vendredi 29 mars 2024

Villazon Verdi: a musical journey1 cd Deutsche Grammophon, 2012

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Rolando Villzon récidive en un nouvel album d’opéra italien (après son premier recueil assez flamboyant et bien contrauit: Cielo e mar où éblouissaient ses lectures du Rodolfo de Luisa Miller, de Gabriele de Boccanegra entre autres...), le second joue la carte des classiques indémodables (airs de Rodolfo de La Traviata) certes nuancés par des plus rares empruntés à Oronte des Lombards, tout en signant son côté crooner grace aux 3 très beaux airs réorchestrés par Luciano Berio…

Oberto (air de Riccardo) et I due foscari (air de Jacopo, ce dernier typique de la mélodie à cabalette et son rythme prenant) démontrent sur le registre héroïque et tout en énergie, la vitalité préservée de notre ténorissimo préféré: un feu intact et une articulation régénérée; sens du verbe, lumineuse incarnation même dans le brindisi moins connu qui ponctue l’entrée en matière et qui évoquait le Verdi des années de galère, celui ardent, déterminé, d’une première carrière laborieuse et frappée par le destin et la tragédie (quand le jeune compositeur perd à 25 ans ses enfants puis sa femme).

Après le brindisi un tantinet chaloupé voire aguicheur réorchestré par Luciano Berio, l’Esule (même orchestrateur), le plus long air de l’album, ôte toute réserve quant au timbre et à ses possibilités: flexibilité nuancée et couleur sombre, avec une moindre affectation expressive qu’auparavant, la prière et l’hymne de l’exilé prêt à mourir se distingue par la justesse émotionnelle que sait y distiller le chanteur: douceur et intensité, projection et intériorité.

Suivent deux airs d’opéras moins joués aujourd’hui: I lombardi alla prima crociata et Il corsaro: deux airs onctueusement couverts et parfaitement gérés. Les choses se corsent quelque peu dans l’air du Duc de Mantoue (Rigoletto) et dans La Traviata… aux aigus corsetés parfois tendus.
Mais l’air de Carlo (Don carlo), sublime prière amoureuse captive par l’étendue et la clarté de la tessiture (et des couleurs qui empruntent soit à Carreras soit à Domingo): la tendresse mélancolique et statique du personnage tient Villazon loin des oeillades et du kitch (ses tendances naturelles)… un cœur pur s’y exprime avec style. On aime moins sa prestation trop théâtrale dans le Requiem et son Fenton de braise et presque idéalement juvénile est gâché par la Nannetta, rien qu’outrée et trop lolita de Mojca Erdmann. La direction de Gianandrea Noseda ne manque pas d’activité ni de belles nuances. Défi relevé pour le ténor qui revient de loin… dont on a cru un moment à la retraite prématurée obligée.

Verdi: a musical journey. Rolando Villazon, ténor. airs d’opéras: Oberto, I due Foscari, I Lombardi, Il Corsaro, Rogoletto, La Traviata, un Ballo in maschera, Don Carlo, Falstaff; Requiem, 3 airs réorchestrés par Berio (Brindisi, L’esule, In solitaria stanza)… 1 cd Deutsche Grammophon, enregistré à Turin en septembre 2012.

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