultanées. Le style néoclassique de Prokofiev n’empêche pas des sauts et ruptures harmoniques que la souplesse de sa ligne rythmique, sa grande clarté d’élocution, unifie dans chaque mouvement. L’âpreté douce amère, voire hallucinée et terrifiée de la Sonate n°1 (2è mvt : Allegro brusco), dont Oistrakh joua le 1er mvt (Andante assai au climat lunaire indéterminé lui aussi) pour les funérailles de son ami Prokofiev en 1953). Avouons notre nette préférence pour la n°1, sans concessions ni argument mélodique gratuit ; il y règne une acidité native, une absence d’emportement ou d’abandon, un relief et une morsure menaçant à chaque mesure, que le jeu complice des deux interprètes ici rétablit idéalement. La Sonate n°2 bien que tout aussi versatile et riche de nuances offre moins de contrechamps subtiles et suggestifs : elle en sort plus linéaire et simple. Presque plus banalement bavarde.
L’équilibre entre les deux parties, leur finesse d’intonation en partage sont superlatifs. Dans chaque partition, se déploie au clavier comme au violon, maîtrisés par deux super solistes (le violoniste Kristi Gjezi et le pianiste Louis Lancien) cette scansion parodique à la Chosta, une électricité rythmique naturelle qui dégage ses pointes mordantes, ironiques et secrètement amères voire acides ; sans jamais rompre malgré les ruptures et syncopes, la ligne mélodique qui est souveraine. La sensibilité des interprètes envoûte littéralement. A suivre.

 

 
 

 

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CLIC D'OR macaron 200CD, critique. PROKOFIEV : complete works / intĂ©grale de l’œuvre pour VIOLON ET PIANO – Kristi Gjezi (violon). Louis Lancien (piano) – 1 cd PARATY, 2018 – Paraty 149182 – Pias distribution.

http://paraty.fr/portfolio/prokofiev-complete-original-works-for-violon-piano/

 

 

 

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SHOSTA-CHOSTAKOVITCH-CD-PARATY-critique-cd-review-cd-critique-par-classiquenews-PARATY_718232_Shostakovich_Ensemble_COUV_HMLIRE aussi CD événement, SHOSTAKOVICH / CHOSTAKOVITCH : complete chamber music for piano and strings / DSCH – Shostakovich ensemble (2 cd PARATY (parution nov 2018)

https://www.classiquenews.com/teaser-video-chostakovitch-integrale-de-la-musique-de-chambre-pour-piano-et-cordes-paraty-productions/

 

 
 

 

Falstaff de Verdi, d’après Shakespeare

VERDI_402_Giuseppe-Verdi-9517249-1-402FRANCE MUSIQUE, sam 12 oct 2019, 20h. VERDI : Falstaff. France Musique diffuse la production londonienne du dernier Verdi, celui génial et visionnaire qui sur les traces de Shakespeare, renouvelle le genre comique et tragique à la fois, trouvant dans le personnage de Falstaff, comme un double en miroir de lui-même : un être ambivalent, vieux bouffon antisocial mais généreux et même enfantin, sainte et miraculeuse régression…
Capitaine d’industrie sur le tard, Falstaff est une épave et un corsaire ; un joueur invétéré, un fieffé menteur, sacré manipulateur affublé de ses deux compères, toujours prêts à le tromper, Bardolfo et Pistola, qui pourtant devant femme aguichante a gardé son âme de séducteur, parfois crédule, toujours infantile. Se faire berner malgré lui, voilà la trame de l’action. Mais au final, comme beaucoup de parodie humaine et de satire sociale, le chevalier fantasque bouffon et magnifique nous tend le miroir : une leçon de vérité à l’adresse de tous. Qui peut dire qu’il n’a jamais été la proie de la vindicte, du mensonge, de la mauvaise foi ?
Cette victime placardée et vilipendée pourrait tôt ou tard être chacun de nous. Falstaff dévoile l’inhumanité et nous invite à cultiver l’humanité.

Les bons bourgeois de Windsor, époux jaloux et pervers des fameuses commères en prennent aussi pour leur grade. Electron honnis, Falstaff, inclassable dans la grille sociale, défait tout un système où règne la perfidie, l’hypocrisie, la stupidité, la duplicité et l’intérêt (l’époux d’’Alice Ford aimerait bien voir sa fille Nannetta épouser le docteur Caïus, même si ce dernier pourrait être son arrière grand père !…).

Comédie dans la comédie, la pseudo féerie du chêne noir (dans le parc royal de Windsor), mascarade shakespearienne (acte III) où la société semble recouvrer une âme d’enfance… fées, lutins, reine angélique à l’appui-, instaure un climat fantastique et tendre.

Dans la fosse, héritier des facéties mordantes et piquantes signées avant lui par Rossini et Donizetti, Verdi offre à l’orchestre une partition constellée de joyaux comiques à sens multiples.  Un feu crépitant qui danse et dénonce ; virevolte et scintille au diapason de cette comédie qui est une farce aussi tendre qu’amère. Un seul remède à cela : l’esprit du rire, la dérision et l’autocritique.
C’est un compositeur octogénaire qui enfante ce Falstaff à la fois léonin et enfantin, créé à la Scala de Milan en 1893. Jamais Verdi ne fut plus efficace dramatiquement ni mieux inspiré musicalement. Un chef d’oeuvre de finesse, de vérité, de satire enivrée.

 

 

 

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Concert donné le 19 juillet 2018  au Royal Opera House de Londres

Giuseppe Verdi : Falstaff
Opera buffa en trois actes tiré des Joyeuses Commères de Windsor et Henry IV (parties I et II) de Shakespeare, créé à la Scala de Milan le 9 février 1893  -  Arrigo Boito, librettiste d’après William Shakespeare

Bryn Terfel,baryton : Sir John Falstaff
Ana Maria Martinez, soprano : Alice Ford, épouse de Ford
Simon Keenlyside, baryton : Ford, un homme riche
Anna Prohaska, soprano : Nanetta, la fille des Ford
FrĂ©dĂ©ric Antoun, tĂ©nor : Fenton, l’un des prĂ©tendants de Nannetta
Marie-Nicole Lemieux, contralto : Mrs Quickly
Marie MacLaughlin, mezzo-soprano : Meg Page
Peter Hoare, ténor : Dr Caius
Michael Colvin, ténor : Bardolfo, serviteur de Falstaff
Craig Colclough, basse : Pistola, serviteur de Falstaff

Chorus of the Royal Opera House
Orchestra of the Royal Opera House
Nicola Luisotti, direction

CHEFS D’ORCHESTRE, actus. BRUNO PROCOPIO, directeur artistique du Festival de MAZAN (84)

bruno procopioCHEFS D’ORCHESTRE, actus. BRUNO PROCOPIO, directeur artistique du Festival de MAZAN (84)Bruno Procopio, chef d’orchestre et claveciniste, a Ă©tĂ© nommĂ© directeur artistique du Festival « Les Nuits Musicales de Mazan » dont la première Ă©dition aura lieu du 15 au 17 novembre 2019 Ă  Mazan (84)! Occasion exceptionnelle pour dĂ©couvrir une magnifique rĂ©gion de France Ă  cette saison de l’annĂ©e au sein d’un village prĂ©servĂ© oĂą le visiteur est invitĂ© Ă  musarder entre des ruelles Ă©troites au passĂ© centenaire d’une grande richesse patrimoniale… Les concerts du festival de MAZAN ont lieu dans la très belle salle de concert de la Boiserie, espace culturel moderne (2014, 650 places), sis au cĹ“ur des vignes en contre-bas du Ventoux – Ă  moins de 10 km Ă  l’Est de Carpentras.
Ensuite Bruno Procopio dirigera l’Orchestre Simon Bolivar du Sistema de Caracas au Venezuela le 15 décembre 2019 autour d’œuvres d’ Anton Reicha, ami d’enfance de Beethoven.
Il prépare aussi un nouveau cd dédié à Scarlatti, Rameau, Bach… à suivre.

 

 

 

 

 

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Programme du Festival Les Heures musicales de MAZAN 2019
La Boiserie – 150 chemin de Modène 84380 Mazan

 

 

VENDREDI 15 NOVEMBRE 2019
« Oiseaux Baroques »,
COUPERIN, HAENDEL, VIVALDI
(Hugo Reyne…)

SAMEDI 16 NOVEMBRE 2019
RAMEAU : Intégrale des Pièces de clavecin en concerts
(Paris, 1741)
Avec Bruno Procopio, Clavecin
Patrick Bismuth, Violon
Serge Saitta, Flûte allemande (traverso)
Myriam Rignol, Viole de gambe

 

 

 

 

 

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PLUS D’INFOS : Festival de MAZAN
http://www.mazan.fr/agenda/la-boiserie-festival-les-nuits-musicales-de-mazan.html

 

 

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Cd critique. LISZT : « O LIEB! », lieder. Cyrille Dubois, ténor / Tristan Raës, piano (1 cd APARTE, oct 2018)

dubois cyrille tristan raes LISZT melodies lieder O LIEB cd review cd critique classiquenews CLIC de CLASSIQUENEWS septembre 2019Cd critique. LISZT : « O LIEB! », lieder. Cyrille Dubois, tĂ©nor / Tristan RaĂ«s, piano (1 cd APARTE, oct 2018). Focus lĂ©gitime et opportun que celui qui ici dĂ©voile les lieder de Liszt, – si peu connus, composĂ©s dans le prolongement des transcriptions de ceux de Schubert ; mais Ă  la sensucht schubertienne, langueur nostalgique ineffable, Liszt reste, proche de sa propre sensibilitĂ© Ă©motionnelle, passionnĂ© voire captivĂ© par l’extase amoureuse ; un Ă©tat d’hyperconscience, de solitude, d’ivresse, de voluptĂ© absolues, oĂą l’on retrouve pour les lieder allemands, la fusion de la nature (communion magique avec le Rhin entre autres), de l’abandon, du rĂŞve. Les connaisseurs du piano de Liszt y retrouvent ce goĂ»t des harmonies rares et aventureuses, toutes infĂ©odĂ©es Ă©troitement Ă  l’itinĂ©raire des textes poĂ©tiques. La part du piano revendique d’ailleurs, un chant double, Ă©gal, qui n’accompagne pas, mais dialogue avec la voix et commente ce qu’elle dit : au piano (Steinway D 225, au chant complice, fusionnel), le jeu de Tristan RaĂ«s se montre irrĂ©sistible. Mais le sommet du lied lisztĂ©en demeure indiscutablement le lyrisme mesurĂ© et nuancĂ© de Die Loreley, qui comme l’Erlkönig de Schubert, que Liszt connaissait Ă©videmment, condense le pouvoir de l’hallucination jusqu’à la mort, l’attraction de la nymphe voluptueuse capable d’envoĂ»ter le batelier trop contemplatif et naĂŻf jusqu’au fond des eaux mouvantes.

D’une manière générale, l’affinité du timbre et du style de Cyrille Dubois, que l’on n’attendait guère dans la langue de Heine ou de Schiller (entre autres), s’affirme dans l’imaginaire des lied romantiques du plus spirituel et passionné des compositeurs romantiques. Son articulation, son intelligence prosodique dépouillée de tout artifice, creusent l’arête des mots.

Souveraine, la noblesse schumanienne du premier lied « Hohe liebe »), qui convoque la rĂŞverie et la plĂ©nitude extatique. Intonation et projection hallucinĂ©e, enivrĂ©e aux aigus parfois durs, mĂ©talliques, mais clairs, brillants se dĂ©ploient sans entrave, au service de la finesse poĂ©tique des textes. MĂŞme naturel et Ă©vidence, dans le second lied (« JugendglĂĽck de 1860), plus dĂ©clamatoire, expressif, pointu, qui convient au timbre très droit du tĂ©nor français dont on se dĂ©lecte aussi de l’infinie tendresse de phrasĂ©s enivrĂ©s : cf. « Schwebe“, 1ère version posthume (14).

Les 4 mélodies françaises (d’après Victor Hugo) ajoutent évidemment l’impact poétique du verbe français, aux évocations naturelles et végétales, teinté d’un érotisme filigrané (épisode printanier de « S’il est un charmant gazon », 1844)…
La sûreté des hauteurs, l’élégance du style se déploient plus encore dans les 3 mélodies suivantes de 1859 (dans leur seconde version respective). « Enfant si j’étais roi », altier, conquérant et fier ; « Oh quand je dors » se fait pure prière, appel à l’onirisme le plus évocateur, telle une berceuse au balancement exquis, hypnotique, d’essence surtout amoureuse car Hugo y dépose les miracles d’une âme traversée par le saisissement éperdu : le timbre angélique et tendre, brillant et sans fard, d’une sincérité juvénile de Cyrille Dubois convainc totalement. D’autant que le piano de Trsitan Raës éblouit lui aussi par son sens des nuances.

CLIC D'OR macaron 200L’accomplissement se réalise dans le dernier « Comment, disaient-ils », mélodie en forme de rébus ; au dramatisme à la fois inquiet (des hommes) et mystérieux, rêveur (des femmes énigmatiques qui leur répondent). Les passages en voix de tête sont idéalement réalisés, indiquant comme il le fait chez les Baroques, (Rameau dont un Pygmalion récent), un vrai tempérament taillé pour le verbe ciselé, évocateur. Un diseur doué d’une intelligence qui écoute les secrets du texte comme de la musique.
Dans les ultimes mĂ©lodies d’après PĂ©trarque, le « Benedetto sia’l giorno » (22), indique dans la tenue impeccable de la ligne, l’extension souple et tendue de la phrase, la puretĂ© de l’articulation, la prĂ©cision des mĂ©lismes, la franchise solaire des aigus, des vertus… belcantistes – c’est Ă  dire orthodoxes ici, rossiniennes et belliniennes, que le diseur aurait bĂ©nĂ©fice Ă  cultiver dans le futur. Le tĂ©nor est capable d’exprimer le ravissement et l’extase amoureuse fantasmĂ©, vĂ©cu par Liszt Ă  l’épreuve de PĂ©trarque. Quel autre tĂ©nor dans cette candeur naturelle, et cette franchise est capable d’un tel accomplissement aujourd’hui ? Formidable interprète. CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2019.

Cd critique. LISZT : « O LIEB! », lieder. Cyrille Dubois, ténor / Tristan Raës, piano (1 cd APARTE, oct 2018).

CD Ă©vĂ©nement, annonce. MER(S) : Elgar / Chausson / Joncières par Marie-Nicole Lemieux, contralto / Orch Nat Bordeaux Aquitaine, Paul Daniel – 1 cd ERATO

lemieux-MERS-erato-cd-homepage-concerts-cd-critique-classiquenewsCD Ă©vĂ©nement, annonce. MER(S) : Elgar / Chausson / Joncières par Marie-Nicole Lemieux, contralto / Orch Nat Bordeaux Aquitaine, Paul Daniel – 1 cd ERATO. Somptueux programme sur le thème marin et ici selon l’esthĂ©tique et les fantasmes propres Ă  la fin et l’extrĂŞme fin du XIXè, wagnĂ©rienne et post wagnĂ©rienne. Le disque est avant tout une immersion majeure dans l’orchestre hollywoodien fin de siècle / Belle-Époque, celle de Richard Strauss, de Puccini, et bientĂ´t de Ravel… C’est d’abord sur le plan chronologique, la première mondiale de la MER, ode – symphonie du très wagnĂ©rien Victorin Joncières dont on connaĂ®t bien la Symphonie romantique, rĂ©cemment rĂ©vĂ©lĂ©e : ici la partition de 1881 pour choeur, mezzo et grand orchestre dĂ©ploie des effluves vaporeuses, celle des facettes de l’ocĂ©an, tout Ă  tour, qui berce, fascine et hypnotise, emporte, foudroie et enveloppe… mer tueuse et mer sirène, l’ocĂ©an selon Joncières est un animal indomptable d’une puissance poĂ©tique manifeste, qui profite ici de ses avancĂ©es après son opĂ©ra triomphal Dimitri de 1876.

MN Lemieux chante Elgar, Chausson, Joncières
Extases marines…

Toute aussi wagnérienne est la lyre d’Ernest Chausson qui dans le triptyque du Poème de l’amour et de la mer (1892), de la décennie suivante, déploie une plus grande révérence à Wagner tout en la renouvelant totalement : la délicatesse picturale de l’orchestre renforce néanmoins la profonde langueur dépressive de l’écriture qui plonge dans les tréfonds de l’âme humaine (la mort de l’amour)… Enfin, en anglais, et sublimés par la formidable musique de Sir Edward Elgar, le plus impérial des compositeurs du british empire, les 5 poèmes symphoniques ou SEA PICTURES de 1899, offrent une flamboyante fresque orchestrale inspirée des éléments océaniques dont le premier, « Berceuse de la mer » (Sea slumber song), le plus enivré et extatique, exprime un émerveillement perpétuel… La voix ample, chaude, si charnelle et maternelle de Marie-Nicole Lemieux, en guest star, apporte ce grain humain fraternel souvent irrésistible. Critique complète à venir le jour de la parution du cd MER(S) Elgar / Chausson / Joncières par Marie-Nicole Lemieux, Orch Nat Bordeaux Aquitaine, Paul Daniel, le 13 sept 2019.

 

 

 

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CLIC D'OR macaron 200CD Ă©vĂ©nement, annonce. MER(S) : Elgar / Chausson / Joncières par Marie-Nicole Lemieux, contralo / l’Orch Nat Bordeaux Aquitaine, Paul Daniel – 1 cd ERATO – CLIC de CLASSIQUENEWS de la rentrĂ©e 2019

CD, événement, annonce. RÉVOLUTION, DAVID KADOUCH, piano (1 cd Mirare, 2018)

kadouch-david-revolution-cd-mirare-critique-cd-classiquenews-clic-de-classiquenews-cd-critique-piano-opera-critiqueCD, événement, annonce. RÉVOLUTION, DAVID KADOUCH, piano (1 cd Mirare, 2018). Né en 1985, le pianiste français DAVID KADOUCH fait partie des rares interprètes au toucher savoureux, capable d’une articulation nuancée, sachant murmurer ou rugir quand il le faut ; toujours au service de l’intériorité des oeuvres. A ces qualités, il ajoute dans ce nouvel album, une qualité complémentaire, celle de l’intelligence conceptrice. Le programme, enjeu de bien des réflexions pas toujours heureuses chez certain(e)s, s’avère dans son cas d’une intelligence sensible raccordant le chant du piano… à la mémoire, un temps passé, retrouvé sous le filtre recréateur du témoignage et de la réitération incarnée. Qu’on aime cet enchaîenment de pièces millimétrées où n’ont pas leur place la performance ni l’hystérie martelée / marketée (familières chez tant de ses confrères/sœurs).

Par son titre « RÉVOLUTION », le pianiste interprète a sélectionné des pièces témoignages aux heures les plus intenses voire tragiques et passionnées de l’histoire. Ainsi le piano témoin peut-il fixer l’éloquence et la vérité d’un instant à jamais écoulé, unique, singulier, … surtout perdu, qui ne se réalise qu’une fois, le temps de son écoulement… Des bains de sang voire des visions d’horreur cristallisent sous les doigts du pianiste magicien, lequel recrée différemment sous l’élasticité narrative et émotionnelle de ses 10 doigts. Il est donc pertinent de débuter par Dussek, admirateur pudique des dernières heures de Marie-Antoinette, collectionneur de sentiments intimes plutôt qu’observateur réduit à la seule description : la pudeur du pianiste fait mouche. Puis ce sont les Adieux de Beethoven (Sonate n°26, opus 81a), d’une puissante et tendre maîtrise, qui coule comme un jaillissement déterminé coûte que coûte ; pourtant le compositeur doit renoncer à l’un de ses amis et protecteur viennois, l’Archiduc Rodolphe, pressé vers la sortie de Vienne, à cause de l’imminence des troupes napoléoniennes. Puis ce sont l’urgence et la nervosité crépitantes de Chopin (également attendri, intérieur, comme pourchassé par le lugubre pressentiment qui handicape) et surtout de Liszt dont le chant spirituel toujours transfigure (Harmonies poétiques et religieuses III : « Funérailles »…), de la proclamation à la prière pressante. Le cas de la Pologne et de la Hongrie « colonisées » dévoile l’engagement du Liszt humaniste pour la libération ultime des peuples. Son piano est de pure résistance dont la fureur indignée s’exprime sous le feu du pianiste. David Kadouch se fait porte voix, geste d’un libérateur courageux, véhément mais articulé et nuancé qui aimait les hommes. On reste saisi par la mort de l’ouvrier lors d’une manifestation dont rend compte avec un pudeur rentrée, incisive, un Janacek sobrement bouleversé (Sonate 1.X.1905) ; même ivresse des couleurs qui sont suspendues, à la fois inquiètes, presque étranges chez le sublime Debussy, qui semble écarter toujours plus loin, le cadre de l’espace : le pianiste fait de cette gratitude pour un peu de charbon offert en 1917 au compositeur transi, un temps étiré, élastique, porte vers l’éternité fraternelle (bouleversant) ; enfin quelle horreur implacable surgit de la métrique sourde et obsessionnelle du dernier morceau, macabre et grave… jusqu’aux limites de l’audible en ses notes couperets qui fauchent inexorablement comme une machine de guerre sur le front… (Winnsboro cotton Mill blues du contemporain Frederic Ezewski).

CLIC D'OR macaron 200L’engagement du pianiste, son sens de la couleur et des atmosphères, sa pudeur surtout confirment quel grand interprète il est. Voici assurĂ©ment l’un des meilleurs rĂ©cital du pianiste français. CLIC de CLASSIQUENEWS de la rentrĂ©e 2019 – parution annoncĂ©e le 6 septembre 2019 – Concert du mĂŞme programme « RĂ©volution », au Silencio (Paris), le 20 octobre 2019. A ne pas manquer ensuite dans le cadre de la saison symphonique de l’OpĂ©ra de Tours : 6 – 8 dĂ©cembre, Concerto de Robert Schumann / Orch Symphonique RĂ©gion Centre-Val de Loire / M Tortelier, direction).

 

 

 

 

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CD ” RÉVOLUTION ” par David Kadouch, piano – 1 cd Mirare, enregistrĂ© en Belgique en dĂ©cembre 2018 – durĂ©e : 1h21mn.

DUSSEK
Les Souffrances de la Reine de France

BEETHOVEN
Sonate n°26 Les Adieux, opus 81a

CHOPIN
étude Révolutionnaire opus 10 n°12
Scherzo n°1 opus 20

LISZT
Harmonies poétiques et religieuses III, S.173
Funérailles

JANACEK
Sonate 1.X.1905

DEBUSSY
Les soirs illuminés par l’ardeur du charbon
PrĂ©ludes, Livre 2 – Feux dâ€artifice

RZEWSKI
(né en 1938)
Winnsboro Cotton Mill Blue

 

 

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L’ILIADE A L’OPÉRA : IphigĂ©nie, Hector, Cassandre, Andromaque, Achille, …

IPHIGENIE-fresque-opera-opera-critique-annonce-dossier-opera-mythe-explication-classiquenews-GLUCK-iphigenie-en-tauride-en-aulide-Diane-classiquenews-sacrifice-iphigenie-1L’ILIADE à l’opéra… L’Iliade raconte la guerre de Troie, c’est un temps fort de l’union sacrée des rois grecs, marqué par le rassemblement des royautés sous la tutelle du roi de Mycènes, Agamemnon (maison des Atrides), commandant de la flotte grecque jusqu’à Troie ; le siège de Troie qui dura 10 ans, enfin la résolution du conflit pendant la dernière année, celle où Hector le troyen affronte Achille le grec, ami inconsolable près la mort de Patrocle. Tous n’ont qu’un but : récupérer l’épouse de leur allié le roi de Sparte, Ménélas (qui est aussi le frère d’Agamemnon) : Hélène qui a fui la péninsule grecque avec Pâris, fils du roi troyen Priam.
Heureusement racontée par Homère, l’Iliade offre des ressources expressives et un terreau riche en situations intenses et dramatiques. Les auteurs y puisent quantité d’épisodes et de caractères dans les genres pathétique (Iphigénie, Andromaque), héroïque (Achille, Hector, Ulysse), tragique et halluciné (Cassandre, Achille…)… Les compositeurs et leurs librettistes l’ont bien compris, exploitant tel ou tel épisode. La Guerre de Troie met en scène la passion amoureuse souvent déraisonnables chez les dieux; le goût de la guerre chez les hommes ; dans les deux camps, l’épopée héroïque et tragique, toujours riche en sacrifices, dévoile une irrépressible malédiction de l’autodestruction, l’amour rendant fou ; et la barbarie des armes détruisant toute issue.

troie_incendie_simon_de_vliegerDepuis OrphĂ©e, sujet premier dans l’histoire de l’opĂ©ra, la musique et le chant mettent en scène le cycle Ă©ternel, inexorable de la perte, du deuil, du renoncement, de la folie et de la mort. Les passions mènent chaque mortel Ă  sa perte. Le propre de l’homme est de vivre dans l’insatisfaction perpĂ©tuelle, la frustration : sa destinĂ©e s’accomplit dans l’autodestruction. Tous les mythes parlent de l’extinction programmĂ©e de la race humaine (illustration : l’incendie de Troie, DR).
La narration mêle étroitement le destin des mortels et celui des dieux, dans un conflit qui assimile leur propre désir et leur destinée. Si Zeus se montre du côté des Troyens, lui l’infidèle compulsif, reconnaissant alors le droit du prince Pâris à ravir au grec Ménélas (roi de Sparte) son épouse, la belle Hélène, les autres dieux de l’Olympe préfèrent nettement soutenir les Grecs.

 

 

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L’histoire léguée par Homère célèbre le profil de héros inoubliables qui montre leur valeur au combat, tel Achille ; ce sont aussi des figures féminines habituées au deuil ou à la soumission : Iphigénie, fille d’Agamemnon, ou Andromaque, bientôt veuve d’Hector… Chacun défend sa place, son rang, jusqu’au sang. Illustration : Les Troyens tirent le cheval laissé par les grecs, GB Tiepolo, DR).

 

 

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L’ODYSSÉE : le voyage de retour d’Ulysse à Ithaque.. Une détermination que l’on retrouve ensuite dans l’Odyssée, seconde partie de la fable mythologique racontée par Homère, et qui s’intéresse au retour du grec Ulysse jusqu’à sa patrie, Ithaque, après un voyage riche en détours et épreuves de toute sorte… Là encore, le mortel pourtant très astucieux et qui a assuré la victoire de son camp (il a conçu le stratagème du cheval géant laissé en offrande aux Troyens), ne peut réussir son retour sans la protection de Minerve / Athéna (et de Mercure) qui lui assure un soutien indéfectible tout au long de son incroyable odyssée.

 

 

 

 

 

L’Iliade et l’Odyssée, à l’opéra

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A travers lâ€histoire de l’opĂ©ra, depuis sa crĂ©ation Ă  l’âge baroque au XVIIè, d’innombrables compositeurs ont puisĂ© dans la mythologie et dans le texte d’Homère. Ils y trouvent le portrait de caractères ardents et passionnĂ©s, des situations tragiques et radicales propres Ă  nourrir une bonne action, selon le schĂ©ma idĂ©al : prĂ©sentation / exposition, action / dĂ©veloppement, catastrophe, transfiguration, rĂ©solution…

Si l’on suit la chronologie des opéras majeurs ainsi conçus d’après Homère, on découvre de siècle en siècle le goût des créateurs pour la mythologie, et en particulier ce qu’ils trouvent pertinent dans les choix des sujets et des personnages ainsi mis à l’honneur. De fait, les plus grands auteurs pour l’opéra ont choisi l’un ou l’autre personnage de la guerre de Troie, marquant par leur écriture respective l’histoire du genre lyrique. L’histoire réalise la représentation de la condition humaine contrainte, démunie, finalement impuissante ; tous les héros, grecs ou troyens, doivent se soumettre à des forces qui les dépassent (incarnées par le caprice des dieux, l’humeur du destin, de la mort…) ; chacun doit se transcender pour survivre et non pas vivre. Beaucoup y perde la vie mais gagne un prestige qui les rend immortels.

 

 

 

 

XVIIè / Seicento 
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Monteverdi : Le Retour d’Ulysse dans sa patrie, 1640

monteverdi claudio portraitC’est l’un des derniers ouvrages de Claudio Monteverdi à Venise, daté de 1640 (créé au Teatro San Giovanni e Paolo), quand l’opéra, genre nouvellement inventé depuis 1637 et rendu « publique », s’intéresse à l’Antiquité ; mais à travers l’épopée douloureuse et incertaine du roi d’Ithaque, impatient de retrouver épouse (Pénélope) et fils (Télémaque), Monteverdi (en collaboration avec le librettiste Giacomo Badoaro), traite de la destinée humaine, si faible et dérisoire (le prologue fait paraître la Fragilité humaine aux côtés du Temps, de l’Amour et du Destin) ; sans coup de pouce d’une fortune imprévisible, l’homme ne peut que désespérer de trouver bonheur et accomplissement. Aidé par Mercure et Minerve, le héros peut accoster sur l’île natale et ainsi reconquérir contre les princes opportunistes qui ont profité de son absence pour se placer, pouvoir et amour.
Monteverdi observe et respecte le goût du public vénitien d’alors (1640) : moins de chœur (contrairement à l’opéra romain), plus de profils psychologiques finement caractérisés (jusqu’à 20 personnages différents) dont certains, comiques (le goinfre Iro) ou amoureux (couple Mélanthe et Erymaque) contrastent avec les héros héroïques et tragiques (Pénélope, Ulysse). L’orchestre est réduit à son maximum, le recitar cantando sculpte le pouvoir du verbe, mais ce spectacle hautement théâtral et psychologique, cède aussi la place aux interventions divines et surnaturelles (constante apparition des dieux dont Mercure et Minerve) voire spectaculaire (le bal des prétendants au III, ou Neptune détruisant les navires des Phéaciens…). Profondeur, comédie, tragédie (le récitatif de la douleur infinie de Pénélope « endeuillé », solitaire), riches effets visuels… continuent d’assurer à l’ouvrage (modifié de 5 à 3 actes), son fort impact expressif et ulysse ulisse opera monteverdi classiquenewspoétique. Dans son dernier ouvrage, L’Incoronazione di Poppea / Le Couronnement de Poppée de 1643, également créé à Venise, Monteverdi va plus loin encore aidé de son librettiste Busenello : le couple d’adolescent libidineux et pervers, Néron et sa favorite Poppée incarnent l’apothéose de l’amour sensuel sur toute autre considération : fidélité et honneur (Néron répudie Octavie), sagesse et philosophie (Néron fait assassiner son maître à penser Sénèque) ; le réalisme sanguinaire qui s’y déploie,- sans effets de machinerie ici, marque un tournant dans l’histoire de l’opéra vénitien : cru, barbare, cynique, désespéré. L’amour qui unit Néron et Poppée, les mène à la folie. L’absolue modernité de l’oeuvre, en fait le premier opéra proprement dit par sa conception générale et le réalisme de son action.

Dallapiccola en 1968 compose lui aussi son opéra Ulisse, avec d’autant plus de légitimité que dès 1941, il adaptait une version modernisé de l’Ulisse montéverdien pour le Mai florentin.

Dans l’ombre du génial Monteverdi plusieurs compositeurs italiens abordent eux aussi la figure d’Ulysse : tel Sacrati (L’Ulisse errante, 1644),

 

 

 

 

XVIIIè / Settecento 
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Les 2 IphigĂ©nies de GLUCK : l’opĂ©ra moderne Ă  Paris (1774, 1779)

GLUCKLa réforme de l’opéra seria au début des années 1770 se réalise à Paris, grâce au génie puissant, nerveux, dramatique du chevalier Gluck qui après la mort de Rameau (1764), incarne l’opéra moderne, héroïque, simple, grandiose comme un bas relief antique : ses deux Iphigénies, en Aulide (créé en 1774, dont l’action se situe au moment du sacrifice piloté par son père Agamemnon s’il veut effectivement réunir et conduire la flotte des rois grecs vers Troie) ; puis Iphigénie en Tauride (1779), seconde époque située après l’affaire du sacrifice, quand la jeune femme désormais dédiée au culte de Diane, retrouve son frère Oreste, lequel est dévoré par la culpabilité après avoir assassiné avec leur sœur Electre, leur propre mère Clytemnestre… En 1779, Iphigénie en Tauride concentre la dernière manière de Gluck à Paris, le sommet de son style frénétique et fantastique, d’une tension nouvelle, perceptible dès la tempête d’ouverture, quand Iphigénie contrainte par les éléments, doit accoster près du bois sacré de Diane… la déesse est ici maîtresse des destinées.
En choisissant la figure d’une jeune princesse dévouée, loyale à son devoir et donc prête effectivement à se sacrifier pour la réussite du projet paternel, Gluck fait le portrait d’une héroïne touchante et exemplaire, hautement morale, toute maîtrise incarnée, a contrario des nombreuses sorcières et enchanteresses amoureuses de l’opéra baroque qui a précédé. Cet idéal classique et moral inaugure l’esthétique néoclassique, moralisateur et édifiant qui mène au romantisme. Mais Gluck aime la veine tendue, passionnelle, celle des figures qui déclament leur valeur morale en stances hallucinées, dramatiques voire fantastiques. Le compositeur place aux bons moments de la partition, des intermèdes ou ballets, frénétiques, exaltés, particulièrement électrique.
Inspiré surtout du texte d’Euripide, Iphigénie en Aulide commence quand la flotte grecque est arrêtée par Diane depuis l’île d’Aulis. Iphigénie incarne une héroïne pathétique et tendre dont se souviendra Mozart pour le personnage d’Ilia dans son opera seria d’envergure, Idomeneo de 1781. L’action met en scène autour de la princesse de Mycènes, ses parents, Agamemnon et Clytemnestre. Mais aussi Achille, le jeune guerrier accompagné par son ami Patrocle : amoureux, Achille prend la défense d’Iphigénie contre la voeu du roi Agamemnon, favorable au sacrifice de sa fille demandé par Diane qui consent ainsi à protéger le roi jusqu’à Troie. Ce conflit Achille / Agamemnon ira s’intensifiant, expliquant pourquoi au moment de la guerre de Troie, et sous les remparts de la cité qui résiste, Achille rechigne à combattre sous les ordres du souverain de Mycènes.

Avant Gluck, Domenico Scarlatti écrit la musique d’Ifigenia in Aulide (1713) ; Desmarest s’intéresse aussi à la figure d’Iphigénie sacrifiée (en Aulide, terminée par son élève Campra et créé à l’Académie royale en 1722).

 

 

 

gretry-andre modeste gretryMiroir d’une époque trouble, l’opéra affectionne les figures passionnées et les destins tragiques. Grétry plus connu pour ses opéras-comiques ou galants (L’Amant jaloux, 1778), succombe lui aussi après Gluck aux séductions de la lyre néo antique (comme le peintre David) et met en musique sa propre Andromaque en 1778 ; le favori de Marie-Antoinette réinvente le carcan pourtant codifié de la tragédie en musique et brosse le portrait de la veuve d’Hector, en promise à Pyrrhus, mais la princesse troyenne meurt suicidaire (comme sa suivante Hermione) sur le corps de son fiancé. Réminiscence du chœur antique, les choristes ici sont majeurs : « véritable personnage permanent, la voix collective apporte l’ampleur de la fresque, l’espace de l’arène grecque, le souffle du drame », précise notre rédacteur Lucas Irom.
Lire notre critique du cd Andromaque de Grétry (2010) :
http://www.classiquenews.com/grtry-andromaque-1778france-musique-mardi-13-juillet-2010-20h/

 

 

 

 

 

 

XIXè : les Romantiques et l’AntiquitĂ©
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Berlioz, du côté des Troyens (1858)

Lecteur passionné de Virgile et aussi grand admirateur de Gluck, dont il aime la lyre tendue et noble, Berlioz se dédie pour offrir musicalement sa propre lecture des Troyens, à travers l’histoire d’Enée. Comme il s’était passionné tout autant pour le Faust de Goethe, livrant sa sublime « Damnation de Faust », chef d’oeuvre de l’opéra romantique français. Concernant Les Troyens, le gros de la partition est écrit entre 1856 et 1858. C’est moins l’Iliade que l’Enéide qui inspire son grand opéra, jamais produit de son vivant (création partielle en 1863) mais grande partition en deux parties : Les Grecs à Troie (la chute de Troie, actes I et II), puis Les Troyens à Carthage (actes III à V) dont l’épisode des amours d’Enée et de la reine Didon cimente l’action. La création complète est réalisé après la mort de l’auteur à Karlsruhe (1890), puis à Nice en français en janvier 1891.
De cette façon, Berlioz éclaire le destin des Troyens après la chute de Troie, comme Homère dans l’Odyssée, précisait le destin d’Ulysse, côté grec, après le même événement.
berlioz-hector-582-portrait-par-classiquenews-concerts-festivals-operasBerlioz, concepteur ambitieux, pense espace et étagements sonores ; sa fresque antique est surtout chorale et orchestrale, aux harmonies inédites, au format inédit, très expressives et dignes de Gluck, particulièrement dramatiques. Son point de vue est du côté des Troyens : Enée, fugitif et apatride, saura lui aussi trouver sa voie et son destin, sacrifiant son amour pour Didon, et fonder Rome en Italie… Ici il est question non plus de destruction des troyens, mais bien de permanence de la splendeur troyenne, ressuscitant dans l’empire romain à naître… Berlioz repousse les limites expressives de la scène lyrique ; contredisant la grosse machine souvent alambiquée d’un Meyerbeer, le Romantique français invente une langue aussi âpre et mordante, fantastique et onirique, mais simple et épurée que celle de Gluck, mais avec un orchestre somptueux et orageux ; affectionnant aussi le chœur imploratif (aux côtés d’Andromaque la veuve d’Hector) et pathétique, dans « la Chute de Troie » ; quand, dans la seconde partie, « Les Troyens à Carthage », le compositeur interroge les amours d’Enée et de Didon, finalement sacrifiées sur l’autel du devoir : Enée amoureux doit répondre à l’appel du destin et de l’histoire (les ombres de Priam, Chorèbe, Hector le pressent d’honorer leur mémoire : fonder une nouvelle nation en Italie).
Enée abandonnera donc Didon pour l’Italie. La scène de l’abandon se transforme alors en vaste bûcher où périt la reine suicidaire (nouvelle Cléopâtre, ou préfiguration de la fin du Ring, quand Brunnhilde dans le Crépuscule des dieux de Wagner, se jette dans un même feu libérateur). Berlioz conçoit le premier en une scène spectaculaire, pathétique et tragique, la mort de l’héroïne (Didon) : si Enée se projette dans l’empire romain à venir, Didon maudit la race troyenne et invoque Hannibal, futur rival des romains… Chacun imagine son avenir selon sa propre vision.
La tradition de la tragédie en musique y est réinterprétée avec une originalité parfois sauvage et radicale comme l’était Berlioz : récits ou airs fermés, séquence des ballets obligés, mais évocation atmosphérique personnelle (tempête et chasse d’Enée…), expression d’un amour absolu et tendre malgré les événements pressants (Chorèbe et Cassandre puis Didon et Enée, dans chacune des deux parties)… Là encore comme pour l’Ulysse de Monteverdi, Homère et Virgile, ont inspiré deux partitions particulièrement décisives dans l’histoire de l’opéra et sur le plan poétique, deux sommets d’équilibre et de puissance émotionnelle.

 

 

Dieux & héros ridiculisés : délire et parodie chez Offenbach 

offenbach jacques portrait opera operette 1704981-vive-offenbachLA BELLE HELENE (Paris, 1864) / Jacques Offenbach : vaudeville sublimĂ©. Davantage encore qu’OrphĂ©e aux enfers (18580 vĂ©ritable triomphe qui assoit sa cĂ©lĂ©britĂ© et son gĂ©nie sur les boulevards parisiens, La Belle HĂ©lène est plus encore symptomatique de la sociĂ©tĂ© insouciante, flamboyante, un rien dĂ©cadente du Second Empire : créé au Théâtre des VariĂ©tĂ©s le 17 dĂ©c 1864, l’ouvrage sous couvert d’action mythologique, est une sĂ©vère et dĂ©lirante critique de la sociĂ©tĂ© d’alors, celle des politiques corrompus (ici le devin Calchas vĂ©nal), des cocottes alanguies, des sbires insouciants, irresponsables et doucereux (Oreste, Agamemnon)… l’humour voisine souvent avec le surrĂ©alisme et le fantasque, mais toujours Offenbach sait cultiver un minimum d’élĂ©gance qui fait basculer le fil dramatique dans l’onirisme et une certaine poĂ©sie de l’absurde … LIRE notre opĂ©ra focus : la Belle HĂ©lène de Jacques Offenbach (Paris, 1864)

 

 

 

Approfondir
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DVD Ă©vĂ©nement… Tous les secrets de la guerre de Troie (L’Iliade), les hĂ©ros et les dieux, les relations des uns et des autres, les enjeux, dĂ©sirs, intrigues sont explicitĂ©s dans la saison 2 de la sĂ©rie « les Grands Mythes / L’Iliade » Ă©ditĂ© par ARTE Ă©ditions (conception : François Busnel) – sortie : septembre 2019, CLIC de CLASSIQUENEWS (10 Ă©pisodes).

ILIADE les-grands-mythes-i-liade-francois-busnel-dvd-annonce-critique-dvd-serie-saison-classiquenewsExtrait de notre prĂ©sentation critique du coffret DVD : Les Grands Mythes / L’Iliade (Arte Ă©ditions) : “…  Ici, sur les traces d’Homère, mĂŞme approche complète et claire, esthĂ©tique et très documentĂ©e : tous les hĂ©ros de l’Iliade, guerriers grecs et troyens, dieux et dĂ©esses de l’Olympe, y sont subtilement Ă©voquĂ©s, leurs exploits et leurs enjeux comme leur signification, analysĂ©s : Ajax et Ulysse, Patrocle tuĂ© par Hector, Hector tuĂ© par Achille, Priam et Agamemenon, sans omettre l’implication des dieux Aphrodite, AthĂ©na, Arès, surtout HĂ©ra dont la ruse, piège Zeus et organise la victoire finale des grecs… Après le visionage de chacun des 10 Ă©pisodes, l’Iliade, c’est Ă  dire l’histoire de la Guerre de Troie, n’aura plus aucun secret pour vous. IDEAL prĂ©ambule Ă  l’opĂ©ra… Le coffret est d’autant plus nĂ©cessaire que chacun des Ă©pisodes clarifie l’épopĂ©e des grecs contre les troyens, de quoi mieux comprendre tous les ouvrages de musique et surtout les opĂ©ras, si nombreux, qui se sont inspirĂ©s de la formidable Ă©popĂ©e homĂ©rienne et des figures fascinantes des hĂ©ros concernĂ©s : Priam, Agamemnon, IphigĂ©nie, Hector contre Achille, Cassandre, HĂ©cube…”

OPERA, LOS ANGELES : 9 femmes accusent le ténor Placido Domingo de harcèlement sexuel

domingo_verdi_bayrton_sony_heras_casado_placido_domingoOPERA, LOS ANGELES : 9 femmes accusent le ténor Placido Domingo de harcèlement sexuel. Dans un témoignages recuillis par Associated Press, 8 chanteuses et 1 danseuse ont fait savoir qu’elles avaient été victime de harcèlement sexuel par le ténor espagnol devenu baryton, Placido Domingo (78 ans). Parmi les plaignantes, Patricia Wulf, qui a autorisé que son identité soit publiée. Les faits remonteraient entre 1980 et 2005. L’actuel directeur de l’Opéra de Los Angeles, présenté comme un « prédateur » aurait profité de sa situation dominante pour obtenir les faveurs des chanteuses. « Mains sur les genoux », « contacts forcés », « baiser visqueux sur la bouche »… sont quelques uns des éléments qui égratignent sérieusement le mythe du ténor espagnol le plus célèbre de la planète lyrique (depuis la mort de Pavarotti).

Plácido Domingo, pour sa part a déclaré : «Il est douloureux pour moi d’apprendre que j’ai pu offenser des chanteuses alors que je pensais que toutes mes intentions étaient bienvenues et réciproques.» La direction de l’Opéra de Los Angeles a déclaré avoir ouvert une enquête depuis la déclarations des plaignantes. L’affaire ébranle le petit monde feutré du lyrique. A suivre.

LIVRE Ă©vĂ©nement, critique. ARTUR SCHNABEL : musicien et pianiste (1882 – 1951 – Éditions Hermann)

schnabel-artur-musicien-et-pianiste-werner-grĂĽnzweig-livre-annonce-critique-hermann-piano-classiquenews-lecture-livres-d-ete-2019-006672343LIVRE Ă©vĂ©nement, critique. ARTUR SCHNABEL : musicien et pianiste (1882 – 1951 – Éditions Hermann). En ces temps de disette humaniste, oĂą la conscience politique et les convictions ne sont pas le fort des artistes, il est opportun comme un rappel historique, de souligner l’élĂ©gance Ă©veillĂ©e de certains profils artistiques, comme celui du pianiste Artur Schnabel, phare artistique et humain dans la première moitiĂ© du XXè. Les champs d’exploration comme d’analyse sont du cĂ´tĂ© de Brahms et surtout de Beethoven (il joue le premier les 32 Sonates dès 1927 Ă  la VolksbĂĽhne de Berlin), terrain propice Ă  l’explicitation des phrasĂ©s, oĂą se rĂ©gale l’individu Ă©pris de jeu linguistique dont l’esprit critique et le sens des contrepèteries, portent la marque d’une rare sagacitĂ©.
L’engagement de l’homme le fit quitter l’Allemagne devenue nazie dès 1933 (avec sa famille), donnant son ultime récital berlinois, le 23 avril 1933, pour ne jamais plus remettre les pieds en terres allemandes ni autrichiennes (y compris après la guerre). La rupture est définitive pour cet homme d’honneur et de valeurs qui ne comprit jamais comment son pays avait pu ainsi sombrer dans la barbarie.

ARTUR SCHNABEL, compositeur et pianiste

Né en 1882 à Lipnik les Bielitz (Silésie), le jeune Ahron / Artur Schnabel se forme à Vienne au piano grâce à des professeurs particuliers. Un esprit indépendant le distingue de tous ; c’est un autodidacte forcené qui cultive l’absence de toute virtuosité car comme il le disait lui-même, il n’était pas «  un prostitué de l’art » (voilà pourquoi son prénom Artur s’écrit sans « h ») ; de surcroit, l’artiste moins pianiste que musicien, a toujours été frustré par sa carrière de pianiste : il voulait vivre comme compositeur.
De fait ses partitions loin d’être inintéressantes, sont connues, répertoriées, mais restent encore à être estimées et écoutées. Un comble pour ce profil d’artiste militant, esthète et politique, … 70 ans après sa mort (1951).

Etabli à Berlin à partir de 1898, le jeune homme de 16 ans affirme un tempérament bien affirmé. A 19 ans, son Concerto pour piano en ré mineur est créé par le Philharmonique de Berlin (1901). En 1905, il épouse la contralto Therese Behr, diseuse et interprète de R Strauss qui comme son époux, l’accompagne dans ses récitals de lieder. A Vienne simultanément, Schnabel rencontre Schoenberg, se passionne pour Pierrot Lunaire (1912), s’en trouve inspiré comme compositeur : il compose alors Notturno (pour voix d’alto et piano), sur un texte de Richard Dehmel, au rythme naturel, sans barre de mesure, un procédé qu’il approfondira encore dans sa Sonate pour violon seul. Même s’il espérait (en vain) composer toujours plus, Schnabel fut un immense pianiste, soliste inspiré chez Schubert, Brahms, Beethoven, et parmi les auteurs contemporains Schoenberg ou Krenek….
CLIC D'OR macaron 200Le texte publié par Herman est la traduction en français de la biographie d’Artur Schnabel par Werner Grünzweig parue en 2017 ; il est présenté par une riche introduction de Philippe Olivier (auteur d’un texte précédent sur Artur Schnabel : «  On ne fera jamais de toi un pianiste », même éditeur, 2016). Outre les éléments biographiques ici reprécisés (cours d’’été à Tremezzo, exil aux USA…), l’intérêt du texte est de présenter les œuvres de Schnabel comme compositeur (Quatuors, Sonates,…), comme interprète soucieux d’exactitude philologique concernant les partitions qu’il a jouées (comme les Variations Diabelli, commentant chaque pièce, précisant les doigtés…). Texte majeur.

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LIVRE Ă©vĂ©nement, critique. ARTUR SCHNABEL : musicien et pianiste (1882 – 1951 – Éditions Hermann) – CLIC de CLASSIQUENEWS – Ă©tĂ© 2019

CD critique. BRUCKNER : 9è symphonie Manfred Honeck (Pittsburgh Symph Orch, 2018)

bruckner-symphony-no-9 pittsburgh symphony orchestra cd annonce critique cd review cd classiquenews critique cd opera symphonies symphonies musique classique newsCD critique. BRUCKNER : 9è symphonie Manfred Honeck (Pittsburgh Symph Orch, 2018). Voilà un programme éloquent et clair qui dévoile la direction « centrale », très équilibrée du chef autrichien né dans le Vorarlberg en Autriche en sept 1958, Manfred Honeck. Le voici dirigeant le Symphonique de Pittsburgh. La 9è est la dernière partition symphonique de Bruckner, laissée hélas inachevée. Bruckner particulièrement découragé après la mauvaise réception de la 8è, délaisse la plume pour ne la reprendre qu’en avril 1891. La partition de l’Adagio restera orpheline du Finale qui devait lui succéder, la 9è reste l’Inachevée. Et dans l’Adagio, Bruckner exprime cette quête au repos, à la grâce qu’en croyant sincère, il espérait atteindre.
Au gouffre dantesque, terrifiant du Scherzo, le plus beau jamais « écrit par l’auteur, répond la prière et l’adieu de l’Adagio… Atteint de Pleurésie, Bruckner devait s’éteindre en octobre 1896.
Justement, il n’est que d’écouter attentivement le dernier (3è) épisode / le dernier mouvement (Adagio : Sehr langsam, feierlich, de presque 30 mn) pour mesurer le sérieux et la haute façon du chef, directeur musical du Pittsburgh Symph Orch, MANFRED HONECK que ses origines viennoises, rattachent à la tradition des chefs élégants et hédonistes. Il est soucieux surtout à la façon d’un Karajan, d’une sonorité ronde et fondue, (lisse et linéaire diront les plus critiques), mais solarisée comme les plus grands brucknériens (Jochum, Boehm, Wand, Masur,…).

WAGNER sublimé… Le début aux cordes seules dessinent dans l’éther, la citation sublimée du Parsifal de Wagner (le modèle absolu de Bruckner). Expression d’un absolu spirituel et d’une profonde sérénité, l’Adagio approfondit la foi inextinguible du compositeur de Linz  en un ample tableau qui décolle et se maintient suspendu au dessus de l’existence terrestre, préludant bien des développements chez Mahler : mû par une ardente ferveur, Honeck construit à partir de cette sidération wagnérienne plusieurs accents d’une totalité assumée, épanouie qui enfle les cuivres, nobles et majestueux ici, d’une résonance presque secrète, voire énigmatique. Manfred Honeck ne cherche pas la déclamation superfétatoire mais plutôt l’aspiration vers l’autre monde. Il dégraisse l’orchestration ailleurs épaisse voire lourde de Bruckner.
Dans cette vision intérieure, très intimiste, le ruban des cordes exprime l’absolu certitude et l’espérance de temps futurs enfin résolus, sans entraves ni tension. Une sorte d’extase spirituelle que seule l’orchestre colossal ici peut exprimer, entre l’hommage à Wagner, en sa gravité renouvelée et R Strauss (Symphonie Alpestre). Une prière qui touche par sa sincérité : Honeck lui apporte la couleur et l’éloquence requises. Très convaincant.

CD critique. BRUCKNER : 9è symphonie « inachevĂ©e » (Pittsburgh Symph Orch, Manfred Honeck – 2018 – 1 cd Fresh / RR)

COMPTE RENDU, critique. ARTE, le 3 août 2019. MASCAGNI : Cavalleria Rusticana, production du San Carlo de Naples dans les rues de Matera (Juraj Valcuha)

mascagni Pietro Mascagni1COMPTE RENDU, critique. ARTE, le 3 aoĂ»t 2019. MASCAGNI : Cavalleria Rusticana, production du San Carlo de Naples dans les rues de Matera. En dĂ©but de soirĂ©e, au moment de la prĂ©sentation de l’opĂ©ra par les Ă©quipes d’ARTE, soit 3 prĂ©sentateurs (pas moins) en français, italien (langue locale) et allemand, on a commencĂ© par avoir très peur : problème de son, confusion des textes de chacun qui se tĂ©lescopent, mĂ©li mĂ©lo entre les traductions simultanĂ©s… ce fut un joyeux chaos, d’autant plus dĂ©routant que les animations populaires, Ă©voquant le combat du bien contre le mal dans les rues de la citĂ© Ă©lue de Matera, – capitale europĂ©enne de la culture 2019, Ă©taient pour le moins mal filmĂ©es et tombaient comme un cheveux dans la soupe…quel rapport avec le sujet de l’opĂ©ra qui suit ? Pas facile de programmer de tels directs lyriques.

 
 

 
 

Pâques sanglantes à Matera

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matera-piazza-san-pietro-caveoso opera arte juillet 2019 critique opera mascagni classiquenewsEnfin la partition commence et le flux naturel du spectacle s’organise : de fait, la bonne surprise attendue se réalise et les décors de la ville utilisés déjà par Pasolini pour sa Passion du Christ font miracle, d’autant plus éclairés de nuit, avec des vues aériennes que permettent les drones.
Le souffle de l’opéra vériste de Pietro Mascagni (1890), chef d’œuvre absolu de la scène italienne a pu se concrétiser par la force visuelle d’un spectacle d’opéra en plein air, où solistes et choristes professaient parmi la foule des spectateurs massés sur une grande place de la cité minérale (Piazza San Pietro caveoso).
Le vérisme assumé et abouti de Mascagni s’accomplit dans ce drame simple des petites gens, paysans laborieux, filles entières, charretier bourru mais droit dans ses bottes… La passion qui anime Santuzza (ardente et tendre Veronica Simeoni, pilier de cette production) éclate au grand jour vis à vis de Mama Lucia ; elle aime toujours Turiddu qui revient au village le dimanche de Pâques (trop fragile et instable Roberto Aronica, le maillon faible de cette soirée : voix engorgée, émission étrange et peu naturelle, piètre présence scénique).

Mais celui ci la délaisse pour une autre, Lola (sulfureuse Leyla Martinucci au soprano velouté et sensuel). Pourtant la belle est mariée… au travailleur Alfano (impeccable George Gagnidze : solide et bestial)…
D’une jalousie l’autre, passant d’une âme dévastée à une autre, de Santuzza à Alfio, l’agent du pire se concrétise (soit l’œuvre de la jalousie) : Santuzza révèle la liaison de Lola et de Turiddu au mari cocufié Alfio… lequel ne tarde pas au couteau à saigner le séducteur.

Entre temps de sublimes airs, qui fouillent et étreignent l’âme tourmentée des protagonistes (Santuzza s’adressant à Mama Lucia qui est la mère attérée de Turiddu / puis Turiddu à sa mère, dans une scène d’adieu déchirante) hissent la partition au niveau du meilleur Puccini. Il faut dire que la direction du chef Juraj Valcuha ne manque ni de tension, ni de lyrisme ni d’accents expressifs, intelligemment négociés pour cette captation en direct et en plein air : le maestro fait preuve d’une grande cohérence et d’une solide sensibilité (superbe intermède orchestral au mi temps du drame). Les instrumentistes du Teatro San Carlo ont relevé le défi de la performance avec une réelle finesse, qualité moins évidente de la part du chœur. Globalement, la ville de Matera ne pouvait trouver meilleure publicité.

 
  
  
 

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COMPTE RENDU, critique. ARTE, le 3 août 2019. MASCAGNI : Cavalleria Rusticana, production du San Carlo de Naples dans les rues de Matera.

Pietro Mascagni : Cavalleria Rusticana
Opera en un acte – livret de Giovanni Targioni-Tozzetti et Guido Menasci, d’après la nouvelle de Giovanni Verga
Création : Roma, Teatro Costanzi, 17 mai 1890

Juraj ValÄŤuha, direction
Orchestra e Coro del Teatro di San Carlo

Santuzza, Veronica Simeoni
Turiddu, Roberto Aronica
Mamma Lucia, Elena Zilio
Alfio, George Gagnidze
Lola, Leyla Martinucci 
  
  
 

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LIRE aussi notre présentation de Cavalleria Rusticana à Matera sur ARTE
http://www.classiquenews.com/arte-cavalleria-rusticana-de-mascagni-dans-les-rue-de-matera/

 
  
  
 

LE CONCERT DE L’HOSTEL DIEU, nouvelle saison 2019 – 2020, temps forts

LYON-HOSTEL-DIEU-saison-2019-2020-franck-emmanuel-comte-classiquenews-annonce-presentation-critiques-concerts-concert-hostel-dieu-saison-lyonnaise-2019-2020-couv-400x626LE CONCERT DE L’HOSTEL DIEU, nouvelle saison 2019 – 2020. Rares les collectifs spĂ©cialisĂ©s en baroque, capables de se renouveler tout en demeurant fidèles Ă  leurs fondamentaux dont le chant baroque, l’incandescence des timbres instrumentaux, le dĂ©frichement de nouveaux rĂ©pertoires… AnimĂ© par une flamme remarquablement prĂ©servĂ©e, Le Concert de l’Hostel Dieu, créé et pilotĂ© par Franck-Emmanuel COMTE poursuit pour la saison 2019 – 2020, ses prises de risque et ses explorations crĂ©atives, perpĂ©tuant Ă  travers se choix de rĂ©pertoires, ses rencontres, le choix des lieux investis… l’esprit des premiers baroqueux : la quĂŞte infinie … certes jamais satisfaite mais porteuse d’accomplissements surprenants et souvent fĂ©conds. A Lyon et sur tout le territoire, Le Concert de l’Hostel Dieu et Franck-Emmanuel COMTE diffusent leur approche des rĂ©pertoires avec la singularitĂ© et la vivacitĂ© qui les caractĂ©risent.

 

 

 

TERRE DE LIBERTÉ : entre Raison et DĂ©raison, recherche et rĂ©alisation…
Le formidable visuel de la nouvelle saison 2019 – 2020 met en avant une figure mythique mordante, expressive : la femme au serpent / la Gorgone. De fait, voilĂ  annoncĂ© par cette allĂ©gorie fascinante / effrayante, un nouveau cycle de concerts et de programmes qui ne laisseront pas indiffĂ©rent… Franck-Emmanuel COMTE cultive depuis des annĂ©es comme un ferment propice, l’interdisciplinaritĂ© : c’est au carrefour des formes et des imaginaires que peut naĂ®tre le nouveau voire l’inouĂŻ. C’est aussi une formidable Ă©quation qui stimule toujours les instrumentistes et chanteurs partenaires du chef et claveciniste.

FRANCK-EMMNUEL COMTE réinvente le BaroqueLe propre du CONCERT DE L’HOSTEL DIEU depuis ses débuts est de rendre vivante, une première approche (nécessaire) de recherche et de questionnement. Dans la réalisation, le geste se précise et devient naturel, par sa liberté d’interprète et de concepteur, en serviteur zélé et « historiquement informé » des compositeurs et pratiques anciennes, Franck-Emmanuel COMTE nous rappelle que « la création s’insinue partout : dans l’ornementation mélodique, dans les orchestrations où l’instrumentation est souvent laissée libre par les compositeurs, dans l’harmonisation des lignes de basses continues, dans l’arrangement des pièces instrumentales… Un terrain de jeu exaltant, une terre de liberté qui dépassent bien souvent le cadre scientifique et ancrent ces musiques patrimoniales dans le temps présent. »
Ce goĂ»t de la libertĂ© qui devient « imprĂ©visibilité » apporte aujourd’hui au collectif du CONCERT DE L’HOSTEL DIEU sa facultĂ© Ă  demeurer spontanĂ©. Vertu essentielle pour que le Baroque continue de nous parler. En tĂ©moigne les thĂ©matiques et temps forts de la nouvelle saison 2019 – 2020 :

 

 

 

PROGRAMMES

 

 

 

 

OCTOBRE 2019
Compositrices et interprètes baroques…

 

concert-hostel-dieu-raison-deraison-saison-2019-2020-classiquenews-franck-emmanuel-COMTE-classiquenewsBAROQUE AU FÉMININ, c’est le fil rouge de toute la saison nouvelle avec des dĂ©veloppements, des dĂ©couvertes et lĂ  encore des rencontres artistiques fortes. Premier volet et sĂ©rie de concerts : « La Donna barocca” (autour des compositrices italiennes : BARBARA STROZZI et ses consĹ“urs italiennes…). Muse et compositrice lĂ©gendaire au XVIIè, Barbara Strozzi incarne la musique baroque Ă  son Ă©poque, dans une langue sensuelle et remarquablement articulĂ©e : le Concert de l’Hostel Dieu cĂ©lèbre les 400 ans de sa naissance. Et avec elle, les Ă©critures non moins captivantes d’autres compositrices italiennes, telles Francesca Caccini, Isabella Leonarda et Antonia Bembo. Avec la soprano Heather Newhouse (dĂ©jĂ  Ă©coutĂ©e dans le programme Folia). Les 15 puis 16 octobre 2019, LYON, MusĂ©e des tissus et des arts dĂ©coratifs. VIDEO : Heather Newhouse : L’Eraclito amoroso (Barbara Strozzi)

RÉSERVEZ
http://www.concert-hosteldieu.com/agenda/la-donna-barocca-4/

 
 

 

 

 

NOVEMBRE et DÉCEMBRE 2019
La FOLIA Ă  PARIS…

 

folia-concert-de-l-hostel-dieu-franck-emmanuel-comte-concert-festival-opera-annonce-critique-par-classiquenews-juillet-2019En novembre et décembre 2019, reprise à PARIS du fabuleux spectacle FOLIA, inspiré par les rythmes et la transe des tarentelles napolitaines, et sujet d’un excellent cd, « CLIC » de classiquenews : il s’agit d’un ballet né de la rencontre entre Franck-Emmanuel COMTE et le chorégraphe Mourad Merzouki. … Après un prélude cosmique, la basse obligée prend la parole et organise en rythmes baroques ce qui semblait être jusqu’alors une colonie mêlée, confuse… de corps et de sphères. Mais si le verbe agit, la musique envoûte et séduit… elle canalise le flux et bientôt tout s’organise par la danse, véritable transe souveraine… LIRE notre critique du cd Folia :
https://www.classiquenews.com/cd-critique-folia-le-concert-de-lhostel-dieu-franck-emmanuel-comte-direction-1-cd-1001-notes-2018/

 

 

  

 

FÉVRIER 2020
Compositrices françaises du Siècle des Lumières…

 

En Février 2020, second volet du BAROQUE AU FEMININ : après les compositricesconcert-hostel-dieu-raison-deraison-saison-2019-2020-classiquenews-franck-emmanuel-COMTE-classiquenews italiennes, rencontre avec les compositrices françaises, celles encore trop peu connues, du Siècle des Lumières ; partitions restituées enfin d’Elisabeth Jacquet de la Guerre (tragédie Céphale et Procris), Mademoiselle Duval (opéra ballet Les Génies), Françoise de Saint-Nectaire, Julie Pinel, Hélène-Louise Demars… autant de créatrices baroques dont les écritures et les styles sont mis en dialogue avec une création de la compositrice contemporaine Caroline Marçot (née en 1974 / commande du Concert de l’Hostel Dieu) : les 11 et 12 février, LYON, Musées des Tissus et des Arts décoratifs.
RESERVEZ
http://www.concert-hosteldieu.com/agenda/parnasse-au-feminin/

Puis, début février 2020 (merc 5 fev), Franck Emmanuel COMTE propose à la Bibliothèque Lyon Part-Dieu, une conférence en musique dédiée aux compositrices parisiennes du XVIIIe siècle (avec la soprano Heather Newhouse / FE Comte, clavecin).

 
  

 

JUIN 2020
La Francesina, Elisabeth Duparc, cantatrice vedette au XVIIIè…

 

concert-hostel-dieu-raison-deraison-saison-2019-2020-classiquenews-franck-emmanuel-COMTE-classiquenewsEn juin 2020, fin de saison lyrique dans le sillon d’une cantatrice devenue célèbre au XVIIIè, Elisabeth Duparc dont le Concert de l’Hostel Dieu propose un fascinant portrait musical et donc opératique, de l’opéra à l’oratorio… Avec la soprano belge Sophie Junker qui chante les œuvres abordées par « la Duparc » : airs des opéras et oratorios de Handel principalement (un disque devrait prolonger ce nouveau chantier musical). Agile, douée d’un timbre de « rossignol » (ou de « fauvette » / warbling voice), Elisabeth Duparc ressuscite ainsi.
Concert événement mercredi 10 juin 2020, Salle Molière à LYON
RESERVEZ
http://www.concert-hosteldieu.com/agenda/francesina/

 

  

A noter Ă©galement un nouveau projet intitulĂ© « la Chorale solidaire », et aussi une nouvelle aventure vidĂ©o, Ă  travers les premiers Ă©pisodes de la websĂ©rie rĂ©alisĂ©e en partenariat avec la Youtubeuse Mia de la chaine l’OpĂ©ra et ses Zouz…

  

  
 

 

 

  

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CONCERT HOSTEL DIEU FRANCK EMMANUEL COMTE logo 2018 pour classiquenewsRETROUVEZ tous les concerts, tous les programmes et les Ă©vĂ©nements de la saison 2019 – 2020 du CONCERT DE L’HOSTEL DIEU, sur le site du CONCERT DE L’HOSTEL DIEU / FRANCK-EMMANUEL COMTE :

http://www.concert-hosteldieu.com

 

 
 

 

CD critique. LEKEU : Sonate pour violon, Trio pour violon / violoncelle (Monteiro, Rocha, JP Santos (1 cd Brilliants – 2018)

lekeu guillaume violon piano monteiro miguel rocha JP santos piano cd brilliants critique review classiquenewsCD critique. LEKEU : Sonate pour violon, Trio pour violon / violoncelle (Monteiro, Rocha, JP Santos (1 cd Brilliants – 2018). Lekeu comme de nombreux gĂ©nies prĂ©coces fut fauchĂ© Ă  24 ans (mort Ă  Angers le 21 janvier 1894) par la fièvre typhoĂŻde, nous laissant orphelins d’un talent rare et dĂ©jĂ  passionnĂ© dont la très riche texture, le goĂ»t des chromatismes, une pensĂ©e manifestement wagnĂ©rienne (en cela fidèle au goĂ»t de ses mentors D’Indy et Franck) demeure la promesse Ă©ternelle d’une maturitĂ© Ă  jamais refusĂ©e. Pourtant les deux partitions abordĂ©es ici indiquent clairement l’accomplissement manifeste d’une Ă©criture aboutie, dense, intense malgrĂ© le jeune âge du compositeur romantique français. Il remporta d’ailleurs le 2ème Prix de Rome belge en 1891 (pour sa cantate Andromède Ă  réécouter d’urgence). Le sens des couleurs, le flux harmonique aux modulations et passages ininterrompus façonnent un matĂ©riau particulièrement opulent et actif, jusqu’à la saturation. A leur Ă©coute, le « Rimbaud » de la musique française n’a pas usurpĂ© son surnom, ni la pertinence de ce rapprochement poĂ©tique.

220px-Guillaume_Lekeu_ca._1886Souvent présentée telle sa pièce maîtresse, la Sonate pour piano et violon en sol majeur, composée à l’été 1892, créée avec succès à Bruxelles en mars 1893 par le violoniste célèbre Eugène Ysaÿe (qui fut surtout le commanditaire de la Sonate). Il faut beaucoup d’énergie et d’engagement, mais aussi de la finesse pour assumer ce lyrisme permanent dont la suractivité peut obscurcir le sens et la clarté de l’architecture. Car influencé aussi par Beethoven, Lekeu a la passion de la forme, du développement, animé par une ambition musicale et un instinct perfectionniste, en tout point remarquable. Tout s’enchaîne parfaitement dans cette Sonates à 2 voix dont l’acuité expressive fait briller un lyrisme mélodique débordant, un sens de la structure aussi mieux équilibrée… : canalisé et construit dans le premier épisode « Très modéré » plutôt séduisant et léger ; le central « très lent » fait valoir les qualités de nuances du violon plutôt introspectif ; avant le Finale (Très animé), ouvertement passionné voire débridé mais toujours frais et printanier.

Plus attachant selon notre goût, le Trio avec piano a le charme d’une sincérité rayonnante quoiqu’encore indécise voire maladroite dans son écriture. Il est un peu plus ancien (composé en 1890) où se déploie davantage dans sa construction plus explicite, l’influence de la structure beethovénienne, quoique le premier et dernier mouvement regorgent d’idées et de réminiscences harmoniques denses et mêlées qui fondent les critiques regrettant trop de développements. Ambitieuse, la partition déploie 4 mouvements particulièrement « bavards » ou …dramatiques, diront les plus bienveillants. Âme passionnée et d’une force intranquille, Lekeu sait déployer une imagination intime sans limites comme l’atteste le premier mouvement où dialoguent deux épisodes très contrastés (lent puis allegro énergique), exprimant une palette de sentiments aussi prolixe que nuancée : de la douleur première, à la sombre rêverie, … du renoncement furtif à la dépression plus diffuse : tout ici par le filtre d’une sensibilité experte et hyperactive, dénonce et éprouve l’échec et la répétition des blessures intimes. Le très lent, puis le Scherzo, hautement syncopé, enfin le finale qui est un Lent lui aussi, peut-être trop long quoique harmoniquement passionnant, accréditent le génie bien trempé du jeune romantique; les trois interprètes malgré un piano à notre avis trop présent, au risque d’un déséquilibre sonore, restitue le jaillissement des motifs en échos ou en opposition ; que raffine aussi le violon tout en intensité maîtrisée du Bruno Monteiro. Restent la Sonate violoncelle / piano (1888), le Quatuor avec piano (1893) pour saisir le génie d’un Lekeu juvénile et passionnant. De prochains enregistrements ? A suivre.

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CD, critique. Guillaume Lekeu (1870-1894) : Sonate pour violon et piano en sol majeur – Trio pour piano, violon et violoncelle en do mineur. Bruno Monteiro, violon. Miguel Rocha, violoncelle. JoĂŁo Paulo Santos, piano. 1 CD Brilliant Classics. Enregistrement rĂ©alisĂ© au Portugal, Ă©tĂ© 2018. Livret : anglais-portugais. DurĂ©e : 1h17mn

CD coffret, événement. The BRIGITTE FASSBAENDER edition (11 cd DG Deutsche Grammophon)

Brigit fesbaender mezzo edition lieder operas coffret box cd set review critique cd opera concert festivals classiquenews 4836913CD coffret, Ă©vĂ©nement. The BRIGITTE FASSBAENDER edition (11 cd DG Deutsche Grammophon). Elle vient d’avoir 80 ans ce 3 juillet 2019 (nĂ©e berlinoise en 1939) : la mezzo Brigitte Fassbaender aura marquĂ© les planches surtout Ă  partir de 1970 , – première dĂ©cennie oĂą elle se saisit de premiers rĂ´les lyriques, grâce Ă  un tempĂ©rament dramatique qui sait articuler et aussi projeter le texte : la chanteuse lyrique est aussi une formidable diseuse, habile et convaincante dans les lieder de Schubert, Wolf, Strauss, surtout Brahms et Liszt… ce que rappelle avec justesse le coffret de 11 cd, Ă©ditĂ© en ce mois de juillet anniversaire par DG Deutsche Grammophon. Son timbre souple et sombre mais heureusement cuivrĂ©, Ă©blouit dans les rĂ´les travestis dont tĂ©moigne la rĂ©ussite de ses prises des rĂ´les tel surtout l’amant de La MarĂ©chale, Ă  son lever au I : « Quinquin » / Octavian (Le Chevalier Ă  la rose de R Strauss), mais aussi Sextus dans La ClĂ©mence de Titus de Mozart… La Fassbaender est de la trempe des Christa Ludwig (nĂ©e aussi Berlinoise mais en 1924) : une voix, un jeu dramatique, et une personnalitĂ© admirable, une partenaire qui savait se fondre et participer dans chaque maison d’opĂ©ra avec un rĂ©el esprit de troupe. Les 11 cd ainsi regroupĂ©s forment un portrait Ă©quilibrĂ©, emblĂ©matique des choix artistiques de la cantatrice qui fut capable de chanter l’opĂ©ra italien, Mozart, Wagner et Verdi, surtout le lied. Les 7 premiers cd sont dĂ©diĂ©s Ă  l’articulation des textes germaniques mis en musique par Schubert (Die Schöne MĂĽllerin, Schwanengesang; lieder…) ; Loewe (Lieder, Frauenliebe), Schumann (Frauenliebe und leben, lieder…) ; Wolf (Mörike lieder) ; surtout l’excellent programme rĂ©unissant les lieder de Strauss et Liszt. En bonus, les duos de Dvorak et Brahms.
CLIC D'OR macaron 200Puis, DG souligne le métal coloré de ce timbre qui s’est entendu avec l’orchestre, chez Mahler (lieder avec orchestre, extraits du Chant de la terre), Brahms (Alt-Rhapsodie), Moussorsgki (Chants et danses de la mort). Enfin les deux derniers cd (10 et 11) sont dédiés aux personnages lyriques : de VERDI (Azucena / Il Trovatore) à WAGNER (Brangäne dans Tristan und Isolde), sans omettre SCHOENBERG (ses fabuleux Gurre-lieder). A noter aussi ses rôles mozartiens : Sextus (Titus), Dorabella (Cosi)… Portrait discographique incontournable. Bon anniversaire Brigitte !

 

 

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CD coffret, événement. The BRIGITTE FASSBAENDER edition (11 cd DG Deutsche Grammophon)

Works by
Schubert · Loewe · Schumann
Wolf · Lizst · R. Strauss
Dvorák · Brahms · Mahler
Mussorgsky · R. Wagner · A. Scarlatti
Mozart · Humperdinck · Pfitzner
Puccini · J. Strauss II · Verdi
Schoenberg
Brigitte Fassbaender, mezzo-soprano

Wiener Staatsopernchor
Wiener Philharmoniker
Karl Böhm

Mozarteum Orchester Salzburg
Leopold Hager

Berliner Philharmoniker
Carlo Maria Giulini

Deutsches Symphonie-Orchester Berlin
Riccardo Chailly

Symphonieorchester
des Bayerischen Rundfunks
Rafael Kubelik
Parution international le 7 Juin 2019

CD coffret, Ă©vĂ©nement. The BRIGITTE FASSBAENDER edition (11 cd DG Deutsche Grammophon – 0289 483 6913 3

DOSSIER BEETHOVEN 2020 : les 250 ans de la naissance (1770 – 2020)

beethoven 1803 apres Symphonie 1 creation symphonies romantiques classiquenews review compte rendu cd critique 800px-Beethoven_3DOSSIER BEETHOVEN 2020 : 250 ans de la naissance de Beethoven. L’anniversaire du plus grand compositeur romantique (avec Berlioz puis Wagner évidemment) sera célébré tout au long de la saison 2020. Mettant en avant le génie de la forme symphonique, le chercheur et l’expérimentateur dans le cadre du Quatuor à cordes, sans omettre la puissance de son invention, dans le genre concertant : Concerto pour piano, pour violon, lieder et sonates pour piano, seul ou en dialogue avec violon, violoncelle… Le génie de Ludwig van Beethoven né en 1770, mort en 1827) accompagne et éblouit l’essor du premier romantisme, quand à Vienne se disperse l’héritage de Haydn (qui deviendra son maître fin 1792) et de Mozart, quand Schubert aussi s’intéresse mais si différemment aux genres symphonique et chambriste. Venu tard à la musique, génie tardif donc (n’ayant rien composé de très convaincant avant ses cantates écrites en 1790 à 20 ans), Beethoven, avant Wagner, incarne le profil de l’artiste messianique, venu sur terre tel un élu sachant transmettre un message spirituel à l’humanité. Le fait qu’il devienne sourd, accrédite davantage la figure du solitaire maudit, habité et rongé par son imagination créative. Pourtant l’homme sut par la puissance et la sincérité de son génie, par l’intelligence de son caractère pourtant peu facile, à séduire et cultiver les amitiés. Ses rencontres se montrent souvent décisives pour l’évolution de sa carrière et de sa reconnaissance. Pour souligner combien le génie de Beethoven est inclassable, singulier, CLASSIQUENEWS dresse le portrait de la vie de Beethoven (en 4 volets), puis distingue 4 épisodes de sa vie, particulièrement décisifs…

 

 

 

 

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Volet 1 : dossier Beethoven 2020

JEUNESSE Ă  BONN : 1770 – 1792
Les 12 premières années de la vie de Ludwig

 

 

Beethoven jeune 1012554_1151146791564340_4447833172979903169_nA Bonn, le père et le grand père de Beethoven se destinent à servir l’archevèque-électeur de Cologne, comme musiciens. Le jeune Ludwig né le 16 décembre 1770 suivra leurs pas. Agé de 12 ans, Ludwig rencontre l’étudiant en médecine Franz Gerhard Wegeler (1782) qui l’introduit au sein de la famille von Breuning : c’est dans ce milieu raffiné qu’il reçoit une formation musicale digne de ses aptitudes. Goethe, Schiller… sont ses lectures régulières, distillant dans l’esprit déjà très imaginatif de l’adolescent les idées de l’Aufklärung et de l’esthétique Sturm und Drang… Passionné, transporté par les Lumières et l’esprit révolutionnaire, Ludwig suit avec attention l’actualité française ; il se passionnera bientôt pour Bonaparte, mais ce dernier devenu Napoléon, Beethoven reniera sa première adoration.
A 13 ans, – 1783-, Beethoven est nommĂ© organiste de la cour, rĂ©pĂ©titeur pour l’orchestre et le théâtre. Son père alcoolique perd ses Ă©lèves… que Ludwig rĂ©cupère.
En 1774, le Comte Waldstein, chambellan du nouvel archevêque (le frère de l’Empereur Leopold, l’archiduc Maximilien Franz) remarque au sein de la cour, le jeune tempérament de Beethoven. Il l’envoie à Vienne dès 1787, pour y rencontrer Mozart et suivre les conseils de ce dernier. Mais Wolfgang n’est guère captivé par le jeune génie mélancolique : de leur rencontre, ne sort aucune coopération d’envergure. C’est un échec. Beethoven rentre à Bonn en septembre 1787 pour le décès de sa mère.
Avant Schubert, Schumann, Wolf, Wagner et Strauss, le jeune Beethoven inscrit à l’Université de Bonn en 1789 (19 ans) s’intéresse aux écrivains, se passionne pour la littérature. Comme Berlioz, Ludwig lit Shakespeare, Homère… C’est un rêveur qui nourrit sa prochaine inspiration de créateur. A l’Université, il suit aussi les cours du libertaire Euloge Schneider, aux idées clairement révolutionnaires.

haydn joseph-crop-412x332En 1790, Ludwig, 20 ans compose une cantate funèbre pour la mort de Joseph II, puis une autre pour l’avènement de Leopold II : bien que trempĂ©es dans l’acier d’une Ă©criture farouche et dĂ©jĂ  vĂ©hĂ©mente, les deux Ĺ“uvres ne sont pas jouĂ©es. L’immense et cĂ©lĂ©brisime Joseph Haydn venu de Vienne croise son chemin : il remarque Ă  peine le jeune homme qui bien qu’introspectif, a dĂ©cidĂ© du fond de son âme, de trouver les Ă©lĂ©ments d’un nouveau langage musical, qui passe par l’orchestre et la musique de chambre. Le rĂŞveur se languit avec dĂ©sespoir : elle aime ElĂ©onore von Breuning, mais n’est pas aimĂ© en retour. VoilĂ  une catastrophe intime qui inaugure le roman Ă©pineux et trouble de Beethoven et les femmes. En 1792, deux ans après leur première rencontre, Haydn, examinant l’une des cantates de 1790, cĂ©lèbre sans rĂ©serve le gĂ©nie prometteur de Ludwig. Grâce Ă  Waldstein, Beethoven payĂ© par l’Electeur de Cologne, peut rejoindre Haydn Ă  Vienne pour y suivre ses leçons. Ludwig deviendra Beethoven Ă  Vienne oĂą il reste jusqu’à sa mort.

 

 

 

 

 

 

 

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Volet 2 : dossier Beethoven 2020

Premiers accomplissement viennois (1793 – 1802)
Les méditations de Ludwig

 

 

Fidelio de BeethovenA VIENNE, L’ELEVE DEPASSE SES MAÎTRES… Haydn reçoit à Vienne le jeune Beethoven de 22 ans, intrépide et fougueux dont la soif de formation et de dépassement, submerge très vite la disponibilité pédagogique de son mentor. S’il recherche aussi les conseils et leçons d’autres professeurs tels Albrechtsberger (composition), Salieri (chant)… Ludwig perd patience et absorbe ces apports pour les dépasser. Il reste un solitaire indépendant. Sans la validation de ses professeurs, le jeune compositeur affirme donc son tempérament irréductible en publiant en 1795, ses Trois Trios, (opus 1) suivi des Trois Sonates (opus 2) pour piano. Sa virtuosité comme pianiste improvisateur subjugue les Viennois, dès mars 1795. Grâce au premier protecteur, le comte Waldstein, Ludwig conquiert les cénacles aristocratiques de Vienne : les protecteurs se déclarent tels Lichnowsky, Lobkowitz, Razoumovski, Fries, Van Swieten… dont les noms sont inscrits dans l’Histoire grâce à la dédicace que leur destine Ludwig. Pourtant, loin de se borner au confort et à l’agrément des princes, Beethoven voit large et sa conscience artistique se double d’une intelligence politique affûtée : il suit la Révolution française ; admire l’élan démocratique et se rapproche des Jacobins (Jacob von Sonnenfels déjà proche de Mozart), ne serait ce que dans sa mise et sa coiffure qui s’écarte de la queue de cheval et du bas de soie. Le profil du musicien révolutionnaire se précise peu à peu.

 

 

L’OMBRE DE LA SURDITÉ… Mais en 1796, la surdité se présente, affectant désormais la quête du compositeur. Beethoven cache à tous ce terrible mal ; il en avoue la gêne à certains proches en 1801 ; puis confesse le handicap en 1806, à l’époque du 9è Quatuor. Si l’homme mondain, sentimentale, relationnel en souffre, le compositeur continuera de produire dans une qualité de concentration admirable, bénéfique pour son travail. La surdité a aussi affirmé le génie beethovénien. Sans l’entraver, elle l’a fortifié. Confirmé dans son unicité exceptionnelle : quoiqu’on le dise, Beethoven n’est pas plus cérébral que sensuel ; il est les deux : un architecte et un hédoniste, capable de couleurs inédites alors comme de conception orchestrale d’un impérieux équilibre. Beethoven conçoit un son qui lui est propre, associé à une quête de plus en plus explicite du timbre, comme il redéfinit la syntaxe même du langage musical.

 

 

LES MÉDITATIONS DE LUDWIG…

D’autant qu’en septembre 1802, dans le fameux testament d’Heiligenstatdt, Ludwig qui a eu la tentation libĂ©ratrice du suicide, s’accroche finalement indĂ©fectiblement Ă  la vie, Ă  l’accomplissement de son Ĺ“uvre : les forces de l’esprit contre l’anĂ©antissement. A 31 ans – âge oĂą meurt Schubert, Ludwig affirme une Ă©criture qui fait la synthèse de ce qui l’a prĂ©cĂ©dĂ© ; une vision et un format, une conscience et un langage qui envisagent dĂ©sormais l’avenir. Beethoven plus qu’aucun autre lance des ponts vers l’avenir.
A son crĂ©dit surtout, son Ĺ“uvre comme pianiste exceptionnel : les 3 premiers Concertos pour piano ; puis aux cĂ´tĂ©s des Trios Ă  cordes opus 9, des 6 Quatuors Lobkowitz opus 18, la Sonate PathĂ©tique opus 13 ; la Clair de lune opus 27, la TempĂŞte opus 31… Haydn et Mozart restent dans l’équilibre, le jeu formel, la surprise ; pour Wolfgang, l’expression ineffable des sentiments amoureux avec – prĂ©romantisme, des visions foudroyantes de la mort ; Beethoven conduit dans le trĂ©fond d’une immersion intime comme une mĂ©ditation musicale. Son Ă©criture ne cesse de marquer les jalons de ce parcours inĂ©dit oĂą la conscience pilote l’itinĂ©raire expressif et laisse se dessiner libre, le profil de l’être Ă  accomplir. Pour l’encourager Ă  se dĂ©velopper et s’incarner, Beethoven utilise avec une rare intuition, le silence : il en dĂ©coule une Ă©coute intĂ©rieure, une activitĂ© souterraine neuve, et surtout un temps musical nouveau qui ne suit plus la logique conceptuelle de la forme (sonate ou autres) mais reste infĂ©odĂ© aux rythmes de cette nouvelle introspection : Beethoven fait de la musique, une expĂ©rience sensorielle essentiellement psychique. Avec lui, le romantisme qui couve avec dĂ©licatesse, effusion, suggestion, onirisme chez Mozart et Schubert, se dĂ©voile victorieux, lĂ©onin, jaillissant, expĂ©rimental… C’est la rĂ©volution Beethoven qui ne cesse aujourd’hui de nous saisir en nous rappelant Ă  notre humanitĂ© la plus intime et la plus personnelle.

Prochain feuilleton, volet 3 :
Le BEETHOVEN ACCOMPLI : un souffle Ă©pique (1802 – 1812)

 

beethoven

 

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BEETHOVEN 2020
nos feuilletons pour l’annĂ©e BEETHOVEN 2020

 

 

 

Ludwig-Van-Beethoven

BEETHOVEN 2020, volet 3 : Ludwig Ă©pique (1802 – 1812) – HEILINGENSTATD, 1802 : une nouvelle naissance. FinancĂ© par l’aristocratie viennoise, Beethoven croit un moment qu’il peut prĂ©tendre rejoindre la classe supĂ©rieure ; nenni, musicien, il reste un ĂŞtre infĂ©rieur car il n’est pas noble. BientĂ´t en 1806, le prince Lichnowski qui le dotait d’une rente confortable lui enjoint de jouer pour ses invitĂ©s selon son plaisir : Beethoven se rebiffe ; il n’est pas un serviteur : fièrement, après qu’il ait Ă©tĂ© congĂ©diĂ© par son protecteur, le compositeur Ă©crit : « des nobles il y aura toujours ; mais il n’y aura jamais qu’un seul Beethoven ». Le voilĂ  comme Mozart quittant Salzbourg, en artiste crĂ©ateur misĂ©rable mais libre. LIRE notre feuilleton BEETHOVEN 2020, volet 3 : Ludwig Ă©pique, le testament d’HEILIGENSTATD

 

 

 

 

 

 

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discographie BEETHOVEN 2020

Retrouvez ici notre sĂ©lection des meilleurs enregistrements parus dès octobre 2019 et pendant l’annĂ©e 2020, qui mĂ©ritent d’ĂŞtre Ă©coutĂ©s absolument :

 

 

 

L’intĂ©grale BEETHOVEN 2020 

 

 

beethoven-complete-edition-2020-review-presentation-file-classiquenews-critique-coffret-beethoven-2020CD, coffret Ă©vĂ©nement. The New Complete Edition BEETHOVEN 2020 (118 cd, 2 dvd, 3 bluray, DG Deutsche Grammophon). Pour les 250 ans de la naissance de Beethoven, la firme Deutsche Grammophon renoue avec l’époque des somptueuses intĂ©grales discographiques et crĂ©e l’évĂ©nement en cette fin d’annĂ©e 2019, en Ă©ditant un coffret remarquable Ă  tout point de vue : autant pour la qualitĂ© des versions choisies que la prĂ©sentation et le soin Ă©ditorial rĂ©alisĂ© pour cette Ă©dition saluĂ©e par un CLIC de CLASSIQUENEWS. Difficile de trouver sur le marchĂ© intĂ©grale mieux conçue : en partenariat avec la Beethoven Haus Bonn et la fondation officielle Beethoven 2020. En dĂ©coulent dans cette boĂ®te magique 175 heures de musique en 118 cd, 2 dvd (Fidelio par Bernstein / Symphonies 4 et 7 par C Kleiber) et 3 blu-ray audios (Symphonies Karajan / Sonates pour piano par W Kempff / Quatuors par le Quatuor Amadeus). Ainsi Deutsche Grammophon prĂ©sente l’intĂ©grale la plus complète et remarquablement Ă©ditĂ©e. La richesse du contenu musical a éé possible grâce au travail en partenariat entre DG et 10 autres labels. LIRE notre prĂ©sentation complète de l’intĂ©grale BEETHOVEN 2020 Ă©ditĂ© par Deustche Grammophon pour les 250 ans de Ludwig van Beethoven

 

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CD coffret événement : BEETHOVEN. Wiener symphoniker / Philippe Jordan. Symphonies 1 – 9 (5 cd – 2017 – 6h)  -  Pour l’année BEETHOVEN 2020, et souligner les 250 ans de la naissance du génie romantique germanique, entre Allemagne et Autriche, Bonn et Vienne, l’Orch Symphonique de Vienne / Wiener Symphoniker fête l’événement, et dès nov 2019, comme en préambule d’une année mémorable en célébrations et réalisations diverses, éditait ce superbe coffret de 5 cd soit les 9 symphonies, récapitulant le geste du maestro Philippe Jordan, directeur musical depuis 2014.

BEETHOVEN JORDAN philippe symphonie symphoniker wiener cd SOny classiquenews critique review classiquenewsLa phalange viennoise n’a rien à envier à sa sœur ainée, l’Orchestre Philharmonique / Wiener Philharmoniker, à l’histoire glorieuse et l’actualité médiatique demeurée intacte (entre autres grâce chaque début d’année nouvelle au Concert du Nouvel An retransmis à l’échelle planétaire). Souplesse, élégance, entrain… les instrumentistes du Symphonique de Vienne ont pour eux la familiarité avec les répertoires classiques et romantiques, depuis des décennies. Il suffit de citer quelques uns des chefs les plus importants, pour mesurer la tradition musicale cultivée depuis le début du XXè (sa création remonte à 1900), et évaluer ce goût des répertoires pour inscrire la phalange parmi les meilleures d’Europe : Wilhelm Furtwängler, Herbert von Karajan, Carlo Maria Giulini, surtout Georges Prêtre, chef lyrique autant que symphonique qui aura marqué l’évolution de la phalange…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

BEETHOVEN andris nelsons 9 symphonies wiener philharmoniker 5 cd blu ray DG Deutsche GrammophonCD coffret, Ă©vĂ©nement, annonce. ANDRIS NELSONS / BEETHOVEN : Complete symphonies / intĂ©grale des 9 symphonies : Wiener Philharm (2017 – 2019 – 5 cd + blueray-audio DG Deutsche Grammophon). Le chef Andris Nelsons se taille un part de lion au sein de l’écurie DG Deutsche Grammophon, sachant rĂ©ussir rĂ©cemment dans une intĂ©grale des symphonies de Bruckner et de Chostakovitch, saluĂ©es par classiquenews. Pour l’annĂ©e Beethoven 2020, voici en prĂ©ambule attendu, prometteur, l’intĂ©grale des 9 symphonies de Ludwig van Beethoven avec les Wiener Philharmoniker, histoire de constater lors des sessions d’enregistrements de 2017 Ă  2019, la tenue de l’orchestre le plus prestigieux au monde, et la pertinence d’une lecture observĂ©e. La finesse de la sonoritĂ© et le dĂ©tail comme l’énergie prĂ©servĂ©es par le chef devraient marquer cette nouvelle intĂ©grale par la phalange viennoise. VoilĂ  qui Ă©clairera la subtilitĂ© et la couleur mozartiennes dans la grande marmite bouillonnante du grand Ludwig. Une once de finesse couplĂ©e aux contrastes Ă©ruptifs, volcaniques d’un Beethoven Ă  jamais rĂ©volutionnaire. On attendait pas vĂ©ritablement le maestro letton chez Beethoven, alors que tant de baguettes antĂ©rieures et plus charismatiques existent dĂ©jĂ  ; mais dirigeant les Wiener Philharmoniker, l’affiche Ă©tait trop belle et les promesses, rĂ©elles… Avouons que notre avis est mi figue mi raisin…  LIRE notre critique dans le mg cd dvd livres de classiquenews. Parution annoncĂ©e : le 4 octobre 2019.

ode an die freiheit bernstein in berlin leonard bernstein 2 cd dg deutsche grammophon 1989 30 ans mur de berlin cd review critique cd classiquenews 4837441CD, critique. BEETHOVEN : Symph n°9 – Bernstein, Berlin 1989 (2 cd DG Deutsche Grammophon). REEDITION HISTORIQUE… Pour commĂ©morer les 30 ans de la chute du Mur de Berlin, DG réédite une très belle lecture de la 9è de Beethoven, devenue hymne de l’Europe progressiste, dĂ©sormais indissociable des grandes heures et cĂ©lĂ©brations de l’histoire europĂ©enne. Evidemment contexte oblige, les interprètes venus cĂ©lĂ©brer la fin de l’Allemagne divisĂ©e, dĂ©sunie en chantant l’ode fraternelle conçue par Beethoven comme l’appel Ă  changer de monde, sont hautement inspirĂ©s par l’urgence et la joie collective de la Chute du mur. D’autant que la direction organique, instinctive, très investie du chef d’origine juive, Leonard Bernstein restitue toute la profondeur et l’humanitĂ© de la partition et du contexte dans lequel elle est ainsi rĂ©alisĂ©e en dĂ©cembre 1989.  LIRE la critique intĂ©grale du cd BEETHOVEN : Symph n°9 – Bernstein, Berlin 1989 (2 cd DG Deutsche Grammophon).

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Bibliographie BEETHOVEN 2020

Retrouvez ici notre sĂ©lection des meilleurs livres et publications parus dès octobre 2019 et pendant l’annĂ©e 2020, qui mĂ©ritent d’ĂŞtre consultĂ©s absolument :

 

Beethoven par lui mĂŞme bĂ»cher chastel classiquenews 9782283033623-aafbbLIVRE Ă©vĂ©nement. BEETHOVEN PAR LUI-MĂŠME (Buchet Chastel). Sur l’échelle des extrĂŞmes, Ă  coup sĂ»r, Ludwig occuperait la place la plus haute. L’éditeur avait dĂ©jĂ  publiĂ© le cycle de la correspondance suscitĂ©e par le compositeur en raison de sa surditĂ© : ses fameux « cahiers de conversation », lesquels lui permettaient par l’écrit de communiquer avec son entourage (2015) : un procĂ©dĂ© astucieux qui a le mĂ©rite de consigner ainsi, jusqu’à l’anecdotique, le quotidien d’un combattant par l’art. Ici l’auteure, Ă  l’occasion du 250è anniversaire de sa naissance en 2020, s’intĂ©resse Ă  un choix de lettres et dĂ©clarations (elles mĂŞmes tirĂ©es de ses carnets intimes et des cahiers de conversation), scrupuleusement reproduites … En lire +

 

 

SOUSTONS, du 14 – 24 juillet 2019. La Belle HĂ©lène d’Offenbach par l’OpĂ©ra de Landes

Landes-opera-critique-opera-offenbach-belle-helene-olivier-tousis-philippe-forget-opera-critique-annonce-soustons-offenbach-2019SOUSTONS, du 14 – 24 juillet 2019. L’OpĂ©ra des Landes anniversaire Offenbach oblige prĂ©sente La Belle HĂ©lène, relecture dĂ©capante de la mythologie grecque, Ă  la fois farce dĂ©lirante et comĂ©die fine et onirique. S’il aime les situations cocasses, Offenbach n’en est pas moins sensible et profond. La Belle HĂ©lène avec OrphĂ©e aux enfers (1858) renouvelle l’opĂ©ra antique dont il fait une fusion très aboutie de la comĂ©die et de l’hĂ©roĂŻque, sur le mode bouffe.
Au moment où Napoléon III met fin aux privilèges des théâtres (1864), : n’importe qui peut désormais ouvrir une salle et y jouer le genre qu’il souhaite, Offenbach compose une nouvelle satire parodie d’après l’Antiquité, La Belle Hélène? Sur un livret de ses fidèles librettistes Meilhac et Halévy, et destiné à la scène des Variétés, l’ouvrage bénéficie d’une distribution solide ; sa muse Hortense Schneider tient le rôle-titre (mezzo), le ténor José Dupuis (formé à l’école de son rival Hervé), celui de Pâris, … la création du 17 décembre 1864 est un triomphe. Les connaisseurs de la mythologie y retrouvent les fondamentaux d’une histoire qui croise amour et devoir. Le berger Paris arrive à Sparte pour y courtiser la belle Hélène ; avec l’augure Calchas, Paris s’arrange pour éloigner le mari d’Hélène, Ménélas (acte I). Dans un rêve supposé (superbe duo onirique Hélène / Paris), les deux amants se retrouvent ; Hélène sacrifiant ses derniers assauts d’épouse fidèle, pour les délices d’une nouvelle sensualité. Ménélas les surprend : Paris doit partir (acte II).
Plus facétieux et libre que jamais, en épigone d’Hermès voleur, astucieux, Paris déjoue les pronostics, se déguise en « Grand Augure de Cythère » et enlève sa belle proie, à la barbe des rois offusqués.
L’amour triomphe toujours : Amor vincit omnia (Amour vainc tout, selon l’adage des sensuels). Tout le luxe et l’imaginaire flamboyant du Second Empire se déploie dans la verve et l’esprit parodique de Jacques Offenbach.

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La BELLE HELENE, 1864
Opéra bouffe de Jacques Offenbach
Durée 3 h

SOUSTONS, Espace Culturel Roger Hanin
Les 15, 16, 23, 24 juillet Ă  20h30
Le 21 juillet Ă  18h

Tarifs de 16 à 46€

RESERVEZ VOTRE PLACE
https://www.opera-des-landes.com/labellehelenesoustons2019

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Hélène: Frédérique Varda
Pâris: Matthieu Justine
Calchas: Matthieu Toulouse
Ménélas: Jean Goyetche
Oreste: Maela Vergnes
Agamemnon: Marc Souchet
Parthenis: Clémence Lévy
Lehena: AnaĂŻs de Faria
Achille: Thomas Marfoglia
Ajax 1: Fabio Sitzia
Ajax 2: Fabrice Foison

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ChĹ“ur de lâ€OpĂ©ra des Landes, direction: FrĂ©dĂ©ric Herviant
Pianiste du choeur: Maurine Grais
Orchestre de l’Opéra des Landes
Philippe Forget, direction

Mise en scène: Olivier Tousis
Chorégraphies: Clémence Lévy
Décor: Kristof t’Siolle

Costumes: Olivier Tousis et Kristof t’Siolle
Lumières: Frédéric Warmulla

LIVRE événement, critique. Laure Dautriche : Ces musiciens qui ont fait l’Histoire (Editions Tallandier)

DAUTRICHE LAURE Tallandier livre evenement critique livre musique opera concert par classiquenews ete 2019  CLIC de classiquenews ces-musiciens-qui-ont-fait-lhistoire-plat-1LIVRE Ă©vĂ©nement, critique. Laure Dautriche : Ces musiciens qui ont fait l’Histoire (Editions Tallandier). GALERIE DE PORTRAITS…. Des hommes engagĂ©s. En couverture, le geste fracassant, autoritaire d’un Beethoven affirmatif… Il est des textes simples, argumentĂ©s, d’un ton personnel mais synthĂ©tique et lumineux qui marquent. Comme il est rappelĂ© en prĂ©ambule ici une citation de Platon : « Si on veut connaĂ®tre un peuple, il faut Ă©couter sa musique ». De fait, l’auteure prĂ©sente 13 portraits courts de compositeurs parmi les plus significatifs de l’histoire musicale, en particulier, les plus engagĂ©s, audacieux, et aussi rĂ©formateurs. De sorte qu’après eux, l’art humain et la civilisation n’ont plus Ă©tĂ© les mĂŞmes.
A l’époque du tout dilué, où tout se vaut et rien ne vaut rien, voici a contrario, l’œuvre d’hommes courageux qui ont tout exprimé et réalisé par la musique… par vocation, par idéalisme, par conviction. Conviction, le mot est lâché : il n’existe plus aucun artiste aujourd’hui qui ose exprimer et faire. Le divertissement a détruit l’art, et après avoir lu le parcours et l’œuvre de tant de créateurs géniaux, on se dit que nous vivons à l’heure actuelle le déclin de la civilisation. Oui écoute la musique actuelle… et tu comprendras dans quelle vacuité générale résonne la décadence de la société humaine contemporaine.
Pour renouer avec des époques artistiquement et culturellement plus passionnantes, voici plusieurs piliers du génie musical dont le parcours d’abord humain reste bouleversant car il s’est ouvertement confronté au pouvoir, en friction, opposition, complaisance trouble… : Bach, auteur prolifique, inspiré par la seule gloire de Dieu à Leipzig ; Mozart, devenu franc-maçon à Vienne et molesté, humilié à cause de ses valeurs et convictions humanistes… donc suspectes ; Beethoven, le réformateur irrésistible dont la passion française pour Bonaparte se voit rapidement « trahie » par le Premier consul devenu l’Empereur tyran ; On y suit aussi Gossec, « serviteur » musicien de l’incontournable Robespierre à l’époque de la Terreur ; Richard Strauss empêtré dans ses fonctions pour les nazis… ; Chostakovitch, résistant à la barbarie institutionnalisée de Staline, ou Theodorakis « affrontant le régime des colonels »… En somme, voici plusieurs figures fortes qui avaient des convictions. Art et politique sont indissolublement mêlés et le texte montre qu’il n’est pas nécessaire d’adhérer à un parti identifiable pour s’engager : la musique est un combat de tout les instants pour que l’esprit vive et triomphe… voyez Debussy qui part en guerre contre l’art allemand, ou Verdi, artisan majeur pour l’unité italienne… Mais personne n’arrive aux chevilles du héros Berlioz, vainqueur de la révolution musicale romantique à l’époque des Trois glorieuses. Chaque chapitre pose clairement les jalons d’itinéraires admirables où percent toujours une personnalité singulière. Tout ce qui fait la valeur morale et la force humaine de compositeurs qu’il est juste aujourd’hui de célébrer. Excellente lecture pour l’été 2019. CLIC de CLASSIQUENEWS de juin et juillet 2019.

 

 

 

 

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CLIC D'OR macaron 200LIVRE événement, critique. Laure Dautriche : Ces musiciens qui ont fait l’Histoire (Editions Tallandier). Parution : mai 2019. 256 pages / EAN papier : 9791021030084. https://www.tallandier.com/livre/ces-musiciens-qui-ont-fait-lhistoire/

Carmen, Violetta, Mimi… 3 visages de l’Ă©ternel fĂ©minin au XIXè

puccini-giacomo-portrait-operas-classiquenews-dossier-special-HOMEPAGE-classiquenewsARTE, Dim 7 juillet 2019. CARMEN, VIOLETTA, MIMI, ROMANTIQUES ET FATALES
« Mimi, Carmen, Violetta » compose un triptyque lyrique pour un film choral consacré aux héroïnes des trois opéras romantiques les plus joués dans le monde aujourd’hui : Carmen, La Traviata et La Bohême. Mais alors Mozart n’existe pas dans cette (pseudo) statistique ? Et Don Giovanni, et La Flûte enchantée ? Et Elvira, Anna, Zerlina, Pamina ? Quelle omission.
Selon la présentation de l’éditeur, voici donc « Trois grandes figures d’émancipation féminine : Carmen, cet obscur objet de désir, qui paie de sa vie son indomptable liberté… Violetta, la courtisane adulée qui, en sacrifiant son amour, devient une sorte de sainte laïque… Et enfin la douce et pauvre Mimi, la petite brodeuse dont la jeunesse est fauchée par la tuberculose ». Mais alors que dire de Mimi, digne et misérable, fauchée avant d’avoir pu cultiver et affirmer son maour (pour Rodolfo le poète). On peut rêver mieux comme modèle d’émancipation féminine. Mimi est quand même une victime de la Bohème parisienne, entre pauvreté, misère, indigence…
Qui sont-elles ? Et d’où viennent-elles ? A travers un montage d’archives baigné de musique et « aussi savant que sensible », le film part en quête des personnages, qui apparaissent à Paris, quasiment en même temps, au milieu du 19ème siècle, sous la plume de 3 écrivains (Alexandre Dumas Fils, Prosper Mérimée, Henry Murger). Des écrivains qui font évoluer la littérature en puisant dans leur propre vie la matière de leurs histoires.
A l’origine des mythes, on découvre avant tout 3 femmes de chair et de sang : muse, amante ou héroïne de fait divers, … comme la matière de Madame Bovary : elles viennent de la réalité, en rien de l’histoire antique ou de la fable héroïque.
Tout le mérite revient aux compositeurs d’avoir su enrichir leur psychologie jusqu’à parvenir à des personnages devenus des archétypes, des symboles, autant de visages de l’éternel féminin…

En suivant leur parcours, c’est aussi tout le 19ème siècle, romantique, réaliste, naturaliste, qui est suggéré : ses modes, sa littérature, sa musique, l’essor bourgeois né de la révolution industrielle… La musique baigne entièrement le film qui permet de faire entendre les pages les plus célèbres des 3 opéras de Giuseppe Verdi, Georges Bizet, Giacomo Puccini.

arte_logo_2013ARTE, Dim 7 juillet 2019, 18h15 CARMEN, VIOLETTA, MIMI, ROMANTIQUES ET FATALES. Auteurs : Cyril Leuthy et Rachel Kahn / RĂ©alisation : Cyril Leuthy – Coproduction : ARTE France/ ET LA SUITE PRODUCTIONS / INA avec la participation de France TĂ©lĂ©visions (2018-52mn) / illustration

LILLE, ONL : 4è et 5è symphonies de Mahler

MAHLER-symphonie-3-Alexandre-BLOCH-lille-critique-concert-critique-opera-classiquenews-le-chef-face-aux-violoncellesLILLE, ONL. MAHLER : 4è, 5è Symphonies, 8, 28 juin 2019. Poursuite de l’odyssée Mahlérienne par l’ONL Orchestre National de Lille et son chef et directeur musical, Alexandre Bloch. Le auditeurs dans la vaste salle de l’Auditorium du Nouveau Siècle peuvent à nouveau mesurer l’écriture révolutionnaire de Gustav Mahler dans le domaine orchestral : un travail spécifique sur les couleurs, l’architecture et la spatialisation, sans omettre le sens et la direction de l’édifice construit, aussi essentiel que l’œuvre de son confrère (admirateur) Richard Strauss, ou que celles en France, des visionnaires au début du XXè, Ravel et Debussy. Mahler propose une arche symphonique régénérée, singulière et décisive. Un défi pour les musiciens de l’ONL Orchestre national de Lille.
Les 8 (4ème Symphonie) puis 28 juin (5è), se concrétise à nouveau l’imaginaire mahlérien à l’aune d’une existence toute entière marquée par la composition, l’activité comme directeur et chef de l’Opéra de Vienne, et l’amour, incarné enfin par la belle Alma Schindzler…

 

 

 

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LILLE, Auditorium du Nouveau Siècle

 

 

 

SAMEDI 8 JUIN 2019, 18h30
GUSTAV MAHLER : Symphonie n°4

SOPRANO: ELIZABETH WATTS
couplée avec RACHMANINOV :
Rhapsodie sur un thème de Paganini
(Alexander Gavrylyuk, piano)
 

RESERVEZ VOTRE PLACE :
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/symphonie-n-4/

 

VENDREDI 28 JUIN 2019 2019, 20h
GUSTAV MAHLER : Symphonie n°5
Programme présenté aussi le 24 juin (Dunkerque, le Bateau feu),
le 25 juin Basilique Saint-Denis, 20h,
le 27 juin, Compiègne (Festival des Forêts)
RESERVEZ VOTRE PLACE :
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/symphonie-n-5/

ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE
Alexandre Bloch, direction
Jonas Ehrler, chef assistant

 

 

 

Le 28 juin, à 18h45 : Rencontre mahlérienne insolite avec Marina Mahler,
petite-fille de Gustav Mahler, fondatrice de la Malher Foundation  ;
puis à l’issue du concert, bord de scène avec Alexandre Bloch
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/symphonie-n-5/
(pour les spectateurs muni d’un billet du concert)

 
 
 

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Alexandre Bloch, directeur musical de l’ONL – Orchestre National de Lille (© Ugo Ponte)

 
 

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4ème et 5ème Symphonies de Gustav MAHLER :
Clés de compréhension

 

 

 

4ème SYMPHONIE : la vie céleste
Suite de l'odyssée MAHLER par l'Orchestre National de LilleC’est à Maiernigg, dans sa cabane retraite (le Häuschen) que le compositeur contemple la sainte et miraculeuse Nature, son essence inspirante, dyonisiaque ; il peut y réaliser de longues marches dans les Dolomites, excursion à valeur thérapeutiques et profondément bienfaitrices. Mahler achève la 4è symphonie à l’été 1900 (et l’orchestration à l’hiver 1900). Il n’a pas encore rencontré à Vienne, la belle Alma, qui sera la dédicataire secrète de la 5è Symphonie, ample poème de l’amour et de ses noces inespérées avec celle que tous les artistes adorent voire plus, Zemlinsky, Klimt…

La 4è prolonge l’extase de la 3è dont elle reprend certains motifs (alors entonnés par le choeur d’enfants et la soliste alto). Dans le climat pastoral et très apaisé de la 4è, Mahler écarte le chœur, et préfère la soprano qui entonne le lied final, conclusion vocale de sa nouvelle symphonique.
A Vienne, la création de cette 4è (12 janvier 1902) est un fiasco, sujet de mordantes critiques des pseudo-spécialistes : vulgarité, bavardage, confusion… sont les reproches adressés à Mahler. L’accueil du public américain sera tout différent et suscite la défense des œuvres mahlériennes très tôt aux USA. Le compositeur y renouvelle encore les limites et la forme symphonique, réalisant une osmose rare entre lied et orchestre dans la quatrième et dernier section pour soprano et orchestre (« la vie céleste », extrait du cor enchanté de l’enfant : révélation de la vie au Paradis, loin de l’existence terrestre) : un temps suspendu, d’extase et d’accomplissement à relier avec sa rencontre inespérée avec celle qui devient sa femme Alma (leur mariage a lieu le 9 mars 1902, et leur lune de miel… en Russie).

 

 

 

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5ème SYMPHONIE… tout l’amour d’Alma
MAHLER-gustav-et-alma-symphonie-classiquenews-Gustav-MahlerL’époux comblĂ© exprime son bien-ĂŞtre nouveau dans la 5è : nouveau poème purement instrumental cette fois (comme les 6è, puis 7è : les plus autobiographiques de son catalogue). Alors que Gustav Mahler est une figure reconnue comme chef et le brillant mais impĂ©tueux dircteur de l’OpĂ©ra de Vienne – ce qui n’est pas sans causĂ© de profondes tensions avec l’administration de la Hofoper, les artistes les plus audacieux menĂ© par Klimt, inaugure alors en avril 1902, la 14è expos de la SĂ©cession : un hommage Ă  Beethoven et sa 9è, avec statue de Klinger, fresque de Klimt qui reprĂ©sente ouvertement Mahler en chevalier Ă©perdu, Ă©pris, anguleux… Mahler rencontre l’un des peintres engagĂ©s Alfred Roller qui deviendra Ă  partir de 1903, le dĂ©corateur et metteur en scène attitrĂ© de Mahler pour ses grandes productions Ă  l’OpĂ©ra de Vienne… Comme compositeur, il est comblĂ© car sa 3è Symphonie est enfin créée triomphalement Ă  Krefeld le 9 juin 1902 : un immense Ă©vĂ©nement auquel a participĂ© entre autres Richard Strauss, lequel est clairvoyant sur le gĂ©nie de son compatriote, et aussi Alma, qui bouleversĂ©e, a le sentiment dĂ©finitif d’être aux cĂ´tĂ©s d’un ĂŞtre exceptionnel…
La 5è est justement la partition du couple, de ses promesses, ses désirs, son bonheur prononcé. Eté 1902 : Mahler dans son cabanon du Häuschen, achève le nouveau cycle orchestral. La partition est terminée fin août 1902, dans le climat apaisé et contemplatif des longues marches dans la nature.

PLAN.. en 5 séquences. La 5è raconte d’abord l’agonie et le malheur, le traumatisme de la mort, celui qu’il a vécu en février 1901, quand faillit mourir d’une hémorragie intestinale (sauvé in extremis par les médecins). Les deux premiers mouvements sont marqués par ce sentiment du malheur total : le premier en forme de marche funèbre (comme l’ouverture de la 2è) ; le second « orageux, animé, très véhément »). Mahler y prolonge l’expérience des opus précédents, inventant une langue essentielle, purement musicale, où sans référence (sauf le leid final), le programme et le développement tendent à l’abstraction, à partir de sa propre imagination.
De cette inspiration jaillissante, puissante, originale, s’affirme la liberté inédite du Sherzo (le plus développé de Mahler) : sans connotation parodique ou caricaturale, l’auteur y déploie un pur sentiment de joie lumineuse (l’amour d’Alma), et il faut toute la béatitude éperdue, renoncement, adieu apaisé, immense caresse sensorielle de l’Adagietto pour équilibrer la tension globale de la symphonie. La dernière et cinquième séquence (Rondo-finale. Allegro) clâme la victoire en un choral grandiose (annoncé par la clarinette dans l’introduction) où percent des cuivres brucknériens… tant critiqués par Alma d’ailleurs.

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AndrĂ© ChĂ©nier Ă  l’OpĂ©ra de Tours

GIORDANO Umberto_Giordano_by_Gaetano_Esposito_(color)TOURS, OpĂ©ra. GIORDANO : AndrĂ©a ChĂ©nier. Les 24, 26, 28 mai 2019. L’Ă©tonnante et audacieuse saison lyrique 2018 – 2019 de l’OpĂ©ra de Tours s’achève en mai 2019 avec la dernière (et quatrième) nouvelle production maison : Andrea ChĂ©nier d’Umberto Giordano (1896), en coproduction avec l’OpĂ©ra de Nice : 3 dates de mai, les 24, 26 et 28 mai 2019. Benjamin Pionnier dirige l’Orchestre Symphonique RĂ©gion Centre-Val de Loire/Tours ; avec Gustavo Porta dans le rĂ´le-titre, BĂ©atrice Uria-Monzon (Madeleine de Coigny), AndrĂ© Heyboer (Charles GĂ©rard)…  Mise en scène : Pier Francesco Maestrini.
On ne saurait insister sur l’activité de la scène lyrique Tourangelle, qu’il s’agisse de défrichement (comme le récent spectacle des 7 péchés capitaux de Kurt Weill l’a montré fin avril, dévoilant le geste acide et poétique du compositeur berlinios de passage à paris dans les années 1930…), ou de productions courageuses qui nécessitent des moyens vocaux, orchestraux et visuels de premier plan. Le cas de ce Chénier le montrera encore, car s’agissant de l’ouvrage fétiche de Umberto Giordano, les défis sont multiples et plutôt élevés.

chenier-poete-classiquenews-chenier-andre-umberto-giordanoD’inspiration historique, l’ouvrage revisite l’histoire française et Ă©voque le parcours Ă  la fois hĂ©roĂŻque et fatal du poète AndrĂ© ChĂ©nier (1762-1794). L’opĂ©ra nĂ©cessite toutes les ressources d’une maison d’opĂ©ra (le choeur y est très prĂ©sent). Car derrière le huit clos sentimental qui rapproche le poète ChĂ©nier, – poète martyr, victime des dĂ©rives terrifiantes de la RĂ©volution française-, Madeleine et GĂ©rard, le compositeur vĂ©riste Giordano sait surtout Ă©voquer le souffle et la terreur de la pĂ©riode rĂ©volutionnaire… Sens de la couleur orchestrale, dramatisme vocal, efficacitĂ© scĂ©nique… les talents de Giordano sont nombreux ; c’est assurĂ©ment le plus douĂ©s des crĂ©ateurs de la Jeune Ecole, particulièrement marquĂ© par le modèle lĂ©guĂ© par Puccini. Giordano sait construire un opĂ©ra historique, Ă©voquer la terreur parisienne et l’échec des rĂ©volutionnaires, auxquels il oppose la sincĂ©ritĂ© des valeurs de fraternitĂ©, de paix, de libertĂ©. Giordano offre aux tĂ©nors, un rĂ´le très complet, nĂ©cessitant profondeur, expressivitĂ©, drame et subtilitĂ©. Une performance que les plus grands chanteurs ont relevĂ©, de Pavarotti, Domingo, Carreras Ă  Cura et plus rĂ©cemment, Jonas Kaufmann… L’action plonge au cĹ“ur de la RĂ©volution française dont la face brutale et sanguinaire est exposĂ©e sans masque : Giordano aurait-il fait un opĂ©ra politique, dĂ©nonçant les dĂ©rives de ceux qui se frappent de bonnes intentions ; prĂŞts Ă  imposer un nouvel ordre de libertĂ©, pour mieux assoir leur pouvoir despotique. N’y a t il pas duperie dans tout acte politique ? L’amour, la libertĂ© et la fraternitĂ© ne sont-elles pas les clĂ©s d’une sociĂ©tĂ© libre justement ?

 

A l’acte I en 1789, acte de présentation des caractères, le poète Andréa Chénier est l’invité de la Comtesse de Coigny ; il improvise sur l’intransigeance du clergé et de la noblesse. Mais l’admirent la fille de la Comptesse, Madeleine, et aussi Gérard, serviteur, qui est épris de cette dernière.

Acte II : cinq ans ont passé (1795) et Giordano évoque ce Paris révolutionnaire des Incroyables et Merveilleuses, créatures hallucinantes mais figures bien historiques dont la mine et l’étoffe étudiés contrastent avec la terreur et la barbarie ordinaire : la Révolution a enfanté une période de doutes et de chaos… Chénier, bien que suspecté (alors qu’il défend les idées d’égalité et de fraternité), retrouve la belle Madeleine (superbe duo d’amour : « Ora suave »). jaloux, Gérard provoque Chénier et le blesse, puis devant la foule haineuse, l’innocente.

Acte III. Gérard devenu juge au tribunal révolutionnaire signe contre son gré l’accusation de Chénier : Madeleine qu’il aime, s’offre à lui s’il sauve le poète qu’elle adore (sublime prière crépusculaire « La Mamma morta »). Mais Chénier est condamné et Gérard jure de le sauver.

Acte IV. En prison, Chénier attend la mort (« Come un bel di di Maggio »). Gérard a aidé Madeleine pour approcher son aimé : les deux amoureux peuvent mourir, fortifiés par la splendeur du lien qui les unit (dernier duo « Vicino a te »).

La fresque est terrible et violente ; l’amour de ChĂ©nier et de Madeleine, tragique et irrĂ©versible. Contre la barbarie humaine, – fruit de la RĂ©volution française, Giordano dĂ©fend les valeurs de fraternitĂ© (GĂ©rard / ChĂ©nier), d’amour (ChĂ©nier et Madeleine) ; la vanitĂ© et l’échec de tout système politique s’il ne sert pas l’amour et le bonheur des ĂŞtres.

 

Nouvelle production événement avec Les Fées du Rhin de Jacques Offenbach (création française) en ouverture de saison 2018 – 2019.

 

 

TOURS, Opéra. Giordano : Umberto Chénier, 1896
Les 24, 26 et 28 mai 2019

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.operadetours.fr/andrea-chenier

 

 

LILLE. ONL : MOZART / R. STRAUSS : Olafsson / Casadesus

olaffson-vikingur-jean-claude-casadesus-mozart-concerto-strauss-suite-valses-concert-critique-annonce-classiquenewsLILLE, ONL. STRAUSS, MOZART, JC CASADESUS, les 25 et 27 mai 2019. Víkingur Ólafsson / Jean-CLaude Casadesus … Le concert exploitant la présence du pianiste islandais et de l’Orchestre National de Lille réalise un superbe programme réunissant deux œuvres concertantes de Mozart et de Richard Strauss dont Burlesque est une partition aussi peu jouée que délirante et fantasque, pur produit de l’imagination débordante du conteur Strauss… Improvisateur et arrangeur remarqué, le pianiste Víkingur Ólafsson a récemment convaincu grâce à deux disques, dédiés à Philip GLASS, puis aux variations Goldberg de BACH (deux cd édités par Deutsche Grammophon et critiqués, distingués par CLASSIQUENEWS) ; avec la complicité du chef fondateur de l’ONL / Orchestre National de Lille, il met en regard deux œuvres aux atmosphères radicalement … opposées.

 
 
 

De l’inquiétude mozartienne
à la volupté straussienne…

 
 
 

La première prĂ©sente un visage mieux connu de Mozart, – profond, spirituel voire inquiet (mais toujours tendre et lumineux) ; le Concerto pour piano n°24 (K491) est l’une de ses musiques les plus sombres… l’ut mineur des vents de son larghetto central, d’une fausse simplicitĂ© (qui touche au cĹ“ur), atteint un sommet de plĂ©nitude Ă©motionnelle : Mozart se dĂ©voile sans fard, hantĂ© par la question de son existence et de la finalitĂ© d’une vie terrestre. En 1786, alors qu’il achève Les Noces de Figaro, rĂ©orchestre Idomeneo, les Concertos 23 et 24 saisissent par leur profondeur et leur vĂ©ritĂ©. Le compositeur y “exprime les Ă©preuves et les combats que doit affronter l’homme pour maĂ®triser cette vie et lui donner un sens”. A bon entendeur…

strauss richardLa deuxième dévoile un Richard Strauss facétieux dans Burlesque (1886), œuvre de jeunesse d’inspiration plus lisztéenne que brahmsienne, … et délicieux feu d’artifice d’idées légères et brillantes, prélude aux capiteuses valses du Chevalier à la rose. D’après son opéra néobaroque et néoviennois, dans l’esprit de Mozart mais se déroulant à Vienne à l’époque impériale, Strauss déduit en 1934, une Suite opus 59 à partir des principaux thèmes, de valses, qui proviennent du dernier acte. Puis 10 ans après, le compositeur ajoute de nouveaux motifs empruntés aux actes précédents, I et II. La suite la plus jouée, regorgent d’effluves sensuelles quasi érotiques qui recyclent ainsi les thèmes dérivés de l’ouverture de l’opéra, de la scène du petit déjeuner (réveil de la Maréchale et de son amant Quinquin) ; la fin du second acte, souvent associé à la figure du baron Ochs (que beaucoup à torts, caricaturent pour en faire un lourdeau épais et grossier… ce qu’il n’est pas selon le livret du poète Hofmannsthal).
Enfin en 1946, une nouvelle suite fut écrite recyclant partie des 3 actes, dite « grande suite », dont le finale voluptueux enivré du dernier acte (trio Sofie, La Maréchale, Quinquin / Octavian)… Pour réussir telle partition qu’un rien peut faire basculer dans l’outrance racoleuse, il faut plutôt cultiver la transparence et l’élégance, dans la finesse et la précision.

 
 
 
 
 
 

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MOZART
Così fan tutte, ouverture
Concerto pour piano n°24

R. STRAUSS
Burlesque pour piano et orchestre
Le Chevalier Ă  la rose, suite

DIRECTION : JEAN-CLAUDE CASADESUS
PIANO : VÍKINGUR ÓLAFSSON

 

Programme : INVITATION À LA VALSE

SAMEDI 25 MAI 2019 • 18h30boutonreservation
LUNDI 27 MAI • 20h
Lille – Auditorium du Nouveau Siècle

RESERVEZ VOTRE PLACE
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/invitation-a-la-valse/

 
 
 

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INVITATION TO THE WALTZ

A tireless explorer of new repertoire, Víkingur Ólafsson offers side by side two works radically contrasting in atmosphere. The first offers a little-expected face of Mozart, the Concerto No. 24 is one of Austrian composer’s most sombre compositions. The second unveils a facetious Richard Strauss in Burlesque, a series of preludes to the heady waltzes of Der Rosenkavalier.

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Programme repris en région, les 23 puis 24 à Armentières et Lens
Pas de billetterie O.N.L / billetterie extérieure

Armentières, Le Vivat
jeudi 23 mai 20h
Infos et réservations au 03 20 77 18 77

Lens, Le Colisée
vendredi 24 mai 20h
Infos et réservations au 03 21 28 37 41

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Approfondir
Les CD du pianistes islandais Víkingur Ólafsson

 
 
 

CD PHILIP GLASS : https://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-philip-glass-pianos-works-oeuvres-pour-piano-vikingur-olafson-piano-1-cd-deutsche-grammophon/

CD JS BACH : https://www.classiquenews.com/cd-evenement-js-bach-vikingur-olafsson-piano-1-cd-dg-deutsche-grammophon-2018/

 
 
 
 
 
 

CD, critique. Géraldine Casey, soprano : ESPAÑA ! (1cd KLARTHE)

espana-geraldine-grisey-cd-klarthe-records-critique-cd-review-cd-classiquenews-annonce-critique-cdCD, critique. Géraldine Casey, soprano : ESPAÑA ! (1cd KLARTHE). Nous avions remarqué son cd Mozart : où son sens expressif et sa plasticité comme coloratoure savaient relire avec vivacité et investissement les airs redoutables écrits par Mozart… Klarthe édite un tout autre programme où la cantatrice française troque l’agilité et le legato mozartiens pour l’esprit de la couleur ibérique, le sens du rythme, l’intelligence et les intentions du verbe incarné… sans omettre, un épanchement nuancé dans la douleur, la pudeur blessée, ce tragique contenu et toujours digne, qui fait l’orgueil des héroïnes hispaniques… et aussi la profondeur souvent mal comprise de la majorité des pièces concernées.
Le choix de l’interprète se porte sur les mélodistes espagnols des XIXè et XXè, dont le travail ressuscite dans l’écriture « savante », la force et la sincérité des idiomes traditionnels et populaires. Comme le précise Géraldine Casey dans le texte de la notice, tous les compositeurs ainsi réunis sont pianistes (d’où le raffinement de l’accompagnement au clavier) ; ils sont tous marqués par l’impressionnisme des parisiens Debussy et Ravel, enrichissant encore la palette ibérique de nuances harmoniques à la française. Le jaillissement des sentiments se double ainsi d’une évocation très fine des situations et des climats qui portent les émotions du chant.

 

 

 

Géraldine Casey : coloratoure convaincant

COULEURS ET NUANCES DES MELODIES IBERIQUES

 

 

 

La soprano sait renouveler son approche stylistique en accordant un soin particulier dans la résolution de tout ce qui fait le caractère primitif, suave, populaire de ce folklore authentique ainsi collectionné et sublimé par chacun (effets spécifiques tels que triolets, portamenti, forte subito, cante jondo, … autant de réminiscences du flamenco). La coloratoure de Géraldine Casey s’inscrit avec justesse et légitimité dans le sillon de la cantatrice catalane, elle-même coloratoure : Maria Barrientos qui a créé nombre de mélodies de De Falla, Granados, Mompou. Truculence, malice, double voire triple lecture de textes équivoques… la diva française apporte un réel piquant à des chansons qui exigent une richesse d’intentions et d’intonations poétiques et expressives…. dignes de l’opéra.

Les mĂ©lodies contrastĂ©es, pleines de caractères et de vivacitĂ© (De Donde venis?) d’un Rodrigo cabotin (exigeant des aigus très hauts perchĂ©s), ou avant, la bonhommie très textuelle du sublime « Iban al pinar” (plage 10)… du barcelonais Granados (… de Barcelone, comme Mompou et Obradors). Justement de Mompou, soulignons la profondeur (chant d’une grande pleureuse – entre berceuse et prière ?) de  « Aurena do si… » dont la couleur est Ă  la fois tragique et langoureuse – proche de Elle dans La voix Humaine de Poulenc. Une vĂ©ritable scène d’opĂ©ra mais en miniature.

Avec Falla précisément, nous tenons la clé de cette musique abusivement cataloguée légère, secondaire car d’inspiration populaire. Falla permet et réalise l’anoblissement du folklorique justement grâce à l’intelligence et la sensibilité de son écriture vocale et pianistique ; pas d’illustratif ni de décoratif : mais l’expression juste du sentiment et de l’intime. C’est ce qui saisit immédiatement à l’écoute de ses mélodies de jeunesse / canciones de Juventud (Preludios et Dios mio, Que solos se quedan los muertos!).
Même richesse et ambivalence des registres chez Mompou encore. Ainsi, peu connus, les deux volets de « Combat del Somni » : d’un calme triste et tendre ; le premier presque le plus long du recueil (3mn25) et qui suppose une intensité doloriste sans appui forcé, proche du texte. Même subtilité de ton pour le second plus court (moins de 2mn : Jo et pressenta con la mar…), à l’allant plus liquide, léger qui convient idéalement au timbre du soprano léger.
Le programme se libère dans un lyrisme tout aussi émotionnel : « Les folles d’amour / Las locas por amor » de Turina allient ivresse, panache et couleurs, avec un dernier aigu, charnu, clair et brillant. Une écriture vive et presque délirante à laquelle répond l’agilité très évocatrice du piano (impeccable de Philippe Barbey-Lallia).

Plus rêveur, mais hypersensible,  l’élégie éternelle (« Elegía eterna ») de Granados gagne en intensité grâce à l’aigu hypercristallin et vibré de la diva, comme hallucinée par sa propre voix et ses aigus perçants. Conclusion pleine d’audace et de volonté diamantine, de tendresse éperdue, d’émotivité poétique pour un programme qui est un voyage, écrit comme un carnet de bord personnel, d’une diversité enivrante.

 

 

 

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CD, critique. GĂ©raldine Casey, soprano : ESPAĂ‘A ! Obradors, Nin, Rodrigo, De Falla, Turina, Mompou, Granados. Philippe Barbey-Lallia, piano (1cd KLARTHE enregistrement rĂ©alisĂ© en avril 2018 – Parution : avril 2019).

ENTRETIEN AVEC… MARIE VERMEULIN : Ă  propos des Schumann, Clara & Robert Schumann…

CLIC D'OR macaron 200ENTRETIEN AVEC… MARIE VERMEULIN : à propos des Schumann, Clara & Robert. A l’occasion de la sortie de son nouvel album dédié au couple Schumann, Clara et Robert Schumann (1 cd PARARY, CLIC de classiquenews de mars 2019), la pianiste française Marie Vermeulin nourrit sa propre réflexion sur l’écriture et le sens des oeuvres pour piano de chacun des auteurs. Deux sensibilités, lumineuses, ardentes, spécifiques… qui plus est, complémentaires et en affinité, qui ont formé de leur vivant un seul cœur ; et sur le plan musical, continuent de composer comme les deux faces d’une même personnalité. A partir de leurs messages secrets, décryptables d’eux seuls, dans leur musique, la pianiste dévoile les aspects d’une conversation unique, singulière… où la musique, accomplie en « formes brêves », est une mystique de l’amour, le flux naturel d’une complicité à deux voix. Dans cette constellation où les œuvres de Robert sont mieux connues, jaillit le gemme de la Romance en la mineur de Clara, déclaration et confession bouleversante… Entretien exclusif pour CLASSIQUENEWS.

 
 
 

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CLASSIQUENEWS / CNC : Quelle image avez-vous du couple SCHUMANN, humainement et artistiquement ?

Marie Vermeulin : Les écrits des deux époux sont assez éloquents, et révèlent un couple fort et uni quelques soient les évènements tragiques qu’ils aient pu traverser. Ils éprouvaient l’un pour l’autre une très grande admiration et un amour solide, qui les inspiraient et nourrissaient leurs énergies créatrices. Je pense notamment à cette phrase célèbre de Robert Schumann : « La postérité doit nous regarder comme un seul cœur et une seule âme. »
Depuis qu’est né ce projet de disque, j’ai du mal à imaginer l’un sans l’autre. Les dissocier serait finalement les amputer d’une partie d’eux-mêmes. Je crois que la musique a été pour eux le lieu d’une infinité d’échanges les plus intimes, ouvrant sur un accomplissement de leur couple, encore plus intense.

 
 
 

Clara et Robert : une conversation imaginaire…

 
 
 

CLASSIQUENEWS / CNC : Comment avez-vous conçu les pièces de ce programme ? Sur quels critères ? Comment avez-vous réalisé les enchaînements ?

Marie Vermeulin : On connait les messages voilés que s’adressaient constamment Clara et Robert Schumann à travers la musique, et il m’est apparu intéressant de recréer une conversation imaginaire entre ces deux immenses musiciens.
J’ai sélectionné des œuvres avec lesquelles j’avais eu des affinités particulières en concert, et qui me paraissaient correspondre au propos du projet. La forme brève m’a parue idéale pour souligner l’intimité de ce dialogue entre les deux époux.
Quant au choix de l’ordre des pièces, j’avais pensé à une alternance régulière, mais j’ai préféré respecter la chronologie afin d’être fidèle à leur histoire, et mieux entendre les évolutions de leurs langages.
Le dialogue se joue sur deux périodes, de jeunesse d’abord, entre les Soirées musicales de Clara, dont certains éléments thématiques seront repris par Robert plus tard, et les Scènes d’enfants de Robert , réponse des plus poétiques à un message de Clara : « Tu me fais parfois l’effet d’un enfant ! »
Après les premiers échanges de jeunesse, le dialogue se poursuit au sein de pièces plus tardives, qui mettent en évidence l’évolution de leurs styles respectifs : les Scènes de la forêt de Robert qui, dans la forme, constituent le plus merveilleux des échos aux Scènes d’enfants, augurent déjà dans le fond les heures les plus sombres du compositeur. Mais l’évolution de langage est surtout remarquable dans la Romance en la mineur, composée par Clara pour Robert, véritable chef-d’œuvre de maturité qui vient ici clôturer l’échange tel un adieu.

 
 
 
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CLASSIQUENEWS / CNC : Distinguez-vous des spĂ©cificitĂ©s entre l’Ă©criture de Robert et de Clara ? Des influences, des filiations entre les deux ?

Marie Vermeulin : Malgré leur proximité intellectuelle et physique, on perçoit bien deux esthétiques très différentes. Le style de Clara Wieck-Schumann est assez original, se distinguant par un grand lyrisme, souvent teinté de nostalgie. On sent aussi une grande force, une autorité et une aisance naturelles, révélées tantôt par une virtuosité affirmée, tantôt par des modulations audacieuses.
Le langage de Robert me semble quant à lui nourri par un imaginaire poétique et littéraire, animé de « personnages » contrastés, qu’il met en scène avec une simplicité dont lui seul a le secret.
Mais chez les deux époux, on retrouve une énergie créatrice de même nature et de même importance, un besoin vital d’être tout entier dans la musique.
Les filiations et influences sont réciproques ; ainsi, lorsque l’on écoute une œuvre d’un des deux compositeurs, le second n’est jamais très loin, figurant en filigrane dans la musique, par des citations, des allusions, des messages cachés…
On pense souvent au couple Schumann en se reprĂ©sentant Robert en compositeur et Clara en muse pianiste. J’ai pris le parti dans ce projet de considĂ©rer les deux musiciens comme deux compositeurs pianistes, se dĂ©finissant chacun par un univers musical spĂ©cifique, mais enrichi de la proximitĂ© et de la complicitĂ© de l’autre et de la force du couple.

 
 
 

CLASSIQUENEWS / CNC : Comment caractĂ©riser le flux musical de Robert Schumann ? Entre Florestan et EusĂ©bius ? Comment l’interprète rĂ©ussit-il Ă  concilier les deux directions et caractères ?

Marie Vermeulin : L’œuvre de Schumann est une musique de l’instant, qui se lit comme un poème jaillissant directement de l’imaginaire du compositeur. Souvent d’ailleurs tout est dit en quelques notes, et c’est pour cette raison que la forme brève lui va si bien.
Mais c’est toute la difficulté de l’interprétation que d’entrer immédiatement dans la justesse du ton, en lui donnant le cadre propice, et de savoir changer instantanément d’ambiance et de climat.
J’ai imaginé ces petites scènes en essayant d’être à la fois l’acteur qui joue la scène, en se mettant dans la peau de différents personnages, et le metteur en scène qui leur donne un cadre. Ce dédoublement de personnalité est finalement assez Schumannien !

 
 
 

CLASSIQUENEWS / CNC : On sait que Clara Ă©tait une pianiste – plus cĂ©lèbre encore que Robert. Comment dĂ©finiriez-vous le pianisme de Clara (technique, inspiration, dĂ©veloppement formel… ?

Marie Vermeulin : On sent indéniablement en jouant l’œuvre de Clara Schumann que celle-ci était pianiste, et une pianiste extrêmement douée, virtuose et passionnée. On relève clairement la difficulté d’exécution de certains passages, des audaces dans les déplacements notamment, qu’elle réussissait sans doute à jouer. Cela laisse supposer qu’elle était dotée de grandes mains, alliées d’une souplesse et d’une agilité hors du commun.
Formée par son père, grand pédagogue qui lui inculque toutes les ressources de l’harmonie,
Clara ose dans ses compositions des accords hardis, et des modulations inattendues.
Ses œuvres pianistiques de jeunesse notamment semblent s’inspirer beaucoup de Mendelssohn, et plus encore de Chopin : avec son thème « rubato » à trois temps, son expressivité pudique et tragique à la fois, la mazurka en sol mineur des Soirées musicales pourrait même être considérée comme un superbe hommage à Frédéric Chopin.

Propos recueillis en avril 2019.

Illustrations : © William Beuacardet

 
 
   
 
 

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SCHUMANN clara cd critique review cd annonce classiquenews Paraty_219218_Vermeulin_Schumann_HM_COUVLIRE aussi notre critique du cd CLARA et ROBERT SCHUMANN par Marie Vermeulin, piano (1 cd PARATY) – CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2019. « L’acuitĂ© du propos, l’enivrement poĂ©tique, la courbure rythmique, cette passion qui coule comme une eau trĂ©pidante et nerveuse… s’entendent ici de l’une Ă  l’autre crĂ©ateur/trice. Marie Vermeulin exploite et explore les resources expressives du piano viennois Bösendorfer 280. Le couple incarne un idĂ©al artistique et humain, malheureusement fauchĂ© par la maladie psychique de l’époux et complice… »

https://www.classiquenews.com/cd-annonce-clara-robert-schumann-marie-vermeulin-piano-1cd-paraty-2018/

 
 
   
 
 

OPERA FUOCO : Die Stumme Serenade

David Stern et Opera Fuoco à ShanghaiLEVALLOIS-P. OPERA FUOCO, le 11 mai 2019 : KORNGOLD : Die Stumme Serenade, création française. Opera Fuoco / David Stern confirme son geste convaincant, défricheur dans l’exhumation de purs joyaux lyriques. Une source de découverte pour le public, un moyen concret de professionnalisation pour la troupe de jeunes tempéraments coachés par David Stern, et prêts à relever les défis de nouveaux ouvrages. Chanter, jouer, surtout articuler un texte : voilà les ressorts d’une réussite musicale que CLASSIQUENEWS a peu à peu suivi et distingué. La compagnie OPERA FUOCO est une équipe de chanteurs et aussi un orchestre (sur instruments anciens) : deux piliers pour une relecture prometteuse des ouvrages choisis par David Stern (VOIR notre reportage dédié à Opéra Fuoco, de Shanghai à Paris : Mozart, Haendel )… Ce 11 mai 2019 est donc une date incontournable pour le mélomane et l’amateur de nouvelles voix comme d’ouvrages peu connus.

Dernier joyau de l’opérette viennoise
Est-ce un opéra ? Une opérette ? Ou une comédie musicale ? Rien de tel : DIE STUMME SERENADE incarne un genre qui lui est propre, dernières floraisons de la grande tradition de l’opérette viennoise.
Amour brĂ»lant, sĂ©rĂ©nades nocturnes, enlèvements, attentats Ă  la bombe et haute couture emballĂ©s dans une grande vague de musique brillante. DIE STUMME SERENADE est un joyau oubliĂ© de la riche Ĺ“uvre d’Erich Wolfgang Korngold. On y voit comment le roi de la mode napolitaine Andrea CoclĂ© – entourĂ© de son harem de mannequins – sacrifie tout, pour l’amour d’une femme. Une femme qui est malheureusement mariĂ©e Ă  la personne la plus influente du pays… Des bombes sont placĂ©es sous des lits et des criminels sont exposĂ©s. Et tandis que le champagne coule Ă  flot aux sons envoĂ»tants de l’orchestre, nous assistons Ă  la façon dont l’amour coĂ»te presque la tĂŞte Ă  CoclĂ©. Sera-t-il graciĂ©, ou est-ce une mort cruelle par un peloton d’exĂ©cution qui l’attend ? Quand amour et politique se croisent, quel est le victorieux…

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KORNGOLD : DIE STUMME SERENADEboutonreservation
Compagnie OPERA FUOCO
Samedi 11 Mai 2019 Ă  20h30
Levallois, Salle Ravel
33, rue Gabriel Péri
92300 Levallois-Perret

Métro : Anatole France (ligne 3)
+ d’infos : informations & réservation sur le site OPERA FUOCO / David Stern
http://operafuoco.fr


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OPERA FUOCO

Atelier lyrique:
Sylvia Lombardi – Dania El Zein
Andrea Coclè – Olivier Bergeron
Louise – Julie Goussot
Margherita – Natalie Perez
Emilie – Justine Vultaggio
Pauline – Alexia Macbeth Sam – Olivier Gourdy
Caretto – Louis Roullier Premier Ministre Lugarini – Marco Angioloni

Orchestre:
Katharina Wolff – violon
Petr Ruzicka – violon
Jérôme Huille – violoncelle
Jean Bregnac – flûte
Clément Caratini – clarinette/saxophone
Didier Plisson – Percussions
Stéphane Petitjean – piano
Charlotte Gauthier – piano/célesta
Direction – David Stern

CIE WINTERREISE
Olivier DhĂ©nin – mise en scène, dramaturgie et scĂ©nographie
Anne Terrasse – lumière
Hélène Vergnes – costumes
Nina Pavlista – chorégraphie
Thibaut Lunet – régie artistique
André Tallon – Assistanat à la mise en scène
Lou Bounnaudet – Assistanat au costume & broderie
Justine Baron, Livia Jouan, Héloïse Fizet – atelier décor
Léa Dernet, Mathis Dondet, Florence Metzinger – atelier costume
Sandra Basso – répétitrice théâtre

Livre Ă©vĂ©nement, critique. COMPOSITRICES, l’égalitĂ© en acte (Ă©ditions CDMC – MF, fĂ©vrier 2019)

compositrices-egalite-en-acte-livre-critique-classiquenews-MF-actualites-musqiue-classique-opera-festivals-concerts-infos-classiqueLivre, critique. COMPOSITRICES, l’égalitĂ© en acte (Ă©ditions CDMC – MF, fĂ©vrier 2019). Elles sont cinquante-trois compositrices rassemblĂ©es dans un ouvrage qui a pour ambition de promouvoir « L’égalitĂ© en acte » (1). ReprĂ©sentant plus de vingt nationalitĂ©s, elles ont pour point commun d’exercer leur art en France. Leurs tĂ©moignages sont prĂ©cĂ©dĂ©s d’une trentaine de contributions de musicologues, historiens et journalistes, autant d’éclairages d’une très grande richesse, Ă  la mesure de la complexitĂ© du sujet. Une douzaine de ces compositrices sont venues tĂ©moigner de leur vĂ©cu, le 12 fĂ©vrier dernier, lors de la confĂ©rence de prĂ©sentation du livre, en prĂ©lude au festival PrĂ©sences de Radio-France. La Critique livre par notre rĂ©dacteur MARCEL WEISS.

Bien prĂ©sentes, comme nombre de leurs consoeurs dans l’auditoire, venues dĂ©crire un combat pour l’égalitĂ© amorcĂ© dès l’aube de l’humanitĂ© ou presque, Ă  en croire Jacques Amblard, de la mythique Sappho de Lesbos Ă  Kaija Saariaho, atteignant enfin – de son vivant – une reconnaissance planĂ©taire. Une « conquĂŞte en dents de scie », rĂ©sume-t-il, rappelant le propos ironique de Virginia Woolf en 1929 : « Monsieur, une femme qui compose est semblable Ă  un chien qui marche sur les pattes de derrière. Ce qu’il fait n’est pas bien fait. Mais vous ĂŞtes surpris de le voir faire ».
Au hasard de ce parcours, l’on croise Hildegarde de Bingen, Francesca Caccini, Barbara Strozzi, Elisabeth Jacquet de La Guerre, Fanny Mendelssohn, Clara Schumann, Augusta Holmès, Lily Boulanger, etc. Encore a-t-il fallu, comme le souligne Jacques Amblard, que sâ€exercent des protections familiales ou sociales, pour qu’elles soient reconnues mĂ©diatiquement.

Où sont les compositrices ? »

Etape emblématique de cette tardive reconnaissance, le premier Prix de Rome, obtenu en 1904 par Hélène Fleury-Roy, au terme de débats houleux, comme nous le rappelle Florence Launay, auteure en 2006 d’une thèse fondamentale sur « Les Compositrices en France au XIXe siècle » (2). Un demi-siècle après l’admission en 1850 des femmes dans les classes de composition du Conservatoire de Paris, censé prôner la mixité depuis sa création en 1795. Siècle d’une relative floraison de compositrices, selon Florence Launay, le XIXe siècle voit accéder à un statut professionnel une vingtaine d’entre-elles, de Pauline Viardot aux sœurs Boulanger. Les chefs des sociétés de concert parisiennes n’hésitent pas à programmer les œuvres de femmes, de Cécile Chaminade à Augusta Holmès et Henriette Renié. Les critiques contemporains soulignent volontiers la qualité des œuvres jouées, même si de temps en temps émergent encore des apartés sexistes, comme chez cet auteur de La France musicale à propos de Louise Farrenc : « Il est rare de trouver chez une femme autant de vigueur et d’intelligence dans la combinaison des effets. » Et pourtant, la qualité des œuvres de ces dames pèsera de peu de poids dans le jugement des musicologues fin-de-siècle, entièrement voués au culte des génies romantiques, forcément masculins. D’où l’occultation dans l’histoire de la musique des compositrices, dénoncée par Florence Launay.
Mais comment les appeler, ces « professionnelles de la double-croche » comme les désignait avec dédain un chroniqueur du XIXe siècle ? Il faut attendre 1847, rappelle David Christoffel, pour qu’un musicologue, Adrien de La Fage, suggère de remplacer l’appellation dévalorisante de femme compositeur par compositrice ; un titre repris avec réticence et le plus souvent encore placé entre guillemets jusqu’à la fin du XIXe siècle, et encore contesté dans les années 1970, jugé même laid, à en croire Michèle Reverdy qui préférait pour sa part proclamer : « Je suis compositeur ». Volonté également d’être
reconnues comme des compositeurs à part entière et non comme des amateurs juste capables d’écrire des « œuvres de femmes ».
Au-delà de l’interrogation sur l’appellation idéale, la question du statut des compositrices constitue le thème essentiel de l’ouvrage. « Où sont les femmes ? » titrait une brochure de la SACD, rassemblant de 2012 à 2016 les données sur la parité entre créateurs et créatrices. Une égalité entre hommes et femmes consacrée Grande cause nationale pour le quinquennat 2017-2022. Aujourd’hui, les compositrices ne représentent que 10% de la profession et leurs œuvres atteignent à peine 1% des programmations musicales. David Verdier dresse le constat de leur sous-représentation dans le secteur musical, en tant qu’interprètes et plus encore dans les postes de direction. Significative également, la présence encore trop discrète, en termes de candidatures, des compositrices dans les commandes musicales d’Etat : de 11% ces vingt dernières années, le taux n’est passé qu’à 16% entre 2015 et 2017, malgré un pourcentage encourageant de 45% de commandes obtenues. 

La surreprĂ©sentation fĂ©minine dans les catĂ©gories « installation sonore » et « Ă©lectroacoustique » – 13% des commandes, alors que la moyenne globale est de 6% – est le reflet de l’engouement des compositrices pour un nouveau territoire explorĂ© dans les premiers studios de musique concrète, une terra incognita, selon l’expression de Michèle Tosi, leur permettant « de concevoir la musique dĂ©livrĂ©e du poids de la tradition et des codes culturels qui la rĂ©gissent ».

Dans le prĂ©cĂ©dent opus du CDMC – « 40 ans de crĂ©ation musicale » (3) – Betsy Jolas constatait qu’elle Ă©tait le seul compositeur Ă  ne pas voir mentionnĂ©e en 1966 dans un programme du Domaine musical sa date de naissance… Signe des temps, c’est chose faite dans ce livre, comme pour toutes les autres. Plus que des biographies, ces cinquante-trois portraits de musiciennes s’attachent Ă  dĂ©crire leur univers artistique, singulier, et proprement inouĂŻ. Il n’y est jamais question de militantisme, et pourtant l’on perçoit dans chacun de ces parcours un combat opiniâtre pour prendre sa place dans le monde de la musique contemporaine. Comme l’affirme Clara Iannotta, forte de sa double expĂ©rience de compositrice et de directrice de festival, « Ce n’est pas aux femmes compositrices de militer pour trouver leur place, ce sont les directeurs d’institutions qui doivent faire leur travail un peu plus sĂ©rieusement ! »
Des compositrices et des musicologues ont pourtant relevĂ© ce dĂ©fi en crĂ©ant en 2013 l’association Plurielles 34, prĂ©sidĂ©e par Sophie Lacaze, attachĂ©e Ă  veiller Ă  la promotion de la crĂ©ation fĂ©minine. Notamment dans tous les secteurs oĂą – pour reprendre l’expression de BĂ©atrice Thiriet – « les femmes sont considĂ©rĂ©es comme des invisibles », celui de la musique de film dans son cas, celui des musiques improvisĂ©es et du jazz pour JoĂ«lle LĂ©andre, et quasiment pour toutes les mondes de la composition – pour preuve, la raretĂ© des classes tenues par des femmes – et de la musique contemporaine. « J’ai appris dans mes annĂ©es de conservatoire que seuls les hommes devenaient compositeurs » se remĂ©more Agnès Poisson qui, comme une vingtaine des compositrices prĂ©sentĂ©es dans ce livre, a choisi la musique concrète et l’électroacoustique comme l’espace de crĂ©ation idĂ©al oĂą travailler le matĂ©riau son directement, sans intermĂ©diaire, un espace devenu la chambre Ă  soi chère Ă  Virginia Woolf, oĂą l’on devient enfin « maitre de son temps », se fĂ©licite Annette Vande Gorne.
Une maitrise toute relative lorsque l’on choisit de mener de front carrière professionnelle et vie familiale. Betsy Jolas se souvient de ses débuts où il fallait essayer
d’être « tout à la fois épouse, mère et compositeur, et chose plus difficile encore à l’époque, femme-compositeur ».

CLIC D'OR macaron 200Etre une femme et composer : dans un mémoire de fin d’études, Pascale Lazarus assumait pleinement cette double identité, avec toutes ses contradictions, en déclarant que « créer, c’est tricoter son être ». Avec la volonté d’affirmer sa personnalité et sa féminité « en passant outre la censure imposée par le stéréotype », qui oblige à masquer tout signe de féminité pour défendre chaque projet : « Plus que la compositrice, ce sont les signes de la féminité qu’il faut camoufler ». Pour Diana Soh, forte de sa double identité de mère et compositrice, chaque note est une victoire : « J’ai besoin d’exister, et j’existe parce qu’il y a une note sur la page ».
Une identité duelle, vécue comme une force créatrice et non comme un handicap. Ambroise Thomas, déjà, disait de Cécile Chaminade : « Ce n’est pas une femme qui a composé, mais un compositeur qui est femme. » Comme un écho, Donatoni, un siècle plus tard, déclare, au vu des premières compositions de Lara Morciano : « Tu n’écris pas une musique de femme ». Des compliments pour le moins ambigus, pour peu que l’on essaye de les transposer dans un mode masculin. Le chemin vers l’égalité est encore long. Marcel WEISS.

 

 

 

 

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(1) Compositrices, l’égalité en acte. Centre de documentation de la musique contemporaine. Editions MF, collection Paroles. 2019

(2) Publiée sous le titre Les compositrices en France : XIXe-XXe siècles. Editions Fayard, 2006

(3) La mémoire en acte. Quarante ans de création musicale. CDMC/Editions MF. 2017

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Livre événement, critique. COMPOSITRICES, l’égalité en acte (éditions MF, février 2019). Parution le 12 février 2019 – 488 pages. Ouvrage collectif / CLIC de CLASSIQUENEWS

LIRE aussi notre annonce du livre L’égalité en actes / CDMC
http://www.classiquenews.com/livre-annonce-compositrices-legalite-en-acte-editions-mf-fevrier-2019/

COMPTE RENDU, opéra. VENISE, La Fenice, nov 2013. MEYERBEER : L’Africaine, Kunde, Vuillaume

fenice-africana vuillaume pratt kunde critique opera review opera concert classiquenewsCOMPTE RENDU, opĂ©ra. VENISE, La Fenice, nov 2013. MEYERBEER : L’Africaine, Kunde, Vuillaume. VENISE, NOVEMBRE 2013. Après Les Huguenots, – tragĂ©die sur l’intolĂ©rance humaine, la barbarie des fanatiques, Scribe et Meyerbeer s’attèlent Ă  leur nouvel opĂ©ra en 1837, sur le thème de l’étrangère, Ă  partir de la figure historique et exotique de Vasco de Gama. Les auteurs ciblent en particulier la dĂ©couverte du Nouveau Monde puis son exploitation mĂ©thodique par les colons europĂ©ens. Le sujet est mordant, la mise en forme, ambitieuse… Le compositeur n’oublie pas l’alibi de la violence dominatrice, son corolaire religieux, puisque Ă  travers l’Inquisiteur, c’est le fanatisme qui est bien Ă©pinglĂ© aussi. Meyerbeer devra patienter cependant, tentĂ© par d’autres ouvrages prĂ©alables qui passent par le genre « comique » et lĂ©ger : L’Etoile du Nord et Dinorah. Puis Scribe meurt en 1861, et lui-mĂŞme dĂ©cède en 1864 quand la partition de L’Africaine est achevĂ©e et mise en rĂ©pĂ©titions. Les coupures et refondations que le compositeur savait orchestrer n’ont pas lieu : il nous lègue une version plus que complète, parfois indigeste, dans laquelle tous les chefs peuvent opĂ©rer des tailles salvatrices. Car la crĂ©ation en 1865 – l’annĂ©e de la crĂ©ation de Tristan de Wagner, c’est FĂ©tis qui a rĂ©agencĂ© l’œuvre de Meyerbeer, sans guère d’unitĂ©, quitte Ă  la rendre justement trop copieuse.
Emmanuel Villaume tout en raccourcissant, a préservé le souffle vital de l’orchestre, acteur du drame : l’ouverture et les préludes des actes III et IV en témoignent. Ailleurs, l’activité permanente du chant symphonique honore la réputation de Meyerbeer et l’on comprend que le symphoniste Wagner, ait tant admiré l’allure des opéras de Giacomo (fût-il juif.…). Quand on sait l’antisémitisme du compositeur, l’adoration n’est pas neutre. Mais Wagner n’en est pas à sa première contradiction, adulant et défendant le chef créateur de Parsifal, lui aussi juif, Hermann Lévi (1882). De fait, il faut un vrai chef capable d’éclairer les couleurs de la partition qui brille par son orchestration raffinée.

Dans cette version édulcorée, repensée par le chef, on peut aisément mesurer le génie de Meyerbeer, puissant créateur dans le genre du grand opéra à la française, où à un quatuor vocal solide, répond la fougue murmurée, rugissante de l’orchestre, la part léonine des chœurs omniprésents (chœur des femmes du III)… Ainsi l’acte III cumule les effets des plus contrastés tel un catalogue de rebondissements éclectiques (prière des marins, tempête, guerre maritime, enfin… massacre).

La Fenice peut s’enorgueillir de présenter telle lecture du dernier sommet lyrique de Meyerbeer quand Paris hésite à le produire malgré des possibilités … solides. Préférant Verdi et Puccini aux joyaux du patrimoine romantique et français.

Le Nelusko de Angelo Veccia est très crédible, vocalement agile, dramatiquement intelligent : le geste est entier et la voix sombre. Inès voit son profil de victime, ciselé par Jessica Pratt, au timbre charnu et aux aigus jamais contraints. Selika, elle aussi éprise de Gama, trouve en Veronica Simeoni, une personnalité de poids, elle aussi, en rien, décontenancée par les milles rudesses et épreuves qu’infligent sa partition : sa nature est loyale et déterminée jusqu’à son sacrifice final. Car il y faut de la souplesse expressive dans l’aigu comme dans le grave… En Vasco de Gama, Gregory Kunde séduit par la franchise et la sincérité d’une voix à présent mûre mais qui a conservé son impact et son intensité, une clarté qui sert l’intonation et l’articulation.

Meyerbeer a conçu un grand spectacle sans sacrifier les voix ni la crĂ©dibilitĂ© des situations (le grand septuor de l’acte II, ;le duo de Vasco et Selika au IV, empruntĂ© Ă  celui de Valentine / Raoul des Huguenots ; berceuse de SĂ©lika ; « Ô Paradis » de Vasco, …). Cette Afrique a tout de l’Inde : dont les rives furent rejointes par l’explorateur Vasco de Gama. Las, sur scène, on regrette une confusion qui gĂŞne l’éclat des profils (superbes, affrontĂ©s comme la confrontation des deux hĂ©roĂŻnes rivales Ă  l’acte V), la pertinence des thĂ©matiques dĂ©noncĂ©es par les auteurs. MalgrĂ© son titre, l’action se dĂ©roule dans une contrĂ©e aux vagues rĂ©fĂ©rences hindouistes (ces « africains » adorent Brahma). Une meilleure attention aux Ă©quilibres entre tableaux collectifs et prières ou impuissances individuelles eĂ»t Ă©tĂ© profitable. NĂ©anmoins, l’expĂ©rience tentĂ©e par La Fenice rend justice Ă  un opĂ©ra parmi les plus saisissants et touchants de Meyerbeer : les interludes avec projection vidĂ©o d’images affligeante du colonialisme esclavagiste tĂ©moigne de la rĂ©alitĂ© barbare Ă  l’époque de Gama, car Meyerbeer, tout pompeux qu’il soit, n’en a pas perdu son sens militant et humaniste. Reste qu’une version rĂ©visĂ©e, Ă©quilibrĂ©e est toujours Ă  prĂ©senter. Cette production vĂ©nitienne offre une belle fondation Ă  ce travail futur. Repris Ă  Paris ? – oĂą l’Africaine n’a pas Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©e depuis 1902. A voir indiscutablement.

 

 

 

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COMPTE RENDU, opéra. VENISE, La Fenice, nov 2013. MEYERBEER : L’Africaine, Kunde, Vuillaume.

Giacomo Meyerbeer : L’Africaine
Opéra en cinq actes, livret d’Eugène Scribe
Création posthume, à Paris, salle Le Pelletier, le 28 avril 1865
Nouvelle production de la Fondation Teatro La Fenice
Pour le 150è anniversaire de la mort de Giacomo Meyerbeer

Emmanuel Villaume, direction
Mise en scène : Leo Muscato

Ines : Jessica Pratt
Vasco de Gama : Gregory Kunde
Nelusko : Angelo Veccia
Selika : Veronica Simeoni
Le Grand PrĂŞtre de Brahma : Ruben Amoretti
Don Pedro : Luca Dall’Amico
Don Diego : Davide Ruberti

Orchestre et chœur du Théâtre de La Fenice
Chef du chœur : Claudio Marino Moretti
Filmé en novembre 2013.

VIDEO, TEASER CD événement. QUATUOR OPUS 333 : SUSPIROS DE ESPANA (1 cd Klarthe)

opus 333 sospiros de espana cd presentation critique classiquenewsCD événement, annonce. QUATUOR OPUS 333 : SUSPIROS DE ESPANA (1 cd Klarthe). Voilà déjà 10 ans que les quatre instrumentistes d’OPUS 333 enrichissent toujours et encore leur répertoire, taillé sur mesure, à force de transcriptions et arrangements d’une exceptionnelle expressivité. Jouer quatre instruments identiques (tubas ou saxhorns), n’est pas sans poser de sérieux défis techniques et sonores : mais la cohérence de la démarche, l’entente complice de chacun, la personnalité aussi de chaque interprète réussissent ce nouvel album entièrement dédié à l’Espagne, celle colorée et scintillante de Albeniz et Granados, sans omettre Falla, aux côtés du plus hispaniques des Français (qui ne mit jamais les pieds en terres ibériques) : Bizet.

Opus 333 dĂ©montre qu’il est possible de réécouter des standards musicaux que l’on croyait connaĂ®tre grâce Ă  un jeu ciselĂ©, … Ă  l’écoute et aux jeux dialoguĂ©s en partage. Et le ton est donnĂ© dans le titre mĂŞme : « Sospiros de España » / CLIC D'OR macaron 200soupirs d’Espagne : d’après Alonso, la pièce maĂ®tresse de cette nouvelle collection d’arrangements cultive en une ambivalence captivante, la volutpĂ© oublieuse et mĂ©lancolique et le panache racĂ© le plus assumĂ©. Somptueuse audace artistique, dĂ©fendue par quatre tempĂ©raments musiciens. CD Ă©vĂ©nement. CLIC de CLASIQUENEWS de mars 2019. Grande critique Ă  venir dans la mag cd dvd livres de CLASSIQUENEWS.

 

 

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VISITEZ aussi le site du QUATUOR OPUS 333, 4 saxhornistes – fondĂ© en 2009
http://www.opus333.com

 

 

opus 333 quatuor saxhorns critique cd annonce concerts festivals classiquenews

 

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VISITEZ AUSSI le site du label KLARTHE records, reconnu par CLASSIQUENEWS par sa dĂ©marche exemplaire comme tremplin des jeunes solistes audacieux, des formations françaises…
http://www.klarthe.com/index.php/fr/enregistrements/suspiros-de-españa-detail

 

 

CD, critique. BERLIOZ : Harold en Italie / Les Nuits d’étĂ© (Zimmermann, Degout, Les Siècles / FX Roth – 1 cd Harmonia Mundi, 2018).

BERLIOZ nuits d ete harold en itlaie les siecles roth zimmermann cd review critique cd par classiquenews musique classique news clic de classiquenews 3149020936825CD, critique. BERLIOZ : Harold en Italie / Les Nuits d’étĂ© (Zimmermann, Degout, Les Siècles / FX Roth – 1 cd Harmonia Mundi, 2018). D’emblĂ©e, s’impose Ă  nous, le souffle Ă  l’échelle du cosmique, exprimant ce grand dĂ©sir de Berlioz de faire corps et de communiquer avec une surrĂ©alitĂ© spectaculaire, Ă  la mesure de sa quĂŞte idĂ©aliste. De telle vision conduisent l’orchestre en un parcours expĂ©rimental que le collectif sur instruments anciens, Les Siècles concrĂ©tise avec une rigueur instrumentale bĂ©nĂ©fique ; l’attention et la prĂ©cision continue du chef fondateur François Xavier Roth font merveille dans une partition inclassable : poème symphonique et concerto pour alto, opĂ©ra pour instrument : chaque mesure soliste est ciselĂ©e, creusĂ©e, habitĂ©e ; chaque couleur harmonique intensifiĂ©e… en un cycle de visions superlatives qui placent d’abord le geste instrumental au cĹ“ur d’une vaste dramaturgie orchestrale.
Dans le I d’Harold (« aux montagnes : mélancolie, bonheur et joie »), le héros / alto s’alanguit, s’enivre, affirmant à l’orchestre prêt à le suivre, ses élans, ses désirs, sa profonde nostalgie (l’Italie reste malgré un contexte médicéen difficile pour Hector,jeune pensionnaire de la villa Medicis à Rome, la source finale d’un grand bonheur artistique). Le premier mouvement du cycle orchestral nuance cet état d’enivrement personnel et un rien narcissique, auquel la vitlalité fruitée de l’orchestre d’instruments d’époque, apporte un soutien palpitant et même électrisée (bien dans la mouvance de l’euphorie révolutionnaire de la Fantastique).
Tout ce premier tableau exprime la facilité du héros (Hector lui-même) à s’enivrer de son propre désir et de son propre rêve, de manière échevelée et éperdue. La fusion sonore entre la soliste (Tabea Zimmermann, qui ne tire jamais la couverture à elle) et de l’orchestre est jubilatoire ; offrant cette extase instrumentale millémétrée, emblème captivant du génie berliozien, divin orchestrateur, alchimiste des couleurs.

Harold captivant, suractif…

150 ans de la mort de BERLIOZLe II permet l’apaisement après la première décharge collective : marqué par la marche des pèlerins dans cette même campagne italienne, Berlioz en capte la douce et pénétrante sérénité crépusculaire : la sobriété, le naturel font la saveur de cette « pause » qui berce par le chant orchestral en béatitude, sur lequel l’alto étire ses longues caresses rassérénées, comme l’écho aux accents des cors enveloppants. Roth respecte à la lettre l’indication « allegretto », allant, léger, veillant à la transparence malgré le chant instrumental là encore d’une grande richesse. L’alto bercé, s’hypnotise, s’enivre dans la paix murmurée : là encore louons l’intonation très juste et foncièrement poétique de Tabea Zimmermann.Soliste et chef adoptent de concert et en complicité un tempo de marche noble et tranquille, à l’énoncé final arachnéen d’une finesse irrésistible.
La volupté du désir amoureux n’est jamais loin chez Berlioz : en témoigne l’épisode III : la Sérénade d’un montagnard des Abruzzes… lui aussi languissant, dans le désir et donc l’attente (pas la frustration) : le caractère rustique se déploie dans le frottement des timbres d’époque, en un élan plein d’espoir (et de promesses pour l’amoureux éperdu ?) : bavard, assez terne dans l’écriture, le tableau pourrait être le moins intéressant : c’était oublié l’hyperactivité des instruments dont on loue encore l’équilibre sonore.
Mordant, le geste de Roth éclaire comme jamais la langueur plus incisive et presque douloureuse de l’orgie de brigands, dont l’énoncé premier sera réutilisé dans le Requiem… de plus en plus syncopé, le flux se fait nerveux, idéalement profilé, jusqu’à la transe collective qui évoque son opéra Benvenuto Cellini et tant d’évocations italiennes ; cette orgie confine au cauchemar dans ses à-coups trépidants, électriques ; ses résurgences symphoniques à la coupe shakespearienne. Brillant, mordant, incisif, d’une finesse permanente, l’orchestre fait mouche dans ce festival de couleurs et d’accents symphoniques.

… mais tristes Nuits

On reste moins convaincus par Les Nuits d’été dans la version pour baryton qu’en offre Stéphane Degout : l’émission manque de naturel, vibrée, comme maniérée (la ligne vocale manque d’équilibre et de continuité, avec des aigus étrangement couverts mais nasalisés, des fins de phrases effilochées, détimbrées…), et dans une prise de son surprenante, qui semble superposer la voix SUR l’orchestre, plutôt comme fusionné avec lui. Pourtant, Les Siècles dévoilent là encore, une suractivité instrumentale réjouissante, faisant de ses Nuits d’été, un voyage d’extase, de ravissement, de plénitude sensoriel, d’une tension inouïe.
Pourtant le choix d’un chanteur masculin s’avère juste dans l’énoncé des poèmes, renforçant l’impression de prise à témoins du public (« Ma belle est morte » / Lamento, « Sur les lagunes » ; »Reviens, reviens ma bien aimée », dans « Absence » ; L’île inconnue…). Avec un autre soliste plus simple dans le style et l’articulation du français, nous tenions là une version superlative.
Nos réserves s’agissant des Nuits d’été ne retire rien à l’excellente lecture d’Harold dont la texture instrumentale et la réalisation expressive produisent une lecture de référence : voilà qui atteste l’apport indiscutable des instruments d’époque dans le répertoire berliozien, et l’on s’étonne que toujours aujourd’hui, prédomine la tenue plus brumeuse et moins caractérisée des orchestres modernes pour Hector comme pour le romantisme français en général.

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CLIC_macaron_20dec13CD, Ă©vĂ©nement critique. BERLIOZ : Harold (soliste : Tabea Zimmermann, alto), Nuits d’étĂ© (soliste : StĂ©phane Degout) – (Les Siècles, François-Xavier Roth – 1 cd HM Harmonia Mundi). Enregistrements rĂ©alisĂ©s en aoĂ»t 2018 (Les Nuits d’étĂ©, Alfortville) et mars 2018 (Paris, Philharmonie).

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APPROFONDIR

LIRE AUSSI notre grand dossier HECTOR BERLIOZ 2019 :

BERLIOZ 2019 : dossier pour les 150 ans de la mort

berlioz-150-ans-berlioz-2019-dossier-special-classiquenewsBERLIOZ 2019 : les 150 ans de la mort. 2019 marque les 150 ans de la mort du plus grand compositeur romantique français (avec l’écrivain Hugo et le peintre Delacroix) : Hector Berlioz. Précisément le 8 mars prochain (il est décédé à Paris, le 8 mars 1869). Triste anniversaire qui comme ceux de 2018, pour Gounod ou Debussy, ne lève pas le voile sur des incompréhensions ou des méconnaissances mais les augmentent en réalité ; car les célébrations souvent autoproclamées et pompeuses, n’apportent que peu d’avancées pour une juste et meilleure connaissance des intéressés. Qu’ont précisément apporté en 2018, les anniversaires Gounod et Debussy ? Peu de choses en vérité, sauf venant de la province, soit disant culturellement plus pauvre et moins active que Paris : voyez Le Philémon et Baucis, joyau lyrique du jeune Gounod révélé par l’Opéra de Tours / fev 2018 ; et le Pelléas et Mélisande de Debussy désormais légendaire du regetté Jean-Claude Malgoire à Tourcoing / mars 2018… LIRE notre grand dossier Hector Berlioz 2019

 

 

CD événement, annonce. QUATUOR OPUS 333 : SUSPIROS DE ESPANA (1 cd Klarthe)

opus 333 sospiros de espana cd presentation critique classiquenewsCD événement, annonce. QUATUOR OPUS 333 : SUSPIROS DE ESPANA (1 cd Klarthe). Voilà déjà 10 ans que les quatre instrumentistes d’OPUS 333 enrichissent toujours et encore leur répertoire, taillé sur mesure, à force de transcriptions et arrangements d’une exceptionnelle expressivité. Jouer quatre instruments identiques (tubas ou saxhorns), n’est pas sans poser de sérieux défis techniques et sonores : mais la cohérence de la démarche, l’entente complice de chacun, la personnalité aussi de chaque interprète réussissent ce nouvel album entièrement dédié à l’Espagne, celle colorée et scintillante de Albeniz et Granados, sans omettre Falla, aux côtés du plus hispaniques des Français (qui ne mit jamais les pieds en terres ibériques) : Bizet.

Opus 333 dĂ©montre qu’il est possible de réécouter des standards musicaux que l’on croyait connaĂ®tre grâce Ă  un jeu ciselĂ©, … Ă  l’écoute et aux jeux dialoguĂ©s en partage. Et le ton est donnĂ© dans le titre mĂŞme : « Sospiros de España » / CLIC D'OR macaron 200soupirs d’Espagne : d’après Alonso, la pièce maĂ®tresse de cette nouvelle collection d’arrangements cultive en une ambivalence captivante, la volutpĂ© oublieuse et mĂ©lancolique et le panache racĂ© le plus assumĂ©. Somptueuse audace artistique, dĂ©fendue par quatre tempĂ©raments musiciens. CD Ă©vĂ©nement. CLIC de CLASIQUENEWS de mars 2019. Grande critique Ă  venir dans la mag cd dvd livres de CLASSIQUENEWS.

 

 

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Operavision : PONCHIELLI, La Gioconda (Bruxelles, La Monnaie, 2019)

gioconda-joconde-vinci-ponchielli-opera-annonce-critique-opera-classiquenewsINTERNET. OPERAVISION : Jusqu’au 11 aoĂ»t 2019. PONCHIELLI, La Gioconda. Intrigues en sous main, complots et rivalitĂ©s, La Gioconda (qui aurait pu donner son nom au portrait de Leonardo da Vinci) souligne le sens de l’honneur et du sacrifice d’une jeune femme harcelĂ©e et torturĂ©e qui Ĺ“uvre pour sauver et l’homme qu’elle aime (Enzo Grimaldo), et la femme que ce dernier affectionne (Laura Adorno. Dans la Venise baroque (du XVIIè), son sacrifice est double, et son humilitĂ© gĂ©nĂ©reuse, admirable. Le rĂ´le titre est Ă©crit pour un grand soprano lyrique et dramatique, angĂ©lique et aussi d’une couleur tragique, souvent hallucinĂ©e. Pilier et guide pour sa mère aveugle (La Cieca, contralto), Gioconda est convoitĂ©e par l’infect Barnaba (espion de l’Inquisition, baryton). Ce dernier ne cesse de manipuler, sĂ©duire, tromper pour possĂ©der le corps de sa proie… Mais après bien des pĂ©ripĂ©ties, La Gioconda parviendra Ă  lui Ă©chapper (en se suicidant) tout en apprenant alors qu’elle expire, que le dit Barbnaba a fait noyer sa mère aveugle… A la grandeur morale de l’hĂ©roĂŻne, rĂ©pond la terreur et le diabolisme imaginĂ© par Ponchielli et Boito.

D’après « Angelo, tyran de Padoue » Victor Hugo, Ponchielli (et son librettiste d’alors : Boito) suit en 1876, les traces de Verdi, lui-même inspiré d’ »Ernani » ou du « Roi S’amuse » (pour Rigoletto) ; les compositeurs italiens ont su transposer sans l’atténuer, la fibre dramatique, parfois cynique et glaçante du théâtre hugolien. Ainsi La Gioconda de Pochielli assure à son auteur, un succès planétaire, jamais démenti depuis, à l’époque où Verdi éblouit lui aussi la scène romantique italienne, auteur de Aida (1871) et Otello (1887, livret du même Boito). La version finale est créée en 1880 à La Scala de Milan ; reprise dès décembre 1883 au Metropolitan Opera qui lui offre ainsi sa création américaine.

Concevant son drame lyrique pour 6 protagonistes qui sont autant de chanteurs solistes aguerris, Ponchielli renforce l’intensité du drame tragique (ici l’héroïne sacrificielle paie de sa mort son sens, forcément fatal, d’une indéfectible loyauté). Olivier Py met en scène à Bruxelles, le sommet de l’opéra dit « vériste », fort par sa déclamation proche du théâtre, que renforce la conception de l’action très intimiste ; mais où les tableaux collectifs citent constamment l’admiration de Ponchielli pour le grand opéra français (ballet des heures de l’acte III dit « La Ca d’oro »). Histoire de mieux étouffer et martyriser le profil de l’héroïne confrontée à un destin collectif qui la dépasse totalement. Le drame se déroule à Venise, fait rire les masques en grimaces quasi sataniques (selon les actes sadiques du barbares Barnaba) en un palais souterrain quasi innondé… six protagonistes sont dirigés par maestro Paolo Carignani : Béatrice Uria-Monzon (La Gioconda), Ning Liang (La Cieca), Silvia Tro Santafè (Laura), Stefano La Colla (Enzo), Franco Vassallo (Barnaba), Jean Teitgen (Alvise).
INTERNET / Operavision : En direct, Mardi 12 février, 19h PONCHIELLI, La Gioconda. Bruxelles, La Monnaie.

 

 

 

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OPERAVISION
https://operavision.eu/fr
Visionnable jusqu’au 11 août 2019
https://operavision.eu/fr/bibliotheque/spectacles/operas/la-gioconda

 

 

 

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