METZ, Arsenal. Le 13 sept 19 : Mozart, Berlioz. D. Reiland. Concert symphonique dâouverture de la nouvelle saison 2019 2020. Lâorchestre maison ouvre le grand bal musical de sa nouvelle saison 2019 2020 : sous la direction du chef David Reiland, nouveau directeur musical in loco, le programme promet dâĂȘtre Ă la fois gĂ©nĂ©reux et orchestralement passionnant. En septembre 2019, Metz est ainsi Ă la fĂȘte, grĂące au premier concert symphonique de septembre. Au programme, grand bain orchestral avec le dernier MOZART, virtuose de lâĂ©criture orchestrale et dâune furieuse invention dans un triptyque ultime que les plus grands chefs ont pris soin dâaborder avec la profondeur et lâĂ©nergie requise et dont David Reiland nous propose le volet final, la Symphonie n°41 dite « Jupiter » : vĂ©ritable manifeste de lâĂ©loquence et de la souverainetĂ© orchestrale, traversĂ© dĂšs son premier mouvement par un feu romantique irrĂ©sistible. A cette source, sâabreuve Beethoven, lâinventeur de lâorchestre romantique avec
Berlioz. ApothĂ©ose conclusive, le dernier morceau fuguĂ©, lumineux et victorieux, semble synthĂ©tiser tout ce que vĂ©hicule lâesprit des LumiĂšres. Mais le directeur musical du National de METZ cĂ©lĂšbre aussi, aux cĂŽtĂ©s de Mozart, lâannĂ©e BERLIOZ 2019 : il nous rĂ©serve une nouvelle lecture de sa Symphonie avec alto, « Harold en Italie » de 1834. Berlioz , jamais en reste dâune nouvelle forme, y rĂ©invente le plan symphonique avec instrument obligĂ©. Dans Harold, il prolonge de nombreuses innovations inaugurĂ©es dans la Symphonie Fantastique de 1830, mais sâintĂ©resse surtout Ă redĂ©finir la relation entre lâinstrument soliste et la masse de lâorchestre : pas vraiment dialogue, ni confrontation ; en rĂ©alitĂ©, câest une approche « picturale », lâalto apportant sa couleur spĂ©cifique dans la riche texture orchestrale, fusionnant avec elle, ou se superposant Ă elle⊠Comme toujours chez Berlioz, lâĂ©criture symphonique sert un projet vaste et poĂ©tique, oĂč lâĂ©criture repousse toujours plus loin les limites et les ressources de lâorchestre monde. Concert Ă©vĂ©nement.
A Metz, pour ouvrir la saison 2019 2020 de la Cité Musicale, David Reiland dirige le National de Metz dans un programme ambitieux, réjouissant : MOZART / BERLIOZ
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METZ Arsenal, grande salle
vendredi 13 septembre 2019, 20h
Concert symphonique dâouverture
nouvelle saison 2019 2020
1h15 + entracte
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°41 (Jupiter)
Hector Berlioz : Harold en Italie
https://www.citemusicale-metz.fr/agenda/concert-ouverture-de-saison_1
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HAROLD en ITALIE (1834)
Rien dans la vie de Berlioz nâĂ©gale le dĂ©ferlement de flux passionnel Ă lâĂ©vocation de son sĂ©jour italien, liĂ© Ă lâobtention du Prix de Rome en 1830. En marque lâaccomplissement rĂ©volutionnaire, la Symphonie Fantastique, manifeste Ă©loquent de la rĂ©forme entreprise par Hector au sein de son orchestre laboratoire. Tout autant exaltĂ©es, les annĂ©es qui suivent ses fiançailles avec la belle aimĂ©e, lâactrice Harriet Smithson (octobre 1833). MĂȘme si la comĂ©dienne adulĂ©e dans Shakespeare lui apporte son lot de dettes, le couple connaĂźt de premiĂšres annĂ©es bĂ©nies, comme lâaffirme la naissance de leur seul fils, Louis. Le jeune pĂšre compose alors une partition dĂ©lirante, voire autobiographique (comme pouvait lâĂȘtre lâargument de la Fantastique) mais ici avec un instrument obligĂ©, lâalto. PressĂ© par Paganini, Berlioz Ă©crit une symphonie avec alto, quand il lui Ă©tait demandĂ© au prĂ©alable un concerto pour alto. Ainsi sâimpose le gĂ©nie expĂ©rimental de Berlioz : toujours repousser les limites du champs instrumental dans une forme orchestrale toujours mouvante. Hector sâinspire du hĂ©ros de Byron, Childe Harold, ĂȘtre fantasque, rĂȘveur, mĂ©lancolique, toujours insatisfait⊠le double de Berlioz ? DĂ©couvrant la partition inclassable, Paganini sâĂ©tonne et déçu, dĂ©clare : je nây joue pas assez. Finalement câest le virtuose ChrĂ©tien Uhran qui crĂ©e lâoeuvre nouvelle le 23 nov 1834 au Conservatoire de Paris. En 4 parties, le programme rĂ©pond Ă lâimaginaire berliozien qui inscrit toujours le hĂ©ros messianique, seul, fier, face au destin ou Ă la force des Ă©lĂ©ments ou des paysagesâŠ
1 – Harold aux montagnes, scĂšne de mĂ©lancolie, de bonheur et de joie (adagio – allegro) – souvenirs de Berlioz de ses promenades dans les Abruzzes Ă lâĂ©poque de son sĂ©jour romain : traitement insolite, la partie d elâalto qui surgit ou se glisse dans la masse orchestral, sây superpose ou fusionne, mais ne dialogue jamais selon le principe du concerto. Berlioz agit comme un peintre
2 – Marche des pĂšlerins chantant la priĂšre du soir (allegretto) / souvenir des pĂšlerins italiens aperçus Ă Subiaco. Berlioz y exprime la souffrance des pĂ©nitents marcheurs, forcenĂ©s (rĂ©pĂ©tition de segments monotaunes de 8 mesures)
3 – SĂ©rĂ©nade dâun montagnard des Abruzzes Ă sa maĂźtresse / Allegro assai – allegretto : le cor anglais sâempare de la mĂ©lodie simple et amoureuse
4 – orgie de brigands, souvenirs / aucun dĂ©veloppement symphonique chez Berlioz ne peut sâachever sans un dĂ©lire sensuel dĂ©braillĂ©, Ă la fois autoritaire et ivre (comme plus tard Ravel) / Allegro frenetico : la force rythmique trĂ©pigne, entraĂźnant lâalto qui est saisi dâun haut le cĆur face Ă la sauvagerie libĂ©rĂ©e (Berlioz prĂ©cise ici « lâon rit, boit, frappe, brise, tue et viole »). Rien de moins.
La crĂ©ation suscite un vif succĂšs. Mais Berlioz Ă©ternel frustrĂ©, dĂ©sespĂšre de nâattirer plus de foule. Mais compensation, il devient critique musical responsable de la chronique musicale dans le Journal des DĂ©bats, Ă la demande du directeur, Louis-François Bertin (portraiturĂ© par Ingres). Sâil nâest Ă©coutĂ© par le plus grand nombre, il sera lu par un lectorat mĂ©lomane, choisi et curieux.
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DAVID REILAND, directeur musical de lâOrchestre National de Metz⊠Chef belge (nĂ© Ă Bastogne), David Reiland fait partie des baguettes passionnantes Ă suivre tant son travail avec les musiciens dâorchestre renouvellent souvent lâapproche du rĂ©pertoire. Chaque session en concert apporte son lot dâivresse, de dĂ©passement, de rĂ©lĂ©vations aussi pour le public. Dans son cas, lâidĂ©al et le perfectionnisme constants portent une activitĂ© jamais neutre, une intention sensible qui fait parler la musique et chanter les textes⊠Metz a le bĂ©nĂ©fice de ce tempĂ©rament enthousiasmant dont la nouvelle saison 2019 – 2020 devrait davantage dĂ©voiler la valeur de son travail avec lâOrchestre National de Metz dont il est directeur musical depuis 2018.
Il aime exprimer lâĂąme, le souffle de la musique en un geste habitĂ©, qui se fait lâexpression dâun contact physique avec la matiĂšre sonore quâil rend franche ou soyeuse, Ăąpre ou onctueuse, toujours passionnĂ©ment expressive Ă lâadresse du public.
FormĂ© Ă Bruxelles, Paris, puis au Mozarteum de Salzbourg, en poste au Luxembourg et maintenant Ă Metz, David Reiland a su affirmer une belle Ă©nergie qui prend en compte le formidable outil quâest la salle de concert de lâArsenal de Metz ; son acoustique cultive la transparence qui convient idĂ©alement Ă son agencement architecturale intĂ©rieure : dans cet Ă©crin Ă lâĂ©lĂ©gance nĂ©oclassique, Le chef Ă Metz entend dĂ©fendre le rĂ©pertoire du XVIIIĂš musique (Mozart et Haydn), mais aussi la musique romantique française, afin de sĂ©duire et fidĂ©liser tous les publics (surtout ceux toujours frileux Ă lâidĂ©e de pousser les portes de lâinstitution pour y ressentir lâexpĂ©rience orchestrale).
David Reiland dirigeait dĂ©jĂ lâOrchestre messin dans la Symphonie n°40 de Mozart en 2015âŠ
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