DVD Ă©vĂ©nement, critique. ADES : The exterminating Angel (1 dvd Erato – nov 2017) – Dans Powder her face, il osait reprĂ©senter une fellation sur la scĂšne. Le compositeur britannique Thomas AdĂšs suscite toujours un scandale qui sâintĂ©resse surtout Ă lâaffiche anecdotique sans poser la question du comment et du pourquoi. Son approche sensible et critique de lâoeuvre fantastique et surrĂ©aliste lĂ©guĂ©e par Luis Bunuel (1962) ne manque pas de profondeur ni de saveur polĂ©mique. La production avait suscitĂ© un tollĂ© Ă lâannonce que des moutons seraient portĂ©s sur les planches, pour la crĂ©ation de son 3Ăš opĂ©ra Ă Salzbourg Ă lâĂ©tĂ© 2016 (repris Ă Covent Garden Ă Londres en 2017). CaptĂ© au Metropolitan opera Ă New York (octobre 2018), lâopĂ©ra dĂ©ploie ses sortilĂšges : oĂč brillent timbres et couleurs des bois, percus et ondes martenot pour exprimer le mystĂšre et lâĂ©nigme persistante.
Le livret de Cairns synthĂ©tise et respecte lâesprit du film de Bunuel : le dĂ©voilement de la vĂ©ritĂ© humaine, aprĂšs la dissolution de lâhypocrisie bourgeoise. Le masque du mensonge Ă©tant tombĂ©, la perversitĂ© barbare de lâĂąme humaine est rĂ©vĂ©lĂ©e comme si le compositeur tendait le miroir au public. Encore une Ćuvre amĂšre, clinique, mordante qui cible la saloperie humaine capable de toutes les forfaitures pourvu que chcun pour soi sauve sa peau avant celle des autres.
Le plateau qui rĂ©unit Audrey Luna (la cantatrice), Joseph Kaiser et Amanda Echalaz (les maĂźtres de maison dĂ©bordĂ©s par lâaprĂšs dĂźner), Sally Matthews et Iestyn Davies (la sĆur et le frĂšre incestueux), Alice Coote (lâhystĂ©rique), Sir John Tomlinson (le mĂ©decin vainement pacificateur), Sophie Bevan et David Portillo (jeunes mariĂ©s trop naĂŻfsâŠ), sans omettre Christine Rice et Rod Gilfry (les musiciens) ou FrĂ©dĂ©ric Antoun (lâexplorateur)⊠atteint lâexcellence. Les chanteurs sont des acteurs. Et le metteur en scĂšne Tom Cairns qui signe aussi le livret exploite de telles qualitĂ©s. Chacun caractĂ©rise son profil psychologique (bien chargĂ©, en particulier dans le solo qui est leur autoportrait) ; chacun dĂ©crypte les allusions souterraines dâune partition fourmillante et juste dans sa dĂ©nonciation scrupuleuse. Rien de scandaleux dans cette nouvelle production car le sens global de lâouvrage sonne vrai, pertinent, implacable. Chacun des solistes incarne ce parlĂ© chantĂ© fludie et continu qui rapproche lâopĂ©ra de la scĂšne rĂ©elle, le chant de la parole en un sprachegesang, parfois hypnotique. Le cast est impressionnant en nombre comme en qualitĂ© : câest du théùtre lyrique que les ensembles renforce encore. Le dĂ©cor est discret mais bien prĂ©sent, symbolisĂ© par un portique gĂ©ant qui entrave le groupe des gens bien comme il faut. LâintensitĂ© et la justesse du jeu comme du chant Ă©claboussent cet opĂ©ra dont lâenvoĂ»tement musical accrĂ©dite davantage lâintelligence de Thomas AdĂšs sur la scĂšne lyrique. CrĂ©ation majeure.
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DVD, critique. ADES : The Exterminating Angel (Metropolitan Opera, 2017 – 1 dvd ERATO)
The Metropolitan Opera Orchestra and Chorus
Thomas AdĂšs (direction)
Audrey Luna (Leticia Maynar), Amanda Echalaz (LucĂa de Nobile), Sally Matthews (Silvia de Ăvila), Sophie Bevan (Beatriz), Alice Coote (Leonora Palma), Christine Rice (Blanca Delgado), Iestyn Davies (Francisco de Ăvila), Joseph Kaiser (Edmundo de Nobile), FrĂ©dĂ©ric Antoun (RaĂșl Yebenes), David Portillo (Eduardo), David Adam Moore (Colonel Ălvaro GĂłmez), Rod Gilfry (Alberto Roc), Kevin Burdette (Señor Russell), Christian Van Horn (Julio) & John Tomlinson (Doctor Carlos Conde) – captation Live from the Met – octobre 2018.
Durée : 2h22mn
CLIC de CLASSIQUENEWS de février 2019.
Teaser vidéo :
https://www.youtube.com/watch?v=ItTIIIPwcvQ
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