POITIERS, TAP, le 11 dĂ©c 2018. Deshayes, Vitaud⊠Le TAP / Théùtre Auditorium de Poitiers fĂȘte le centenaire Claude Debussy (1862-1918). D’abord par le chant du piano seul avec la Suite bergamasque (amorcĂ©e dĂšs 1890, publiĂ©e en 1905) : Debussy y joue des formes du passĂ© (PrĂ©lude, Menuet, Passepied) et produit un son et des harmonies nouveaux. Le 4Ăšme Ă©pisode, un Clair de lune, vite cĂ©lĂšbre, allie douceur et invention mĂ©lodique.
MĂȘme ivresse sonore et forme planante, inĂ©dite dans LâAprĂšs-midi dâun faune, d’aprĂšs le poĂšme de MallarmĂ© oĂč le dĂ©sir et la pulsion Ă©rotique du faune conduisent le dĂ©veloppement, la trajectoire, la forme des harmonies. La sensualitĂ© dĂ©borde dans cette partition crĂ©e le 22 dĂ©cembre 1894, immĂ©diatement saluĂ©e par le si difficile et le trĂšs exigeant Ravel. La transcription pour clavier seul qu’en dĂ©duit le pianiste Jonas Vitaud sait prĂ©server l’Ă©noncĂ© allusif de ce rĂȘve Ă©veillĂ©, tout en creusant sa part de mystĂšre voire son essence Ă©nigmatique.
PIANO & MELODIES ROMANTIQUES et POST ROMANTIQUES
Le chemins de la modernité
Le programme Ă Poitiers laisse une part majeure au verbe poĂ©tique en particulier aux poĂšmes mis en musique par Debussy, Duparc (1848-1933), FaurĂ© (1845-1924), tous trois maĂźtres de la mĂ©lodie française… depuis le gĂ©nie d’un Berlioz au dĂ©but du siĂšcle. La trilogie ainsi exposĂ©e Ă Poitiers met en lumiĂšre ce passage essentiel du romantisme au postromantisme et Ă la modernitĂ© telle quâelle sâaffirme dans le cas de Debussy.
Cycle majeur de Gabriel FaurĂ© : La Bonne chanson (1894). Ă l’origine pour tĂ©nor et piano, le recueil des 9 poĂšmes mĂ©lodies s’inspire de Verlaine. Le concert en propose quatre parmi les plus emblĂ©matiques de la facilitĂ© de FaurĂ© dans ce genre qui unit le verbe et le son en une suite de peintures sonores picturales : Puisque lâAube grandit, La Lune blanche, Nâest-ce pas ? LâHiver a cessĂ©.
Les 3 chansons de Bilitis d’aprĂšs Pierre LouĂżs sont mises en musique par Debussy en 1897. Il s’agit dâĂ©voquer, mieux d’exprimer le souffle filigranĂ© et sensuel de l’AntiquitĂ© grecque, comme c’Ă©tait l’enjeu et donc la rĂ©ussite du Faune de 1894.
Henri Duparc comme cet autre intransigeant et perfectionniste Paul Dukas, ne laisse Ă la postĂ©ritĂ© que ces partitions les plus parfaites. En tĂ©moignent les mĂ©lodies jouĂ©es ce soir : La Vie antĂ©rieure, d’aprĂšs Baudelaire (1884) d’un pouvoir incantatoire et mystĂ©rieux irrĂ©sistible ; et LâInvitation au voyage (1870), dâaprĂšs Baudelaire aussi, qui envisage des climats musicaux dâune profondeur inĂ©dite.
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DEBUSSY, FAURE, DUPARC
MARDI 11 décembre 2018, 20h30
TAP Poitiers
Durée : 1h30 avec entracte
Karine Deshayes, mezzo-soprano
Jonas Vitaud, piano
> Claude Debussy: Ballade, Suite Bergamasque, PrĂ©lude Ă lâaprĂšs-midi dâun faune (transcription Jonas Vitaud), Chansons de Bilitis
> Gabriel Fauré : 4 mélodies extraites de La Bonne Chanson op. 61
> Henri Duparc : Mélodies
https://www.tap-poitiers.com/spectacle/debussy-faure-duparc/