VENEZUELA. Mort de José Antonio Abreu (78 ans), fondateur du SISTEMA… Hier samedi 24 mars 2018 s’est éteint le fondateur du Sistema, au Venezuela, José Antonio Abreu à l’âge de 78 ans. Il était économiste et chef d’orchestre, capable de réaliser une conception visionnaire, celle encore trop embryonnaire dans nos sociétés occidentales dites plus évoluées et cultivées, qui associe politique, culture, action sociale et éducation. Le Sistema est un programme social et culturel à l’attention des jeunes, grâce auquel chaque enfant en décrochage, apprend les valeurs du vivre ensemble et enrichit sa propre expérience de l’art et de la musique en pratiquant un instrument ou en chantant dans une chorale. On ne saura jamais assez favoriser les actions de sensibilisation de la musique et de la pratique musicale auprès des plus jeunes : la culture et l’art transforment chaque être en cultivant sa sensibilité et son goût pour l’éducation, la découverte, l’exploration du monde sensible, l’apprentissage de valeurs fondamentales que sont le respect, l’écoute, la compréhension…
El Sistema aujourd’hui, ce sont au Venezuela 900 000 enfants et adolescents sensibilisés à la pratique chorale et instrumentale (10 000 enseignants), immergés dans l’activité orchestrale (1500 orchestres et choeurs dans le pays)… car rien n’égale l’expérience des autres, de l’écoute, du vivre ensemble favorisée par la vie d’un orchestre : jouer avec les autres pour réaliser une partition commune. Un exemple pour nos sociétés et démocraties rongées, menacées par la montée des extrémistes, communautarismes, mouvements de haine et les réminiscences des barbaries du XXè.
Né le 7 mai 1939 à Valera (Etat de Trujillo, Ouest du Venezuela), Abreu fondait en 1975 le Sistema de Orquestas Infantiles y Juveniles (Système des orchestres pour les enfants et les jeunes), ce que nous appelons aujourd’hui « El Sistema ». A l’époque, le but de cette initiative culturelle et sociale portée dès sa création par le gouvernement vénézuelien, était d’aider et de soutenir les enfants défavorisés des quartiers populaires, – exposés à la drogue et à la violence-, en aidant leur éducation et leur développement dans la société. Un temps critiqué en raison de sa proximité avec le pouvoir vénézuélien, Abreu et son projet El Sistema sont devenus l’exemple planétaire que la culture et la musique classique à travers l’apprentissage et l’expérience de l’orchestre et du choeur, favorisent concrètement l’union et la solidarité humaine, améliorent le climat social et sociétal d’une façon générale.
Pour autant, 43 ans après sa création et son essor, le Sistema se maintient coûte que coûte dans un pays au bord de la faillite et du chaos (125 citoyens tués lors des manifestations contre le pouvoir en avril et juillet 2017). L’actuel président du Vénézuela a décrêté 3 jours de deuil national. Que sera le futur du SISTEMA ? Au Venezuela, cynisme écœurant, le Système n’a pas empêché la population de vivre une séquence parmi les plus terrifiantes de son histoire démocratique. Les démocraties occidentales quant à elles, comme le reste du monde auraient raison d’adopter cet exemple et de l’appliquer à nos modèles sociaux si menacés. Le monde de demain se prépare aujourd’hui : l’éducation et l’enrichissement culturel et spirituel des plus jeunes sont les piliers d’une société humaniste et fraternelle. C’est aussi l’idéal prôné par Beethoven, dans l’hymne chanté par le choeur et les solistes dans la dernière séquence de sa 9è et dernière symphonie (Hymne à la joie selon lequel tous les hommes sont frères). Tout un symbole, et là encore, une convergence lumineuse des deux côtés de l’Atlantique. Souhaitons que l’exemple du Sistema ne disparaisse pas avec la mort de son fondateur. Que les démocraties les plus avancées reprennent le flambeau de cette initiative qui a démontré ses vertus au bénéfice de chacun et de tous.
Compte twitter et ressources Jose Antonio Abreu
https://twitter.com/maestro_abreu
Compte twitter EL SISTEMA
https://twitter.com/SistemaAnz
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