COMPTE-RENDU, opéra. Rennes, Opéra, le 8 mai 2021. Johann Strauss fils : Die Fledermaus (La Chauve-Souris). Claude Schnitzler / Jean Lacornerie.

strauss-johann-II-petit-portrait-298-294-640px-Johann_Strauss_II_by_August_Eisenmenger_1888COMPTE-RENDU, opĂ©ra. Rennes, OpĂ©ra, le 8 mai 2021. Johann Strauss fils : Die Fledermaus (La Chauve-Souris). Claude Schnitzler / Jean Lacornerie. Après la rĂ©ussite de son dernier spectacle La Dame Blanche (prĂ©sentĂ© en streaming en partenariat avec de nombreux théâtres en rĂ©gion, dont celui de Compiègne https://www.classiquenews.com/opera-en-ligne-la-dame-blanche-depuis-lopera-de-rennes-streaming/), l’OpĂ©ra de Rennes s’illustre avec bonheur dans une nouvelle coproduction, cette fois consacrĂ©e au chef d’oeuvre de Johann Strauss fils, La Chauve-Souris (1874). Si les contraintes de la pandĂ©mie ne permettent malheureusement pas Ă  Rennes, Angers et Nantes de proposer ce spectacle sur scène cette saison, on peut se consoler avec la diffusion sur grand Ă©cran maintenue dans de nombreuses villes en simultanĂ©, le 9 juin prochain, en Bretagne et Pays de la Loire : http://www.classiquenews.com/rennes-opera-nouvelle-chauve-souris-en-plein-air-9-juin-2021/  -  Photo ci dessus : portrait de Johann STRAUSS II, DR).

C’est lĂ  un Ă©vènement Ă  ne pas manquer, tant le spectacle se montre abouti dans le moindre de ses dĂ©tails : afin de combler les lacunes dramatiques du livret, le directeur de l’OpĂ©ra de Rennes, Matthieu Rietzler, a eu la bonne idĂ©e de faire appel aux bons soins de Jean Lacornerie. Bien lui en a pris, tant l’ancien directeur du Théâtre de la Croix-Rousse Ă  Lyon sait donner ses lettres de noblesse Ă  ce rĂ©pertoire souvent mĂ©sestimĂ©. On se souvient ainsi de l’un des plus beaux spectacles créés par Lacornerie en 2008 avec Lady in the dark de Kurt Weill, nommĂ© aux Molières dans la foulĂ©e, que les directeurs d’opĂ©ra seraient bien inspirĂ©s de reprendre d’urgence. En attendant, loin du foisonnement psychanalytique de la comĂ©die musicale de Weill, l’opĂ©rette de Strauss Ă©tonne par son action minimaliste, qui multiplie les ellipses Ă  l’envi. Dès lors, l’ajout d’un narrateur permet de dĂ©mĂ©ler les fils narratifs en un mĂ©lange d’esprit, de pĂ©dagogie et d’humour, en lien avec la pièce française dont est tirĂ© l’ouvrage. Dans ce rĂ´le de Monsieur Loyal, on retrouve la gouaille Ă©tourdissante de la comĂ©dienne Anne Girouard, Reine Guenièvre bien connue des amateurs de la sĂ©rie tĂ©lĂ©visĂ©e Kaamelott, tout comme des grands metteurs en scène actuels (Richard Brunel, Brigitte Jaques-Wajeman, Anne-Laure LiĂ©geois…) avec lesquels elle travaille rĂ©gulièrement. Au-delĂ  des commentaires sur l’action, Anne Girouard prĂŞte sa voix Ă  chacun des chanteurs dans les dialogues : un tour de force brillant qui permet de s’entourer d’une distribution vocale majoritairement germanophone. A l’exception de la narration regrettable lors de certains interludes orchestraux, ses interventions font mouche tout au long de la soirĂ©e, faisant souvent penser aux outrances dĂ©licieusement impertinente et dĂ©calĂ©e d’un Michel Fau. Dans le mĂŞme temps, Lacornerie s’amuse Ă  multiplier les interactions entre la voix et ses mimes (sans oublier le chef d’orchestre Claude Schnitzler, pris Ă  parti par le dĂ©sopilant Frosch – un rĂ´le Ă©galement interprĂ©tĂ© par Anne Girouard), tout en faisant souffler un vent de malice toujours Ă©lĂ©gant avec de petites saynètes finement stylisĂ©es, donnant Ă  voir le cĂ´tĂ© caricatural des personnages Ă  la manière des automates d’une horloge mĂ©canique.

Sans doute stimulĂ© par les trĂ©sors d’imagination mĂ©lodique de l’ouvrage, le plateau vocal brille de mille feux : compte tenu du nombre important de chanteurs en prĂ©sence, il faut saluer la performance que de rĂ©unir une troupe homogène, aussi Ă  l’aise au niveau vocal que dramatique. Ainsi d’Eleonore Marguerre qui impose une Rosalinde de caractère, bien affirmĂ©e vocalement, et ce malgrĂ© quelques aigus limites, tandis que Stephan Genz fait oublier son timbre terne par un abattage scĂ©nique très Ă  propos. On lui prĂ©fère toutefois la voix ample, ronde et parfaitement projetĂ©e de Thomas Tatzl, et dans une moindre mesure le chant serein de Milos Bulajic, malgrĂ© une Ă©mission Ă©troite. Parmi les autres satisfactions, Claire de SĂ©vignĂ© se distingue dans l’agilitĂ© des vocalises, de mĂŞme que Stephanie Houtzeel et sa belle puissance d’incarnation. Si le choeur de chambre MĂ©lisme(s) assure l’essentiel, il en fait parfois un peu trop dans l’Ă©clat, prenant le dessus sur la direction admirablement nuancĂ©e de Claude Schnitzler. A la tĂŞte d’un Orchestre de Bretagne en formation chambriste, le chef alsacien fait encore une fois l’Ă©talage de sa sensibilitĂ© dans la fluiditĂ© de la narration et la nervositĂ© des relances. Un spectacle Ă  ne manquer sous aucun prĂ©texte, que l’on pourra aussi voir sur les scènes d’Avignon et Toulon, Ă  partir de la fin du mois de juin.

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COMPTE-RENDU, opéra. Paris, Opéra de Rennes, le 8 mai 2021. Johann Strauss fils : Die Fledermaus (La Chauve-Souris). Stephan Genz (Gabriel von Eisenstein), Eleonore Marguerre (Rosalinde), Claire de Sévigné (Adèle), Veronika Seghers (Ida), Milos Bulajic (Alfred), Thomas Tatzl (Dr Falk), François Piolino (Dr Blind), Horst Lamnek (Franck), Stephanie Houtzeel (Prince Orlofsky), Anne Girouard (Narratrice et Frosch). Choeur de chambre Mélisme(s), Gildas Pungier (chef de choeur), Orchestre national de Bretagne, Claude Schnitzler, direction musicale / mise en scène, Jean Lacornerie.

A l’affiche de l’OpĂ©ra de Rennes le 8 mai, Ă  l’OpĂ©ra Grand Avignon (Confluence) les 19 et 20 juin, puis Ă  l’OpĂ©ra de Toulon en juillet 2021.

Diffusion Ă  venir :
France Musique  -  
Les antennes de 9 tĂ©lĂ©visions locales : TVR (Rennes), TĂ©bĂ©o, TĂ©bĂ©sud pour la Bretagne, TLC (Cholet), ViĂ  LMtv Sarthe, TV VendĂ©e, ViĂ  Angers TV, TĂ©lĂ©nantes dans les Pays-de-la-Loire, TV Tours-Val de Loire  -  
Sur les sites web de France 3 Pays-de-la-Loire et France 3 Bretagne
  -  Dans de nombreuses villes des rĂ©gions Bretagne et Pays-de-la-Loire…

RENNES, Opéra : Nouvelle CHAUVE SOURIS en plein air (9 juin 2021)

CHAUVE SOURIS JUIN 2021 OPERA DE RENNES Chauve sourisRENNES, OpĂ©ra. Le 9 juin 2021. Johann Strauss : La Chauve Souris. Nouvelle production. PrivĂ© de son public habituel, l’OpĂ©ra de Rennes, prĂ©sente ce nouveau spectacle sous la forme d’une projection filmĂ©e sur grands Ă©crans Ă  l’extĂ©rieur en Bretagne et en Pays de la Loire dès que la situation sanitaire le permettra, et diffusĂ©e aussi sur les chaĂ®nes de France Musique et France TĂ©lĂ©vision. A RENNES : projection en plein air gratuite mercredi 9 juin 2021, 20h – théâtre de verdure du parc du Thabor.
PLUS D’INFOS ici :
https://www.opera-rennes.fr/fr/evenement/la-chauve-souris-sur-ecrans

Inspiré d’une pièce française (le Réveillon) signée des librettistes de Carmen, Meilhac et Halévy, Die Fledermaus (La Chauve-Souris) reste l’opéra majeur de Johann Strauss fils. Le roi de la valse et de l’opérette viennoise signe un chef d’œuvre qui touche moins par sa légèreté redoutable que sa profondeur et cette nostalgie toute viennoise qui en fait un ouvrage irrésistible.

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strauss-johann-II-petit-portrait-298-294-640px-Johann_Strauss_II_by_August_Eisenmenger_1888Synopsis… Profitant du bal masquĂ© offert en son palais viennois par le Prince Orlofsky, le Docteur Falke Ă©chaffaude un plan machiavĂ©lique pour se venger de son « ami » Eisenstein. Sans illusion sur la barbarie humaine lorsqu’il est question de règlement de compte, Strauss offre un miroir sur une sociĂ©tĂ© corrompue et perverse (voire raciste et antisĂ©mite comme d’autres mises en scènes l’ont montrĂ© / cf Colline Serreau Ă  l’OpĂ©ra de Paris) : Strauss allie avec une grâce infinie sur le plan musical, paillettes, champagne et cynisme, offrant des situations cocasses voire dĂ©lirantes, propices Ă  l’essor du drame.
johann-strauss-chauve-souris-opera-de-rennes-lacornerie-schnitzler-critique-opera-classiquenewsLe metteur en scène Jean Lacornerie choisit la version originale allemande ; son option est d’éclairer le propos grâce Ă  la narration en français de la comĂ©dienne Anne Girouard. Le cast dirigĂ© par Claude Schnitzler, fidèle de l’OpĂ©ra de Rennes, et grand habituĂ© de l’œuvre (pour l’avoir dirigĂ©e au Volksoper de Vienne, temple de l’opĂ©rette viennoise) rĂ©unit une distribution de chanteurs germaniques, allemands et autrichiens. Sous la finesse et l’extrĂŞme Ă©lĂ©gance de la parure musicale, Strauss se rĂ©vèle dramaturge pertinent, voire d’une mordante luciditĂ© sur le genre humain et les ressorts vĂ©ritables des relations sociales (calcul, mensonge, manipulations, duplicitĂ© et exploitation…) : « C’est une espèce de rĂŞve Ă©veillĂ© qui est pour moi comme la danse sur le volcan. C’est la fin d’une Ă©poque et d’une civilisation de fĂŞte et de plaisir qui masque une rĂ©alitĂ© beaucoup plus cruelle «  indique le chef Claude Schnitzler. Toujours l’ouvrage dĂ©ploie une orchestration somptueuse, des airs lyriques d’une grâce absolue (Strauss avait le gĂ©nie de la mĂ©lodie). La production prĂ©sentĂ©e Ă  l’OpĂ©ra de Rennes propose une version rĂ©duite pour orchestre de 20 musiciens : effectif prĂ©servĂ© pour restituer couleurs et finesse des accents dans le respect des mesures sanitaires requises actuellement. Prochaines dates de diffusion Ă  suivre. Photo : Portrait de Johann Strauss II – production de La Chauve Souris / OpĂ©ra de Rennes (DR).

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Claude Schnitzler, direction musicale
Jean Lacornerie, mise en scène

Orchestre National de Bretagne
Chœur de chambre Mélisme(s)

Stephan Genz : Gabriel von Eisenstein
Eleonore Marguerre : Rosalinde, son épouse
Claire de Sévigné : Adèle, servante de Rosalinde
Veronika Seghers: Ida, sœur d’Adèle
Milos Bulajic : Alfred, un maître de chant
Thomas Tatzl : Dr Falk, un notaire
François Piolino : Dr Blind, un avocat
Horst Lamnek : Franck, un gouverneur de prison
Stephanie Houtzeel : Prince Orlofsky, un noble russe
Anne Girouard : Narratrice et Frosch

A l’origine 17 représentations étaient
prévues, dont 12 en Bretagne et Pays de la
Loire

La Chauve Souris
Opérette viennoise en trois actes
1874 – Livret de Richard GenĂ©e et
Carl Haffner d’après le Réveillon
de Henri Meilhac et Ludovic Halévy
Durée 2h15
opéra chanté en allemand et
surtitré en français

Diffusion Ă  venir :
France Musique
Les antennes de 9 télévisions locales : TVR (Rennes), Tébéo, Tébésud pour la Bretagne, TLC
(Cholet), Vià LMtv Sarthe, TV Vendée, ViàAngers TV, Télénantes dans les Pays-de-la-Loire, TV
Tours-Val de Loire
Sur les sites web de France 3 Pays-de-la-Loire et France 3 Bretagne
Dans de nombreuses villes des régions Bretagne et Pays-de-la-Loire

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LIRE aussi la critique opéra La CHAUVE SOURIS Opéra de Rennes par notre rédacteur Florent Coudeyrat (8 mai 2021):

strauss-johann-II-petit-portrait-298-294-640px-Johann_Strauss_II_by_August_Eisenmenger_1888COMPTE-RENDU, opéra. Rennes, Opéra, le 8 mai 2021. Johann Strauss fils : Die Fledermaus (La Chauve-Souris). Claude Schnitzler / Jean Lacornerie. Après la réussite de son dernier spectacle La Dame Blanche (présenté en streaming en partenariat avec de nombreux théâtres en région, dont celui de Compiègne https://www.classiquenews.com/opera-en-ligne-la-dame-blanche-depuis-lopera-de-rennes-streaming/), l’Opéra de Rennes s’illustre avec bonheur dans une nouvelle coproduction, cette fois consacrée au chef d’oeuvre de Johann Strauss fils, La Chauve-Souris (1874). Si les contraintes de la pandémie ne permettent malheureusement pas à Rennes, Angers et Nantes de proposer ce spectacle sur scène cette saison, on peut se consoler avec la diffusion sur grand écran maintenue dans de nombreuses villes en simultané, le 9 juin prochain, en Bretagne et Pays de la Loire : http://www.classiquenews.com/rennes-opera-nouvelle-chauve-souris-en-plein-air-9-juin-2021/  -  Photo ci dessus : portrait de Johann STRAUSS II, DR).

COMPTE RENDU, critique, concert. TOURS, Opéra, le 11 janvier 2020. Concert du nouvel An, OSRCVLT, Benjamin Pionnier. Strauss, Tchaikovsky, Brahms…

Benjamin Pionnier, nouveau directeur de l'OpĂ©ra de ToursCOMPTE-RENDU, critique, concert. TOURS, OpĂ©ra, le 11 janvier 2020. Concert du nouvel An, OSRCVLT, Benjamin Pionnier. Strauss, Tchaikovsky, Brahms… Superbe soirĂ©e qui donne du baume au cĹ“ur en ce dĂ©but d’annĂ©e 2020 Ă  Tours. Le chef Benjamin Pionnier, directeur gĂ©nĂ©ral de l’OpĂ©ra de Tours, poursuit son travail avec les musiciens maison ; une collaboration qui est marquĂ©e par un Ă©largissement significatif du rĂ©pertoire ; par l’accroissement de l’expĂ©rience musicale grâce Ă  l’invitation faite Ă  d’autres chefs invitĂ©s aux profils variĂ©s, ce qui est toujours profitable pour rĂ©duire les effets de la routine ; par des actions nouvelles vers les jeunes publics (l’OpĂ©ra de Tours a Ă©tĂ© l’un des premiers Ă©tablissements lyriques Ă  lancer les « concerts bĂ©bé » … depuis lors, complets tout au long de la saison)…
Ce soir, c’est l’esprit viennois et la magie des valses des Strauss, père et fils qui s’exportent de Vienne à Tours. Il faut toute la première partie (Ouverture des Joyeuses Commères de Windsor de Nicolai, Suite de Casse-Noisette opus 71, …) pour chauffer les instruments, pour que le collectif atteigne une volubilité expressive, une évidente légèreté.
Ce n’est pourtant pas la direction du chef, claire et prĂ©cise qui manque d’entrain. D’autant que le programme Ă©gale en rĂ©alitĂ© le concept sur mĂ©diatisĂ© du concert du nouvel an Ă  Vienne ; le directeur de l’OpĂ©ra de Tours inaugure mĂŞme un cycle totalement viennois ou règnent Ă©videmment la facĂ©tie heureuse, l’énergie hyper Ă©lĂ©gante des deux Strauss lĂ©gendaires, Johann 1 et 2, le père et le fils. Tradition instituĂ©e par le Philharmonique de Vienne, dans la salle dorĂ©e du Musikverein chaque 1er janvier (depuis 1939), les deux totems, universellement connus et lĂ©gitimement cĂ©lĂ©brĂ©s, « le Beau Danube bleu », du fils ; puis « la Marche de Radetsky », du père sont jouĂ©s et enchainĂ©s ce soir Ă  Tours en sĂ©quence finale ; le chef conduisant mĂŞme le public rĂ©joui, prĂŞt Ă  rĂ©aliser sa claque d’encouragement (comme Ă  Vienne), mais en respectant aux bons moments, les nuances piano et forte.

 

 

 

Valses viennoises Ă  Tours

 
 

 
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Les Danses hongroises (5 et 6) de Brahms ouvrent ainsi le bal dans la nervosité quasi électrique, sachant caractériser avec la souplesse requise les superbes effets de contrastes. Enfin une certaine urgence se fait entendre, conférant au concert ce rayonnement sonore et cette intensité, souhaités.

On se dĂ©lecte dans la mĂŞme mesure de la Polka opus 330 de Johann 2 intitulĂ©e « Fata Morgana », rarement donnĂ©e et qui rappelle combien les valses du fils redoublent d’intelligence dramatique, d’imagination, … en une Ă©criture foisonnante de pĂ©ripĂ©ties expressives, servies par une orchestration des plus raffinĂ©es. C’est bien un rĂ©servoir d’idĂ©es et de nuances qui pourraient davantage ĂŞtre dĂ©veloppĂ©es dans ce qui s’affirme ĂŞtre un vrai poème symphonique (plus esquissĂ© que longuement dĂ©ployĂ©).
La vivacitĂ© du chef fait merveille dans une autre pĂ©pite symphonique, celle-ci plus cĂ©lèbre, la Polka rapide opus 324, autre chef d’oeuvre de Johann fils, tableau climatique dont l’entrain irrĂ©pressible, la verve rĂ©jouissante, suscitent de très efficaces effets de tonnerre et d’Ă©clairs, comme le rappelle le chef au prĂ©alable, s’adressant au public.

 

 

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Avec « Sang Viennois » / Wiener Blut (1873), le même Johann fils atteint une suavité mélodique d’une rare élégance là encore, dont l’exposé préliminaire réservé aux seules cordes annonce la grâce d’un autre Strauss (mais qui n’a rien à voir avec la famille des faiseurs de valses), Richard. Difficile d’imaginer que c’est avec ce standard depuis lors célébré que Johann Strauss dirige pour la première fois, le Philharmonique de Vienne, jusque là rétif à jouer ses partitions (!).

VoilĂ  qui inscrit dĂ©finitivement Johann Strauss 2, parmi les plus grands crĂ©ateurs symphoniques et lyriques ; et c’est bien sur ses deux activitĂ©s que reposent aujourd’hui la force expressive comme l’habiletĂ© de l’Orchestre de l’OpĂ©ra de Tours dont le chef directeur prend soin de cultiver l’appĂ©tence. La programmation en cours le montre bien, diversitĂ© de la saison lyrique, passant par exemple du prochain Barbier de SĂ©ville de Rossini (fin janvier 2020) Ă  Powder her face de Thomas Hades (en avril) ; mĂŞme exigence pour la saison symphonique qui renforce un Ă©clectisme inĂ©dit comme formateur pour les instrumentistes sans omettre la diffusion des programmes sur le territoire. La ville de Tours et la rĂ©gion Centre-Val de Loire dont l’Orchestre porte le nom, ont bien de la chance de pouvoir compter aujourd’hui avec un tel acteur culturel. Ce soir, Ă  l’initiative de Benjamin Pionnier, les tourangeaux ont fĂŞtĂ© la nouvelle annĂ©e dans l’énergie, la souplesse, l’élĂ©gance, grâce Ă  ce programme qui semblait venir directement du Musikverien de Vienne. Une suggestion : comme il aurait Ă©tĂ© apprĂ©ciĂ© que soit jouer aussi Offenbach dont le sourire et la finesse Ă©taient admirĂ©s de Johann Strauss II son contemporain; d’autant que Benjamin Pionnier a su crĂ©er la première mondiale en français de son opĂ©ra Les FĂ©es du Rhin de 1864 (jusque lĂ  connu dans sa version viennoise)… C’était en octobre 2018, un Ă©vĂ©nement lyrique qui reste mĂ©morable. A suivre.

 

 

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COMPTE-RENDU, critique, concert. TOURS, Opéra, le 11 janvier 2020. Concert du nouvel An, OSRCVLT, Benjamin Pionnier. Strauss, Tchaikovsky, Brahms… Illustrations / photos : © Opéra de Tours 2020

 

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Agenda 2020

Prochains Ă©vĂ©nements Ă  l’OpĂ©ra de Tours : Le Barbier de SĂ©ville de Rossini, 29 janv – 2 fĂ©v 2020. B. Pionnier, direction / L. Pelly, mise en scène (avec Guillaume Andrieux, Anna Bonitatibus, Patrick Kabongo…).
Concert Beethoven (Symphonie n°8 en fa majeur, Op.93 ; Air de concert pour soprano et orchestre « Primo Amore » ; Egmont, Ouverture et musique de scène pour le drame de Goethe, Op. 84, avec Marie Perbost, soprano et Jacques Vincey, rĂ©citant – sam 8 et dim 9 fĂ©vrier 2020) – Ă©vĂ©nement pour les 250 ans de Beethoven

Infos & Réservations : http://www.operadetours.fr

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Vidéo

 

 


L'Opéra de TOURS réussit la création mondiale des Fées du Rhin d'OffenbachVOIR notre reportage : TOURS, Opéra. Offenbach : Les Fées. Les 28, 30 septembre, 2 oct 2018. Dans Les Fées, Offenbach dévoile déjà son génie de la mélodie, sa puissante inspiration, un talent de dramaturge qui sait traiter le genre “noble” du grand opéra, avec chœur omniprésent, duos amoureux, trios cyniques et diaboliques, confrontations multiples entre soldats crapuleux et villageois sans défense, sans omettre le ballet et aussi, sujet oblige, un tableau onirique et fantastique, surnaturel et magique (le Rocher des Elfes au III). La création de la version française (car Les fées n’ont jamais été jouées en France du vivant de l’auteur), est en soi un événement lyrique, réalisé par l’Opéra de Tours. L’ouvrage ainsi dévoilé, devrait révéler avant Les Contes d’Hoffmann, le talent d’un Offenbach déjà en 1864, passionné par la féerie…
http://www.classiquenews.com/video-reportage-opera-de-tours-creation-mondiale-des-fees-du-rhin-de-j-offenbach-1864/

Illustrations : © classiquenews 2020

 
 

  

 

Valses de Vienne à LILLE et en Région

©matheuz_328px_18-19LILLE, NORD, les Valses des Strauss, ONL,13 déc>15 janv 2019. Le père né en 1804, le dernier fils mort en 1899… la famille STRAUSS couvre ainsi tout un siècle, que l’on dit romantique et qui fut aussi marqué par l’essor formidable de l’écriture orchestrale, adaptée au cadre stimulant de la Valse. La Vienne fin de siècle, semble donner le ton et le diapason de l’élégance et du raffinement social et mondain.

 

 

 

strauss-johann-II-petit-portrait-298-294-640px-Johann_Strauss_II_by_August_Eisenmenger_1888Parfum impérial et fané, mais terriblement raffiné, comme singulièrement sensuel – malgré un puritanisme de façade, comme en Angleterre (autre Empire), où le corseté des robes et des costumes masculins se devaient de craquer, dans la danse sublimée par les Strauss, père et fils : la sulfureuse valse à trois temps s’impose toujours à nous comme une ivresse irrésistible, codifiée mais sublimée par les timbres de l’orchestre symphonique.
Pour donner corps à cette jubilation des sens, en couleurs et en rythmes contrastés et spécifiques, selon l’écriture du père ou des fils (Johann, Edouard, Josef…), l’Orchestre National de Lille invite le chef Diego Matheus pour un cycle enivrant de concerts festifs et raffinés, qui comprend 3 dates à Lille, les 13, 16 et 18 déc (Auditorium du Nouveau Siècle), et aussi rayonnant en région, pour 6 dates, les 14 (Carvin), 15 (Sainghin-en-Mélantois, 19 (Valenciennes), 20 décembre (Maubeuge), puis 4 janvier (Sin-le-Noble), et 5 janvier 2019 (Longuenesse). Illustration : Johann II Strauss (DR)

 

 

 

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Cycle BAL DE L’EMPEREURboutonreservation
La Marche de Radetzky (Johann père)
Le Beau Danube bleu (Johann fils)
Valses et polkas des Strauss, père et fils
(Johann, Josef, Eduard, Hellmesberger, Lanner, Suppé, Waldteufel…)

LILLE, Nouveau Siècle
jeudi 13 déc 2018, 20h
dim 16 déc 2018, 17h
mardi 18 déc 2018, 20h

Toutes les infos sur le site de l’Orchestre National de Lille
http://www.onlille.com/saison_18-19/concert/bal-de-lempereur/

 

 
 

 

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A NOTER
ThĂ© dansant, dim 16 dĂ©c 2018, 15h (Lille, Nouveau Siècle). Pour danseurs tous niveaux, chevronnĂ©s, amateurs, novices : « partagez un tour de piste » – accès gratuit selon disponibilitĂ© (rĂ©servations, informations conseillĂ©es)

Pour la billetterie des concerts en rĂ©gion, consultez la page BAL DE L â€EMPEREUR sur le site de l’Orchestre National de Lille : les rĂ©servations se font directement auprès des salles

Orchestre National de Lille
30 Place Mendès France BP 70119 / 59027 Lille cedex
+33 (0)3 20 12 82 40
Accueil-billetterie : 3 place Mendès France
Ouvert du lundi au vendredi de 10h Ă  18h

 

 
 

 

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UNE AFFAIRE DE FAMILLE… D’un gĂ©nie orchestrateur, Ă©mergent les pĂ©pites du fils (Johann II) : Le Beau Danube bleu (1867), La valse de l’Empereur : vĂ©ritable manifeste esthĂ©tique de la Vienne impĂ©riale de François-Joseph et de son Ă©pouse « Sissi ». Si les trois temps assurent le rebond et l’élan (du dĂ©sir ainsi amorcĂ©, cultivĂ©, porté…), le quatrième qui en est dĂ©duit, se fait toujours attendre… car il ne vient pas. Cette irrĂ©solution cristallise la pulsion première, viscĂ©rale d’une danse – transe, Ă  l’érotisme Ă©vident et qui en son temps, fut taxĂ© d’abord, de perversitĂ©, d’immoralitĂ©, d’indĂ©cence.

Mais le fils bénéficia de la gloire déjà établie du nom Strauss, affirmé par son père avant lui (Johnn I); après avoir enfanté d’un chef d’oeuvre qui évoque aussi l’esprit de toute une époque, la fameuse Marche de Radetsky (pour la fête de la réconciliation, le 22 sept 1849, pour le retour d’Italie du fameux maréchal), Johann père meurt le 25 septembre 1849 à … 45 ans. Une gloire chasse l’autre,… c’est ensuite dans la seconde moitié du XIXè, que le fils détrôna le père, redoublant de raffinement orchestral, de verve et d’imagination ciselées (à partir d’un concert tremplin au Casino Dommayer, le 15 octobre 1844), réécrivant désormais le roman familial aussi, car c’et bien Johann Strauss II qui supplanta tous les autres, obligeant même son frère Josef à reprendre la direction de l’orchestre du clan, pilotant les tournées de plus en plus éreintantes, il devait mourir de surmenage à 43 ans…

 

 
 

 

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LIRE aussi notre critique complète de l’excellent ouvrage JOHANN STRAUSS (Actes Sud / oct 2017)

http://www.classiquenews.com/livre-critique-compte-rendu-johann-strauss-le-pere-le-fils-et-lesprit-de-la-valse-par-alain-duault-collection-classica-actes-sud/

Concert, compte rendu critique. Vienne, Concert du Nouvel An 2016. En direct sur France 2. Vendredi 1er janvier 2016. Wiener Philharmoniker, Mariss Jansons, direction. Valses de Strauss johann I, II; Josef ; Eduard. Waldtaufel…

mariss-jansons_c_jpg_681x349_crop_upscale_q95Concert, compte rendu critique. Vienne, Concert du Nouvel An 2016. En direct sur France 2. Vendredi 1er janvier 2016. En direct de la Philharmonie viennoise, le Konzerthaus, le concert du nouvel An réalise un rêve cathodique et solidaire : succès planétaire depuis des décennies pour ce rendez vous diffusé en direct par toutes les chaînes nationales du monde et qui le temps des fêtes, rassemblent toutes les espérances du monde, en une très large diffusion pour le plus grand nombre (les places sont vendues à un prix exorbitant destiné aux fortunés de la planète) pour un temps meilleur riche en promesses de bonheur. Cette année c’est le chef Mariss Jansons, maestro letton (résident à Saint-Pétersbourg), autant lyrique que symphonique bien trempé qui dirige les divins instrumentistes viennois, ceux du plus subtil des orchestres mondiaux et qui pour l’événement célèbre l’insouciance par la finesse et l’élégance, celle des valses des Strauss, Johann père et fils bien sûr, ce dernier particulièrement à l’honneur, et aussi Joef et Eduard ses frères (tout aussi talentueux que leur ainé), Eduard dont 2016 marque le centenaire. Affaibli par une maladie tenace, Jansons a récemment quitté le Concergebouw d’Amsterdam et a réduit considérablement la voilure, amenuisant le nombre de ses concerts annuels… Privilégiés, les Viennois le retrouvent ainsi, pour sa 3ème session à la tête des Wiener Philharmoniker, à l’occasion de ce 3ème Concert du Nouvel An avec lui. Pourtant lors de ce programme réjouissant où a résonné parmi l’effervescence straussienne, la frénésie mordante et nerveuse, racée et tendue de Chabrier (Espana remise en forme sous l’aspect d’une suite de Valse par Waldteufel), c’est un maestro très solide et d’une suggestivité dans les morceaux le plus poétiques qui s’est affirmé pour le plus grand plaisir de l’audience et des instrumentistes. Nerf, souplesse mais surtout de notre point de vue, retenue introspective et rêveuse, pourtant idéalement préservée (« pas de sucre sur le miel » selon le chef, très avisé, et donc à juste titre partisan d’un jeu sobre et d’un style économe).
Formé à Leningrad puis à Vienne, Mariss Jansons a derechef démontrer son étonnante maîtrise de la direction, dans un programme original, malgré le rituel et le déjà vu propre à la cérémonie cathodique diffusée en mondiovision, entre sensibilité sûre et finesse suggestive. Un modèle de direction.

C’est d’abord Robert Stolz (compositeur de musique légère port en 1975) et sa « Uno-Marsch », partition choisie pour célébrer les 70 ans des Nations Unies (la présence de Ben Kimoon a été remarqué par les caméras assurant la réalisation) : affirmation festive et martiale, esprit de parade,… et grâce au chef, d’emblée finesse d’orchestration (piccolo, triangle, cuivres et trompettes…). Surgit immédiatement par les couleurs et les rythmes de l’orchestre, le chatoiement dynamique d’une rue pavoisée, celle des célébrations populaires et collectives…

 

 

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De Johann Strauss fils (II), Jansons joue ensuite plusieurs morceaux plus dans le thème du concert et de l’occurence. Schatz-Walzer. opus 418 ou la Valse du trésor, extrait de Baron Tzigane : sonne comme une romance mélancolique (cordes aux rythmes entraînants). Le Concert du Nouvel mieux que dans la salle, se délecte à la télé (éventuellement coupe de champagne à la main) : le réalisateur comme chaque année s’en donne à cœur joie : osant des raccourcis, des vues vertigineusess, et toujours propre au kitsch viennois, la multitude des bancs de fleurs fraâiches (la rose est très exposée cette année), au premier plan… Sur le dvd du concert, déjà annoncé chez Sony classical le 9 janvier prochain, le spectateur pourra mesurer les vertus de la réalisation : vues serrées sur les cariatides de la salle, ou les caissons peints du plafond du splendide rectangle doré… Dans cette partition, le grotesque, le fantasque voisinent avec la finesse mélancolique de la valse en une succession d’épisodes intensément dramatiques car le morceau s’inscrit dans la continuité d’une opérette, comme peut l’être l’ouverture irrésistible de la Chauve Souris.

Puis c’est Violetta, Polka française, op. 404 où le rythme trinaire fait place à une musique binaire ; cette première Polka est lente : rythmée astucieusement par la caisse claire. Redevable au geste clair et sans enflures de Jansons, les superbes ralentis stylés, où cuivres, vents et bois s’accordent aux cordes enivrées… avec l’éclat lumineux de la flûte au chant continu. Ce qui frappe d’emblée chez Johann II, c’est comme pour ses frères, le raffinement de la sonorité, dû à la richesse très réfléchie de l’orchestration. La seconde Polka du même (Vergnügungszug. Polka, schnell, op. 281) évoque le Train de plaisir ; polka plus rapide, l’entrain des instrumentistes exprime le galop de la machine, la loco vapeur, emblème de toute une société récemment industrielle, ivre de sensations nouvelles liées à la vitesse nouvellement maîtrisée.

Au chapitre des compositeurs moins connus, Carl Michael Ziehrer, mort en 1922, paraĂ®t avec sa Weaner Madl’n Walzer (Valse des jeunes filles de Vienne) op. 388. Pas sĂ»r que les Strauss (surtout le plus menacĂ©, Edi ou Eduard, le cadet de la fratrie) aient Ă©tĂ© flattĂ©s de voir le compositeur au programme de leur concert, car Ziehrer fut un rival redoutable pour le dernier Strauss Ă  entretenir la flamme de l’orchestre familial… Ici l’art du sifflement par les musiciens eux-mĂŞmes (sur un tapis de harpe) en est la composante – effet de surprise recherchĂ©-, principale : les jeunes filles de Vienne y sont donc sifflĂ©es avec un tact et une nuance comique irrĂ©sistible. La sĂ©duction de la partition s’impose dès le dĂ©but en une aube instrumentale pleine de finesse entonnĂ©e d’abord par les clarinettes…

Rival de Ziehrer donc, Eduard Strauss reparaît avec Mit Extrapost. Galopp, op. 259 (le courrier express). C’est le frère le plus talentueux, et pourtant moins connu aujourd’hui que Johann ou Josef… : sa polka sur le courrier express, affirme une maîtrise éblouissante du galop en une finesse d’orchestration spécifique (qui avait été l’an dernier, la révélation du concert du Nouvel An 2015). Pour la réalisation visuelle du concert, les producteurs cultivent toujours un sens de la mise en scène pleine de facétie (parfois un rien potache) : avant que le chef n’entame les premières mesures, un postier apporte la baguette de Johann fils lui-même : finesse, subtilité, clarté, sens de l’élégance supérieure à tout ce qui a été écouté jusque là. Culminant par son entrain au sommet de l’orchestre, le chant du Piccolo indique un
tourbillon, une ivresse, une transe instrumentale jamais lourde ni appuyée. Du grand art.

Après l’entracte, retour à l’orchestration expressive et raffinée des Strauss père et fils.

De Johann Strauss II, les spectateurs savourent la diversité dramatique de l’Ouvertüre zu Eine Nacht in Venedig (Wiener Fassung) / Ouverture d’une nuit à Venise : scintillement dramatique lié au drame qui s’ouvre ici : marche entraînante puis carnaval bariolé où le génie de Johann II maîtrise l’art de chauffer à blanc tous les pupitres dans un galop de plus en plus entraînant avec un succession d’épisodes dramatiques, finement caractérisés, d’une allégresse soutenue, libérée, entre malice et nostalgie. Une combinaison poétique délicate dont Jansons comprend la subtilité mécanique.

D’Eduard Strauss, Ausser Rand und Band. Polka schnell, op. 168, chef et musiciens éclairent l’allant irrépressible de la Polka (mot à mot « déchainée »). L’orchestre atteint une ivresse et une transe lumineuse et scintillante … avec pour les téléspectateurs, les danseurs du ballet de l’Opéra de Vienne, qui exprime la frénésie de la vie industrielle dans l’hippodrome viennois.

 

 

 

Le 1er janvier 2016, le letton Mariss Jansons dirige le concert du Nouvel An Ă  Vienne

Mariss Jansons,
un chef inspiré au sommet de l’élégance viennoise

 

 

JANSSONS-320-JANSONS-MARISS-nouvel-an-2016-konzert-wien-presentation-classiquenews-jansons1002_marco_borggreve_hochSphärenklänge.Walzer, op. 235 ou Musique des sphères de Josef Strauß est l’une des révélations de ce programme mêlant brio et poésie. La partition est un bijou joué en pianissimos, d’où jaillit une valse d’une finesse allusive, comme l’éveil d’une belle endormie. Jansons convainc par ses apports spécifiques, cette finesse naturelle dans la poésie du lointain, dirigée avec une intelligence des nuances et une sensibilité intérieure idéale. Le morceau est bien celle d’un esthète doué d’un goût très juste : Josef Strauss était ingénieur, poète, peintre, et donc compositeur comme ses frères, Johann et Eduard.Pour rompre avec la succession symphonique ordinaire, Jansons joue la carte de la complémentarité non sans pertinence : il a réclamé le concours des Petits chanteurs de Vienne, institution autrichienne qui chantent ici deux polkas. N’oublions pas que la mélodie du Beau Danube Bleue fut d’abord conçue comme un chant choral pour voix d’hommes avant de devenir la célèbre valse que l’on sait. Rien de plus naturel donc que de programmer les deux Polkas chantées : Johann Strauss II : Sängerslust. Polka francaise, op. 328, puis Josef Strauss : Auf Ferienreisen. Polka schnell, op. 133 / En voyage de vacances.

Puis après la musique pour entracte de Fürstin Ninetta – Entr’acte zwischen 2. und 3. Akt, d’une intériorité tendre pour laquelle le chef dirige mains nues comme pour donner plus de coeur (valse scintillante et pudique, frappante elle aussi par la magie de ses plans lointains d’une admirable expressivité, mélancolique), Mariss Jansons offre un beau contraste stylistique. Aux côtés des élégants Viennois, voici le meilleur représentant de la valse française, favori d el’Empereur Napoléon III, Émile Waldteufel, avec España, valse op. 236 : inspirée par les thèmes de Chabrier, la valse de Waldteufel impose une classe folle : dramatique, racée, nerveuse et pourtant elle aussi d’une élégance et d’un maintien héroïque, frétillant comme une parade enjouée, populaire, l’ivresse d’une tauromachie scintillante et même insolente… Nouvel épisode scénique : le cymbalier évente ses confrères et aussi une partie du public située derrière eux… Nerveuse, colorée, plein de caractère, la séquence éblouit par son chien et le tempérament que sait insuffler le maestro. L’énergie est brillante et le panache, somptueux.

Enfin, voici le volet final du programme, après deux courtes séquences, très contrastées l’une à l’autre : Seufzer-Galopp, op. 9 de Johann Strauss père (sa première incursion avant la marche de Radetzky) : galop vif et pétillant, plein d’un humour déjanté avec en contrepoint, les 4 phrases d’une mécanique endormie (entonné par les musiciens) : les soupirs justement de ce « galop des soupirs ».
Puis c’est la fameuse libellule de Josef Strauss (Die Libelle. Polka mazur, op. 204) : polka mesurée et rêveuse, expressive mais tendre, entre mélancolie, noblesse, où la vibration suspendue dominante vient des bois (clarinettes en particulier… qui tel un bourdonnement calibré exprime le vol frémissant et saccadé de la libellule). Là encore la finesse suggestive du chef d’une flexibilité poétique très convaincante, enchante.

Pour finir, le concert mêle le visuel et la musique, soit l’orchestre et les danseurs dans l’indémodable Valse de l’Empereur / Kaiser-Walzer, op. 437. Les danseurs de l’Opéra de Vienne sont à Schönnbrun. Dans les salons puis dans les jardins illuminés du Versailles autrichien, c’est un rêve éveillé (et donc dansé) ou une nuit d’ivresse amoureuse ; les 10 danseurs, hommes et femmes s’enivrent ; les couples se forment et se défend au gré du parcours… le blond dérobe aux autres toutes les belles dans un décapotable, le petit matin venu. Avec une vue sur le Belvédère des plus enchanteresses… La réalisation est particulièrement soignée demandant des danseurs, les vertus d’excellents acteurs. Avouons que nous aimons aussi chaque Concert du Nouvel An à Vienne pour la créativité affichée du Ballet de l’Opéra.

Enfin, après une ultime Polka (Auf der Jagd. Polka schnell, op. 373), c’est à dire « A la chasse » : polka très entraînante ou tomber de rideau plein de pétillante frénésie (et vrai hymne à l’ivresse collective), voici celui que l’on attend tous, morceau de bravoure pour l’orchestre et son chef invité, d’un charme fluvial et liquide inusable : Le Beau Danube Bleu de Johann II. Là encore le cérémoniel prend le dessus… Après avoir entonné les premières mesures, le chef s’arrête, se tourne vers le public et lance les vœux de bonne nouvelle année (entonné par tous les instrumentistes et fortissimo), pour un Beau Danube Bleu, parmi les plus enivrants jamais écoutés sous le plafond doré : allusive, nerveuse, palpitante, aux équilibres millimétrés, la direction éblouit par sa cohérence poétique et organique. Attentif aux couleurs et à aux scintillements de timbres, le chef s’est dépassé plus encore qu’en début et milieu de programme. Sa maîtrise personnelle des plans sonores, qui évidemment rappellent l’immense chef lyrique, réorganise la perception du paysage orchestral chez Strauss avec une stimulante excitation. C’est un feu d’artifice idéal pour cette conclusion symphonique (avec pour les téléspectateurs, des nombreuses vues des villes situées sur les rives du Danube).

jansons-mariss-concert-du-nouvel-an-2016Enfin, tout Concert du Nouvel An ne serait pas réussi s’il n’était… interactif. La Marche de Radetzki, de Johann Père permet au public de frapper des mains au rythme de l’orchestre et sous la conduite complice du chef : l’exercice est devenu un poncif du concert, particulièrement apprécié des spectateurs et idéalement télégénique. La partition de Johann père, célèbre la victoire autrichienne contre les Piémontais en 1848. Retour donc, en un mouvement symétrique qui rétablit l’équilibre du cycle, à l’esprit de marche militaire (mais ô combien sublimé) entonné au début, en hommage aux Nations unies. La frénésie d’une parade populaire, porté par l’enthousiasme de l’armée victorieuse s’épanouit…le chef s’est éclipsé un moment laissant tout l’orchestre joué seul, puis revient baguette en mains, salué par un public debout, ravi, conquis, énergisé pour l’année nouvelle 2016. Bravo maestro. DVD et CD du concert du Nouvel An à Vienne 2016 sont annoncés chez Sony classical le 9 janvier 2016.

CD. Nikolaus Harnoncourt. Johann Strauss II (7 cd Warner classics)

Johann-Strauss-II-par-Nikolaus-Harnoncourt_Nikolaus Harnoncourt. Johann Strauss II (7 cd Warner classics) coffret boxCD. Nikolaus Harnoncourt. Johann Strauss II (7 cd Warner classics). Harnoncourt s’est expliqué longuement sur le sujet : né allemand mais viennois jusqu’au bout de la baguette, le chef berlinois, 85 ans en 2015, porte en lui cette élégance autrichienne, fine combinaison entre élégance et danses populaires, raffinement et … rusticité. Inspiré par les mélodies de la rue comme les danses traditionnelles, Johann II Strauss (1825-1899), roi de la valse, s’inscrit dans la tradition d’un Schubert, et avant lui de Haydn et de Mozart. Le maestro si convaincant chez Monteverdi et nombre de compositeurs baroques dont il aura renouvelé l’approche avec ses musiciens du Concentus Musicus,- mais aussi Mozart ou Beethoven : Harnoncourt depuis toujours défend un Strauss concrètement… rustique et élégantissime.

Nouvelle Chauve Souris Ă  l'OpĂ©ra de ToursC’est toute la valeur du coffret de 7cd Warner : premier hommage Ă  celui qui reste Ă  plus de 80 ans, d’une audace et d’une exigence absolues, infiniment plus visionnaire encore que bon nombre de ses hĂ©ritiers et disciples, « suiveurs » de la 2,3è et 4è gĂ©nĂ©rations d’interprètes. Les Gustav Leonhardt et Frans BrĂĽggen sont partis ; reste Harnoncourt (et ses cadets parmi lesquels le plus actif William Christie), vĂ©ritables dĂ©tenteurs d’un regard sans concession, – et depuis plus de 30 ans-, argumentĂ©, original, lĂ©gitime et constamment critique sur les rĂ©pertoires choisis. Harnoncourt, Christie n’incarnent pas seulement une sonoritĂ©, un hĂ©ritage musical fabuleux, ils transmettent aussi une esthĂ©tique et un mode de travail dĂ©sormais inĂ©vitable, dont la justesse devrait mieux inspirer la plupart des orchestres modernes (si routiniers, si pĂ©pères et sans surprise…).

Le coffret rĂ©unit deux opĂ©ras-opĂ©rettes : l’ineffable et si subtile Chauve souris enregistrĂ©e ici au Concertgebouw d’Amsterdam en juin 1987 (et donc avec l’orchestre local du royal Concertgebouw : Die Fledermaus, avec Gruberova, dĂ©lectable comtesse hongroise et Ă  la ville Madame Eisenstein, soit Rosalinde ; Barbara Bonney en Adèle / Olga… dĂ©licieusement insolente ; surtout Lipovsek en Orlofsky dĂ©pressif, suavement androgyne) ; Le baron Tzigane enregistrĂ© au Konzerthaus de Vienne en avril 1994 Ă  la tĂŞte du Wiener Symphoniker (Der Zigeunerbaron) soit les 4 premiers cd ; suivent un important legs symphonique de danses : valses, polkas, galops, poème symphonique dont Le beau Danube bleu (cd5 : Nikolaus Harnoncourt y dirige le royal Concertgebouw d’Amsterdam : ouvertures du Baron Tzigane et de La Chauve souris, valses diverses… – Concertgebouw d’Amsterdam, mai 1986 et juin 1987).

Harnoncourt_maestro nikolaus harnoncourt johann strauss coffret 7 cd Warner classicsLes deux derniers cd comprennent deux programmes plus récents encore : « Johann Strauss à Berlin » (live capté avec le Philharmonique de Berlin en septembre 1998) et le dorénavant légendaire concert du Nouvel An au Konzerthaus de Vienne 2001, moment heureux d’une incontestable plénitude orchestrale : cycle de danses et valses de Johann II, complété par la Marche de Radetsky (signé par le père Johann I), et Die Schönbrunner de Joseph Lanner (de la même génération que Johann père… ). Outre l’affinité d’Harnoncourt avec l’élégance et la nostalgie johannesque, le programme à Vienne dévoile aussi le génie de l’autre Strauss, frère cadet de Johann II, Josef qui malgré sa passion de la mécanique et qui voulait être ingénieur, suivit les pas de aîné, affirmant une inspiration aussi puissante, originale et raffinée que celle de son frère (Halekin Polka, Dorfschwalben aux Österreich)

La réalisation est digne d’intérêt voire indispensable : rien ne saurait remplacer Harnoncourt dans un répertoire qu’il sert avec une sanguinité suave d’un raffinement contagieux : évidemment La Chauve souris de 1987, Baron Tzigane de 1994, et le dernier cd, comprenant Strauss abordé avec le Philharmonique de Vienne pour le concert du Nouvel 2001… sont les perles d’une sélection très conviancante… voire irrésistible. Coffret événement.

CD. Nikolaus Harnoncourt. Johann Strauss II (7 cd Warner classics).

 

 

 

 logos warner classics eratoCD 1 & 2 : Johann Strauss II : Die Fledermaus (La chauve-souris) : Werner Hollweg – Edita Gruberova – Christian Boesch – Marjana Lipovšek – Josef Protschka – Anton Scharinger – Waldemar Kmentt – Barbara Bonney – Elisabeth von Magnus. Chorus off De Nederlandse Opera – Orchestre du Royal Concertgebouw.

CD 3 & 4 : Johann Strauss II : Der Zigeunerbaron (Le Baron tzigane) : Herbert Lippert – Pamela Coburn – Rudolf Schasching – Julia Hamari – Wolfgang Holzmair – Christiane Oelze – Elisabeth von Magnus – Hans-JĂĽrgen Lazar – JĂĽrgen Flimm – Robert FlorianschĂĽtz. Arnold Schoenberg Chor – Wiener Symphoniker.

CD 5 : Johann Strauss II : Ouverture du â€Baron tzigane’ – Kreuzfidel – Leichtes Blut – Histoires de la forĂŞt viennoise – Marche Ă©gyptienne – Wiener Bonbons – Pizzicato-Polka – Unter Donner und Blitz – Le Beau Danube bleu – Ouverture de â€La chauve-souris’
Orchestre du Royal Concertgebouw, Amsterdam.


CD 6 : Johann Strauss II : Kaiserwalzer – Ouverture de â€Une nuit Ă  Venise’ – Die Tauben von San Marco – Voix du printemps – Ouverture de â€La chauve-souris’ – Seid umschlungen, Millionen – Lob der Frauen – Simplicius-Walzer – Tritsch-Tratsch polka – Kaiser Franz Josef I. Rettungs-Jubel Marsch
Berliner Philharmoniker


CD 7 : Concert du Nouvel an 2001 (Vienne)
Johann Strauss I : Marche de Radetzky. Joseph Lanner : Die Schönbrunner – Jägers Lust – Steyerische Tänze. Johann Strauss II : Morgenblätter – Elektro-magnetische Polka – Electrofor – Ouverture de â€Une nuit Ă  Venise’ – Harlekin-Polka – Dorfschwalben aus Ă–sterreich – VergnĂĽgungszug – Seid umschlungen, Millionen – Der Kobold – Luzifer-Polka
Wiener Philharmoniker. Coffret 7CD 0825646222391

Nouvelle Chauve Souris Ă  l’OpĂ©ra de Tours

strauss-johann-II-petit-portrait-298-294-640px-Johann_Strauss_II_by_August_Eisenmenger_1888Tours, OpĂ©ra. Johann Strauss II : La Chauve Souris. Les 27,28,30, 31 dĂ©cembre 2014. FĂŞtez la fin 2014 avec La Chauve Souris de Johann Strauss fils : la finesse des situations rĂ©pond ici au raffinement d’une partition orchestrale totalement enivrante et pĂ©tillante comme une flĂ»te de champagne. Au dĂ©part, il s’agit d’une vengeance, celle de Falke qui ridiculisĂ© par Eisenstein : – il fut obligĂ© de traverser toute la ville habillĂ© en chauve souris avec un bec jaune -, invite son « ami » devenu cible au bal du prince Orlofsky : Eisenstein croit y sĂ©duire de nouvelles sirènes (alors qu’il est mariĂ© Ă  Rosalinde) mais il tombera dans un piège dĂ©voilant sa nature infidèle.

 

 

 

Fêtez le passage 2014-2015 à l’Opéra de Tours

La Chauve souris, joyau de Johann Strauss II

 

prinet 1905 le_balconSa propre épouse grimée en princesse hongroise se laisse séduire par lui et accepte qu’il lui offre sa montre : un objet qui permettra à la jeune femme de démontrer l’infidélité crasse de son mari… Au terme d’un soirée grisante où l’on change d’identité comme de partenaires, où la soubrette Adèle (servante des Eisenstein) s’émancipe en actrice délurée (Olga)-, Falke et son parieur Orlofsky rient d’Eisenstein copieusement ridiculisé mais trompé finalement en un dernier chœur où l’ivresse et l’insouciance collective apportent une conclusion apparemment festive et apaisée. Pourtant rien n’est résolu… Malgré la réjouissance affichée et la réconciliation des amis, Rosalinde est plus que jamais désireuse de divorcer de son époux volage.

Nouvelle Chauve Souris de Johann II Strauss à l'Opéra de ToursRien n’égale le double jeu, les apparences trompeuses, l’ambivalence d’une partition d’une séduction infinie. Au cœur de la réussite de La Chauve Souris, se déploie le génie mélodique et orchestral de Johann Strauss, heureux rival de son père, et qui ne reconnaissait qu’un seul maître : son propre frère, Josef dont on s’obstine à écarter toujours valses et poèmes symphoniques. Le roi de la valse, Johann II, a toujours reconnu la supériorité du génie de son cadet Josef, alors que ce dernier aurait préféré s’adonner à la recherche et l’ingénierie. Quoiqu’il en soit de la valeur de Johann II ou de Josef, La Chauve Souris est une opérette parmi les mieux écrites de tout le répertoire lyrique ; sous sa sémillante légèreté se cachent des joyaux d’élégance et de raffinement. Une comédie ciselée qui n’a jamais perdu de son charme ni de sa profondeur depuis sa création en avril 1874 à Vienne. Toute nouvelle production de La Chauve Souris offre une immersion dans l’ivresse musicale la plus exquise. Gageons que cette promesse se réalise particulièrement à l’Opéra de Tours en décembre 2014…

 

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Johann Strauss IIstrauss-johann-II-petit-portrait-298-294-640px-Johann_Strauss_II_by_August_Eisenmenger_1888
Die fledermaus, La Chauve Souris
Opérette viennoise en 3 actes, livret de Richard Genée
Création à Vienne, Theater an der Wien, le 5 avril 1874
Edition Bärenreiter (édition critique) – Chantée en Allemand, dialogues en français, surtitré en français

Tarifs : série E (de 7€ à 65€) le 31/12/2014 : série E+ (de 7€ à 70€)
Réservations : 02 47 60 20 20 / www.operadetours.fr

4 représentations à Tours :

Samedi 27 décembre,  20h
Dimanche 28 décembre, 15h
Mardi 30 décembre, 20h
Mercredi 31 décembre, 20h

Orchestre Symphonique Région Centre – Tours
Chœurs de l’Opéra de Tours
(Direction : Emmanuel Trenque)

Nouvelle co-production Opéra de Tours,
Opéra de Reims, Art musical et Opéra Théâtre Grand Avignon

Avec le soutien exceptionnel de l’Association des Amis du Centre Lyrique de Tours, à l’occasion de ses soixante ans

Direction  : Jean-Yves Ossonce
Mise en scène : Jacques Duparc
Décors Christophe Vallaux et Art musical Costumes, accessoires : Art musical Lumières : Marc Delamézière

Rosalinde : Mireille Delunsch
Adele : Vannina Santoni
Prince Orlofsky : Aude Extremo
Gabriel von Eisenstein : Didier Henry
Dr Falke : Michal Partyka*
Franck : Frédéric Goncalves*
Frosch : Jacques Duparc
Alfred : Eric Huchet
Dr Blind : Jacques Lemaire

* Débuts à l’Opéra de Tours

 
Nouvelle Chauve Souris à l'Opéra de Tours

 

Illustration : une scène Ă  l’OpĂ©ra par Jean BĂ©raud, 1889. Une soirĂ©e, 1878 (DR)

Johann Strauss II : Le Beau Danube bleu (1866)

Nouvelle Chauve Souris Ă  l'OpĂ©ra de ToursLes 1er, 4 janvier 2015. Johann Strauss II : Le Beau Danube Bleu (1866). L’histoire de la partition du Beau Danube bleu relève du roman…   Danube impĂ©tueux. Le fleuve Ă  l’Ă©poque oĂą le jeune Strauss vit Ă  Vienne, n’est pas encore rĂ©gulĂ© : ses crues font dĂ©placer les habitants de Leopoldstadt (actuel 2 ème ardt de Vienne), et lors d’un dĂ©bordement inĂ©dit, le grand père de Johann fut emportĂ©. L’Ĺ“uvre pourrait bien rendre hommage Ă  son ancĂŞtre. La partition s’inscrit aussi dans un pĂ©riode belliqueuse. En pleine humiliation autrichienne, face Ă  la suprĂ©matie prussienne menĂ©e par l’indomptable et irrĂ©sistible Bismark, Johann Strauss fils compose la première version de sa valse chantĂ©e : le beau Danube bleu en fĂ©vrier 1867. C’est une commande de la SociĂ©tĂ© chorale masculine, soucieuse de rĂ©conforter le bon peuple de Vienne : hĂ©las, le concert est une fiasco retentissant et Johann II remise sa partition pour ne plus y penser !

 

 

 

 

Le Danuble, un triomphe parisien

 

Nouvelle Chauve Souris de Johann II Strauss Ă  l'OpĂ©ra de ToursLa France de NapolĂ©on III se rapproche alors de l’Autriche affaiblie : Pauline de Maetternich, Ă©pouse de l’Ambassadeur d’Autriche Ă  Paris, intime de l’ImpĂ©ratrice EugĂ©nie, invite Johann Strauss Ă  Paris : le compositeur devient l’Ă©lĂ©ment central du rapprochement Paris-Vienne : le 28 mai 1867, en pleine Exposition Universelle, le compositeur autrichien joue ses compositions et suscite un vaste engouement populaire : il réécrit alors Le beau Danuble bleu mais uniquement pour l’orchestre. C’est un triomphe parisien sans prĂ©cĂ©dent et l’auteur est nommĂ© Ă  paris, roi de la valse. L’Ĺ“uvre est d’abord un triomphe parisien pour lequel Johann II gagne ses galons de popstar, tout en incarnant la rĂ©ussite de l’alliance franco-autrichienne contre la Prusse.
Le Beau Danube Bleu connaĂ®t une seconde reconnaissance phĂ©nomĂ©nale Ă  Boston oĂą la partition est jouĂ©e par 20 000 instrumentistes et 100 chefs sous la conduite du compositeur autrichien auquel on avait indiquĂ© le dĂ©but du concert par un coup de canon. A partir de cette passion mondiale pour la valse viennoise, le clan Strauss dĂ©veloppe une industrie familiale qui emploie outre Johann II, ses deux frères : Josef – le plus douĂ© : autiste et dĂ©pressif mais d’un raffinement que Johann son ainĂ© trouvait supĂ©rieur au sien-; et le cadet Eddy ou Edouard, lui aussi commis Ă  la direction qui rechignait toujours car il se voyait plutĂ´t ingĂ©nieur comme Josef ; Edouard en un acte inimaginable et de revanche, brĂ»lera toutes les partitions de la sociĂ©tĂ© Strauss !! Johann II devra ensuite réécrire de mĂ©moire la partition du Beau Danube Bleu…
La saga de la dynastie est loin d’ĂŞtre un long fleuve tranquille : Johann II n’eut guère de rapport paisible avec son père ; après que ce dernier abandonne le foyer, c’est sa mère qui l’Ă©lève seule, favorisant ses dons de violoniste et de compositeur.
Le beau Danube bleu est une partition parmi les plus raffinĂ©es de Strauss : elle est construite simplement faisant succĂ©der Ă  une superbe ouverture, une partie centrale qui met en avant les bois puis un final spectaculaire. Brahms (comme Wagner) qui y reconnaissait la maĂ®trise de l’orchestration (en particulier favorisant ses instruments de prĂ©dilection : cors et violoncelles) admire Johann II. Le compositeur incarne jusqu’Ă  la position gĂ©ographique de Vienne : enclave très Ă  l’Est entre l’Allemagne et l’italie. Son Ă©criture mĂŞle profonde mĂ©lancolique slave, technicitĂ© germanique, suavitĂ© italienne.

danube bleu portes de fer serbie roumanieLe Danube (2875 km) est le second fleuve d’Europe (après la Volga qui coule en Russie) : puisant ses sources en Allemagne mĂ©ridionale (ForĂŞt noire) et en Suisse, il traverse l’Autriche, sĂ©pare la Slovaquie de la Hongrie, et la Croatie de la Serbie, enfin la Roumanie de la Bulgarie et de l’Ukraine, puis remonte Ă  l’est de la Roumanie oĂą il se jette dans la Mer noire.

 

 

france2 logo-france2France 2 : Concert du Nouvel An à Vienne, le 1er janvier 2015 dès 11h. En direct du Musikverein de Vienne. Philharmonique de Vienne. Zubin Mehta, direction.

 

logo_francemusiqueFrance Musique, dimanche 4 janvier 2015, 20h30. La tribune des critiques de disques. Pour nous rien ne saurait Ă©galer l’enchantement et la magique ivresse de Karajan dirigeant le Philharmonique de Vienne.

 

 

Nouvelle Chauve Souris Ă  Tours

Johann_Strauss_IITours, OpĂ©ra. La Chauve Souris : 27>31 dĂ©cembre 2014. Johann Strauss fils, roi de la valse Ă  Vienne, est aussi un gĂ©nie de l’opĂ©rette. Pour preuve le raffinement dĂ©lirant jamais dĂ©menti de son joyau lyrique, La Chauve Souris… Elle avance masquĂ©e,  reste insaisissable et symbolise la folie raffinĂ©e d’une nuit d’effervescence absolue offrant aux chanteurs des rĂ´les dĂ©jantĂ©s travestis, à l’orchestre grâce Ă  l’inspiration superlative de Johann Strauss fils, une texture instrumentale ciselĂ©e,  qui incarne depuis la crĂ©ation de l’oeuvre en 1874,  le sommet de la culture viennoise associant valses envoĂ»tantes hypnotiques et dramaturgie cocasse,  drolatique, dĂ©lirante. Ainsi Ă  l’Ă©poque oĂą Paris dĂ©couvre les impressionnistes (exposition au salon de 1874),  Vienne s’abandonne dans l’ivresse d’une musique flamboyante et d’un théâtre dĂ©jantĂ© qui peut aussi se comprendre comme le miroir de sa propose vanitĂ©, comme une satire mordante autant qu’élĂ©gante de la sociĂ©tĂ© puritaine,  hypocrite,  hiĂ©rarchisĂ©e. C’est une parodie satire d’après le théâtre de boulevard parisien oĂą perce aussi la guerre des sexes. D’astucieuses jeunes femmes, la bonne (Adèle), l’Ă©pouse (Rosalinde) entendent se venger d’un Ă©poux/patron libidineux infidèle (Eisenstein)…

strauss-johann-II-petit-portrait-298-294-640px-Johann_Strauss_II_by_August_Eisenmenger_1888Les choeurs virtuoses,  la magie mĂ©lodique et le raffinement de l’orchestration qui synthĂ©tise le meilleur Strauss,  sans omettre la dĂ©licatesse de l’intrigue qui revisite les standards des comĂ©dies de boulevards mais sur un mode lĂ©ger et infiniment subtil comme les grands airs isolĂ©s (celui de la comtesse hongroise chantant dans Heimat un grand solo nostalgique d’une irrĂ©sistible sensibilitĂ© pendant la fĂŞte chez Orlofski au II)…. sont autant de qualitĂ©s complĂ©mentaires d’un spectacle d’une profondeur poĂ©tique rare et d’une expressivitĂ© palpitante pour peu que le chef et les chanteurs rĂ©unis dont la fameuse invitĂ©e surprise (gala dans l’opĂ©ra) aient Ă  coeur d’en ciseler toutes les facettes, hors de la caricature.
Souhaitons que la nouvelle production de l’OpĂ©ra de Tours rĂ©unisse l’une ou l’autre et probablement les deux car le souci du chef,  l’engagement des musiciens du Symphonique maison comme souvent la cohĂ©rence du plateau vocal rĂ©alisent d’indiscutables rĂ©ussites Ă  Tours.

 

 

Johann Strauss IIstrauss-johann-II-petit-portrait-298-294-640px-Johann_Strauss_II_by_August_Eisenmenger_1888
Die fledermaus, La Chauve Souris
Opérette viennoise en 3 actes, livret de Richard Genée
Création à Vienne, Theater an der Wien, le 5 avril 1874
Edition Bärenreiter (Ă©dition critique) – ChantĂ©e en Allemand, dialogues en français, surtitrĂ© en français

Tarifs : série E (de 7€ à 65€) le 31/12/2014 : série E+ (de 7€ à 70€)
Réservations : 02 47 60 20 20 / www.operadetours.fr

4 représentations à Tours :

Samedi 27 décembre,  20h
Dimanche 28 décembre, 15h
Mardi 30 décembre, 20h
Mercredi 31 décembre, 20h

Orchestre Symphonique Région Centre – Tours
Chœurs de l’Opéra de Tours
(Direction : Emmanuel Trenque)

Nouvelle co-production Opéra de Tours,
Opéra de Reims, Art musical et Opéra Théâtre Grand Avignon

Avec le soutien exceptionnel de l’Association des Amis du Centre Lyrique de Tours, à l’occasion de ses soixante ans

Direction  : Jean-Yves Ossonce
Mise en scène : Jacques Duparc
Décors Christophe Vallaux et Art musical Costumes, accessoires : Art musical Lumières : Marc Delamézière

Rosalinde : Mireille Delunsch
Adele : Vannina Santoni
Prince Orlofsky : Aude Extremo
Gabriel von Eisenstein : Didier Henry
Dr Falke : Michal Partyka*
Franck : Frédéric Goncalves*
Frosch : Jacques Duparc
Alfred : Eric Huchet
Dr Blind : Jacques Lemaire

* Débuts à l’Opéra de Tours

Conférence des Amis du Centre Lyrique de Tours
Conférence ACLT
Samedi 13 décembre, 14h30
Salle Jean Vilar, Grand Théâtre de Tours Intervenant : Didier Roumilhac

 

Argument – synopsis

Tout commence quelques mois auparavant, quand, un matin de bringue, revenant tous deux d’un bal masqué, le rentier Gabriel von Eisenstein contraignit son ami Dr Falke, notaire, à traverser la ville, revêtu d’un déguisement de Chauve-souris. Le Dr Falke tout feignant d’en rire, jure de se venger….

Acte I : Ă  Pontoise chez Gabriel von Eisenstein

Une altercation avec un garde-champêtre a valu à Gabriel von Eisenstein huit jours de prison. Il décide d’oublier son chagrin dans le fumet d’un bon dîner avec sa femme Rosalinde. Son ami, Dr Falke, lui rend visite et lui propose de passer cette dernière soirée en joyeuse compagnie chez le Prince Orlofsky. Gabriel von Eisenstein enthousiaste accepte et après un petit mensonge à son épouse : Rosalinde, part soit disant pour « la prison » !

Rosalinde est bouleversée quand tout à coup elle reçoit la visite d’un ami d’enfance, ex et toujours amoureux « transi » , Alfred qui s’invite illico au diner en tentant de séduire celle qu’il aime encore ! Ils sont surpris par Franck, le directeur de la prison qui en fait, vient chercher le prisonnier Eisenstein. Alfred ne voulant pas révéler son identité, doit achever la soirée en prison, sous le nom de Gabriel von Eisenstein.

Rosalinde apprend par la soubrette Adèle que son mari n’est pas parti pour la prison mais pour un bal masqué avec de jolies filles. Elle décide d’y aller pour confondre son mari : elle se fera passer pour une princesse hongroise.

 

 

Acte II : Chez le Prince Orlofsky

Gabriel von Eisenstein sous un faux nom, se retrouve donc à la soirée du Prince Orlofsky avec son ami le Dr Falke. Le Directeur de la prison, Franck, est aussi invité. Sous un faux nom également, il fait la connaissance de Mr Gabriel Von Eisenstein. Arrive la « princesse Hongroise » ! Gabriel Von Eisenstein, fait une cour assidue à la prétendue Comtesse sans se rendre compte qu’il s’agit de sa propre femme ! Rosalinde se fait confier en gage d’amour sa montre, auquel son chevalier servant tient pourtant beaucoup. Elle confondra son époux en lui montrant l’objet ainsi « offert ».

 

 

Acte III : A la prison de Pontoise, à l’aube

Le lendemain à l’aube, Franck revient à sa prison, encore gris du champagne de la veille. Gabriel von Eisenstein arrive lui aussi à la prison pour faire ses « 8 jours » au grand ébahissement de Franck qui lui déclare que le « vrai » Gabriel von Eisenstein est enfermé depuis la veille. Eisenstein très intrigué se fait passer pour son avocat et interroge Alfred dans sa cellule ; sa femme Rosalinde, munie de la montre, arrive à son tour avec Dr Falke. Von Eisenstein est confondu et ne peut que s’excuser auprès de Rosalinde. Le Dr Falke avoue être l’auteur de cette machination en représailles de Gabriel von Eisenstein qui se souvient alors de cette fameuse blague du déguisement de « Chauve Souris » ! Honteux et confus Gabriel ne sera pas le dernier à en rire.

en LIRE + : prĂ©sentation complète de la nouvelle production de La Chauve Souris Ă  l’OpĂ©ra de Tours

Nouvelle Chauve Souris de J. Strauss II Ă  l’OpĂ©ra-Comique

Johann_Strauss_IIParis, OpĂ©ra-Comique. La Chauve Souris : 21 dĂ©cembre > 1er janvier 2015. Johann Strauss fils, roi de la valse Ă  Vienne, est aussi un gĂ©nie de l’opĂ©rette. Pour preuve le raffinement dĂ©lirant jamais dĂ©menti de son joyau lyrique, La Chauve Souris… Elle avance masquĂ©e, reste insaisissable et symbolise la folie raffinĂ©e d’une nuit d’effervescence absolue offrant aux chanteurs des rĂ´les dĂ©jantĂ©s travestis, Ă  l’orchestre grâce Ă  l’inspiration superlative de Johann Strauss fils, une texture instrumentale ciselĂ©e, qui incarne depuis la crĂ©ation de l’oeuvre en 1874, le sommet de la culture viennoise associant valses envoĂ»tantes hypnotiques et dramaturgie cocasse, drolatique, dĂ©lirante. Ainsi Ă  l’Ă©poque oĂą Paris dĂ©couvre les impressionnistes (exposition au salon de 1874), Vienne s’abandonne dans l’ivresse d’une musique flamboyante et d’un théâtre dĂ©jantĂ© qui peut aussi se comprendre comme le miroir de sa propose vanitĂ©, comme une satire mordante autant qu’élĂ©gante de la sociĂ©tĂ© puritaine, hypocrite, hiĂ©rarchisĂ©e. C’est l’Ă©poque de l’empire vacillant celui qui après le choc de 1870 qui voit Ă©merger la Prusse conquĂ©rante, va bientĂ´t ĂŞtre entraĂ®nĂ© avec la fin de la première guerre en 1918.
Les choeurs virtuoses, la magie mĂ©lodique et le raffinement de l’orchestration qui synthĂ©tise le meilleur Strauss, sans omettre la dĂ©licatesse de l’intrigue qui revisite les standards des comĂ©dies de boulevards mais sur un mode lĂ©ger et infiniment subtil comme les grands airs isolĂ©s (celui de la comtesse hongroise chantant dans Heimat un grand solo nostalgique d’une irrĂ©sistible sensibilitĂ© pendant la fĂŞte chez Orlofski au II)…. sont autant de qualitĂ©s complĂ©mentaires d’un spectacle d’une profondeur poĂ©tique rare et d’une expressivitĂ© palpitante pour peu que le chef et les chanteurs rĂ©unis dont la fameuse invitĂ©e surprise (gala dans l’opĂ©ra) aient Ă  coeur d’en ciseler toutes les facettes, hors de la caricature.
chauve_souris_image_principale_blanc-bdFortement pĂ©nĂ©trĂ© par l’esprit de la fin comme dĂ©jĂ  conscient de la chute des valeurs impĂ©riales, l’ouvrage enchante autant par ses formidables audaces dramatiques que le raffinement d’une partition parmi les plus bouleversantes qui soient. Sous le masque de la comĂ©die et de la farce, le ton est bien celui d’une parodie de la vie sociale oĂą en une nuit de travestissement et d’ivresse, les vĂ©ritables sentiments se rĂ©vèlent. Les masques, les identitĂ©s croisĂ©es, usurpĂ©es symbolisent la crise et le dĂ©litement d’une sociĂ©tĂ© malade. Rares les mise en scène capables de jouer sur les deux tableaux: la sincĂ©ritĂ©, l’Ă©lĂ©gance mais aussi la verve et l’intelligence parodique. Qu’en sera-t-il Ă  l’OpĂ©ra-Comique oĂą la production annoncĂ©e sera chantĂ©e en français sous la direction de Marc Minkowski ? On sait la facilitĂ© du chef pour grossir le trait voire Ă©paissir la caricature… l’Ă©lĂ©gance comme la subtilitĂ© straussiennes survivront-elles Ă  cette adaptation gauloise ? RĂ©ponse Ă  partir du 21 dĂ©cembre 2014 sur la scène de l’OpĂ©ra Comique, salle Favart Ă  Paris.

 

 

Johann Strauss II
Die fledermaus, La Chauve Souris
Opérette viennoise en 3 actes, livret de Richard Genée
Création à Vienne, Theater an der Wien, le 5 avril 1874

 

 

Direction musicale, Marc Minkowski
Mise en scène, Ivan Alexandre

Avec Stéphane Degout, Chiara Skerath, Sabine Devieilhe, Frédéric Antoun, Florian Sempey, Franck Leguérinel, Kangmin Justin Kim, Christophe Mortagne, Jodie Devos, Atmen Kelif, Delphine Beaulieu

Orchestre et chœur, Musiciens du Louvre Grenoble

 

 
 

 

Réservez vos places sur le site de l’Opéra-Comique, Paris
Offre spéciale pour la journée du 25 décembre 2014 : fêtez Noël en assistant à la Chauve Souris de Johann Strauss, version française

 

 
 

 

Nouvelle Chauve Souris Ă  Tours

Johann_Strauss_IITours, OpĂ©ra. La Chauve Souris : 27>31 dĂ©cembre 2014. Johann Strauss fils, roi de la valse Ă  Vienne, est aussi un gĂ©nie de l’opĂ©rette. Pour preuve le raffinement dĂ©lirant jamais dĂ©menti de son joyau lyrique, La Chauve Souris… Elle avance masquĂ©e,  reste insaisissable et symbolise la folie raffinĂ©e d’une nuit d’effervescence absolue offrant aux chanteurs des rĂ´les dĂ©jantĂ©s travestis, à l’orchestre grâce Ă  l’inspiration superlative de Johann Strauss fils, une texture instrumentale ciselĂ©e,  qui incarne depuis la crĂ©ation de l’oeuvre en 1874,  le sommet de la culture viennoise associant valses envoĂ»tantes hypnotiques et dramaturgie cocasse,  drolatique, dĂ©lirante. Ainsi Ă  l’Ă©poque oĂą Paris dĂ©couvre les impressionnistes (exposition au salon de 1874),  Vienne s’abandonne dans l’ivresse d’une musique flamboyante et d’un théâtre dĂ©jantĂ© qui peut aussi se comprendre comme le miroir de sa propose vanitĂ©, comme une satire mordante autant qu’élĂ©gante de la sociĂ©tĂ© puritaine,  hypocrite,  hiĂ©rarchisĂ©e. C’est l’Ă©poque de l’empire vacillant celui qui après le choc de 1870 qui voit Ă©merger la Prusse conquĂ©rante,  va bientĂ´t ĂŞtre entraĂ®nĂ© avec la fin de la première guerre en 1918.
Les choeurs virtuoses,  la magie mĂ©lodique et le raffinement de l’orchestration qui synthĂ©tise le meilleur Strauss,  sans omettre la dĂ©licatesse de l’intrigue qui revisite les standards des comĂ©dies de boulevards mais sur un mode lĂ©ger et infiniment subtil comme les grands airs isolĂ©s (celui de la comtesse hongroise chantant dans Heimat un grand solo nostalgique d’une irrĂ©sistible sensibilitĂ© pendant la fĂŞte chez Orlofski au II)…. sont autant de qualitĂ©s complĂ©mentaires d’un spectacle d’une profondeur poĂ©tique rare et d’une expressivitĂ© palpitante pour peu que le chef et les chanteurs rĂ©unis dont la fameuse invitĂ©e surprise (gala dans l’opĂ©ra) aient Ă  coeur d’en ciseler toutes les facettes, hors de la caricature.
Fortement pĂ©nĂ©trĂ© par l’esprit de la fin comme dĂ©jĂ  conscient de la chute des valeurs impĂ©riales,  l’ouvrage enchante autant par ses formidables audaces dramatiques que le raffinement d’une partition parmi les plus bouleversantes qui soient.  Sous le masque de la comĂ©die et de la farce,  le ton est bien celui d’une parodie de la vie sociale oĂą en une nuit de travestissement et d’ivresse, les vĂ©ritables sentiments se rĂ©vèlent. Les masques, les identitĂ©s croisĂ©es, usurpĂ©es symbolisent la crise et le dĂ©litement d’une sociĂ©tĂ© malade.  Rares les mise en scène capables de jouer sur les deux tableaux: la sincĂ©ritĂ©,  l’Ă©lĂ©gance mais aussi la verve et l’intelligence parodique. Souhaitons que la nouvelle production de l’OpĂ©ra de Tours rĂ©unisse l’une ou l’autre et probablement les deux car le souci du chef,  l’engagement des musiciens du Symphonique maison comme souvent la cohĂ©rence du plateau vocal rĂ©alisent d’indiscutables rĂ©ussites Ă  Tours.

 

 

Johann Strauss II
Die fledermaus, La Chauve Souris
Opérette viennoise en 3 actes, livret de Richard Genée
Création à Vienne, Theater an der Wien, le 5 avril 1874
Edition Bärenreiter (Ă©dition critique) – ChantĂ©e en Allemand, dialogues en français, surtitrĂ© en français

Tarifs : série E (de 7€ à 65€) le 31/12/2014 : série E+ (de 7€ à 70€)
Réservations : 02 47 60 20 20 / www.operadetours.fr

4 représentations à Tours :

Samedi 27 décembre,  20h
Dimanche 28 décembre, 15h
Mardi 30 décembre, 20h
Mercredi 31 décembre, 20h

Orchestre Symphonique Région Centre – Tours
Chœurs de l’Opéra de Tours
(Direction : Emmanuel Trenque)

Nouvelle co-production Opéra de Tours,
Opéra de Reims, Art musical et Opéra Théâtre Grand Avignon

Avec le soutien exceptionnel de l’Association des Amis du Centre Lyrique de Tours, à l’occasion de ses soixante ans

Direction  : Jean-Yves Ossonce
Mise en scène : Jacques Duparc
Décors Christophe Vallaux et Art musical Costumes, accessoires : Art musical Lumières : Marc Delamézière

Rosalinde : Mireille Delunsch
Adele : Vannina Santoni
Prince Orlofsky : Aude Extremo
Gabriel von Eisenstein : Didier Henry
Dr Falke : Michal Partyka*
Franck : Frédéric Goncalves*
Frosch : Jacques Duparc
Alfred : Eric Huchet
Dr Blind : Jacques Lemaire

* Débuts à l’Opéra de Tours

Conférence des Amis du Centre Lyrique de Tours
Conférence ACLT
Samedi 13 décembre, 14h30
Salle Jean Vilar, Grand Théâtre de Tours Intervenant : Didier Roumilhac

 

Argument – synopsis
Un matin, revenant tous deux d’un bal masqué, le rentier Gaillardin contraignit son ami Duparquet, notaire, à traverser la ville, revêtu de son déguisement : une énorme Chauve-souris. Duparquet feignit d’en rire avec les autres mais jura de se venger.

Acte I : Ă  Pontoise chez Gaillardin
Une altercation avec un garde-champêtre a valu à Gaillardin huit jours de prison. Il décide d’oublier son chagrin dans le fumet d’un bon diner. Duparquet lui propose de passer cette dernière soirée en joyeuse compagnie chez le Prince Orlofsky. Gaillardin enthousiaste accepte, au grand soulagement de Caroline, son épouse qui va ainsi pouvoir diner en tête à tête avec Alfred, un ami venu lui demander un rendez-vous. Survient Tourillon, le directeur de la prison. Alfred ne voulant pas révéler son identité,  achève la soirée en prison, sous le nom de Gaillardin.

Acte II : Chez le Prince Orlofsky
Caroline ayant eu vent de l’équipée de son mari, se rend aussi à la soirée chez le Prince, se faisant passer pour une « comtesse hongroise ». Duparquet la reconnaît. Gaillardin sous le nom du Marquis de Valengoujar fait une cour assidue à la prétendue Comtesse et Caroline se fait confier en gage d’amour sa montre, auquel son chevalier servant tient beaucoup.

Acte III : A la prison de Pontoise, à l’aube
Sous le faux nom de Baron de Villebouzin, Tourillon a été à la fête lui aussi et n’est rentré qu’au petit matin. Gaillardin, alias marquis de Valengoujar, arrive à la prison au grand ébahissement de Tourillon qui lui déclare que le « vrai » Gaillardin est enfermé depuis la veille. Gaillardin très intrigué se fait passer pour un avocat et interroge Alfred dans sa cellule ; sa femme Caroline, munie de la montre, arrive à son tour avec Duparquet. Celui-ci avoue être l’auteur de cette machination. Gaillardin se souvient de la « chauve-souris », honteux et confus il ne sera pas le dernier à en rire.

Sur la mise en scène de La Chauve Souris Ă  l’opĂ©ra de Tours

Un mot de Jacques Duparc, metteur en scène

Die FLEDERMAĂśS , LA CHAUVE SOURIS….quel drĂ´le de titre pour une Ĺ“uvre musicale d’opĂ©ra… ! Ces ouvrages portent souvent des titres ronflants: “Princesse Czardas”, “Valses de Vienne”, “Quadrille Viennois”, etc… Et puis ces histoires racontent souvent des romans de Prince et de Princesse.
Dans la Chauve-souris, rien de tel : nous nageons dans une existence banale de petits bourgeois étriqués, incultes et avec pour déco sur les murs des têtes de sangliers de cerfs ou de biches et un renard empaillé près de l’escalier! Et un prince androgyne blasé par la vie!
Et pour clôre le tout, un 3ème acte qui se passe dans une prison! Nous pourrions alors penser que cet ouvrage raconte une histoire à la Feydeau avec un amant dans le placard: même pas! L’héroïne est une femme mariée, fidèle avec nobles valeurs et sentiments!
Alors bien sûr, tout cela excite nos papilles par l’originalité du propos! Et la beauté de la musique bien sûr! Strauss est au sommet de son art! On peut peut-être même oser dire que cette œuvre est une comédie musicale avant l’heure, mais une “comédie musicale- opéra” ! Je pense notamment à tout le final du 2ème acte chez Orlovsky.

Car la partition mérite des belles voix et au delà des airs de Valse ou de polkas – je pense notamment à l’air de Rosalinde “CZARDAS” au 2ème acte”, Strauss et les librettistes nous conduisent dans un tourbillon de duos, de trios et d’ensemble musicaux qui font oublier le rythme des Valses pour donner de vrais contenus aux situations théâtrales qui nous sont proposées : je pense notamment au Trio du 3ème acte dans la Prison. Je ne vous parle pas de l’Ouverture à l’orchestre qui reste l une des plus belles de ce répertoire….
Bref, cette Chauve-souris, (Der Fledermaüs titre original) reste un magnifique divertissement musical et théâtral , coloré et festif , qui mérite de rester au répertoire des belles et grandes œuvres à proposer à tous les amateurs de musique et de théâtre chanté!

Découvrir une œuvre : Le Beau Danube Bleu

strauss johann portraitArte. Le Beau Danube Bleu de Johann Strauss II, 2 novembre 2014. Le Beau Danube bleu composĂ© en 1867 par Johann Strauss II (1825 – 1899) clĂ´t chaque annĂ©e le concert du Nouvel An Ă  Vienne : apothĂ©ose de la grand messe mĂ©diatique la plus regardĂ©e au monde sur les tĂ©lĂ©s du monde entier. La nostalgie Ă©lĂ©gantissime du Viennois gĂ©nial cultive toujours ce parfum irrĂ©sistible entre tendresse exquise, enivrement rythmique, raffinement instrumental et bien sĂ»r, sĂ©duction mĂ©lodique… Retour sur la genèse d’une valse au succès planĂ©taire ainsi que les circonstances qui l’ont rendue cĂ©lèbre. « Un message d’espoir, d’amitiĂ© et de paix », c’est ainsi que Johann Strauss venant jouer sa musique Ă  Paris, tout juste baptisĂ©e « Ville Lumière », rĂ©suma Ă  l’Empereur NapolĂ©on III l’esprit qui animait sa valse Le Beau Danube bleu. Car en gĂ©nie poĂ©tique accompli, Johann Strauss sait exprimer l’irrĂ©sistible flux liquide de son sujet, le souffle et la magie d’une partition très inspirĂ©e tout au long de son dĂ©veloppement musical.
Au-delĂ  de son succès musical, Le Beau Danube entre de plein pied dans l’Histoire. Après la dĂ©faite de l’Autriche Ă  Könitzgratz en 1866 face Ă  la puissance montante de la nouvelle Allemagne d’Otto Von Bismarck, le Beau Danube Bleu contribue Ă  la consolation des Viennois avant d’accompagner les premiers pas diplomatiques entre la France de NapolĂ©on III et l’Autriche de François-Joseph de Habsbourg. Devenu symbole de paix, ce chef d’oeuvre accompagna pourtant le Vieux-Continent dans ses dĂ©chirements, de la guerre franco-allemande en 1870 jusqu’Ă  la Seconde Guerre mondiale.

 

 

 

Johann_Strauss_IILe film évoque tout autant la vie de son compositeur, Johann Strauss fils, génie musical viennois qui fut au 19ème siècle, avec son père et ses frères (Josef, Eduard), à la tête d’une véritable industrie musicale. La rivalité entre le père Johann Strauss I et son fils Johann Strauss II est l’un des fils conducteurs du film, illustrée notamment grâce à des extraits du « Chant du Danube », premier film parlant réalisé par Alfred Hitchcock en 1934.
Johann Strauss fut le seul à faire de ses valses des oeuvres musicales symphoniques sur lesquelles les viennois, très friands de bals, ne cessèrent de danser, de s’abandonner, de s’enivrer par leur propre proclamation culturelle : la valse de Strauss étant pour Vienne, ce que serait l’accordéon pour Paris : une image peut-être caricaturale mais juste. Polkas, valses, marches… font de Strauss aujourd’hui, par le raffinement de l’orchestration et le génie de mélodies ce « roi de la valse » qui rendait jaloux jusqu’à Offenbach. Son opéra La Chauve souris, « Die Fledermaus » reste un pilier du répertoire : critique sociale et aussi comédie déjantée d’une force de séduction inégalée. De facto, en cultivant ses dons pour les danse, Johann Strauss II participa involontairement à l’une des premières révolutions sexuelles en Europe grâce au contact prolongé des corps qu’impose sa chorégraphie destinée au couple.

Intervenants
Franz-Welser-Möst, Chef d’orchestre, directeur musical de l’opĂ©ra de Vienne et de Cleveland,
Christophe Wagner-Treikwitz, historien, musicologue et spécialiste de la valse
Christine Mondon, historienne, spécialiste de Vienne.
Patrick Souillot Chef d’orchestre & directeur musical de l’orchestre symphonique universitaire de Grenoble.

 

 

arte_logo_2013Arte. Le Beau Danube Bleu de Johann Strauss II, dimanche 2 novembre 2014. Documentaire. Découvrir une œuvre : le beau Danube bleu (An der schönen blauen Donau), op. 314. Réalisation : Pierre-Henri Salfati /Production : La Compagnie des Phares et Balises , ARTE France.

 

 

La Chauve Souris de Johann Strauss, en direct du Met

France Musique : La Chauve Souris de Strauss fils, en direct du Met, samedi 11 janvier Ă  19h. L’opĂ©rette La Chauve Souris de Johann Strauss II, sommet de l’Ă©lĂ©gance et de la finesse viennoise Ă  son apogĂ©e, un dĂ©lire fantasque et subtile, mĂŞlant quiproquos, mĂ©lange des classes et des genres (comiques, tragiques) qui prolonge les meilleures rĂ©alisations d’Offenbach dans le genre comĂ©dies lĂ©gères. La distribution rĂ©unie par le Met est solide (la jeune soprano Jane Archibald entre autres, dĂ©jĂ  remarquĂ©e Ă  Angers Nantes OpĂ©ra dans Lucio Silla de Mozart puis dans Ariadne auf Naxos de Strauss Ă  Bastille…) et comprend aussi Costanzo, Maltman, Fabiano, Szot, Carfizzi, Burstein, tous tempĂ©raments dirigĂ©s par le chef Adam Fischer.Environ 2h20 de pur bonheur oĂą la musique, spirituelle et pĂ©tillante coule Ă  flot comme du champagne… La Chauve Souris doit sa sĂ©duction jamais Ă©moussĂ©e Ă  la subtilitĂ© de ses mĂ©lodies, le raffinement d’une orchestration lumineuse qui porte allusivement toute l’Ă©lĂ©gance et la nostalgie de la Vienne impĂ©riale. Johann Strauss II est le roi de la Valse et sa Chauve Souris, dans ce sens, une synthèse des danses que le compositeur a su magistralement sublimer: polkas, valses et mĂŞme czardas (voir l’air de la fausse comtesse hongroise au II).  Il fallait Ă©galer voire dĂ©passer la franche inventivitĂ© des opĂ©rettes d’Offenbach et donc inventer un nouveau genre, l’opĂ©rette viennoise. Il en rĂ©sulte un théâtre enivrĂ© donc enivrant oĂą le dĂ©lire des situations comiques et cocasses, propices aux imbroglios, quiproquos, travestissements et tutti quanti dialogue sur un rythme effrĂ©nĂ© avec la finesse des mĂ©lodies, un bel canto rĂ©inventĂ©, du pur théâtre comique et drĂ´latique accordĂ© Ă  un orchestre Ă©tincelant… Incontournable. Champagne et bonne annĂ©e !

 

Depuis le Metropolitan Opera New York
Johann Strauss II : Die Fliedermaus
La Chauve Souris (Vienne 1874)En direct sur France Musique, samedi 11 janvier 2014, 19h

La Chauve souris en direct du Metropolitan Opera de New York

 

Créé au Theater an der Wien de Vienne le 5 avril 1874., sur un livret de Richard Genée et Karl Haffner, revu par Douglas Carter Beane.
avec :
Susanna Phillips, Rosalinda

Jane Archibald, Adele
Anthony Roth Costanzo, prince Orlofsky

Christopher Maltman, Gabriel von Eisenstein

Michael Fabiano, Alfred
Paulo Szot, Dr. Falke
Patrick Carfizzi, Frank

Danny Burstein, Frosch
Choeur et Orchestre du Metropolitan Opera
Adam Fischer, direction

Lire aussi notre dossier spĂ©cial La Chauve Souris de Johann Strauss II, Ă  l’occasion de la nouvelle production de l’opĂ©rette de Johann Strauss proposĂ©e par l’OpĂ©ra de Nice en janvier 2014

 

 

Johann Strauss II : La Chauve Souris Ă  Nice

Strauss Johann IINice, OpĂ©ra: La Chauve Souris. Du 17 au 23 janvier 2014. Nouvelle production en 4 dates. A l’initiative du nouveau directeur artistique, Marc Adam (depuis novembre 2012), l’OpĂ©ra de Nice confirme sa nouvelle orientation lyrique et artistique et prĂ©sente sa nouvelle production de La Chauve souris Ă  partir du 17 janvier 2014. L’oeuvre la plus cĂ©lèbre de la scène viennoise de la fin du XIX ème siècle fut Ă©crite par un libĂ©ral, convaincu par les idĂ©aux rĂ©volutionnaires. Johann Strauss fils fut un ĂŞtre sanguin, passionnĂ© par la musique, violoniste virtuose (comme son père qui tenta d’empĂŞcher toujours mais vainement sa carrière), travailleur acharnĂ©, cĂ©lèbre de Vienne Ă  Saint-PĂ©tersbourg. Sa vie affective est digne d’un roman fleuve. sa première opĂ©rette immĂ©diatement applaudie dans toute l’Europe, La Chauve Souris resplendit et s’envole de nouveau, cycle habituel au moment des fĂŞtes: il y est question d’une sociĂ©tĂ© plus Ă©prises de divertissements et de champagne que de sacrifice et de tragĂ©die hĂ©roĂŻque.

Nice, Opéra
Johann Strauss II
La Chauve Souris, 1874
Die Fledermaus
Nouvelle production
4 dates : les 17, 21 et 23 janvier 2014 Ă  20h, le 19 janvier Ă  15h.

boutonreservationInformations et rĂ©servations sur le site de l’OpĂ©ra de Nice

 

 

Nouvelle Chauve souris Ă  Nice

 

Opérette en trois actes
Livret de Karl Haffner et Richard GenĂ©e d’après le vaudeville de Meilhac et HalĂ©vy Le rĂ©veillon
Créée à Vienne le 5 avril 1874
Texte chanté et dialogue en français
Adaptation Robin Belfond

Johann Strauss fils (1825-1899)
La Chauve souris, 1874
NOUVELLE PRODUCTION en coopération avec le Salzburger Landestheater

Direction musicale Bruno Ferrandis
Mise en scène Andreas Gergen
Décors Court Watson
Costumes Regina Schill
Lumières Patrick Méeüs
Chorégraphie Pascale Sabine Chevroton

Orchestre Philharmonique de Nice
Choeur de l’OpĂ©ra de Nice

Eisenstein Fabrice Dalis
Rosalinde Sophie Marin-Degor
Franck Bernard Imbert
Prince Orlofsky Karine Ohanyan
Alfred Christian Baumgaertel
Docteur Falke Boris Grappe
Docteur Blind Frédéric Diquero
Adèle Melody Louledjian
Ida Virginie Maraskin-Berrou
Frosch Noëlle Perna

 

 

 

L’Ă©lĂ©gant rebelle

 

Strauss Johann IIJohann Strauss fils a 49 ans lorsque, après avoir composé un catalogue inégalé de valses, qui a fait de lui l’empereur de la danse viennoise, il écrit sa première opérette La Chauve Souris, en 1874. A l’époque où les impressionnistes préparent la révolution chromatique qui réformera la perception de la peinture, le “directeur des bals de la Cour”, admiré de Wagner, Brahms et Liszt, enchante à nouveau son public au théâtre. Strauss s’inspire d’un vaudeville rédigé par les librettistes d’Offenbach (lequel a alors composé la majorité de son oeuvre lyrique). En effet, Meillac et Halévy lui “offrent” le prétexte à rebondissements d’une pièce, Le Réveillon, dont l’action est elle-même tirée de la pièce allemande de Benedix, La Prison. Au départ, il s’agit de la vengeance d’un notaire (qui deviendra le Docteur Falke dans la pièce de Strauss): maître Duparquet souhaite en effet punir son ami Gaillardin de l’avoir obligé à rentrer costumé, à l’aube, après une soirée bien arrosée, semant le ridicule sur son passage. Le notaire invite son ami au dîner d’un prince russe où sont également réunis le directeur de la prison où il doit séjourner, ainsi que quelques “cocottes”.

Strauss et son librettiste, Richard Genée, transforment l’intrigue et les personnages: Gaillardin, le sujet de la vengeance devient Eisenstein et le dîner russe fait place à une grande cérémonie masquée, conduisant à un bal typiquement viennois chez un prince, Orlofsky, riche et désabusé. Au souper paraissent l’épouse d’Eisenstein (Rosalinde), déguisée en comtesse hongroise (superbe prétexte pour le compositeur à composer un air typique) et aussi sa femme de chambre (Adèle), qui se présente comme une grande actrice. Au final, comme porté par l’élan des rythmes suscités par la composition, Strauss écrit sa Chauve Souris en 43 jours, en en faisaint un hymne irrépressible à la valse et au “roi”champagne. Au-delà de la comédie des masques, Strauss, comme Offenbach vis à vis de la société du Second Empire, brosse un portrait critique de la société de son époque, en particulier la faculté de la classe moyenne et bourgeoise à rompre toute licence pour “oublier” l’infamie et les misères suscités par le krach boursier contemporain, comme à s’élever socialement et prétendre au divertissement aristocratique. L’oeuvre est créé au Théâtre en der Wien, le 5 avril 1874.

Les Johann Strauss, le fils contre le père
Il y a comme toujours dans l’oeuvre légère de la sédition et une pointe acerbe tendue contre les dérèglements de la société contemporaine. L’univers de la prison, dans la Chauve Souris, met en vérité, l’accent sur des tares qu’il faudra bien régler un jour. La contestation et l’esprit de la revanche, comme celui de la vengeance, animent tout l’ouvrage: sous l’action du déguisement, il s’agit bien de donner une leçon contre celui qui produit l’humiliation. Y aurait-il des liens avec la propre vie de Johann Strauss fils qui fut toujours opposé à son père? En effet, tous deux ne se sont jamais entendus. Le père abandonne très tôt la cellule familiale pour convoler avec sa maîtresse Emilie: Johann fils n’a que 10 ans (1835). Sa mère Anna demande le divorce et éduque seule ses enfants avec une petite pension allouée par son ancien mari, alors que celui-ci mène bon train avec sa maîtresse. Pire, le père interdit à son fils de jouer (comme lui) du violon et de devenir musicien, quand sa mère l’encourage dans ses études et recopie même ses compositions. Il tentera même de saboter la première soirée de concert officielle de son fils en 1844, mais vainement. Après la révolution de 1848, les deux Johann, père et fils deviennent des ennemis politique: le premier, dans la marche de Radetszy entonne une hymne monarchiste pour celui qui a réprimé dans le sang les révoltés lombards, le second est le porte-parole de la force étudiante, rallié aux révolutionnaires et libéral. Le 3 décembre 1848, Johann le fils fait jouer La Marseillaise, ce qui lui vaut d’être inquiété par la police de l’Empereur d’Autriche et d’être mis sous contrôle. Après la mort de son père (1849), Johann fils dirige toute la musique à Vienne, héritant de son orchestre et de ses fonctions: il est fait régent des bals de la Cour Impériale, et au terme d’une tournée qui le mène de Dresde à Hambourg, est retrouvé inconscient en 1852, pour surmenage.

Vie de Johann Strauss fils
Simultanément à Vienne, Johann Strauss suscite un immense succès en Russie: invité à Pavlosk, près de Saint-Pétersbourg, il y signe un contrat annuel pour donner des concerts de musique viennoise (1855). En 1858, il rencontre une aristocrate russe Olga Smirnitzkaya qui devient sa maîtresse et qu’il voudrait épouser, mais deux années plus tard, ils doivent se séparer, la famille de la jeune femme refusant qu’il épouse un roturier. De retour à Vienne, Johann rencontre la cantatrice Jetty Treffz (1861) au cours d’une soirée dont le Baron Mortiz Todesco qui est aussi l’amant de Jetty, a le secret: le bal masqué de la Chauve Souris recréerait-il ces fastes éphémères qu’a réellement connus Strauss? Jetty décide d’épouser Johann Strauss en 1862. L’orchestre familial compte deux autres chefs, les deux frères de Johann, Josef et Eduard Strauss. La position de Johann s’élève encore: en étant nommé en 1863 (au moment où Offenbach connaît lui aussi une ascension musicale à Paris progressive), Hofball Musikdirektor, il renonce à jouer dans les faubourgs.

 

Ses frères, Josef et Eduard créent une nouvelle société de musique. Parallèlement à ses activités de chef et de compositeur, Johann s’intéresse à la musique contemporaine: il dirige Wagner dès 1854 (ouverture de Tannhäuser), rencontre Brahms en 1862, dirige aussi la musique de Tchaïkovsky (1865, l’année où Offenbach fait jouer La Belle Hélène). En 1867, il donne Le beau Danube Bleu, sans succès!, puis participe à l’Exposition universelle de Paris, pour laquelle Offenbach a composé La Grande Duchesse de Gérolstein et surtout La Vie Parisienne. Les années 1870 sont noires: Johann perd sa mère, Anna, puis son frère Josef, de santé fragile et surmené dès 1865.
En 1873, un krach boursier ruine les bourgeois et une grande partie de la noblesse viennoise. La banquier juif Rotschild qui a senti le vent venir, a transféré tous sesa voirs avant la crise: il a sauvé sa fortune, ce qui sème une levée d’antisémitisme. C’est à cette époque que Johann Strauss crée Die Fledermaus, La Chauve Souris qui recueille un succès assez tiède. En 1877, succès du Baron Tzigane, non pas à Vienne mais à Paris. Johann retrouve le cadavre de son épouse Jetty dans leur maison: pris de panique, le compositeur s’enfuit en Italie. En 1878, le compositeur épouse Angelica Dietrich: leur liaison ne durera pas, et Johann rencontre Adèle Deutsch, jeune veuve de 21 ans. Il en a 53. 1883: double première à Berlin et à Vienne d’Une nuit à Venise. Johann Strauss est devenu une personalité reconnue: pour les 40 ans de sa carrière viennoise, en 1884, il est nommé “citoyen de Vienne”. En 1885, à 50 ans, Johann quitte l’Autriche: il se convertit au protestantisme pour épouser Adèle (1887). EN 1894, célébration du jubilé de Johann Strauss comme compositeur: à Hambourg, Mahler joue Die Fledermaus, et Richard Strauss dirige Perpetuum mobile au Concert Philharmonique de Berlin. L’ année de sa mort, le compositeur assiste (et participe) au 25ème anniversaire de La Chauve Souris (22 mai, Hofoper), puis s’éteint le 3 juin suivant. Le 25 octobre 1899, une cérémonie funèbre est organisée: le Requiem allemand de Brahms est interprété. En 1907, Eduard Strauss aui a dissoud l’orchestre familiale en 1901, fait brûler l’ensemble des partitions de la société familial dont des manuscrits inédits et précieux.3 Je ne peux pas faire autrement”, dira-t-il énigmatique. Il meurt en 1916. Adèle Strauss survivra à son époux jusqu’en 1930.

Crédit photographique: Johann Strauss et Johannes Brahms (DR)