Tous les spectacles à l’affiche (concerts, opéras, ballets, récitals, festivals mais aussi hommages, célébrations, concours et galas …) sont minutieusement analysés par la ” Rédaction spectacle vivant ” de classiquenews. Voici les meilleures propositions que nous avons souhaité couvrir, où nous étions, spectacles et plateaux qui méritent un témoignage, un compte rendu, un éclairage critique. A lire, pour connaître toutes les raisons pour lesquelles il fallait y être …
Comptes-rendus, critiques de spectacles
sommaire
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DISCERNEMENT, EXPLICATIONS… Ici, la Rédaction de CLASSIQUENEWS distingue l’essentiel et le captivant, l’innovation et la prise de risque… ou bien aime remettre les choses au point sur un spectacle ou un artiste … Suivez le travail des interprètes : chanteurs, instrumentistes, chefs qui font l’actualité et retiennent l’attention des rédacteurs de CLASSIQUENEWS…
LIRE ici nos COMPTES RENDUS antérieurs : 2019, 2018, 2017 à 2013
2020 / 2021 / 2022
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JUILLET 2022
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Critique, opéra. Anvers, Opéra, le 2 juillet 2022. Schumann : Faust. Philippe Herreweghe / Julian Rosefeldt (mise en scène) – Ces dernières années, de plus en plus d’oratorios sacrés se voient adjoindre des mises en scène permettant d’en révéler toute la profondeur, à l’instar des opéras. Ce sont surtout les ouvrages baroques qui ont été revisités, dans un premier temps, comme par exemple Jephté de Haendel en 2018 http://www.classiquenews.com/jephte-jephthah-de-handel-par-les-arts-florissants/, Il primo omicidio de Scarlatti en 2019 https://www.classiquenews.com/alessandro-scarlatti-il-primo-omicidio-a-garnier/ ou Saul de Haendel en 2020 https://www.classiquenews.com/saul-version-kosky-au-chatelet/. C’est désormais le tour des oratorios profanes, à l’instar des Scènes de Faust de Schumann (1843-1853) présentées à l’Opéra des Flandres (à Gand, puis Anvers), avant Montpellier l’an prochain.
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CRITIQUE, danse. Gand, Opéra, le 1er juillet 2022. Mozart/Concert Aria’s. Francesco Corti / Anne Teresa De Keersmaeker – Après nous avoir régalé de la reprise de Cosi fan tutte (voir la création parisienne en 2017 https://www.classiquenews.com/compte-rendu-opera-paris-palais-garnier-le-28-janvier-2017-mozart-cosi-fan-tutte-philippe-jordan-keersmaeker/), l’Opéra des Flandres poursuit son hommage à la grande chorégraphe Anne Teresa De Keersmaeker (née en 1960), en reprenant l’un de ses plus beaux spectacles, Mozart/Concert Aria’s (1992). C’est là l’occasion de fêter l’enfant du pays, originaire de Malines, en lui faisant l’honneur d’une très attendue création belge, trente ans tout juste après le succès obtenu dans la cour d’honneur du Palais des Papes au Festival d’Avignon : on comprend rapidement pourquoi, tant le charme de ce spectacle opère d’emblée, en jouant des jeux de regards et de la malice entre les interprètes, tous en interaction constante.

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JUIN 2022
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CRITIQUE, Festival de Música dos CAPUCHOS, ALMADA (Portugal), Couvent des Capucins, le 26 juin 2022. Pièces de musique de chambre de Franz Schubert. David Castro-Balbi (violion), Isabel Villanueva (alto), Jisoo Ok (violoncelle), Tiago Pinto-Ribeiro (contrebasse), Filipe Pinto-Ribeiro (piano). - Après une première édition convaincante et réussie (https://www.classiquenews.com/critique-festival-de-musica-de-capuchos-almada-portugal-couvent-des-capucins-les-2-et-3-juillet-2021/), la 2ème mouture du Festival dos Capuchos à Almada (Portugal) – concoctée par son infatigable directeur Filipe Pinto-Ribeiro – conforte son ambition en s’étalant cette année sur quatre week-ends, du 16 juin au 10 juillet 2022. Une ambition qui s’étend aussi aux formations et artistes invités, tels que l’Orchestre de Chambre de Vienne, le DSCH – Shostakovich Ensemble ou le fameux Orchestra Gulbenkian (pour ce qui est des formations), et Pierre Hantaï, Victor Julien-Laferrière, Konstantin Lischfitz ou encore Gérard Caussé, du côté des solistes instrumentaux. En lieu et place du certes magique parvis du couvent, mais soumis aux aléas climatiques (sans compter le couloir aérien juste au-dessus et les aboiements intempestifs des chiens des villas environnantes !…), c’est donc dans une belle salle emménagée à l’intérieur du couvent que se déroule désormais les concerts, aux côtés de l’Auditorium de la Faculté des sciences de Lisbonne (situé à quelques encablures du couvent).
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CRITIQUE, opéra. NANCY, le 24 juin 2022. PAOLI / ALLEMANDI. Voilà une Tosca efficace, carrée, prenante qui doit surtout sa force expressive à la tenue de l’Orchestre, d’une séduction et d’une plasticité irrésistibles, sous la baguette d’un familier de Puccini et du répertoire italien en général, Antonello Allemandi. Ce que le maestro obtient des instrumentistes relève de la leçon de direction autant par l’éloquence musicale que l’approche des climats, avec la poésie et la suspension qu’il faut, l’ivresse comme le démonisme. Voilà qui restitue le relief d’un opéra parmi les plus symphoniques qui soient.
La production (Silvia Paoli, mise en scène) est assez sobre visuellement et son point fort, assurément le dernier tableau du I : quand Scarpia déploie son emprise sur le collectif dans l’église San Andrea della Valle…
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CRITIQUE, opéra. PARIS, TCE, le 22 juin 2022. SPONTNI : La Vestale. Maria Rebeka, Les Talens Lyriques, C Rousset (version de concert) – Aujourd’hui quelque peu oubliée, la musique de Gaspare Spontini (1774-1851) fut pourtant l’une des préférées de Napoléon Bonaparte (voir notre dossier détaillé à ce sujet : https://www.classiquenews.com/napoleon-1er-et-lopera-1804-1814), à l’instar de celle de son ainé Niccolò Zingarelli (1752-1837), récemment redécouverte par l’Opéra de Versailles, avec l’un de ses plus grands succès, Giulietta e Romeo (1796). Alors que Spontini tentait de faire carrière à Paris dans l’ombre de Cherubini, La Vestale (1807) rencontra un succès inattendu, du fait d’un livret statique aux péripéties peu nombreuses, sans parler de l’inspiration musicale inégale, surtout le faible premier acte (voir notre présentation réalisée à l’occasion de la dernière production entendue au Théâtre des Champs-Elysées, en 2013 …
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CRITIQUE, concert. STRASBOURG, le 8 juin 2022. BERLIOZ : Roméo et Juliette. Di Donato, Dubois, Maltman, Orch philh de Strasbourg / J Nelson. - C’est une histoire d’amour qui dure entre Joyce Di Donato, John Nelson, l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg… et Berlioz ! Berliozien émérite, le chef américain parvient à faire résonner superbement un OPS des grands soirs. Impeccables, le pupitre des cordes fait défiler de multiples couleurs, du bleu de la Nuit sereine jusqu’au gris funèbre du Convoi de Juliette. Infaillibilité des trombones, satiné des cors…
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CRITIQUE, opéra. Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 1er juin 2022. César Franck : Hulda. Gergely Madaras (version de concert) – Les célébrations autour du bicentenaire de la naissance de César Franck (1822-1890) se poursuivent avec le concours toujours aussi précieux du Palazzetto Bru Zane – Centre de musique romantique française, qui outre les concerts et disques produits récemment (voir notre dossier détaillé : http://www.classiquenews.com/200-ans-de-cesar-franck-1822-2022-dossier-pour-le-bicentenaire-cesar-franck/) a organisé plusieurs conférences passionnantes, dont « La musique de chambre de César Franck : 1850-1918 » en décembre dernier ou « Un Belge à Paris. César Franck entre sacré et mondain », le 7 avril 2022. Le point d’orgue de ces célébrations reste toutefois la résurrection du chef d’œuvre lyrique méconnu Hulda (1885), entièrement composé et orchestré de la main du maître franco-liégeois, contrairement à son dernier opus lyrique Ghiselle (1890), dont l’orchestration a été achevée par ses élèves (notamment Vincent d’Indy).

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MAI 2022
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Andris Nelsons joue Richard Strauss à la Philharmonie
Volupté et vertiges du Gewandhausorchester Leipzig
CRITIQUE, concert. Paris, Philharmonie, le 31 mai 2022. R. STRAUSS (concert II) : Macbeth, Ein Heldenleben – Une vie de héros / Gewandhausorchester Leipzig – Andris Nelsons – Retour du letton Andris Nelsons à la Philharmonie, là même où le maestro vedette actuelle du label Deutsche grammophon, a dirigé les Wiener Philharmoniker (Beethoven) ou le Boston Symphony Orchestra (Mahler), dont il est directeur musical comme c’est le cas du Gewandhausorchester Leipzig (comme avant lui un certain Artur Nikkisch). Le programme de la soirée est copieusement orchestral. Et Nelsons, fédérant le collectif de Leipzig offre une approche généreuse, somptueusement contrastée, soulignant chez Richard Strauss, sa flamme dramatique, ses audaces parfois délirantes, avec un panache particulièrement élaboré. L’opus 23, Macbeth, (2è version créée en 1892) concentre toute le fougue et la transe dramatique du jeune Strauss d’avant les premiers opéras, ses formidables ressources expressives nettement audibles dans l’esthétique des contrastes exacerbés et cette rugosité brucknérienne dès les premières mesures, qui confère à l’esprit général l’idée d’une fièvre démoniaque habitant l’âme maudite du héros Shakespearien : éruptif et acérés, énergiques et fédérés, chef et orchestre préparent et construisent en réalité l’élévation lumineuse finale, le triomphe de Macduff, comme le fruit d’une gradation progressive où le magma et la grande forge orchestrale se décantent à mesure du déroulement, vers une apothéose allégée, éthérée, aux couleurs diaphanes, d’autant mieux polie que l’amorce et le développement central sont incandescents, contrastés, partie constituante du chaudron orchestral en son plein bouillonnement furioso.
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CRITIQUE, opéra. Opéra Grand Avignon, le 27 mai 2022. Tchaïkovski : La Dame de pique. Olivier PY / Jurjen Hempel – C’est une belle initiative à saluer que celle de la Région Sud (PACA) qui, sous son égide (et ses efforts financiers), a réussi à fédérer les forces des quatre opéras émaillés sur son territoire (Marseille, Nice, Toulon et Avignon) pour offrir à leurs publics une réalisation lyrique confiée au metteur en scène star Olivier Py, qu’aucune des quatre maisons n’aurait pu s’offrir seule… Après Nice, Marseille et Toulon, c’est donc à l’Opéra Grand Avignon que s’achève la « tournée »… Le choix du premier titre de cette nouvelle collaboration s’est porté sur La Dame de pique de Tchaïkovski, l’un des plus dramatiques de tout le répertoire et une œuvre qui ne pouvait que « parler » au célèbre homme de théâtre français.
Dans un palais lugubre….

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CRITIQUE, opéra. Paris, Opéra Bastille, le 24 mai 2022. WAGNER : Parsifal. Simone Young / Richard Jones – Créé en 2018 à l’Opéra Bastille https://www.classiquenews.com/compte-rendu-opera-paris-opera-bastille-le-16-mai-2018-wagner-parsifal-np-mattei-schager-kampe-jordanjones/, la nouvelle production de Parsifal imaginée par Richard Jones fait son retour dans les mêmes lieux avec un plateau vocal entièrement renouvelé : c’est là un événement, tant l’ultime chef d’œuvre de Wagner fascine toujours par son sujet mystique intemporel, sa musique envoûtante et son aura de mystère. Pour autant, Richard Jones choisit d’évacuer d’emblée le merveilleux pour transposer l’action autour d’une secte d’adorateurs crédules du Graal et de son protecteur Titurel. Au-delà des gestes et attitudes ritualisées, typiques d’une secte, la bible vénérée, ici appelée « Wort » (que l’on peut traduire par « la parole »), est brandie par tous comme un totem, tout près de la statue monumentale du guide spirituel, chargé de guérir les corps et les âmes. Cette illustration visuelle marquante au I, où le plateau est dévoilé peu à peu en un mouvement de travelling avant-arrière, permet de concentrer l’action sur la foule de fidèles et donne davantage d’action au récit statique de Gurnemanz.

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CRITIQUE, opéra. TOULOUSE, Capitole, le 24 mai 2022. ROSSINI : Il Barbiere di Seviglia. F Sempey, E Zaïck, K Amiel – J.E. Köpplinger / A. Cremonesi - Cette coproduction capitoline se veut bouffe scéniquement et sacrément belle musicalement. Nous avons entendu la première distribution mais la seconde semble tenir le rang sans craintes. Le Barbier de Séville est un « Melodramma buffo » comme souhaité par Rossini lui-même qui porta ce genre au pinacle. Le décor et les costumes se veulent de la plus délirante fantaisie tout en gardant une certaine élégance.
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CRITIQUE, opéra. LIEGE, le 15 mai 2022. FRANCK : Hulda. Holloway, Madaras – Après la guerre de 1870, la scène française a connu un changement significatif dans le style et les sujets des oeuvres représentées sous les lampions des salles de spectacle. Outre les fantasmagories exotiques qui firent voyager les spectateurs sous les palmiers et dans les dunes de l’Orient ou les palais enchantés de Byzance; les compositeurs et librettistes ont marqué un intérêt renouvelé pour l’époque médiévale. Le bel canto et l’ère romantique avaient puisé amplement sur les romans de Walter Scott pour leur côté épique et sentimental. Or après la défaite et l’annexion de l’Alsace-Moselle, l’intérêt politique de l’opéra se portait sur le patriotisme et une sorte de grande fresque historique qui allait dépeindre des grands sentiments dans la rudesse des climats nordiques ou germaniques. Est-ce qu’il y avait un possible rapport avec le contraste avec la “barbarie” germanique ou scandinave et la “civilisation” latine de la France?
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CRITIQUE, concert. EVIAN, La Grange au Lac, le 13 mai 2022. Alexandre Kantorow (piano), Orchestre des Pays de Savoie et Orchestre de Chambre de Genève, Arie van Beek & Pieter-Jelle de Boer (directions) - C’est par un concert très particulier que s’est ouvert le festival « Printemps de La Grange », dans la sublime salle de concert créée à l’intention de Mstsislav Rostropovitch, à mi-distance des hôtels Royal et Ermitage, à Evian. Car on a assisté à la fusion de deux orchestres de chambre « voisins », l’Orchestre des Pays de Savoie (dirigé par Arie van Beek) et l’Orchestre de Chambre de Genève (dirigé par Pieter-Jelle de Boer). Les deux chefs néerlandais ont ainsi dirigé tour à tour deux pièces instrumentales, et la première chose qui frappe à l’oreille est la cohésion d’ensemble, alors qu’ils n’ont pas l’habitude de jouer ensemble… ou plutôt plus, car dans le passé ces deux formations avaient souvent été réunies : une tradition qui devrait donc reprendre à la faveur de la connivence qui lie les deux chefs hollandais, et l’on ne peut que s’en féliciter au vu du résultat.
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CRITIQUE, opéra. Lille, le 13 mai 2022. BRITTEN : Le Songe d’une nuit d’été. Guillaume Tourniaire / Laurent Pelly – Avec ces nombreux effets de miroir (en panneaux mouvants, sur le sol ou en arrière-scène) admirablement mis en valeur par le travail sur les éclairages, Laurent Pelly s’amuse à renforcer le théâtre dans le théâtre, déjà très présent dans l’ouvrage : l’une des saynètes les plus saisissantes est certainement celle qui suit la danse bergamasque au III, lorsque les interprètes découvrent le public sous leurs yeux ébahis. Comme à son habitude, Laurent Pelly impressionne par la justesse millimétrée de sa direction d’acteur, toujours au service de l’action dramatique.
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CRITIQUE, opéra. SAINT-ÉTIENNE, Grand Théâtre Massenet, le 10 mai 2022. JONCIERES : Lancelot, recréation. Orchestre Symphonique Saint-Etienne Loire, Niquet / Vesperini – Après Dante de Benjamin Godard, déjà mis en scène par Jean-Romain Vesperini en 2019, l’Opéra théâtre de Saint-Etienne poursuit son travail méritoire de redécouvertes du répertoire français oublié. Le jeune metteur en scène émerveille toujours autant par sa lecture fidèle à l’esprit de l’œuvre (une vision très dix-neuviémiste de la légende arthurienne, d’ailleurs contemporain du Roi Arthus de Chausson, créé à la Monnaie 3 ans plus tard). Les clins d’œil et l’imagination y sont de mise, qui évitent l’illusion d’une reconstitution historique, comme les risques d’une adaptation moderne trop souvent décevantes…
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CRITIQUE, opéra. LYON, Opéra, le 4 mai 2022. ESCAICH : Shirine, création. Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon, Franck Ollu (direction) / Richard Brunel (mise en scène) – Une création mondiale est toujours un événement. Après le succès de Claude, ici même à Lyon, on attendait beaucoup du nouvel opus de Thierry Escaich. Attente déçue, compensée par un plateau de haute tenue, une mise en scène efficace et une direction exemplaire. Au départ une épopée romanesque en vers de Nêzâmi, Kosrow va Chîrîn, chef-d’œuvre de la littérature persane du XIIe siècle,…
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AVRIL 2022
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CRITIQUE, opéra. BARCELONE, Gran Teatre du LICEU, le 20 avril 2022. MOZART : Don Giovanni (version originale en 2 actes, 1787). Marc Minkowski / Ivan Alexandre. C’est un beau challenge que se sont fixés Marc Minkowski et Ivan Alexandre en mettant en scène la trilogie de Lorenzo Da Ponte. Cette triple production, créée au Slottsteater de Drottningholm,…
Alors que la mise en scène présente un Don Juan démystifié, volcanique mais allègre, dépourvu d’artifices, il eut fallu toute la voix d‘Alexandre Duhamel pour donner à son personnage l’autorité nécessaire du seigneur libertin. Malheureusement, les salves de vent glaciales balayant la Rambla et la ligne meurtrière des platanes en fleurs ont eu raison de son instrument. Cet impondérable permit, pour une fois, à un valet, Robert Gleadow, de supplanter son maître et de jouir des honneurs. D’une allure dégingandée et d’un sex-appeal féroce, balayant sa longue chevelure avec désinvolture, Leporello est l’archétype du bouffon, couard et revanchard. Très à l’aise dans son émission de basse, le canadien soutient les ensembles avec puissance …
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CRITIQUE, concert. AIX-EN-PROVENCE, le 10 avril 2022. Maria Joao Pires (piano), Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Kazuki Yamada (direction). Après une édition annulée en 2020, puis une édition « numérique en 2021, la 9ème édition du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence peut enfin se tenir dans des conditions normales et sereines. Du 8 au 24 avril vont se succéder les meilleures formations orchestrales (Orchestre Philharmonique de Radio-France, Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Orchestre de la Suisse Romande, Orchestre de Chambre de Lausanne, Ensemble Pygmalion, Insula Orchestra, Ensemble Matheus…) et les plus grands solistes instrumentaux et vocaux (Juwa Yang, Juan-Diego Florez, Renaud Capuçon, Marina Viotti, Martha Argerich, Maria-Joao Pires, Nelson Goerner, Stephen Kovacevich…) faisant d’Aix la rivale française, à sa propre échelle, des prestigieuses manifestations pascales de Salzbourg et Baden-Baden.
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CRITIQUE, concert. LILLE, le 6 avril 2022. Alex NANTE : création mondiale de « Luz de lejos » – Concerto pour piano et orchestre (Alexandre Tharaud, piano) / SIBELIUS : Symphonie n°6 – Orchestre national de Lille – Emilia Hoving – Incroyable inspiration d’Alex Nante… Rien de commun ici avec sa précédente création par et pour l’Orchestre National de Lille (in loco, le 23 sept 2021) ; après le flamboyant poème symphonique “Sinfonia del cuerpo de Luz”, manifeste incandescent en forme de métamorphose progressive, voici en création mondiale son concerto pour piano, “Luz de lejos” , autre jalon d’une interrogation formelle sur la lumière. Mais ici sur un mode distancié, plus narratif quand Sinfonia del cuerpo de Luz immergeait l’auditeur dans le creuset en fusion.
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CRITIQUE, opéra. BORDEAUX, le 2 avril 2022. DONIZETTI : L’Elisir d’amore / L’Elixir d’amour. Shao, Trottmann… Venditti / Sinivia – L’elisir d’amore de Gaetano Donizetti, un des piliers du répertoire opératique depuis 1832 et sa création. Le compositeur bergamasque a employé toute la fantaisie, la poésie et le picaresque de sa plume pour en faire un bijou, un chef d’œuvre. Si la postérité a oublié la version française, Le philtre, mise en musique par Daniel François Esprit Auber, un an auparavant, les maisons d’opéra ne cessent de proposer des visions diverses et variées de l’histoire de Nemorino et son « élixir d’amour ».
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CRITIQUE, concert. Strasbourg, Salle Erasme, le 1er avril 2022. Orchestre Philharmonique de Strasbourg, A. Kantorow (piano) / K. Karabits (direction) – C’était un double événement, Salle Erasme à Strasbourg, que la venue du pianiste virtuose Alexandre Kantorow – premier français à avoir été Lauréat du prestigieux Concours Tchaïkovski de Moscou (2019) -, et celle du jeune chef ukrainien Kirill Karabits, étoile montante de la direction d’orchestre.
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MARS 2022
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CRITIQUE, opéra. GENEVE, le 31 mars 2022, Grand-Théâtre. Peter EÖTVÖS : Sleepless (création). M. Mondruzco / P. Eötvös – Depuis son premier opéra Les Trois sœurs (d’après la pièce éponyme de Tchekhov), créé à Lyon en 1998, le compositeur hongrois Peter Eötvös (né en 1944) continue d’explorer son sillon très personnel, et offre à Genève (juste après Berlin) la création mondiale de son 13ème opus lyrique : Sleepless. Ce dernier ouvrage est tiré de la Trilogie de Jon Fosse, et plus particulièrement du premier tome auquel cet « opéra-ballade » (comme l’a dénommé son auteur) doit son titre. Mari Mezei, la propre épouse de Peter Eötvös en a écrit le livret en adaptant librement les trois tomes de l’écrivain norvégien.
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CRITIQUE, opéra. NICE, le 27 mars 2022. LULLY : Phaéton. Cachet, Lombard, Goicoechea, Caton, Richard… Corréas / Oberdorff. La production démontre plusieurs atouts : il utilise la tournette sur le plateau permettant, parce qu’elle ne cesse de se mouvoir, s’ouvrant et se refermant : mouvements, actions simultanées, apparitions, ensembles…, mais aussi il combine astucieusement danseurs (Compagnie Humaine) et chanteurs dont certains n’hésitent pas non plus à bouger, et jouer sans entrave. On reste ébloui par la concision du texte, l’acuité et la beauté des images comme des sentiments qu’ils expriment. Il faut infiniment de précisions, d’agilité technique pour ciseler et projeter les mots de Quinault dont l’éloquence égale répétons le, Racine.
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CRITIQUE, concert. MONACO, Auditorium du Lycée hôtelier et technique, le 26 mars 2022. Gaspard Maeder, Hugo Meder (violons) / dans le cadre du Printemps des Arts de Monte-Carlo – Après 19 ans de bons et loyaux services, le compositeur français Marc Monnet passe le relai à son collègue et compatriote Bruno Mantovani, qui prend donc la direction artistique du Printemps des arts à Monte-Carlo pour cette édition 2022. Le chef d’orchestre /compositeur (et ancien directeur d’institutions comme le Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris) entend poursuivre la ligne originale et imaginative que son prédécesseur lui avait imprimée durant deux décennies. Après une édition 2020 annulée, et une mouture 2021 miraculeusement sauvée, l’édition 2022 a pu se tenir (presque) normalement.
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CRITIQUE, opéra. NANTES, le 24 mars 2022, Théâtre Graslin. Igor STRAVINSKY : The Rake’s progress. M. Bauer / G. Llewellyn – En coproduction avec l’Opéra de Rennes (qui en a eu la primeur en début de mois), Angers Nantes Opéra propose une nouvelle production de The Rake’s progress, ouvrage créé à la Fenice de Venise, sous la direction du compositeur (sept 1951). Inspiré par des gravures de Hogarth, que Stravinsky a découvertes lors d’une exposition à New-York, l’ouvrage se veut – à l’instar de Capriccio de Richard Strauss – un hommage du XXe siècle à la culture du XVIIIe. Mais c’est à la création du livret cependant que la mise en scène, confiée à Mathieu Bauer (ancien directeur du CDN de Montreuil), situe l’action – dans le Londres des années 50 …

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CRITIQUE, opéra. GENÈVE, GTG, le 3 mars 2022. LULLY : Atys. Alarcón / Preljocaj. Voici un Atys très convaincant dont le mérite tient à cette fusion réussie entre danse et action ; ce défi singulier renforce la cohésion profonde du spectacle conçu par le chorégraphe (et metteur en scène) Angelin Preljocaj lequel a travaillé l’éloquence des corps qui double sans les parasiter le chant des solistes lesquels jouent aussi le pari d’un opéra dansé, chorégraphiant avec mesure et justesse airs, duos, trios ; même le chœur est sollicité offrant {entre autres} dans le sublime tableau du sommeil (acte III), cette injonction collective qui vaut invective car alors que la déesse Cybèle avoue son amour à Athys endormi, chacun lui rappelle ici qu’il ne faut en rien décevoir la divinité qui a choisi d’abandonner l’Olympe pour aimer un mortel…
CHORÉGRAPHIQUE ET PUDIQUE,
le superbe Atys dansé d’Angelin Preljocaj

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FÉVRIER 2022
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CRITIQUE, concert. MONACO, le 19 fév 2022. Bach/Schubert. Francesco Piemontesi (piano) – A Monaco, on aime les grands pianistes, et la riche saison de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo leur offre une place de choix. Ainsi, après Kristian Zimerman, Mikhaïl Pletnev, Daniil Trifonov, et avant Martha Argerich, Alexandre Kantorow ou Boris Berezovski, c’est le suisso-italien Francesco Piemontesi qui avait l’occasion de se produire en récital à l’Auditorium Rainier III de Monte-Carlo dans un programme Bach et Schubert. C’est à une curieuse première partie que l’on assiste car le pianiste a choisi de commencer par le célèbre Prélude et Fugue pour orgue en mi bémol majeur de Bach (dans une transcription pour piano de Busoni), mais en intégrant de nombreuses autres pièces du Kantor de Leipzig entre la Prélude… et la fugue ! En l’occurrence les deux célèbres chorals « Viens maintenant, sauveur des païens »
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CRITIQUE, ballet. STRASBOURG, le 18 fév 2022. GLASS : Alice, Hosseinpour, Lunn, Karen Kamensek - Première strasbourgeoise du nouveau ballet du compositeur Philip Glass, Alice ! L’opus très attendu inspiré du roman « Alice aux pays des merveilles » de Lewis Carroll est interprété par la compagnie de ballet de l’Opéra National du Rhin, dans la chorégraphie d’Amir Hosseinpour et Jonathan Lunn, avec l’Orchestre symphonique de Mulhouse dirigé par la cheffe Karen Kamensek. Une création contemporaine haute en couleurs !
Une Alice hors du commun

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CRITIQUE, Opéra. NICE, le 17 fév 2022. OFFENBACH : Le Voyage dans la lune. Chloé Dufresne / Olivier Fredj. Après avoir été étrennée à Montpellier en décembre 2020, puis avoir fait les beaux soirs de nombreux théâtres lyriques français (dont récemment celui de Marseille, en janvier dernier), la production du Voyage dans la lune de Jacques Offenbach conçue par Olivier Fredj a remonté la Méditerranée vers l’Italie, pour accoster à l’Opéra de Nice. Récemment renommée « Génération Opéra », le CPFL (Centre français de promotion lyrique) est à l’origine du projet, et ce sont donc essentiellement de jeunes chanteurs français en devenir qui ont été soigneusement choisi pour défendre ce nouvel opus, qui n’investira pas moins de quinze scènes hexagonales (et suisses), jusqu’en décembre 2024. A contrario de Marseille et Montpellier, l’ouvrage est ici donné sans entracte, soit deux heures d’une soirée ininterrompue (si l’on excepte un problème technique qui a grippé l’horlogerie interne du spectacle pendant plus de 10 minutes !). Signalons enfin que, partenaire du projet, l’indispensable Palazetto Bru Zane publiera prochainement – dans sa collection livres-disques « Opéra français » – l’ouvrage d’Offenbach… dans sa version complète cette fois nombre des dialogues parlés ayant été ici supprimés.
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CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra-Comique, le 14 fév 2022. Sebastian DURON : Coronis. Perbost, Auvity… Dumestre, / Porras. De la zarzuela à l’Opéra-Comique pour chauffer les cœurs en plein hiver ! L’illustre maison parisienne réchauffe l’esprit en affichant la très attendue création parisienne de la zarzuela de Sebastian Duron, « Coronis », avec Vincent Dumestre qui dirige « son » Poème Harmonique et des chanteurs dans la meilleure des formes. Une soirée baroquissime, rocambolesque à souhait !

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CRITIQUE, opéra. MUNICH, Opéra de Bavière, le 4 fév 2022. Strauss : La Femme silencieuse. Stefan Stoltesz / Barrie Kosky – Avec l’imposition de mesures sanitaires de bon sens (jauge réduite, port obligatoire d’un masque ffp2 et contrôle d’identité avec le pass sanitaire), les autorités bavaroises ont réussi non seulement à maintenir les productions prévues depuis le début de l’année, mais également la formidable vitalité du lieu : on est agréablement surpris, en tant qu’habitué des salles hexagonales, du nombre considérable de personnes présentes avant le spectacle pour boire un verre dans les différents lieux prévus à cet effet. De même, pendant l’entracte, on se surprend à découvrir un parterre d’orchestre entièrement vide, tandis que les spectateurs se sustentent un peu partout. Dans ce contexte, l’Opéra de Paris a judicieusement emboité le pas de ses homologues germaniques, en permettant la réservation au préalable de diners pendant l’entracte – une initiative à saluer vivement pour faire vivre les représentations bien au-delà du spectacle proprement dit.
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CRITIQUE, opéra. MUNICH, Opéra de Bavière, le 3 fév 2022. Janáček : La Petite renarde rusée. Mirga Grazinytė-Tyla / Barrie Kosky - D’emblée, avant même que résonnent les premières notes du prélude, Barrie Kosky impose la concentration en dévoilant un plateau entièrement dénudé, seulement occupé par quelques personnes affairées à enterrer un proche. C’est là l’idée force de cette production que de refuser de montrer la nature ou les animaux, en opposant deux conceptions de la vie, celle des amoureux de la liberté et de l’insouciance (les animaux du livret, habillés avec des couleurs chatoyantes et toujours en mouvement) à celle des plus inquiets, qui acceptent les contraintes souvent castratrices de l’organisation sociale. On reconnait dans ces derniers les hommes du livret, tout de noir vêtus, toujours immobiles et piégés dans une trappe, à l’instar de certains personnages de Beckett. Plutôt que de forêt, Kosky donne à voir un fascinant mélange de fils tissés qui s’entremêlent et se revisitent en permanence, comme un symbole de régénération mais aussi des différents possibles que la vie nous offre.
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JANVIER 2022
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CRITIQUE, opéra. Paris, Opéra Bastille, le 26 janv 2022. MOUSSORGSKI : La Khovantchina. Hartmut Haenchen / Andrei Serban – En ces temps toujours difficiles liés à la pandémie, il est permis de redouter une salle à moitié vide à Bastille, tant le diamant noir de Moussorgski reste un ouvrage difficile pour le grand public : il n’en est rien, heureusement, même si l’on note plusieurs départs après le deuxième entracte. Quelle erreur ! C’est sans doute en sa dernière partie que La Khovantchina gagne en intensité dramatique, autour d’une musique toujours aussi envoutante, faisant la part belle à une palette orchestrale volontairement sombre, seulement troublée par quelques accords de timbres parfois cinglants entre cuivres et percussions. Les magnifiques choeurs qui parsèment toute la partition, tout autant que le statisme de l’action, donnent des allures d’oratorio à cette grande fresque historique, où Moussorgski assemble plusieurs événements intervenus en Russie dans les années 1680.
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CRITIQUE, Opéra. SAINT-ETIENNE, le 30 janv 2022. THOMAS : Hamlet – Lacombe / Teste – Donnée parallèlement à la reprise parisienne Salle Favart de la mise en scène remarquée de Cyrile Teste, cette nouvelle production stéphanoise, non seulement ne démérite pas, mais offre une distribution de haut vol, dans une mise en scène élégante et dramatiquement efficace. Pour cette première incarnation du rôle écrasant d’Hamlet, Jérôme Boutiller confirme ses prodigieuses qualités vocales (une diction parfaite, une grande noblesse dans la déclamation, constamment attentif aux moindres inflexions d’un texte – livret des inénarrables Barbier et Carré – qui est certes loin de la densité shakespearienne, mais lui offre toute latitude de se montrer également excellent acteur : un authentique baryton racé qu’il faudra suivre de très près. Il faut aussi saluer la performance de l’Ophélie de Jeanne Crousaud, à peine remise d’une laryngite, qui témoigne d’une maîtrise parfaite d’un rôle non moins exigeant et se montre d’une aisance stupéfiante dans le registre aigu, paradoxalement presque plus à l’aise que dans le registre medium – Photo : © H Genouilhac – La critique par Jean-François Lattarico
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CRITIQUE, opéra. SAINT-ETIENNE, le 26 janvier 2022. Ambroise Thomas : Hamlet. Boutillier / Croussaud ; Lacombe / Berloffa. Le héros de Shakespeare inspire les scènes lyriques et l’Hamlet de Thomas a eu le vent en poupe jusqu’à la crise sanitaire ; remarquon sles production srécentes, dont celles de Moshe Leiser et Patrice Caurier (Barcelone, 2003), Olivier Py (Vienne, 2012), ), Cyril Teste (Paris, 2018, reprise à l’Opéra Comique, simultanément à celle qui nous occupe ici. À Saint-Étienne, Nicola Berloffa (Carmen il y a 2 ans) sert la lisibilité de l’œuvre tragique inspiré par le noir shakespearien : l’incommunicabilité des deux amants, Hamlet et Ophélie ; le premier habité, submergé par l’assassinat de son père (dont le fantôme l’exhorte à la vengeance), emmuré dans le crime à laver, étranger aux autres ; la seconde, dépassée et trop fragile face à l’apparente froideur du prince, tout occupé ici à scénariser la pantomime de Gonzague et de Genièvre, véritable pamphlet qui dénonce le crime commis… Par Lucas IROM
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CRITIQUE, opéra. Strasbourg, Opéra national du Rhin, le 22 janv 2022. Braunfels : Les Oiseaux. Aziz Shokhakimov, Sora Elisabeth Lee / Ted Huffman. L’Opéra national du Rhin poursuit son exploration courageuse d’un répertoire en grande partie méconnu en France, celui des musiciens qualifiés par le régime nazi de « dégénérés» : après La Ville morte de Korngold en 2001, puis Le Son lointain de Schreker en 2012, une nouvelle création scénique française a lieu en ce début d’année avec Les Oiseaux (1920) de Walter Braunfels (1882-1954). C’est là un événement à saluer tant le chef d’oeuvre de Braunfels, révélé par la collection discographique «Entartete musik» en 1996, semble avoir retrouvé le chemin des planches, avec plusieurs productions phares à Genève ou Munich, mais également à Los Angeles en 2009 par James Conlon, …
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CRITIQUE, concert. TOULOUSE. HALLE-AUX-GRAINS, le 21 janvier 2022. V.SILVESTROV. C. DEBUSSY. E. SATIE. F. CHOPIN. R. SCHUMANN. H. GRIMAUD, piano. – Dans la sérénité d’une jeunesse quasi éternelle, Hélène Grimaud entre en scène, radieuse, auréolée d’une douce lumière dorée. Telle une fée, elle nous entraîne dans un monde magique. Celui de la poésie la plus délicate faite d’eau, de brumes, de fraicheur, de nature immaculée. Il paraît trivial devant une telle magie de chercher à la décrire. Les compositeurs se suivent en un dialogue aussi original que génial. La découverte pour beaucoup sera le nom du compositeur né à Kiev, Valentin Silvestrov qu’Hélène Grimaud affectionne. Remarquable également la redécouverte des compositeurs mieux connus qui gagnent une autre dimension au contact de la musique si délicate de Silvestrov. Les nuances piano diaphanes, les tonalités surprenantes, la fraîcheur des doigts comme immatériels, tout cela crée une ambiance inouïe dans une salle de concert.
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CRITIQUE, concert. TOULOUSE, le 18 janv 2022. J.S. BACH. W.A. MOZART. L.V. BEETHOVEN. F. CHOPIN. Evgeny KISSIN, piano. Les Grands Interprètes ont su avec génie inviter l’immense pianiste d’origine Russe, Evgueny Kissin, entre ses concerts en Espagne, celui à Paris puis en Autriche et en Allemagne avant les États Unis. Ce beau programme en tournée enchantera le public partout où il est attendu. On ne présente plus le phénoménal pianiste à la carrière internationale triomphante et à la discographie généreuse et encensée. Né en 1971, il a la plénitude de moyens inouïs, de sa musicalité hors pair. Il se dégage de son jeu une concentration inimaginable tout du long de son récital. Tout semble être pesé, parfaitement maîtrisé ; mais sans froideur tant son jeu est incandescent. Le programme est « classique », chronologique, parcourant ses compositeurs de prédilection, de Bach à Chopin. Dès les premiers accords de la Toccata et fugue de Bach, un monde sonore d’une profondeur rare s’ouvre sous ses doigts : des graves abyssaux, un medium d’une puissance incroyable, des aigus fuselés et planants. Un Grand orgue en somme !
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CRITIQUE, concert. WIEN, VIENNE (Autriche), le 1er janvier 2022. CONCERT DU NOUVEL AN 2022 – Wiener Philharmoniker, Daniel Barenboim, direction - Sous les ors néoclassiques de la Salle dorée du Musikverein à Vienne, et devant le public (après son absence en 2021 en raison du confinement), les instrumentistes viennois retrouvent pour la 3ème fois, le chef Daniel Barenboim, comme précédemment en 2009, 2014, et donc en ce jour inaugural de l’année 2022… Au programme, les Wiener Philharmoniker dont les instrumentistes élaborent la sélection des partitions jouées, un retour au fondamentaux de ce rituel de début d’année, que des Viennois pas de compositeurs européens invités comme ce fut le cas des éditions précédentes. Avec une référence au milieu de la presse du XIXème à l’époque des Strauss : « premières feuilles », « petites chroniques », … autant de citations propres aux medias d’alors que les Strauss évoquent avec un entrain proche de la frénésie. A croire que déjà, l’actualité bouillonnante n’attendait pas l’analyse et le recul, mais le spectaculaire et le sensationnel.
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DÉCEMBRE 2021
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CRITIQUE, opéra. Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 22 décembre 2021. Jacques Offenbach : La Vie parisienne (version originale en 5 actes, 1866). Christian Lacroix / Romain Dumas. Il y avait bien longtemps que le Théâtre des Champs-Elysées n’avait autant misé sur une production, en proposant pas moins de 15 représentations de La Vie parisienne (1866) de Jacques Offenbach, et ce jusqu’au 9 janvier prochain. On retrouve là le spectacle de Christian Lacroix, déjà présenté à Rouen, puis Tours en début de mois…
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CRITIQUE, concert. LUXEMBOURG, Philharmonie, le 17 déc 2022. Orch. Philh. de Luxembourg / Emmanuel Pahud (flûte) / Gustavo Gimeno (direction). Voilà bientôt 7 années que le chef espagnol Gustavo Gimeno est à la tête de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg – qui officie dans le somptueux écrin futuriste que l’architecte star Christian de Porzamparc a dessiné sur le plateau de Kirchberg, à quelques encablures de la vieille ville et du Palais ducal. Au cours d’une saison toujours aussi riche et variée en termes d’offres musicales, les concerts de la phalange luxembourgeoise sont parmi les plus courus, d’autant qu’ils mettent souvent à l’affiche des solistes de renommée internationale, comme c’était justement le cas le vendredi 17 décembre 2021 avec la venue du flûtiste solo de la Philharmonie de Berlin : le français Emmanuel Pahud (dans un programme 100% français).
Messiaen, Ravel, Ibert
Musique française à la Philharmonie de Luxembourg
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CRITIQUE, opéra. MILAN, Scala, le 7 déc 2021. VERDI : Macbeth. Anna Netrebko / Davide Livermore – La Scala marque le coup d’envoi da sa nouvelle saison lyrique 21 / 22, chaque 7 décembre, (pour la Saint-Ambroise, patron de Milan) avec cette nouvelle production de Macbeth. Un déploiement scénique, à vrais machineries (des plateaux qui montent et descendent), surtout un univers de décors vidéo en très grand format qui immergent héros et tableaux collectifs dans un monde « parallèle », à la fois rétro futuriste, néo art déco, lieux d’un pouvoir qui se met aux couleurs de la folie des meurtriers, Macbeth et son épouse, soit Anna Netrebko et Luca Salsi dans le rôle des époux maudits. Exit l’Ecosse médiévale du XIè, à la fois terreuse et fantastique (avec sa lande battue au vent et ses sorcières au chaudron magique et prophétique) ; le metteur en scène turinois Davide Livermore opte pour une humanité schématisée au possible où le pouvoir rend fou, mais aussi tristement cynique, …

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CRITIQUE, concert. LUXEMBOURG, Philharmonie, le 17 déc 2022. Orch. Philh. de Luxembourg / Emmanuel Pahud (flûte) / Gustavo Gimeno (direction). Voilà bientôt 7 années que le chef espagnol Gustavo Gimeno est à la tête de l’Orchestre Philharmonique du Luxembourg – qui officie dans le somptueux écrin futuriste que l’architecte star Christian de Porzamparc a dessiné sur le plateau de Kirchberg, à quelques encablures de la vieille ville et du Palais ducal. Les concerts de la phalange luxembourgeoise sont parmi les plus courus, d’autant qu’ils mettent souvent à l’affiche des solistes de renommée internationale, ainsi ce vendredi 17 décembre 2021 avec le flûtiste solo de la Philharmonie de Berlin : le français Emmanuel Pahud (dans un programme 100% français)…

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CRITIQUE, opéra. TOURS, Grand-Théâtre, le 3 déc 2021. Jacques OFFENBACH : La Vie parisienne (version originale en 5 actes, 1866). Christian Lacroix / Romain Dumas. Après Rouen en novembre (et avant le Théâtre des Champs-Elysées pour les fêtes de fin d’années), c’est le public de l’Opéra de Tours qui avait la chance de découvrir cette nouvelle version de La Vie parisienne de Jacques Offenbach (en 5 actes) mise en images par rien moins que le couturier star Christian Lacroix (qui signe là sa première mise en scène lyrique). C’est à l’indispensable Palazetto Bru Zane que l’on doit cette nouvelle mouture qui se veut au plus près de la version originale de 1866, et qui ne comporte pas moins de 16 numéros inédits, dont il faudra citer l’inénarrable scène dans laquelle une armada de bottiers germaniques opposée aux gantières marseillaises réclamant de la bouillabaisse (!), le trio militaire du III, ou encore cette apparition du Commandeur de Don Giovanni au dernier acte…
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CRITIQUE, opéra. LILLE, Opéra, ven 3 déc 2021. PURCELL : Dido & Eneas. Compagnie PEEPING TOM. Le Concert d’Astrée, E Haim. Cette production n’est pas un opéra, mais un spectacle théâtral dansé d’après Dido & Eneas de Purcell. Il serait bon que les producteurs aient l’honnêteté de préciser les choses. Ainsi élucidée la proposition est plus que captivante sur le plan strictement scénographique.
Saluons ce qui époustoufle ici, la formidable performance des danseurs acteurs de la troupe britannique Peeping Tom ; chacun, solistes ou en groupe, expriment sur scène tout ce que la musique originelle n’a pas le temps de développer : le désarroi, la déchéance, la solitude tragique des héros du mythe purcellien.
Théâtre délirant, surréaliste à l’Opéra de Lille
DIDON révisitée par la Compagnie Peeping Tom
CRIER, RENONCER, MOURIR
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CRITIQUE, concert. Strasbourg, Palais de la Musique (Salle Erasme), les 2 & 3 décembre 2021. Edvard Grieg : Concerto pour piano en la mineur / Jean Sibelius : Symphonie n°1 en mi mineur. Orchestre philharmonique de Strasbourg / Alexandre Tharaud (piano) / Aziz Shokhakimov (direction). C’était bien un événement que ce concert strasbourgeois car il scellait la rencontre du chef ouzbèque Aziz Shokhakimov, le nouveau directeur musicale et artistique de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg (depuis septembre), et du pianiste français Alexandre Tharaud, artiste en résidence à l’OPS pour la saison 21/22 (après Jean-Guihen Queyras la saison dernière). Intitulé « Lueur Boréale », le concert fait la part belle à deux compositeurs majeurs de l’Europe du Nord : le norvégien Edvard Grieg et le finlandais Jean Sibelius.
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CRITIQUE, opéra. Strasbourg. Opéra National du Rhin, le 2 déc 2021. BIZET : Carmen. Stéphanie D’Oustrac, Edgaras Montvidas, Amina Edris… Orchestre Symphonique de Mulhouse. Marta Gardolinska, direction. Chœur et maîtrise de l’Opéra National du Rhin. Alessandro Zuppardo, chef de chœur. Jean-François Sivadier, mise en scène. Retour très attendu de l’opéra français par excellence, l’archicélèbre Carmen de Bizet, à l’Opéra National du Rhin ! Une fin d’automne brûlante de théâtre grâce aux talents concertés de l’équipe artistique du metteur en scène, Jean-François Sivadier, et de la fabuleuse distributio vocale, orbitant autour de Stéphanie D’Oustrac en Carmen…
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NOVEMBRE 2021
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CRITIQUE, opéra. Paris, Opéra Garnier, le 30 nov 2021. Haendel : Alcina. Thomas Henglebrock / Robert Carsen. Vous avez envie de découvrir une Alcina à nulle autre pareil ? Précipitez-vous pour (re)voir cette production de Robert Carsen, créée à l’Opéra Garnier en 1999 et plusieurs fois reprise ensuite. On comprend pourquoi ce spectacle s’est imposé sur la durée, tant le metteur en scène canadien donne une cohérence au livret avec un impact dramatique des plus stimulants. Pour cela, il supprime le rôle d’Oberto (l’enfant à la recherche de son père) et évacue la place donnée au merveilleux : Alcina l’enchanteresse devient avant tout une femme aimante, prisonnière de son incapacité à affronter la décrépitude physique du temps et l’incertitude du jeu amoureux. Tandis que l’illusion de pouvoir acheter le désir avec des esclaves sexuels s’évanouit peu à peu, sa garçonnière classieuse aux portes démesurées se révèle comme le tombeau de son humanité perdue.
En forme de huis-clos étouffant, le décor unique pendant toute la représentation joue admirablement sur l’exploration des volumes, la finesse des éclairages, très variés
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CRITIQUE, opéra. MONTPELLIER, le 21 novembre 2021. Virilité.e.s. Choeur et orchestre Opéra Orchestre National Montpellier Occitanie. Spectacle pour chœur avec mise en scène à l’Opéra-Orchestre National de Montpellier, déconfiné. Alicia Geugelin produit devant le public, enfin, le spectacle de théâtre musical qu’elle a conçu pour les chœurs de l’Opéra. Intitulé « Virilité.e.s », le spectacle interpelle : quels sont le discours et le commentaire de l’équipe artistique vis-à-vis des questions et questionnements liés au genre, une préoccupation sérieuse de notre époque ? Nous sortirons sans réponse réelle…, avec le souvenir heureux, et salutaire, de l’excellente direction musicale du chef Victor Jacob, ainsi que de l’effort fourni par les chœurs très en forme sous la direction de Noëlle Gény.
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CRITIQUE opéra. TOULOUSE. Théâtre du Capitole, le 19 Novembre 2021. A. BERG. WOZZECK. S. DEGOUT. S. KOCH. L. HUSSAIN / M.FAU – Cette nouvelle production capitoline met en valeur toutes les qualités maison. La qualité du travail en amont permet un approfondissement de la production qui accède à une cohérence et à une perfection qui laissent le public sans voix entre les actes, pour exploser au final. Les maîtres d’œuvre, Michel Fau et Leo Hussain, main dans la main guident les artistes de la production vers la lumière d’une interprétation particulièrement aboutie. Le parti pris de Michel Fau est génial. Il ose saisir le chef d’œuvre de modernité de Berg pour l’ouvrir vers l’onirique. Toute l’histoire tragique du soldat Wozzeck est vécue par l’enfant qu’il a eu avec Marie. En insistant ainsi sur ses douleurs, le tragique un peu abstrait de cet opéra de la noirceur de l’âme humaine, devient plus proche de nous et la plus grande compassion nous saisit souvent.
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CRITIQUE, opéra. MONTE-CARLO, le 16 nov 2021. PUCCINI : Madame Butterfly. Aleksandra Kurzak… S Bisanti / M Larroche. - Retour du chef d’œuvre de Puccini, Madame Butterfly, à l’Opéra de Monte-Carlo après 17 ans d’absence. Pour ce retour en beauté, la soprano Aleksandra Kurzak interprète le rôle-titre à côté du ténor Marcelo Puente en Pinkerton, dans la mise en scène sympathique et conventionnelle de Mireille Larroche. Le chef milanais Giampaolo Bisanti dirige l’excellent Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo avec une puissance surprenante mais aussi une intelligence remarquable vis-à-vis des coutures dans la partition.
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CRITIQUE, opéra. Baden-Baden, le 12 novembre 2021. Tchaikovski : Mazeppa. Kirill Petrenko (version de concert) – On aurait tort de ne pas succomber aux charmes de Baden-Baden, une des rares villes allemandes ayant échappé aux bombardements de la fin de la 2è guerre mondiale, puis aux méfaits de l’urbanisation à outrance : entourée du massif de la forêt noire, la ville a fondé sa réputation sur les bienfaits de ses sources naturelles, devenant la capitale d’été de toute l’aristocratie européenne au XIXè siècle. De nos jours, le flot de touristes représente encore l’une des principales mannes financières, ce qui explique pourquoi la ville, avec seulement un peu plus de 55.000 habitants, a réussi à se doter de la plus grande salle de concert d’Allemagne (2.500 places). Le Palais des festivals – c’est son nom – a été bâti en 1998, attenant à l’ancienne gare du centre-ville, parfaitement réhabilitée et désormais dédiée à la billetterie, aux vestiaires et au restaurant de la salle de concert. Les habitants des environs, dont de nombreux frontaliers Français, ne s’y sont pas trompés et viennent régulièrement en nombre pour applaudir les manifestations : organisée autour de 4 festivals saisonniers, la saison a en effet pour habitude d’attirer les formations les plus prestigieuses, dont l’Orchestre Philharmonique de Berlin en résidence depuis 2013.
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CRITIQUE, opéra. Paris. Opéra Comique, le 6 novembre 2021. Philippe HERSANT : Les Éclairs. Jean-Christophe Lanièce, Marie-Andrée Bouchard-Lesieur, François Rougier, Elsa Benoît… Ensemble Aedes, chœur. Orchestre Philarmonique de Radio France. Ariane Matiakh, direction. Clément Hervieu-Léger, mise en scène. En cette soirée d’automne, création lyrique à l’Opéra Comique : Les éclairs, événement des plus attendues de la saison 2021-2022. Le compositeur français Philippe Hersant signe un « drame joyeux » sur un livret de Jean Echenoz d’après son roman « Des Éclairs » (2010). La cheffe Ariane Matiakh dirige un Orchestre philharmonique de Radio France impeccable, et une distribution de chanteurs rayonnants, dans une mise en scène enthousiasmante et pragmatique signée Clément Hervieu-Léger.
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CRITIQUE, Opéra. Marseille, le 5 novembre 2021. ROSSINI : Armida. Nino Machaidze / Enea Scala - Composée pour la réouverture du Teatro di San Carlo à Naples en 1817, Armida de Gioacchino Rossini puise dans le célèbre passage de la Jérusalem délivrée du Tasse, relatant les amours d’Armide et de Renaud. L’argument permet de conjuguer tous les éléments d’un spectacle total : huit rôles (dont six ténors !) aux airs pyrotechniques, chœurs, ballets, machineries. C’est cependant sous format concertant que l’Opéra de Marseille donne le chef d’œuvre du Cygne de Pesaro.
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OCTOBRE 2021
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CRITIQUE, concert. MAZAN, dim 31 oct 2021. RAMEAU : Suite symphonique « Guerre et Paix » (création), JOR Jeune Orchestre Rameau, Brun Procopio, direction. Il est né le divin JOR ! De concert et dans une entente toute en complicité, le chef franco-bréslien Bruno Procopio et la musicologue Sylvie Bouissou ont conçu un programme éminemment symphonique qui sélectionne plusieurs extraits d’opéras de Jean-Philippe Rameau : ouvertures, danses, intermèdes divers (tempête,…), mais avec la cohérence d’une dramaturgie dont le titre éclaire les caractères successifs « guerre et paix ». Ce diptyque est un vrai défi pour les instrumentistes réunis sous la baguette du maestro, fondateur ainsi de son propre orchestre : le JOR pour Jeune Orchestre Rameau : une nouvelle phalange dédiée uniquement à l’interprétation des œuvres du Dijonais et qui ce dimanche 31 octobre vit son baptême officiel.
Baptême de feu pour le JOR Jeune Orchestre Rameau
23 nationalités édifient une Babylone musicale
dédiée exclusivement à la musique de RAMEAU

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CRITIQUE, opéra. Genève, Victoria Hall, le 26 octobre 2021. MONTEVERDI : Le Retour d’Ulisse dans sa patrie. Le ténor Emiliano Gonzalez Toro et son ensemble I Gemelli composent désormais une formidable troupe qui insuffle à l’action d’Ulisse (Venise, 1641), sa verve et sa force morale tout en ne gommant rien de ses séquences tragiques et langoureuses, bouffes et amoureuses ; le collectif propose une conception de l’action conçue par Monteverdi et son librettiste Badoaro… impliquée, cohérente, à l’opposé de l’image jusque là défendue, qui en faisait un drame sombre et pessimiste. Emiliano Gonzalez Toro construit son personnage et son action avec énergie et finesse qui lui permettent de conquérir ce qui lui est dû : son royaume, son statut, son fils et surtout son épouse, la belle Penelope.
Minerve pilote tout cela et Monteverdi fait d’Ulysse, un héros non pas défait et fatigué mais espiègle, qui brille par sa constance, sa ténacité… sa formidable résilience, son art de la vengeance créative ; en somme un héros moderne. Voilà ce qui saisit ce soir et fonde la valeur de la production.
Emiliano Gonzalez Toro chante Ulisse
Un Héros lumineux

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CRITIQUE, concert. TOULOUSE, le 15 oct 2021. Q. CHEN, MENDELSSOHN, MOUSSORGSKI, RAVEL. M. BAREMBOIM / Lio KUOKMAN. Je ne crois pas au hasard et pourtant. Il y a un an le concert du chef Lio Kuokman (lauréat du Concours Svetlanov 2014 / NDLR), avait été le dernier avant la deuxième fermeture des salles de spectacles pour raisons d’épidémie. Pour moi le concert de ce soir est le retour à la vie musicale après des soucis de santé dont le Coronavirus. Et quel concert ! Le chef Lio Kuok-man dégage dès son entrée une énergie heureuse et communicative qui galvanise l’orchestre et subjugue le public. La courte partition de Qigang Chen créée en 1998 semble avoir été très appréciée et a recueilli un grand succès. Il faut dire que l’écriture est brillante et magnifique d’originalité de timbre, de rythme et de nuances subtiles.
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CRITIQUE, concert. STRASBOURG, Opéra National du Rhin, le 11 oct 2021. « Nuit d’étoiles ». Sabine Devieilhe / Alexandre Tharaud, piano. Sabine Devieilhe et Alexandre Tharaud sont à Strasbourg pour une unique soirée : « Nuit d’étoiles ». Un récital d’une sensibilité radieuse et brillante en complicité autour des mélodies de Debussy, Fauré, Poulenc, Ravel et Louis Beydts (!). Un mélange heureux de mélodies connues, aimées de tous, et de raretés que nous sommes ravis de voir interprétées.
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CRITIQUE, concerts. Festival Bragança Classicfest, les 9 & 10 octobre 2021. « Maria de Buenos Aires » d’Astor Piazzola au Teatro Municipal, le 9. Trio « Dumky » et Quintette « La Truite » de Schubert à l’Eglise Santa Maria, le 10.
Infatigable et protéiforme, le pianiste portugais Filipe Pinto-Ribeiro vient de prendre la direction artistique d’un nouveau festival de musique classique (en plus du Festival dos Capuchos à Almada où nous étions en juillet et du Verao Musical de Lisbonne où nous étions en août), le Bragança ClassicFest ! La magnifique ville au riche patrimoine historique est chère au cœur du directeur artistique puisqu’il y a donné de nombreux récitals depuis son adolescence, et la musique y a une place importante, d’autant qu’elle est dotée d’un grand théâtre moderne en plein cœur de ville. Symboliquement, la date d’ouverture du festival était le 1er octobre, date choisie par le violoniste Yehudi Menuhin (en 1975) comme journée internationale de la musique classique. Pour le concert d’ouverture, c’est l’Orchestre de Chambre de Saint-Pétersbourg qui était convié (déjà présent lors du festival dos Capuchos), dans un programme Mozart / Tchaïkovski.
L’avant-dernière soirée de la manifestation portugaise (9 octobre) donnait à entendre le génial Opéra-Tango « Maria de Buenos-Aires », où le bandonéon est omniprésent dans l’ouvrage d’Astor Piazzola : il en est le cœur et le pivot, car il est l’âme du Tango. Il est donc tout naturellement placé ce soir au centre de la scène de du Théâtre Municipal de Bragança, les 9 autres musiciens s’égrenant autour de lui, tout comme les chanteurs / comédiens qui, dans cette version semi-scénique, évoluent sur des podiums de différentes hauteurs qui encerclent les 10 instrumentistes. Point de décor superfétatoire ici, mais quelques éclairages sentis, de discrètes projections vidéo…
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SEPTEMBRE 2021
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CRITIQUE, opéra. Lille, le 24 sept 2021. CAMPRA : Idoménée. Tassis Christoyannis, Samuel Boden, Hélène Carpentier, Chiara Skerath… Le Concert d’Astrée, chœur et orchestre. Emmanuelle Haïm, direction. Alex Ollé, mise en scène.
Vraie rentrée à l’Opéra de Lille avec la très attendue production d’Idoménée d’André Campra, signée Alex Ollé, de la troupe catalane La Fura dels Bauls. Bijou méconnu du baroque français, il est enfin présenté au public dans une nouvelle mise en scène, après la version réduite proposée l’année dernière (pandémie oblige), intitulée « Le Retour d’Idoménée ». Emmanuelle Haïm défend brillamment l’opus avec une direction rayonnante de son chœur et orchestre, Le Concert d’Astrée, en résidence à l’Opéra, ainsi que d’une distribution de solistes dans la meilleure des formes à la première. Une rentrée lyrique fort sympathique malgré quelques réserves au niveau de la mise en scène.
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CRITIQUE, concert. LILLE, le 23 septembre 2021 : Concert inaugural de la saison 2021 – 2022 : Alex NANTE (Sinfonía del cuerpo de luz, création) – SAINT-SAËNS : Concerto pour violoncelle n°1 (Victor Julien-Laferrière, violoncelle) – Richard STRAUSS : Mort et transfiguration. Orchestre National de Lille. Alexandre BLOCH, direction. - Alex Nante (né en 1992) s’affirme comme l’un des compositeurs contemporains les plus pertinents, révélant ce soir une écriture qui pense l’orchestre autant dans son ampleur sonore …
Tantrisme symphonique :
le feu scintillant du compositeur ALEX NANTE
révélé par l’Orchestre National de Lille

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CRITIQUE, opéra. PARIS, Opéra national de Paris, le 23 septembre 2021. ENESCO: Oedipe. Ingo Metzmacher / Wajdi Mouawad. Le plus célèbre compositeur roumain, Georges Enesco (1891-1955) reste encore un mystère pour la plupart des mélomanes qui connaissent son aura unanimement reconnue, sans avoir souvent l’occasion de découvrir son vaste catalogue…
ENESCO : OEDIPE … Attention chef-d’œuvre !

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CRITIQUE, opéra. GAND, Opéra flamand, le 18 sept 2021. Weill : Der Silbersee. Karel Deseure / Ersan Mondtag – Après plus de dix-huit mois de fermeture pour cause de pandémie, le directeur artistique de l’Opéra Flamand Jan Vandenhouwe (nommé pour la saison 2019-2020 en remplacement d’Aviel Cahn, parti pour Genève) avait du mal à cacher sa joie, évidemment légitime, de retrouver une audience venue en nombre pour la reprise des « activités normales ».

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CRITIQUE, concert. Festival International de Besançon, Théâtre Ledoux, le 16 septembre 2021. Orchestre National de Lyon / Alexandre Kantorow /Paul Daniel. Cette année, le Festival International de Besançon (74ème édition) se couplait avec le fameux Concours International des jeunes chefs d’orchestre (57ème édition) et, fait assez exceptionnel, le Grand prix n’a pas été décerné, trois « Mentions spéciales » s’y substituant. Quant au festival proprement dit (qui se poursuit jusqu’au 25 septembre), il aligne, comme de coutume, noms d’artistes confirmés et jeunes talents d’aujourd’hui, à l’instar de Victor-Julien Laferrière ou d’Alexandre Kantorow. Ce dernier était le centre d’intérêt du concert de ce 16 septembre – avec rien moins que l’Orchestre National de Lyon comme écrin, et le chef britannique Paul Daniel (également président du Jury du concours) à la baguette – dans un programme regroupant Saint-Saëns et Dvorak.
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CRITIQUE, opéra. GENEVE, Grand-Théâtre, le 15 septembre 2021. PROKOFIEV : Guerre et Paix. Calixto Bieito / Alejo Perez. Au premier abord, on peut se dire que monter Guerre et Paix de Prokofiev est un pari un peu fou, avec ses treize tableaux, ses 70 rôles et ses quatre heures de musique, et pourtant le Grand-Théâtre de Genève s’est lancé dans l’aventure (avec des bonheurs divers). Et puis l’ouvrage de Prokofiev est-il si différent des autres grands ouvrages lyriques russes ? N’y a-t-il pas autant de mélange des genres, parfois de bavardages, autant de problèmes de mise en scène que dans Kitège ou Le Prince Igor ? Ainsi, il n’est pas plus étrange pour Prokofiev de bâtir une première partie en forme de roman d’amour peuplé de créatures féminines, pour passer ensuite à une épopée sanglante presque exclusivement masculine et nous livrer, en fin de compte, un conte philosophique, parcours initiatique de Natacha et de Pierre.
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CRITIQUE, opéra. Paris, Opéra Garnier, le 14 septembre 2021. GLUCK: Iphigénie en Tauride. Tara Erraught, Jarrett Ott, Jean-François Lapointe… Orchestre et chœur de l’Opéra de Paris. Thomas Hengelbrock, direction. Alessandro Di Stefano, chef de choeur. Krzysztof Warlikowski, mise en scène. Rentrée lyrique à l’Opéra National de Paris avec l’iconique production d’Iphigénie en Tauride de Gluck, signée Warlikowski. Le retour sur scène de la toute première mise en scène de l’ancien « enfant terrible » de l’opéra réunit une distribution époustouflante, avec les débuts à Paris de la mezzo-soprano Tara Erraught et du baryton Jarrett Ott. Thomas Hengelbrock est en grande forme à la direction de l’orchestre, offrant une prestation irréprochable, à la hauteur de la partition, sommet lyrique du compositeur.
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AOÛT 2021
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GSTAAD MENUHIN FESTIVAL 2021
CRITIQUE, concert. GSTAAD, le 28 août 2021 (10h30). Récital de NICOLAS NAMORADZE, piano. JS Bach, Busoni, Liszt… La petite chapelle de Gstaad est le temps du festival MENUHIN, le tremplin des « jeunes étoiles » du piano. Dans cet écrin plutôt intimiste, Christoph MÜLLER, intendant du festival suisse, sélectionne les jeunes tempéraments du clavier. Ce matin, le jeune pianiste géorgien Nicolas Namoradze né en 1992, croise JS Bach et ses propres compositions ; de la Suite française BWV 812, il échafaude avec un scrupule incisif, une lecture critique des 6 danses enchaînées (de la gravité secrète de l’Allemande initiale… à la Gigue finale, plus affirmative) soulignant la rigueur, l’équilibre, le caractère de chaque pièce; puis dans ses propres œuvres, défend son questionnement comme en miroir, en courtes pièces syncopées …
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CRITIQUE, opéra. GSTAAD, le 28 août 2021 (19h30). BELLINI: I Puritani. Orchestre de la Suisse Romande. D. HINDOYAN. En version de concert (avec quelques mouvements de scène), les puritains poursuivent la flamme lyrique à Gstaad, scène désormais incontournable pour s’y délecter de situations opératiques très ardemment défendues (où l’on constate ainsi ce soir combien Bellini préfigure le meilleur Verdi). Les festivaliers sous la tente de Gstaad bénéficient d’une acoustique généreuse surtout pour l’orchestre, l’Orchestre de la Suisse romande qui détaillé, frémissant au sein de ses vents (bois finement articulés), de ses cuivres, sollicités dès l’ouverture (cors profonds, onctueux, mystérieux…) ses cordes, flexibles et nuancées, nous fait réviser notre connaissance de l’orchestre du dernier Bellini : I Puritani composés à Puteaux créés sur la scène parisienne du Théâtre italien en janvier 1835
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CRITIQUE, concert. Saanen, le 27 août 2021 (20h30). GSTAAD MENUHIN FESTIVAL 2021. Récital de MARIA JOÃO PIRES, piano. SCHUBERT, DEBUSSY, BEETHOVEN. C’est un concert mémorable qui fait la légende de Gstaad aujourd’hui. Le récital que propose ce soir Maria João Pires suscite une totale adhésion par son exigence artistique et aussi le défi incroyable sur le papier de jouer des œuvres aussi redoutables et contrastées : de surcroît deux fois puisque covid oblige et réduction de la jauge publique, le festival a doublé cette année plusieurs programmes : une performance supplémentaire pour les artistes. Ce récital a été ainsi réalisé à 18h puis 20h30.
Pour chaque compositeur, l’interprète sait renouveler son approche dans la tension, la nuance, en une élégance intérieure qui n’appartient qu’à elle. Une offre inouïe de re-découvrir ainsi des partitions et des écritures familières que l’on croyait connaître.
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LA ROQUE D’ANTHÉRON 2021
CRITIQUE, concert. LA ROQUE D’ANTHERON, le 16 août 2021. MENDELSSOHN, VIARDOT, C. SCHUMANN, FARRENC. David KADOUCH, piano. David Kadouch est un pianiste français que j’avais découvert en 2011 au festival Piano aux Jacobins. Il était à l’époque encore obligé de prouver sa virtuosité et jouait très bien mais très fort. Le temps a fait son œuvre et le virtuose a pu révéler sa musicalité et ses sensibilités multiples. En effet plusieurs programmes de ses récitals sont construits en lien avec des œuvres littéraires ou des thèmes complexes. Ainsi nature, révolution et aujourd’hui Madame Bovary. Le musicien se fait diseur entre des périodes musicales présentant son amour pour l’héroïne de Flaubert, articulant les œuvres avec la problématique du roman mais également la place sacrifiée de la femme dans la société bourgeoise. Espérons qu’il enregistrera ce magnifique programme qui met en valeur l’extraordinaire richesse des compositions de femmes musiciennes.
Un piano entre rêve et réalité, absolument magique…
Benjamin Grosvenor … une perfection digitale

CRITIQUE, concert. LA ROQUE D’ANTHERON. Auditorium du parc, le 11 août 2021. LISZT, GINASTERA, RAVEL. Benjamin GROSVENOR, piano. Découvert ici même en 2019 Benjamin Grosvenor nous avait conquis. Cf Chronique. Sa discographie a toutes les faveurs de la rédaction de Classique news. Ce récital reprend pour moitié le dernier CD qu’il a enregistré pour Decca, sobrement intitulé : Liszt (CLIC de classiquenews 2021). Dès les premières notes des Sonnets de Pétrarque, le ton est donné, celui d’une lecture châtiée, élégante, d’une précision incroyable.
CRITIQUE, concert. LA ROQUE D’ANTHERON. Auditorium, le 10 août 2021 à 21h. JS BACH, SCHUBERT, ALBENIZ. N. GOERNER, piano. Nelson Goerner est un artiste tout à fait particulier, qui par des choix personnels défendus bec et ongles, arrive à renouveler totalement notre écoute certains soirs au point de perdre notre connaissance intime d’une œuvre. Il aura fallu arriver au terme du concert pour comprendre le parti pris incroyablement original de notre pianiste (en état de transe). Rien n’aura été interprété comme « de coutume ». Et le dernier bis (sur lequel je reviendrai) a couronné le tout avec un bonheur inouï.
CRITIQUE, concert. LA ROQUE D’ANTERON. Auditorium du parc, le 10 août 2021. W.A. MOZART. R. SCHUMANN. F. CHOPIN. M.RAVEL. B. RIGUTTO. P. RIGUTTO. Bruno Rigutto est le grand artiste que le festival connaît bien, admire. Ici l’an dernier son intégrale des Nocturnes de Chopin demeure un souvenir précieux pour beaucoup. Au matin du 10 août (9h45),l’auditorium se réveille avec le soleil naissant et son cortège de chapeaux de paille (offerts par le festival) l’habille. Ces récitals du petit matin sont périlleux et ne peuvent être comparés à ceux du soir ici même. Nous prenant par la main en grande douceur et en élégance délicate, Bruno Rigutto nous offre la sonate pour deux pianos de Mozart. Cette œuvre solaire, enthousiaste et joyeuse est une excellente entrée en musique au petit matin. Le duo qu’il forme avec son fils Paolo Rigutto, est enthousiasmant.
CRITIQUE, Concert. LA ROQUE D’ANTHERON. Auditorium du parc, le 28 Juillet 2021. F. CHOPIN. W.A. MOZART. P. KOLESNIKOV, piano. Retrouver les frondaisons magiques du Parc du Château de Florans, cet extraordinaire sentiment de liberté, en plein air, cette acoustique parfaite partagée avec les seules cigales reste un moment exceptionnel de l’été. Cette année plus qu’aucune autre année. L’an dernier nous avait réservé de grands moments pour les quarante ans du Festival. Nous en avions rendu compte avec le souvenir ému des sonates de Beethoven en particulier, de l’intégrale des Nocturnes de Chopin…
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CRITIQUE, opéra. INNSBRUCK, le 8 août 2021. PASQUINI : Idalma, Innsbrucker Festwochenorchester, Alessandro De Marchi. Une découverte fascinante que cet opéra tragi-comique de Bernardo Pasquini et une résurrection exemplaire à tous points de vue. Direction, distribution et mise en scène ont magnifiquement défendu une partition et un livret de tout premier plan. Depuis des décennies, le Festival de musique ancienne d’Innsbruck cultive la redécouverte de chef-d’œuvres inédits. Ainsi le compositeur romain Bernardo Pasquini est, pour la première fois, mis à l’honneur avec l’une de ses œuvres les plus importantes, L’Idalma overo Chi la dura la vince (« L’Idalma ou qui persévère triomphe »),…
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CRITIQUE, opéra. SALZBOURG, le 7 août 2021. MOZART : Don Giovanni. Spyres, Pavolova … Currentzis / Castellucci. Tout est annoncé : au geste musical, contrasté, acéré et incroyablement dramatique du chef grec Teodor Currentzis, répond empêtré dans un imaginaire visuel confus, la « mise en scène » d’un Castellucci qui s’ingénie à rendre opaque une action qui ne l’’est pas. Dans la fosse, le pianoforte se distingue dans un continuo exalté, qui raconte, s’affole, murmure, rugit ; les instrumentistes de MusicaEterna, articulent et énergisent eux aussi la subtile vitalité des instruments d’époque avec une verve et un relief, à la fois nerveux et expressif. La musique éperdue, s’exalte, exulte ; elle semble dès le début s’essouffler comme si elle était au bout d’une ère ; de fait, les frasques de Don Giovanni finissent par le rattraper dans cette mise en scène abrupte, mordante, aux forts contrastes, …

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CRITIQUE, concert. La ROQUE D’ANTHERON, le 7 août 2021. Alex., JJ Kantorow. CHOSTAKOVITCH, SAINT-SAENS. SINFONIA VARSOVIA. Concert attendu dans la peur de l’orage qui a su rester à distance fort heureusement. Le ciel est favorable à la musique et le parc après l’orage a vu quelques étoiles briller en fin de soirée. Le génie musical de Jean-Jacques Kantorow, violoniste et chef d’orchestre à la renommée planétaire reprenait ce soir la baguette d’un orchestre qu’il a dirigé souvent et qu’il connaît bien. Un enregistrement des concertos de Camille Saint-Saëns avec Alexandre Kantorow il y a quelques années est une véritable pépite qui prouve le lien qui unit père et fils.
Kantorow : une grâce musicale de père en fils …

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CRITIQUE, concert. LA ROQUE D’ANTHERON, le 4 août 2021. Récital de N LUGANSKY, piano. BEETHOVEN, J.S. BACH / RACHMANINOV… Le succès planétaire du pianiste russe Nikolaï Lugansky en fait un des artistes les plus aimés du public. La Roque d’Anthéron n’y fait pas exception qui lui a déjà consacré une nuit carte blanche et l’invite très régulièrement. En athlète sûr de lui et confiant dans l’amour de son public, Nikolaï Lugansky est entré sur scène souverain et s’est lancé dans une interprétation très personnelle de la Clair de lune du grand Ludwig que tant d’amateurs essayent de s’approprier. Dans un tempo très retenu, il a donné une leçon de legato et de phrasé suspendu. La lenteur contenue avec une forme de densité a déployé la structure harmonique plus complexe qu’il n’y paraît du célébrissime adagio initial. La lenteur du tempo peut irriter, voir passer pour laborieuse mais ce déploiement de legato abolit le temps avec un art consommé. L’allegretto passe sans que rien ne retienne l’attention et le final serait exagérément rapide sous d’autres doigts. Seul un Lugansky avec cette puissance digitale peut oser sans exagération un tempo pareil.
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CRITIQUE, concert. Peralada, le 1er août 2021. Récital Javier Camarena, ténor. Liceu / Riccardo Frizza - Par notre envoyé spécial Narcisso Fiordaliso. C’est toujours avec un plaisir non dissimulé qu’on pénètre dans l’enceinte du château de Peralada, la majesté des lieux et l’ambiance à la fois gaie et élégante du Festival promettant une soirée inoubliable. Cette 35e édition se clôturant sur un récital du merveilleux Javier Camarena, notre bonheur était complet.Le ténor mexicain nous a tellement habitués à l’exceptionnel et à l’inoubliable que nous avons fini par oublier l’homme et le professionnel qui se cachent derrière le ténor, son timbre de miel, ses étourdissants suraigus. Ce soir, on constate que l’artiste n’est pas au mieux de sa forme, peut-être fatigué par une série de Lucia di Lammermoor à Barcelone qui vient à peine de se finir et par l’année difficile qui vient de s’écouler. Restent le technicien et le musicien qui viennent néanmoins à bout d’un programme plutôt disparate.
JUILLET 2021
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CRITIQUE, opéra. BEAUNE, le 24 juil 2021. MONTEVERDI, Il ritorno di Ulisse in patria. Les Épopées, Stéphane Fuget. Pour sa première participation au Festival de Beaune, Stéphane Fuget frappe fort, très fort et renouvelle avec bonheur l’approche du dramma per musica vénitien. Une distribution étincelante et une direction au plus près des intentions du compositeur Monteverdi, comme vous ne l’avez jamais entendu.
Pleine réussite de Stéphane Fuget à Beaune : le Retour à Venise
« …un théâtre en musique plus qu’une musique théâtralisée… »
Monteverdi disait volontiers qu’il fallait « vestire in musica », « habiller en musique » le texte poétique, principal vecteur des affects. Cela signifie que jamais la musique ne doit prendre le dessus ni écraser le texte par un ensemble instrumental pléthorique qui relèguerait le drame au plan secondaire. D’autant que celui-ci, comme beaucoup d’autres à Venise, s’inspire de l’épopée homérique que de nombreux écrivains vénitiens avaient traduite et adaptée, parfois parodiée, durant le Seicento : la haute qualité littéraire du livret de Badoaro n’est plus à démontrer. L’avant-dernier opéra de Monteverdi pose néanmoins quelques problèmes. Jamais publié, le livret de Badoaro existe en deux versions : une en cinq actes, correspondant probablement à la version originale, et une en trois actes, moins équilibrée, correspondant à l’unique source musicale préservée.
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CRITIQUE, Festivals d’été 2021. Festival Lucens Classique, Château de Lucens (Suisse), les 23 & 24 juillet 2021. Quatuor Sine Nomine (le 23). Camille Thomas (violoncelle) et Christian Chamorel (piano) le 24. Il en fallait de l’audace et du courage pour, en pleine pandémie, créer un nouveau festival de musique classique : le Festival Lucens Classique ! C’est pourtant le rêve fou (et le pari réussi !) que viennent de réaliser deux jeunes et enthousiastes musiciens suisses – le chef d’orchestre Guillaume Berney et le violoniste Guillaume Jacot – dans le somptueux écrin que constitue le Château de Lucens dans le canton de Vaud en Suisse. Et à l’instar de ce qui se fait déjà dans plusieurs festivals dans le Bordelais et en Bourgogne, …
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CRITIQUE, Festivals d’été 2021. Verbier Festival, Salles des Combins, les 21 et 22 juillet 2021. Sergey Babayan (piano), Verbier Festival Chamber Orchestra, Antonio Pappano (direction) le 21 juil 2021/ Janine Jansen (violon), Mischa Maisky (violoncelle) et Mikhaïl Pletnev (piano) le 22 juil 2021.
Après une édition 2020 annulée pour cause de pandémie, le Verbier Festival a pu se tenir du 16 juillet au 1er août 2021, grâce à un protocole sanitaire strict… ce qui n’a pas empêché l’apparition de cas testés positifs au sein du Verbier Festival Orchestra entraînant la modification (voire l’annulation) de certains concerts. Rien de tel, par bonheur, avec le Verbier Chamber Orchestra avec lequel nous avions rendez-vous le 21 juillet, sous l’immense tente des Combins ; au programme : Mozart et Brahms dirigé par Sir Antonio Pappano.
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CRITIQUE concert. TOULOUSE. CHAPELLE DES CARMELITES, le 18 juil 2021. Le bestiaire baroque de La Fontaine. ENSEMBLE FAENZA. M. HORVAT. Nous fêtons cette année le 400ème anniversaire de la naissance de Jean de La Fontaine. Musique en dialogue aux Carmélites consacre sa saison à cet événement avec cinq concerts. L’Ensemble Faeza dirigé par Marco Horvat est à géométrie variable et se réclame du chant auto accompagné. Seule la claveciniste reste sur son unique instrument. Ce concert d’un étonnant Bestiaire Baroque fait la part belle aux textes des fables de La Fontaine. Les musiciens des XVII et XVIII èmes siècles n’ont pas tari de références à la nature. Les plus célèbres compositeurs François Couperin et Marin Marais, les plus rares…
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CRITIQUE, opéra. Kaija SAARIAHO : Innocence, création. Aix en Provence, le 10 juillet 2021. Plainte lancinante, souffrance affleurante qui se révèle peu à peu à mesure que la vérité surgit ; découverte écœurante de la barbarie humaine… les noces auxquelles nous assistons virent au cauchemar lorsque l’identité du jeune marié, et le nom du clan familial qui est le sien est précisé par la vieille servante venue dépanner. La famille bien sous tout rapport est en réalité liée à une tuerie dans une école, du fait de la vengeance d’écoliers contre un maître pédophile.
Les glissandos de l’orchestre, les couleurs scintillantes dans l’ombre, les cuivres comme hallucinés explorent à la façon de Wozzek de Berg, la grisaille de l’inconscient, la ténacité de la culpabilité …
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CRITIQUE, Opéra. ORANGE, le 10 juillet 2021. SAINT-SAËNS: Samson et Dalila. Alagna / Lemieux. ABEL / GRINDA. Centenaire de la mort de Saint-Saëns, distribution superlative, production magique et spectateurs en nombre, tous les ingrédients étaient réunis pour que cette soirée reste dans les annales des Chorégies d’Orange. Le plus vieux festival lyrique débutant au XIXème siècle avait dû pourtant se taire l’été dernier face au virus venu de Chine. La production prévue a heureusement pu être décalée d’un an. Le public a pu venir finalement en nombre, scanné mais libre de s’asseoir sur les gradins antiques sous la voûte étoilée … pour jouir de la plus belle musique qui soit. Car ce qui frappe à l’écoute de ce chef d’œuvre c’est la qualité constante de la partition. Les airs et duos très aimés et connus ne doivent pas occulter les chœurs qui sont tous splendides …
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CRITIQUE, opéra. Lille, Auditorium du Nouveau Siècle, le 10 juillet 2021. OFFENBACH : La Belle Hélène. Gaëlle Arquez, Cyrille Dubois, Marc Barrard…. Chœur de chambre Septentrion. Anass Ismat, chef de chœur. Orchestre National de Lille. Alexandre Bloch, direction. Adaptation et mise en scène, Lionel Rougerie.
Clôture en beauté de la 3e édition des Nuits d’Été de l’Orchestre National de Lille avec l’opéra bouffe français pas excellence, La Belle Hélène d’Offenbach, ici adapté et mis en scène pour l’Auditorium du Nouveau Siècle par Lionel Rougerie. Alexandre Bloch dirige un orchestre en pleine forme et une distribution de chanteurs époustouflante, avec la magnifique Gaëlle Arquez dans le rôle-titre. A la fois parodie de l’actualité (à mourir de rire) et performance de bravoure aux plus hauts sommets lyriques !
Épatante cure lyrique en temps de Covid

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CRITIQUE, opéra. WAGNER : Tristan und Isolde, le 9 juil 2021. Stuart Skelton (Tristan), Nina Stemme (Isolde) – mise en scène : Simon Stone. LSO, London Symphony Orchestra – Direction musicale : Simon Rattle. Certes on nous avait « vendu » cette production comme « l’événement d’Aix 2021 ». Que nenni. Dans un décor année 60, style Mad men, Isolde dans son salon avec vue sur l’océan (histoire de faire référence au vaisseau qui est censé la conduire jusqu’à la cour du roi Marke à bord du bateau où se trouve aussi Tristan), se morfond, pleine de ressentiment et d’ insatisfaction vis à vis de celui qu’elle a jadis soigné et aimé secrètement sous le nom de … Tantris. Le premier acte qui est d’exposition, s’enlise dans un jeu d’acteurs statique, où chacun, d’Isolde, Tristan / Tantris, à Brangaine, figure comme une belle plante de salon. Orchestralement, sous la baguette de Rattle, les instrumentistes ne manquent pas de puissance comme d’expressivité, mais sonnent épais.
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CRITIQUE, Festival de Música dos CAPUCHOS, ALMADA (Portugal), Couvent des Capucins, les 2 & 3 juillet 2021. Orchestre de chambre de Saint-Pétersbourg, Juri Gilbo (direction), Sergeï Nakariakov (trompette), Filipe Pinto-Ribeiro (piano). FESTIVAL RENAISSANT A ALMADA… Après 20 ans d’un long sommeil, le Festival de musica dos Capuchos est revenu à la vie ! Sis dans le magnifique couvent du même nom (“Covento dos Capuchos“), bâti au 16ème siècle à Almada en face de Lisbonne, il a été pendant vingt ans (de 1981 à 2001) l’un des principaux festivals dédiés à la musique classique au Portugal, et cette renaissance est grandement due à son directeur artistique, le pianiste Filipe Pinto-Ribeiro

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CRITIQUE, opéra. TOULOUSE. Capitole le 2 juillet 2021. R. STRAUSS : ELEKTRA. R.MERBETH ; V.URMANA ; N.GOERNE ; F. BEERMANN / M.FAU. Il nous a fallu assister deux fois à ce fabuleux spectacle (2 puis 4 juillet) pour en percevoir la richesse et en rendre compte. Le choc attendu avec cet opéra hors normes a été au rendez-vous. Une saison capitoline sacrifiée (comme partout) porte sa revanche avec une production superlative. Le dispositif scénique est insolite et …génial. La fosse du Capitole ne permet pas d’entasser les musiciens nécessaires à cette partition sans risques sanitaires. L’orchestre a donc été plus confortablement installé en fond de scène, l’occupant plus de la moitié. Un très beau rideau de tulle peint fait séparation. La fosse recouverte permet sur le proscénium des mouvements d’acteurs réduits mais percutants. La scène est encombrée d’une gigantesque statue d’Agamemnon abattue au-dessous du genou. Un souterrain s’ouvrant permet d’évoquer le terrier d’Elektra. A cour et à ardin, les entrées et sorties suggèrent l’extérieur et le palais sans vraie rigueur. La statue d’Agamemnon envahit l’espace scénique comme le père envahit l’espace mental et affectif d’Elektra.
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JUIN 2021
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CRITIQUE, opéra. STRASBOURG, Opéra national du Rhin, le 24 juin 2021. Puccini : Madame Butterfly. Giuliano Carella / Mariano Pensotti. Découvert à Strasbourg voilà deux ans dans la création française de Beatrix Cenci de Ginastera, le metteur en scène Mariano Pensotti (né en 1973) frappe encore très fort en cette fin de saison avec sa vision très personnelle de Madame Butterfly. Venu du théâtre, l’Argentin décide en effet d’enrichir le livret d’une histoire parallèle fictive, racontée au moyen des surtitres pendant tout le spectacle, le plus souvent lors des interludes orchestraux. Pensotti imagine le parcours de Maiko Nakamura, metteur en scène d’origine japonaise ayant quitté depuis longtemps son pays pour l’Europe, en pleine crise existentielle …
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CRITIQUE, concert. LILLE. Lille Piano(s) Festival 2021, 20 juin 2021. « Monstres sacrés ». Ensemble Miroirs Étendus, orchestre. Fiona Monbet, direction, violon. Michèle Pierre, violoncelle. Romain Louveau, piano. Cyrielle Ndjiki Nya, soprano. Sacré concert de chambre dans la troisième et dernière journée du Lille Piano(s) Festival 2021 ! L’intimiste auditorium du Conservatoire de Lille accueille l’Ensemble Miroirs Étendus pour une manifestation musicale proposant le Triple Concerto de Beethoven et les Wesendonck Lieder de Wagner, avec une pincée d’électronique ! La violoniste et cheffe d’orchestre Fiona Monbet est au violon et à la direction pour ce programme pertinemment intitulé « Monstres Sacrés ». Une expérience originale qui s’avère aussi rafraîchissante.

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CRITIQUE, concert. LILLE. Lille Piano(s) Festival 2021. Sam 19 juin 2021. Concert symphonique. Orchestre de Picardie, Arie van Beek, direction. Alexandra Dogvan, piano. Naïri Badal, Adélaïde Panaget (Duo Jatékok), piano. Concert symphonique kaléidoscopique pour la deuxième journée du fabuleux Lille Piano(s) Festival 2021. L’Orchestre de Picardie sous la direction d’Arie van Beek joue Beethoven et Poulenc aux côtés de la jeune virtuose Alexandra Dogvan et du duo de pianistes « Jatékok » (Naïri Badal et Adélaïde Panaget). Un concert pour tous les goûts !
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CRITIQUE, concert. LILLE Piano(s) Festival 2021. Concert d’ouverture, ven 18 juin 2021, Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch, direction. Lucas Debargue, piano. Ouverture symphonique du Lille Piano(s) Festival, aux couleurs de l’Europe orientale! L’Orchestre National de Lille sous la direction de son directeur musical, Alexandre Bloch, inaugure la nouvelle édition du festival avec deux œuvres symphoniques rares venues de l’Est. Le folklorique Concert Românesc de Ligeti et le monumental Concerto pour piano n° 2 en sol mineur de Prokofiev, interprété par le pianiste français Lucas Debargue. Si l’Europe de l’Est est la protagoniste du programme, l’ouverture symphonique du Lille Piano(s) Festival 2021 est, dans son exécution, résolument et merveilleusement …française ! Photo : Lucas Debargue (© X Bender).
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CRITIQUE, LIVE STREAMING, BACHFEST Leipzig, 15 juin 2021. Thomaskirche / live – HIMMELFAHRT UND PFINGSTEN. JS BACH : BWV 11, 34, 74, 127. Mields, … Rademann (direction). Dernier concert du Festival Bach de Leipzig, dans l’église que connut le Cantor / Director musices et pour laquelle il a tant œuvré… Saluons la grande cohérence du programme sur le thème de l’Ascension et de la Pentecôte.
Au cœur de cette nouvelle séquence de 4 Cantates, resplendit l’air pour soprano de la BWV 127 « Herr Jesu Christ, wahr’ Mensch und Gott », lamento intime qui concentre toute la compassion du croyant vis à vis de Jésus ; c’est un cheminement personnel, jalonné par la douceur des 2 flûtes et du hautbois qui inscrit la mélodie dans la douceur la plus tendre. Dorothee Mields transcende l’air avec une intensité sobre et directe …

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CRITIQUE, live streaming concert. LEIPZIG, BACHFEST, Gewandhaus, großer Saal, le 14 juin 2021. JS BACH : Passion selon Saint-Matthieu. Ton Koopman. Après une somptueuse entrée en matière, dont le détail jamais ne sombre sous la grandeur, Ton Koopman inscrit la Passion dans l’intimité et une progression toute en douceur. La gravité tragique des dernières heures de la vie de Jésus est évoquée, présente par le chant très expressif du contre ténor Maarten Engeltjes ; puis c’est la soprano (Ilse Eerens) au timbre claire, émerveillé qui touche immédiatement ; son air « Blute nur, du liebes Herz!” : affirme la détermination de la prière implorante et d’une douceur incandescente. La sobriété du chant sert le texte.
Ton Koopman joue JS Bach à Leipzig
UNE SAINT-MATTHIEU INTIME, BOULEVERSANTE

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CRITIQUE, concert. Avignon, le 12 juin 2021. VIVALDI, airs. Lea Desandre, Ensemble Jupiter, Thomas Dunford. Las, si nous avions pu assister au premier concert de la saison 20/21 de Musique Baroque en Avignon – qui ne mettait rien moins à son affiche que le trépidant contre-ténor polonais Jakub Jozef Orlinski (accompagné par le formidable ensemble Il Pomodoro) -, tout le reste de son programme a dû être annulé (certains concerts sont déjà repoussés à la saison prochaine…), et seule cette ultime soirée réunissant la gracieuse mezzo italo-française Lea Desandre aux côtés de Thomas Dunford (luth et direction) et de l’Ensemble Jupiter parvient à sortir la manifestation provençale du naufrage engendré par la pandémie sur le monde de la culture (entre autres secteurs…).

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STREAMINGS depuis le BACHFEST LEIPZIG 2021
CRITIQUE, LIVE STREAMING, BACH Fest Leipzig, le 12 juin : JS BACH : Oratorio de Noël. Gotthold Schwarz. Sous l’immense nef de Saint Thomas, plus grande et impressionnante encore que l’intimiste Saint Nicolas, mais dans le petit choeur et non à la tribune haute, les musiciens entonnent la célébration de Jésus qui vient de naître, telle que l’a imaginée JS Bach : tendre là encore, et d’une douceur inénarrable, que cultivent tout au long des 6 cantates ou 6 parties, les fameux hautbois (d’amour et da caccia) très sollicités en soutien des chanteurs. Leur couleur enveloppe l’opéra sacré de Bach d’un nimbe bouleversant ; à travers les évangiles de Saint-Luc et de Saint-Matthieu (dont les extraits sont cités par l’évangéliste, qui ne chante pas d’air), c’est d’abord le miracle de la naissance, la candeur admirable de l’Enfant qui sont célébrées ; puis l’espoir et la croyance lumineuse et victorieuse que la Naissance fait naître dans le cœur du croyant. La direction de Gotthold Schwarz, Cantor de Saint-Thomas, est sérieuse, exigeante, …
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CRITIQUE, concert. LIVE STREAMING, LEIPZIG, en direct du BACHFEST Leipzig, le 11 juin 2021. JS BACH : Cantates BWV 61, 23, 1 et 10. Ton Koopman. Sous la nef rococo et ses palmes élégantissimes toutes d’un blanc nuptial, de l’église Saint Nicolas de Leipzig, sans masque et à bonne distance, les musiciens répondent au souci de tendresse et de lumière intérieure d’un Koopman d’une sérénité constante. A travers les 4 Cantates choisies qui composent ce premier programme, le chef au geste receuilli et précis, sculpte la nuance comme le sens intime du texte. Les timbres instrumentaux sont mis en lumière à égalité avec le chant choral et le relief des solistes.
Se distinguent entre autres, la tendresse du duo sop / alto (contre ténor), avec deux hautbois obligés (dont le hautbois da caccia) d’une incomparable sensibilité entre inquiétude et compassion (BWV23)…
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CRITIQUE, opéra. Opéra-Comique (Paris), le 10 juin 2021. MONTEVERDI : L’Orfeo. Marc Mauillon (Orfeo), Luciana Mancini (La Musica/Euridice), Sara Mingardo (La Messagera), Furio Zanasi (Apollo)… P. Bayle / J. Savall. Si l’on part du principe selon lequel L’Orfeo de Monteverdi est le premier opéra digne de ce nom, le premier ouvrage qui fasse jouer de concert la musique, la fable et le drame, alors la profession de foi de la metteure en scène du spectacle Pauline Bayle – « Tout s’est joué, en 1607, dans un salon avec deux tapisseries » – pourrait prendre tout son sens. Sauf que le compte n’y est pas, et que le minimalisme ici affiché et assumé, ne nous a pas convaincu. Entre la naïveté de l’acte I (tout le monde s’embrasse sur un plateau parsemé de fleurs), le black-out total du III ou une simple porte qui s’ouvre à la fin du V, les enjeux du livret et ses ressorts dramatiques passent à la trappe, et l’on s’ennuie vite pour ce qui est de l’aspect visuel, mais aussi ce qui touche à la direction d’acteurs, ici réduite a minima…
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CRITIQUE, Opéra. Opéra de Rouen, le 9 juin 2021. VERDI : Simon Boccanegra. Dario Solari, Klara Kolonits, Otar Jorjikia, Jongmin Park, Kartal Karagedik… P. Himmelmann / A. Allemandi. De tous les opéras de la « seconde période » de Verdi, Simon Boccanegra reste le plus méconnu. Son intrigue passablement compliquée et les invraisemblances de son livret, associées à une musique qui est presque continue et d’où ne se détachent quasiment pas d’airs spectaculaires et destinés à servir les chanteurs, en font une œuvre encore difficile pour le grand public – on connaît les déboires de sa création et sa révision, plus de vingt ans après, par Verdi lui-même. Pourtant, derrière la couleur sombre dans laquelle baigne tout le drame et par-delà les rebondissements rocambolesques de son histoire, perce une lumière humaniste parfaitement représentative de la pensée de son auteur.

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CRITIQUE, concert. MONACO, Auditorium Rainier III, le 6 juin 2021. O PMC, N Goerner, M Toledo (chant), Josep Pons. C’est à un programme entièrement placé sous le signe de l’Espagne que vient de nous proposer l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, placé sous la direction du chef catalan Josep Pons, qui est connu pour être l’un des meilleurs interprètes de Manuel de Falla, particulièrement mis à l’honneur ce soir et dont il a gravé nombre d’œuvres.

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MAI 2021
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CRITIQUE opéra, LIVE STREAMING. LILLE, Opéra. Le 3 juin 2021. PUCCINI : Tosca. Joyce El-Khoury, Orchestre National de Lille – Alexandre Bloch – La mise en scène met le théâtre en avant, et donc la violence d’un pouvoir avide d’assassinats, probablement perpétrés à l’initiative de l’infâme Scarpia, baron inique, et patron de la police romaine. Le début de l’opéra commence ainsi par une exécution en règle, à laquelle le public présent applaudit à tout rompre : au moins le climat est fixé. Le trio infernal se réalise grâce à une caractérisation soignée, vraisemblable. Côté chant, c’est surtout la sincérité souvent déchirante de la soprano Joyce El-Khoury qui se détache …
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CRITIQUE, opéra., MONTPELLIER, 25 mai 2021. SCARLATTI : Il primo omicidio… Artaserse, Philippe Jaroussky. Suivant les traces de son illustre prédécesseur René Jacobs, chanteur puis chef d’orchestre, Philippe Jaroussky délaisse à son tour son timbre angélique pour diriger son propre Ensemble Artaserse, et remplit sa mission haut la main. Le choix du Primo omicidio, chef-d’œuvre du baroque romain, que Jacobs avait révélé en 1998 puis repris en 2019 en version scénique au palais Garnier dans la lecture peu convaincante de Castellucci, est à saluer, tant Scarlatti est encore injustement méconnu, alors que sa production pléthorique – des dizaines d’oratorios et plus de 110 opéras – peine à convaincre les chefs et les maisons de disques, du moins en France. Les restrictions dues à la crise sanitaire ont contraint l’opéra de Montpellier à quelques coupures, dans les récitatifs notamment et dans les da capo, éléments rhétoriques essentiels… ________________________________________________________________________________________________
COMPTE-RENDU, opéra. PARIS, Palais Garnier, le 21 mai 2021. Marc- Olivier Dalbavie : Le Soulier de satin, création – Dalbavie / Nordey. L’Opéra de Paris rouvre ses portes au public après une fermeture de 7 mois, covid oblige. Les conditions sanitaires s’étant assouplies, il a été possible de suivre la création du Soulier de Satin de Dalbavie d’après la pièce éponyme de Paul Claudel. La partition clôt ainsi la trilogie des opéras inspirés par la littérature française, cycle commandé par la maison parisienne, après Trompe la mort d’après Balzac de Francesconi (2017), et la convaincante Bérénice d’après Racine de Michael Jarell (2018). Que penser de ce nouvel opus qui devait marquer avec éclat le retour de l’opéra à la vie ? – Photo (DR)…
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COMPTE-RENDU, concert. MONACO, le 16 mai 2021. Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, A Kantorow – J Rhorer. C’est par une standing ovation (chose suffisamment rare à Monaco pour être relevée !) que l’extraordinaire moment de piano que nous a livré la star montante du piano français (et mondial) Alexandre Kantorow (Lauréat du prestigieux Concours Tchaïkovski) s’est conclu ! Un succès auquel doit également être associé le chef français Jérémie Rhorer à la tête d’un Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo plus fabuleux que jamais ! Photo : A Kantorow, DR.
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COMPTE-RENDU, live streaming concert. LILLE, le 12 mai 2021. Chostakovitch, Beethoven. Orchestre National de Lille. Anastasia Kobekina, violoncelle. Jean-Claude CASADESUS. Les climats ambivalents de Chostakovitch (Concerto pour violoncelle n°1, créé en 1959 par son dédicataire Rostropovitch) ne laissent pas de fasciner dans une lecture particulièrement vivante. Funambule à pas de velours, à la fois grotesque, plein de panache et aussi d’un délire versant dans l’autodérision aigre, l’ironie cinglante, … le violoncelle de « La » Kobekina ne négocie rien sur l’autel de l’expression musicale : dès l’Allegretto, elle chante, elle murmure, fait parler son instrument avec une acuité sans artifice, une franchise sonore …
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COMPTE-RENDU, opéra. Rennes, Opéra, le 8 mai 2021. Johann Strauss fils : Die Fledermaus (La Chauve-Souris). Claude Schnitzler / Jean Lacornerie. Après la réussite de son dernier spectacle La Dame Blanche (présenté en streaming en partenariat avec de nombreux théâtres en région, dont celui de Compiègne, l’Opéra de Rennes s’illustre avec bonheur dans une nouvelle coproduction, cette fois consacrée au chef d’oeuvre de Johann Strauss fils, La Chauve-Souris (1874). Si les contraintes de la pandémie ne permettent malheureusement pas à Rennes, Angers et Nantes de proposer ce spectacle sur scène cette saison, on peut se consoler avec la diffusion sur grand écran maintenue dans de nombreuses villes en simultané…________________________________________________________________________________________________
AVRIL 2021
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COMPTE-RENDU, Ballet. Monaco, Grimaldi Forum (Salle des Princes), le 26 avril 2021. « Lac » par Jean-Christophe Maillot et les Ballets de Monte-Carlo. Initialement prévus début janvier 2021, les représentations de « Lac » – un ballet signé Jean-Christophe Maillot d’après le Lac des Cygnes de Tchaïkovski et qui devaient se tenir au Grimaldi Forum de Monaco avec les célèbres Ballets de Monte-Carlo – avaient été annulées après la détection de cas Covid parmi l’équipe artistique. Alors que la Principauté n’a jamais eu à fermer ses lieux culturels, cas unique en Europe, elle vient de remettre à son affiche le fameux ballet créé en 2011 dans cette même salle, aux côtés de Songe et de COPPE-L-I.A (nous l’annoncions dans ces colonnes), deux autres créations de la main du chorégraphe français à la tête des BMC depuis 1993.
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CONCERT LIVE STREAMING, critique. LILLE, sam 17 avril 2021. ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE. MOZART : Concerto pour piano n°21. Marie-Ange NGUCI, piano / David Reiland, direction. Concert en live streaming au format raisonnable, un seul Concerto pour piano… mais quelle œuvre : du pur Mozart ; grave et tendre, c’est à dire bouleversant, capable de faire imploser l’esthétique galante par une intelligence versatile qui multiplie les champs de vision et les climats émotionnels les plus contrastés. Ce n°21 est certainement le moins conforme des Concertos de Wolfgang. Relevant les défis multiples d’une œuvre inclassable et complexe, déjà pleinement romantique (pourtant datée de février 1785), l’Orchestre National de Lille invite deux tempéraments accomplis, ambassadeurs inspirés de la psyché mozartienne : le chef David Reiland et la jeune soliste Marie-Ange Nguci, déjà sollicitée en juin dernier au Lille Piano(s) Festival 2020. Cette seconde présence, en dialogue avec les instrumentistes lillois sonnent comme la confirmation de la révélation éprouvée en 2020.
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LIVE STREAMING, concert, critique. LILLE, ONL, sam 10 avril 2021 : Ravel, Debussy. Orchestre National de Lille, AS OTT, piano / Elim CHAN, direction. Comme un signe annonciateur, espéré du retour du public dans les salles de concerts, confirmant la continuité du travail musical de l’Orchestre National de Lille, ce malgré l’application des mesures sanitaires, voici un nouveau jalon de l’offre digitale de la phalange lilloise ; le catalogue des programmes ainsi captés depuis l’Auditorium du Nouveau Siècle à Lille (offre 100 numérique intitulée « AUDITO 2.0 ») est devenu pléthorique et varié : tout est accessible depuis la chaîne youtube de l’Orchestre National de Lille (ICI). / Photo : Elim CHAN (DR).
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MARS 2021
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COMPTE-RENDU, concerts. Festival du Printemps des Arts de Monte-Carlo, les 27&28 mars 2021. OPMC, Tedi Papavrami & Kazuki Yamada au Grimaldi Forum (le 27), Quatuor Zemlinsky (+ Anna Maria Pammer) à la Salle Empire de l’Hôtel de Paris (le 28).
Après avoir purement et simplement annulé sa précédente édition pour les raisons que l’on sait, le Printemps des Arts de Monte-Carlo répond bel et bien présent cette fois (du 13 mars au 11 avril cette année), d’autant plus qu’à Monaco les lieux culturels seront toujours restés ouverts après le premier confinement, et nous avons ainsi pu rendre compte dans ces colonnes de nombreux concerts avec l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo entre octobre et février dernier.
Le 3ème week-end des festivités, auquel nous avons assisté, était consacré aux compositeurs de la Seconde école de Vienne, dont Berg et Schönberg (photo ci-contre) furent les plus emblématiques représentants. Le premier concert se tient dans la fameuse Salle des Princes pour un concert de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, placé sous la direction de son chef titulaire Kazuki Yamada, dans un programme Berg/Schönberg. C’est le violoniste albanais Tedi Papavrami qui a été sollicité pour interpréter le poignant « Concerto à la mémoire d’un ange » d’Alban Berg, que le compositeur autrichien composa après avoir été bouleversé par la mort de la fille d’Alma Mahler. Dans son interprétation, le chef japonais nous fait partager la douleur du compositeur en générant des climats d’une grande tristesse. LIRE notre critique complète ici
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COMPTE-RENDU, streaming concert. ON LILLE, le 13 mars 2021. Orch National de Lille / Jan Willem De Vriend, direction. Beethoven : Symphonie n°3 « héroïque ». A la fois exaltée, ivre de sa propre énergie, la direction précise, claire du néerlandais Jan Willem De Vriend sait être équilibrée en ce qu’elle favorise le détail et porte la tension. Dans l’Eroica de Beethoven pourtant surjouée ici et là, en particulier depuis les célébrations Beethoven 2020 (certes avortées covid oblige),le premier mouvement, regorge de vitalité et de puissance sans jamais sacrifier la précision des ornements ni la balance entre soliste et orchestre, pour chaque intervention caractérisée. Le souffle du destin rayonne ; s’appuyant sur une vision ciselée de l’écriture instrumentale : en clair, le geste du chef flamand, habitué des répertoires préromantiques et romantiques, de surcroît selon ce relief et cette intensité sculpturale propre aux instruments d’époque, nourrit ici une vision qui est fluide, caractérisée, parfaitement architecturée. Comme partition du destin et conduite par une irrépressible énergie, la volonté de Ludwig s’accomplit avec une délicatesse continument exaltante. EN LIRE PLUS
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FÉVRIER 2021
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COMPTE-RENDU STREAMING, concert, critique. LILLE, le 13 février 2021. BEETHOVEN, STRAVINSKY. ON LILLE. FX Roth, direction. C’est un Beethoven (Concerto pour piano n°1, 1800) étonnamment clair et comme épuré, nerveux et musclé que François-Xavier Roth fait jaillir, grâce à l’implication de chaque instrumentistes du National de Lille. L’ouverture sonne nette, presque tranchante, avec des tutti précis et accentués ; une vision très architecturée et carrée à laquelle le piano de l’Andalou Javier Perianes apporte une sonorité tranchée elle aussi, souvent plus expressive et percussive voire crépitante que douce et chantante. L’équilibre sonore que préserve le chef, fait chanter chaque instrumentiste en dialogue avec le clavier ; une acuité lumineuse qui est le produit de sa vaste expérience avec son orchestre sur instruments historiques, Le Siècles. Photo : FX Roth (DR)
STREAMING, concert, critique. Le 6 fév 2021. Wagner, Brahms : Orchestre National de Lille / Hartmut Haenchen. En effectif distancié – une partie des musiciens occupent le devant de la scène de l’auditorium du Nouveau Siècle à Lille, étendue sur les premiers rangs de la vaste salle, l’Orchestre National de Lille après une odyssée mahlérienne qui aura marqué l’année 2019, affirme chez Wagner des accents non moins convaincants. Le cycle des 5 Wesendonck-lieder (1857) composées au moment de la conception de La Walkyrie, accordent puissance orchestrale et poétique chambriste autour du sujet central de l’amour ; ici un sentiment impérieux, omnipotent, irrépressible, qui est autant force de transcendance qu’enchaînement maléfique.
JANVIER 2021
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STREAMING, e-concert critique. LILLE, le 16 janvier 2021 : concert Escaich / Chausson. ON LILLE / Alexandre Bloch. Concert captivant depuis l’Auditorium du Nouveau Siècle de Lille et diffusé sur la toile dans le cadre de l’offre digitale de l’ON LILLE / Orchestre National de Lille (Audite 2.0), élaborée en réponse au confinement des orchestres depuis la fin octobre 2019. La combinaison Escaich / Chausson, confirme que le National de Lille a à cœur de défendre le rayonnement de notre patrimoine musical français. On notera en particulier le caractère très dramatique voire cinématographique de la partition de Thierry Escaich ; ses éclairs fantastiques dès le début du Concert pour orgue n°1 : Escaich est un narrateur inspiré qui joue des antagonismes de couleurs, d’atmosphères et de rythmes aussi ; voilà qui crée dès son commencement, une ambiance électrique mais suavement articulée dès le premier mouvement du Concerto (Allegro moderato). Crescendos, séquences fortissimo, le compositeur à l’orgue lui-même offre une lecture complice avec chef et instrumentistes, riche en clarté et expressivité. De surcroît la réalisation de ce streaming est engageante et immersive, avec effet de grue au dessus de l’organiste, au dessus de l’orchestre. La conception est d’autant plus intéressante que ce dramatisme exige de tous les pupitres, et sait développer de somptueuses effets de texture souterraine, … EN LIRE PLUS

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COMPTE-RENDU, concert. MONACO, Auditorium Rainier III, le 10 janvier 2021. Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, FP Zimmermann (violon), Y Yamada (direction). (…) Nous ne boudons pas notre plaisir, et profitons d’un luxe qui est inaccessible à (quasiment) toute l’Europe (heureux monégasques !), et nous avons pris la bonne habitude de couvrir la majeure partie des événements culturels en Principauté, à l’instar de ce nouveau concert de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, cette fois placé sous la férule de son directeur musical et artistique, le chef japonais Kazuki Yamada.
Monaco est une Fête !
Kazuki Yamada dirige le Philharmonique de Monte-Carlo

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DÉCEMBRE 2020
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COMPTE-RENDU, concert. MONACO, Auditorium Rainier III, les 12,13 déc 2020. Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Daniel Lozakovich (violon) & Cornelius Meister (direction), le 12 – Frank Peter Zimmermann (violon) & Martin Helmchen (piano), le 13 déc 2020. Ainsi, après un opéra de jeunesse de Verdi (avec Placido Domingo) à l’Opéra et un Lac des Cygnes chorégraphié par Jean-Christophe Maillot pour ses Ballets de Monte-Carlo à la Saint-Sylvestre (compte-rendu à suivre sur CLASSIQUENEWS), votre serviteur a pu assister à un bien beau doublé musique symphonique & musique de chambre, dans le cadre de la riche saison de l’OPMC / Orchestre Philharmonique de Monte Carlo.
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Compte-rendu critique, opéra (streaming). Berlin, le 14 déc 2020. Wagner : Lohengrin. Alagna. Bieito / Pintscher – Roberto Alagna chante son premier Wagner en incarnant Lohengrin à Berlin, en décembre 2020. Comme un acte de résistance contre l’asphyxie dont souffrent les théâtres d’opéra en Europe, l’Opéra d’État de Berlin réussit le défi de monter sur scène Lohengrin en décembre 2020, sans public mais retransmis en huis clos, – respect des gestes barrières appliqués sur les planches, sur internet afin que chacun depuis son salon ou tout écran connecté (l’opéra chez soi) puisse apprécier les enjeux artistiques de cette nouvelle production wagnérienne berlinoise. Atout de taille, c’est la prise de rôle de Roberto Alagna dans le rôle-titre : cette prise de rôle devait se concrétiser à Bayreuth dès 2018 mais pas assez prêt, le ténor a reporté pour cette année, égayant une planète lyrique mondiale en berne. Le Français incarne le chevalier descendu du ciel pour sauver l’honneur de la princesse Elsa von Brabant. Son jeune frère a été noyé et elle même est l’objet des pires accusations par le couple d’intrigants Telramund et sa femme Ortrud, sorcière manipulatrice qui saura détruire Elsa malgré l’aide providentiel de Lohengrin.

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Compte-rendu critique opéra (streaming). Dijon, le 11 déc 2020. Luigi ROSSI : Il Palazzo incantato / Le palais enchanté. Murgia / Alarcon. L’Opéra de Dijon marque le départ de son directeur Laurent Joyeux avec cette recréation de l’opéra de Luigi Rossi, Le Palais enchanté (Il Palazzo incantato), retransmis sur internet en huis clos du 11 au 31 décembre 2020 (accès gratuit). L’ouvrage est un bon repère dans l’histoire de l’opéra romain baroque sous le pontificat fastueux d’Urbain VIII : créé en février 1642, au Palais Barberini, l’année de l’Incoronazione di Poppea du Vénitien Monteverdi… L’année est donc celle d’une maturité inédite et inouïe du théâtre lyrique italien. Quand la France ne produira son premier opéra national que… 30 ans plus tard (Lully, Cadmus et Hermione, 1673).
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NOVEMBRE 2020
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COMPTE-RENDU, opéra. Opéra de Nice, e-diffusion du 20 nov 2020. GLASS : Akhnaten. Di Falco, Ciofi… Lucinda Childs / Warynski (session enregistrée in situ le 1er nov 2020). L’Opéra de Nice multiplie les initiatives et malgré l’épidémie de la covid 19, permet à tous de découvrir le premier opéra à l’affiche de sa nouvelle saison lyrique. Une e-diffusion salutaire et exemplaire… Danses hypnotiques de Lucinda Childs, gradation harmonique par paliers, vagues extatiques et répétitives de Philip Glass, Akhnaten (1984) est un opéra saisissant, surtout dans cette réalisation validée, pilotée (mise en scène et chorégraphie) par Lucinda Childs, par visio conférences depuis New York. Les cordes produisant de puissants ostinatos semblent recomposer le temps lui-même, soulignant la force d’un drame à l’échelle de l’histoire. Les créations vidéo expriment ce vortex spatial et temporel dont la musique marque les paliers progressifs. Peu d’actions en vérité, mais une succession de tableaux souvent statiques qui amplifient la tension ou l’intensité poétique des situations.
La nouvelle production de l’Opéra de Nice, qui lance ainsi sa nouvelle saison 2020 2021, répond aux attentes, plongeant dans l’éternelle fascination que convoque le règne de l’hérésiarque Akhnaten / Akhenaton, pharaon de la XVIIIè dynastie, fils du conquérant Aménophis III, qui osa réformer la religion traditionnelle, supprimer par là même le clergé d’Amon… instaurer un nouvel ordre politico spirituel monothéiste.
Entre oratorio choral et opéra extatique,
l’opéra de Glass, Akhnaten glorifie la figure du Roi hérésiarque, ivre de Rê…

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OCTOBRE 2020
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Pendant le confinement…
COMPTE-RENDU, concert. MONACO, Auditorium Rainier III, le 1er novembre 2020. Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, Sergej Krylov (violon), Jukka-Pekka Saraste (direction). A l’heure où l’Europe se reconfine et que toutes les salles de concerts du vieux continent ont fermé leurs portes, Monaco fait figure d’exception, et se présente comme un havre pour le mélomane. De fait, tant sa saison d’opéra – l’on donnera très prochainement Carmen avec Aude Exrémo dans le rôle-titre – que sa saison symphonique sont pour l’instant maintenues, et c’est ainsi que nous avons pu assister au 8ème concert symphonique de la saison 20/21 de l’Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo.
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OCTOBRE 2020
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COMPTE-RENDU, concert. LILLE, ONL : Hitchcock symphonique (Psychose, Vertigo, extraits), sam 31 oct 2020, Nouveau Siècle. Malgré le confinement, l’Orchestre National de Lille maintient son activité pour notre plus grand plaisir. La soirée traverse, – Halloween et Toussaint oblige-, des paysages intérieurs tendus d’une grande force psychologique, écho à l’écriture labyrinthique du sorcier Hitchcock. Plusieurs extraits de deux films marquants sont joués sur la scène de l’Auditorium du Nouveau Siècle à Lille, sans public, en diffusion sur internet, depuis la chaîne Youtube de l’Orchestre National de Lille. En une musique haletante comme une course à l’inéluctable issue tragique, les cordes égrènent leur mélodie entêtante traversée de secousses aigres : la musique du New Yorkais Bernard Hermann pour Psychose de 1960 (Prélude, la ville)…
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COMPTE RENDU critique CONCERT. LILLE, Nouveau Siècle, le 25 oct 2020. ON LILLE, JC Casadesus : Ravel, Casadesus, Beethoven. Impatients et fidélisés, les spectateurs lillois viennent cet après midi applaudir le chef fondateur de « leur » orchestre, Jean-Claude Casadesus (JCC) qui dirige ainsi son premier concert de la nouvelle saison 2020 – 2021 ; c’est aussi son retour sur le podium depuis… plus de 6 mois. Bientôt 85 ans (début décembre prochain), le chef altier et aérien, retrouve son cher public et ses musiciens pour un concert généreux et équilibré : musique française et complicité avec un jeune soliste, ivresse concertante et énergie symphonique… En 1h (format à présent plébiscité et sanitairement conforme), le programme comble les attentes.
Altier, aérien, en orfèvre de la ciselure sonore
Jean-Claude Casadesus dirige le National de Lille

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COMPTE-RENDU, critique, concert. TOURS, Basilque Saint-Julien, le 18 octobre 2020. Ensemble Jacques Moderne / Joël Suhubiette. Bach & Scarlatti. Depuis maintenant cinq ans, le festival « Concerts d’automne », né à l’initiative d’Alessandro Di Profio, offre aux heureux tourangeaux, durant le mois d’octobre, deux week-ends de concerts dédiés à la musique baroque. Le festival peut s’appuyer sur la présence, à Tours, de pas moins de quatre formations spécialisées dans ce répertoire : Diabolus in Musica dirigé par Antoine Guerber, l’Ensemble Doulce Mémoire dirigé par Denis Raisin Dadre, l’Ensemble Consonance dirigé par François Bazola, et enfin l’Ensemble Jacques Moderne dirigé par Joël Suhubiette. C’est cette dernière formation – fondée il y plus de vingt ans par le chef toulousain (dont l’Ensemble Les Eléments est peut-être plus connu des lecteurs…) – que nous avons entendue lors du second Week end.
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COMPTE-RENDU, opéra. Dijon, Auditorium, le 16 oct 2020. Zemlinsky, Traumgörge. Marta Gardolinska. Reprise une dizaine de jours après sa création à l’opéra de Nancy, la partition rare de Zemlinsky (portrait ci dessous) émerveille de bout en bout et réhabilite un compositeur injustement négligé. Un moment de pure grâce. Opéra de jeunesse d’un compositeur âgé de 23 ans, Görge le rêveur fut retiré in extremis de l’affiche de l’opéra de Vienne suite à la démission de son directeur Gustav Mahler, pour être créé posthume à Nuremberg en 1980. L’histoire d’une sorte « d’idiot du village », méprisé pour sa culture et sa naïve volonté de croire et de vouloir vivre ses rêves, a inspiré au compositeur une partition flamboyante, à l’orchestration tour à tour opulente et délicate, et une ligne de chant très souvent exigeante pour les rôles principaux, qui cède avec bonheur à quelques formes closes du plus bel effet. La rareté de l’œuvre a laissé un terrain relativement vierge au metteur en scène Laurent Delvert, qui avait déjà ébloui le public dijonnais il y a deux saisons avec l’inédit Prometeo de Draghi, en proposant une lecture tout en finesse, soulignant efficacement les deux aspects onirique…
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SEPTEMBRE 2020
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Compte-rendu, critique, CONCERT. Festival International de Musique de Besançon, Kursaal, les 15 & 16 sept 2020. Le Concert Spirituel, H Niquet (le 15). Art Orchestra, J Bénéteau (le 16). C’est certes avec un programme modifié et dans des conditions sanitaires spéciales que s’est déroulée la 73ème édition du Festival International de Musique de Besançon, mais dans le naufrage généralisé des festivals d’été ; c’est donc un petit miracle qu’il ait pu avoir lieu, en grande partie grâce au courage et à la ténacité de son directeur Jean-Michel Mathé.
AOÛT 2020
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Compte-rendu critique. Opéra. CAPRAROLA, Festival STRADELLA, La Circe, 29 août 2020, Ensemble Mare Nostrum, Andrea De Carlo… Stradella le magicien… Le Festival Stradella poursuit son œuvre salutaire d’exploration de ce grand compositeur, qui chaque année apporte son lot de nouveautés et de surprises. Et on sait gré à cette remarquable institution d’avoir pu maintenir ses activités en ces temps troublés de distanciation sociale et culturelle. D’autant que l’on a assisté à une véritable et réjouissante découverte. On connaissait cette brève sérénade, déjà jouée et gravée il y a quelques années (en 2016 par Luca Guglielmi pour le label Stradivarius). En réalité cette œuvre singulière existe sous la forme de deux manuscrits, conservés à la Biblioteca Estense de Modène, qui présentent deux versions très différentes, aussi bien par son livret, dans les deux cas du poète Giovanni Filippo Apolloni, que par sa musique.
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COMPTE RENDU, Festival 1001 NOTES 2020 (Haute-Vienne, Limousin), les 4 et 5 août 2020. Déconfinement, solidarité, ouverture… Face à la crise et la mise sous cloche de la culture, en particulier du spectacle vivant, les Festivals n’ont pas tardé à réagir et produire de premières alternatives bénéfiques. Le Festival 1001 Notes porté par son directeur artistique Albin de la Tour n’est pas en reste ; il a même été le premier à proposer sur la toile plusieurs courtes sessions musicales ; permettant aux artistes et au public de renouer un fil qui s’était coupé brutalement mi mars dernier ; à cause du confinement imposé (LIRE ici « Contre la crise et le confinement, le cycle de concerts live « Aux notes citoyens »).
Pour l’été, quand d’autres ont jeté l’éponge, empêtrés par la difficulté de mettre en pratique les mesures barrières et le protocole sanitaire, le Festival 1001 Notes affirme clairement sa ligne : solidarité, sécurité, éclectisme. Solidarité pour les artistes qui ont besoin de jouer ; sécurité sanitaire pour tous à tous les concerts ; éclectisme et ouverture d’une programmation qui par sa simplicité et son sens maîtrisé des métissages et des mélanges, réinvente concrètement l’expérience de la musique classique. Une alternative heureuse pour les spectateurs, d’autant plus méritante qu’elle a été conçue en très peu de temps.
15è édition du Festival 1001 Notes
ALTERNATIVE DÉCONFINÉE, HEUREUSE, ACCESSIBLE…

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JUIN 2020
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LILLE PIANO(S) FESTIVAL 2020 : 100% digital, les 12, 13 et 14 juin 2020 – Crise sanitaire oblige, le LILLE PIANO(S) FESTIVAL est en 2020, 100% DIGITAL… il devient LILLE PIANO(S) DIGITAL. Le Festival propose tout un cycle de concerts gratuits en direct et en rediffusion sur la chaîne youtube et la page facebook de l’Orchestre National de Lille (ON LILLE). Au total sur 3 jours, 30 artistes invités dans plusieurs programmes entièrement numérique. Ce sont 19 concerts en direct ou en différé qui porteront la flamme d’un festival parmi les plus importants de la capitale lilloise. Les performances sont assurées depuis l’auditorium du Nouveau Siècle à Lille mais aussi Brooklyn, Philadelphie, Amsterdam et Bruxelles ! Parmi nos coups de coeur d’une édition digitalement exceptionnelle : les récitals des pianistes Alexandre Kantorow, Marie-Ange Nguci, David Kadouch, Jonathan Biss… sans omettre tous les concerts de Jazz et les sessions dédiées à Beethoven par JF Zygel… Lire ici notre compter rendu des temps forts des 3 journées du LILLE PIANO(S) DIGITAL de juin 2020
COMPTES RENDUS
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LILLE PIANO(S) FESTIVAL édition 2020, 100% digitale donc se savoure devant l’écran et en direct sur Youtube. Ainsi est célébré le retour des artistes : ils ont vaincu ce silence asphyxiant qui les tenait isolés ; ils ont rompu l’étouffoir qui les rendait muets pendant le confinement imposé à tous depuis la mi mars. Avant le retour du public dans les salles, tous les concerts 2020 sont retransmis en direct, filmés pour leur majorité dans le vaste auditorium du nouveau Siècle de Lille, lieu de la résidence de l’Orchestre National de Lille. Comptes rendus des concerts du LILLE PIANO(S) FESTIVAL DIGITAL 2020
MARS 2020
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COMPTE-RENDU, critique opéra. PARIS, Bastille, le 5 mars 2020. MASSENET : MANON. Yende / Bernheim. Après Bordeaux, le ténor Benjamin Bernheim reprend le rôle du Chevalier Des Grieux à Bastille, amoureux transi de la belle Manon ; mais trahi par elle, il devient l’abbé de Saint-Sulpice, avant de retomber dans les bras de celle qui n’a jamais cessé de l’aimer… Récemment auréolé d’une Victoire de la musique (fév 2020), le chanteur incarne efficacement le personnage dont l’abbé Prévost, premier auteur avant Massenet, souligne la candeur, l’innocence voire une certaine naïveté …fatale. Le ténor reviendra, pour la saison prochaine 2020-2021, à Bastille aussi, incarnant FAUST de Gounod. Saluée à Paris sur la même scène dans Lucia di Lammermoor, Pretty Yende incarne Manon…
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COMPTE-RENDU, critique opéra. TOULOUSE, le 4 mars 2020. DONIZETTI : L’Elixir d’amore. Amiel, Quatrini… Nous avons déjà dit tout le bien que nous pensons de cette admirable production de 2001 vue et revue avec un immense plaisir. Tout y est suprême élégance, respectant didascalies et toujours musicalement juste. La mise en abîme de la scène comme un immense appareil photo est captivante, la beauté des camaïeux de couleurs, des décors et des costumes, est subtile.
Reprise à Toulouse de l’Elixir de 2001…
Le Sacre de Kevin Amiel

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FÉVRIER 2020
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COMPTE-RENDU CRITIQUE CONCERT ORCHESTRE DE PARIS, direction Christoph ESCHENBACH, LANG LANG, piano, PHILHARMONIE DE PARIS, Paris, 24 février 2020. Wagner, Beethoven. On pouvait s’y attendre, La salle Pierre Boulez de la Philharmonie de Paris a fait le plein de public le 24 février dernier, pour la venue très attendue du pianiste Lang Lang, dont la popularité est restée intacte malgré une absence prolongée de la scène parisienne. Le pianiste s’est produit avec l’Orchestre de Paris et le chef qui l’a découvert et qui l’accompagne désormais au disque, Christoph Eschenbach. Wagner et Beethoven étaient au programme.
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COMPTE-RENDU, critique opéra. MARSEILLE, le 22 février 2020. OFFENBACH : La Périchole. Membrey / Lepelletier. Dans un flamboiement de rouges Second Empire, un encadrement de cage de scène souligné de rampes lumineuses encadre un autre cadre pareillement illuminé qui enchâsse à son tour une petite scène avec rideaux, chapeautée en fronton d’une clinquante enseigne : « Cabaret ».
TOUT FEU TOUT FLAMME

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COMPTE-RENDU, critique opéra. PARIS, Opéra-Comique, le 20 fév 2020. BOIELDIEU : La Dame blanche. Pauline Bureau / Julien Leroy. Le soir de la première de La Dame Blanche, le 10 décembre 1825, les musiciens de l’Opéra-Comique (où l’on reprend donc l’ouvrage ces jours-ci…) vinrent donner la sérénade à François-Adrien Boieldieu sous ses fenêtres. Quand il s’agit de faire monter tout le monde chez le Maestro, il y eut des problèmes de place. Rossini, qui habitait le même immeuble, ouvrit son appartement …
Retour de la Dame Blanche à l’Opéra-Comique

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COMPTE-RENDU, critique opéra. PARIS, TCE, le 17 fev 2020. R. Strauss : La Femme sans ombre. Yannick Nézet-Séguin / v. de concert. Le tout-Paris lyrique semble s’être donné rendez-vous au Théâtre des Champs-Elysées pour l’un des concerts les plus attendus de la saison, la saisissante Femme sans ombre (1919) de Richard Strauss. Dès les premières mesures de cet ouvrage hors normes (voir notre présentation : http://www.classiquenews.com/yannick-nezet-seguin-dirige-la-femme-sans-ombre-de-r-strauss/ ) et rarissime en France, l’ensemble pléthorique des forces réunies gronde et impose la concentration : l’assistance venue en nombre semble écouter comme un seul homme le récit symbolique et initiatique de cette femme en quête d’humanité, sur fond d’éclat orchestral digne du Strauss de la Symphonie alpestre contemporaine (1915). Si le livret n’évite pas un certain statisme, expliquant le recours à une version de concert (comme à Verbier l’an passé https://www.classiquenews.com/compte-rendu-opera-verbier-le-22-juil-2019-strauss-die-frau-ohne-schatten-la-femme-sans-ombre-siegel-gergiev/ ), le souffle straussien emporte tout sur son passage, en mêlant avec virtuosité toutes les ressources orchestrales à sa disposition.
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COMPTE-RENDU, critique opéra. DIJON, Opéra le 14 fév 2020. PAUSET : Les châtiments (création). Orch Dijon Bourgogne, Emilio Pomarico. Création mondiale très attendue du nouvel opéra de Brice Pauset. Inspiré de trois textes majeurs de Kafka, cet opéra singulier réactive le genre du litteraturoper magnifié par une scénographie spectaculaire. Après le parodique et jouissif Wonderful de Luxe, le nouvel opus de Brice Pauset redonne ses lettres de noblesse au théâtre chanté. Le texte qu’il met en musique n’est pas à proprement parler une réécriture des trois ouvrages de Kafka (Le verdict, La métamorphose et La colonie pénitentiaire), qui constituent les trois sections de l’œuvre (la seconde étant elle-même découpée en trois sections), mais une adaptation qui reprend littéralement Kafka dans le texte, comme l’avait fait par exemple Dusapin pour son Perelà, d’après le roman éponyme de Palazzeschi.
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COMPTE-RENDU, critique opéra. LYON, Opéra, le 13 fév 2020. ADAMS, I Was Looking the Ceiling and then I Saw the Sky. Studio de l’Opéra de Lyon, Vincent Renaud. Après plusieurs productions remarquées à Paris, à la MJC de Bobigny et au Châtelet, le musical de John Adams est présenté à Lyon, au théâtre de la Croix-Rousse, dans une mise en scène efficace du Roumain Eugen Jebeleanu. Une jeune équipe de chanteurs, issue du Studio Opera de Lyon défend avec panache cette comédie musicale engagée.
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COMPTE-RENDU, critique opéra. MARSEILLE, Opéra, le 13 fév 2020. TCHAIKOVSKI : Eugène Onéguine. Tuohy / Garichot. Le chef américain Robert Tuohy, méconnaissant sans doute les montagnes russes, ces hauts et ces bas qui peuvent l’être aussi bipolaires psychiquement, ne semble connaître, de la Russie, qu’une vaste et surtout morne plaine comme ce Waterloo, où au moins un héros de l’œuvre, le Prince Grémine, contribua à battre Napoléon à plate couture.
ONÉGUINE (EU)GÊNÉ PAR LE CHEF

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COMPTE-RENDU, critique danse. PARIS, Bastille, le 12 février 2020. BALANCHINE. Trois oeuvres de danse élégante, graphique, propre à la première période américaine de Balanchine le géorgien précisent aux parisiens l’art du chorégraphe, hanté par l’idéal classique fait d’ordre, de clarté, d’épure. Balanchine est passé par le décorum des ballets impériaux à Saint-Pétersbourg ; le goût de la création en passant aussi les Ballets Russes à Paris ; autant d’éléments d’un art désormais personnel et éclectique que le New York City Ballet conserve avec une passion jalouse. Dans Sérénade (1934), la chorégraphie la plus riche et la plus fluide de notre point de vue, Balanchine célèbre la pulsion et l’élégance de son maître Tchaikovski, acclimatée à le détente des corps new yorkais qu’il découvre l’année précédente lors de son installation aux USA dès 1933 ; sans omettre le souvenir d’un romantisme épuré, quasi athlétique dans l’esprit des Sylphides de son autre maître Fokine… On y goûte la ligne épurée, le caractère nocturne, lunaire dont le sujet reste l’élégance de la danse. Le corps de ballet se montre aérien, fluide, comme libéré dans ce format pourtant très très écrit.
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COMPTE-RENDU, critique opéra. DIJON, le 12 fév 2020. PAUSET : Les Châtiments d’après Kafka. Création. En faisant un opéra d’après les 3 textes de Kafka, «LES CHÂTIMENTS» (adaptés par Stephen Sazio), Brice Pauset qui répond à la commande de l’Opéra de Dijon, trouve la voie juste et la forme fluide entre partition orchestrale et flux théâtral. Les ténèbres bien manifestes dans le texte kafkaien font place pourtant ici à une certaine émotion diffuse grâce à la composition de Pauset qui éclaire de l’intérieur le triptyque, souhaité par Kafka lui-même (portrait ci contre), Le Verdict (1912), La Métamorphose (1912) et Dans la Colonie pénitentiaire (1914). Des textes sombres et violents où se jouent la relation du fils au père, des individus à la loi, … non sans humour. Et même un rire continu qui retrouve comme une liberté cachée dans l’écriture kafkaienne. Une verve désespérée et cynique mais qui est tendresse pour une humanité maudite, condamnée, corrompue par ses contradictions crasses.
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COMPTE-RENDU, concert. PARIS, Studio de l’Ermitage, le 9 fév 2020. QUINTETO RESPIRO / CUAREIM QUARTET + NATASCHA ROGERS - Le studio de l’Ermitage à Paris en connivence avec l’éditeur Klarthe offre une somptueuse soirée riche en métissages et saveurs inédites ; y paraissent deux phalanges bien chaloupées, chacune leur univers instrumental et poétique très singularisé : le QUINTETO RESPIRO et le CUAREIM QUARTET qui renouvellent à leur façon l’idéal de métissages réussis, calibrés, enivrants. En février 2020, les deux ensembles éditent leur nouvel album chez Klarthe Records. Deux offrandes très séduisantes. Ce concert marquait le lancement des deux programmes.
ENIVRANTS MÉTISSAGES
QUINTETO RESPIRO : Tango traditionnel et régénéré… les 5 instrumentistes du Quinteto Respiro insuffle une approche originale et légitime au Tango ; ce dès leur création en 2009. Depuis leur rencontre avec le compositeur et pianiste argentin Gustavo Beytelmann, les 5 complices cultivent leur passion du tango enrichie des conseils et enseignements des maîtres en la matière : J.J Mosalini, Ramiro Gallo, ou encore l’Orquesta Tipica Silencio, entre autres… le sens du chambrisme, leur écoute, la complicité qui les animent, singularisent un sens irrésistible des rythmes et une palette scintillante, à la fois feutrée mais terriblement cadencée en couleurs et en accents…. LIRE notre critique complète
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COMPTE-RENDU, critique opéra. TOURCOING, Atelier lyrique, le 9 fév 2020. CHABRIER : L’Etoile. Avec Carl Ghazarossian, Alain Buet, Ambroisine Bré, Nicolas Rivenq… Alexis Kossenko / Jean-Philippe Desrousseaux… A l’occasion d’une visite dans les Hauts-de-France, on ne saurait trop conseiller de faire halte à Tourcoing, troisième ville de la région après Lille et Amiens ; qui peut s’enorgueillir d’avoir vu naître des compositeurs aussi illustres que Gustave Charpentier ou Albert Roussel. Indissociable de la personnalité charismatique de son fondateur Jean-Claude Malgoire (1940-2018), l’Atelier lyrique de Tourcoing donne depuis 1981 une résonance internationale à cette ancienne capitale du textile, reconnue pour cette ambition artistique de haut niveau. Désormais, il revient à François-Xavier Roth (né en 1971) de prendre la relève du regretté Malgoire à la direction artistique de l’Atelier lyrique, tandis qu’Alexis Kossenko (né en 1977) fait de même à la tête de l’orchestre sur instruments d’époque, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy.
EBLOUISSANTE ETOILE A TOURCOING

Lazuli / Laoula : Ambroisine Bré et Anara Khassenova © Simon Gosselin
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. LIEGE, ORW, le 8 fév 2020. VERDI : Don Carlos, 1866. Kunde, Arrivabeni / di Pralafera. La version française de Don Carlos semble faire un retour en force sur les scènes franco-belges, comme en témoignent les spectacles récemment produits à Paris, Lyon et Anvers – à chaque fois dans des mises en scènes différentes. Place cette fois à une nouvelle production très attendue de l’Opéra royal de Wallonie, qui relève le défi d’une version sans coupures, à l’exception du ballet, telle que présentée par Verdi lors des répétitions parisiennes de 1866. On le sait, avant même la première, l’ouvrage subira un charcutage on ne peut plus discutable afin de réduire sa durée totale (de plus de 3h30 de musique), avant plusieurs remodelages les années suivantes. La découverte de cette version “originelle” a pour avantage de rendre son équilibre à la répartition entre scènes politiques chorales et tourments amoureux individuels, tout en assurant une continuité louable dans l’inspiration musicale. A l’instar de Macbeth, Verdi n’hésita pas, en effet, à réécrire des pans entiers de l’ouvrage lors des modifications ultérieures, au risque d’un style moins homogène.
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. ANVERS, Opéra flamand, le 7 février 2020. Schreker : Der Schmied von Gent. Alejo Pérez / Ersan Mondtag. D’année en année, l’héritage lyrique de Franz Schreker (1878-1934) ne cesse d’être exploré dans toute sa diversité, au disque mais également sur scène. Avant Irrelohe (1922) présenté à l’Opéra de Lyon dès le 24 mars prochain, place au Forgeron de Gand / Der Schmied von Gent (1932), dernier opéra du grand rival de Richard Strauss en son temps. On doit à l’intérêt conjoint de l’Opéra flamand, en coproduction avec le Nationaltheater Mannheim, le nouvel éclairage donné à cet ouvrage monté pour la dernière fois voilà dix ans à Chemnitz (heureusement gravé par CPO) : ça n’est là que justice, tant Schreker fait montre d’une inspiration foisonnante dans l’éclectisme musical, en un style proche de Kurt Weill pour le parlé-chanté et l’ambiance de cabaret, tandis que les ruptures verticales expressionnistes font davantage penser au Hindemith de Cardillac ( https://www.classiquenews.com/tag/cardillac/ ). L’Autrichien quitte ainsi les expérimentations fraichement accueillies de Christophorus (1929), dédié à Arnold Schönberg, pour embrasser un style virtuose où s’entremêlent chansons populaires flamandes et pastiches de musiques anciennes, avant un acte III rayonnant où la tonalité retrouve davantage ses droits (rappelant le Korngold du Miracle d’Héliane
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COMPTE-RENDU, Concert. PARIS, TCE, le 5 fév. 2020. Récital SCHUBERT. A LALOUM, piano. Adam Laloum, longue silhouette fragile avec son allure de statue de Giacometti, se glisse vers le piano sur la large scène du Théâtre des Champs Élysées dans une lumière tamisée avec derrière lui l’or chaud du rideau de scène. Il ne faut pas se fier à la vue car la puissance du pianiste n’est pas un vain mot quand on pense au programme titanesque qui attend le jeune musicien trentenaire. En effet les trois dernières sonates de Schubert dans un programme de plus de deux heures mettent à nue l’interprète. D’autres pianistes s’y sont risqués, techniquement impeccables mais malhabiles à tenir sur toute la longueur, la richesse des images de Schubert, son besoin d’émotions perpétuellement changeantes et une capacité à
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COMPTE-RENDU, ballet. PARIS, Opéra National de Paris, le 5 février 2020. Giselle. Corelli, Perrot, Petitpa, Bart, Polyakov, chorégraphie. Léonore Baulac, Germain Louvet, Etoiles. Ballet de l’opéra. Adolphe Adam, musique. Retour de Giselle, ballet romantique par excellence, à l’Opéra National de Paris. Le chef spécialiste Koen Kessels est à la direction de l’Orchestre Pasdeloup, désormais habitué du Palais Garnier, et en très bonne forme le soir de notre venue. Les jeunes Etoiles Léonore Baulac et Germain Louvet interprètent les rôles protagonistes, accompagnés des Premiers Danseurs François Alu et Hannah O’Neill pour un quatuor principal de grand impact !
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COMPTE-RENDU, critique, opéra. LYON, le 3 fév 2020. PUCCINI, Tosca. Orch et chœur de l’Opéra de Lyon, Daniele Rustioni / Ch. Honoré. Production très controversée venue du Festival d’Aix de l’été dernier, la Tosca iconoclaste de Christophe Honoré nous a pleinement convaincu. Une lecture virtuose, émouvante et cohérente, un hymne à la création artistique magnifié par une distribution d’exception et une direction magistrale du maestro Rustioni.
Tosca, Boulevard Solitude
Comme souvent, les lectures opératiques de Christophe Honorétrahissent son univers cinématographique. Sur scène, le dispositif impressionnant rappelle un plateau de cinéma : plusieurs pièces reconstituées, beaucoup d’éléments, de figurants, des écrans qui projettent des extraits célèbres de Tosca, avec Catherine Malfitanoau Château Saint-Ange, en compagnie de Placido Domingo, la Callas, etc. La patte de l’écrivain apparaît également avec quelques citations, dont celle de Proust (un peu trop appuyée à notre goût) : on ne peut reprocher à un metteur en scène de réagir en fonction de sa sensibilité, de son ethos, si sa proposition est défendable scéniquement, ce qui est incontestablement le cas ici. L’originalité de sa lecture repose sur l’idée, certes arbitraire, de doubler le rôle de Tosca avec celui de la prima Donna et de faire de celle-ci une vieille cantatrice jadis adulée qui revient sur sa prestigieuse carrière. Une idée qui rappelle l’intrigue de Sunset Boulevard, référence qui ne fait que renforcer cette lecture très…
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COMPTE-RENDU, opéra. SAINT-ETIENNE, le 2 fév. 2020. MASSENET, Don Quichotte. Orch. Symph. Saint-Etienne Loire, J. Lacombe/L. Désiré. Nouvelle production du trop rare Don Quichotte de Massenet. Une très belle réussite scénique, malgré un plateau vocal inégal et une direction d’orchestre en demi-teintes. Loin de la vision enjouée et plus délirante de Laurent Pelly avec un José Van Dam impérial pour ses adieux en 2012 à la Monnaie, la lecture de Louis Désiré de l’un des derniers succès de Massenet (créé à l’opéra de Monte-Carlo en 1910 d’après une pièce de l’obscur Jacques Le Lorrain) est au contraire épurée et met l’accent sur l’humanité christique du héros espagnol.
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COMPTE-RENDU, opéra. TOULOUSE, Capitole, le 2 fév 2020. WAGNER : Parsifal. BORY / BEERMANN, KOCH, SCHUKOFF. Peut-on rêver plus extraordinaire production de l’oeuvre si «hors normes» de Richard Wagner ? Les comparaisons avec Strasbourg qui monte sa production au même moment seront certainement intéressantes tant tout semble les différencier. Je dois pourtant reconnaitre que je resterai à Toulouse afin d’assister à plusieurs représentations de ce Parsifal si réussi. Il sera difficile de développer tout ce que j’ai à dire sur ce spectacle total tant il est riche. Je serai moins long sur les voix car ailleurs elles ont été bien analysées. C’est tout simplement le quatuor vocal le plus abouti actuel qui puisse se s’écouter aujourd’hui, pour une version parfaitement cohérente. Voix sublimes de jeunesse, de puissance, de timbres rares et de phrasés somptueux. Chanteurs-acteurs beaux et convaincants. La prise de rôle de Sophie Koch en Kundry est magistrale, de voix, de timbre, de jeux et de style. Tout y est : de la quasi animalité à la plus élégante séduction , en particulier la souffrance contenue dans ce rôle complexe. Sophie Koch est une Kundry qui va conquérir le monde tant elle est déjà accomplie.
PARSIFAL EN MAJESTÉ

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COMPTE-RENDU, concours. PONTOISE, le 2 février 2020. CONCOURS PIANO CAMPUS 2020. Le 19ème Concours International Piano Campus s’est déroulé du 31 janvier au 2 février à Pontoise. Les épreuves éliminatoires ont permis d’entendre les douze candidats sélectionnés dans un programme de 30 mn dont l’œuvre imposée était cette année une pièce de la compositrice Germaine Tailleferre, « Seule dans la forêt ». Les trois finalistes retenus, le français Virgile Roche (21 ans), l’italien Davide Scarabottolo (18 ans), et le russe Timofei Vladimirov (18 ans), se sont produits sur la scène du Théâtre des Louvrais dimanche 2 février, devant un jury présidé par la pianiste Hisako Kawamura (Prix Clara Haskil 2007 et auparavant elle-même lauréate du concours Piano Campus). Le compositeur Fabien Waksman, également membre du jury, est l’auteur de la pièce contemporaine imposée, « Black Spirit », pour piano et orchestre, donnée en création mondiale par les trois jeunes pianistes. Tout de suite l’énoncé du palmarès: …
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COMPTE-RENDU, opéra. NEW YORK, Met, le 1er fév 2020. GERSHWIN : Porgy and Bess.David Robertson / James Robinson. Avec Wozzeck, dirigé par Yannck Nézet-Séguin, voici l’autre production événement qui atteste de l’excellente santé artistique du Met… Porgy and Bess (1935) fait un retour remarqué et réussi sur la scène du Met après plus de 30 années d’absence, avec retransmission en direct en bonus, – très apprécié. L’opéra black que Georg Gershwin écrit avec son frère Ira (pour le livret) doit être chanté par une distribution uniquement black : clause respectée ici à la lettre… La mise en scène de James Robinson ressuscite ainsi le village de Catfish Row et ses habitants si attachants. Pour décor unique, une vaste résidence d’un état du sud américain, où l’action prend place dans chaque pièce ; sa mobilité puisque le dispositif tourne sur lui-même dynamise tous les ensembles, en particulier les danses et les chœurs dont le souffle collectif si essentiel au sujet est assuré par le chœur du Met très bien chauffé (très réussi, solide et prenant, choeur « Gone, gone, gone »). La ferveur en Dieu relève toujours cette humanité tant de fois mise à terre…
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JANVIER 2020
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COMPTE-RENDU, concert sacré. Paris, TCE, le 29 janv 2020. MOZART : Requiem. Emoke Barath, Anthea Pichanick, Zachary Wilder, Istvan Kovacs. Orfeo Orchestra, Purcell Choir. Gyorgy Vashegyi, direction. Programme latin et sacré au Théâtre des Champs Elysées avec cette production des Grandes Voix autour du chef d’œuvre liturgique de Mozart, son dernier opus, le Requiem en ré mineur. L’orchestre hongrois Orfeo Orchestra avec le Purcell Choir sont par leur fondateur, figure importante du renouveau de la musique baroque en Hongrie, Gyorgy Vashegyi. Le maestro a été distingué à plusieurs reprises sur classiquenews pour ses excellentes lectures des opéras baroques français de Rameau ( Naïs, 2017 / les Indes Galantes, 2018) à Mondonville (Grands Motets, 2015). La distribution des solistes est rayonnante de talent, composée de la soprano Emoke Barath, la contralto Anthea Pichanick, le ténor Zachary Wilder et le baryton Istvan Kovacs.
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COMPTE-RENDU, critique, concert. PARIS, TCE, le 18 janv 2020. BEETHOVEN / FF GUY : les 5 Concertos pour piano. François-Frédéric GUY, piano et direction. Orchestre de Chambre de Paris, THÉÂTRE DES CHAMPS ÉLYSÉES, Paris, 18 janvier 2020. Les 5 concertos pour piano de Beethoven. La célébration des 250 ans de la naissance de Beethoven a commencé en ce début d’année dans la monumentalité, avec l’intégralité de ses concertos pour piano donnés en une soirée, une folie que le compositeur n’aurait pas condamnée – rappelons-nous ce soir du 22 décembre 1808 à Vienne: création du quatrième concerto, mais aussi des symphonies 5 et 6, que « complétaient » l’aria « Ah, perfido! », la Fantaisie pour piano opus 77 et la Fantaisie chorale opus 80! Un véritable défi relevé par ses interprètes, l’Orchestre de Chambre de Paris et le pianiste François-Frédéric Guy, tous en grande forme, devant le public enthousiaste du Théâtre des Champs-Élysées plein à craquer.
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COMPTE-RENDU, concert. PARIS, Philharmonie, le 17 janvier 2020. Wagner : Le Vaisseau fantôme (ouverture), Hindemith : Symphonie “Mathis le Peintre”, Dvořák : Symphonie n° 9 “Du Nouveau Monde”. Alors qu’il nous a déjà gratifié du privilège de la lecture de ses mémoires https://www.classiquenews.com/livres-riccardo-muti-prima-la-musica-larchipel/, le grand chef napolitain Riccardo Muti (78 ans) n’en finit pas d’assurer une présence régulière à Paris d’année en année, le plus souvent avec l’Orchestre national de France en tant que chef invité, ou plus logiquement avec “son” Orchestre symphonique de Chicago, dont il est le directeur musical depuis 2010. C’est précisément avec la prestigieuse formation américaine qu’on le retrouve à la Philharmonie pour l’un des concerts les plus attendus de la saison – pour preuve la salle remplie à craquer ce vendredi soir.
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COMPTE-RENDU, critique. LILLE, Nouveau Siècle, le 16 janvier 2020. MAHLER : Symphonie n°9. Orchestre National de Lille. Alexandre Bloch, direction. Après une Symphonie n°8 « des Mille » réalisée en nov 2019, jalon éblouissant d’un cycle qui restera mémorable, voici en ce début d’année 2020, la fin de l’odyssée mahlérienne par l’ONL LILLE Orchestre National de Lille et son directeur Alexandre Bloch : la 9è, véritable testament musical et spirituel. Les auditeurs l’ont remarqué comme les musiciens eux-mêmes : il s’est passé quelque chose avec les 5è et 6è symphonies ; rondeur et précision accrues, réflexes plus naturels, onctuosité et profondeur, servies par un relief instrumental d’un fini impeccable… de fait, jouer sur la durée l’intégralité des symphonies et de façon ainsi chronologique, aura porter bénéfice à l’écoute et à la cohérence du collectif lillois. Alexandre Bloch depuis son arrivée en 2016 aura fondamentalement fait évoluer et enrichit l’expérience des musiciens, n’hésitant pas à élargir le répertoire (jusqu’à l’opéra, avec Les Pêcheurs de Perles de Bizet, juin 2017), ou « oser » des partitions monstrueuses réputées injouables (MASS de Bernstein, juin 2018). Ce cycle Mahler s’inscrit dans un mouvement à la fois de renouvellement et d’accomplissement pour l’Orchestre.
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COMPTE-RENDU, critique, concert. TOURS, Opéra, le 11 janvier 2020. Concert du nouvel An, OSRCVLT, Benjamin Pionnier. Strauss, Tchaikovsky, Brahms… Superbe soirée qui donne du baume au cœur en ce début d’année 2020 à Tours. Le chef Benjamin Pionnier, directeur général de l’Opéra de Tours, poursuit son travail avec les musiciens maison ; une collaboration qui est marquée par un élargissement significatif du répertoire ; par l’accroissement de l’expérience musicale grâce à l’invitation faite à d’autres chefs invités aux profils variés, ce qui est toujours profitable pour réduire les effets de la routine ; par des actions nouvelles vers les jeunes publics (l’Opéra de Tours a été l’un des premiers établissements lyriques à lancer les « concerts bébé » … depuis lors, complets tout au long de la saison)… ELEGANCE VIENNOISE A TOURS…
Ce soir, c’est l’esprit viennois et la magie des valses des Strauss, père et fils qui s’exportent de Vienne à Tours. Il faut toute la première partie (Ouverture des Joyeuses Commères de Windsor de Nicolai, Suite de Casse-Noisette opus 71, …) pour chauffer les instruments, pour que le collectif atteigne une volubilité expressive, une évidente légèreté.
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COMPTE-RENDU, opéra. GAND, Opéra flamand, le 11 janvier 2019. Dvorak : Rusalka. Giedrė Šlekytė / Alan Lucien Øyen. Nouveau directeur artistique de l’Opéra flamand / Opera Ballet Vlaanderen, depuis le début de la saison 2019-2020, Jan Vandenhouwe s’est fait connaître en France comme dramaturge, notamment à l’occasion de son travail avec Anne Teresa de Keersmaeker pour le Cosi fan tutte présenté à l’Opéra de Paris (voir notre compte-rendu détaillé en 2017- https://www.classiquenews.com/cosi-fan-tutte-sur-mezzo/). Avec cette nouvelle production de Rusalka (1901), c’est à nouveau à un chorégraphe qu’est confiée la mission de renouveler notre approche de l’un des plus parfaits chefs d’œuvre du répertoire lyrique : en faisant appel au norvégien Alan Lucien Øyen, artiste en résidence au Ballet national à Oslo, Vandenhouwe ne réussit malheureusement pas son pari, tant l’imaginaire visuel minimaliste ici à l’oeuvre, réduit considérablement les possibilités dramatiques offertes par le livret.

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COMPTE-RENDU, critique, opéra. PARIS, Athénée LJ, le 8 janvier 2020. YVAIN : YES ! Les Brigands, PM Barbier / Galard – Hatisi. Quand on voit revenir Yes de Maurice Yvain sur les scènes de plusieurs maisons, on ne peut que se réjouir. L’ouverture du répertoire du Palazzetto Bru-Zane et sa nouvelle exploration de l’opérette est un beau geste vers un répertoire trop souvent oublié, mésestimé voire méprisé. Yes est un chef d’œuvre calibré au millimètre par Maurice Yvain et Albert Willemetz. Duo mythique de l’opérette, ils peuvent être considérés comme les Mozart et Da Ponte des Années Folles. Yes, créée en 1928 au Théâtre des Capucines est originellement composé pour deux pianos. La partition est d’une richesse digne du livret. L’intrigue fabuleuse conte les déboires filiaux et amoureux du riche playboy Maxime Gavard, fils du « roi de la vermicelle ». La musique mêle à la fois jazz, swing, fox-trot et rythmes latinos.
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COMPTE-RENDU, opéra, critique. MARSEILLE, Opéra, le 3 janv 2020. OFFENBACH : Barbe Bleue. Laurent Pelly. Pas la veuve, Barbe-bleue, mais le veuf joyeux comme il se définit lui-même : « O gué, jamais veuf ne fut plus gai ! » mais étrange mono-manique du mariage qui semble ne pouvoir accéder à la femme que dans le cadre de l’institution matrimoniale.
Monogame en série

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COMPTE-RENDU, critique, concert du NOUVEL AN 2020. VIENNE, Musikverein, le 1er janvier 2020. STRAUSS… Wiener Phil. Andris Nelsons, direction. Le concert du NOUVEL AN à VIENNE, ce 1er janvier 2020 marque les débuts dans cet exercice du chef letton Andris Nelsons (41 ans), musicien déjà familier des instrumentistes viennois, avec lesquels il a enregistré l’intégrale des Symphonies de Beethoven pour DG Deutsche Grammophon. GRISANT MAIS PAS EBLOUISSANT… C’est aussi un concert de gala qui ouvre les festivités des 150 ans de la création du Musikverein, salle mythique, dite la boîte à chaussure magique, dans laquelle tous les concerts du Nouvel An se sont déroulés. Polka rapide composée par Edouard Strauss (le dernier de la fratrie Strauss, aux côtés de Johann II et Josef ; celui qui a brûlé partitions et matériel d’orchestre sous un coup de folie) : Le caractère général de cette année est dévoilé dès la première œuvre choisie par le chef pour son premier Concert du Nouvel An : de Carl Michael Ziehrer, Die Landstreicher / Les Vagabonds (Ouverture). Le chef letton affirme d’emblée sans préambule une joie militaire, galop à la Offenbach, un rien pétaradant (avec coups de piccolos) ; musique un peu trop décorative et narrative pour un début : la sonorité est un rien tendue qui manque de détente, de souplesse. Heureusement, ce raffinement viennois qui nous manquait tant, surgit à l’éclosion de la valse finale : mais Ziehrer ne maîtrise pas l’orchestration comme Johann II et ses frères ; cela sonne un peu raide et sec.
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COMPTE-RENDU, critique opéra. BORDEAUX, Grand Théâtre, le 31 déc 2020. Anton RUBINSTEIN: Le Démon. Dans l’opéra rare d’Anton Rubinstein, Le démon (1875), soit donc contemporain de Carmen de Bizet, l’ange diabolique renonce à l’amour en acceptant que la mortelle meurt à leur premier baiser tentateur ; elle rejoindre les élus, mais lui, sera condamné aux vertiges de l’enfer destructeur. La vision manque cependant d’épaisseur pour nos cerveaux habitués aux scénarios noirs des séries vedette : ce démon inspiré de Lermontov et de Pouchkine est d’un fil et d’une étoffe un rien, trop fins. Pas sur que l’intrigue et le drame soient retenu par l’industrie cinématographique actuelle.
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