CD, critique. MOZART : SONATES POUR PIANO, intĂ©grale, vol 3. JEAN MULLER, piano (Hänssler classic – 2017)

mozart sonatas jean muller piano vol 3 hanssler critique review classiquenews fev 2021CD, critique. MOZART : SONATES POUR PIANO, intĂ©grale, vol 3. JEAN MULLER, piano (Hänssler classic – 2017). Bel Ă©quilibre sonore, clartĂ© des plans et lisibilitĂ© de la polyphonie, douĂ© d’une agilitĂ© quasi liquide du discours mozartien, le pianiste Jean Muller s’approprie dans la finesse l’écriture très classique du programme ; pour autant qu’il se dessine Ă  chaque pièce comme application du plan sonate, ici en 3 mouvements, le discours musical gagne en respirations intĂ©rieures, en teintes pudiques.
On note ce jeu nuancé révélateur d’une sensibilité parfois mystérieuse, particulièrement investie dans l’intériorité (Andante cantabile de la première ici (n°10 K 330) ; que complète la belle facétie trépidante du Presto, joué astucieux de la K 280.
Plus souple, énoncée comme un flot irrépressible et frappée d’urgence la K 310, en son début électrique très Sturm und drang ; sous les doigts volubiles du pianiste, la coupe comme syncopée / affolée annonce déjà la symphonie n°40 en sol mineur (K 550), sa vibration effrénée (si adorée de Brahms). L’intériorité tendre se redéfinissant dans l’Andante cantabile con espressione avec une profondeur retenue presque grave.
La K 545 sonne comme une libération naturelle qui saisit par sa franchise et la pureté gracieuse de sa forme ; Jean Muller sait allier éloquence et nuance, excitation et articulation.
ComparĂ©e Ă  celles qui la prĂ©cède, elle frappe aussi par la brièvetĂ© de chacun de ses mouvements : les deux premiers ne dĂ©passant pas 3’50 quand les K330, 280, 310, totalisaient au moins 5’27 et jusqu’à 8’ (K310). Avec le temps, Mozart mĂ»rit, s’épaissit, se concentre et se densifie mais dans l’extrĂŞme lĂ©gèretĂ©. L’Andante, le plus dĂ©veloppĂ©, presque 4’(!), rayonne par sa pudeur chantante, sa tendresse dĂ©voilĂ©e, volubile. Un nouveau volet mozartien convaincant. A mettre en regard du prĂ©cĂ©dent volume publiĂ© chez le mĂŞme Ă©diteur, et critiquĂ© par classiquenews.com ICI (MOZART : intĂ©grale des Sonates vol II – Jean Muller, piano / Hänssler / CLIC de CLASSIQUENEWS, enregistrĂ© en 2016 – paru en fĂ©vrier 2020) – IntĂ©grale Ă  suivre pas Ă  pas.
http://www.classiquenews.com/cd-evenement-critique-mozart-jean-muller-sonates-vol-2-1-cd-hanssler-2016/

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CD, critique. MOZART : SONATES POUR PIANO, intĂ©grale, vol 3. JEAN MULLER, piano (Hänssler classic – 2017)

COMPTE-RENDU STREAMING, concert, critique. LILLE, le 13 février 2021. BEETHOVEN, STRAVINSKY. ON LILLE. FX Roth, direction

roth-francois-xavier-concert-maestro-concert-classiquenews-critique-concert-classiquenewsCOMPTE-RENDU STREAMING, concert, critique. LILLE, le 13 février 2021. BEETHOVEN, STRAVINSKY. ON LILLE. FX Roth, direction. C’est un Beethoven (Concerto pour piano n°1, 1800) étonnamment clair et comme épuré, nerveux et musclé que François-Xavier Roth fait jaillir, grâce à l’implication de chaque instrumentistes du National de Lille. L’ouverture sonne nette, presque tranchante, avec des tutti précis et accentués ; une vision très architecturée et carrée à laquelle le piano de l’Andalou Javier Perianes apporte une sonorité tranchée elle aussi, souvent plus expressive et percussive voire crépitante que douce et chantante. L’équilibre sonore que préserve le chef, fait chanter chaque instrumentiste en dialogue avec le clavier ; une acuité lumineuse qui est le produit de sa vaste expérience avec son orchestre sur instruments historiques, Le Siècles. Photo : FX Roth (DR)

L’Orchestre National de Lille et François-Xavir ROTH jouent STRAVINSKY

Acuité expressive des Danses Concertantes
vrai défi pour l’orchestre

A 34’13 du live streaming, FX Roth aborde la 2è œuvre au programme, pour nous plus intéressante encore par sa volubilité poétique, sa diversité expressive ; le chef sculpte avec la même acuité et ce souci porté au détail des timbres, la suite orchestrale des Danses concertantes (1941), lesquelles propre à l’auteur du Sacre du printemps (que connais idéalement le chef) exigent une mise en place rythmique et un sens de la caractérisation instrumentale, millimétrés. La fausse légèreté de cette suite de danses (que s’est approprié le chorégraphe Balanchine lequel eut coutume d’adopter bien d’autres musiques de Stravinsky), ses coupes sèches (« pas d’action, con moto »), la couleur élégiaque de « Thème varié » (5 séquences enchaînées), plus intérieure voire mélancolique ; l’ironie sous jacente voire un climat enivré d’autodérision (les deux Marches qui ouvrent et renferment le cycle), demandent des phrasés aussi nuancés qu’énergiques de la part de chaque instrumentiste, là encore considéré comme l’électron vedette d’un ensemble de solistes où l’écoute partagée est primordiale. Le soin apporté à chaque calibrage sonore, section après section, relève d’un travail d’orfèvre : un régal pour tout amateur d’ébénisterie orchestrale.
Ce temps où les orchestres doivent s’adapter aux mesures sanitaires, c’est à dire travailler toujours mais en effectif réduit, avec distanciation obligatoire, et sans public, sauf grâce à internet, en diffusion live, permet à chacun de poursuivre son propre travail musical, dans ce chant particulier et probablement très formateur des formats chambristes. Il est certain qu’au sortir de la pandémie et quand les orchestres retrouveront leur cher public, le jeu collectif aura gagné encore en écoute, synchronicité, équilibre et relief sonore.
Donc restons positifs: la période favorise le perfectionnement orchestral. Ce qui se passe au sein du National de Lille en témoigne. Cette nouvelle diffusion, nouveau volet de son offre digitale « AUDITO 2.0 » permet de garder le lien, de suivre les avancées de l’Orchestre, de respirer malgré la crise sanitaire qui porte à l’étouffement de la culture. Gageons que sous la direction du chef FX Roth, les instrumentistes du National de Lille aient atteint un nouveau degré dans la ciselure et l’entente orchestrale. La richesse des nuances, la respiration de l’ensemble, le geste précis qui libère chaque partie solistique nous offrent un Stravinsky passionnant, ni essentiellement rythmique, ni superficiellement coloré ; le chef décèle sous l’écriture abstraite d’une suite concertante, tous les défis, ce jeu des contrastes et cette mosaïque chatoyantes des couleurs intimes, surtout la grande tendresse de Stravinsky pour le chant orchestral. Passionnant.

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Compte rendu, concert. CONCERT BEETHOVEN & STRAVINSKY – FRANÇOIS-XAVIER ROTH, direction / JAVIER PERIANES, piano – ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE.
Live streaming du 13 février 2021. EN REPLAY sur la chaîne YOUTUBE de l’ON LILLE / Orchestre National de Lille ICI :
https://www.youtube.com/watch?v=0kwSyswlHCA

 

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CONSULTER aussi le programme de salle, présentant les deux partitions jouées par l’ORCHESTRE NATIONAL de LILLE et François-Xavier ROTH, direction
https://www.onlille.com/saison_20-21/wp-content/uploads/prog-salle-beethovenetstravinsky-fevrier21.pdf

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Le Carnaval des animaux de SAINT-SAËNS (France 5)

Centenaire Camille Saint-Saëns 2021FRANCE 5, ven 19 fév 2021,20h50. SAINT-SAËNS, PROKOFIEV. Superbe programme sur France 5 comprenant deux partitions d’éducation musicale autant que d’ivresse instrumentale, destiné moins aux enfants qu’à toute la famille ; Prokofiev et Saint-Saëns signent là deux ouvrages qui tout en mettant en avant les timbres de chaque famille instrumentale, narrent chacun chacun une histoire édifiante ; les exploits d’une jeune héros, Pierre chez Prokofiev ; les enchantements du bestiaire extraordinaire exploitant la riche palette expressive de l’orchestre chez Saint-Saëns. Programmes incontournables déjà diffusés en 2010 et 2014, mais d’autant plus opportuns pour l’année du centenaire Saint-Saëns 2021…

Le Carnaval des animaux
Camille-Saint-Saens DRComposée pour le mardi gras 1886 chez le violoncelliste Charles Lebouc, puis repris pour fêter la mi-Carême chez la cantatrice célébrissime Pauline Viardot en avril 1886 (en présence de Liszt, grand ami de Saint-Saëns), le Carnaval des animaux fut aussitôt ses créations parisiennes réalisées, interdit par l’auteur lui-même, soucieux de faire taire les mauvaises langues qui lui reprochaient aussitôt d’avoir commis une « puérilité » dommageable indigne de son art (soit disant) « si sérieux ». C’est omettre une qualité essentielle, partagée avec Haydn, au sein de l’écriture de Saint-Saëns, son raffinement certes mais aussi son humour et sa facétie joyeuse (comme Rossini d’ailleurs). Seule exception écartée de cette interdiction, le Cygne, bientôt devenu par sa noblesse tendre, page d’anthologie pour tous les violoncellistes. En réalité, en dépit des incertitudes du compositeur, Le Carnaval des animaux est une fantaisie zoologique qui est trait de génie : Saint-Saëns manie l’orchestration comme un orfèvre préravélien, tout en jouant des citations multiples de ses prédécesseurs (Rameau, Offenbach, Berlioz, Rossini, Mendelssohn…), avec un goût inouï pour l’autodérision.

 

 

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Programme du Carnaval

Introduction et marche royal du lion
Poules et coq
Hémiones (les animaux véloces)
Tortues
L’éléphant
Kangourous
Aquarium
Personnages Ă  longues oreilles
Le coucou au fond des bois
Volière
Fossiles (dinosaures et autres trésors)
Le Cygne
FINAL (fraternité : le loup danse avec l’agneau, le renard avec le corbeau…)

 

 

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VENDREDI 19 FEVRIER, 20h50 -
France 5 Ă  20h50
En replay ensuite sur le site CULTUREBOX
https://www.france.tv/france-5/

Par l’Orchestre National de France
et l’Orchestre Philharmonique de Radio France

 

 

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PROKOFIEV : Pierre et le loup
François Morel, narrateur / Orchestre National de France / Daniele Gatti, direction
DurĂ©e : 30 min – Gordon, Pierre-Emmanuel Lyet & Corentin Leconte, rĂ©alisation (2014)

Le Carnaval des animaux
Camille Saint-Saëns / Le Carnaval des animaux, sur un livret de Smaïn
Smaïn et Rayane Fairouze, récitants / Orchestre Philharmonique de Radio France
Myung-Whun Chung direction

DurĂ©e : 26 minutes – Emmanuelle Tchoukriel, Illustrations
Andy Sommer et Gordon, réalisation / 2010

 

 

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LIRE AUSSI notre DOSSIER spécial CENTENAIRE DE SAINT-SAËNS 2021

SAINT-SAENS-camille-portrait-centenaire-mort-de-camille-saint-saens2021 marque le centenaire de la mort de Camille Saint-Saëns : esprit libre, électron génial, défenseur de la musique française (contre l’hégémonie des Allemands et de Wagner). Le musicien fut pianiste et compositeur, d’une rare culture, voyageur régulier, solitaire polémiste dont l’acuité de l’esprit inspire toujours. Ayant connu Berlioz, témoin des œuvres de Debussy et Ravel, Saint-Saëns traverse le XIXè avec éclat par ses audaces formelles, son goût du théâtre où se déploie la passion des anciens. C’est un Baroqueux avant l’heure : passionné par Lully et Marc Antoine Charpentier, Rameau et Gluck (comme Berlioz)… Voici quelques thématiques clés pour mieux approcher la diversité d’un génie romantique difficile à classer.

 

STREAMING, e-concert. LILLE, le 16 janvier 2021 : concert Escaich / Chausson. ON LILLE / Alexandre Bloch

STREAMING. LILLE, le 16 janvier 2021 : concert Escaich / Chausson. ON LILLE / Alexandre Bloch. Concert captivant depuis l’Auditorium du Nouveau Siècle de Lille et diffusé sur la toile dans le cadre de l’offre digitale de l’ON LILLE / Orchestre National de Lille (Audite 2.0), élaborée en réponse au confinement des orchestres depuis la fin octobre 2019. La combinaison Escaich / Chausson, confirme que le National de Lille a à cœur de défendre le rayonnement de notre patrimoine musical français. On notera en particulier le caractère très dramatique voire cinématographique de la partition de Thierry Escaich ; ses éclairs fantastiques dès le début du Concert pour orgue n°1 : Escaich est un narrateur inspiré qui joue des antagonismes de couleurs, d’atmosphères et de rythmes aussi ; voilà qui crée dès son commencement, une ambiance électrique mais suavement articulée dès le premier mouvement du Concerto (Allegro moderato). Crescendos, séquences fortissimo, le compositeur à l’orgue lui-même offre une lecture complice avec chef et instrumentistes, riche en clarté et expressivité. De surcroît la réalisation de ce streaming est engageante et immersive, avec effet de grue au dessus de l’organiste, au dessus de l’orchestre. La conception est d’autant plus intéressante que ce dramatisme exige de tous les pupitres, et sait développer de somptueuses effets de texture souterraine, infiniment suggestive (la fin du même premier mouvement). Le début mystérieux, inquiétant de l’Adagio (orgue en dialogue mêlé avec les clarinettes), plante le décor ; c’est un lamento conçu comme un vaste crescendo, où l’orgue semble s’enivrer des riches vagues texturées de l’orchestre. Le compositeur ouvrageant le mouvement central tel un appel irrésistible, en un temps irrépressible et irréversible, en un dramatisme là encore exacerbé, …d’apocalypse ou de déluge.

 

 

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L’esprit de la catastrophe emporte tout l’orchestre et le chant de l’orgue halluciné, qui se termine sur une phrase suspendue, interrogative, irrésolue. Le solo de violoncelle cristallise cette mise sous tension générale (à 14’32) cédant la voie à l’orgue de plus en plus crépusculaire et finalement apaisé. Le dernier mouvement cite plusieurs épisodes en une course effrénée où scintillent l’accent des bois, vents et cuivres (somptueuses et mystérieuses clarinettes). La vitalité du discours orchestral qui dialogue avec l’orgue en fusions et oppositions achève la partition généreuse et flamboyante même, avec les mêmes crépitements et éclairs du début. De quoi aussi souligner la grande unité du propos qui refonde à sa façon, le propos cyclique d’un Franck. Ce qui frappe c’est la grande sensibilité quasi hollywoodienne d’Escaich pour la palette élargie, déployée de l’orchestre. Un bain spectaculaire de timbres et d’épisodes hautement contrastés qui respectent les équilibres de l’écriture symphonique.

Trentenaire, Chausson livre une splendide partition orchestrale lui aussi : sa Symphonie en si bĂ©mol majeur de 1891 (dĂ©but Ă  28’50), prolonge le souci symphonique de Saint-SaĂ«ns, Lalo, Franck Ă©videmment et aussi d’Indy qui dans le sillon ouvert par la crĂ©ation de la SNM – SociĂ©tĂ© nationale de musique (nĂ©e après 1870), cultivent l’essor de l’écriture symphonique française contemporaine. L’ampleur de Chausson sonne comme une apothĂ©ose mĂŞme : dès 1897, le Philharmonique de Berlin sous la direction d’Arthur Nikisch joue l’opus 20.
Wagnérien de la première heure (comme Saint-Saëns), Chausson intègre le choc de Parsifal (écouté à sa création à Bayreuth en 1883) : grandeur, majesté, poison fatidique et fatalisme irrépressible aussi s’entendent ici. Mais avec la clarté, la construction de Franck. Chausson sculpte la matière orchestrale avec une suavité intérieure qui lui est propre (bois caressants, caverneux, tendres). A l’instar de leur enregistrement discographique, chef et orchestre lillois savent amplifier la grandeur tragique de l’écriture (appel des trombones du premier mouvement) tout en se souciant des couleurs (la partition porte la dédicace au peintre Henry Lerolle, beau frère d’Ernest), de la délicate texture qui cite de fait souvent le Wagner de Parsifal, mais comme régénéré / coloré d’une transparence typiquement française (qui sollicite spécifiquement clarinettes, flûtes, hautbois en leurs éclats pastoraux annonciateurs de la fraîcheur impressionniste). D’ailleurs, la Symphonie opus 20 est parsemée d’une franche allégresse, bien absente ensuite des œuvres tardives, plus vénéneuses (Poème de l’amour et de la mer).

 

 

Symphonie en si bémol majeur de 1891

Accents wagnériens et franckistes de Chausson

 

 

Le mouvement central (Très lent), dirigé mains nues par le chef développe ce sentiment de langueur désespérée aux couleurs parsifaliennes ; énoncé en vagues longues, étirées comme le ferait Wagner. Chausson marqué par Bayreuth célèbre ici le génie qui dut l’émouvoir au cœur, balançant entre la caresse éperdue de la clarinette, la tendresse éthérée de la flûte, le flot létal des cordes… que confortent plus mystérieux et souterrains, les violoncelles. Le pessimisme pictural de Chausson se dévoile ici grâce au souci de clarté et à la grande flexibilité recherchée, atteinte par Alexandre Bloch. Le maestro ajoute aussi des résonances plus suggestives encore dans l’énoncé du 2è thème, inscrit comme une légende médiévale, aux circonvolutions amoureuses et maudites. Le sommet de la partition se révèle dans l’équilibre clair des pupitres où bois, cuivres et cordes s’approprient la dimension spectaculaire de la douleur et du tragique wagnérien. De sorte que nous tenons ici l’opus néo wagnérien mais français, le plus accompli. Ainsi Chausson dans le sillon de Wagner, se montre-t-il aussi pertinent et original, puissant et poète que César Franck. De fait, les années 1880 et 1890 marquent France l’apothéose du wagnérisme.
L’ultime mouvement (noté Animé) affirme davantage le tempérament héroïque et tragique de Chausson. Tout en réalisant le principe cyclique franckiste, Chausson éblouit par sa dimension là encore hautement dramatique, d’une coupe habile qui écarte la grandiloquence et les banalités ; l’Orchestre National de Lille cisèle un son large, aux crépitements précis et saillants, installant la noble élégie du choral final dont hautbois et Eblouissant symphonisme de Chausonclarinette solos dessinent le profil tendre ; Alexandre Bloch sait vivifier la texture généreuse et subtile tout en creusant l’ampleur grave, la tension du propos symphonique, qui entre espoirs et désillusions, est d’une étonnante maturité émotionnelle (franckiste). Et le chef apporte aussi ce dosage ineffable de grandeur pastorale (à la Dvorak), de tendresse enchantée, de mélancolie discrète et pleinement apaisée qui s’achève ainsi dans la douceur. Superbe lecture, puissante et détaillée, fine et colorée, que l’on retrouvera dans le disque précédemment paru (et critiqué sur classiquenews, distingué par notre CLIC de CLASSIQUENEWS, mars 2019).

 

 

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LIRE aussi notre critique du cd CHAUSSON : Symphonie en mi bĂ©mol majeur – opus 20, 1891 par l’ON LILLE / Alexandre Bloch / CLIC de CLASSIQUENEWS (mars 2019) :
http://www.classiquenews.com/cd-evenement-critique-ernest-chausson-poeme-de-lamour-et-de-la-mer-symphonie-opus-20-orchestre-national-de-lille-alexandre-bloch-veronique-gens-1-cd-alpha-2018/

 

 

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Programme de salle ici
https://www.onlille.com/saison_20-21/wp-content/uploads/prog-salle-Chausson-Janv2021.pdf

 

 

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audito-2.0-Orchestre-National-de-lille-concerts-annonce-critique-classiquenewsREVOIR le concert Escaich / Chausson par l’Orcehstre National de Lille / Alexandre Bloch sur le site YOUTUBE de l’ON LILLE – Orchestre National de Lille, Alexandre BLOCH : https://www.youtube.com/watch?v=FVkMKw1WSjY&feature=emb_logo

CD événement, opéra. VIVALDI : Il Giustino, 1724. Dantone (3 cd Naïve, 2018)

giustino vivaldi opera dantone opera galou vivaldi opera critique classiquenewsCD Ă©vĂ©nement, opĂ©ra. VIVALDI : Il Giustino, 1724. Dantone (3 cd NaĂŻve, 2018) – Voici le 20è opĂ©ra du VĂ©nitien le plus fougueux et impĂ©tueux que le scène lyrique ait comptĂ© : Giustino créé que par des hommes / castrats Ă  Rome en 1724, emporte l’auditeur par son rythme dramatique, sa coupe rythmique Ă©perdue, une succession ininterrompue de sĂ©quences hautement dramatique qui en fait aussi par le nombre de protagonistes et la variĂ©tĂ© des airs dĂ©fendus par chacun, l’un des ouvrages vivaldiens les plus riches : plus de 21 arias sont des emprunts Ă  des opĂ©ras antĂ©rieurs (dont surtout Tieteberga de 1717)… le livret « picaresque » de Niccolo Beregan rĂ©invente entre rĂ©bellion, trahison, jalousie…, un Ă©chiquier amoureux et guerrier oĂą le laboureur, Ă©pris de gloire militaire, Giustino, par sa valeur et son courage combatif, rejoint la cour impĂ©riale (parce qu’il a sauvĂ© des griffes d’un ours affreux, la belle Leocasta) ; sauve l’impĂ©ratrice Arianna (d’un autre monstre encore plus terrifiant)… devient coempereur de Byzance. N’est-il pas pressenti Ă  un destin royal, lui qui sans le savoir Ă©tait prince autant que les grands qu’il sert ? Ici la force morale et l’audace martiale sont rĂ©compensĂ©es par leur constance. Vivaldi approfondit le profil psychologique de ses hĂ©ros tout en mĂ©nageant de somptueux tableaux naturels, d’une grande poĂ©sie orchestrale.
 Le pari d’Ottavio Dantone est de rappeler la sensibilitĂ© orchestrale (et instrumentale de fait) d’un Vivaldi soucieux d’arrières plans sonores (air final du II de Giustino avec psaltĂ©rion, coloration grecque populaire très pertinente au regard de la situation et du contexte historique). Serviteur de l’édition critique de Reinhard Strohm, Dantone Ă©claire la variĂ©tĂ© des Ă©pisodes, caractĂ©risant avec fougue et nervositĂ© un continuo constamment agile et souple. Dans ce cas, le psaltĂ©rion a cette douceur suave qui contraste avec le texte dans lequel Giustino exprime son goĂ»t de l’action hĂ©roĂŻque, sa volontĂ© guerrière, son obstination martiale. Le chef exploite cet Ă©cart poĂ©tique entre instruments et texte.
CLIC_macaron_2014La distribution est cohérente elle aussi mais dommage que dans le rôle-titre la française Delphine Galou, certes impliquée, ne restitue pas au caractère du jardinier devenu empereur, toutes les nuances émotionnelles du personnage : son italien reste trop lisse, le medium étroit, les couleurs systématiques, et la plasticité des recitatifs en souffre beaucoup. A contrario, naturel préservé et relief accentué avec vivacité, les italiennes rayonnent chacune dans leurs rôles dont elle font un festival de vivacité humaine, de sculpture vivante du texte : excellentes Verónica Cangemi (Leocasta) et surtout Arianna Vendittelli (Amazio). Leur donnent la réplique tout autant engagée, palpitante et expressive, Emöke Baráth, Arianna passionnée et entière ; Emiliano Gonzalez Toro, Vitaliano, fourbe et direct dont les airs repris dans Farnace forment une collection passionnante d’implication audacieuse. D’un fini juste et pertinent, dans sa conception dramatique de premier ordre, par son interprétation imaginative et volontaire, voici une version de référence du Giustino vivaldien, fleuron désormais reconnu de l’intégrale des opéras éditée par Naïve.
 

 

 

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giustino vivaldi opera dantone opera galou vivaldi opera critique classiquenewsCD Ă©vĂ©nement, opĂ©ra. VIVALDI : Il Giustino, 1724. Dantone (3 cd NaĂŻve, 2018) – Delphine Galou (Giustino), Emöke Baráth (Arianna), Silke Gäng (Anastasio), VerĂłnica Cangemi (Leocasta), Arianna Vendittelli (Amanzio), Emiliano Gonzalez Toro (Vitaliano), Alessandro Giangrande (Andronico, Polidarte), Rahel Maas (Fortuna), Accademia bizantina, dir. Ottavio Dantone.
EnregistrĂ© Ă  Ravenne, Italie, avril 2018. Notice et livret en français..
 

 

 

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Précédents coffrets opéras de l’intégrale VIVALDI éditée par Naïve,
critiqués sur CLASSIQUENEWS :

 

 

 

Argippo Vivaldi opéra critique cd opéra classiquenewsCD événement, critique. VIVALDI : Argippo (Biondi, 2 cd Naïve). Les plus rétifs souligneront combien la réalisation dont il est question ici, est un patchwork qui émiette sa valeur par son éclectisme puisqu’il s’agit en réalité d’une combinaison d’airs certes de Vivaldi mais aussi de ses contemporains : Pescetti, Galeazzi (qui écrit le grand air d’Argippo à la fin du II : « Da più venti combattuta »), et même les plus connus Hasse et Porpora. Ce à quoi nous rétorquerons qu’a contrario d’être « léger » ou fragile, le document, ainsi intégré dans l’intégrale des opéras vivaldiens, permet de rétablir l’ écriture du Vénitien dans le contexte artistique de son époque, confrontée à ses rivaux dont surtout les napolitains ; car Vivaldi incarne la fureur vénitienne ; une palpitation vibratile et rythmique qui lui est propre et qui s’impose irrésistiblement i

 

 

 

 

 

 

CD Ă©vĂ©nement, critique. CECILIA BARTOLI : QUEEN OF BAROQUE (1 cd DECCA – 1991 – 2017)

baroque opera classiquenews review cd critique cd clic de classiquenews Cecilia-Bartoli-queen-of-baroque-critique-opera-decca-classiquenewsCD Ă©vĂ©nement, critique. CECILIA BARTOLI : QUEEN OF BAROQUE (1 cd DECCA – 1991 – 2017) – L’impĂ©ratrice de la vocalitĂ  baroque s’expose en couverture, telle une vraie souveraine, Ă  Versailles ou Ă  Vienne, fardĂ©e, maquillĂ©e, perruquĂ©e : la diva des divas baroques confirme par cette collections de mĂ©lodies qu’elle est bien indĂ©trĂ´nable en matière de perles lyriques. Sur les terres des auteurs d’opĂ©ra du XVIIIè (moins du XVIIè), la signora Bartoli rayonne toujours. Le programme royal comprend 17 airs, tous investis, traversĂ©s par d’étonnants vertiges et contrastes Ă©motionnels. Soit une compilation d’arias dĂ©jĂ  connus et enregistrĂ©s, mais il a aussi le luxe de l’inĂ©dit : les 2 premiers extraits, jamais Ă©ditĂ©s sont ici rĂ©alisĂ©s en « première mondiale » : (Trionfi del fato d’Agostino Steffani, puis Alessandro nell’ India de Leonardo Vinci).

 

 

 

Ardeur et gravité, véhémence et agilité

L’Alchimie BARTOLI à son zénith

 

 

CLIC_macaron_2014Le chant ardent, vibratile, très incarné et volubile (agilità du Steffani d’ouverture de 2012) s’affirme nettement par sa plasticité, sa véhémence, son agilité. De fait tout récital qui se respecte comporte un « sommet d’agilità » révélant et déployant la coloratoura et l’intensité dramatique de la prima donna : ainsi les deux arias les plus longs (enregistrés en 2009) soulignent la place de deux Napolitains dans cette arène d’excellence : Carlo Broschi (Artaserse : festival de pyrotechnie vocale, roulades et mélismes coulant à flot) et Niccolo Porpora : air déchirant d’Arminio « Parto, ti lascio, o cara » du Germanico, ample lamento d’expression tragique dont la couleur sombre sied particulièrement bien au mezzo velouté et tendu à la fois de « La Bartoli » : ses qualités introspectives comme de délire virtuose s’y accomplissent sans contraintes. Car le miracle opère toujours, fusionnant deux qualités ailleurs irréconciliables : le délire virtuose et la gravité tragique. Le cas Bartoli est condensé dans ses deux airs… avec certainement l’accomplissement des Haendel et du désormais égal, Steffani dont la cantatrice avait fait son compositeur fétiche dans un album demeuré célèbre (pour sa couverture aussi où elle paraissait en homme chauve, pistolet en main !). Le clou de cette alchimie volubile reste à notre avis, l’air de l’ange aux portes des enfers (« Disserratevi, o porte d’Averno », temps fort de l’oratorio la resurrezzione de Haendel) air de triomphe et d’imprécation spectaculaire d’une agilité sans pareille et d’une véhémence là encore… hallucinée : aucun doute, Bartoli est à son aise dans le théâtre des passions baroques. CD événement, CLIC de CLASSIQUENEWS Noël 2020. Durée : 1h18mn.

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CD Ă©vĂ©nement, critique. CECILIA BARTOLI : QUEEN OF BAROQUE (1 cd DECCA – 1991 – 2017)

COMPTE RENDU, e-concert. PARIS, le 15 nov 2020. Concert hommage aux victimes des attentats du 15 nov 2015. Orch de ch de Paris. Pierre Bleuse, direction.

BLEUSE-PIERRE-maestro-chef-concert-critique-classiquenews-attentats-concert-15-nov-critique-concert-classiquenewsCOMPTE RENDU, e-concert. PARIS, le 15 nov 2020. Concert hommage aux victimes des attentats du 15 nov 2015. Orch de ch de Paris. Pierre Bleuse, direction. Au commencement, la lumière et la joie rayonnante de la Symphonie « Paris » de Mozart, pleine de certitude triomphante, qui assoit dans l’affirmation des instruments, sa carrure et son assise ; l’articulation heureuse habite et porte chaque pupitre ; le chef Pierre Bleuse développe le sourire et l’éloquence claire et détachée jusque dans sa baguette toute élégance et précision, inspirant aux violons entre autres, des phrases facétieuses qui soutiennent tout l’édifice à l’équilibre viennois, avec en prime l’irrévérence et l’humour aussi… très parisiens. Le chef soigne la suggestion de certains phrasés, d’une délicatesse pudique.
Cinq ans après les attentats terroristes de nov 2015, l’on ne pouvait rêver baume plus bouleversant ni réjouissant. Ce Mozart pacifie, adoucit, réconforte. La 31è de Mozart devient caresse heureuse, appel à l’insouciance primordiale : un idéal pour toutes les victimes qui peinent à se reconstruire encore.

Contrepoint assurant un vrai contraste, en création et en changement de caractère, la pièce de circonstance « il fait novembre en mon âme » du compositeur Bechara El-Khoury (à 21’05). Pierre Bleuse assure ainsi la création d’une œuvre commandée par les parents de Stéphane, victime du massacre du Bataclan. D’une douleur mortelle et individuelle, la partition tend vers l’allégorie universelle. Exprimant la couleur du deuil en phrases syncopées d’abord ; scintillement inquiet, tendu auquel répond la libre mélodie du cor, vite écourtée ; l’écriture est dramatique, et même cinématographique par ses nombreux changements de tableaux, oscillant toujours entre activité et mystère. Le second mouvement (à 30’16) plonge dans la nuit, le murmure, le retrait serein, un temps suspendu (hautbois solo) qui questionne l’impensable et le gouffre du deuil. La 3è partie associe le cor somptueusement suggestif, comme un déroulé d’une onctuosité rassurante, à la voix humaine : le chant clair et chaud d’Isabelle Druet étire sa plainte sans paroles, comme si elle recueillait et aspirait toutes les peines. Toutes les douleurs affleurantes. Les bois envisagent une aurore inespérée dans un tableau qui s’affirme manifestement sombre. Bel effet contrasté, tout en souplesse et recueillement, sans réelle gravité, qui conclut dans le silence, le mystère et aussi la pleine lumière. Soit un retour au bonheur mozartien qui a précédé. Superbe boucle pour un programme très cohérent.

 

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COMPTE RENDU, concert. PARIS, le 15 nov 2020. Concert hommage aux victimes des attentats du 15 nov 2015. Orch de ch de Paris. Pierre Bleuse, direction. Enregistré le 10 nov, diffusé à partir du 15 nov 2020.
A vivre et revoir sur ARTEconcert, jusqu’au 12 mai 2021 :
https://www.arte.tv/fr/videos/100721-000-A/concert-hommage-aux-victimes-des-attentats-de-novembre-2015/

QUEBEC, Festival Classica : De Beethoven à Bowie en rappel, 12-20 déc 2020.

beethoven-32-sonates-boutique750-c1bef66090505b09QUEBEC, Festival Classica : De Beethoven à Bowie en rappel, 12-20 déc 2020. Le Festival CLASSICA ayant annulé son édition de printemps 2020 à cause de l’épidémie de la covid 19, propose un nouveau cycle de concerts « De Beethoven à Bowie », du 12 au 20 décembre 2020. 15 concerts en salle, certains célébrant le 250e de Beethoven et plusieurs premières canadiennes, seront présentés dans le cadre de cette édition en rappel. Artistes invités : Marianne Lambert, Lila Dufy, Florence Bourget, Nadia Labrie, Élise Poulin, Corine Chartré-Lefebvre, Laurence Neill-Poirier, Gabrièle Dostie-Poirier, Krystina Marcoux, Juan Sebastian Delgado, Hugo Laporte, Emmanuel Hasler, François Zeitouni, Julien LeBlanc, Lysandre Ménard, Stéphane Tétreault, Mathieu Lussier, Jean-Philippe Sylvestre, Jonathan Crow, Elvira Misbakhova, Hélène Brunet, Russel Braun, Julia Wedman, Mélisande Corriveau, Eric Milnes, Serhiy Salov, Marika Bournaki, Élisabeth Pion et la cheffe d’orchestre Véronique Lussier.

Le Festival Classica programme aussi une version digitale de cette édition en diffusant les concerts sur la nouvelle plateforme, leconcertbleu.com.

PROGRAMME COMPLET ici
https://www.festivalclassica.com/programme

 

 

 

 

CONCERTS VIVANTS ET CONCERTS NUMÉRIQUES

Marc-BOUCHER baryton festival classica-200x300MARC BOUCHER, directeur général et artistique du Festival CLASSICA, précise les enjeux de ce cycle événement au Québec : « Depuis ses débuts en 2011, le Festival Classica a connu une progression soutenue. En seulement 9 années, il s’est taillé une place de choix dans les événements majeurs en musique classique. C’est avec beaucoup d’optimisme que le Festival Classica entame un nouveau chapitre avec la présentation de cette édition hors-série qui comportera un volet virtuel. En effet, le concert numérique accompagnera et complètera désormais le concert vivant, non seulement en temps de pandémie mais aussi en temps normal ».

 

 

 

 

JARDIN MUSICAL les 28 et 29 novembre 2020
Saint Andrew’s Presbyterian Church – Saint-Lambert

Quelques jours avant l’édition en rappel, dans le cadre du concert Jardin musical, les festivaliers pourront écouter quatre siècles de musique avec Telemann, Mozart, Chopin et Maute…
Sam 28 nov 2020, 19h30 – Saint Andrew’s Presbyterian Church – Saint-Lambert – 1h
Ensemble Caprice, Julie Triquet (violon), Matthias Maute (flûte à bec) et Jean-Philippe Sylvestre (piano).
https://www.festivalclassica.com/jardin-musical

Dimanche 29 novembre 2020, 19h30 : Manuscrits inédits de la musique de chambre d’André Mathieu ; concert « À la conquête d’André Mathieu » : Caroline Chéhadé (violon), Chloé Dominguez (violoncelle), Elvira Misbakhova (alto), Jean-Philippe Sylvestre (piano) et Marc Djokic (violon). 1h.
https://www.festivalclassica.com/a-la-conquete-d-andre-mathieu

 

 

 

 

Ă€ propos du Festival CLASSICA

classica-festival-canada-logo-vignette-classiquenews-annonce-concerts-festivals-operaFondé en 2011, le Festival Classica souhaite promouvoir un espace public qui provoque la rencontre entre la musique classique au sens large, les artistes, la relève musicale et la population, tout en favorisant l’embauche prépondérante d’artistes québécois et canadiens. Sa vision est de déployer un événement international, reconnu et incontournable, qui procure une expérience unique en musique classique par le biais du concert vivant et numérique. L’ouverture, la mixité des répertoires, le métissages des genres font de CLASSICA chaque printemps, une célébration populaire qui réconcilie le classique avec le plus large public. Festival labellisé « CLIC de CLASSIQUENEWS » / Coup de coeur de la Rédaction de CLASSIQUENEWS depuis 2018.

 

Billets en vente, programme complet au
www.festivalclassica.com ou au 450 912-0868.
https://www.festivalclassica.com/

 

 

 

 

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 VOIR notre reportage vidĂ©o exclusif dĂ©diĂ© au FESTIVAL CLASSICA, premier festival de musique classique au QuĂ©bec – Ă©dition 2019

classica-festival-quebec-2019-annonce-critique-presentation-sur-classiquenews-festival-CLASSICA-2019QUÉBEC, Festival CLASSICA 2018 – 25 mai au 16 juin 2018. De Schubert aux Rolling Stones / Le premier festival québécois, CLASSICA sait séduire, attirant une foule d’amateurs, de connaisseurs, de néophytes… au cœur du centre ville de Saint-Lambert (au sud de Montréal). L’épicentre du Festival en Montérégie est devenu comme pour les éditions précédentes, un village musical à multiples facettes. Un lieu, une multitude d’offres… telle a été l’équation gagnante des derniers événements CLASSICA. Jusqu’au 16 juin prochain, le Festival CLASSICA poursuit son cours, affirmant une superbe offre artistique à Saint-Lambert et dans plusieurs autres villes de la Montérégie avec toujours à l’honneur, entre autres le relève avec les nouveaux talents, les grands solistes et les ensembles confirmés. CLASSICA, c’est l’esprit du partage pour tous (grandes soirées symphoniques sous les étoiles, concerts en salles fermées, tremplins sur de larges scènes ouvertes sur la rue… la seconde édition 2018 réalise et réussit tous ces défis). TEXTE et VIDEO © studio CLASSIQUENEWS 2018 – Réalisation : Philippe Alexandre PHAM

 

 

 

LIRE aussi notre présentation de la nouvelle offre digitale du Festival CLASSICA au Québec, LE CONCERT BLEU

 

classica-le-concert-bleu-quebec-annonce-festival-classica-classiquenews-annonce-critique-concert-operaQUÉBEC : Le Concert Bleu, la réponse numérique exemplaire du Festival CLASSICA à la crise sanitaire. leconcertbleu.com est une nouvelle plateforme numérique immersive destinée au milieu de la musique classique du Québec, pour maintenir le lien entre les musiciens et leurs public. C’est une réponse à la crise sanitaire et aux contraintes du confinement général imposé qui a mis sous cloche tous les programmes artistiques destinés au public. Visionnaires et réactifs, les artistes québécois à travers l’initiative du Festival CLASSICA, premier festival de musique classique au Québec (direction : Marc Boucher) peuvent désormais poursuivent leur travail, et le public, suivre leurs musiciens préférés. C’est ainsi une réponse concrète à la situation asphyxiante qui s’est développée depuis la mi mars 2020 en Europe puis en avril au Canada… Ayant annulé son édition 2020 (initialement annoncée du 29 mai au 21 juin 2020), le Festival CLASSICA propose sa plateforme comme une « expérience immersive et multisensorielle, en haute définition, aux amateurs de musique classique : lieux réels, concerts virtuels  ; c’est une véritable « vitrine de la musique classique » , développée avec la firme québécoise de transformation numérique ellicom/LCI-LX.

MONETISATION et ACCES. Son accès est à des coûts raisonnables, voire nuls pour le simple dépôt des contenus, aux artistes et aux organismes québécois. C’est un outil de monétisation équitable pour générer de nouvelles sources de revenus pour les musiciens et les organismes de musique classique du Québec, non seulement en temps de pandémie mais aussi en temps normal.

A l’initiative du Festival CLASSICA,

Le Concert Bleu,
la nouvelle vitrine culturelle et musicale du Québec

 

 

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BICENTENAIRE FLAUBERT 1821 – 2021 : Flaubert Ă  l’opĂ©ra

BICENTENAIRE FLAUBERT : 1821 – 2021. Le 12 dĂ©cembre 2021 marquera le bicentenaire de la naissance de Gustave Flaubert. Une annĂ©e souhaitons le riche en initiatives, Ă©vĂ©nements et cĂ©lĂ©brations. CLASSIQUENEWS s’interroge sur les Ĺ“uvres de l’écrivain portĂ©es sur la scène lyrique.

FLAUBERT 2021 : l'opĂ©ra, le goĂ»t musical de GustaveLe solitaire de Croisset, Gustave Flaubert (1821 – 1880), dans sa Normandie prĂ©servĂ©e sut se retirer au vert pour ne s’adonner qu’à sa seule passion terrestre : l’écriture. Pour lui seul importe la vĂ©ritĂ© servie par une forme esthĂ©tique qui se rĂ©vèle dans la beautĂ© du style. La haine de la platitude, il la doit Ă  son admiration pour Chateaubriand dont il admire les Ă©lans de l’extravagance et les vertiges lyriques de la pensĂ©e critique. Bien que de contexture fragile – il n’a que 22 ans, en octobre 1843, lorsque la maladie nerveuse le terrasse, Gustave sait nĂ©anmoins se conserver et mĂŞme voyager. Au retour d’un sĂ©jour en Egypte, il se consacre corps et âme pendant 53 mois, Ă  la conception d’un roman rĂ©aliste, Madame Bovary, inspirĂ© d’un fait rĂ©el – comme Berg et son Wozzek ; le texte publiĂ© en 1857, après un procès retentissant dont il sort vainqueur, le rend brusquement cĂ©lèbre. Le bal chez le marquis de la Vaubyessard concentre alors tous les Ă©garements fantasques d’une petite provinciale, Ă©levĂ©e Ă  la ferme, qui se rĂŞve princesse et vit comme une Ă©lue mĂ©connue qui attend son chevalier servant… Le bovarysme est nĂ© : dĂ©nonçant les ravages des illusions inconscientes dans l’esprit des ĂŞtres trop fantasques.

EMMA Ă  l’opĂ©ra… Flaubert aime l’opĂ©ra, du moins en a t-il mesurĂ© tous les enjeux sociaux et littĂ©raires, puisant dans ce spectacle humain, salle et scène, – comme avant lui Balzac, les ressources utiles pour Ă©voquer ce théâtre des passions rĂ©aliste qui l’intĂ©resse. Ainsi, pour approfondir encore le portrait de son hĂ©roĂŻne romantique et fantasque, Flaubert dĂ©crit Emma Bovary Ă  l’OpĂ©ra de Rouen pour une reprĂ©sentation de Lucia di Lammermoor. Deux figures fĂ©minines romantiques et tragiques… qui finissent par mourir : le parallèle est Ă©videmment Ă©loquent et la frontière illusion théâtrale et vie rĂ©elle, tĂ©nue.

Puis le voyage en Tunisie (1858) prépare à la composition de Salammbô, fresque colorée voire saturée, au réalisme archéologique; dédiée à un épisode guerrier et mystique de l’Antiquité carthaginoise. Dans les jardins d’Hamilcar Barca, les mercenaires qui attendent leur solde, voit, sidérés, la belle prêtresse Salammbô, corps érotique pourtant dévolue au culte de Tanit / Astarté, l’Aphrodite orientale… C’est l’un d’entre eux qui séduira la belle vierge dont l’esprit ainsi révélé ne se remettra pas après l’éxécution de son aimé : elle meurt évanouie à la fin du drame. Le roman édité en 1862 n’a pas le succès escompté, certes somptueusement écrit, fouillé dans ses évocations antiques mais trop lourd et statique.
A l’inverse, un autre sommet de la littérature française Trois contes (1877) dont fait partie Un cœur simple et surtout Herodias, nouvelle évocation d’un Orient saturée de couleurs érotiques, marque les esprits et la critique pour la beauté et le travail du style. Dans la lignée d’un Balzac, analyste de la nature humaine, avant Zola et les naturalistes qui le considèrent comme un modèle, Flaubert a cette obsession de l’exactitude documentaire, scintillement de détails saisissants d’acuité poétique, qui émaillent son récit et lui apportent le relief et le mordant de la vie elle-même. Mais nature sceptique voire fataliste sur la nature humaine et sa vanité essentielle, Flaubert aime à décrire les illusions et fantasmes de ses héros pour mieux les railler. Tel est le pessimisme fondamental de l’ermite de Croisset. Pour autant, son écriture a ouvert les portes d’un imaginaire littéraire inédit dont la puissance évocatrice, jusqu’à la musicalité propre, suscite l’admiration.

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Les textes de Flaubert mis en musique à l’opéra. Deux figures orientales traitées par l’écrivain (Hérodias, Salammbô) ont inspiré les compositeurs à l’opéra : Massenet, Reyer, Strauss…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

HERODIAS

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salome_titien_tiziano_salome_5-Salome-1512-Tiziano-TitianHérodias : devenue Hérodiade chez Jules Massenet (1881). Le compositeur brosse le portrait d’Hérodiade, épouse ambitieuse du Tétrarque Hérode qu’elle manipule en sacrifiant sa propre fille Salomé ; la danse érotique de la jeune fille envoûte le pervers qui consent à exécuter celui que Salomé a dénoncé : le prophète Jokanaan. Ainsi se venge la mère Hérodiade, furieuse que ce même Jokanaan l’ait critiqué ouvertement, invectivant ses turpitudes et son esprit maléfique… (Jean la traite de « Jezabel » , l’étrangère vicieuse et malfaisante). Contrairement à la Salomé de Strauss / Wilde qui s’intéressent surtout au profil sensuel de la jeune femme, à son corps provoquant, l’ouvrage de Massenet préfère le profil plus mûr et réfléchi d’une amoureuse, éprise de Jean / Jokanaan : pour le prophète, elle donne sa vie, implore sa mère de gracier son aimé ; puis déjouant les manipulations d’Hérodiade, Salomé est prête à tuer sa propre mère. En réalité elle se suicide en fin d’ouvrage, pour rejoindre Jokanaan.

Du même texte de Flaubert, Oscar Wilde fait une pièce de théâtre (1891), intitulée Salomé que Richard Strauss en 1905 adapte pour la scène lyrique avec l’immense réussite que l’on sait. La danse des 7 voiles, point d’orgue symphonique du drame (où se concentre le désir du tétrarque et la lascivité innocente du corps pubère et dansant), de même que la scène finale où Salomé baise la bouche de Jokanaan décapité avant d’être elle-même étouffée par les boucliers des soldats horrifiés… restent deux épisodes parmi les plus marquants de toute expérience lyrique.

Production de l’Opéra de Saint-Etienne, 2018 : Pichon / Ossonce
https://www.classiquenews.com/compte-rendu-opera-saint-etienne-le-18-nov-2018-massenet-herodiade-elodie-hache-ossonce-pichon/

Production de l’Opéra de Marseille, mars 2018 : Pichon / Vanoosten
https://www.classiquenews.com/compte-rendu-opera-marseille-opera-le-23-mars-2018-massenet-herodiade-1881-v-vanoosten-j-l-pichon/

LIRE aussi Hérodiade de Massenet
https://www.classiquenews.com/confinement-opera-chez-soi-ballets-a-la-maison-concerts-en-direct/

 

 

 

 

 

SALAMMBĂ”

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rosa-caron-salambo-bonnat-1896-dossier-opera-classiquenews-opera-concert-classiquenewsErnest Reyer (marseillais né en 1823) adapte en 1890, Salammbô de Flaubert. L’opéra est un ouvrage riche et spectaculaire, proche de sa Sigurd (1885), autre évocation légendaire, elle néowagnérienne, mais inspirée des légendes scandinaves que vénérera dès sa création le peintre Degas, familier du Palais Garnier à Paris. C’est Camille du Locle, librettiste chevronné de Don carlos puis d’Aida de Verdi, qui adapte Flaubert pour Reyer. Salammbô est ainsi créé à Bruxelles en 1890. Le musicien formé entre autres par sa tante, -l’excellente pianiste et compositrice, Louise Farrenc-, s’illustre d’abord en mettant en musique plusieurs textes de Théophile Gautier (dont la Symphonie Le Sélam ou le ballet Sacountalâ de 1858…). Avec Salammbô, Reyer retrouve et réalise ses aspirations musicales pour le rêve et l’exotisme: un orientalisme de plus en plus prononcé (Sacountala est d’inspiration hindoue, et son premier succès lyrique, La statue de 1861, prend prétexte des Mille et une nuits) qui porte son inspiration la plus réussie. Illustration : Rose Caron dans le rôle de Salammbô de Reyer, portrait de Bonnat, 1896 (DR).

Le chantier
Du reste, tous les commentaires louent la science des mélodies originales, un refus de toute complaisance et lieux communs, des harmonies “fraîches”, l’orchestration à la fois savante et personnelle. A l’origine de Salammbô, auquel Reyer pense dès 1864, Flaubert accepte une mise en musique, mais il songe d’abord à Verdi, dans une adaptation de Théophile Gautier… Ce dernier meurt en 1872,… sans avoir rien écrit. Flaubert se tourne alors vers Catulle Mendès. Heureusement, Reyer reprend la main et suggère à Flaubert, Camille du Locle : l’auteur de Salammbô accepte. Le chantier peut donc commencer. Il sera encore interrompu quand meurt Flaubert en 1880, laissant un temps, Reyer, comme démuni. Mais les éléments du drame lyrique se précisent. Ils modifient par exemple la mort de Salammbô, laquelle se poignarde (alors que dans l’ouvrage originel, la jeune femme meurt évanouie, à la vue du coeur arraché de son amant, Mathô).
Au final la partition laisse toute la place à l’héroïne, offrant à la créatrice du rôle, à Bruxelles, Rose Caron, une incarnation spectaculaire, même si Reyer fusionne solos et récitatifs en un flux continu: pas d’airs isolés, ni de scène fermées. Grand admirateur de Berlioz et aussi de Gluck, Reyer soigne la lisibilité du chant déclamé auquel il associe un orchestre somptueux, d’un dramatisme efficace. C’est un tissu à la couleur permanente qui produit ce que les critiques de l’époque n’ont pas manqué de relever: mysticisme, rêverie, climat d’extase et de ravissement… Au centre de la partition, point culminant de l’orientalisme rêvé par Reyer, les rituels lunaires de l’acte II, où la prêtresse plus langoureuse que jamais, célèbre Tanit, où paraît Mathô (venu dérobé le Zaïmph, voile sacré de la déesse) que Salammbô, saisie, comme envoûtée, prend pour un dieu soudainement révélé… En lire plus : dossier Salammbô de Reyer
https://www.classiquenews.com/ernest-reyer-1823-1909-salammb-1890marseille-opra-du-27-septembre-au-5-octobre-2008/

LIRE aussi notre compte rendu de Salammbô de Reyer à l’Opéra de Marseille, octobre 2008 :
https://www.classiquenews.com/marseille-opra-le-5-octobre-2008-ernest-reyer-salammb/

PARIS : récital de Sumi JO

JO-SUMI-recital-concert-critique-classiquenewsPARIS, TCE. Sumi JO, le 8 dĂ©c 2020. Sumi Jo est l’ancienne Ă©lève en Italie de Carlo Bergonzi (au dĂ©but des annĂ©es 1980), le tĂ©nor lĂ©gendaire qui chanta avec le style et l’élĂ©gance que l’on sait le poète Rodolfo de La Bohème de Puccini. Après avoir chantĂ© Gilda de Rigoletto de Verdi (1986), Karajan, touchĂ© par la fragilitĂ© ineffable de son timbre Ă©lĂ©giaque, ne tarde pas Ă  inviter la soprano dès 1988 pour Mozart et aussi Oscar dans Un Bal MasquĂ© de Verdi. LancĂ©e sur la scène lyrique, la soprano coloratoure incarne Lucia, Zerbinette, Fiorilla, Amina, Elvira… reine du bel canto de Bellini Ă  Verdi, de Strauss Ă  Mozart. De ce dernier, Sumi Jo a chantĂ© la reine de la nuit dans tous les théâtres du monde. Pour nous Sumi Jo aura marquĂ© le personnage d’Olympia sur la scène de l’OpĂ©ra Bastille, ce chant Ă©perdu, ivre de la poupĂ©e mĂ©canique au timbre de diamant…

Le concert au TCE à Paris organisée par l’association Echos de la Corée (fondée en 2003) souhaite souligner et encourager les relations culturelles entre Corée et France. C’est le 13è concert favorisant ainsi l’amitié franco-coréenne. Perles de ce récital lyrique, Sumi Jo chante plusieurs joyaux de l’opéra français romantique (de Juliette de Gounod à Thais de Massenet) et profite de la présence du bayrton rossinien Florian Sempey (qui s’est imposé sur la scène lyrique dans le rôle de Figaro) ; les deux solistes chantent ensemble entre autres, dans le duo ciselé par Offenbach : « Belle nuit, o nuit d’amour »… du miel pour les amateurs d’opéra et tous les mélomanes…

 

 

 

 

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PARIS, TCE
Récital Sumi Jo, soprano
Avec Florian Sempey, baryton
Jeff Cohen, piano
Mardi 8 décembre 2020, 20h
RESERVEZ VOTRE PLACE

Réservation: theatrechampselysees.fr
Par téléphone: 01 49 52 50 50
Tarif : de 75€ à 5€
Contactez aussi : echosdelacoree2018@gmail.com
Tél : 0679975845 (Mia LEE DERVOUT)

 

 

 

 

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Programme

 

 

1ère partie
Sumi Jo + Sempey / Rossini / Pronta Io son ( Il barbiere di Siviglia)
Sempey / Rossini / Largo al factotum ( Il barbiere di Siviglia)
Sumi Jo / Dell’Acqua / Villanelle
Sumi Jo / Gounod / Je veux vivre (Romeo et Juliette)
Sempey / Gounod / Mab, la reine des mensonges (Romeo et Juliette)
Cohen / Massenet Saint-Saëns / La mort de Thais
Sumi Jo + Sempey / Massenet / C’est toi mon père ( Thais)

 

 

 

2 ème partie

Donizetti / Ah, mes amis ( La Fille du régiment)
Sumi Jo / Donizetti / Il faut partir (La Fille du Regiment )
Sumi Jo + Lee / Korean folksong / Arirang
Sempey / Donizetti / Bella siccome un angelo (Don Pasquale)
Sumi Jo + Sempey / Offenbach / Belle Nuit o Nuit d’amour (Les Contes d’Hoffmann)
Sumi Jo / Lecocq / O Paris, gai séjour de plaisir ( Le cent vierges)
Lehar / Heure exquise (La Veuve Joyeuse)

 

 

 

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CD événement, critique. VICTORIA : Officium defunctorum (La Grande Chapelle, Albert Recasens, 2 cd Lauda)

VICTORIA requiem defunctorum la grande chapelle alber recasens critique cd review classiquenews CLIC de classiquenews hiver 2020CD Ă©vĂ©nement, critique. VICTORIA : Officium defunctorum (La Grande Chapelle, Albert Recasens, 2 cd Lauda). L’Officium defunctorum de Tomás Luis de Victoria est le chant du cygne d’un auteur profondĂ©ment original qui Ă  l’opposĂ© d’un Palestrina et ses perfections classiques romaines, atteint par son Ă©criture ascensionnelle et imprĂ©visible, Ă  ce premier romantisme, sublimĂ© alors Ă  la fin de la Renaissance et en ce dĂ©but du XVIIè oĂą se construisent les compositions baroque d’un Rubens, après le rĂ©alisme mystique du Caravage (d’ailleurs le visuel de couverture de ce double coffret est d’un peintre caravagesque : fine et opportune rĂ©fĂ©rence). ApĂ´tre de visions mystiques inclassables en rĂ©alitĂ©, Tomás Luis de Victoria (1548 – 1611), tĂ©moin mĂ»r de l’humanisme caravagesque, interroge les limites de la foi confrontĂ©e aux vanitĂ©s du monde qu’incarne la matière pĂ©rissable des souverains espagnols. Ce regard Ă  la fois lucide et poĂ©tique sur la fragilitĂ© de la condition terrestre concentre la question d’une Ă©poque traversĂ©e d’épreuves et de menaces (les turcs aux portes de l’Europe provoquent la ChrĂ©tientĂ© occidentale). Outre la justesse du geste interprĂ©tatif, la rĂ©alisation est Ă©ditorialement exemplaire et apporte une nouvel Ă©clairage sur ce decorum funèbre, Ă  la fois spectaculaire et introspectif propre au dĂ©but du XVIIè en Espagne.

 

 

Lumière funèbre

La Grande Chapelle dévoile la ferveur inclassable de Victoria

 

 

victoria tomas luis polyphonie 1603 Officium defunctorum critique dossier concert classiquenewsEntre Rome et Madrid, le compositeur d’Avila signe une partition particulièrement prenante qui est liée à la dynastie des Habsbourg d’Espagne, flamboyants et misérables, expressifs et austères, Philippe II et Philippe III, successeurs de Charles Quint qui pourtant maître de l’Univers, sut renoncer à toutes les gloires terrestres. Grandeur et décadence, arrogance et vanité… Publiée en 1605, la partition est composée à Madrid en 1603 et dédiée aux rites funéraires honorant la dépouille de l’épouse de Maximilien II et sœur de Philippe II, Marie d’Autriche. Fidèle à son travail de restauration philologique, les chanteurs de La Grande Chapelle et leur directeur musical Albert Recasens rétablissent les justes proportions d’une œuvre à l’image de la dévotion madrilène impériale : fastueuse, solennelle, fervente, déchirante… La mise en contexte liturgique et le respect des effectifs originaux bénéficient  du concours additionnel de Schola Antiqua / Juan Carlos Asensio.  Le portique choral est ainsi inscrit dans le déroulement des deux journées de déploration ritualisée : la veillée de la défunte (Vigiliae defunctorum, en première mondiale), puis la messe proprement dite qui conclut la séquence avec le rite de l’absolution. Le chant lacrymal du Requiem s’accompagne du plain chant rétabli dans le style d’époque et des responsories et psaumes écrits par Victoria lui-même.
Nous avions en 2019 au Festival Musique et Mémoire put mesurer la qualité de l’écriture victorienne grâce au chant tout en nuances et clarté de Vox Luminis, interprètes tout aussi calibré pour exprimer les élans et les vertiges du Requiem de Victoria : LIRE notre compte rendu du Requiem de Victoria par Vox Luminis, Festival Musique et Mémoire, Vosges du Sud, juillet 2019.
« … Mais c’est davantage qu’une représentation abstraite et plus qu’une opération de lévitation, car Vox Luminis par la rondeur de la sonorité collective, la maîtrise des nuances, expriment aussi la tendresse d’un état de bien-être inouï. L’ensemble à l’articulation enveloppante et pourtant aussi détaillée, plus intelligible que certains anglais, révèlent la force poétique des textes, entre imploration et tendresse, comme l’impressionnante architecture de la partition, de l’ombre et son mystère, à la lumière des hauteurs révélées… » écrivait alors Alexandre Pham.

http://www.classiquenews.com/critique-concert-grandvillars-eglise-saint-martin-le-20-juillet-2019-tomas-luis-de-victoria-1548-1611-requiem-officium-defunctorum-vox-luminis/

CLIC_macaron_2014Même sublime expérience avec les chanteurs de La Grande Chapelle. La mort est un passage, une élévation puis comme en lévitation, l’enveloppe qui porte l’âme, s’absout dans l’éternité d’un éther idéal que tisse la musique elle même. Tout cela s’entend dans la piété recueillie et les aspérités expressives de la musique victorienne. Grâce à l’inspiration des musiciens, la mort accomplit la métamorphose ultime ; la musique opère cette sublimation immatérielle qui laisse entrevoir la lumière du paradis. Telle est l’offrande de Victoria sur cette terre : nous permettre d’écouter et de visionner cet audelà tissé de mystère, d’inconnu, et d’accomplissement. Gravure majeure. CLIC de CLASSIQUENEWS hiver 2020.

 

 

 

 

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CD Ă©vĂ©nement, critique. VICTORIA : Officium defunctorum (La Grande Chapelle, Albert Recasens, 2 cd Lauda) – CLIC de CLASSIQUENEWS NoĂ«l 2020.

 

 

 

 

 

 

 

 

LIVRE événement, critique. François Porcile : BRITTEN (Bleu Nuit éditeur)

BRITTEN Benjamin Francois PORCILE Bleu nuit Ă©diteur critique livre classiquenewsLIVRE Ă©vĂ©nement, critique. François Porcile : BRITTEN (Bleu Nuit Ă©diteur). La biographie de François Porcile rĂ©capitule les Ă©vĂ©nements marquants de la vie du compositeur britannique Benjamin Britten (1913 – 1976), nĂ© devant la mer du Nord, soit « la mer d’Allemagne », un milieu qui s’avère fĂ©cond pour lui, comme en tĂ©moignent les opĂ©ras marins, Peter Grimes qui le rĂ©vĂ©la, ou Billy Budd, d’abord boudĂ© par un public refroidi mais depuis quelques annĂ©es, rĂ©estimĂ©, Ă  juste titre. Le collĂ©gien se montre particulièrement inspirĂ© (dĂ©jĂ  une centaine d’oeuvres Ă  14 ans !) ; puis l’apprentissage chez Frank bridge (1928-1930) ; … tout indique très vite une pensĂ©e musicale qui s’interroge sur le sens de la forme, l’efficacitĂ© et la synthèse, loin des effluves « boursouflĂ©es et soporifiques » du victorien Elgar… Britten apprend ce souci du dĂ©veloppement musical Ă  l’école du cinĂ©ma et du documentaire, quand il travaille pour le GPO Film Unit de 1935 Ă  1939, Ă©pisode souvent nĂ©gligĂ©.
En couple avec le ténor Peter Pears, rencontré en 1937 et dont le timbre lui rappelait étrangement celui de sa mère, Britten collectionne les épreuves et les expériences dont l’exil aux USA de 1939 à 1942 ; à son retour en Grande-Bretagne, le compositeur n’est plus le même : il se consacre presque exclusivement à l’opéra.

 

 

« Great Britten »
Benjamin Britten : le plus important compositeur britannique depuis Purcell

 

 

benjamin_britten_vieuxA partir de Peter Grimes (créé en juin 1945 au Sadler’s Wells), triomphe unanime et révélation de son génie lyrique, il enchaîne les ouvrages dramatiques avec plus ou moins de succès : The Rape of Lucretia / Le viol de Lucrèce qui exprime un essai réussi dans une forme renouvelée et chambriste ; ce questionnement profond, viscéral sur la forme lyrique est étroitement lié à la création de l’EOG English Opera Group (automne 1946), source d’expérimentation et de réalisation dirigée par Britten et ses « fidèles », Eric Crozier (dont l’épouse, Nancy Evans chanta Lucretia) et John Piper. En découle, l’opéra toujours mésestimé Albert Herring, puis Billy Budd (four retentissant) auquel succède l’opéra commande officiel pour le couronnement d’Elisabeth II, Gloriana (1953) , froidement accueilli; enfin s’accomplit un nouveau miracle : Le Tour d’écrou (La Fenice, 1954) d’après Henry James (adaptation du roman en 16 scènes par Myfanwy Piper), nouveau triomphe absolu, un ouvrage de « réparation » (auquel le chapitre XI est dédié) ; les dernières années occupent le compositeur à son testament musical, sorte d’autobiographie : Mort à Venise d’après Thomas Mann, « l’opéra maléfique » selon le mot de Peter Pears, de fait, une partition qui est marquée par l’affaiblissement singulier de l’auteur, hospitalisé pendant la composition (début 1973). Le texte dresse un portrait édifiant et plutôt lumineux de Britten, compositeur pour le moins aussi essentiel que Purcell dont il a arrangé avec un génie rare CLIC_macaron_2014Didon et Enée. Ouvert sur son époque, généreux vis à vis des musiciens populaires à son époque (de Menuhin à Rostropovitch…), de ses confrères aussi dont certains le lui rendirent si peu, par jalousie, Britten est bien cette étoile incontournable de l’histoire britannique, estimé de son vivant (« Great Britten ») qui sut aussi au sein de son festival maritime d’Aldeburgh, encourager les opéras d’autres auteurs (Benett, Walton, Birtwistle…). Pianiste, chef d’orchestre, le compositeur méritait assurément ce texte biographique désormais capital.

 

 

 

 

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LIVRE Ă©vĂ©nement, critique. François Porcile : Benjamin Britten (Bleu Nuit Ă©diteur) – Collection horizons n°76 – 176 pages ; 20 x 14 cm ; brochĂ© – ISBN 978-2-35884-097-2. Parution : octobre 2020  -  CLIC de CLASSIQUENEWS hiver 2020.

 

 

 

 

CD, critique. MONTECLAIR : JephtĂ© (Orfeo Orchestra, György Vashegyi – Budapest, mars 2019 – 2 cd Glossa)

jephte-monteclair-vashegyi-cd-glossa-clic-de-classiquenews-cd-critique-baroque-classiquenewsCD, critique. MONTECLAIR : JephtĂ© (Orfeo Orchestra, György Vashegyi – Budapest, mars 2019 – 2 cd Glossa). Après la gravure visionnaire de Christie, voici une nouvelle approche globalement très convaincante en provenance de Hongrie. La caractĂ©risation que sait rĂ©aliser l’excellent baryton Tassis Christoynnis dans le rĂ´le titre de JephtĂ© accrĂ©dite la haute valeur de cette lecture dont la direction du chef Gyorgy Vashegyi assure la grande rĂ©ussite orchestrale : architecturĂ©e mais aussi subtilement colorĂ©e, aux accents idĂ©alement maĂ®trisĂ©s. La riche parure instrumentale, les danses, les intermèdes, la puissance martiale et l’onirisme pastoral sont remarquablement restituĂ©s : structurĂ©s, d’une solide articulation (le chĹ“ur n’est pas en reste, Ă  la fois dĂ©terminĂ© et prĂ©cis), mais aussi dĂ©taillĂ©s dans le sens d’une langueur nouvelle nostalgique.

 

 

 

György Vashegyi ressuscite le souffle et la majesté
d’un Montéclair symphonique, précurseur de Rameau…

 

 

 

Le chef d’œuvre de Montéclair, contemporain de Campra, et précurseur de Rameau, s’accomplit ici avec une aisance et une sûreté délectable. Créé en 1732, soit un avant le génial et scandaleux Hippolyte de Rameau, Jephté semble synthétiser toutes les possibilités poétiques et expressives du genre tragédie lyrique. Jephté est un superbe emploi pour baryton, comme ce que Rameau écrira pour le rôle pilier de Thésée dans Hippolyte.
En réalité le manuscrit remonte aux années 1720 et la valeur de cette lecture s’appuie sur la version de 1737, l’une des récentes reprises à l’Académie, car comme les tragédies de Rameau, Jephté ne cessa d’être joué tout au long du XVIIIè : il y a autant de majesté solennelle propre au souffle versaillais de Louis XIV, de la détermination guerrière, que de la suavité d’esprit pastoral, annonçant les heureux bocages raméliens (heureuse musette accompagnant Iphise au IV)… L’écriture de Montéclair est d’un grand équilibre, répondant à chaque accent et registre du genre. Ici Iphise, la fille sacrifiée de Jephté est incarnée par la soprano Chantal Santon, certes la voix est assurée, le caractère angélique et tendre, présent. Mais la voix est trop vibrée et l’intelligibilité, absente. Idem pour l’Almasie de Judith V Wanroij, ailleurs princesse altière et hautaine, ici elle aussi inintelligible, au timbre acide, à l’intonation lisse, sans guère de nuances, dont le style ampoulé et artificiel finit par agacer… Thomas Dolié reste engorgé, serré, vibré, terne en Phinée : autre déception d’une distribution globalement déséquilibrée.
Saluons en revanche l’excellent Zachary Wilder (Ammon) et la frêle et sensible Katia Velletaz dont le timbre délicat exprime la tendresse irrésistible des bocages. Par son relief orchestral, pour le rôle de Jephté magnifiquement incarné dont T Christoyannis fait un être qui souffre, l’enregistrement de 2019 retient notre attention et mérite le meilleur accueil.

 

 

 

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CD, critique. MONTECLAIR : JephtĂ© (Orfeo Orchestra, György Vashegyi – EnregistrĂ© Ă  Budapest (Mupa, mars 2019 – Hongrie) – 2 cd Glossa.

 

 
 

 

CD critique. GUERRE et PAIX : WAR AND PEACE : 1614 – 1714 (2 cd Alia Vox)

war peace guerre et paix jordi savall alia vox 2015 cd critique classiquenewsCD critique. GUERRE et PAIX : WAR AND PEACE : 1614 – 1714 (2 cd Alia Vox) – Dans ce coffret de 2 cd enregistrĂ© en 2014 (pour le plus rĂ©centes sessions), Jordi Savall pointait du doigt un flĂ©au malheureusement et honteusement emblĂ©matique de l’histoire humaine : l’essor des guerres produisant atrocitĂ©s, barbaries, traumatismes chez les peuples qui en sont les victimes, des deux cĂ´tĂ©s, vainqueurs et vaincus. La Guerre de Trente Ans, jusqu’en 1648, marque la première moitiĂ© du XVIIè, siècle des guerres de religions (catholiques / protestants) auxquelles politiques en opportunistes cyniques apportent leur soutien selon leur intĂ©rĂŞt et leur volontĂ© de puissance. Les musiques de ce siècle martyrisĂ©, et du suivant (XVIIIè) illustrent Ă  la fois la majestĂ© dĂ©risoire des grandes nations belliqueuses (dont la France Ă©videmment, puis les Habsbourg autrichiens comme espagnols) mais aussi la vanitĂ© et les misères terrestres. Y rayonnent solennitĂ© et puissance de Biber (Missa Bruxellensis, Requiem) et Lully, musiques autant fastueuses que ferventes, auxquelles Marc Antoine Charpentier offre sa profondeur non moins Ă©clatante. Pourtant serviteur de la solennitĂ© française, Lully compose un remarquable Motet (concerto) pour la Paix ; une espĂ©rance prolongĂ©e par le Te Deum de Charpentier) et le Jubilate Deo de Handel ; ils sont les formes usuelles pour cĂ©lĂ©brer la fin d’une guerre en une action de grâce collective et ouverte.
L’époque est celle des instruments, comme en témoigne le passage de la viole de gambe à la famille des violons (Jenkins) ; la sélection des partitions ainsi opérée met en avant l’essor de la suite de danses, cycle purement musical où les instruments ne suivent pas les accents et images d’un texte, uniquement les ressorts du rythme produisant architecture (superbe Chaconne de Muffat). Ainsi les nombreuses batailles signées Schiedt, Biber, surtout Kerll) : hymnes percutants en contrastes et surprises. Le col legno de Biber revêt une coloration expressive inédite (Die Schlacht) qui saisit par son usage mesuré et génialement expressif.
Jordi Savall rappelle combien Louis XIII, digne père de son fils le Roi-Soleil et protecteur des artistes, sut déjà en 1626, en instituant les fameux 24 violons du Roi (comme il fixera tout autant les 12 grands hautbois du Roi), impose un nouveau standard orchestral d’une densité inouïe jusque là (à 4 et 5 parties).
Lully reprend le flambeau et réalise le passage du ballet de cour vers la tragédie en musique : emblème d’une France omnipotente, aussi martiale que raffinée, supplantant désormais les prodiges de l’Italie. Le stile concertato est la réponse italienne à cette recherche permanente du contraste, adulé par les luthériens heureux d’articuler ainsi avec accents la ferveur protestante (Siehe an die Werke Gottes de Rosenmüller).
CLIC D'OR macaron 200Racines et origines obligent, Jordi Savall évoque le temps « béni » où Barcelone confirmait déjà sa primauté comme capitale artistique de la Catalogne, alors résidence de la cour de l’Archiduc Charles (dès 1705) et dont la création de l’opéra de Caldara « Il piu bel nome » témoigne en 1708, en pleine guerre de Succession d’Espagne… l’ouvrage est d’autant plus significatif qu’il est premier opéra italien, de style napolitain, produit en Espagne. Du reste, l’éloquente et patriote fierté catalane s’exprime aussi dans plusieurs chansons restituées ici : El Cant dels Aucells, mélodie ancestrale adaptée alors pour l’arrivée de Charles justement en 1705 ; puis Catalunya, et Catalunya en altre temps ella sola es governava au titre sans ambiguïté qui témoigne aussi d’un sentiment indépendantiste fort et nostalgique. Qu’il s’agisse de mélodies populaires ou de formes savantes, l’idéal martial s’exprime entre noblesse, raffinement, détermination. L’engagement de Jordi Savall et ses musiciens est indiscutable. La grandeur comme le dénuement se côtoient et proche de l’âme catalane ibérique, une certaine gravité fraternelle se précise encore quand Savall exprime les tourments et aspirations de sa terre natale. Livre disque incontournable.

CD critique. GUERRE et PAIX : WAR AND PEACE : 1614 – 1714 (2 cd Alia Vox AVSA9908)
Jordi Savall, la Capella Reial de Catalunya, Le Concert des Nations, Hespèrion XXI
https://www.alia-vox.com/fr/catalogue/guerre-paix-1614-1714/

CD événement, critique. Karine Deshayes, Delphine Haidan. Deux mezzos sinon rien (1 cd Klarthe records)

deux-mezzos-sinon-rien-cd-concert-critique-classiquenews-CLIC-de-classiquenews-compte-rendu-annonce-KLARTHE-recordsCLIC D'OR macaron 200CD Ă©vĂ©nement, critique. Karine Deshayes, Delphine Haidan. Deux mezzos sinon rien (1 cd Klarthe records) – Il revient ainsi Ă  Klarthe de fixer l’entente et la douce complicitĂ© de deux mezzos françaises particulièrement bien associĂ©es. Le programme est Ă  la hauteur de la promesse : habilement Ă©quilibrĂ©, lieder de Brahms et de Mendelssohn auxquels rĂ©pondent plusieurs mĂ©lodies Ă©galement en duo, de Gounod, Saint-SaĂ«ns, FaurĂ©, Massenet… parmi les moins connues et les plus Ă©vocatrices. Le jeu du compositeur et chef Johan Farjot apporte un tapis pianistique des plus articulĂ©s, opĂ©rant dans le registre que les deux voix dĂ©ploient sans peine : l’écoute complice, la complĂ©mentaritĂ© poĂ©tique.
En ouverture, les Quatre mĂ©lodies de Brahms sont abordĂ©es avec lĂ©gèretĂ©, un allant sans affectation dès la première (« Die Schwestern » / les sĹ“urs, titre bien choisi) une attention partagĂ©e dans l’écoute Ă  l’autre ; les deux voix de mezzos, proches et pourtant caractĂ©risĂ©es, interchangeables et distinctes, semblent exprimer la double face d’une mĂŞme intention : insouciance, introspection plus secrète et intime pour le second lied – achevĂ© comme une interrogation (Klosterfräulein) ; souple et presque sensuelle, « Phenomen » s’énonce comme une douce prière, celle adressĂ©e Ă  un cĹ“ur chenu qui peut encore aimer…
Les amateurs de mélodies françaises seront ravis à l’écoute des perles et joyaux qui suivent. Karine Deshayes déploie sa soie flexible d’abord dans la première séquence « D’un cœur qui t’aime », timbre clair, aigus naturels et rayonnants auquel répond le chant plus sombre de sa consœur Delphine Haidan. Les deux fils vocaux tissant ensuite une tresse souple et équilibrée où les deux timbres se répondent et dialoguent sur le texte de Racine.
Les 3 oiseaux de Delibes se distingue par sa coupe précise et sobre, son intensité tragique progressive, jusqu’à la dernière strophe qui fixe une situation … perdue.
RĂ©vĂ©lateur d’un gĂ©nie opĂ©ratique et d’un raffinement supĂ©rieur, le cycle des deux mĂ©lodies de Saint-SaĂ«ns captivent tout autant : sur un rythme mi habanera / bolĂ©ro pour la première (El Desdichado, – texte du librettiste Jules Barbier) et sur le sujet d’un cĹ“ur pris dans les rĂŞts de l’amour cruel ; plus insouciante et presque fleurie, La Pastorale d’après le texte de Destouches est d’un dĂ©licieux parfum nĂ©o baroque.
La première des 3 mélodies de Massenet  « Rêvons c’est l’heure » (d’après Paul Verlaine) charme comme un nocturne enivré et suspendu; la tendresse rayonne dans « Marine » cultivant un climat éthéré, murmuré; enfin « Joie » s’électrise grâce aux deux voix admirablement accordées.
L’une des plus longues mélodies : « Bienheureux le cœur sincère » de Gounod,  est une prière ardente qui célèbre à la façon d’un cantique la justice divine et la bonheur des Justes… Chausson diffuse son romantisme subtil et sombre d’une enivrante intériorité (sublime « La nuit ») ; quand Fauré (« Puisqu’ici bas… ») sait exploiter toutes les nuances suaves des deux lignes vocales comme enlacées / torsadées. Le poids des mots, la nuance et l’équilibre des timbres, la caresse du piano font toute la valeur de ce programme dédoublé mais unitaire, original et cohérent. Un album qui est aussi déclaration musicale car le duo « Deux mezzos sinon rien » entend à présent conquérir à deux voix, scènes et théâtres. On s’en réjouit. Prochain concert le 28 octobre au Bal Blomet (Paris)…

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CD événement, critique. Karine Deshayes, Delphine Haidan. Deux mezzos sinon rien (1 cd Klarthe records)  enregistrement réalisé en mai 2019  —  CLIC de classiquenews, automne 2020.

Johannes BRAHMS | 4 duos, opus 61
Charles GOUNOD | D’un coeur qui t’aime
Léo DELIBES | Les 3 oiseaux
Camille SAINT-SAËNS | El Desdichado
Camille SAINT-SAËNS | Pastorale
Jules MASSENET | RĂŞvons, c’est l’heure
Félix MENDELSSOHN | 4 duos, opus 63
Jules MASSENET | 2 Duos, op 2
Charles GOUNOD | Bienheureux le coeur sincère
Ernest CHAUSSON | La nuit – op 11, n°1
Gabriel FAURÉ | Pleurs d’or – op 72
Gabriel FAURÉ | Puisqu’ici bas toute âme – op 10
Johannes BRAHMS | Die Meere – op 20, n°3

Karine Deshayes | Delphine Haidan
Johan Farjot, piano

VOIR toutes les infos sur le site du label KLARTHE records
https://www.klarthe.com/index.php/fr/enregistrements/deux-mezzos-sinon-rien-detail

 

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CONCERT
Karine Deshayes | Delphine Haidan
Quatuor Ardeo
le 28 octobre 2020 – 20h30
au Bal Blomet Ă  Paris

Réservations
http://www.balblomet.fr/events/ardeo/

CD, critique. MOZART : Betulia LIberata (Talens Lyriques, 2 cd Aparte 2019)

Betulia-Liberata-mozart-talens-lyriquesCD, critique. MOZART : Betulia LIberata (Talens Lyriques, 2 cd Aparte 2019). Betulia liberata, K. 118 (1771), azione sacra ou drame sacrĂ©, est l’oeuvre d’un compositeur de … 15 ans. Etonnante prĂ©cocitĂ© et maturitĂ© de Wolfgang, qui y approfondit dĂ©jĂ  une hypersensibilitĂ© Ă©motionnelle ; la langue est traversĂ© d’éclairs sturm und drang et de formules europĂ©ennes apprises dans l’esprit de Mannheim (arias fermĂ©s da capo empruntĂ©s Ă  l’opĂ©ra seria). La Betulia est Ă©crite pour le Prince d’Aragon Ă  Padoue, mais n’y fut probablement jamais donnĂ©e. Vivaldi avait dĂ©jĂ  traitĂ© le sujet de la juive Judith, dĂ©capitant le gĂ©nĂ©ral assyrien Holopherne afin de libĂ©rer BĂ©thulie. Les Talens Lyriques sculptent la matière dramatique de l’oratorio avec toute l’expressivitĂ© requise, et les solistes savent caractĂ©riser chaque profil du Livre de Judith (Ancien Testament) : le gouverneur Ozias, la noble Amital, et la voluptueuse Judith (convaincante Teresa Iervolino), visage exaltĂ©, passionnĂ© et bras armĂ©, victorieux des IsraĂ©lites contre l’Assyrien. Les instrumentistes Ă©clairent cette Ă©volution majeure dans l’écriture mozartienne qui propre aux annĂ©es 1770 « prĂ©classiques », rĂ©alisent les premiers opĂ©ras ciselĂ©s, menant d’ Ascanio in Alba (Milan, oct 1771) au dĂ©jĂ  romantique et très goĂ©thĂ©en Lucio Silla (mars 1774, contemporain des Souffrances du jeune Werther). A travers les types bibliques, Wolfgang devient Mozart, peintre unique du cĹ“ur humain, vertiges et passions, mais ici fortement individualisĂ©s selon la capacitĂ© spĂ©cifique de chaque chanteur avec lequel il travaille et sait s’accorder. Lecture prenante qui s’appuie sur une distribution très homogène et crĂ©dible. + d’infos sur le site des Talens Lyriques : https://www.lestalenslyriques.com/discographie/betulia-liberata/ – parution : 25 sept 2020.

Compte rendu, critique, opéra. SALZBOURG, le 1er août 2020. Strauss : Elektra. Welser- Möst / Warlikowski

Compte rendu, critique, opéra. SALZBOURG, le 1er août 2020. Strauss : Elektra. Welser- Möst / Warlikowski. Toute l’action se déroule au bord d’une piscine ; d’un saunatorium, à l’écart du palais des Atrides. L’eau glacée de la vengeance : Pour Warlikowski, Elektra demeure la proie dépassée, débordée d’un trop plein de haine vengeresse : comment laver la souillure propagée par l’assassinat de son père Agamemnon ; crime commis par sa mère Clytemnestre, aidée de son amant Egiste. Quand Elektra plonge sa main dans l’eau du bassin royal, le désir de pureté doit s’accomplir. Quête radicale, irrépressible, …

 
 

 
 

Volcan orchestral et lave vocale

Pour son centenaire, Salzbourg rĂ©ussit sa nouvelle production d’Elektra

 

 

Salzbourg 2020 : Somptueuse Elektra pour le centenaire

 

 

Eau pure contre sang versé. L’idée est juste, mais pourquoi encore et toujours nous infliger un monologue parlé, récité de Clytemnestre avant l’action lyrique ? Le metteur en scène polonais délivre sans pudeur ses propres tourments obsessionnels quitte à rompre le fil musical et tuer l’impact du chant lyrique. Strauss et Hofmannsthal (2 cofondateurs du Festival de Salzbourg en 1922) n’auraient certes pas apprécié cette incursion du théâtre parlé (et surtout hurlé) dans l’opéra, genre total qui se suffit à lui-même. D’autant que le théâtreux ajoute encore et toujours ses images vidéos, censées expliciter les relations (incestueuses ou sadomaso) entre les personnages. Mais la vraie folle ici est bien la mère (Clytemnestre) plutôt que la fille… De même, à la quasi fin de l’action, Warlikowski répète encore, insiste toujours, assène jusqu’à l’écœurement visuel (l’immense giclée de sang quand sont tués Clytemnestre et Egiste puis la nuée de mouches volantes). Il est comme cela : trivial ; et volontiers redondant plagiant la musique qui elle est un volcan d’une force inouïe.

Dans le premier quart d’heure, Elektra est raillée et diabolisée par les suivantes de la cour mycénienne. Sa haine affichée suscite l’ironie cynique des unes, la détestation d’une mère aigre, quand seule sa soeur Chrysotémis admire sa loyauté au père… Puis seule Elektra exprime sa profonde solitude impuissante, l’impossibilité pourtant de laisser le meurtre de son père Agamemnon, impuni. « Agamemnon, père où es-tu? ». La vision du sang versé l’obsède jusqu’à la folie : Ausrine Stundyte habite le personnage avec une clarté qui foudroie, un chant halluciné, âpre et tendu qui prend appui sur les vertiges et crispations d’un orchestre complice qui danse et trépigne, quand la fille enfin victorieuse s’imagine après avoir tué la mère vicieuse et sanguinaire, danser sur la tombe de son père vengé (somptueuse plasticité des Wierner Philharmoniker et direction contrastée, détaillée, ardente de Franz Welser-Möst, lequel confirme ses affinités straussiennes). Plus légère, Chrysotémis (parfaite Asmik Grigorian, plus insouciante, plus légère) parvient à peine à contenir la rage furieuse de sa soeur Electre : elle n’a pas sa force morale ni son courage. Car leur frère Oreste, exilé, se fait attendre… Celui ci trouve dans le baryton Derek Welton, un chant aussi profond et pénétrant, actif et vengeur que sa sœur. C’est lui l’étranger (et pourtant de la maison) qui vengera le crime…

La Clytemnestre, maladive insomniaque, supersitieuse médicalisée, qui cauchemarde (Warlikowski montre tout cela avec un cynisme minutieux) affecte d’être victime… de sa propre fille dont elle fait cette « ortie »rebutante, ingrate et barbare (honnête Tanja A. Baumgartner à la vocalité fauve de louve qui se tortille). La mère, adepte aux rites et aux magies sanglantes, est une charogne qui sait trop la force divine qui habite la juste Electre.
Tissu psychédélique, en tensions et convulsions psychologiques, l’Orchestre fait jaillir la sauvagerie des pulsions de chaque protagoniste, toutes les énergies qui les submergent ; il exprime les obsessions de la fille (le regard du père assassiné) ; son dessein surtout : tuer sa mère ; puis les obsessions de la mère (son rêve / cauchemar en charogne dont la moelle s’épuise : « je ne veux plus rêver »)… son besoin de faire saigner une nouvelle victime pour retrouver le sommeil. Ainsi dans cette version s’affirme comme un roc la claire détermination d’Elektra : elle réfute ce qu’on lui dit (quand Chysotémis annonce la mort d’Oreste, « écrasé par ses propres chevaux ») ; face à sa mère dont elle ne souhaite qu’une chose : sa mort. Et celle de son amant Egiste. Plus radicale face à Chrysotémis qui lui résiste : Elektra n’accepte pas que sa sœur refuse de tuer avec elle, les assassins de leur père : elle maudit Chrysotémis. A travers l’orchestre, l’écriture de Strauss offre l’étendard sonore et sanguinaire de la tragédie grec antique. A coups d’archets nets et précis, d’éclats mordants, le corps instrumental sculpte la matière incandescente

Quand paraît Oreste… surgit la séquence la plus bouleversante : le frère et la soeur se reconnaissent ; deux décalés, solitaires qui s’ignorent d’abord puis comprennent que leur sort est lié… pour venger leur père. L’Orchestre dit alors toute la souffrance qui les submerge et les aimante ( à 1h20) : « Oreste, Oreste, Oreste ! Tout est calme »… fugace accalmie dans un torrent de barbarie familiale. Elektra exprime ce renoncement à sa liberté de femme car le destin de la vengeance doit consumer son être. Très juste et naturel, Derek Welton parfait, dans le texte, submergé par son destin et la tragédie qui le frappe comme sa sœur.

Il y a déjà dans les convulsions voluptueuses de l’Orchestre d’Elektra toute la charge vénéneuse et chaotique de la danse de Salomé à venir. La fin pour Electre est sans ambiguïté : elle est danse de mort et Oreste porte lui aussi le poids de son crime : apeuré et fuyant à la fin du drame, il erre comme un lion solitaire dans la nuit de la salle salzbourgeoise. Vocalement et orchestralement, la production est superbe. Le trio de la fratrie : Elektra, Chrysothémis, Oreste, très convaincant. Voilà qui marque le centenaire du Festival autrichien, sa ténacité estivale malgré la crise sanitaire.

 

  

 
 

 
Photo © SF / Bernd Uhlig / Salzburg Festspiele 2020

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OPERA INTEGRAL EN REPLAY  jusqu’au 30 octobre 2020 sur Arte tv :
https://www.arte.tv/fr/videos/098928-000-A/elektra-de-richard-strauss/

TEASER ELEKTRA Salzbourg 2020
https://www.salzburgerfestspiele.at/en/p/elektra#&gid=1&pid=1

 

  

 
 

 

Livre événement, critique. ALEXANDRE BORODINE par André Lischke (Bleu Nuit éditeur)

BORODINE-andre-lischke-bio-bleu-nuit-editeur-critique-analyse-classiquenewsLivre Ă©vĂ©nement : BORODINE par AndrĂ© Lischke (Bleu Nuit Ă©diteur). Excellente bio dĂ©diĂ©e Ă  l’un des plus importants membres du « Groupe des Cinq », fondateur (avec ses pairs) de la musique symphonique russe, sans omettre la musique de chambre : Alexandre Borodine (1833 – 1887) a su mĂŞler en un Ă©quilibre puissant et solaire les trois influences majeures en Russie : l’identitĂ© slave, l’orientalisme, la musique occidentale, celle des germaniques Schumann et surtout dans son cas, Mendelssohn (comme l’atteste sa Première Symphonie). Mort jeune, auteur lent et finalement rare, Borodine fut surtout un… chimiste, reconnu dont l’activitĂ© comme compositeur devait s’accommoder d’une vie scientifique dĂ©jĂ  bien remplie et plutĂ´t prenante. Une partition symbolisme ce travail rĂ©alisĂ© par sĂ©quences : l’opĂ©ra Prince Igor dont une juste « reconstitution » attend toujours d’être produite sur scène : allĂ©gĂ©e au plus juste dans les orchestrations de Rimsky et de Glazounov ; complĂ©tĂ©e aussi en rĂ©alisant enfin les volontĂ©s et les idĂ©es de l’auteur, mort en laissant un ouvrage inachevĂ© et qui souvent est reprĂ©sentĂ© sans respecter l’ordre originel des actes, tel que le souhaitait Borodine; l’homme est portraiturĂ© avec dĂ©tails : gĂ©nĂ©reux, attentif aux autres, pondĂ©rĂ©s ; mais un faux colosse en vĂ©ritĂ©, Ă  la santĂ© fragile dont cependant l’écriture cinĂ©matographique et structurellement bien charpentĂ©e (comme Sibelius) laisse un catalogue rĂ©duit mais dĂ©cisif. L’auteur comble bien des lacunes : la relation de Borodine et de Liszt (alors maĂ®tre Ă  Weimar et particulièrement admiratif de sa manière originale), sa conception de l’opĂ©ra et de l’écriture lyrique (des tableaux et des numĂ©ros plutĂ´t que le flux continu wagnĂ©rien), la protection de la comtesse Mercy-CLIC D'OR macaron 200Argenteau, la jalousie de son Ă©pouse Ekaterina (pianiste tuberculeuse Ă  la santĂ© tout aussi fragile), la place première de son mentor Balakirev, l’appui du riche industriel Beliaev qui fonde le groupe Beliaev (dĂ©but des annĂ©es 1880), prolongeant d’une certaine façon la riche Ă©mulation du groupe des 5 en son temps… Dans l’attente de la traduction en français du texte biographique majeur Ă©ditĂ© par Serge Dianin (mais en russe et traduit en anglais, 1963), la bio complète Ă©ditĂ©e par Bleu Nuit Ă©diteur est un incontournable.

Livre Ă©vĂ©nement, critique. ALEXANDRE BORODINE par AndrĂ© Lischke (Bleu Nuit Ă©diteur, collection Horizons, Ă©dition rĂ©visĂ©e) – ISBN : 978 2 35884 095 8. Parution : mai 2020.

 

CD, critique. VERDI : LUISA MILLER (Rebeka, Petean / I Repusic (2 cd BR klassik, Munich sept 2017)

MILLER-luisa-marina-rebeka-opera-review-critique-classiquenews-luisa-millerCD, critique. VERDI : LUISA MILLER (Rebeka, Petean / I Repusic (2 cd BR klassik, Munich sept 2017) – Luisa Miller, opĂ©ra noir, opĂ©ra nocturne emporte les âmes les plus pures dans la soie de la mort dont le tragique les sublime, tels RomĂ©o et Juliette. Pourtant l’ouvrage créé Ă  Naples en dĂ©c 1849, n’a pas Ă©tĂ© inspirĂ© par Shakespeare mais par le tĂ©nĂ©breux Schiller (et son drame Ă  l’encre noir « Kabale und Liebe », de 1784) : Salvatore Cammarano dĂ©jĂ  employĂ© pour Alzira et La Bataille de Legnano, adapte pour Verdi, la tragĂ©die de Schiller. Rodolfo et Luisa incarnent deux ĂŞtres de lumière dans la fosse noire des manipulations et calculs les plus ineptes, ceux des 3 voix viriles : Miller, Walter, Wurm). DĂ©jĂ  dans le caractère pur, angĂ©lique mais ardent presque incandescent de Luisa, brillent ce que seront après elle les Leonora du Trouvère, Gilda de Rigoletto et surtout Violetta de La Traviata : le superbe duo père / fille, Miller / Luisa de l’acte III (« Pallida, mesta sei! ») annonce ce que seront bientĂ´t les sublimes confrontations / effusions du père pour sa fille…

Malgré des tempi par toujours très heureux, souvent trop ralentis, le chef caractérise la partition orchestrale des couleurs, bois et vents, d’une ivresse suave réjouissante (le Münchner Rundfunkorchester est un bon orchestre en fosse). Dans le cast, brille le tempérament éperdu, lumineux de la Luisa de Marina Rebeka, gemme rayonnant, à la fois intense et d’une finesse d’intonation très touchante : son medium corsé donne une chair véritablement tragique au personnage que ses consoeurs fragilisent sans nuances : on comprend bien que cette apparente « dureté » de la voix agaceront les plus pointilleux ; mais cette Luisa ne manque ni de fièvre ni de passion. Ses partenaires n’ont guère de défauts, à commencer par le père George Petean (baryton verdien proche de l’idéal : tendre, sobre, phrasé), et dans une moindre mesure l’amant fidèle Ivan Magrí (Rodolfo, à la ligne souvent instable et parfois forcée), tandis que Ante Jerkunica trouve la couleur diabolique de l’infect Wurm. Voici qui confirme la justesse dramatique de la diva Marina Rebeka, voix puissante et ciselée, vrai tempérament expressif et tragique, d’une idéale vibration dans les opéras verdiens.

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CD, critique. VERDI : LUISA MILLER (Rebeka, Petean / I Repusic (2 cd BR klassik, Munich sept 2017)   –   Marina Rebeka (Luisa), Georg Petean (Miller), Corinna Scheurle (Laura), Judit Kutasi (Federica), Ivan Magri (Rodolfo), Bernhardt Schneider (Un paysan), Marko Mimica (Walter), Ante Jerkunica (Wurm), MĂĽnchner Rundfunkorchester, ChĹ“ur de la Radio bavaroise / Ivan Repusic, direction (live, 2017).CD BR Klassic 900323.

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RADIO. SĂ©lection de la rentrĂ©e 2020 – sĂ©lection jusqu’au 10 janvier 2021

CONFINEMENT : quels spectacles et concerts ne pas manquer ?RADIO. Sélection de la rentrée 2020… Classiquenews sélectionne ici les programmes à ne pas manquer sur les ondes. Opéras, concerts symphoniques, plateaux éclectiques, retrouvez ci dessous les programmes incontournables à écouter dès la rentrée 2020 et bien après… Y figurent plusieurs concerts enregistrés en huis clos, dans un dispositif adapté au nouveau confinement imposé depuis le 29 octobre 2020.

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décembre 2020

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Dimanche 6 décembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : Orchestre national en rĂ©gion Hauts-de-France – Arie van Beek, direction.
Melody Louledjian, soprano
MAHLER, Symphonie n°4 en sol majeur

 

 

Samedi 5 décembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : Orchestre National Montpellier Occitanie
Karen Kamenseh, dir
Elza van den Heever, soprano
PEPIN Camille, Laniakea
WAGNER R, Wesendonck Lieder
STRAUSS R, Intermezzo-4 interludes symphoniques
WAGNER R, Tristan et Isolde -Prélude et Liebestod pour orchestre

 

 

 

novembre 2020

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Dimanche 29 novembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : Concert OphĂ©lie Gaillard, violoncelle / Un violoncelle Ă  l’opĂ©ra

 

p style=”text-align: right;”> Samedi 28 novembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : Concert de l’Orchestre de Paris
Enregistrement en huis clos. STRAUSS : Quatre derniers lieder / Vier Lietzer lieder
BRAHMS : Symphonie n°4
Orchestre de Paris / Simone Young, direction

 

p style=”text-align: right;”> Dimanche 22 novembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : BRUCKNER, Symphonie n°4 “Romantique” – Philharmonique de Munich, Valery Gergiev, direction.
Arhives de l’Orchestre Philharmonique de Munich,dir. Z.Mehta, S.Celibidache (Concerto piano n° 2 de Brahms avec D.Barenboim), J.Levine, E.Jochum (Lied de Reger, avec C.Ludwig)

 

p style=”text-align: right;”> Samedi 21 novembre 2020 / RADIO CLASSIQUE
21h : W.A. Mozart, Sonate K 304 – R. Strauss Sonate op. 18
WE Korngold : garden scene de la suite “much do about nothing”

 

 

 

 

septembre 2020

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 Dim 27 sept 2020, 16h – FRANCE MUSIQUE
Tribune des critiques de disques : STABAT MATER de POULENC
Quelle est la meilleure version enregistrĂ©e ? Ecoute comparative…

 

Ven 11 sept 2020, 21h.
Musiques en Fête ! en direct d’Orange sur France Musique et France 3

Malgré le contexte sanitaire, voici une soirée musicale inédite avec des artistes en live destinée au plus grand nombre. Présentée par Cyril Féraud (entre autres), cette 10e édition de « Musiques en fête » réunit un plateau de chanteurs pour un mixte de genres mêlés : airs d’opéra, d’opérette, de comédies musicales, ainsi que des musiques traditionnelles et des chansons françaises…
Les mĂ©lodies de Verdi, Donizetti, Bellini s’associent aux airs cultes : “Oh happy day !”, “Calling you”, “La MĂ©lodie du bonheur”, interprĂ©tĂ©s en direct sur France 3 et sur France Musique, depuis la scène du théâtre antique d’Orange.
Se succédent ainsi sur scène Florian Sempey, Thomas Bettinger, Claudio Capeo, Sara Blanch Freixes, Jérôme Boutillier, Alexandre Duhamel, Julien Dran, Julie Fuchs, Thomas Bettinger, Mélodie Louledjian, Patrizia Ciofi, Fabienne Conrad, Marina Viotti, Florian Laconi, Amélie Robins, Béatrice Uria-Monzon, Marc Laho, Jeanne Gérard, Anandha Seethaneen, Jean Teitgen. Avec l’Orchestre national de Montpellier Occitanie. Le Chœur de l’Opéra de Monte Carlo, Chef de chœur : Stefano Visconti. La Maîtrise des Bouches-du-Rhône. Les élèves des classes CHAM du collège de Vaison la Romaine. Chorégraphies de Stéphane Jarny.
Puis les jeunes talents de Pop the Opera, rĂ©unissant une centaine de collĂ©giens et de lycĂ©ens issus d’établissements scolaires de la rĂ©gion Provence-Alpes-CĂ´te d’Azur, interprètent plusieurs chansons cultes.

 

 

PROGRAMME

Georges Bizet : Carmen
Giacomo Puccini : Nessun dorma, ext. de Turandot (Act.III)

Charles Trenet
Paul Misraki
Je chante

Charles Gounod
Je veux vivre – Ariette, ext. de RomĂ©o et Juliette

Giuseppe Verdi
Di geloso amor sprezzato, ext. de Le Trouvère (Act.I, Sc.15)

Michel Polnareff
On ira tous au paradis
Hommage Ă  Jean-Loup Dabadie, auteur

Gaetano Donizetti
Io son ricco e tu sei bella (Barcaruola), ext. de L’ Elisir d’amore (Act.II, Sc.3)
Una furtiva lagrima, ext. de L’ Elisir d’amore (Act.II, Sc.12)

Jules Massenet
Profitons bien de la jeunesse, ext. de Manon (Act.III, Sc.10)

Abba : Björn Ulvaeus, Benny Andersson, Stig Anderson Dancing Queen

Bella ciao (Hymne des Partisans italiens)

Anonyme
Paul Misraki

Qu’est-ce qu’on attend pour ĂŞtre heureux ?
ext. de la BO du film Feux de joie de Jacques Houssin

Pop the Opera : collégiens et lycéens de la région académique Provence-Alpes-Côte-d’azur

Giacomo Puccini
E lucevan le stelle, romance – ext. de Tosca (Act.III, Sc.3)

Giuseppe Verdi
Carlo vive ? , ext. de I masnadieri (“Les Brigands”)
Mélody Louledjian, soprano, Amalia

Di provenza il mar il suol, ext. de La Traviata (Act.II, Sc.13)
Jérôme Boutillier, baryton

Lucio Battisti
E penso a te
Claudio Capeo, chant

Giuseppe Verdi
O Carlo ascolta, ext. de Don Carlo (Act.III, Sc.9)
Pace pace mio Dio, ext. de La forza del destino (“La force du Destin”) – Act.IV Sc.5

Richard Rodgers
Do-Re-Mi (Do le do), ext. de La Mélodie du bonheur
Elèves des classes CHAM du collège de Vaison la Romaine

Traditionnel Tsigane de Russie
Medley “Les trois tĂ©nors” : Les Yeux noirs (“Otchi tchornye”), Cielito lindo, O sole mio (“mon soleil »)

Gaetano Donizetti
Deh! tu di un umile preghiera, ext. de Maria Stuarda (Act.III, Sc.14)
Cruda funesta smania, ext. de Lucia di Lammermoor (Act.I, Sc.4)

John Kander
Cabaret
Isabelle Georges, chant

Gioacchino Rossini
La calunnia e un venticello, ext de Le barbier de SĂ©ville (” Il Barbiere di Siviglia”) – Act.I Sc.16 Non piu mesta, ext. de La Cenerentola
Marina Viotti, mezzo-soprano, Angelina dite La Cenerentola

The Edwin Hawkins Singers
Oh Happy Day
Choeur de Gospel

Pablo Sorozábal
No puede se, ext. de la zarzuela “La tabernera del puerto »

Vincenzo Bellini
La tremenda ultrice spada, ext. de
Les Capulets et les Montaigus (“I Capuleti e i Montecchi”) – Act.I
Héloïse Mas, mezzo-soprano

Gaetano Donizetti
O luce di quest’anima, ext. de Linda di Chamounix (Act.I, Sc.10)

Louis Ganne
C’est l’amour, ext. de Les Saltimbanques
Julie Fuchs, soprano, Suzanne
Florian Sempey, baryton, Grand-Pingouin

Bob Telson
Calling You
Ext. de la BO du film américano-allemand réalisé par Percy Adlon
Anandha Seethaneen, chant, membre du gospel “Oh happy day »

Vincenzo Bellini
Ah! non giunge uman pensiero, ext. de La Sonnambula (Act.II, Sc.14)
Amélie Robins, soprano, Amina

Deh! non volerli vittime, ext. de Norma (Act.II, Sc.18)
Fabienne Conrad, soprano, Norma
Marc Laho, ténor, Pollione

Franz Schubert
Ave Maria (Ellens Gesang III, Hymne an die Jungfrau D 839 op. 52 n°6)
Sara Blanch Freixes, soprano

Maîtrise des Bouches-du-Rhone
Ivan Petrovitch Larionov
Kalinka (“Petite baie”)
Florian Laconi, ténor
Direction : Didier Benetti

Giuseppe Verdi
Schiudi inferno inghiotti, ext. de Macbeth (Act.I, Sc.11)
Alexandre Duhamel, baryton
Béatrice Uria-Monzon, mezzo-soprano
Jean Teitgen, baryton
Thomas Bettinger, ténor
Jeanne Gérard, soprano

Libiamo nè lieti calici, ext. de La Traviata (Act.I, Sc.3)
Patrizia Ciofi, soprano, Violetta
Julien Dran, ténor, Alfredo Germont

Choeur de l’OpĂ©ra de Monte-Carlo dirigĂ© par Stefano Visconti
Orchestre National de Montpellier Occitanie
Direction : Luciano Acocella

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Mardi 8 sept 2020, 20h. HAENDEL : Le Messie.
Concert donnĂ© le 10 juin 2019 en l’Abbaye de Melk dans le cadre du Festival International de JournĂ©es de musique baroque de Melk
Georg Friedrich Haendel
Le Messie HWV 56
Oratorio pour solistes, choeur et orchestre en trois parties sur un livret de Charles Jennens d’après des textes bibliques
Charles Jennens, librettiste
Giulia Semenzato, soprano
Terry Wey, contre-ténor
Michael Schade, ténor
Christopher Maltman, basse
Wiener Singakademie
Concentus Musicus de Vienne
Direction : Daniel Harding

 

 

 

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Dim 6 sept 2020, 16h. PUCCINI : TURANDOT.
Tribune des critiques de disques.Quelle meilleure version au disque de l’ultime opĂ©ra de Giacomo Puccini ? Quelle chanteuse a le mieux incarnĂ© la princesse frigide aux 3 Ă©nigmes ?…

 

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Sam 5 sept 2020, 20h. HAENDEL : Agrippina
20h – 23h Samedi Ă  l’opĂ©ra / opĂ©ra donnĂ© le 11 octobre 2019 au Royal Opera House de Londres.

Georg Friedrich Haendel
Agrippina HWV 6
Opera seria en trois actes sur un livret de Vincenzo Grimani, crée le 26 décembre 1709 au Teatro San Giovanni Grisostomo de Venise.
Vincenzo Grimani, librettiste
Joyce Di Donato, mezzo-soprano, Agrippina
Franco Fagioli, contre-tĂ©nor, NĂ©ron, fils d’Agrippina
Lucy Crowe,soprano, Poppea
Iestyn Davies, contre-ténor, Ottone
Gianluca Buratto, basse, Claudio, Empereur romain
Andrea Mastroni, basse, Pallante
Eric Jurenas, contre-ténor, Narciso
José Coca Loza, basse, Lesbo
Orchestre du Siècle des Lumières
Direction : Maxim Emelyanychev
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opera-garnier-apollon-lyreLe 14 juillet 2020, 19h30 en direct : gala spécial. DUKAS, FAURE, SAINT-SAENS, R STRAUSS, MOZART. En hommage au dévouement et au courage du personnel soignant et de tous ceux qui ont œuvré en faveur de la collectivité au cours des derniers mois, l’Opéra national de Paris organise deux concerts exceptionnels au Palais Garnier, les 13 et 14 juillet 2020. France Musique diffuse en direct le programme du 14 juillet, fête nationale. Fanfares préliminaires, séquence chorale, enfin scène d’opéra (Mozart), puis conclusion symphonique (la Jupiter et sa rayonnante vitalité)… En direct les 13 et 14 juillet sur la page facebook et Youtube de l’Opéra national de Paris. 1h30 sans entracte

Paul Dukas : Fanfare
pour prĂ©cĂ©der “La PĂ©ri »

Richard Strauss : Feierlicher Einzug
(Einzug der Ritter des Jo-hanniterordens), TrV 224

Gabriel Fauré : Madrigal op. 35
Camille Saint-Saëns: Calme des nuits op. 68 n° 1

MOZART : Le Nozze di Figaro
Ouverture
Hai già vinta la causa »
“”Deh vieni non tardar »
Crudel ! Perché finora farmi languir così ?
Symphonie n° 41, “Jupiter” en ut majeur (K 551)

Avec Julie Fuchs, Stéphane Degout, aux côtés de l’Orchestre de l’Opéra national de Paris sous la direction de Philippe Jordan et des Chœurs de l’Opéra national de Paris sous la direction de José Luis Basso. Le 14 juillet en direct du Palais Garnier à PARIS.

CHAINE YOUTUBE de l’Opéra national de Paris
https://www.youtube.com/user/operanationaldeparis
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Cd, critique.. MOSZOWSKI / Etsuko Hirose, piano (1 cd dana cord, 2019)

hirose-etsuko-piano-moszkowski-piano-cd-review-critique-classiquenews-280-finalCd, critique.. MOSZOWSKI / Etsuko Hirose, piano (1 cd dana cord, 2019) – Martha Argerich ne s’est pas trompĂ©e en lui remettant le premier prix de sa compĂ©tition en 1999 : Ă©lĂ©gance, style, musicalitĂ©, et surtout, qualitĂ© rare, mesure et nuances : la japonaise nĂ©e Ă  Nagoya, Etsuko Hirose rĂ©alise dans ce rĂ©cital Moszkowski un somptueux parcours romantique et post romantique oĂą ensorcèlent sa science allusive, son toucher de velours, sa technique magistrale, une intelligence expressive superlative …capables de faire surgir de l’ombre, l’essence enivrĂ©e, extatique des pièces choisies (vertigineux « Caprice espagnol » ; Isoldens Tod / Mort d’Isolde, publiĂ©e en 1924, dĂ©dicace Ă  Busoni, ici idĂ©alement exprimĂ©e, vraie esquisse de l’ombre dans l’ombre).

 

 

Sur les pas du magicien Moszkowski
Etsuko HIROSE captive et ensorcèle…

 

 

Soucieuse du dĂ©tail, des infimes nuances, Hirose suit les pas de son prĂ©dĂ©cesseur polonais Moritz Moszkowski (1854 – 1925), pianiste virtuose dès ses 19 ans Ă  Berlin, cĂ©lĂ©brĂ© pour sa pudeur et son esprit suggestif Ă  la Chopin, mais aussi violoniste et chef d’orchestre. A Paris, il Ă©pouse la sĹ“ur de CĂ©cile Cheminade, Henriette (1884) : l’union ne durera pas plus de 8 ans, soldĂ©e par un divorce en 1892.

moszkowski-moritz-piano-etsuko-irose-cd-review-cd-critique-classiquenews-clic-de-classiquenews-cd-critique-pianoComme compositeur, le plus parisien des Polonais (comme Chopin), Moszkowski déploie une sensibilité qui revivifie la grande leçon de Liszt (avec lequel il joua et qui l’admirait) mais avec un surcroît d’âme et d’intériorité (Valse opus 34 d’ouverture ; la somptueuse Etude opus 72-13…). En acrobate et poétesse, à l’imagination ciselée, Etsuko Hirose sait faire scintiller chaque accent, l’inscrivant dans une architecture mélodique et harmonique idéalement structurée ; aucun effet démonstratif ici, mais l’éclosion et l’essor d’une virtuosité naturelle qui chante et parle (écoutez enchaînés : les caprices de « Guitare » opus 45-2 ; la cadence frénétique et souple du déjà cité « Caprice espagnol » opus 37), sertie de couleurs intimes énoncées précisément et sans heurts (flexibilité jaillissante et océane de « En automne »), sachant caractériser sans épaisseur (marche noble de la Polonaise opus 17-1).
CLIC D'OR macaron 200La pianiste a bien raison d’inscrire les œuvres du Polonais mort à Paris, qu’il s’agisse de transcriptions ou d’oeuvres originelles : elle en cristallise la passion romantique et aussi dans un jeu articulé et sobre, l’éloquence intérieure. Serguei Rachmaninoff ou Vladimir Horowitz choisissaient eux aussi Moszkowski pour compléter leur récital ; de sorte qu’à travers ses choix et filiations, Etsuko Hirose s’inscrit elle-même dans une tradition prestigieuse du clavier, une certaine conception sonore et esthétique qui est celle des plus grands pianistes poètes (transcription de Carmen de Bizet, riche d’arrières plans et contre chants superbement agencés dans un sentiment d’urgence et de finesse). Magistral, donc CLIC de classiquenews du printemps 2020.

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Cd, critique.. MOSZOWSKI / Etsuko Hirose, piano (1 cd dana cord, – enregistrĂ© Ă  PARIS, oct et nov 2019 – piano grand concert Bechstein) – CLIC de CLASSIQUENEWS – prise de son dĂ©taillĂ©e avec relief et profondeur.

 

 

CORONAVIRUS : le secteur du spectacle classique très durement frappé

virus-covid-coronavirus-2020CORONAVIRUS : annulations, reports… le secteur des spectacles classiques durement touchĂ©. Dans son communiquĂ© datĂ© du 11 mars, le collectif Forces musicales (syndicat professionnel des théâtres d’opĂ©ras et des orchestres) exprime ses grandes inquiĂ©tudes après les mesures de restriction visant la jauge des salles, dĂ©plorant dĂ©jĂ  100 000 billets Ă  rembourser ; et l’OpĂ©ra National de Paris annonce l’annulation de ses productions lyriques et chorĂ©graphiques de mars et avril… Des informations bien peu rassurantes au moment oĂą le PrĂ©sident de la RĂ©publique s’adresse ce soir Ă  la Nation…

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Communiqué de Forces Musicales :

« Les maisons d’opéra et orchestres permanents subissent très directement l’interdiction annoncée en début de semaine des rassemblements de plus de 1000 personnes

Impliquant de nombreuses annulations ou des réductions de jauge drastiques, les mesures prises génèrent des pertes considérables à un moment stratégique de notre activité (cœur de saison et annonce de la prochaine), sans compter les pertes de réservations pour les spectacles à venir.
À ce jour, alors que les premières mesures sont prises pour se conformer à ces restrictions, nous pouvons déjà constater que plus de 100 000 billets sont à rembourser !

La continuité de notre activité est également menacée par les restrictions touchant à la mobilité internationale des artistes, essentielle aux activités lyrique et symphonique.
De nombreuses annulations risquent de s’imposer à nos maisons avec des conséquences pouvant conduire très rapidement vers des situations d’activité partielle et de chômage technique.

Déjà en forte tension du fait de la stagnation des financements publics et des crises antérieures, nos budgets ne sont pas en mesure de supporter les pertes immédiates, ni les manques à gagner à venir.

Au moment de mobiliser des moyens exceptionnels, nous appelons le gouvernement à prendre en considération notre secteur. Il en va de la pérennité de nos activités et de l’emploi des artistes et des personnels qui travaillent dans nos structures ».

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Communiqué de l’Opéra de Paris :

Pour faire suite à l’arrêté du 9 mars 2020 portant diverses mesures relatives à la lutte contre la propagation du virus Covid-19, dont l’interdiction jusqu’au 15 avril des rassemblements publics de plus de 1 000 personnes, l’Opéra National de Paris adresse ce communiqué de presse daté du 11 mars :

« En application de l’arrêté du 9 mars 2020 portant diverses mesures relatives à la lutte contre la propagation du virus Covid-19, dont l’interdiction jusqu’au 15 avril des rassemblements publics de plus de 1 000 personnes, l’Opéra national de Paris a pris la décision d’annuler toutes les représentations des productions suivantes :

Manon, du 13 mars au 10 avril à l’Opéra Bastille
George Balanchine, du 12 mars au 1er avril à l’Opéra Bastille
Le spectacle de l’Ecole de Danse, du 25 au 30 mars au Palais Garnier
Don Giovanni, du 21 mars au 24 avril au Palais Garnier

Les spectateurs ayant des places pour ces spectacles seront remboursés.

Les représentations prévues à l’Amphithéâtre (500 places) et au Studio (230 places) de l’Opéra Bastille sont maintenues, de même que les visites des espaces publics du Palais Garnier.

L’Opéra national de Paris espère avoir la possibilité de présenter au public les nouvelles productions, actuellement en répétition, de L’Or du Rhin, de La Walkyrie et des spectacles de ballet d’Alan Lucien Oyen et de Mayerling.
La direction de l’Opéra national de Paris communiquera à ce sujet au vu de l’évolution de la situation. »

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Toutes les infos sur le CORONAVIRUS : https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus

 

A SAANEN, Hilary HAHN joue les Concertos de JS BACH

hahn-hilary-violon-concert-classiquenews-GSTAAD-saanen-2019-classiquenews-critique-concert-review-concertARTE. Dim 15 mars 2020, 19h. Hilary HAHN joue JS BACH. En complicité avec la Deutsche Kammerphilharmonie de Brême, la violoniste américaine Hilary Hahn joue les Concertos pour violon en la mineur et en mi majeur de J-S Bach. Les deux partitions accompagnent la violoniste depuis ses débuts. La soliste relève le défi sous la voûte de l’église rustique de Saanen : un haut lieu de musique et de partage depuis qu’en 1957, l’illustre et légendaire Yehudi Menuhin y offrait les premiers concerts qui allaient devenir le noyau du GSTAAD MENUHIN Festival, à présent 1er festival de musique classique en Suisse. La voûte en bois offre une acoustique exceptionnelle qui se prête aux concerts de musique de chambre comme de musique concertante… Au programme : «Concerto pour violon», en la mineur, BWV 1041, de Bach ; «Concerto pour violon», en mi majeur, BWV 1042, de Bach. Durée : 45 mn.

 

Programme

Johann Sebastian Bach (1685-1750)
Choral «Kyrie, Gott Vater in Ewigkeit» / «Nun lob, mein Seel, den Herren» (sung by the orchestra).
Violin Concerto in A Minor, BWV 1041.
Choral «Es ist genug» / «Verleih uns Frieden gnädiglich» / «Christ lag in Todesbanden».
Violin Concerto in E Major, BWV 1042 (15′).

Hilary Hahn, violon
Die Deutsche Kammerphilharmonie Bremen
Omer Meir Wellber, Harpsichord & direction

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VIDÉO
sur le site du GSTAAD MENUHIN FESTIVAL où a été présenté ce programme réjouissant (été 2019), visionner l’entretien à deux de Hilary Hahn et Omer Meir à propos de BACH
https://www.gstaaddigitalfestival.ch/video/hilary-hahn-and-omer-meir-wellber-talk-about-bach/

CD, événement, critique. SCHUBERT : Symphonies 4 et 6 D 417, D 589. Kammerorchester Basel, Heinz Holliger (1 cd SONY classical, 2018)

SCHUBERT HOLLIGER 4 et 6 D417 et D589 SONY classical critique cd review classiquenewsCD, événement, critique. SCHUBERT : Symphonies 4 et 6 D 417, D 589. Kammerorchester Basel, Heinz Holliger (1 cd SONY classical, 2018)  -  Quand Schubert (20 ans) tente de percer sur la scène viennoise, Rossini (30 ans) règne sans partage : les Viennois ayant toujours, depuis le XVIIè marqué leur préférence pour les Italiens : ils applaudissent Tancredi (1816-1818). Le Viennois emprunte ainsi à son ainé, une séduction mélodique, des accents rythmiques, un entrain qui façonne l’Ouverture, dans le style italien, D 590. Heinz Holliger, musicien émérite, instrumentiste ciselé témoigne ici d’un réel sens instrumental, conférant à l’Ouverture rossinienne et aussi à la Symphonie n°6 (écrite à 21 ans en 1818), leur allant jovial, brillant et vivace, exprimant aussi cette détermination beethovénienne, mais toujours dans un sens dansant. La D 589 est dite Grande Symphonie, et annonce directement la somptueuse D 944, aux dimensions prébrucknériennes. La 6è exprime un bouillonnement d’idées, à peine développées, où rayonne le tapis scintillant des cordes, et surtout le caquetage virtuose, vif argent des bois, d’une exceptionnelle pétulance.

La Symphonie n°4 dite « tragique », D417, restituée ici dans son urgence et sa vitalité première, est plus intéressante encore car son premier mouvement intègre un nouvel élément, plus vif et nerveux, voire frénétique avec des éclairs rythmiques mordants qui indiquent clairement une intranquillité angoissée (Allegro vivace), et une trépidation rythmique (tutti secs scandés au début du 3è mouvement Menuetto) dans l’esprit de la 5è de Beethoven. Cette fougue nouvelle qui semble unir le comique et le tragique, comme la danse d’un Arlequin insatisfait, marque la spécificité d’un Schubert remarquablement juste. La permanence du changement et de la métamorphose est au centre de cette esthétique, probable influence des écrits de Matthäus von Collin, proche de Schubert. L’ultime Allegro exprime au plus haut point cette énergie devenue incandescence, sur un tempo des plus enlevé et oxygéné.

CLIC_macaron_2014Les instrumentistes du Kammerorchester Basel savent détailler les timbres, assurer une tension permanente, avec un sens dramatique digne d’un opéra, sans omettre la pulsion énergique souveraine. L’équilibre du chef entre précision, clarté, tension expressive assure à cette lecture une incontestable réussite. D’autant que la sonorité et le format sonore écartent toute épaisseur. Voilà qui éclaire dans la suite d’un Claudio Abaddo (remarquable lecture des symphonies ultimes, 8 et 9 chez DG), la singularité profonde de Schubert sur la scène orchestrale, pourtant ainsi écrasé entre Rossini et Beethoven. D’ailleurs, lui-même ne put jamais écouter ses œuvres symphoniques car le premier concert jouant ses œuvres remonte à déc 1828 (Redoutensaal), soit un mois après sa mort… Est ce une intégrale du Schubert symphoniste ? On le souhaite vivement. Holliger s’y affirme des plus affûtés et inspirés. A suivre.

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CD, Ă©vĂ©nement, critique. SCHUBERT : Symphonies 4 et 6 D 417, D 589. Kammerorchester Basel, Heinz Holliger (1 cd SONY classical – enregistrement rĂ©alisĂ© en oct 2018). CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2020.

CD, coffret Ă©vĂ©nement. KARAJAN: The complete DECCA recordings (33 cd, DECCA / 1957 – 1978)

karajan-the-complete-decca-recordings-wiener-philh-review-cd-critique-opera-concert-classiquenewsCD, coffret Ă©vĂ©nement. KARAJAN: The complete DECCA recordings (33 cd, DECCA / 1957 – 1978) – Voici un coffret miraculeux qui tĂ©moigne du travail de Herbert Von Karajan (HVK) de la fin des annĂ©es 1950 (1959 quand il devient directeur de l’OpĂ©ra de Vienne) jusqu’à 1978 (enregistrement des Nozze di Figaro en mai 1978 avec un plateau rĂ©jouissant : Krause, Cotrubas, Van Dam, Von Stade… on reste plus rĂ©servĂ© sur la Comtesse de Tomowa-Sintov). Ainsi est rĂ©capitulĂ©e deux dĂ©cennies de direction artistique oĂą Karajan peaufine la sonoritĂ© orchestrale idĂ©ale, entre tension et dĂ©tail, architecture et Ă©loquence expressive. Toutes les rĂ©alisations orchestrales concernent ici les Wiener Philharmoniker, idoines, si naturels chez Strauss (Richard et Johann dont la version de Die Fledermaus de 1960, est avec celle de Kleiber, anthologique, jubilatoire, vrai joyau comique et théâtral, avec cerise sur le gâteau, le fameux gala oĂą vĂ©ritable rĂ©cital lyrique dans l’opĂ©ra, les invitĂ©s du prince Orlowsky / Resnik, en son salon, se succèdent, offrant une synthèse des belles voix des sixties : Tebaldi, un rien fatiguĂ©e ; Corena en français ; Nilsson ; del Monaco ; Berganza, Sutherland, Björling, Price, Simionato… excusez du peu, autant de solistes que l’on retrouve par ailleurs dans les productions lyriques intĂ©grales qui composent aussi le coffrer). Il est vrai que Karajan autour de la cinquantaine, est le chef Ă©mergeant, surtout avec le dĂ©cès des maestros Klemperer, Böhm, Fricsay… en très peu de temps, le chef salzbourgeois impose sa pâte Ă  la fois hĂ©doniste quand aux Ă©quilibres sonores, et toujours en quĂŞte de profondeur, ce supplĂ©ment d’âme dont a parlĂ© Pavarotti (dans La Bohème avec la Mimi lĂ©gendaire de Mirella Freni, seul enregistrement du coffret rĂ©alisĂ© avec les « autres » instrumentistes choisis par HVK : les Berliner Philharmoniker, en 1972).

CLIC D'OR macaron 200Il est vrai que l’époque est celle des enregistrements mythiques de Decca en studio, spatialisé, avec un nombre suffisant de micros pour créer l’illusion des déplacements et des situations (une conception poussée encore plus loin, pour les enregistrements simultanés de Solti en particulier chez Wagner : premier Ring stéréo, réalisé aussi à Vienne dès 1958 et jusqu’en 1964)… Pour se faire Karajan a trouvé son producteur / ingénieur idéal en la personne de John Culshaw, partenaire d’une sensibilité musicale au moins égale à celle du chef : le duo produira des chefs d’oeuvres studio aussi bien lyriques que symphoniques… dont témoignent le présent coffret : Aida de 1959 avec Tebaldi, Bergonzi, Simoniato… Les Planètes de Holst, Peer Gynt de Grieg (1961, cd7) ; remarquable KARAJAN-1960Bundesarchiv_Bild_183-S47421,_Herbert_von_Karajan-classiquenews-critique-cd-concerts-opera-classiquenewsd’articulation et de vitalité aérée, Giselle d’Adam (sept 1961, 10) ; Otello de Verdi (Tebadlo, Del Monaco… mai 1961) ; Tosca (Price, Di Stefano, Taddei (sept 1962) ; enfin Carmen (Price, Corelli, Freni, Merrill…, nov 1963) ; les dernières productions à partir des années 1970 ne concernent plus Culshaw (Boris, 1970 ; La Bohème déjà citée de 1972 ; Butterfly avec Freni, Pavarotti, Ludwig Kerns, 1974 ; enfin les Nozze de 1978). L’apport est majeur, et déjà connu car il a été intégré dans de précédentes intégrales Karajan (éditées par DG). La quintessence du son Karajan se dévoile ici dans son sens du détail, de l’intériorité ; dans la caractérisation psychologique de sa conception des rôles à l’opéra ; dans la plénitude sonore, ronde et ciselée que seul les Wiener Philharmoniker ont su lui proposer. Coffret événement. CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2020.

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LIRE aussi le RING de WAGNER par Solti et John Culshaw (1958-1964)
https://www.classiquenews.com/cd-coffret-evenement-wagner-der-ring-des-nibelungen-georg-solti-1958-1964-cd-decca/

POITIERS. GRISEY, MICHAUD, LEDOUX au TAP

tap-poitiers-classiquenews-grisey-michaud-ledoux-la-voie-ars-nova-niente-critique-annoncePOITIERS, TAP. Jeudi 26 mars 2020. SPECTRE(S) : Grisey, Michaud, Ledoux. Immersions modernes, contemporaines pilotées par le collectif en résidence au TAP de Poitiers : Ars Nova. Gérard Grisey (1946-1998), compositeur majeur du 20ème siècle interroge le spectre du son, le grain du timbre… longueur, hauteur, profondeur, horizon spectrale inédit. L’approche fut inédite et vraie porte au pur onirisme. Périodes (1974) et Partiels (1975) sont deux chefs-d’œuvre du répertoire contemporain instrumental. En leur donnant un nouveau début, …niente… de Pierre Michaud, et une nouvelle suite, Le vide parfait de Gabriel Ledoux, deux commandes de l’Ensemble Ars Nova, Jean-Michaël Lavoie et les musiciens de l’ensemble français rétablissent un lien organique entre 3 partitions distinctes mais fraternelles. Exemple parfait de la mutation permanente des choses, la soie sonore s’étire, hors du temps, à travers les 3 œuvres jouées / reçues comme un triptyque ininterrompu. L’impression sonore est celle d’un vortex planant d’où émergent et scintillent des vibrations caractérisées permises par le jeu des archets, comme des râles rauques, viscéraux, qui évaporent la matière et dissolvent le temps. L’auditeur spectateur flotte entre deux silences, deux murmures, hors temps, comme il est dit dans la présentation de la pièce … Niente… de Pierre Michaud (créée en oct 2018 au TAP par Ars Nova déjà), « construction et destruction… la nuit et le jour …le changement des saisons… inspiration et expiration ». La vie s’écoule jamais la même et pourtant cyclique. Fascinant.

 

 

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POITIERS, TAPboutonreservation
Jeudi 26 mars 2020,
Jean-Michaël Lavoie direction
Ensemble Ars Nova 18 musiciens

> Pierre Michaud : …niente… pour quatuor à cordes et dispositif audiovisuel (2018)
> Gérard Grisey : Périodes pour ensemble, Partiels pour ensemble
> Gabriel Ledoux : Le vide parfait (création)

RÉSERVEZ DIRECTEMENT VOS PLACES sur le site du TAP POITIERS
https://www.tap-poitiers.com/spectacle/spectres/
Durée : 1h20

Rencontre avec Jean-MichaĂ«l Lavoie, directeur artistique d’Ars Nova,
à l’issue de la représentation le 26 mars 2020

 

 

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VIDÉO

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=IhNmCTWqemY&feature=emb_logo

 

 

CD événement, critique. GERVAIS : Hypermestre, 1717 (Vashegyi, 2 cd Glossa, 2018)

gervais-hypermestre-opera-1717-cd-review-critique-cd-classiquenews-vashgyi-critique-opera-classiquenewsCD événement, critique. GERVAIS : Hypermestre, 1717 (Vashegyi, 2 cd Glossa, 2018). Avant l’immense Rameau qui clôt de façon spectaculaire et visionnaire, le XVIIIè, figure en bonne place des faiseurs d’opéras aux côtés de Campra, Destouches…Charles-Hubert Gervais (1671-1744), ami du régent Philippe d’Orléans, devint dès 1723, sous-maître de la chapelle de Louis XV. Son ouvrage Hypermnestre (1716), marquant la fin du grand règne (Louis XIV, mort en 1714) reste le plus fameux de ses 4 opéras. Il est même joué après la mort de Rameau jusqu’en 1766, preuve qu’il s’agissait alors d’une valeur sûre du répertoire (le Prologue revêt des accents puissants qui annoncent Rameau). Le chef hongrois, Gyorgy VASHEGYI, défenseur du Baroque français, restitue ici la version révisée de 1717, mais avec en bonus, la fin originelle (de 1716) ; à chacun de choisir sa préférée. L’histoire est d’une noirceur tragique mettant en scène un assassinat collectif, celui des 49 fiancés des 49 sœurs d’Hypermestre, loyales au père qui appelle à la vengeance de leur clan. Salieri mettra bientôt en musique le sujet (Les Danaïdes, 1784), mais avec ce caractère de grandeur ampoulée pas toujours vraisemblable. Gervais garde une dimension humaine et expressive plus naturelle. Troublée, Hypermestre hésite entre devoir et amour : obéir au père Danaüs, aimer son fiancé Lyncée. En plus d’être sanglant et terrifique, l’opéra de Gervais, est aussi fantastique et surnaturel : au I, il imagine le fantôme d’Argos, détroné par Danaüs en un tableau spectral assez réussi. Le compositeur demeure fidèle à l’esprit et au style de Lully, introduisant plusieurs danses, dont l’une serait de la main du Régent, et comme Rameau, indique un goût manifeste pour l’Italie.

Le maestro Vashegyi confirme son appétence et sa compréhension de la musique française avec cette implication généreuse, ce sens du drame et de l’articulation, délectables. Offrant de somptueux épisodes orchestraux (Ouverture, intermèdes et danses du IV).

Lyncée de luxe, Mathias Vidal étincelle vocalement, doué d’un relief dramatique qui ne laisse pas neutre ; face à lui, l’Hypermestre de la soprano Katherine Watson, par laquelle vient le « miracle de l’amour », semble étrangère aux enjeux qu’elle est sensée provoquer et mesurer ; manque de souffle, manque de passion. Thomas Dolié reste lui aussi réservé et incarne un Danaü pas assez terrible et noir. La révélation est totale et justifie totalement cette gravure souhaitons le salutaire pour la partition.

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CLIC D'OR macaron 200CD Ă©vĂ©nement, critique. GERVAIS : Hypermestre, 1717 (Vashegyi, 2 cd Glossa, 2018) – Katherine Watson (Hypermnestre), Mathias Vidal (LyncĂ©e), Thomas DoliĂ© (DanaĂĽs), Chantal Santon-Jeffery (une Égyptienne), Manuel Nuñez Camelino (un Égyptien), Juliette Mars (Isis), Philippe-Nicolas Martin (le Nil, l’Ombre de GĂ©lanor), Purcell Choir, Orfeo Orchestra, dir. György Vashegyi (sept 2018). 2h25.

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LIRE aussi notre annonce de la recréation d’Hypermestre de Gervais par Gyorgy VASHEGYI, direct live depuis le MUPA de Budapest le 18 sept 2018.
http://www.classiquenews.com/hypermnestre-de-gervais-1716-recreation-baroque-a-budapest/

Fille du roi Danaos, Hypermnestre (l’aînée de toutes) est la seule parmi ses sœurs sanguinaires (50 au total), a épargné son époux, Lyncée (car le soir de leurs noces, il a su épargner sa virginité). Lyncée vengea le meurtre de ses frères en assassinant toutes les Danaïdes qui en furent les criminelles, ainsi que l’ordonnateur du massacre, le roi Danaos (qui était pourtant le protégé d’Athéna). Lyncée devint roi d’Argos

QUATUOR MANFRED : BERLIN Paradise

manfred-quatuor-concert-critique-classiquenews-berlin-paradise-low-defPARIS, Mer 26 fĂ©v 2020 : QUATUOR MANFRED, “Berlin Paradise”. PortĂ© par les membres du Quatuor MANFRED, jamais en reste d’un risque nouveau, « Berlin Paradise » est un voyage musical Ă  Berlin pendant les annĂ©es folles, convoquant le tourbillon artistique et utopique dont l’issue irrĂ©pressible sera l’auto destruction et la folie hitlĂ©rienne. Des espoirs portĂ©s par une insouciance collective y sont avortĂ©s et accouchent de la fin de la civilisation. C’est ainsi que le meilleur de l’humanitĂ© peut si l’on n’y prend pas garde, prĂ©luder au pire… ImaginĂ© par le Quatuor Manfred et la chanteuse Marion Rampal, avec le saxophoniste Thomas Savy, le programme interroge le rĂ©pertoire berlinois des annĂ©es 20 aux annĂ©es 40, de Kurt Weill Ă  Hollaender ; y paraissent des lĂ©gendes iconiques dĂ©sormais, allĂ©gorie d’un art de vivre aussi impertinent que fragile, Marlene Dietrich et Lotte Lenya.

Tout commence dans le Berlin mythique de la rĂ©publique de Weimar qui aura durĂ© 15 ans (1918 – 1933). La jeunesse s’émancipe contre l’ordre moral bourgeois : « les jeunes filles coupent leurs cheveux Ă  la garçonne, l’androgynie devient un critère de mode, l’homosexualitĂ© est reconnue et dĂ©fendue, les utopies politiques s’affirment. Les artistes survoltĂ©s s’empressent de casser les codes, quittent le chemin tracĂ© du classicisme, investissent les cabarets, partent Ă  la dĂ©couverte du jazz, se jettent avec frĂ©nĂ©sie sur le cinĂ©ma, exaltent la liberté de pensĂ©e…. ».

Mais ce nouveau monde, telle une chimère s’écroule sous le coup de la crise financière (krach de 1929) et de la grande dépression de 1930 qui s’en suit ; Berlin, trop frêle rempart artistique et culturel contre l’inexorable montée du nazisme, n’est-il qu’un leurre ?… « Comment résister ? Pourquoi devoir cesser de croire à la possibilité du bonheur ? » / Nouveauté discographique du Quatuor MANFRED : Bye Bye Berlin! Marion Rampal &Quatuor Manfred (Harmonia Mundi)

QUATUOR MANFRED
PARIS, Bal Blomet
26 février 2020, 20h30
RÉSERVEZ
Jazz & Music Hall
http://www.balblomet.fr/events/berlinparadise/

Marion RAMPAL (chant)
Thomas SAVY (saxophone)

Roméo et Juliette de Tchaikovsky

tchaikovski Pyotr+Ilyich+Tchaikovsky-1France Musique, dim 23 fév 2020, 16h. Roméo et Juliette de Tchaikovski. La tribune des critiques de disques. Quelle est la meilleure version enregistrée de la partition du compositeur russe romantique ? Ce n’est qu’en 1886, que Tchaikovski valide la version définitive de son ouverture, d’après Shakespeare, Roméo et Juliette, les amants maudits mais sublimes de Vérone. Ayant présenté la première version dès 1870 (créée cette année là en mars à Moscou), Piotr Illiytch répond à la demande pressante du fondateur du Groupe des Cinq, Balakirev ; lui-même avait composé un remarquable Roi Lear. Tchaikovski lui emboîte le pas et exprime sa passion shakespearienne.
logo_france_musique_DETOURELa partition réalise alors le dessein du groupe des Cinq : élever l’écriture musicale russe à l’égal de la musique occidentale symphonique. Pari réussi par Piotr Illiytch qui fusionne les deux tendances, dès le début avec l’exposition préalable du thème de frère Laurent, complice et marieur des amants, qui s’inspire d’un choral russe.

CD, critique. BEETHOVEN : Complete Fortepiano Concertos. Arthur Schoonderwoerd, Cristofori ( 3 cd Alpha « Black Box »)

cd alpha beethoven complete fortepiano concertos arthur schoonderwoaerd cristofori cd classiquenews dossier beethoven 2020 review critique cd classiquenewsCD, critique. BEETHOVEN : Complete Fortepiano Concertos. Arthur Schoonderwoerd, Cristofori ( 3 cd Alpha « Black Box »). L’option est révélatrice et répond aux promesses exprimées : qu’avons nous à gagner des instruments historiques si l’on perd la puissance et la suavité du son ? … « Tout ! » …semblent nous rappeler les interprètes de cette version dépoussiérante… Sur un pianoforte d’après Walter (vers 1800), Arthur Schoonderwoerd restitue un Beethoven régénérée dans le sens du relief incisif, en couleurs intensifiées mais moins puissantes certes, mais d’autant plus caractérisées grâce au timbre de chaque instrument, un par partie. L’articulation s’en ressent et avec elle, la précision de l’éloquence, la fluidité du discours musical, et aussi la complicité versatile entre les instrumentistes. Le résultat est chambriste moins symphonique, et le contrepoint gagne en acuité ce que le souffle perd en puissance. Parfaitement dessiné, troublant par les magie des timbres mêlés et rehaussés, ce Beethoven prend tout son sens au XXIè, au moment de son 250è anniversaire ; l’apport des instruments anciens ne pouvait être mieux explicité, ni plus convaincant. Dans cette arène picturale où chaque note compte par sa singularité propre, Beethoven devient génie de l’éloquence autant cérébral que viscéral. Un son nouveau, revivifiant. Un vrai coup de nettoyage. Tout ce que l’on espérait vivre grâce aux instruments anciens et aux gestes inspirés qui les animent.

COMPTE-RENDU, opéra. NEW YORK, Met, le 1er fév 2020. GERSHWIN : Porgy and Bess.David Robertson / James Robinson


COMPTE-RENDU, opéra. NEW YORK, Met, le 1er fév 2020. GERSHWIN : Porgy and Bess.David Robertson / James Robinson
. Avec Wozzeck, dirigĂ© par Yannck NĂ©zet-SĂ©guin, voici l’autre production Ă©vĂ©nement qui atteste de l’excellente santĂ© artistique du Met… Porgy and Bess (1935) fait un retour remarquĂ© et rĂ©ussi sur la scène du Met après plus de 30 annĂ©es d’absence, avec retransmission en direct en bonus, – très apprĂ©ciĂ©. L’opĂ©ra black que Georg Gershwin Ă©crit avec son frère Ira (pour le livret) doit ĂŞtre chantĂ© par une distribution uniquement black : clause respectĂ©e ici Ă  la lettre… La mise en scène de James Robinson ressuscite ainsi le village de Catfish Row et ses habitants si attachants. Pour dĂ©cor unique, une vaste rĂ©sidence d’un Ă©tat du sud amĂ©ricain, oĂą l’action prend place dans chaque pièce ; sa mobilitĂ© puisque le dispositif tourne sur lui-mĂŞme dynamise tous les ensembles, en particulier les danses et les chĹ“urs dont le souffle collectif si essentiel au sujet est assurĂ© par le chĹ“ur du Met très bien chauffĂ© (très rĂ©ussi, solide et prenant, choeur « Gone, gone, gone »). La ferveur en Dieu relève toujours cette humanitĂ© tant de fois mise Ă  terre…

 

 

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Dans la fosse, le chef David Robertson rend grâce à une partition qui élève le jazz au genre opéra, soulignant l’éclat de l’orchestration qui fait la part belle aux cuivres. C’est carré, solide, percutant, incisif car certains protagonistes ne font rien dans la dentelle… s’ils ne tirent un profit concret et immédiat. Rien à dire à l’ensemble des chanteurs dont l’égal investissement renforce les détails de cette fresque humaine très prenante.

Voir le plateau général :

https://www.youtube.com/watch?v=NghjBMn6ZJM&feature=emb_logo

 

 

Le couple Jake / Clara (Donovan Singletary et Golda Schultz) offrent des profils puissants et sensuels de leur personnage (convaincant Summertime du dĂ©but par Golda Schultz). Belle Ă©nergie aussi pour Denyce Grave aux graves sirupeux et assurĂ©s (Maria), capables de faire face aux manipulations du dealer sans scrupules et venimeux Sportin’life (très juste et mĂŞme mordant comme un serpent, Frederik Ballentine, au très sensuel lui aussi It ain’t necessarily so). Troublante et touchante, saluons la Serena très humaine de Latonia Moore dans son air de femme trahie, abandonnĂ©e (My man’s gone now) ; comme le presque mystĂ©rieux et fin Crown de Alfred Walker (acte II surtout) : on comprend que Bess un temps se soit entichĂ©e de lui, pour revenir vers Porgy. D’autant que le Porgy de Eric Owens s’inscrit lui aussi dans une humanitĂ© sobre et caractĂ©risĂ©e, voire naĂŻve et candide, dont la vĂ©ritĂ© fait relief (beau duo avec la Bess d’Angel Blue).

 
porgy-and-bess-metropolitan-opera-new-york-critique-annonce-opera-classiquenews

 

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VIDEO, extrait, duo Porgy / Bess :

Eric Owens et Angel Blue dans le duo de Porgy and Bess’s (Acte I) – avec citation du motif de Summertime… FilmĂ© lors de la gĂ©nĂ©rale – Production: James Robinson. Conductor: David Robertson. 2019–20 season.

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=dQb3FxyKw-c&feature=emb_logo

 

 

 

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A l’affiche du METROPOLITAN OPERA NEW YORK : Porgy and Bess
Direction : David Robertson. Mise en scène : James Robinson. Angel Blue (Bess), Eric Owens (Porgy), Golda Schultz (Clara), Latonia Moore (Serena), Denyce Graves (Maria), Frederick Ballentine (Sportin’ Life), Alfred Walker (Crown), Donovan Singletary (Jake)… Le 1er fĂ©vrier 2020. Reprise : 28 mars, 30 mars, 1er et 5 avril 2020. Illustration : © K Howard / Metropolitan Opera NY

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CD, critique. STRAUSS : lieder / DIANA DAMRAU / MARISS JANSONS (1 cd ERATO, janv 2019)

diana-damrau-strauss-lieder-cd-critique-opera-critique-classiquenews-richard-strauss-vier-letzte-liederCD, critique. STRAUSS : lieder / DIANA DAMRAU / MARISS JANSONS (1 cd ERATO, janv 2019). D’abord, analysons la lecture des lieder avec orchestre : Diana Damrau, soprano allemande, mozartienne et verdienne, au sommet de son chant charnel et clair, parfois angélique, se saisit du testament spirituel et musical du Strauss octogénaire, le plus inspiré, qui aspire alors à cette fusion heureuse, poétique, du verbe et de la musique en un parlé chanté, « sprechgesang » d’une absolue plasticité. Une lecture extrêmement tendre à laquelle le chef Mariss Jansons (l’une de ses dernières gravures réalisées en janvier 2019 avant sa disparition survenue en nov 2019) sait apporter des couleurs fines et détaillées ; une profondeur toute en pudeur.

Née en Bavière comme Strauss, Diana Damrau réalise et concrétise une sorte de rêve, d’évidence même en chantant le poète compositeur de sa propre terre. Strauss était marié à une soprano, écrivant pour elle, ses meilleures partitions. Celle qui a chanté Zerbinette, figure féminine aussi insouciante que sage, Sophie, autre visage d’un angélisme loyal, Aithra du moins connu de ses ouvrages Hélène d’Egypte / Die Ägyptische Helena, se donne totalement à une sorte d’enivrement vocal qui bouleverse par sa sincérité et son intensité tendre comme on a dit.

Des Quatre derniers lieders / Ver Letzte Lieder, examinons premièrement « FrĂĽhling » : Ă©perdu, rayonnant voire incandescent grâce Ă  l’intensitĂ© ardente et pourtant très claire des aigus, portĂ©s par un souffle ivre. Cependant, la ligne manque parfois d’assise, comme si la chanteuse manquait justement de soutien. Puis, « September » s’enivre dans un autre extase, celle d’une tendresse infinie dont le caractère contemplatif se fond avec son sujet, un crĂ©puscule chaud, celui enveloppant d’une fin d’étĂ© ; la caresse symphonique y atteint, en ses vagues ocĂ©anes gorgĂ©es de voluptĂ©, des sommets de chatoyance melliflue, – cor rayonnant obligĂ©, pour conclure, oĂą chez la chanteuse s’affirme cette fois, la beautĂ© du timbre au legato souverain.

« Beim Schlafengehen » d’après Hermann Hesse, plonge dans le lugubre profond d’une immense lassitude, celle du poète éprouvé par le choc de la première guerre et le déclin de son épouse : impuissance et douleur ; la sincérité et cet angélisme engagé qu’exprime sans affect la diva, bouleversent totalement. En particulier dans sa réponse au solo de violon qui est l’appel à l’insouciance dans la candeur magique de la nuit. Cette implication totale rappelle l’investissement que nous avons pu constater dans certains de ses rôles à l’opéra : sa Gilda, sa Traviata… consumées, ardentes, brûlantes. Presque wagnérienne, mais précise et mesurée, la soprano au timbre ample et charnel reste, -intelligence suprême, très proche du texte, faisant de cette fin, un déchirement troublant.

« Im Abendrot » : malgré l’émission première de l’orchestre, trop brutale, épaisse et dure, le soprano de Damru sait s’élever au dessus de la cime des cors et des cordes. La qualité majeure de Diana Damrau reste la couleur spécifique, mozartienne que son timbre apporte à l’articulation et l’harmonisation des Lieder orchestraux : irradié, embrasé, et pourtant sincère et tendre, transcendé et humain, le chant de Diana Damrau convainc totalement : il s’inscrit parmi les lectures les plus personnelles et abouties du cycle lyrique et symphonique.

La flexibilité des registres aigus, l’accroche directe des aigus, la présence du texte, rendent justice à l’écriture de Richard Strauss qui signe ici son testament musical et spirituel, un accomplissement musical autant qu’un adieu à toute vie.
Le reste du programme enchaîne les lieder avec la complicité toute en fluidité et délicatesse du pianiste Helmut Deutsch, à partir de Malven… qui serait donc le 5è dernier lieder d’un Strauss saisi par l’inspiration et d’un sublime remontant à nov 1948, « dernière rose » pour sa chère diva Maria Jeritza… laquelle, comme soucieuse et trop personnelle, révéla l’air en 1982 ! Le soprano de Damrau articule, vivifie les 4 Mädchenblumen dont la coupe et le verbe malicieux, enjoué rappelle constamment le caractère de Zerbinette. Ce caractère de tendresse voluptueuse quasi extatique appelant à un monde pacifié, idyllique qui n’existera jamais, semble dans le pénultième Befreit, chef d’oeuvre à l’énoncé schubertien, traversé par la mort et la perte, le deuil d’une ineffable souffrance bientôt changée en bonheur final, que la diva incarne embrasée dans le moelleux d’aigus irrisés et calibrés, son timbre éprouvé, attendri.

CLIC D'OR macaron 200Morgen l’ultime lied orchestré, d’après le poème de Mackay, se cristalise en une ivresse éperdue qui aspire au renoncement immatériel, à l’évanouissement, à la perte de toute chose : legato, flexibilité, beauté du timbre, associé à l’élégie du violon solo font un miracle musical pour ce programme d’une évidente musicalité. Splendide récital, élégant, tendre, musical. Bravo Diana.

 

 

 

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CD, critique. STRAUSS : lieder / DIANA DAMRAU / MARISS JANSONS (1 cd ERATO, janv 2019). Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks / Mariss Jansons. L’heure n’est pas aux comparaisons déraisonnables tant leurs timbres et moyens respectifs sont très différents mais le hasard des parutions fait que ERATO publie en janvier le même programme des Quatre derniers lieder, par Diana Damrau donc (orchestre) et par la franco-danoise Elsa Dreisig (piano), cette dernière interprète hélas moins convaincante et naturelle que sa consœur allemande… d’autant que la chanteuse française intercale diverses mélodies françaises et russes entre chaque lied de Strauss, au risque d’opérer une césure dommageable…

 

 

 

VIDEO : Diama DAMRAU chante September de Richard Strauss

 

 

 

 LIRE aussi notre dépêche MORT DU CHEF MARISS JANSONS, nov 2019

DVD, critique. JANACEK : De la maison des morts / From the house of the dead. Young, Castorf (1 dvd Bel Air classiques, 2018)

JANACEK de maison des morts critique classiquenews critique dvd opera bac173-cover-fromthehouseofthedead-recto-siteok-500x712DVD, critique. JANACEK : De la maison des morts / From the house of the dead. Young, Castorf (1 dvd Bel Air classiques, 2018). Avant de mourir Janacek (en 1928) nous laisse son opéra inspiré de Dostoievski : De La Maison des morts, créé à Brno, à titre posthume en 1930. L’Opéra de Bavière à Munich a présenté en 2018 la mise en scène de Frank Castorf dont le goût pour les symboles géants et en plastic avait dérouté les bayreutiens, dans sa vision plutôt laide du Ring. Pour illustrer plutôt qu’exprimer la défaite de notre société de consommation, il imagine un lieu perdu, aux marques publicitaires éculées et bien lisibles (ont-elles versé leur financement ?) formant un fatras préfabriqué qui tient du mirador et de l’abri de ZAD… Chéreau avait marqué la mise en scène de l’ouvrage à Aix en 2007, mai dans une tout autre réflexion sur l’ensevelissement progressif des humanités. Castorf semble répéter les tics visuels du Ring de Bayreuth pour les imposer chez Janacek. Même déception pour la fosse dont le son toujours tendu, certes opulent et présent d’un bout à l’autre, est comme poussé ; il semble indiquer dans la direction de Simone Young, l’absence de vision intérieure plus ténue, la perte des nuances. Evidemment, cette pâte orchestrale qui déferle, finit par couvrir les voix, écartant là aussi tout travail filigrané sur le texte. Or la langue est primordiale chez Janacek, lui qui a tant réformé le langage musical à partir de ses propres recherches sur la notion de musique parlée, n’hésitant pas à intégrer dans son écritures les motifs et formules découvertes tout au long d’un vrai travail de collecte ethnomusicologique. Cette notion de précision linguistique et d’intelligibilité musicale produit ce réalisme poétique si particulier chez le compositeur morave. D’autant qu’après Jenufa, Katia Kabanova, La Petite Renarde rusée, L’Affaire Makropoulos… De la Maison des morts s’affirme bien comme le prolongement et l’aboutissement de cette esthétique personnelle et puissante. De ce point de vue, la direction de Simone Young, linéaire, illustrative, en rien trouble ni ambivalente, tombe à plat.

janacekLa poésie philosophique de Janacek rappelle combien l’homme est relié et dépendant d’un cycle qui le dépasse et dont il doit respecter l’équilibre des énergies s’il veut survivre. Cette immersion (autobiographique dans le cas de Dostoievski) dans les profondeurs des bagnes développe tout une perspective noire et lugubre, où l’homme perd pied, et se laisse détruire dans la folie, la violence, la haine, une brutalité spécifiquement humaine.
L’Aljeja d’Evgeniya Sotnikova, comme le Morozov d’Ales Briscein sont parfois inaudibles. Mais plus puissants naturellement que leurs partenaires, Bo Skovhus (Siskov) et Charles Workman (Skuratov) tirent leur voix de ce jeu sonore et dilué, car ils sont leurs personnages ; âmes de souffrance, figures d’une humanité au bout du bout. Le premier a déjà passé le gué et est enseveli ; le second, est comme enivré et anesthésié par le dénuement et la misère : pour toute réponse, Workman tisse une vocalité intérieure, pourtant lumineuse dans ce monde des ténèbres. Le chanteur touche juste du début à la fin, dans un numéro d’équilibriste et de funambule heureux, lunaire et finalement dans l’espérance. Rien que pour cette incarnation, le spectacle mérite absolument d’être vu et connu.

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DVD, critique. Leoš JANACEK (1854-1928) : De la maison des morts. MUNICH, OpĂ©ra de Bavière, / Nationaltheater. OpĂ©ra en 3 actes, livret du compositeur, d’après DostoĂŻevski. Mise en scène : Frank Castorf. Peter Rose (Alexander Petrovitch Goriantschikov) ; Bo Skovhus (Chichkow) ; Evgeniya Sotnikova (Alieia) ; Aleš Briscein (Filka Morozov) ; Christian Rieger (Le commandant) ; Charles Workman (Skuratov). BAYERISCHES STAATS Orchester / Chorus / ChĹ“ur de l’OpĂ©ra national de Bavière ; Orchestre National de Bavière ; direction : Simone Young. EnregistrĂ© Ă  Munich, printemps 2018. 1 dvd Bel Air classiques. CrĂ©dits photographiques : © Wilfried Hösl – Parution : 14 fĂ©vrier 2020. PLUS D’INFOS sur le site de l’éditeur BelAir classiques

TEASER VIDEO
https://www.youtube.com/watch?v=r7Bt9k_NPwU&feature=emb_logo

LIVRE, événement. Beethoven et après par Élisabeth Brisson, Bernard Fournier, François-Gildas Tual (Fayard / Mirare)

Beethoven, et après livre fayard mirare folle journee beethoven 2020 annonce critique livre concert classiquenews 9782213716589-001-TLIVRE, événement. Beethoven et après par Élisabeth Brisson, Bernard Fournier, François-Gildas Tual (Fayard / Mirare). Immédiatement, le génie beethovénien a été reconnu, mesuré, analysé à sa juste valeur, créant une onde de choc et d’influence, persistante et durable. Tous ses contemporains (excepté Goethe qui rencontre le musicien sans suite) ont célébré la grandeur de l’artiste, la dimension messianique de son écriture, sa fougue révolutionnaire, en particulier dans ses œuvres symphoniques. A l’époque qui suit la Révolution française dont les valeurs suscitent l’adhésion du compositeur né à Bonn (fraternité, égalité, liberté), quand Bonaparte prend le pouvoir et devient Empereur, Beethoven crée la musique de cette déflagration qui sculpte l’Europe politique. Même à l’époque du Congrès de Vienne (1815), Beethoven est le compositeur majeur reconnu par tous. Transcriptions, partitions conçues dans son influence directe… attestent de cette aura saisissante qui occupent des générations d’auteurs après lui.
Le livre est un complément idéal à la Folle Journée de Nantes 2020, qui célèbre à juste titre les 250 ans de Beethoven.
Les 3 auteurs dont certains sont spécialistes de l’œuvre de Ludwig, interroge la fortune critique de Beethoven, dès son vivant. A la lueur des événements de sa vie, beaucoup de biographes ont tenté de récupérer l’image de Beethoven à des fins autres que celles strictement musicales : beaucoup d’auteurs n’ont pas hésité à réécrire le mythe Beethoven (tout en l’enrichissant ainsi) selon des motivations « affectives, esthétiques, nationalistes, idéologiques » (Élisabeth Brisson, auteure du Guide de la musique de Beethoven) ; le propre du génie Beethovénien reste son audace expérimentale qui repousse toujours plus loin les possibilités des formes musicales alors fixées par Haydn et Mozart, ses prédécesseurs à Vienne : ainsi sonate, symphonie, quatuor sont de fond en comble régénérer et porter « à un apogée » (Bernard Fournier, auteur de l’Histoire du quatuor à cordes dont le tome 1 accorde une large place aux quatuors de Beethoven). Enfin l’hommage immédiat à Beethoven se mesure à l’aulne des transcriptions de ses œuvres, permettant « une diffusion large ». Les auteurs soucieux de célébrer la force et la puissance du génie beethovénien sont innombrables : leurs partitions en écho constituent aujourd’hui comme un monument musical qui prolonge le monument de Beethoven à Bonn (François-Gildas Tual). Lecture indispensable.

IVRE, Ă©vĂ©nement. BEETHOVEN et après… Ă©ditions FAYARD / Mirare - parution : 22 janv 2020. Prix TTC indicatif : 15 € – EAN : 9782213716589 – Code hachette : 2822525 – Prix NumĂ©rique : 10.99 € – EAN numĂ©rique : 9782213718576 – 240 pages – format : 12 x 18, 6 cm.

CD, critique. SHEKU : ELGAR : Concerto pour violoncelle (LSO, Rattle – 1 cd DECCA 2019)

sheku-violoncelle-review-critique-cd-classiquenews-decca-clic-de-classiquenews-ELGAR-london-symph-orchestraCD, critique. SHEKU : ELGAR : Concerto pour violoncelle (LSO, Rattle – 1 cd DECCA 2019). DECCA a bien raison de dĂ©velopper un marketing de personnalitĂ©, s’agissant du violoncelliste Sheku (Kanneh-Mason, de son nom en dĂ©veloppĂ©), le concept est direct et immĂ©diatement porteur : SHEKU, cinq lettres qui composent une très forte individualitĂ© dont on apprĂ©cie le sens de la mesure comme de la finesse. Rattle parle mĂŞme d’un « poète »… on aimerait bue le chef suive ici le soliste sur les ailes nuancĂ©es de la musique… Car le violoncelliste britannique est bien une sensibilitĂ© affirmĂ©e, au chant intĂ©rieur indiscutable. Cela s’entend d’emblĂ©e Ă  travers les 10 pièces de ce programme plutĂ´t variĂ© et consistant, et parfois singulièrement intimes. Le Concerto d’Elgar (opus 85) est dense, entièrement dĂ©volu au chant solo du violoncelle, ce dès l’Adagio d’ouverture. L’écriture est serrĂ©e, faire valoir de l’expressivitĂ© parfois âpre de l’orchestre ; un peu trop Ă©pais dans la lecture de Rattle avec le LSO (London Symph Orchestra). L’agilitĂ© et la prĂ©cision du soliste exprime son jeu Ă©loquent et habitĂ©, qui contraste souvent avec le bloc, dur et « pompier » de l’orchestre ; distinguons de fait, l’agilitĂ© aĂ©rienne et pleine de subtilitĂ© qui rĂ©vèle chez Sheku, un talent pour une volubilitĂ© arachnĂ©enne.

Ayant jouĂ© par le royal wedding en 2018 (le mariage de Harry et Meghan), Sheku a gagnĂ© en peu de temps un surcroĂ®t de cĂ©lĂ©britĂ©, comme en son temps une certaine soprano australienne Kiri te Kanawa pour le mariage de Lady Diana. Le jeune violoncelliste britannique nĂ© en avril 1999, Ă  peine âgĂ© de 20 ans donc, fait montre d’une troublante maturitĂ© qui s’affirme dans la profondeur d’un jeu discret, direct, volubile et très articulĂ©, sans fard ni effets. Cet Ă©quilibre et cet esprit de la mesure intĂ©riorisĂ©e, ce son enfin, souverain par sa sincĂ©ritĂ©, se dĂ©ploient vĂ©ritablement dans l’Adagio d’Elgar, dont les qualitĂ©s sont mĂ©lodiques et introspectives. Le tact, la pudeur Ă©cartent – très heureusement -, tout affèterie, ailleurs souvent automatique, soulignant chez Elgar sa solennitĂ© plutĂ´t que ses brĂ»lures mĂ©ditatives (dĂ©veloppĂ©es jusqu’à la fin du dernier mouvement Allegro, presque bavard oĂą l’on sent chez le violoncelle l’envie d’en dĂ©coudre sans conclure vraiment). Sheku se montre souple, fin, et presque racĂ©, d’une sonoritĂ© de fait filigranĂ©e, Ă©largie qui semble Ă©tendre et dĂ©tendre le temps avec une clartĂ© dans le geste, captivante.

CLIC D'OR macaron 200L’interprète sait varier son jeu : tout en souplesse, rondeur, vibration, introspection dans la Romance de ce volet majeur Elgar. Même souplesse et finesse de son vibrato, doué de phrasés intérieurs dans Nimrod des Enigma varations d’ELGAR : la pudeur du geste, l’éloquence rentrée et pourtant très intense font mouche. Sheku convainc, car Elgar lui va comme un gant sur une main preste.

 

 

 

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VIDEO PEOPLE / SHEKU joue au mariage royal de 2018 (Harry & Meghan) :

 

 

 

Commentaire : The footage was taken from St George’s Chapel, Windsor for the wedding of the Duke and Duchess of Sussex. Sheku Kanneh-Mason performs von Paradis’ ‘Sicilienne in E Flat Major’, FaurĂ©’s ‘Après Un RĂŞve’ and Schubert’s ‘Ave Maria’.

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VIDEO

 

 

 

Music video by Sheku Kanneh-Mason performing Traditional: Blow The Wind Southerly (Arr. Kanneh-Mason). © 2020 Decca Music Group Limited

 

 

 

 

CD, critique. HAYDN : Quatuors. Quatuor Hanson (2018 / 2019, 2 cd Aparté)

quatuor hanson cd aparte 2 cd critique HANSON classiquenewsCD, critique. HAYDN : Quatuors Hanson (2018, 2 cd ApartĂ©). Créé seulement il y a 6 ans (2003), le Quatuor français HANSON (du nom du premier violon, primarius : le percutant et subtil Anton Hanson) frappe un grand coup dans la planète chambriste avec ce double cd dĂ©diĂ© aux Quatuor de Haydn (au total 6 quatuors – opus 20, 33, 50 : « la grenouille », 54, 76 et 77-, enregistrĂ©s en nov 2018, Ă©ditĂ© chez ApartĂ© en dĂ©c 2019). L’éloquence du son collectif, le dĂ©tail de chaque partie (violons, alto, violoncelle) magnifiquement caractĂ©risĂ©e, rĂ©activent ici l’esprit de la conversation en musique avec un relief souple, une acuitĂ© expressive qui souligne l’inventivitĂ© faite facĂ©tie et modernitĂ© (architecture des contrastes, des tonalitĂ©s, des chromatisme et des vagues harmoniques), du gĂ©nial Joseph Haydn.
Le titre du coffret « All shall not die / rien ne mourra » indique clairement l’apport décisif du Viennois au genre du quatuor à cordes : une leçon que prolongent après lui, Mozart et surtout Beethoven, autre maître de la forme et de la construction. Les Hanson nous parlent avant tout d’intelligence musicale par laquelle Joseph Haydn, le musicien le plus vénéré de son temps, est à la fois classique et romantique.

CLIC_macaron_2014Dans ce jeu lumineux d’un contrepoint détaillé et fusionnel, les 4 instrumentistes du Quatuor Hanson se délectent à articuler la fine rhétorique d’un Haydn, aussi facétieux que sincère ; ils incarnent aujourd’hui clairement un très haut niveau sonore et artistique, dans un noyau d’œuvres qui forment désormais leur territoire de prédilection, les quatuors de Joseph Haydn. A la fois naturel et juste, intérieur et libre. Magistral accomplissement dans un répertoire pourtant abondamment traité et enregistré. La réussite n’en est que plus méritante.

 

 

 

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Joseph Haydn : 6 quatuors
Quatuors Op. 20 n°5, Quatuor Op. 33 n° 5
Quatuor Op. 50 n°6, Quatuor Op. 54 n°2
Quatuor Op. 76 n°2, Quatuor Op. 77 n°2

Quatuor Hanson
Anton HANSON, Jules DUSSAP, violons
Gabrielle LAFAIT, alto
Simon DECHAMBRE, violoncelle

2 cd ApartĂ© – enregistrement rĂ©alisĂ© Ă  Arras en nov 2018, avril 2019. CLIC de CLASSIQUENEWS de janvier 2020

 

 

 

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VISITEZ le site du Quatuor HANSON
https://www.quatuorhanson.com

COMPTE-RENDU, critique, opéra. BRUXELLES, La Monnaie, le 22 déc 2019. OFFENBACH : Les Contes d’Hoffmann : Altinoglu / Warlikowski.

COMPTE-RENDU, critique, opéra. BRUXELLES, La Monnaie, le 22 déc 2019. OFFENBACH : Les Contes d’Hoffmann : Altinoglu / Warlikowski. On goûte (peu) mais tolère avec curiosité chaque nouvelle production du polonais irrévérencieux Krzysztof Warlikowski dont la laideur et la sécheresse de l’imaginaire dénaturent souvent les opéras qu’il met en scène. On se souvient de son roi Roger de Zymanowski à Bastille, tout sauf lisible, et rien que confus, grand bazar et barnum sur la scène (avec citation de Mickey et guirlandes électriques).

A Bruxelles, il a traité pareillement Médée (2008), puis Lulu et Don Giovanni … Ici, le curseur référentiel se fixe sur la nébuleuse cinématographique, car les citations au 7è art sont continues en particulier à Cukor (A Star is born). Stella / Rita Hayworth y reçoit bien sa statuette en or au grand dam du poète Hoffmann, désabusé, aigri… Warlikowski de s’obstiner ainsi à faire rentrer la partition d’Offenbach dans cette grille de lecture et de référence, aux forceps, quitte comme d’habitude à dénaturer la partition originelle.

 

 

Offenbach dénaturé, sauce Warlikowski

 

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La « trouvaille » est de portraiturer le poète malheureux en amour en ex star alcoolique face aux diverses figures d’une lolita exposée, crédule, vorace de gloire… chaque incarnation Olympia, Antonia… sont les prises de rôles de la jeune vedette déclarée, sous les projecteurs hollywoodiens. Exit le fantastique noir, le délire poétique d’Hoffenbach (disparue l’identité fusionnée de Nicklausse / la Muse). Bonjour l’artifice d’une adaptation déroutante et forcée. Chaque tableau devient gadget. Un comble pour le metteur en scène dont le regard doit clarifier l’intrigue, unifier et prendre de la hauteur sur son sujet.

Donc au pays de l’anecdocte et de la trouvaille (facile), – le spectateur reconnaĂ®t ici Shining ou Pulp Fiction ; lĂ , Twin Peaks, le Jocker… il est confrontĂ© Ă  une performance foraine comme Ă  un jeu des 7 erreurs : toujours en quĂŞte du dĂ©tail qui tue. Pire pour l’attention du spectateur, la rĂ©pĂ©tition Ă  outrance d’un dispositif sensĂ© trancher : chaque air est rĂ©alisĂ© par le/la soliste devant un micro, comme au Music Hall. EreintĂ© par tant de kitcherie qui tourne en rond, oĂą l’on s’agace des noces obsessionnelles de l’opĂ©ra et de la variĂ©tĂ©, l’auditeur ferme les yeux pour retrouver non sans gĂŞne, la musique d’Offenbach.

Quel dommage car le poète Hofmann campé par Enea Scala est impeccable : regard ivre et halluciné, profondeur du héros désabusé et progressivement amer : la voix suit les nuances de cette prise de rôle particulièrement aboutie.
Respectant le vœu du compositeur, Nicole Chevalier incarne les 4 visages féminins, objets qui plongent le poète maudit dans la frustration absolue : Olympia agile, Antonia touchante, voluptueuse Giuletta (grimée ici en pornostar) ; enfin Stella ardente, présente, crédible. Rien à redire aussi sur les 4 visages démoniaques défendus par Gabor Bretz, dont la basse claire mord dans chaque personnage. Beau Niklausse de Michèle Losier ; et mère déchirante dans l’acte d’Antonia, grâce à Sylvie Brunet-Grupposo, au grave juste et sincère, sans appui. Les seconds rôles sont dans la même veine, naturelle et crédible : François Piolino (Spalanzanin, Nathanaël) et Loïc Felix (percutant Frantz).
Dans la fosse, le chef assure le bon fonctionnement de la machine orchestrale qui manque cependant de vertiges, de souffle, de noirceur poétique.

 

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COMPTE-RENDU, critique, opéra. BRUXELLES, La Monnaie, le 22 déc 2019. OFFENBACH : Les Contes d’Hoffmann : Altinoglu / Warlikowski.

Hoffmann : Enea Scala
Olympia, Antonia, Giulietta, Stella : Nicole Chevalier
Nicklausse, La Muse : Michèle Losier
Mère d’Antonia : Sylvie Brunet-Grupposo
Lindorf, Coppélius, Miracle, Dapertutto : Gábor Bretz
Spalanzani, Nathanaël, Luther, Crespel : François Piolino
Luther, Crespel : Sir Willard White
Frantz, Andrès, Cochenille, Pitichinaccio : Loïc Felix
Schlémil, Herrmann : Yoann Dubuque

Orchestre symphonique et Chœurs de La Monnaie
Alain Altinoglu, direction

Mise en scène : Krzysztof Warlikowski / Photos : © Bernd Uhlig

 

 

 

 

 

POITIERS : SONGS au TAP

POITIERS, TAP. SONGS, 8 janv 2020, 20h30. A partir d’airs lyriques anglais du 17è, les interprètes de l’ensemble Correspondances Ă©chafaudent un nouveau type de spectacle, mĂ©lo, dĂ©lirant, poĂ©tique oĂą chaque musicien tient son rĂ´le, accordant dĂ©sormais théâtre et musique, chant et action… COMMENT RENOUVELER LES FORMES DU CONCERT MUSICAL ? Sortir du rĂ©cital classique – frontal, narratif, traditionnel… sublimer certaines songs les plus enivrantes du XVIIè et dont les sujets touchent toujours : langueur et pleurs d’amour, vanitĂ© humaine, le temps qui passe et court… Tels sont les objectifs de ce programme hors normes qui fait de la musique la matière dramatique et l’action qui s’incarne ainsi Ă  travers la chanteuse vedette, Lucile Richardot.

 

 

L’Ensemble baroque Correspondances revisite la forme du spectacle…

Délirante obsession
d’une mariée mélancolique

 

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Les instrumentistes deviennent acteurs, et pas seulement « simples producteurs du son ».  Ecrit à plusieurs mains, impliquant tous les interprètes, le spectacle tente de repenser l’action musicale, la notion même de théâtre et d’action, d’expression et de chant, de présence et d’action instrumentale en convergence… comment jouer le drame ? Comment chanter et raccorder les pièces ainsi agencées et unifiées qui sont parmi les plus modernes de leur époque : à l’époque du drame avant l’opéra… premiers récitatifs,  grands airs de « masks », scènes dramatiques, autant d’éléments qui préparent et permettent l’opéra à venir. Peu à peu s’est précisée, au fur et à mesure des pièces de musique retenues, l’histoire de cette femme à l’humeur décalée, incapable de vivre le monde si elle ne peut se bercer de ses propres illusions et légendes… Le spectacle débute le jour de son mariage. Elle refuse de rejoindre les invités, hantée par les histoires de sa mémoire, qui la fascinent et la fatiguent. Ses désirs, son imaginaire, sa frustration la mènent à une mélancolie de plus en plus envahissante, extatique… délirante. Entre passé et présent, fiction et réalité. Un drame psychologique qui brouille les frontières. Et relève de Cocteau au pays des Baroques.

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Mer 8 janv 2020, 20h30boutonreservation
TAP Poitiers, Théâtre
https://www.tap-poitiers.com/spectacle/songs/
Chants surtitrés en français
Durée : 1h40
RESERVEZ VOTRE PLACE
https://www.tap-poitiers.com/spectacle/songs/

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Mise en scène : Samuel Achache
Direction musicale : Sébastien Daucé
Scénographie : Lisa Navarro
Dramaturgie : Sarah Le Picard
Costumes : Pauline Kieffer
Lumières : César Godefroy
Assistante à la mise en scène : Carla Bouis
Régie générale : Vincent Ribes
Régie plateau : Marion Lefebvre

Avec Lucile Richardot (alto), Margot Alexandre (comédienne), Sarah Le Picard (comédienne), Sébastien Daucé (orgue et virginal), René Ramos-Premier (baryton basse), Lucile Perret (flûtes), Angélique Mauillon (harpe), Mathilde Vialle (viole), Louise Bouedo (viole), Étienne Floutier (viole), Thibault Roussel (théorbe, guitare), Arnaud de Pasquale (virginal)

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Présentation par le TAP, Poitiers

« Il faut imaginer une femme, le jour de son mariage. Alors que tout le monde est réuni pour célébrer ses noces, elle s’enferme dans les toilettes et ne veut plus en sortir : elle n’ira pas. Sa sœur tente de divertir ses lamentations tandis que sa mère n’est capable que de chanter. Un répertoire, entre John Dowland et Henry Purcell, qui a inspiré l’album primé Perpetual Night (2018, Harmonia Mundi) conçu par Sébastien Daucé pour l’ensemble Correspondances et la fascinante voix d’alto de Lucile Richardot – au TAP en 2019 pour un concert-sandwich d’anthologie. Samuel Achache crée une trame théâtrale à ces chants, intègre des musiciens, acteurs et chanteurs à l’histoire, qu’il situe dans un fantastique décor de cire. À la fois concert, opéra de chambre et comédie burlesque, ce théâtre musical inclassable remporte tous les suffrages.
description

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COMPTE-RENDU, critique. PARIS, le 15 déc 2019. Récital Cecilia Bartoli : FARINELLI (Musiciens du Prince / G Capuano).

farinelli cecilia bartoli fall septembre 2019 annonce cd review critique classiquenews DECCA cd critiqueCOMPTE-RENDU, critique. PARIS, le 15 déc 2019. Récital Cecilia Bartoli : FARINELLI (Musiciens du Prince / G Capuano). A Paris, la mezzo romaine Cecilia Bartoli incarne le légendaire Farinelli, accompagnée de ses « Musiciens du Prince » sous la baguette du chef baroque, Gianluca Capuano (lequel avait réalisé avec le duo Caurier / Leiser, un Couronnement de Poppée / Incoronazione du Poppea de Monteverdi, mémorable à l’Opéra de Nantes oct 2019).

La diva ne paraĂ®t pas grimĂ©e en homme barbu, – testostĂ©ronĂ©e telle qu’elle pose en couverture de son cd FARINELLI Ă©ditĂ© dĂ©but novembre 2019 chez Decca… Dommage. Mais pour mieux exprimer la charge hautement dramatique de chaque rĂ´le, la diva comĂ©dienne, sait changer de costumes selon les airs sĂ©lectionnĂ©s, profitant des « pauses » purement instrumentales, qui rythment aussi le rĂ©cital parisien.

La majorité des épisodes lyriques sont extraits du cd Farinelli : ils ont tous été chanté par le divo au XVIIIè signés des compositeurs les plus importants dans l’histoire des castrats : Haendel, Porpora, Caldara Vinci, Hasse, les moins connus Caldara et Giacomelli. Castrat oblige, la manière napolitaine triomphe : toujours plus haut, toujours plus rapide ; la virtuosité bataille avec l’agilité ; la versatilité des sentiments, avec la souplesse parfois contorsionnée de la ligne vocale.

 

 

 

PARIS, BARTOLI, FARINELLI

 

 

 

Bartoli engage un récital passionnant avec ses moyens actuels : moins agiles, moins naturellement brillants, mais plus rauques parfois, avec une couleur sombre générale qui enrichit son médium et rend ses aigus d’autant plus intenses, voire tendus, toujours d’une fragilité maîtrisée, comme sont ses phrasés, et sa compréhension du legato, souverains. Travestie (Imeneo de Porpora), la chanteuse trouble par ce grain vocal d’une mâle et souple expressivité qui exprime l’enivrement amoureux.
Elle joue avec sa voix, mais jamais ne perd le fil dramatique ni le sens et le caractère de chaque personnage comme de chaque situation ; elle est, tragique et noble, Cléopâtre (Hasse et Haendel) ; tendre et d’une douceur caressante et pastorale (« Augeletti », Rinaldo de Haendel) ; saisissante et frissonnante dans l’ample prière sombre de « Sposa, non mi conosci » (Merope de Giacomelli, vraie révélation entre autres).
La future directrice de l’Opéra de Monaco (à partir de 2023) démontre l’intelligence vocale et dramatique, l’attention au texte, le souci de la cohérence et du sens de l’intonation que peu de divas actuelles maîtrisent avec autant de nuances. Aujourd’hui, l’évolution de la voix de la diva correspond au choix des airs de ce programme : Farinelli castrat soprano était connu pour sa couleur étonnamment sombre, riche et percutante dans les airs de langueurs funèbres, les prières tragiques et intérieures, supposant souffle et perfection de la ligne. Même constat et diagnostic pour Cecilia Bartoli dont l’intelligence du chant subjugue toujours. Jusqu’au jeu des instrumentistes dont la tenue (Concertos et Sinfonie) est impeccable, en fluidité comme en rebonds.
La caresse enveloppante « vivaldienne » de Merope de Broschi (Riccardo, frère de Farinelli qui s’appelait aussi Carlo Broschi) s’avère ici des plus bouleversantes, à la fois implorante et d’une tendresse déterminée.
Les interprètes sont riches en bis, à la mesure de leur complicité et de leur talent vers le public : tous communient enfin avec Haendel (Ode for St. Cecilia’s Day et surtout,  « Dopo notte » de l’opéra Ariodante), et l’époustouflante et trépidante aria de Porpora (Adelaide). Avec ses consœurs Vivica Genaux et récemment Ann Hallenberg, Cecilia Bartoli s’impose comme l’une des meilleures voix farinelliennes de l’heure. Un nouveau succès pour son dernier disque.

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COMPTE-RENDU, critique. PARIS, Philharmonie (Salle Boulez), le 15 déc 2019. Récital Cecilia Bartoli : FARINELLI (Musiciens du Prince / G Capuano)

LIRE aussi nos premières impressions critiques du cd FARINELLI / Cecilia BARTOLI (Decca)
http://www.classiquenews.com/cd-evenement-premieres-impressions-farinelli-cecilia-bartoli-1-cd-decca/

 

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VIDEO Farinelli Cecilia Bartoli

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CD, coffret Ă©vĂ©nement. BERLIOZ : La Damnation de Faust : Spyres, Courjal, NELSON (2 cd + 1 dvd ERATO – avril 2019)

BERLIOZ-DAMNATION-FAUST-NELSON-DIDONATO-SPYRES-COURJAL-critique-opera-classiquenews-annonce-critique-dossierCD, coffret Ă©vĂ©nement. BERLIOZ : La Damnation de Faust : Spyres, Courjal, NELSON (3 cd + 1 dvd ERATO – avril 2019). EnregistrĂ©e sur le vif Ă  Strasbourg en avril 2019, la production rĂ©unie sous la baguette Ă©lĂ©gante, exaltĂ©e sans pesanteur de l’amĂ©ricain John Nelson, rĂ©ussit un tour de force et certainement le meilleur accomplissement discographique et artistique pour l’annĂ©e BERLIOZ 2019. Du tact, de la pudeur aussi (subtilitĂ© caressante de l’air de Faust : « Merci doux crĂ©puscule » qui ouvre la 3è partie), l’approche est dramatique et d’une finesse superlative. Elle sait aussi caractĂ©riser avec mordant comme le profil des Ă©tudiants et des buveurs Ă  la taverne de Leipzig, vraie scène de genre, populaire Ă  la Brueghel, entre ripailles et grivoiseries sous un lyrisme libre. Il est vrai que la distribution atteint la perfection, en particulier parmi les hommes : sublime Faust de Michael Spyres, articulĂ©, nuancĂ© (aristocratique et poĂ©tique dans la lignĂ©e de Nicolas Gedda en son temps, et qui donc renouvelle le miracle de son EnĂ©e dans Les Troyens prĂ©cĂ©dents) auquel rĂ©pond en dialogues hallucinĂ©s, contrastĂ©s, fantastiques, le MĂ©phisto mordant et subtil de l’excellent Nicolas Courjal (dont on comprend toutes les phrases, chaque mot) ; leur naturel ferait presque passer l’ardeur de la non moins sublime Joyce DiDonato, un rien affectĂ© : il est vrai que son français sonne affectĂ© (et pas toujours exact). Manque de prĂ©paration certainement ; dommage lorsque l’on sait le perfectionnisme de la diva amĂ©ricaine, soucieuse du texte et de chaque intonation.

 

 

 

et de deux !, après Les Troyens en 2017,
John Nelson réussit son Faust
pour l’année BERLIOZ 2019

 

 

 

Son air du roi de Thulé, musicalement rayonne, mais souffre d’un français pas toujours intelligible. Mais la soie troublée, ardente que la cantatrice creuse et cisèle pour le personnage, fait de sa Marguerite, un tempérament romantique passionné, possédé, qui vibre et s’embrase littéralement. Quel chant ! Voilà qui nous rappelle une autre incarnation fabuleuse et légendaire celle de Cecilia Bartoli dans la mélodie de la Mort d’Ophélie…
Le chĹ“ur portugais (Gulbenkian) reste impeccable : prĂ©cis, articulĂ© lui aussi. L’Orchestre strasbourgeois resplendit lui aussi, comme il l’avait fait dans le coffret prĂ©cĂ©dent Les Troyens (il y a 2 ans, 2017). Il n’est en rien ce collectif de province et rien que rĂ©gional ici et lĂ  prĂ©sentĂ© (!) : FrĂ©missements, Ă©clairs, hululements… les instrumentistes, sous une direction prĂ©cise et qui respire, prend de la distance, confirme dans l’écriture berliozienne, cette conscience Ă©largie qui pense la scène comme un théâtre universel, souvent Ă  l’échelle du cosmos (avant Mahler). Version superlative nous l’avons dit et qui rend hommage Ă  Berlioz pour son annĂ©e 2019.
CLIC_macaron_2014Les plus puristes regretteront ce français amĂ©ricanisĂ© aux faiblesses linguistiques si pardonnables quand on met dans la balance la justesse de l’intonation et du style des deux protagonistes (Spyres / DiDonato). L’attention au texte, le souci de prĂ©cision dans l’émission et l’articulation restent louables. La conception chambriste prime avant toute chose, restituant la jubilation linguistique du trio Faust / Marguerite / MĂ©phisto qui conclut la 3è partie… Ailleurs expĂ©diĂ©e et vocifĂ©rĂ©e sans prĂ©cision. A Ă©couter de toute urgence et Ă  voir aussi puisque le coffret comprend aussi en 3è galette, le dvd de la performance d’avril 2019 Ă  Strasbourg. CLIC de CLASSIQUENEWS de l’hiver 2019.

 

 

  

 

 

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CD, coffret Ă©vĂ©nement. BERLIOZ : La Damnation de Faust (3 cd + 1 dvd ERATO – avril 2019).

Légende dramatique en quatre parties,
livret du compositeur d’après Goethe
Créée Ă  l’OpĂ©ra-Comique le 6 dĂ©cembre 1846

Joyce DiDonato : Marguerite
Michael Spyres : Faust
Nicolas Courjal : Méphistophélès
Alexandre Duhamel : Brander

Chœur de la Fondation Gulbenkian
Les petits chanteurs de Strasbourg

Orchestre philharmonique de Strasbourg
John Nelson, direction

 

 

 

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Enregistré à Strasbourg en novembre 2018
2 cd + 1 dvd – ref ERATO 9482753, 2h

LIRE aussi notre critique complète des TROYENS de BERLIOZ par John Nelson, Michael Spyres, Joyce DiDonato, StĂ©phane Degout (2017)… :

 

 

 

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berlioz-les-troyens-didonato-spyres-nelson-3-cd-ERATO-annonce-cd-premieres-impressions-par-classiquenewsCD, compte rendu, critique. BERLIOZ : Les Troyens. John Nelson (4 cd + 1 dvd / ERATO – enregistré en avril 2017 à Strasbourg). Saluons d’emblée le courage de cette intégrale lyrique, en plein marasme de l’industrie discographique, laquelle ne cesse de perdre des acheteurs… Ce type de réalisation pourrait bien relancer l’attractivité de l’offre, car le résultat de ces Troyens répond aux attentes, l’ambition du projet, les effectifs requis pour la production n’affaiblissant en rien la pertinence du geste collectif, de surcroit piloté par la clarté et le souci dramatique du chef architecte, John Nelson. Le plateau réunit au moment de l’enregistrement live à Strasbourg convoque les meilleurs chanteurs de l’heure Spyres DiDonato, Crebassa, Degout, Dubois… Petite réserve cependant pour Marie-Nicole Lemieux qui s’implique certes, mais ne contrôle plus la précision de son émission (en Cassandre), diluant un français qui demeure, hélas, incompréhensible. Même DiDonato d’une justesse émotionnelle exemplaire, peine elle aussi : ainsi en est-il de notre perfection linguistique. Le Français de Berlioz vaut bien celui de Lully et de Rameau : il exige une articulation lumineuse.