COMPTE-RENDU, critique opĂ©ra. TOURCOING, Atelier lyrique, le 9 fĂ©v 2020. CHABRIER : LâEtoile. Avec Carl Ghazarossian, Alain Buet, Ambroisine BrĂ©, Nicolas RivenqâŠÂ Alexis Kossenko / Jean-Philippe Desrousseaux… A lâoccasion dâune visite dans les Hauts-de-France, on ne saurait trop conseiller de faire halte Ă Tourcoing, troisiĂšme ville de la rĂ©gion aprĂšs Lille et Amiens ; qui peut sâenorgueillir dâavoir vu naĂźtre des compositeurs aussi illustres que Gustave Charpentier ou Albert Roussel. Indissociable de la personnalitĂ© charismatique de son fondateur Jean-Claude Malgoire (1940-2018),  lâAtelier lyrique de Tourcoing donne depuis 1981 une rĂ©sonance internationale Ă cette ancienne capitale du textile, reconnue pour cette ambition artistique de haut niveau. DĂ©sormais, il revient Ă François-Xavier Roth (nĂ© en 1971) de prendre la relĂšve du regrettĂ© Malgoire Ă la direction artistique de lâAtelier lyrique, tandis quâAlexis Kossenko (nĂ© en 1977) fait de mĂȘme Ă la tĂȘte de lâorchestre sur instruments dâĂ©poque, La Grande Ecurie et la Chambre du Roy.
Lazuli / Laoula : Ambroisine Bré et Anara Khassenova © Simon Gosselin
Câest prĂ©cisĂ©ment le jeune flĂ»tiste et chef dâorchestre français que lâon retrouve Ă Tourcoing pour lâune des productions les plus attendue de la saison, lâĂ©bouriffante Etoile (1877) dâEmmanuel Chabrier (voir notre prĂ©sentation : https://www.classiquenews.com/letoile-de-chabrier-a-tourcoing/). On avoue ne pas comprendre pourquoi un tel chef dâĆuvre de malice et dâintelligence ne figure pas plus souvent au rĂ©pertoire hexagonal – au moins pendant les fĂȘtes de fin dâannĂ©e, aux cĂŽtĂ©s des grands succĂšs dâOffenbach. On se rĂ©jouit par consĂ©quent de cette heureuse initiative, et ce dâautant plus que le plateau vocal rĂ©uni se montre dâun niveau proche de lâidĂ©al.
Ainsi de la rayonnante Ambroisine Bré qui donne Ă son Lazuli un brio vocal dâune rare conviction dans lâĂ©quilibre entre vĂ©ritĂ© théùtrale et raffinement vocal, tandis que Carl Ghazarossian (Ouf 1er) ne lui cĂšde en rien dans sa composition dĂ©sopilante, entre morgue cruelle et lassitude feinte. Si Anara Khassenova (la Princesse Laoula) affiche Ă©galement un haut niveau, Juliette Raffin-Gay (AloĂšs) est plus en retrait du fait dâune Ă©mission parfois Ă©troite, hormis dans son air bien travaillĂ© au II. La production doit beaucoup Ă lâaisance comique des impayables Alain Buet (trĂšs solide Siroco), Nicolas Rivenq (superbe dâautodĂ©rision) ou Denis Mignien (Ă la folie douce-amĂšre). Les chĆurs un rien timides au dĂ©but, avec quelques dĂ©calages notables, se montrent de plus en plus affirmĂ©s tout au long de la soirĂ©e, avant de pleinement convaincre.
Mais câest peut-ĂȘtre plus encore lâĂ©nergie insufflĂ© dans la fosse qui impressionne par son Ă -propos : si vous nâavez jamais su ce que voulait dire « faire chanter un orchestre », Ă©coutez Alexis Kossenko (photo ci contre) ! Autant les attaques sĂšches que la prĂ©cision et la virtuositĂ© des affrontements entre pupitres donnent des accents inouĂŻs de vitalitĂ©, le tout au service dâune expression dramatique qui nâen oublie jamais de faire ressortir les dĂ©tails humoristiques de lâorchestration. Ce tourbillon de bon humeur rĂ©pond Ă la non moins rĂ©ussie mise en scĂšne de Jean-Philippe Desrousseaux â dont le travail pour Pierrot Lunaire dâArnold Schönberg avait dĂ©jĂ Ă©tĂ© rĂ©compensĂ© en 2017 par le prix du Meilleur crĂ©ateur dâĂ©lĂ©ments scĂ©niques, dĂ©cernĂ© par lâAssociation professionnelle de la critique, théùtre, danse et musique. Desrousseaux revisite son dĂ©cor unique pendant toute la reprĂ©sentation avec maestria, autant par un travail sur les Ă©clairages quâune mise en valeur des Ă©lĂ©ments scĂ©niques. Son imaginative direction dâacteur donne beaucoup de plaisir par son double regard qui sâadresse autant aux plus petits quâĂ leurs ainĂ©s : on retient notamment les nombreux gags visuels intemporels façon Iznogoud ou les dĂ©licieux animaux exotiques animĂ©s Ă lâancienne par deux comĂ©diens. Les rires des tout petits ne trompent pas quant Ă la rĂ©ussite du projet, vivement applaudi par le chaleureux public de Tourcoing.
Ambroisine Bré (Lazuli), Anara Khassenova (la Princesse Laoula), Carl Ghazarossian (Le Roi Ouf 1er) © Simon Gosselin
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Compte-rendu, opĂ©ra. Tourcoing, Atelier lyrique, le 9 fĂ©vrier 2020. Chabrier : LâEtoile. Ambroisine Bré (Lazuli), Anara Khassenova (la Princesse Laoula), Juliette Raffin-Gay(AloĂšs), Carl Ghazarossian (Le Roi Ouf 1er), Alain Buet (Siroco), Nicolas Rivenq (HĂ©risson de Porc-Epic), Denis Mignien (Tapioca), Denis Duval (le chef de la police). Ensemble vocal de lâAtelier Lyrique de Tourcoing, La Grande Ă©curie et la Chambre du Roy, Alexis Kossenko (direction musicale) / Jean-Philippe Desrousseaux (mise en scĂšne). A lâaffiche de lâAtelier lyrique de Tourcoing, du 7 au 11 fĂ©vrier 2020. Photo : © Simon Gosselin / Atelier Lyrique de Tourcoing, service de presse.
VOIR aussi notre TEASER et notre REPORTAGE VIDEO de lâĂtoile de Chabrier par lâAtelier Lyrique de TOURCOING Kossenko / Desrousseaux, fĂ©v 2020