Compte rendu, festival. Beaune, le 24 juillet 2016. Mozart : VĂȘpres solennelles et Messe du couronnement, Insula Orchestra, Laurence Equilbey. Ce programme, qui a dĂ©jĂ tournĂ© (les VĂȘpres avaient Ă©tĂ© donnĂ©s Ă la Philharmonie de Paris en septembre dernier), est constituĂ© de deux Ćuvres de circonstance, composĂ©es par Mozart pour Salzbourg respectivement en 1780 et 1779. Elles distillent une certaine pompe grandiloquente, une tonalitĂ© austĂšre qui se traduit par la verticalitĂ© dâun chant assurĂ© essentiellement par les chĆurs, laissant finalement assez peu lâoccasion aux quatre solistes de briller, Ă lâexception de la soprano Ă laquelle Ă©choit un trĂšs beau solo pathĂ©tique dans le Laudate dominum. Les deux piĂšces sont relativement brĂšves (un peu plus dâune demi-heure chacune). Les VĂȘpres, composĂ©es pour le prince archevĂȘque de Salzbourg, comportent six sections qui alternent des tonalitĂ©s vĂ©hĂ©mentes (dans lâinitial Dixit dominus) et plus lĂ©gĂšres (Confitebor), austĂšres (Laudate pueri, dont la fugue initiale annonce singuliĂšrement le Kyrie du Requiem) et Ă©lĂ©giaques (Laudate dominum), mĂȘme si une certaine uniformitĂ© les caractĂ©risent.
Laurence Equilbey Ă Beaune
Mozart, le Salzbourgeois sous le prisme de la précision technique
On ne peut que louer la prĂ©cision technique avec laquelle Laurence Equilbey dirige sans aucune gestuelle emphatique le chĆur et lâorchestre. Celui-lĂ montre un trĂšs bel Ă©quilibre des pupitres, celui-ci Ă©merveille par la rigueur et lâhomogĂ©nĂ©itĂ© du discours. En outre, le dialogue avec les solistes fonctionne parfaitement, et il nây a aucun rĂ©el reproche Ă faire Ă la rĂ©alisation musicale dâune exactitude mĂ©tronomique. Mais câest peut-ĂȘtre cette rigueur excessive qui donne lâĂ©trange sentiment dâune lecture parfois sĂšche, paradoxalement trop lisse, oĂč ferveur et Ă©motion semblent ĂȘtre soumises Ă cette prĂ©cision technique implacable.
La Messe Ă©vite beaucoup mieux ce lĂ©ger travers et les contrastes sont davantage marquĂ©s. Les couleurs de lâorchestre sont admirablement mises en valeur, comme dans la section du Gloria, trĂšs vĂ©hĂ©mente, oĂč lâorchestre rĂ©pond au chĆur par des graves presque terrifiants. LâĆuvre est plus variĂ©e dans sa composition, les sections Ă©tant plus contrastĂ©es, comme en tĂ©moigne le pĂ©tillant quatuor du Benedictus qui rĂ©sonne comme un ensemble presque incongru de dramma giocoso, agrĂ©mentĂ©e de la douceur typiquement mozartienne du hautbois.
Les quatre chanteurs y excellent et leur voix est magnifiquement caractĂ©risĂ©e. On apprĂ©cie le timbre rond et juvĂ©nile de la soprano Maria Stavano, la vaillance de la basse Konstantin Wolff, la voix lumineuse du tĂ©nor Martin Mitterrutzner (superbe dialogue avec la soprano dans le Kyrie initial), tandis que la mezzo Renata Pokupic, techniquement impeccable, semble plus effacĂ©e et ne brille guĂšre par sa prĂ©sence, certes diluĂ©e dans la masse chorale dominante. En bis, les deux phalanges nous ont gratifiĂ© dâun magnifique Alleluia de Buxtehude, partie conclusive de la trĂšs belle cantate « Der Herr ist mit mir », qui apportait une ferveur et une joie bienvenues.
Compte rendu, festival. Beaune, le 24 juillet 2016. Mozart : VĂȘpres solennelles et Messe du couronnement / Insula Orchestra. Laurence Equilbey, direction.