CRITIQUE CD Ă©vĂ©nement. ENCORES : Daniel Barenboim, piano. Schubert, Schumann, Liszt, chopin, Debussy… (1 cd Deutsche Grammophon – Berlin, 2017, 2020)

encores daneil barenboim piano critique cd review clic de classiquenews deutsche grammophonCRITIQUE CD Ă©vĂ©nement. ENCORES : Daniel Barenboim, piano. Schubert, Schumann, Liszt, chopin, Debussy… (1 cd Deutsche Grammophon – Berlin, 2017, 2020) – Somptueuse collection de bis / « encores » en anglais : Daniel Barenboim, chef lyrique de premier plan (son Tristan Ă  Berlin de 2018), comme maestro symphonique aussi dĂ©fricheur que convaincant (voyez chez Decca les Symphonies mĂ©connues, ou l’oratorio The Dream of Gerontius d’Elgar) est aussi un pianiste de grande valeur et haute sensibilitĂ© ; Ă  part Clair de Lune de Debussy de 2017, les 16 autres bis / encores ont Ă©tĂ© captĂ©s Ă  Berlin en avril 2020 en plein confinement, covid oblige ; voyage intĂ©rieur et jaillissement intime d’une finesse de ton… miraculeuse (ses premiers Schubert sont saisissants de naturel et de pudeur enchantĂ©e : Impromptu D899/3 ; candeur insouciante de Moment musical D780) ; puis de Schumann, le pianiste Ă  l’écoute de ses propres rĂŞveries, fait surgir le songe de Träumerei des Scènes d’enfant, prĂ©lude extatique, suspendu aux 4 sĂ©quences des FantasiestĂĽcke opus 12 : oĂą le questionnement du rĂŞve Ă©noncĂ©, infini semble se dĂ©rouler avec la mĂŞme simple subtilitĂ© des premiers Schubert, sans Ă©carter pour autant l’âpretĂ© de questions plus agitĂ©es (Aufschwung).

« Encores » de Daniel Barenboim
Récital imaginaire et crépusculaire
d’une irrésistible rêverie…

Dans chacune des miniatures, Barenboim, contrasté sans excès, juste et nimbé d’un mystère impénétrable semble exprimer la vérité secrète de l’âme humaine. Fruit d’une expérience et d’une carrière unique aujourd’hui ayant soufflé ses 80 ans en déc 2021… C’est aussi l’offrande du récitaliste qui au terme de son concert, offre quelques pièces surprise dont il a seul la clé, resserrant encore les liens partagés avec ses auditeurs. Au centre de cet acte généreux qui dévoile des sentiments imprévus, Barenboim ajoute une sélection de 6 pièces de Chopin à partir de ses Etudes opus 10 et 25, celles là même qui selon Gide, paraissaient comme « improvisées » et qui formaient le cœur des bis d’un Arthur Rubinstein, au point de dépasser souvent en nombre, le programme proprement dit du concert précédent. Spontanéité et précision font merveille dans une série de pièces à la fois puissantes et volubiles (dont l’activité et l’hypersensibilité sont annoncées par Schumann, dans « Traumes Wirren » à la coupe échevelée). L’activité naturelle, l’éloquence poétique de Daniel Barenboim fait chanter chaque pièce de ce récital imaginaire, aux intonations globalement introspectives et crépusculaires (« Consolation » de Liszt, ultime résurgence du rêve schubertien et schumannien, à l’égal du Noctune de Chopin, secret et magicien), où se révèle aussi la sonorité précise et scintillante du piano choisi par le pianiste, un Bechstein grand piano », conçu pour Liszt en 1860 (repéré à Sienne en 2011) qui possède aussi la résonance des Steinway, grâce à une combinaison techno, réalisée spécialement pour l’interprète.

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CLIC_macaron_20dec13CRITIQUE CD Ă©vĂ©nement. ENCORES : Daniel Barenboim, piano. Schubert, Schumann, Liszt, chopin, Debussy… (1 cd Deutsche Grammophon – Berlin, 2017, 2020) – PLUS D’INFOS sur le site de Deutsche Grammophon :
https://www.deutschegrammophon.com/en/catalogue/products/encores-daniel-barenboim-12601

CRITIQUE CD. BRUCKNER : Symphonies n°1, n°5 (Gewandhausorchester Leipzig, Nelsons – Live 2020 – 2021 – 2 cd Deutsche Grammophon)

Bruckner-Symphonies-Nos.-1-5-Wagner-Tristan-und-Isolde critique cd review classiquenewsCRITIQUE CD. BRUCKNER : Symphonies n°1, n°5 (Gewandhausorchester Leipzig, Nelsons – Live 2020 – 2021 – 2 cd Deutsche Grammophon) – Très judicieux le rapprochement de Wagner et Bruckner dans le cd 1, le second Ă©tant admiratif du premier. En assistant en 1865 Ă  la crĂ©ation de « Tristan und Isolde » Ă  Munich, Bruckner a le choc de sa vie : il est donc lĂ©gitime de souligner ce fait artistique en jouant d’abord l’emblème tristanesque « Prelude and Liebestod », (profondeur sombre et cuivrĂ©e), superbement enchaĂ®nĂ© avec la Symphonie 1 de Bruckner (WAB 101, version de Vienne 1891) – La filiation se rĂ©alise par la texture mĂŞme et l’orchestration proche des deux auteurs. Nelsons y ajoute aussi la coloration lisztĂ©enne de l’orchestre (Bruckner assistant aussi en cette annĂ©e 1865, Ă  la crĂ©ation de l’oratorio de Liszt, « Sainte-Elisabeth »). Les qualitĂ©s du Gewandhaus s’imposent particulièrement dans la texture dense mais transparente du Wagner initial : ici surgit la matière musicale qui devait tant inspirer le Bruckner symphoniste alors quadragĂ©naire.
Saisissant dans sa rugosité primitive, la partition brucknérienne, le chef souligne son caractère plus narratif que spirituel : plus resserrée, aux mouvements courts, la Symphonie n°1 de Bruckner est la moins développée, passant cependant de pianissimi murmurés aux déflagrations assumées en triple forte. Le Scherzo, exposé ordinairement comme une danse macabre (ce qui peut se défendre), brille ici par sa rusticité violente où perce dans le trio, l’impertinente facétie du hautbois. Nelsons prend soin d’exprimer le souffle primitif de cet opus, sa vitalité originelle, avant que le mysticisme et le sens de la solennité ne portent les suivantes à dépasser en durée, les 60 mn.

La Symphonie n°5 pourrait être naturellement appelée « symphonie du destin », tant les forces qu’elle convoquent dès le développement spectaculaire du 1er mouvement requiert des pupitres considérables ; 3 trompettes, 3 trombones, tuba (et 4 cors évidemment) ; cette fanfare, aux appels impérieux expriment la puissance d’un fatum inflexible, souvent éruptif et fracassant : Bruckner y étend considérablement la résonance et le chant imprécatoire de la fosse wagnérienne, qui est sa source première. L’auteur très affaibli et malade la compose entre 1875 et 1878, mais ne l’entendit jamais puisque c’est son disciple Franck Schalk qui la crée en avril 1894, son auteur absent, exténué, s’éteignant 2 ans après… La plus techtonique, la plus mystique, souvent âpre et comme façonnée à grands coups de sabre, explore cependant des sonorités encore inexplorées, souvent vertigineuses ; l’auteur pourtant atteint semble y relever et mesurer l’ampleur d’une cathédrale colossale inconnue, aux déflagrations, à la grandeur inédite… Aux massifs puissants, inquiétants de l’ample Allegro premier (plus de 20 mn) répond un même climat tendu, intranquille de l’Adagio dont le chef souligne la très progressive et lente élucidation en texture harmonique parfois rude et dissonante dont la plénitude et la saturation relève de l’expertise de l’organiste. Le Scherzo est plus martelé ici que réellement rapide, énoncé comme un hymne et une prière désespérée qui tournent au rictus grimaçant : l’on est proche de l’atmosphère mahlérienne ; comme une célébration du génie de Bach (que Bruckner a dû maîtriser comme organiste), mais ici démultipliée par le souffle beethovénien et la grandeur wagnérienne, le Finale retrouve les proportions du premier Allegro : la double fugue (associant trompettes / trombones au motif initial des basses), exprime la conscience et la pensée universelle du Bruckner pèlerin ardent, que dévore et porte une foi mystique inextinguible. Le Gewandhausorchester de Leipzig a la tension, l’éloquence requises ; la tension qu’imprime Andris Nelsons, qui poursuit ainsi son intégrale Bruckner (pour l’année du bicentenaire en septembre 2024, comme celle simultanée de Thielemann chez Sony) y fructifie : en bénéficiant des ressources expressives de Leipzig, le chef letton (qui dirige aussi le Symphonique de Boston / BSO, depuis 2014) déploie une sonorité plus rustique et âpre que lyrique et transparente (qualités que l’on retrouve davantage chez son « rival » Thielemann qui dirige les Wiener Philharmoniker). Voici donc les nouveaux jalons d’une intégrale Bruckner, franchement caractérisée, parmi les plus intéressantes actuellement.

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CRITIQUE CD. BRUCKNER : Symphonies n°1, n°5 (Gewandhausorchester Leipzig, Nelsons – Live 2020 – 2021 – 2 cd Deutsche Grammophon)

 

 

 

 

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AUTRES CD BRUCKNER par Andris NELSONS et le Gewandhausorchester, critiqués sur CLASSIQUENEWS :

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bruckner andris nelsons symphony n 3 gewandhaus orchester cd review critique par classiquenews 0028947975779CD, compte rendu critique. BRUCKNER : Symphonie n°4. Andris Nelsons. Gewandhausorchester Leipzig (1 cd Deutsche Grammophon 2017). La 4è de Bruckner est dite « romantique » : serait-ce parce qu’elle réussit une nouvelle sagesse ample et majestueuse malgré l’ampleur des effectifs ; le sentiment préservé malgré l’esprit du colossal ? La noblesse parfois emphatique, la solennité parfois spectaculaire ne doivent jamais amoindrir l’allant altier, l’électricité souterraine qui illumine de l’intérieur, une partition toute dédiée à l’auteur de Tristan : l’ampleur des tutti, le clair obscur âpre, mordant, violent, sauvage des contrastes, opposant, affrontant les pupitres…

https://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-bruckner-symphonie-n4-andris-nelsons-gewandhausorchester-leipzig-1-cd-deutsche-grammophon-2017/

 

 

bruckner 7 symphonie andris nelsons gewandhaus leipzig critique cd cd review par classiquenewsCD, critique. BRUCKNER : 7è Symphonie (Gewandhausorchester Leipzig / Andris Nelsons, 2018 – 1 cd DG). La 7è de Bruckner est un sommet autant majestueux que d’une tendresse infinie, celle d’un organiste devenu par la seule force de sa volonté… symphoniste de premier plan, immensément dévoué à l’exemple de Wagner. Toute la 7è est un hommage et une célébration de l’oeuvre wagnérien. Bruckner sincère et entier, bien que très tardivement célébré comme compositeur, – son premier succès est justement la 7è, acclamé alors qu’il a déjà 60 ans, développe de superbes couleurs funèbres et intimistes… Andris Nelsons poursuit son intégrale pour DG Deutsche Grammophon avec le sens de la grandeur (brahmsienne …

http://www.classiquenews.com/cd-critique-bruckner-7e-symphonie-gewandhausorchester-leipzig-andris-nelsons-2018-1-cd-dg/

 

 

NELSONS andris cd critique cd review classiquenews CLIC de classiquenews Bruckner-Symphony-number-3-Wagner-Tannhauser-OvertureCD, compte rendu critique. BRUCKNER : Symphonie n°3, WAGNER : Ouverture de Tannhäuser / Andris Nelsons / Gewandhausorchester Leipzig ( 1 cd Deutsche Grammophon, Leipzig juin 2016). L’expérience à laquelle nous convie le chef letton Andris, – pas encore quadragénaire (né à Riga en Lettonie en 1978), est une immersion intelligente et réfléchie, de Bruckner à Wagner, d’autant plus pertinente et convaincante que l’ambition des effectifs requis ici n’écarte jamais le souci de précision claire, de sonorité transparente et riche. C’est même un modèle de finesse et d’élégance à mettre à présent au crédit d’un jeune chef superbement doué (on le connaît davantage dans une fosse d’opéra que comme maestro symphonique), dont le parcours discographique chez DG Deutsche Grammophon devra être suivi à présent, avec l’attention qu’il mérite… Le chef débute ainsi sa coopération à Leipzig comme directeur musical du Gewandhausorchester Leipzig,- fonction dédiée qu’il partage avec un poste équivalent à Boston (directeur musical du Boston Symphony Orchestra).

http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-bruckner-symphonie-n3-wagner-ouverture-de-tannhauser-andris-nelsons-gewandhausorchester-leipzig-1-cd-deutsche-grammophon-leipzig-juin-2016/

 

 

 

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AUTRES CD ou CONCERTS d’Andris NELSONS, critiqués sur CLASSIQUENEWS :

CD coffret, événement, critique. ANDRIS NELSONS / BEETHOVEN :BEETHOVEN andris nelsons 9 symphonies wiener philharmoniker 5 cd blu ray DG Deutsche Grammophon Complete symphonies / intégrale des 9 symphonies : Wiener Philharmoniker (2017 – 2019  -  5 cd + bluray-audio DG Deutsche Grammophon). La direction très carrée du chef letton Andris Nelsons (né à Riga en 1978) brillante certes chez Bruckner et Chostakovitch, efficace et expressive, finit par dessiner un Beethoven assez réducteur, parfois caricatural (Symphonies n°7 et 8). De la vigueur, de la force, des éclairs et tutti martiaux, guerriers… mais pour autant est-ce suffisant dans ce grand laboratoire du chaudron Beethovénien qui exige aussi de la profondeur et une palette de couleurs des plus nuancées ?
http://www.classiquenews.com/cd-coffret-evenement-annonce-andris-nelsons-beethoven-complete-symphonies-integrale-des-9-symphoniess-wiener-philharm-2017-2019-5-cd-bluray-audio-dg-deutsche-grammophon/

 

 

Chostakovich_CD nelsons bostonCD, critique. SHOSTAKOVICH / CHOSTAKOVITCH : Symphonies n°6 et 7 (Boston Symph. Orch / Andris Nelsons) / 2 CD Deutsche Grammophon. Fin du cycle des Symphonies de guerre de Chostakovich par le Boston Symphony et le chef letton Andris Nelsons. Ce 3è et dernier volume attestent des qualités identiques observées dans les opus précédents : puissance et richesse du son. Créée à Leningrad en 1939 par le légendaire Evgeni Mravinski, la Symphonie N° 6 op. 54, est la plus courte des symphonies ; Nelsons souligne le caractère endeuillé du Largo préliminaire, détaillant les solos instrumentaux pour flûte piccolo, cor anglais, basson afin de déployer la matière nocturne, étouffante de cette longue séquence grave…
http://www.classiquenews.com/cd-critique-shostakovich-chostakovitch-symphonies-n6-et-7-boston-symph-orch-andris-nelsons-2-cd-deutsche-grammophon/

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CRITIQUE CD, BLU RAY. JOHN WILLIAMS : The Berlin Concert (oct 2021 – DG Deutsche Grammophon).

JOHN-WILLIAMS-berlin-concert-oct-21-critique-cd-review-classiquenews-critique-cd-review-classiquenewsCRITIQUE CD, BLU RAY. JOHN WILLIAMS : The Berlin Concert (oct 2021 – DG Deutsche Grammophon). Le compositeur new yorkais, inspirĂ© lyrique et dramatique John Williams nĂ© en 1932 s’offrait en octobre 2021, le Berliner Philharmoniker dans un programme prĂ©sentant un florilège Ă©tonnant de ses Ĺ“uvres. DG Ă©dite en fĂ©vrier 2022 le tĂ©moignage de ce concert mythique pour les 90 ans du compositeur qui est aussi pianiste et a commencĂ© sa carrière musicale en fondant un groupe de jazz et s’est formĂ© au Los Angeles City College et Ă  la Juilliard School. Les ressources expressives des Berliner sont magistralement exploitĂ©es par le compositeur de musique de films, lui-mĂŞme grand narrateur voire poète de l’orchestre, apte Ă  exprimer musicalement l’action et les passions des hĂ©ros des films du box office. Sa carrière s’est littĂ©ralement envolĂ©e avec l’oscar dĂ©crochĂ© avec « Fiddler on the roof » en 1971 ; suivront sa rencontre avec Spielberg (« The sugarland express » en 1974), qui devenue professionnelle, dĂ©bouche sur un 2è oscar avec « Les dents de la mer » (1975). La sĂ©rie suivante ( « Star wars » Ă  partir de 1977; « Superman » en 1978, « E.T l’extra-terrestre », « Indiana Jones ») impose dĂ©finitivement le gĂ©nie musical de Williams au sein de l’industrie cinĂ©matographique hollywoodienne.
John Williams est un chef d’orchestre qui maîtrise la direction : sa nomination comme chef principal de l’Orchestre Boston Pops, de 1980 à 1983, l’a amplement démontré. Williams aime l’orchestre et ses compositions dévoilent un sens aigu, amoureux, hédoniste de l’orchestration.

Concert John Williams Ă  Berlin
SOUFFLE ORCHESTRAL
EN FORMAT CINÉMATOGRAPHIQUE !

Le contenu du coffret événement qui reprend textuellement le programme du concert de Berlin 2021, souligne en particulier le brio et l’intelligence dramatique de son écriture pour Jurassic Park, Harry Potter (Thème d’Hedwig, …), Indiana Jones (thème de Marion, …) et évidemment Star Wars avec les thèmes des héros, certains devenus légendaires au fil des sorties en salles de la saga intergalactique : « The adventures of Han (Solo) / les thèmes de Yoda, de la Princesse Leia… Chaque suite dérivée de chaque film ou saga, est introduite par une « fanfare » ou « marche » (Close encounters of the third Kind » / Superman / « Imperial March » qui elle conclut le concert…). Moins connus mais tout autant suggestifs et très bien écrits, la Suite « Far and Away » et l’Elégie pour violoncelle et orchestre and the moving Elegy for cello and orchestra, that may be less familiar but are no less brilliant.

Le souffle et la puissance imaginative qu’apporte Williams aux films qu’il a mis en musique (de Spielberg et de George Lucas principalement…) ont renouvelé le genre ; synthèse virtuose entre plusieurs inspirations (fantastique, épique, lyrique, …), son écriture montre combien la musique, en exploitant toutes les possibilités d’un orchestre, contribue au succès d’un long métrage. Les instrumentistes berlinois ont la finesse, la tension, la puissance pour servir au mieux les ressources dramatiques de Williams, sa capacité à transporter, son habileté à faire parler et chanter l’orchestre, sollicitant tous les timbres instrumentaux, en grand connaisseur des symphonistes qui l’ont précédé, de Debussy et Ravel à Wagner et Bruckner…
Dans ce concert berlinois d’octobre 2021, en complicité avec les musiciens, John Williams qui présente aussi ses propres œuvres,  transmet le souffle et l’âme de chaque page orchestrale. On ne saurait rêver meilleure performance symphonique.

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JOHN WILLIAMS : Berlin concert – Parution : le 4 fĂ©vrier 2022.
2 CD – DEUTSCHE GRAMMOPHON CELEBRATES JOHN WILLIAMS ON HIS 90th BIRTHDAY
A Brand new recording capturing the composer’s landmark debut with The Berlin Philharmonic Orchestra

CLIC_macaron_2014Edition limitée « deluxe » : (2 CDs + 2 Blu-ray discs), including a Surround 5.1 version and a breath-taking Dolby Atmos mix. Dolby Atmos – in video and audio only – delivers the experience of a multidimensional sound with incredible clarity and detail that allows you to hear details you’ve never heard before.

VINYLE : A limited 180g vinyl edition (2 LPs) – Ă  venir le 29 avril 2022.

CD événement, critique. ANNA NETREBKO : Amata delle Tenebre (1 cd DG Deutsche Grammophon, 2020, 2021)

Anna-netrebko-amata-delle-tenebre-scala-dg-cd-review-critique-cd-classiquenews-opera-critiqueCD Ă©vĂ©nement, critique. ANNA NETREBKO : Amata delle Tenebre (1 cd DG Deutsche Grammophon, 2020, 2021) – EnregistrĂ© Ă  La Scala de Milan en octobre 2020 et avril 2021, le rĂ©cital new look de la diva des divas actuelles met l’accent sur la couleur tragique : « AimĂ©e des TĂ©nèbres » / Amata delle tenebre… Cette couleur funèbre s’affiche dès le premier air, celui d’Ariane abandonnĂ©e, trahie Ă  Naxos, qui s’éveille alors au gouffre noir ; Strauss y dĂ©veloppe une ample prière Ă  la mort dont le chant de la soprano dĂ©sespĂ©rĂ©e mais digne, et qui veut disparaĂ®tre, exprime dĂ©jĂ  le souffle libĂ©rateur. S’il n’était que ce premier air, le programme laisserait une impression mitigĂ©e tant les aigus sont tendus voire arrachĂ©s, Ă  peine tenus, et l’articulation alĂ©atoire. « Es gibt ein Reich, wo alles rein ist…  / Il y a un royaume oĂą tout est pur », pris de surcroĂ®t sur un tempo trop lent (pour mĂ©nager la voix), s’enlise, techniquement imparfait. Dommage. On y dĂ©cèle la mĂŞme fragilitĂ© que dans ses 4 derniers lieder du mĂŞme Strauss, jadis enregistrĂ©s avec Barenboim, en un cycle certes audacieux et risquĂ©, mais trop disparate vocalement. De plus la cantatrice ne maĂ®trise pas l’abattage straussien.

 

 

 

 

Dans son nouvel album, Anna Netrebko en fiancée des Ténèbres, convainc surtout chez les véristes et Wagner…

Ténèbres éclectiques inconstantes

 

 

Cette réserve énoncée derechef, le reste du programme suscite l’admiration tant la voix cette fois est naturelle, plus flexible et égale tant sur le plan des aigus que du medium, toujours large, riche, onctueux et dense, parfois sépulcral.
En italien, la verdienne avérée depuis ses débuts (et sa première Traviata à Salzbourg), affirme un tempérament de feu, en particulier pour Aida qu’elle a chanté sur scène : âme en transe, palpitante voire incandescente ; par contre son Elisabeth (Don Carlo) manque de brillance ; Côté Puccini, oui sans réserves pour sa Butterfly dont l’intensité du timbre se montre déchirant, sincère, direct ; comme sa Manon, à l’intonation très juste ; idem pour Adriana Lecouvreur de Cilea dont la prosodie s’écoule naturellement… on en redemande évidemment tellement l’extrait nous paraît trop court alors. L’air de Lisa (Dame de Pique) de Tchaikovski est un sommet de brillance tragique (comme d’ailleurs sa Iolanta chantée sur scène et enregistrée, mais qui n’apparaît pas ici) ; avouons notre surprise enthousiaste pour ses 3 Wagner : son Elisabeth (Tannhäuser) rayonne, ardente, éclatante même quand Elsa (Lohengrin) exprime la candeur d’une jeune amoureuse trop naïve ; reste en conclusion de ce récital hors norme, son Isolde : le liebestod est un grand moment de plénitude enivrée (volupté caressante du timbre) qui inscrit l’aimée de Tristan et sa veuve éperdue, telle une torche brûlante prête à rejoindre dans la mort le seul être qui l’inspire. Il est temps que la diva chante le rôle sur scène ! Dommage que cette fin CLIC_macaron_2014salvatrice ne trouve pas dans le tout début straussien la même évidence caractérisée. Nous tenions là, entre ses deux extrêmes qui se répondent, un admirable récital lyrique dont la sincérité aurait été pleine et entière. Quoiqu’il en soit, celle qui s’apprête en décembre 2021 à inaugurer justement la nouvelle saison lyrique de la Scala (en Lady Macbeth) continue de nous surprendre et nous troubler par une implication personnelle parfois sidérante, toujours entière et viscérale.

Plusieurs clips vidéos dont certains filmés à la Scala, accompagnent la sortie de cet album marquant dont la mort de Didon de Purcell (qui laisse aussi mitigé en raison de la ligne vocale pas toujours tenue et claire, malgré comme toujours la sincérité ardente de l’intonation). RIccardo Chailly suit les volutes envoûtantes de ce récital sans égal aujourd’hui. La cinquantaine diverse et généreuse, la diva continue de nous subjuguer.

 

 

tracklisting / Programme des airs “Amata delle Tenebre”
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1. Richard Strauss – Ariadne auf Naxos : « Es gibt ein Reich, wo alles rein ist aus »
2. Giuseppe Verdi – Aida : « Ritorna vincitor! … Numi, pieta »
3. Giuseppe Verdi – Don Carlo : « Tu che le vanita conoscesti del mondo »
4. Richard Wagner – Tannhäuser : « Dich, teure Halle, grüß ich wieder »
5. Francesco Cilea – Adriana Lecouvreur : « Poveri diori, gemme de’ prati »
6. Pyotr I. Tchaikovsky – Pique Dame : « Uzh polnoch blitzitsya » – Pique Dame
7. Giacomo Puccini – Madama Butterfly : « Un bel di vedremo »
8. Richard Wagner – Lohengrin : « Einsam in trüben Tagen » – Lohengrin
9. Giacomo Puccini – Manon Lescaut : « Sola, perduta, abbandonata »
10. Henry Purcell – Dido and Aeneas : « Thy hand, Belinda … When I am laid in earth »
11. Richard Wagner – Tristan und Isolde : « Mild und leise wie er lächelt »

Anna Netrebko, soprano / Orchestre du Teatro alla Scala
Riccardo Chailly, direction – 1 cd Deutsche Grammophon 2894860531 – DurĂ©e : 1h06’

 

 

 

 

 

 

VIDEO : ANNA NETREBKO / DIDO alal Scala, MIlano – CLIP vidĂ©o

Anna Netrebko – Purcell: Dido and Aeneas, Z. 626: “When I am laid in earth”

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Les autres cd ANNA NETREBKO critiqués sur CLASSIQUENEWS :

 

Verismo : le nouvel album choc d'Anna NetrebkoCD, compte rendu critique. « VERISMO » : Boito, Ponchielli, Catalani, Cilea, Leoncavallo, Mascagni, Puccini, airs d’opéras par Anna Netrebko, soprano (1 cd Deutsche Grammophon). De La Wally à Gioconda, d’Adrienne Lecouvreur à Marguerite, sans omettre les pucciniennes Butterfly, Liù et Turandot, aux côtés de Manon Lescaut, Anna Netrebko confirme son immense talent d’actrice. En plus de l’intensité d’une voix de plus en plus large et charnelle (medium et graves sont faciles, amples et colorés), la soprano émerveille et enchante littéralement en alliant risque et subtilité. C’est à nouveau une réussite totale, et après son dernier album Iolanthe / Iolanta de Tchaikovsky et celui intitulé VERDI, la confirmation d’un tempérament irrésistible au service de l’élargissement de son répertoire… Au très large public, Anna Netrebko adresse son chant rayonnant et sûr ; aux connaisseurs qui la suivent depuis ses débuts, la Divina sait encore les surprendre, sans rien sacrifier à l’intelligence ni à la subtilité. Ses nouveaux moyens vocaux même la rendent davantage troublante. CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2016.

 

 

netrebko anna strauss barenboim staatskapelle berlin deutsche grammophon cd anna netrebkoCD / Le Strauss d’Anna Netrebko… Leonora du Trouvère (Salzbourg l’été dernier, après l’avoir créé à Berlin en décembre 2013), aujourd’hui furieuse et battante Lady Macbeth du même Verdi actuellement au Met, Anna Netrebko poursuit son amour du risque avec une Norma de Bellini annoncée pour l’ouverture de la saison 2017-2018 du Metropolitan Opera… Pas vraiment belcantiste comme ont pu l’être Callas, puis Sutherland ou Caballé, Anna Netrebko n’en partage pas moins le goût des défis de ses ainées. Elle a su affirmer ainsi une éblouissante Elvira dans I Puritani, il y a déjà sept ans (déjà au Met en 2007). Son Bellini comme souvent chez elle, touche par son timbre corsé, ses aigus diamantins et métallisés, surtout en dépit d’une coloratoure parfois fastidieuse côté agilité et une justesse pas sûre, une sincérité de ton qui saisit par son angélisme hyper féminin, plutôt très incarné (une couleur charnelle qui fait la valeur de sa Manon puccinienne)… De quoi nous rendre déjà impatients car Norma est le rôle féminin par excellence : digne et tragique. Parution : octobre 2014.

 

 

 

anna Netrebko, cd souvenris 2008CD. Anna Netrebko : Souvenirs (2008) …   Anna Netrebko n’est pas la plus belle diva actuelle, c’est aussi une interprète à l’exquise et suave musicalité. Ce quatrième opus solo est un magnifique album. L’un de ses plus bouleversants. Ne vous fiez pas au style sucré du visuel de couverture et des illustrations contenues dans le coffret (lequel comprend aussi un dvd bonus et des cartes postales!), un style maniériste à la Bouguereau, digne du style pompier pure origine… C’est que sur le plan musical, la diva, jeune maman en 2008, nous a concocté un voyage serti de plusieurs joyaux qui font d’elle, une ambassadrice de charme… et de chocs dont la tendresse lyrique et le choix réfléchi des mélodies ici regroupées affirment une maturité rayonnante, un style et un caractère,  indiscutables.

 

 

CD, critique. MOZART & contemporaries. Víkingur Ólafsson, piano (1 cd Deutsche Grammophon)

mozart-vikingur-olafsson-cd-deutsche-grammophon-review-critique-cd-classiquenews-CLIC-de-classiquenews-oct-2021CD, critique. MOZART & contemporaries. Víkingur Ólafsson, piano. Suite sous le feu d’une digitalité sensible, de l’émergence du chant de l’enfance, cette tendresse lumineuse dont Mozart a le secret (jaillissant comme un filon intact du Rondo K 494). La valeur de ce programme tient à ce jeu étonnant où les contrastes naissent d’une palette éblouissante de compositeurs contemporains de Wolfgang « contemporaries » : CPE Bach, Galuppi et Cimarosa principalement, ce dernier dans une gravité sincère insoupçonnée et ainsi révélée…) dont la grâce en partage sait renouveler de façon inventive la forme de la sonate classique ; revitalisant toujours le discours dans le style galant ; où quand tout a été dit, ne reste que le silence pour conclusion. Dans cette arène vive, crépitante, se distingue le feu parfois éruptif et crépitant des CPE Bach (électricité du Rondo H290) ou Cimarosa (pâleur inquiète de la Sonate n°42 / dans l’arrangement d’Olafson dont la couleur indique ce gouffre mozartien partagé). Tout semble préparer à la parole sans concession, d’un dépouillement bouleversant d’un Mozart de fait au centre du programme, touché, frappé, irradié, transcendé (pudeur et solitude de la Fantaisie K397, perle de la collection, enchaîné sans autre transition avec la joie miraculée du Rondo K485). Ainsi se réalise la liberté de l’interprète qui sélectionne et agence en un périple saisissant chaque séquence. Mozart s’affirme le plus complet, le plus direct : éloquence jaillissante de la Petite Gigue (K 574) à laquelle l’interprète fait correspondre l’enchantement intime de la Sonate K 545… Haydn, ne démérite en rien : sa Sonate n°47 a la gravité et l’élégance de Mozart et sous les doigts directs du pianiste, elle affirme une franchise crépitante douée d’un humour articulé et vivace. Tandis que la K 457 éblouit par sa tendresse clairvoyante d’une infinie et grave douceur (adagio)…
CLIC_macaron_2014Parsemé d’éclairs et de traits d’une tendresse grave, le recueil établit un parcours d’une saisissante sincérité, joué avec une passion nuancée au dosages délectables (dont la gravité joué comme une finesse noire ainsi que tend à le suggérer la plume noire que tient l’interprète sur la cover de ce cd ciselé). Confirmant l’intelligence sensible du pianiste, désormais pilier de l’écurie DG / Deutsche Grammophon (avec Daniil Trifonov). Incontournable.

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CD, critique. MOZART & contemporaries. VĂ­kingur Ă“lafsson, piano (1 cd Deutsche Grammophon) – enregistrĂ© en avril 2021, Reykjavik- CLIC de CLASSIQUENEWS automne 2021.

 

 

 

AUTRES CD de Vikingur OLAFSSON critiqués sur CLASSIQUENEWS :

vikingur-olafsson-glass cd review classiquenewsCD, compte rendu critique. PHILIP GLASS : Pianos works, oeuvres pour piano. Vikingur Ă“lafson, piano (1 cd Deutsche Grammophon). Le feu dans le GLASS… Quasiment 1h20 de bonheur musical, en un temps recomposĂ©, dans ce flux qui se joue des rythmes et des ruptures harmoniques propre Ă  crĂ©er cette temporalitĂ© hypnotique dont Glass sait nous rĂ©galer depuis près de 50 ans… L’islandais Vikingur Olafsson a sĂ©lectionnĂ© un cycle d’Études, extraites des deux Recueils Ă©ditĂ©s et validĂ©s par le compositeur au minimaliste richement suggestif. Pour les 80 ans de Philip Glass, le pianiste Olafsson, diplĂ´mĂ© de la Juilliard School de New York, vĂ©ritable icĂ´ne de la modernitĂ© en Islande, crĂ©ateur de bon nombre de nouvelles Ĺ“uvres, fondateur …

olafsson-vikingur-rameau-debussy-dg-deutsche-grammophon-annonce-cd-critique-review-classiquenewsCD Ă©vĂ©nement, annonce. VĂŤKINGUR Ă“LAFSSON : Rameau / Debussy (1 cd DG Deutsche Grammophon). Dans son dĂ©jĂ  3è album chez DG Deutsche Grammophon, l’islandais virtuose Vikingur Olafsson souligne la parentĂ© filigranĂ©e entre Rameau et Debussy, une fraternitĂ© musicale voire un lien d’interchangeabilité… Leur « entente » magique Ă©tait avĂ©rĂ©e : Debussy Ă  la suite de Saint-SaĂ«ns ou FĂ©tis (au XIXè) trouvant chez le Baroque, cet esprit français intact et pur, bienvenu dans le contexte franco français et antiallemand au dĂ©but du XXè. Rameau et ses suaves arabesques, aussi dĂ©coratives qu’intellectuelles comblait le goĂ»t alors le si difficile Monsieur croche alias Debussy. Comme le visuel l’indique, Olafsson joue Debussy comme s’il en peignait l’art des harmonies diffuses, colorĂ©es, entrelacĂ©es…

 

 

 

CD événement, critique. DANIIL TRIFONOV, piano : SILVER AGE / l’Âge d’argent. Scriabine, Prokofiev, Stravinsky (Gergiev, 2 cd DG Deutsche Grammophon 2019)

Silver-Age daniil trifonov scriabine straninsky prokofiev 2 cd deutsche Grammophon critique cd review CLIC de classiquenews decembre 2020CD événement, critique. DANIIL TRIFONOV, piano : SILVER AGE / l’Âge d’argent. Scriabine, Prokofiev, Stravinsky (Gergiev, 2 cd DG Deutsche Grammophon 2019). De tous les albums du jeune Daniil Trifonov, édités par DG, voici assurément le plus dense, le plus personnel, porté par une volonté interprétative qui fait feu de tout bois. La digitalité manifeste, d’une facilité déconcertante sert un plan poétique, un calibrage sonore qui réussit à concilier intensité et profondeur (en cela ses Prokofiev sont d’une maturité ahurissante). Dans chaque partition choisie, le pianiste semble révéler l’ineffable, il ouvre des portes et envisage des perspectives jamais écoutées avant lui ; c’est un alchimiste lunaire, à la fois facétieux et prodigieusement musical ; son acuité sonore s’exprime dans une élégance technicienne qui s’efface au profit du sens. Sublime maturité qui s’expose ici sans artifice et interroge les possibilités du clavier invité à égaler voire surpasser les mille éclats de l’orchestre. Dans la splendeur d’une sensibilité sincère et directe qui touche par son intériorité calibrée, nuancée, naturellement subtile, le pianiste s’interroge sur la signification des œuvres, semble y tisser des résonances naturelles avec le contexte social et politique. Son style est nourri d’une conscience inédite, assumée, revendiquée même (cf le texte du livret). Scriabine, Stravinsky, Prokofiev composent sous ses doigts magiciens, une sainte trinité, celle de l’avant-garde russe, à l’époque des premières années de l’Union Soviétique, quand Sergei Diaghilev sélectionnait et encourageait les « prodiges » russes.
La Séranade et l’Oiseau de feu de Stravinsky, la Sonate n°8 opus 84 de Prokofiev soulignent combien l’interprète illumine par sa clairvoyance expressive, son sens de l’unité, cette modernité musicale à l’œuvre.
On ne s’étonne pas qu’il fasse ainsi du Concerto n°2 de Prokofiev une errance fantomatique aux éclairs diffus, énoncée à reculons comme une lecture rembobinée aux allures de rêve ressuscité. C’est une marche hallucinée au bord du précipice à laquelle répond cette radicalité rythmique franche et autodéterminée : toujours avec une digitalité étonnante, aux nuances de toucher d’une irrésistible justesse. Ce qui distingue Trifonov de ses confrères et consoeurs chez DG (tel Yuja Wang elle aussi adepte de Prokofiev, mais avec une finesse expressive moindre et une technicité plus « tapageuse »), c’est sa propre sonorité toujours ronde et introspective, nuancée, colorée, énigmatique tant elle est riche de questionnements. D’autant que Gergiev sait lui aussi diffuser entre énergie et exubérance, des éclats scintillants d’une grande portée suggestive.
Créé à Saint-Petersbourg en nov 1898, le seul Concerto pour piano opus 20 de Scriabine est une rareté dont le manque de structure et de caractère explique qu’il soit peu joué. CLIC_macaron_2014Œuvre de jeunesse, le fa dièse mineur est une succession d’épisodes romantiques où le fil s’égare entre ivresse et éclairs crépusculaires. Cependant Trifonov en offre une lecture ardente, somptueusement soyeuse, qui cherche et trouve l’activité crépitante de champs souterrains. Le pianiste semble même y dévoiler une cohérence organique insoupçonnée.
Doué d’une imagination narrative illimitée, Daniil Trifonov éclaire les 3 mouvements de Petrouchka entre expressivité et fulgurance. Le jeu pianistique exprime toutes les péripéties de la marionnette suractive, héros dérisoire d’une fable qui n’est qu’une machinerie propre à tuer toute ambition héroïque. Pourtant un feu poétique et pétaradant porte la poupée sublime, ici d’une présence incandescente. Double coffret magistral. Daniil Trifonov affirme un talent exceptionnel qui en fait le pianiste russe le plus captivant de sa génération.

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CD Ă©vĂ©nement, critique. DANIIL TRIFONOV, piano : SILVER AGE / l’Âge d’argent. Scriabine, Prokofiev, Stravinsky (Gergiev, 2 cd DG Deutsche Grammophon) – EnregistrĂ© en janvier et octobre 2019. CLIC de CLASSIQUENEWS hiver 2020.

CD, critique. BEETHOVEN : lieder & songs. Matthias Goerne, baryton (1 cd DG Deustche Grammophon)

goerne-matthias-baryton-lieder-beethoven-cd-classiquenews-critique-review-cdCD, critique. BEETHOVEN : lieder & songs. Matthias Goerne, baryton (1 cd DG Deustche Grammophon). Le Beethoven intimiste, révélant ses aspirations amoureuses, les non-dits et la passion souvent ardente d’un cœur insatiable (si l’on décompte le nombre de ses aimées durant sa carrière) se dévoilent ici grâce au chant sobre et profond du baryton Matthias Goerne. Le diseur, excellent schubertien, féru de poésie depuis son enfance à Weimar et grâce au goût du père dramaturge, très amateur de Goethe, ravive ici, par la sincérité de sa voix, la flamme et le verbe éruptif comme allusif du Beethoven le plus proche du cœur. En témoignent ces 23 lieder dont deux cycles majeurs : les 6 lieder opus 48 et le cycle noble et profond « An die ferne Geliebte » opus 98, désormais emblématique d’un romantique au verbe et à la mélodie, ciselés.

LIRE aussi notre dossier spécial BEETHOVEN 2020
http://www.classiquenews.com/dossier-beethoven-2020-les-250-ans-de-la-naissance-1770-2020/

1. Beethoven: 6 Lieder op. 48 – 1. Bitten
2. Beethoven: 6 Lieder op. 48 – 2. Die Liebe des Nächsten
3. Beethoven: 6 Lieder op. 48 – 3. Vom Tode
4. Beethoven: 6 Lieder op. 48 – 4. Die Ehre Gottes aus der Natur
5. Beethoven: 6 Lieder op. 48 – 5. Gottes Macht und Vorsehung
6. Beethoven: 6 Lieder op. 48 – 6. BuĂźlied
7. Beethoven: Resignation WoO 149
8. Beethoven: An die Hoffnung op. 32
9. Beethoven: Gesang aus der Ferne WoO 137
10. Beethoven: Maigesang op. 52 no. 4
11. Beethoven: Der Liebende WoO 139
12. Beethoven: Klage WoO 113
13. Beethoven: An die Hoffnung op. 94
14. Beethoven: Adelaide op. 46
15. Beethoven: Wonne der Wehmut op. 83 no. 1
16. Beethoven: Das Liedchen von der Ruhe op. 52 no. 3
17. Beethoven: An die Geliebte WoO 140
18. Beethoven: An die ferne Geliebte op. 98 – 1. Auf dem HĂĽgel sitz ich, spähend
19. Beethoven: An die ferne Geliebte op. 98 – 2. Wo die Berge so blau
20. Beethoven: An die ferne Geliebte op. 98 – 3. Leichte Segler in den Höhen
21. Beethoven: An die ferne Geliebte op. 98 – 4. Diese Wolken in den Höhen
22. Beethoven: An die ferne Geliebte op. 98 – 5. Es kehret der Maien, es blĂĽhet die Au
23. Beethoven: An die ferne Geliebte op. 98 – 6. Nimm sie hin denn, diese Lieder

LIVESTREAM, Rudolf Buchbinder joue les Variations Diabelli de BEETHOVEN

buchbinder-rudolf-piano-beethoven-live-review-concert-critique-classiquenews-DG-classiquenewsYOUTUBE LIVE aujourd’hui, 15h : Rudolf Buchbinder, piano, joue BEETHOVEN, à partir de 15h sur Youtube. Présenté par Deutsche Grammophon @DGclassics   -   Dans le cadre de l’opération #WorldPianoDay, suivez en direct le live stream Beethoven par Rudolf Buchbinder sur youtube, ici : https://youtu.be/GDQZiLx6CzE
Rudolf Buchbinder jouera quelques extraits de son nouvel albul édité par DG Deutsche Grammophon, dédié aux célèbres Variatons Diabelli / †The Diabelli Project †: https://DG.lnk.to/Buchbinder-Diabelli.



RESTEZ CHEZ VOUS : LE CLASSIQUE VIENT A VOUS
#StayAtHome

VISIONNER ici le récital live de Rudolf Buchbinder : BEETHOVEN
https://www.youtube.com/watch?v=GDQZiLx6CzE&feature=youtu.be

CD Ă©vĂ©nement, annonce. VĂŤKINGUR Ă“LAFSSON : Rameau / Debussy (1 cd DG Deutsche Grammophon). CLIC de CLASSIQUENEWS – mars 2020. Parution annoncĂ©e le 27 mars 2020.

olafsson-vikingur-rameau-debussy-dg-deutsche-grammophon-annonce-cd-critique-review-classiquenewsCD événement, annonce. VÍKINGUR ÓLAFSSON : Rameau / Debussy (1 cd DG Deutsche Grammophon). Dans son déjà 3è album chez DG Deutsche Grammophon, l’islandais virtuose Vikingur Olafsson souligne la parenté filigranée entre Rameau et Debussy, une fraternité musicale voire un lien d’interchangeabilité… Leur « entente » magique était avérée : Debussy à la suite de Saint-Saëns ou Fétis (au XIXè) trouvant chez le Baroque, cet esprit français intact et pur, bienvenu dans le contexte franco français et antiallemand au début du XXè. Rameau et ses suaves arabesques, aussi décoratives qu’intellectuelles comblait le goût alors le si difficile Monsieur croche alias Debussy. Comme le visuel l’indique, Olafsson joue Debussy comme s’il en peignait l’art des harmonies diffuses, colorées, entrelacées. La couleur règne, suggestive, aux ouvertures et souffle atmosphérique (il n’est pas contemporain des dernières explorations impressionnistes… celle du Monet des Nympheas pour rien) : Jardin sous la pluie, Des pas sur la neige, jusqu’à Ondine (Préludes, Livre II).

 

 

Vikingur Olafsson : 3ème album chez DG

Rameau en futuriste,
Debussy néobaroque…

 

 

 

« Je veux montrer Rameau comme un futuriste et souligner les racines profondes de Debussy dans le baroque français – et dans la musique de Rameau en particulier. L’idĂ©e est que l’auditeur oublie presque qui est qui, en Ă©coutant l’album », prĂ©cise le pianiste. L’interprète inspirĂ© de Philip Glass et de JS Bach, renoue ici avec cette clartĂ© incisive des grilles contrapuntique dont il dĂ©duit des sĂ©quences motoriques impressionnantes, au profit d’un Rameau soudainement Ă©lectrisĂ© de l’intĂ©rieur ; d’une mĂ©canique aussi huilĂ©e qu’impeccablement millimĂ©trĂ©e, Olafsson renforce l’énergie dansante des danses chez Rameau, son gĂ©nie de la pulsion… qui passe aussi chez le Debussy des Children’s corner (SĂ©rĂ©nade for the Doll, The snow is dancing)… Mais tout prĂ©pare au panthĂ©on poĂ©tique, magnifiquement sculptĂ© des pièces du 4è Concert avec L’indiscrète et La Rameau (autobiographie dont Olafsson restitue l’humour et l’autodĂ©rision).

CLIC D'OR macaron 200Compléments à grande valeur onirique aussi, la pièce de son cru d’après Rameau « Arts and Hours » (dont l’immatérialité évanescente saisit, un rêve musical énoncé avec une pudeur énigmatique ; enfin, extrait des Images du Livre I, le très opportun « Hommage à Rameau ». Intelligent, pertinent sur le plan des enchaînements, magicien et volubile dans son jeu, Vikingur Olafsson célèbre la pensée musicale de deux immenses génies de la forme ; le pianiste islandais confirme sa digitalité experte dans ce 3è cd DG très réussi. Pleine critique à venir fin mars, lors de la parution annoncée du cd Debussy / Rameau par Vikingur Olafsson, piano ( 1 cd DG Deutsche Grammphon ).

 

 

 

 

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CD Ă©vĂ©nement, annonce. VĂŤKINGUR Ă“LAFSSON : Rameau / Debussy (1 cd DG Deutsche Grammophon). CLIC de CLASSIQUENEWS – mars 2020. Parution annoncĂ©e le 27 mars 2020.
 

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VOIR
Víkingur Ólafsson – Glass: Étude No. 5

 

 

 
JS BACH
Bach: Organ Sonata No. 4, BWV 528: II. Andante [Adagio] (Transcr. Stradal) / vidéo clip

 

 

 

 

JS BACH
Pianist VĂ­kingur Ă“lafsson performs J.S. Bach´s “Prelude & Fugue” in C minor, BWV 847 live from Harpa, ReykjavĂ­k

 

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 LIRE aussi : les critiques cd Vikingur OLAFSSON sur CLASSIQUENEWS :

 

olafsson vikingur jean sebastian bach critique cd par classiquenewsCD, événement. JS BACH : Vikingur Olafsson, piano (1 cd DG Deutsche Grammophon, 2018). Depuis un an, l’écurie DG Deutsche Grammophon élargit la palette de ses talents, en accueillant le pianiste islandais Víkingur Ólafsson dont le précédent programme, premier et convaincant, était dédié à Philip Glass. L’interprète poursuit un parcours sans faute dans ce nouvel album, dédié à JS BACH dont il sélectionne Préludes et Fugues, originelles et transcriptions, certaines signées de sa main (air de la cantate « Widerstehe doch der Sünde ».)… Fragments très bien choisis du Clavier bien tempéré, mais aussi Sinfonia (au contrepoint redoutable), … transcriptions historiques aussi signées Busoni, Rachmaninov, Ziloti… chaque séquence ainsi enchaînée, compose un tableau global d’une indéniable cohérence ; Olafsson précisant le génie multiforme d’un Bach, maître du développement aussi intense, expressif, caractérisé que court. C’est un « maître de l’histoire courte ». Ou du court métrage pourrions nous dire plus justement. Quelques exemples d’un parcours qui se fait voyage et traversée enchantés ? Lire notre critique intégrale du cd JS BACH par Vikingur Olafsson

vikingur-olafsson-glass cd review classiquenewsCD, compte rendu critique. PHILIP GLASS : Pianos works, oeuvres pour piano. Vikingur Ólafson, piano (1 cd Deutsche Grammophon). Le feu dans le GLASS… Quasiment 1h20 de bonheur musical, en un temps recomposé, dans ce flux qui se joue des rythmes et des ruptures harmoniques propre à créer cette temporalité hypnotique dont Glass sait nous régaler depuis près de 50 ans… L’islandais Vikingur Olafsson a sélectionné un cycle d’Études, extraites des deux Recueils édités et validés par le compositeur au minimaliste richement suggestif. Pour les 80 ans de Philip Glass, le pianiste Olafsson, diplômé de la Juilliard School de New York, véritable icône de la modernité en Islande, créateur de bon nombre de nouvelles œuvres, fondateur de son propre label aussi, nous régale dans cette succession de climats aux teintes subliminales, dans un toucher précis et clair, miraculeusement sobre, qui nuance décisive, fait toute la part à l’atténuation et la poésie sonore. C’est que le trentenaire (32 ans en 2017) a travaillé avec Glass. Une sorte d’adoubement officiel a été proclamé, soulignant la justesse artistique qui sans cela, s’impose d’elle même, à travers ces 13 sections, dont le début et la fin sont repris de « Opening » extraits de Glassworks (1981) et retravaillé dans ce reprise final par Christian Badzura. Lire notre critique complète du récital PHILIP GLASS par VIKINGUR OLAFSSON

CD, critique. MAHLER : Symphonie n°8 – Philadelphia Symphony Orchestra, NĂ©zet SĂ©guin (2016 – 1 cd DG Deutsche Grammophon).

nezet seguin symphonie 8 MAHLER cd critique concert critique classiquenews philadelphia 4837871CD, critique. MAHLER : Symphonie n°8 – Philadelphia Symphony Orchestra, NĂ©zet SĂ©guin (2016 – 1 cd DG Deutsche Grammophon)  –  PARTIE I. Percutante et nerveuse, voire d’une vĂ©hĂ©mence clairement assumĂ©e, avec des tutti et une ligne des cordes marcato, la lecture de NĂ©zet SĂ©guin ne manque ni de dramatisme ni d’intensitĂ©, ni d’élans tendres voire Ă©perdus, en particulier dans le « Veni Creator spiritus », dont il fait un appel, une aspiration au sublime et Ă  la transcendance, avec un sentiment d’urgence collectif, absolument dĂ©lectable. Les troupes trĂ©pignent mĂŞme, jusqu’au dĂ©but de 4 (Tempo 1) oĂą les instruments marquent un premier jalon dans ce cheminement qui convoque des forces colossales Ă  l’échelle du cosmos, avant que les solistes n’expriment une nouvelle phase de requĂŞte partagĂ©e (Infirma nostri corporis).

 

 

Mars 2016 : Les “Mille” Ă  Philadelphie
Yannick Nézet-Séguin articule et cisèle
l’Ă©lan spirituel de la Symphonie n°8

 

 

En vrai chef lyrique, Nézet-Séguin aborde les « Mille » comme une vaste cantate, ou un oratorio d’une fraternité revendiquée, vindicative, dont la supplique et les prières sont amplifiées par les 6 solistes, d’autant que les choeurs (« Accende lumen sensibus ») savent non pas articuler le texte mais le projeter et le déclamer avec une acuité expressive, habitée, incarnée, superbe elle aussi. Le talent du chef bâtisseur et architecte s’impose dans la construction et la structuration ferme de cette séquence (la plus longue : plus de 5 mn)… abyssale et vertigineuse. La plus impressionnante de cette première partie. L’Apocalypse et le Jugement dernier s’y trouvent fusionnés en un sentiment de fièvre collective admirablement articulé, !parfois cependant trop continument forte), mais quel souffle et quelle sensation d’héroïsme et de fraternité combattive. Portée par une impérieuse nécessité, jusqu’à la conclusion de cet hymne de vie, vraie force jaillissante.

PARTIE II. Le début du Faust décrit très attentivement le dénuement dans la montagne, avec force détails et une belle acuité instrumentale là encore… digne d’un opéra, fantastique, romantique, habité par cette conscience panthéiste, proche d’un Berlioz, que fait scintiller la direction intense et dramatique de Nézet Séguin. Du grand art.
Les tempi sont larges et volontiers Ă©tirĂ©s pour que le grand souffle et l’alchimie du Mystère se rĂ©alisent. La sĂ©quence dĂ©finit le format du paysage en question, lui aussi Ă©tagĂ©, dans un espace Ă©tendu Ă  perte de vue, vacuum aux perspectives infinies… aucun doute, NĂ©zet-SĂ©guin est un architecte hors normes. Tout le dĂ©but respire et s’exhale avec une sĂ©rĂ©nitĂ© comme hallucinĂ©e, elle aussi très habitĂ©e, comme si nous nagions dans les cercles suspendus d’un Purgatoire que dĂ©ssille bientĂ´t chacun des airs solistes, traitĂ©s comme dans un opĂ©ra : dès 12, avec l’air transi, amoureux de Pater Ecstaticus (le baryton – Markus Werba, est un peu droit et court), dont la vibration est encore davantage amplifiĂ©e par l’air de Pater Profundus qui suit, et ses Ă©vocations naturalistes (basse un peu Ă©crasĂ©e et engorgĂ©e)…
Le flux orchestral exprime une énergie très bien canalisée qui témoigne du souci de clarté et de structuration du chef.
Fin et détaillé, le maestro se montre d’une tendresse ardente et vivifiante dans la conduite du choeur « Jene Rosen », dont l’allant, le brio, la tension sont impeccables. Dans la succession des tableaux avec le double choeur et les solistes, Mahler s’engage sur des cimes lyriques avant lui cultivées par Wagner et Richard Strauss : profusion active et nerveuse du flux orchestral, scintillement dans la texture, harmonies rares qui conduisent les choeurs (adultes et d’enfants), avant et après la vision du Doctor Marianus, face à la Mater rayonnante; littéralement embrasé par son évocation (plage 19), prémisse de son invocation à la Déesse Mater (plage 31, après l’intervention de Mater Gloriosa, plage 30).
Le comble de l’élégance tendre est atteint dans l’exposé de la Mater gloriosa, déité enfin visible et audible (plage 21), aux cordes et cors, souples, étirés (harpes caressantes)… en un flux melliflu d’une souplesse qui rayonne de lumineuse quiétude. L’élévation du corps transcendé de Faust, et son accueil dans le sein du Paradis final est réalisé dans la prière éthérée de Mater Gloriosa (soprano clair et naturel de Lisette Oropesa, de loin la meilleure soliste d’une distribution bancale), enfin dans l’air du ténor (Doctor Marianus), aux cordes océaniques et voluptueuses.
Dans la dernière séquence, celle de l’Apothéose de Faust (après celle de Marguerite), Nézet-Séguin opte pour un tempo extrêmement lent, qui cisèle chaque couleur, amplifie le geste du choeur implorant et miséricordieux.

 

 

VIDEO : 8è Symphonie de Mahler par Yannick Nézet-Séguin / Philadelphia Orchestra (mars 2016) :

 

 

 

 

De toute Ă©vidence malgrĂ© un plateau de solistes perfectibles (baryton, basse, tĂ©nor en particulier), la puissance et l’implication de cette lecture sont indĂ©niables. RĂ©alisĂ© pour le centenaire de la crĂ©ation de la partition mahlĂ©rienne aux USA, par l’Orchestre de Philadelphie, cet enregistrement live, de mars 2016, confirme que NĂ©zet-SĂ©guin n’usurpe pas sa rĂ©putation de chef lyrique et symphonique ; il est douĂ© d’une ferveur communicative et d’un sens Ă©vident de l’architecture et du drame. Sa vision Ă©claire ce en quoi la 8è symphonie de Mahler est bien cette formidable machine Ă  rĂ©demption, d’une fraternitĂ© enveloppante et irrĂ©sistible. Cet Everest en deux parties qui Ă©voque l’élĂ©vation des corps mortels, accomplissant le destin final de Faust, enfin sauvĂ©, est bien le sommet de son Ĺ“uvre symphonique car tout ce qui a prĂ©cĂ©dĂ©, comme le dit Mahler lui-mĂŞme, n’est qu’un prĂ©alable qui prĂ©pare Ă  ce chef d’œuvre. Voici donc un opus captivant aux cĂ´tĂ©s des projets qui rĂ©unissent DG et le Philadelphia Orchestra autour de l’intĂ©grale des Symphonies et des Concertos pour piano de Rachmaninov (avec pour soliste : l’excellent Daniil Trifonov : enregistrements dĂ©jĂ  Ă©ditĂ©s et critiquĂ©s sur classiquenews : Concertos pour piano 1 et 3 – CLIC de CLASSIQUENEWS). Parution annoncĂ©e le 31 janvier 2020.

 

 

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CLIC D'OR macaron 200CD, critique. MAHLER : Symphonie n°8 – Philadelphia Symphony Orchestra, NĂ©zet SĂ©guin (LIVE, mars 2016). Symphony No. 8 /«  Symphony of a Thousand » – Symphonie des Mille, n°8 – The Philadelphia Orchestra – Yannick NĂ©zet-SĂ©guin, direction.
Int. Release 17 Jan. 2020 – Parution France : 31 janvier 2020.
1 cd DG Deutsche Grammophon 0289 483 7871 5

Distribution :
Solistes : Angela Meade, Erin Wall, Elizabeth Bishop, Lisette Oropesa, Mihoko Fujimura, Anthony Dean Griffey, Markus Werba, John Relyea,

The American Boychoir,
Westminster Symphonic Choir,
The Choral Arts Society of Washington,
Philadelphia Orchestra,
Yannick Nézet-Séguin, direction

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La SYMPHONIE n°8 en VIDÉO :
VOIR notre reportage vidĂ©o exclusif : Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille jouent la Symphonie n°8 des Mille de Gustav Mahler (Munich, 1910) au Nouveau Siècle de Lille (20, 21 nov 2019) :

 

mahler-mille-ONL-LILLE-alexandre-Bloch-vignette-classiquenews

 

 

 

 

 

 

CD coffret, Ă©vĂ©nement, annonce. ANDRIS NELSONS / BEETHOVEN : Complete symphonies / intĂ©grale des 9 symphoniess : Wiener Philharm (2017 – 2019  -  5 cd + bluray-audio DG Deutsche Grammophon)

BEETHOVEN andris nelsons 9 symphonies wiener philharmoniker 5 cd blu ray DG Deutsche GrammophonCD coffret, Ă©vĂ©nement, critique. ANDRIS NELSONS / BEETHOVEN : Complete symphonies / intĂ©grale des 9 symphonies : Wiener Philharmoniker (2017 – 2019  -  5 cd + bluray-audio DG Deutsche Grammophon). La direction très carrĂ©e du chef letton Andris Nelsons (nĂ© Ă  Riga en 1978) brillante certes chez Bruckner et Chostakovitch, efficace et expressive, finit par dessiner un Beethoven assez rĂ©ducteur, parfois caricatural (Symphonies n°7 et 8). De la vigueur, de la force, des Ă©clairs et tutti martiaux, guerriers… mais pour autant est-ce suffisant dans ce grand laboratoire du chaudron BeethovĂ©nien qui exige aussi de la profondeur et une palette de couleurs des plus nuancĂ©es ? A notre avis, le maestro n’exploite pas assez toutes les ressources des instrumentistes viennois pourtant rĂ©putĂ©s pour leur finesse naturelle. A 40 ans, Nelsons (devenu chef permanent du Gewandhaus de Leipzig depuis 2017), dirige de façon d’emblĂ©e berlinoise ou teutonne un orchestre qui demanderait Ă  articuler, Ă  nuancer davantage. Disciple de Mariss Jansons, Andris Nelsons semble n’avoir compris que la force et la tension du premier, en minimisant le travail sur les couleurs et les nuances. Donc voici la version claironnante d’un Beethoven Ă  poigne.

Tous ceux qui savent tout l’héritage viennois (haydnien et mozartien) chez Ludwig, et donc recherchent sous l’architecture du visionnaire prophétique, l’intelligence des timbres et la sensibilité du peintre (dans l’art du paysage par exemple, en particulier dans la Pastorale)… passeront leur chemin.

De même, la 1ère symphonie patine sur des tempi trop ralentis, mais grâce à la vélocité des cordes et leurs somptueux unissons (exceptionnellement aérés ; donc uniques au monde : tout ce qui fait l’excellence des Wiener Philharmoniker), les mouvements plus rythmiques regorgent d’une saine vitalité. Les uns regretteront que Nelsons pontifie, solennise, classicise à outrance avec des gestes pompiers… Oui mais c’est compter sans l’orchestre qui respire et contraste avec un souffle unique et singulier.

La 7è est de ce point de vue emblématique : elle révèle les aspérités et les arguments d’une lecture brillante mais par moments trop charpentée. Quelle majesté qui trépigne comme un dragon rugissant peu à peu, nous faisant entendre le son d’un nouveau monde ; Beethoven est capable de provoquer, saturer, claquer et faire réagir en une frénésie unique et inouïe avant lui (premier mouvement : Poco sostenuto puis Vivace, d’une tension quasi effrayante) ; puis à l’opposé, le second mouvement Allegretto exprime une immense nostalgie, pas une marche funèbre comme beaucoup la traite et la rigidifie, mais un chant qui pleure et qui coule, regrette et tourne la page ; musique des regrets et des soupirs vite transcendés dans l’appel des cimes. Nelsons éclaircit la pâte, précise et clarifie le contrepoint, précise chaque entrée des cordes pour mieux asséner l’implacable rythme du temps, la force et la violence du destin. La douceur voluptueuse de bois (si onctueuse dans la narration évocatrice de la Pastorale : hautbois, clarinettes, bassons…) adoucit les griffes de cette conscience qui tutoie l’histoire. Le Presto est un nerf électrique qui se déroule et aimante tout sur son passage ; préalable frénétique avant l’Allegro con brio ou Finale qui sonne l’appel de toutes les forces martiales en présence (trompettes incandescentes), en un tourbillon qui tourne sur lui-même et appelle une nouvelle direction dans cette saturation rythmique de tutti répétitifs. Aucun doute ici, Beethoven est bien le compositeur du chaos qui hurle puis s’organise.

 

 

 

Le Beethoven d’Andris Nelsons
Chef de la vigueur et de la fermeté…

 

 

 

nelsons-andris-beethoven-wiener-phil-critique-cd-classiquenews-orchestre-symphonies-critique-classiquenews-concerts-maestro-dg-deutsche-grammophonLa 8è développe illico l’énergie de la forge, ce grand bain en fusion qui étreint la matière, la malaxe et la compresse en éclats rythmiques incandescents ; jamais la sensation du volcan orchestral et sa chambre contenant le magma n’avait autant émerger dans une symphonie : brillant et vivace cet allegro récapitule toute l’énergie dont est capable le promothéen Beethoven. Quel contraste là encore avec la légèreté caquettante, badine et facétieuse de l’Allegretto (justement annoté « scherzando ») qui semble faire révérence à l’humour et la délicatesse dansante de Haydn et Mozart. Mais avouons qu’avec un tel orchestre, Nelsons manque de finesse et force le trait. Inutile surlignage.
Le Menuetto est le moins réussi car grossièrement battu, sans légèreté. Des acoups guère sforzando asséner sans ménagement au risque de perdre le fil et la pulsion du Menuetto de base. Dommage. Là se révèle  à notre avis les limites de la version Nelsons : trop épaisse, la pâte des viennois qui pourtant respire et palpite naturellement, sonne brucknérienne et brahmsienne. Un Beethoven enflé, grossi, qui aurait pris du poids : on est loin de l’élégance viennoise. dans les faits, Beethoven fit créer toutes ses symphonies majeures à Vienne. Sur un tempo très allant, le dernier Allegro vivace manque de nuance. Mais cela trépigne et caquète à souhaits.

Ailleurs, cela fonctionne très bien dans la force tellurique et rythmique de la 5è ; mais qu’en est-il dans ce vaste poème de la Pastorale (Symphonie n°6), fresque organiquement unifiée à travers ses 5 mouvements ? Hymne inouï à la Nature, expression d’un sentiment de compassion déjà écologique, et panthéiste qui récapitule l’ambition lumineuse de Haydn (celui de la Création, oratorio clé de 1799) ?
La sonorité comme chauffée à blanc des cordes donne la clé d’une lecture plus intense et contrastée que vraiment articulée. Tout est énoncé avec une vigueur permanente. Des contrastes tranchants, une matière en constante fusion, crépitante, d’une sauvagerie ardente et vindicative ; à croire que le chef ne connaît (ou plus exactement écarte) toute nuance piano, tout galbe amoureux… la volupté dans le regret n’existe plus.
Le second mouvement (Andante molto moto) manque de flexibilité caressante : tout est exécuté, détaillé, précisé et par séquences.  Il y manque la patine tendre, la distance poétique, ce flux qui s’écoule, organique et viscéral qui colore les meilleures versions (Karajan, Harnoncourt, Bernstein…) dans la scène au ruisseau. Ici tout brille, en permanence, de façon univoque.

MĂŞme Ă©clatante voire fracassante Ă©nergie dans la 9è, Ă  laquelle il ne manque ni dĂ©flagration ni dĂ©charges en tous genres ; du souffle aussi dès le portique d’ouverture qui creuse une distanciation historicisante,  – sorte d’appel gĂ©nĂ©ral Ă  toutes les Ă©nergies disponibles. Et qui inscrit le massif orchestral en un souffle Ă©pique, Ă  l’échelle de l’histoire. Le chef veille en permanence Ă  faire vrombir le son collectif, creusant les contrastes avec un geste parfois sec, rĂ©sumant le dĂ©veloppement et ses variations en une sĂ©rie de blocs sonores plus puissants que clairs et transparents quoiqu’il sculpte dans l’évidence le relief des bois (Allegro ma non troppo, un poco maestoso). Roulements de timbales, appels des trompettes convoquent une urgence pĂ©taradante qui sonne dur voire Ă©paisse. Le fin contrepoint du Molto vivace qui est vite rattrapĂ©e par l’euphorie et mĂŞme la transe collective avance comme une machine de guerre, enrayĂ©e cependant sur le mode forte voire fortissimo et mĂ©gaforte (coups de timbales). Le chef pilote l’orchestre dans la trĂ©pidation, une urgence continue faisant table rase de tout, y compris de toute recherche de nuances et de dĂ©tails instrumentaux, sauf le contre chant des violoncelles, contrebasses et cors, quoique enchaĂ®nĂ©s rapidement, presque prĂ©cipitĂ©s.
L’Adagio doit effacer toute tension, réparer les blessures, réconforter par son voile instrumental où règnent l’unisson des cordes, la couleur flottante des cors, bassons, clarinettes, hautbois… Nelsons extirpe de l’orchestre un appel au renoncement, l’expression d’un adieu éternel. Mais il manque cette nuance de magie, de phrasés piano dont le chef se montre avare depuis le début de son intégrale. De telle sorte que son Beethoven sonne (comme nous l’avons dit) comme du Brahms.

Evidemment la dĂ©flagration qui ouvre le Presto – fanfare puis chant des contrebasses, rĂ©sonne comme une prise Ă  tĂ©moin, et la claire volontĂ© de Beethoven d’inscrire sa symphonie dans l’Histoire.
La séquence est charnière ; elle doit être entendue comme ultime récapitulation aussi, à la fois complète et définitive comme une reprogrammation, une mise en orbite pour un monde nouveau, juste avant la prise de parole et de chant de l’humanité fraternelle réconciliée dans le dernier mouvement sur les vers de Goethe.
Plus inspiré, capable de contrastes ciselés, le chef détaille alors séquence par séquence, produit de superbes climats qui récapitulent ce qui a été développé. L’Allegro assai, c’est à dire l’énoncé initial de l’Ode à la joie aux contrebasses (5) est inscrit comme un motif sinueux, pianissimo, souterrain qui innerve tout le paysage orchestral, en un large et progressif crescendo, alors détaillé par les bois.. Voilà une séquence parfaitement réussie, nuancée, murmurée, riante dans la joie et l’espérance (superbe chant des clarinettes).

Dans l’esprit d’un opéra, et l’on pense à la clameur finale de Fidelio et son hymne conclusif, fraternel, la basse Georg Zeppenfeld (ailleurs très bon wagnérien, comme à Bayreuth) entonne avec une noblesse communicative l’ode humaniste rédigé par Goethe et que Beethoven sublime jusqu’à l’explosion, en ménageant plusieurs jalons par le quatuor vocal.
Après l’appel de tout le chœur, à 3’33, l’armée orchestrale reprend le flambeau, électrisée davantage par le ténor (Klaus Florian Vogt un rien tendu) et le chœur des hommes. Chef et instrumentistes assènent une montée en puissance qui ne ménage aucun effet tonitruant pour faire triomphant l’éclat de l’hymne vers la transe rituelle, vers l’ivresse contagieuse explosive… quitte à éluder le mystère de la séquence plus introspective (Andante maestoso, plage 8, 1’34) qui reste plat et manque curieusement de respiration… Une intégrale en demi teintes donc. Plus teutonne et berlinoise que viennoise et autrichienne. A écouter Nelsons, tout l’apport récent, depuis Harnoncourt, des instruments d’époque, est écarté ici. Question d’esthétique certes. Mais à force de rugir et vrombir, le moteur beethovénien sature dans la puissance et l’épaisseur du trait.

 

 

 

 

 

 

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Approfondir
 

 

 

Autres cycles symphoniques d’Andris Nelsons chez Deutsche Grammophon :

 
 

 

 

BRUCKNER
les Symphonies de Bruckner par Andris Nelsons (2016, 2017, 2018) avec le Gewandhausorchester Leipzig

Symphonie n°7 – CLIC de CLASSIQUENEWS
http://www.classiquenews.com/cd-critique-bruckner-7e-symphonie-gewandhausorchester-leipzig-andris-nelsons-2018-1-cd-dg/

Liens vers Symphonie n°3 et Symphonie n°4
http://www.classiquenews.com/cd-critique-bruckner-7e-symphonie-gewandhausorchester-leipzig-andris-nelsons-2018-1-cd-dg/

 

 

 

CHOSTAKOVITCH / SHOSTAKOVICH

Chostakovich_CD nelsons bostonCD, critique. SHOSTAKOVICH / CHOSTAKOVITCH : Symphonies n°6 et 7 (Boston Symph. Orch / Andris Nelsons) / 2 CD Deutsche Grammophon. Fin du cycle des Symphonies de guerre de Chostakovich par le Boston Symphony et le chef letton Andris Nelsons. Ce 3è et dernier volume attestent des qualités identiques observées dans les opus précédents : puissance et richesse du son. Créée à Leningrad en 1939 par le légendaire Evgeni Mravinski, la Symphonie N° 6 op. 54, est la plus courte des symphonies ; Nelsons souligne le caractère endeuillé du Largo préliminaire, détaillant les solos instrumentaux pour flûte piccolo, cor anglais, basson afin de déployer la matière nocturne, étouffante de cette longue séquence grave et intranquille. Les deux mouvements plutôt courts qui suivent Allegro et Presto assène une motricité aiguë et incisive qui fait dialoguer cuivres ironiques, gorgés de moquerie acerbe, et bois vifs argents. Le final est abordé comme un feu d’artifice cravaché, narguant le mystère du premier mouvement dont il dément le calme profond par une série ultime de surenchère démonstrative et vindicative, au bord de la folie… LIRE ici la critique complète

 

 

 

 

 

 

CD Ă©vĂ©nement, critique. DANIIL TRIFONOV, piano – Destination Rachmaninov : ARRIVAL – Concertos 1 et 3. PHILADELPHIA orchestra, Yannick SĂ©guet-NĂ©zin, direction (2 cd DG Deutsche Grammophon)

trifonov daniil cd destination rachmaninov arrival piano concertos 1 3 nezet-seguin cd deutsche grammophon cd critique review classiquenewsCD Ă©vĂ©nement, critique. DANIIL TRIFONOV, piano – Destination Rachmaninov : ARRIVAL – Concertos 1 et 3. PHILADELPHIA orchestra, Yannick SĂ©guet-NĂ©zin, direction (2 cd DG Deutsche Grammophon). Voici donc un excellent double cd qui tĂ©moigne de la maturitĂ© et de l’étonnante musicalitĂ© du jeune pianiste russe Daniil Trifonov. En achevant son pĂ©riple Rachmaninov, relayĂ© par un abondant dispositif vidĂ©o, quasi cinĂ©matographique (DESTINATION RACHMANINOV), le pianiste captive littĂ©ralement par une digitalitĂ© facĂ©tieuse et virtuose, pour nous supĂ©rieure Ă  la mĂ©canique Ă©lectrique des asiatiques (Wang ou Lang Lang) : le Russe est douĂ© surtout d’une profondeur intĂ©rieure, – absent chez ses confrères/soeurs, ce chant nostalgique qui fonde la valeur actuelle de ses Liszt (publiĂ©s aussi chez DG).

CD1 – Le Concerto n°1 (Moscou, 1892) nous fait plonger dans l’intensitĂ© du drame ; un fracas lyrique immĂ©diatement actif et rugissant, bientĂ´t rassĂ©rĂ©nĂ© dans une texture lyrique et langoureuse dont seul Rachmaninov a le secret ; qui peut effacer de sa mĂ©moire le motif central (cantilène Ă  la fois grave mais douce) de ce premier mouvement Vivace, qui a fait les belles heures de l’émission Apostrophes de Bernard Pivot ? D’autant que le jeu perlĂ© de Daniil Trifonov fait merveille entre sagacitĂ©, activitĂ©, intĂ©rioritĂ© ; entre allant et tendre nostalgie ; il tisse des vagues d’ivresse Ă©perdue comme au diapason d’un orchestre nerveux voire brutal (excellente prĂ©cision de NĂ©zet-SĂ©guin pour restituer la dĂ©flagration sonore d’une orchestration qui peut sonner monstrueuse), sĂ©ries de rĂ©ponses Ă©lectriques et tout autant percutantes et vives, au bord de la folie (grâce Ă  une digitalitĂ© fabuleusement libre, frĂ©nĂ©tique ou en panique). Ce jeu Ă©lastique entre Ă  coups et secousses, puis Ă©largissement de la conscience, trouve un Ă©quilibre parfait entre le piano et l’orchestre.
L’Andante caresse, respire, plonge dans des eaux plus ambivalentes encore où règne comme une soie nocturne, l’onde sonore onctueuse de l’orchestre plus bienveillant. Daniil Trifonov chante toute la nostalgie en osmose avec les pupitres de l’orchestre aux couleurs complices.
A travers une forme de monologue enchanté, sourd l’inquiétude d’une gravité jamais éloignée. La lecture approche davantage une veille attendrie plutôt qu’une libération insouciante. Là encore on goûte la subtilité des nuances et des couleurs.
La partie la plus passionnante reste l’ultime épisode Allegro vivace dont le chef fait crépiter les rythmes (déjà) américains, le swing qui semble quasi improvisé, d’autant que le cheminement du jeune pianiste se joue des rythmes, de l’enchaînement des séquences avec une précision frénétique, une acuité vive et engagée d’une indiscutable énergie ; un tel déhanchement heureux regarde directement vers le bonheur comme la liberté du Concerto n°3, lui créé à New York par l’auteur le 28 nov 1909.
Brillant autant que créatif, Trifonov nous livre son propre arrangement du premier volet des Cloches, soit un morceau de 6mn (allegro ma non tanto) qui montre toute la sensibilité active et l’imagination en couleurs et timbres qui l’inspirent.

 

 

 

Périple réussi pour Daniil Trifonov
Rachmaninov intérieur et virtuose

 

 

 

TRIFONOV-DANIIL-rachmaninov-arrival-critique-classiquenews-trifonov-daniil-cd-destination-rachmaninov-arrival-piano-concertos-1-3-nezet-seguin-cd-deutsche-grammophon-cd-critique-review-classiquenews---copieCD2 – Cerise sur le gâteau et approfondissement de cette utlime escale en terres Rachmaninoviennes, le Concerto pour piano n°3 affirme une Ă©gale musicalitĂ© : immersion naturelle et progressive sans heurts, en un flot Ă  la fois ductile et crĂ©pitant oĂą l’orchestre sait s’adoucir, rechercher une sonoritĂ© mĂ©diane qui flatte surtout le relief scintillant du piano. Le jeu de Trifonov est d’une prĂ©cision caressante, onctueuse et frappante par sa souplesse, comme une vision architecturĂ©e globale très claire et puissante. L’écoulement du dĂ©but est presque hors respiration, d’une tenue de ligne parfaite, Ă  la fois irrĂ©sistible, allante, de plus en plus souterraine, recherchant le repli et l’intĂ©riorisation ; ce que cherche Ă  compenser l’orchestre de plus en plus dĂ©claratif, mĂ©nageant de superbe vagues lyriques comme pour mettre Ă  l’aise le soliste ; aucun effet artificiel, mais l’accomplissement d’une lecture d’abord polie dans l’esprit ; D’une imagination construite foisonnante, Trifonov soigne l’articulation au service de sa sonoritĂ©, Ă©coute l’intĂ©rioritĂ© de la partition et cisèle son chant pudique avec une tendresse magicienne. Chaque point d’extase et de plĂ©nitude sonore rebondit avec un galbe superbement articulĂ© ; peu Ă  peu le pianiste fait surgir une sincĂ©ritĂ© de plus en plus lumineuse que l’orchestre fait danser dans un crĂ©pitement de timbres bienheureux. La rĂ©exposition Ă©claire davantage la sensibilitĂ© intĂ©rieure du pianiste qui ralentit, Ă©coute, cisèle, distille avec finesse l’élan lyrique, souvent Ă©perdu de son texte.  Jusqu’à l’ivresse presque en panique Ă  8’ du premier mouvement, avant que ne cisaillent les trompettes cinglantes plus amères, rĂ©vĂ©lant alors des cordes plus nostalgiques ; mais c’est Ă  nouveau le piano somptueusement enchantĂ© qui recouvre l’équilibre dans ce mitemps.
La seconde partie dans ses vertiges ascensionnels est hallucinée et crépitante ; le pianiste semble tout comprendre des mondes poétiques de Rachmaninov : ses éclairs fantastiques, ses doutes abyssaux, ses élans éperdus… Trifonov sachant à contrario de bien de ses confrères et consœurs, éviter toute démonstration, dans l’affirmation d’un chant irrépressible, viscéral, jamais trop appuyé, triomphe dans une sonorité toujours souple et fluide, solaire et tendre (cf la qualité de ses Liszt précédents déjà cités). Le soliste sait préserver l’ampleur d’une vision intérieure, imaginative, poétique, suspendue, d’une incroyable respiration profonde, en particulier avant la 2è réexposition du thème central (15’40 à 15’53). Tout l’orchestre le suit dans ce chant de l’âme et qui s’achève dans une glissade fugace, subtilement ciselée dans l’ombre.

L’intermezzo est en forme d’Adagio qui affirme la même volupté lointaine, une distanciation poétique écartant tout acoups, mais invite à l’expression la plus intime d’un cœur attendri, extatique.  Cette éloquence intérieure est partagée par l’orchestre et le pianiste qui colore et croise de nouvelles visions au bord de l’évanouissement, sait s’appuyer davantage sur l’orchestre : les champs intérieurs y sont remarquablement sculptés, véritables ivresses qui portent au songe et à la rêverie, à l’oubli et au renoncement… en un crépitement qui soigne toujours la clarté et la précision d’un jeu nuancé, détaillé, et d’une grande invention comme d’une grande intelligence sonore.

CLIC_macaron_2014Le dernier mouvement, « Finale. Alla breve », semble réunir toutes les forces vitales en présence et récapituler les songes passés, en un chant revivifié qui énonce les principes d’une reconstruction désormais partagée par instrumentistes et piano solo ; le chant s’enfle, grandit, ose une carrure nouvelle, galopante ; Trifonov réussit l’expression de cette chevauchée toute de souplesse et de nuances chantantes. Le jeu du pianiste est tout simplement irrésistible comme happé, aspiré par une dimension qui dépasse l’orchestre… facétieux, mystérieux, le clavier vole désormais de sa propre énergie, aérienne : le lutin Trifonov (3’57) cisèle ce chant cosmique, dans les étoiles, comme un jaillissement naturel. D’une caresse infinie qu’il inscrit, suspend au delà de la voûte familière dans la texture même du songe. Un songe éveillé, en chevauché, dans un galop qui mène très très loin et très haut, révélé en partage. Hallucinant et cosmique. Du très grand art.

 

 
 

 

LIRE notre annonce du cd événement Departure / Destination Rachmaninov (octobre 2018)
https://www.classiquenews.com/cd-evenement-annonce-daniil-trifonov-destination-rachmaninov-departure-1-cd-dg/

LIRE aussi notre annonce du cd événement : ARRIVAL / Destination Rachmaninov (octobre 2019)

 

 
 

 

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CLIC D'OR macaron 200CD Ă©vĂ©nement, critique. DANIIL TRIFONOV, piano – Destination Rachmaninov : ARRIVAL – Concertos 1 et 3. PHILADELPHIA orchestra, Yannick SĂ©guet-NĂ©zin, direction 52 cd DG Deutsche Grammophon) – CLIC de CLASSIQUENEWS d’octobre 2019. Parution le 11 octobre 2019.

CD coffret, Ă©vĂ©nement, annonce. ANDRIS NELSONS / BEETHOVEN : Complete symphonies / intĂ©grale des 9 symphonies : Wiener Philharm (2017 – 2019 – 5 cd + blueray-audio DG Deutsche Grammophon)

BEETHOVEN andris nelsons 9 symphonies wiener philharmoniker 5 cd blu ray DG Deutsche GrammophonCD coffret, Ă©vĂ©nement, annonce. ANDRIS NELSONS / BEETHOVEN : Complete symphonies / intĂ©grale des 9 symphonies : Wiener Philharm (2017 – 2019 – 5 cd + blueray-audio DG Deutsche Grammophon). Le chef Andris Nelsons se taille un part de lion au sein de l’écurie DG Deutsche Grammophon, sachant rĂ©ussir rĂ©cemment dans une intĂ©grale des symphonies de Bruckner et de Chostakovitch, saluĂ©es par classiquenews. Pour l’annĂ©e Beethoven 2020, voici en prĂ©ambule attendu, prometteur, l’intĂ©grale des 9 symphonies de Ludwig van Beethoven avec les Wiener Philharmoniker, histoire de constater lors des sessions d’enregistrements de 2017 Ă  2019, la tenue de l’orchestre le plus prestigieux au monde, et la pertinence d’une lecture observĂ©e. La finesse de la sonoritĂ© et le dĂ©tail comme l’énergie prĂ©servĂ©es par le chef devraient marquer cette nouvelle intĂ©grale par la phalange viennoise. VoilĂ  qui Ă©clairera la subtilitĂ© et la couleur mozartiennes dans la grande marmite bouillonnante du grand Ludwig. Une once de finesse couplĂ©e aux contrastes Ă©ruptifs, volcaniques d’un Beethoven Ă  jamais rĂ©volutionnaire. Grande critique Ă  venir dans le mg cd dvd livres de classiquenews. Parution annoncĂ©e : le 4 octobre 2019.

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CD coffret, Ă©vĂ©nement, annonce. ANDRIS NELSONS / BEETHOVEN : Comlete symphonies / intĂ©grale des 9 symphoniess : Wiener Philharmoniker (2017 – 2019 – 5 cd + blurray-audio DG Deutsche Grammophon)

CD critique. VERDI : Ildar Abdrazakov / Orchestre Métropolitain de Montréal, Yannick NEZET-SEGUIN (1 cd DG Deutsche Grammophon)

Verdi ildar abdrazakov cd annonce critique classiquenews verdi orch metropolitain de montreal classiquenewsCD critique. VERDI : Ildar Abdrazakov / Orchestre Métropolitain de Montréal, Yannick NEZET-SEGUIN (1 cd DG Deutsche Grammophon). Voilà le déjà 2è cd réalisé par la basse vedette et le chef à qui tout semble réussir, pour Deutsche Grammophon.
ATTILA fait valoir l’élasticité sombre et noble du ruban mélodique dont est capable la basse Ildar Abdrazakov : le chanteur colore, étire, sur le souffle, sans jamais écraser. Dans la prière langoureuse du roi Felipe II, monarque auquel est refusé le bonheur et l’amour : Ella giamma m’amo! (DON CARLOS), il faut un diseur capable de nuancer toutes les couleurs de l’amertume frustrée, mais là aussi, dignité de la personne, dans la noblesse et aussi une certaine tendresse, car cet air contrairement à ce qui précède dans l’opéra, concerne la dévoilement d’un sentiment (voire d’une tragédie) intime : osons dire que la basse malgré son souci du texte et du caractère de la pièce, écrase un peu, lissant le tout dans une couleur monochrome… Dans NABUCCO I (« Sperate, o figli » de Zaccaria), le soliste plafonne davantage dans un air qui manque de ciselure, déçoit par son gris terne, rond certes mais dépourvu de relief caverneux, ce qui est d’autant plus dommage car le chœur et l’orchestre (basson) sont impeccables, riches en vitalité intérieure. Dans la cabalette, la voix pourtant intense, manque de brillant ; finit par être couverte par les choristes et les instrumentistes. Et si les vrais vedettes de ce récital verdien orchestralement passionnant, étaient les instrumentistes montréalais et leur chef charismatique ?

Ildar Abdrazakov est-il un verdien affûté ?…
Basse moyenne, un rien monochrome.
Par contre l’orchestre…

Verdi a soigné les barytons et basses. L’opéra Boccanegra offre des caractères inoubliables pour tout chanteur acteur : l’air A te l’estremo de Fiesco respire la lassitude de l’homme, tourmenté, dévoré (au sens strict comme symbolique). Là encore malgré la puissance (peut-être renforcé par le niveau du micro), le timbre tend à la monochromie, certes sa teinte grise et sombre éclairant le mal qui ronge le héros : « A te l’estremo addio » (plage 8 et 9), air d’adieu, de renoncement encore âpre et tendu, lugubre, surtout imploratif et introspectif, la basse russe perd dans l’étendu de la ligne, sa justesse, se détimbre, manque l’éclat de sidération et d’accent fantastique, en cela soutenu, dialogué avec le choeur, halluciné ; regrettable manque de couleurs, de nuances, d’autant que l’orchestre lui offre une palette de références souvent saisissante, sous la baguette abbadesque du québécois Yannick Nézet Séguin. Le second air de Zaccaria de Nabucco dévoile les limites d’une voix qui tend à rester dans son medium, engorgée, lissant tout le texte, au vibrato de plus en plus omniprésent. Même lassitude et vibrato gras pour son Procida (i Vespri Siciliani). Partition lumineuse et fantastique, Luisa Miller scintille ici par le jeu de l’orchestre, millimétré, nuancé. Hélas, le Walter de Abdrazakov reste d’un terne vibré qui finit par lasser tant il aplatit tout le texte.
Dommage. La direction de Yannick Nézet-Séguin est, elle, inspirée, hallucinée, détaillée… d’une conviction nuancée égale à son récent Mozart en direction de Baden Baden (Die Zauberföte / La Flûte enchantée : clic de classiquenews de l’été 2019). Abdrazakov n’est pas Nicolai Ghiaurov : verdien autrement mieux colorés et diseurs, même avec sa voix ample et caverneuse.

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CD critique. VERDI : Ildar Abdrazakov / Orchestre MĂ©tropolitain de MontrĂ©al, Yannick NEZET-SEGUIN (1 cd DG Deutsche Grammophon) – Parution en France : le 15 aoĂ»t 2019.

CD événement, critique. MOZART : Die Zauberflöte / La Flûte Enchantée, Nézet Séguin, Vogt, Schweinester… (2 cd DG Deutsche Grammophon, été 2018, Baden Baden)

MOZART FLUTE zauberflote nezet seguin villazon muhlemann selig vogt critique cd critique opera review opera classiquenews concert maestro opera festival deutsche grammophon_02894836400-CvrCD événement, critique. MOZART : Die Zauberflöte / La Flûte Enchantée, Nézet Séguin, Vogt, Schweinester… (2 cd / DG Deutsche Grammophon, été 2018, Baden Baden). Le 6è opus de leur cycle des opéras de Mozart à Baden Baden impose désormais une complicité convaincante : Yannick Nézet-Séguin et Roland Villazon ont été bien inspirés de proposer ce projet lyrique aux décisionnaires du Festival estival de Baden Baden ; La Flûte Enchantée jouée et enregistrée live en juillet 2018 confirme d’abord l’intelligence dramatique du chef qui sait ici exploiter toutes les ressources de l’orchestre mis à sa disposition : sens de l’architecture, soin des détails instrumentaux et donc articulation et couleurs ; la caractérisation de chaque séquence, selon les protagonistes en piste s’avère passionnante à suivre, révélant dans leur richesse poétique, tous les plans de compréhension possible, d’une œuvre à la fois populaire et très complexe : narratifs, sociologiques, symboliques et donc philosophiques. La fable à la fois réaliste et spirituelle se déroule avec une expressivité jamais appuyée (sauf à l’endroit du Papageno de Villazon devenu baryton qui en fait souvent trop, tirant le drame vers la caricature…).

 

 

Baden Baden été 2018

Charisme du chef,
plateau vocal impliqué,
chant cohérent de l’orchestre :
La Flûte convaincante de Yannick Nézet-Séguin

 

 

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CLIC D'OR macaron 200Les autres solistes se montrent particulièrement « mozartiens », soignant leur ligne, la finesse expressive, la souplesse, l’articulation et une intonation riche en nuances : de ce point de vue, les plus méritants sont évidement les deux ténors requis, chacun dans leur registre si contrastés : l’altier et juvénile Klaus Florian Vogt, qui a troqué son endurance wagnérienne (Lohengrin, Parsifal) pour l’élégance et le galbe princier ; Paul Schweinester déjà apprécié dans Pedrillo de l’Enlèvement au sérail (du même cycle de Baden Baden), dont le format naturel, expressif est lui aussi épatant ; même engagement total pour le Sarastro de Franz Joseph Selig (précédemment Osmin dans le déjà cité Enlèvement au sérail ; vivante et même enivrée depuis sa délivrance par Tamino, la Pamina de Christiane Karg (précédente Susanna des Nozze di Figaro), comme la Papagena Regula Mühlemann, palpitante et très juste ; on reste moins convaincus par la Reine de la nuit d’Albina Shagimuratova, dotée certes de tout l’appareil technique et du format sonore, mais si peu subtile en vérité : démonstrative, voire routinière pour l’avoir ici et là tellement chanté / usé (elle réussit mieux son 2è air).
Chacun pourtant donne le meilleur de lui-même (charisme fédérateur du chef certainement), apportant souvent outre la présence vocale, l’approfondissement du caractère.
D’autant que contrairement au live originel de juillet 2018, les récits du narrateur ont été écartés de l’enregistrement Deutsche Grammophon : la succession musicale gagne en naturel et en relief. Ici la vie triomphe. La cohérence du plateau, l’éloquence de l’orchestre, la vivacité du chef font la différence. Certainement l’un des meilleurs coffrets du cycle Mozart DG en provenance de Baden Baden (initié par Don Giovanni joué à l’été 2011). CLIC de CLASSIQUENEWS de l’été 2019. A suivre. Illustration : © Andrea Kremper.

 

 

 

 

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CD Ă©vĂ©nement, critique. MOZART : Die Zauberflöte / La FlĂ»te EnchantĂ©e, NĂ©zet SĂ©guin, Vogt, Schweinester… (2 cd DG Deutsche Grammophon, Ă©tĂ© 2018, Baden Baden) – Parution : 2 aoĂ»t 2019.

Wolfgang Amadeus MOZART (1756-1791) : Die Zauberflöte (La Flûte enchantée),
opéra en deux actes- livret d’Emanuel Schikaneder.

Avec :
Klaus Florian Vogt, Tamino ;
Christiane Karg, Pamina ;
Franz-Josef Selig, Sarastro ;
Paul Schweinester, Monostatos ;
Regula MĂĽhlemann, Papagena ;
Albina Shagimuratova, la Reine de la Nuit ;
Rolando VillazĂłn, Papageno ;

Johanni van Oostrum, Première Dame ;
Corinna Scheurle, Deuxième Dame ;
Claudia Huckle, Troisième Dame ;
Tareq Nazmi, l’Orateur ;
Luca Kuhn, Premier Garçon ;
Giuseppe Mantello, Deuxième Garçon ;
Lukas Finkbeiner, Troisième Garçon ;
Levy Sekgapane, Premier Prêtre / Premier Homme armé ;
Douglas Williams, Deuxième Prêtre / Deuxième Homme armé ;
André Eisermann, Récitant.

RIAS Kammerchor (chef de chœur : Justin Doyle).
Chamber Orchestra of Europe
Yannick Nézet-Séguin, direction musicale

 

 

 

 

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LIRE nos critiques complètes des titres prĂ©cĂ©dents CYCLE MOZART NĂ©zet-SĂ©guin / Villazon – BADEN BADEN Festival Hall (depuis 2011) – DG Deutsche Grammophon :

 

 

Don-Giovanni.cd_.01CD, critique. Mozart: Don Giovanni, Nézet-Séguin (2011) 3 cd Deutsche Grammophon. Entrée réussie pour le chef canadien Yannick Nézet-Séguin qui emporte haut la main les suffrages pour son premier défi chez Deutsche Grammophon: enregistrer Don Giovanni de Mozart.Après les mythiques Boehm, Furtwängler, et tant de chefs qui en ont fait un accomplissement longuement médité, l’opéra Don Giovanni version Nézet-Séguin regarderait plutôt du coté de son maître, très scrupuleusement étudié, observé, suivi, le défunt Carlo Maria Giulini: souffle, sincérité cosmique, vérité surtout restituant au giocoso de Mozart, sa sincérité première, son urgence théâtrale, en une liberté de tempi régénérés, libres et souvent pertinents, qui accusent le souffle universel des situations et des tempéraments mis en mouvement.Immédiatement ce qui saisit l’audition c’est la vitalité très fluide, le raffinement naturel du chant orchestral; un sens des climats et de la continuité dramatique qui impose des l’ouverture une imagination fertile… Les chanteurs sont naturellement portés par la sureté de la baguette, l’écoute fraternelle du chef, toujours en symbiose avec les voix. EN LIRE +

 

 

Cosi_Mozart-Nezet_seguin_cd_DG_villazonCD. Mozart : Cosi fan tutte (Nézet-Séguin, 2012) 3 cd DG   ….   le jeune chef plein d’ardeur, Yannick Nézet-Séguin poursuit son intégrale Mozart captée à Baden Baden chaque été pour Deutsche Grammophon avec un Cosi fan tutte, palpitant et engagé. Voici un Cosi fan tutte (Vienne, 1790) de belle allure, surtout orchestrale, qui vaut aussi pour la performance des deux soeurs, victimes de la machination machiste ourdie par le misogyne Alfonso … D’abord il y a l’élégance mordante souvent très engageante de l’orchestre auquel Yannick Nézet-Séguin, coordonnateur de cette intégrale Mozart pour DG, insuffle le nerf, la palpitation de l’instant : une exaltation souvent irrésistible. le directeur musical du Philharmonique de Rotterdam n’a pas son pareil pour varier les milles intentions d’une partition qui frétille en tendresse et clins d’oeil pour ses personnages, surtout féminins. Comme Les Noces de Figaro, Mozart semble développer une sensibilité proche du coeur féminin : comme on le lira plus loin, ce ne sont pas Dorabella ni Fiodiligi, d’une présence absolue ici, qui démentiront notre analyse. En LIRE +

 

 

 

http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-mozart-lenlevement-au-serail-die-entfhurung-aus-dem-serail-schweinester-prohaska-damrau-villazon-nezet-seguin-2-cd-deutsche-grammophon/CD, compte rendu critique. Mozart : L’Enlèvement au sérail, Die Entfhürung aus dem serail. Schweinester, Prohaska, Damrau, Villazon, Nézet-Séguin (2 cd Deutsche Grammophon). Après Don Giovanni et Cosi fan tutte, que vaut la brillante turquerie composée par Mozart en 1782, au coeur des Lumières défendue à Baden Baden par Nézet-Séguin et son équipe ? Évidemment avec son léger accent mexicain le non germanophone Rolando Villazon peine à convaincre dans le rôle de Belmonte;  outre l’articulation contournée de l’allemand, c’est surtout un style qui reste pas assez sobre, trop maniéré à notre goût, autant de petites anomalies qui malgré l’intensité du chant placent le chanteur en dehors du rôle. EN LIRE +

 

 

Le nozze di figaro mozart les noces de figaro deutsche grammophon 3 cd nezet-seguin_hampson_fauchecourt critique cd review classiquenews presentation annonce depeche clic de classiquenews juin 2016CD, annonce. Mozart : Les Noces de Figaro par Yannick Nézet Séguin. Alors que Sony classical poursuit sa trilogie sous la conduite de l’espiègle et pétaradant Teodor Currentzis (1), Deutsche Grammophon achève la sienne sous le pilotage du Montréalais Yannick-Nézet Séguin récemment nommé directeur musical au Metropolitan Opera de New York. Après Don Giovanni, puis Cosi, les Nozze di Figaro sont annoncées ce 8 juillet 2016. A l’affiche de ce live en provenance comme pour chaque ouvrage enregistré de Baden Baden (festival estival 2015), des vedettes bien connues dont surtout le ténor franco mexicain Rolando Villazonavec lequel le chef a entrepris ce cycle mozartien qui devrait compter au total 7 opéras de la maturité. Villazon on l’a vu, se refait une santé vocale au cours de ce voyage mozartien, réapprenant non sans convaincre le délicat et subtil legato mozartien, la douceur et l’expressivité des inflexions, l’art des nuances et des phrasés souverains… une autre écoute aussi avec l’orchestre (les instrumentistes à Baden Baden sont placés derrière les chanteurs…) – EN LIRE +

 

 

La-Clemenza-Di-Tito neezt seguin donato rebeka villazon cd review critique cd opera par classiquenewsCD, critique. MOZART : La Clemenza di Tito. Nézet-Séguin, DiDonato, Rebeka… (2 cd DG Deutsche Grammophon). La formule est à présent célèbre : implanter comme à Salzbourg, un cycle récurrent Mozart, mais ici à Baden Baden, et chaque été, c’est à dire les grands opéras ; après Don Giovanni, Cosi, L’Enlèvement au sérail, Les Nozze, voici le déjà 5è ouvrage, enregistré sur le vif en version de concert, depuis le Fespielhaus de Baden Baden, en juillet 2017. Autour du ténor médiatique Rolando Villazon (pilier avec le chef québécois de ce projet discographique d’envergure), se pressent quelques beaux gosiers, dont surtout, vrais tempéraments capables de brosser et approfondir un personnage sur la scène, grâce à leur vocalità ardente, ciselée : le Sesto de Joyce Di Donato, mozartienne électrique jusqu’au bout des ongles ; dans le rôle de l’amant manipulé ; et, révélation de cette bande, la soprano lettone Marina Rebeka, ampleur dramatique de louve dévorée par la haine et la conscience du pouvoir, dans le rôle de l’ambitieuse prête à tout.  LIRE la critique du cd La Clemenza di Tito MOZART Nézet-Séguin Baden Baden, complète

 

 

 

 

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MOZART FLUTE zauberflote nezet seguin villazon muhlemann selig vogt critique cd critique opera review opera classiquenews concert maestro opera festival deutsche grammophon_02894836400-Cvr

 

 

 

LIRE aussi notre annonce du cd MOZART : Die zauberflöte / La Flûte enchantée par Nézet-Séguin / Vogt / annonce du CLIC de CLASSIQUENEWS dès le 3 août 2019

 

KARAJAN 2019 : Les 30 ans de la mort (1989 – 2019) Symphonies de BRUCKNER et TCHAIKOVSKY / Berliner Philharmoniker (DG)

BRUCKNER symphonies 1 - 9 Berliner Philharmoniker coffret set box 9 cd DG Deutsche Grammophon review cd critique par classiquenews KARAJAN 2019 71-ssYNLWdL._SL1200_ETE 2019. Deux coffrets opportuns viennent rappeler l’héritage d’un grand chef du XXè, Herbert Van Karajan (né en 1908, mort en 1989) dont les 30 ans de la disparition seront ainsi célébrés par DG Deutsche Grammophon ce 16 juillet 2019. Autant dire que le label de Hambourg, le plus prestigieux au monde, fort d’un catalogue inégalé, rend hommage à l’un des piliers de sa gloire et de sa pertinence artistique, toujours bien vivaces aujourd’hui. Avec ses chers Philharmoniker de Berlin, le chef septuagénaire à la stature d’empereur, enregistre l’intégrale des symphonies de Bruckner (1 à 9, à Berlin de janvier 1975 à janvier 1981), et de Tchaikovsky (6 Symphonies, entre octobre 1975 et février 1979)… le geste est carré, parfois déclamatoire mais jamais court, parfois emphatique mais habité ; jouant sur une spatialisation nouvelle du son, plus concentré que rayonnant, pourtant souvent détaillé (Tchaikovski), Karajan affirme une esthétique de l’enregistrement particulièrement fouillée, à laquelle il a participé au premier rang.

CLIC_macaron_2014Le souffle impérial de ses Bruckner auxquels il garantit aussi une introspection majestueuse en liaison avec la foi sincère du compositeur de Linz ; la tendresse et cette présence obsessionnelle du Fatum chez Piotr Illiytch fondent la valeur des 2 coffrets, remarquablement remixés pour l’occasion (cd et Blu-ray audio HD 96khz / 24 bit. Soit dans un format master des plus optimisé. 2 coffrets incontournables.

 

 

 

CD, coffret événement. KARAJAN : 9 symphonies de Bruckner (Berliner Phil. Herbert von Karajan, 9 cd DG Deutsche Grammophon)

CD, coffret événement. KARAJAN : 6 Symphonies de Tchaikovski (Berliner Phil. Herbert von Karajan, 4 cd DG Deutsche Grammophon)

 

 

 

BRUCKNER symphonies 1 - 9 Berliner Philharmoniker coffret set box 9 cd DG Deutsche Grammophon review cd critique par classiquenews KARAJAN 2019 71-ssYNLWdL._SL1200_

 

 

TCHAIKOVSKY-symphonies-1---6-30th-anniversary-1989-2019-Berliner-Philharmoniker-coffret-set-box-9-cd-DG-Deutsche-Grammophon-review-cd-critique-par-classiquenews-KARAJAN-2019

 

 

 
 

 

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LIRE aussi nos articles et dossiers HERBERT VON KARAJAN, dont le bilan des coffrets édités pour les 25 ans de la mort de Karajan en 2014 :

Karajan20025 ans après sa mort (1989), le chef autrichien Herbert von Karajanlaisse un héritage musical et esthétique qui s’incarne par le disque : titan doué d’une hypersensibilité fructueuse chez Beethoven, Schumann, Tchaikovski, Richard Strauss, Brahms entre autres …, Karajan s’est forgé aussi une notoriété légitime grâce à son souci de la qualité des enregistrements qu’il a pilotés et réalisés pour Deutsche Grammophon. Outre la virtuosité habitée, un sens inné pour la ciselure comme le souffle épique de la fresque, Karajan a marqué l’histoire de l’enregistrement par son exigence absolue. Une acuité inédite pour d’infimes nuances révélant l’opulence arachnéenne des timbres… tout cela s’entend dans le geste musical comme dans la prise de son… dans son intégrale de 1961-1962 des Symphonies de Beethoven, magistralement captées dans le respect de la vie et de la palpitation… Pour ses 25 ans, le prestigieux label jaune réédite une série de coffrets absolument incontournables. Voici notre sélection d’incontournables. LIRE notre sommaire articles et dossiers HERBERT VAN KARAJAN

 

COFFRET CD, événement. CARLO MARIA GIULINI : The complete recordings on Deutsche Grammophon (42 cd Deutsche Grammophon)

giulini-carlo-maria-complete-recordings-box-set-coffret-cd-classiquenews-cd-review-cd-critique-cd-concerts-opera-Complete-Recordings-On-Deutsche-Grammophon-Decca-Coffret-Edition-LimiteeCOFFRET CD, Ă©vĂ©nement. CARLO MARIA GIULINI : The complete recordings on Deutsche Grammophon (42 cd Deutsche Grammophon). Deutsche Grammophon regroupe ici les tĂ©moignages du travail de Carlo Maria Giulini (1914-2005) ; de 1965 (Symph 40 et 41 de Mozart Ă  Londres) Ă  la 3è de Brahms – Ĺ“uvre fĂ©tiche, enregistrĂ©e en mai 1990, Ă  Vienne avec les Wiener Philharmoniker, Musikverein, GroĂźer Saal), soit un accompagnement par le disque de 25 ans, un quart de siècle, en compagnie d’un chef exigeant, esthète, mĂ©ditatif, d’une incroyable intelligence dramatique, donc faisant crĂ©piter dans l’élĂ©gance et l’introspection le drame contenu dans opĂ©ras (Ă©videmment) mais aussi pages orchestrales. Giulini dirige ici les plus grands orchestres (sauf français) en Italie, Grande-Bretagne, Autriche, Allemagne et aux USA : Santa Cecilia, Scala de Milan, Philharmonia Orchestra, Wiener Symphoniker, Wierner Philharmoniker, Berliner Philharmoniker, aux USA : Chicago Symphony Orchestra, Los Angeles Philharmonic… confĂ©rant Ă  tous, une tradition d’excellence grâce Ă  sa discipline devenue rĂ©fĂ©rentielle (comme peut l’être celle d’un Karajan, d’un Kleiber – Carlos-, Abbado…).

D’abord violoniste puis altiste, CMG / Carlo Maria Giulini se passionne pour la direction d’orchestre en particulier dans le genre lyrique. Expérience accomplie par le trentenaire en juin 1944 (la 4è de Brahms, une vocation lyrique et donc symphonique pour un compositeur qu’il servira toute sa vie). Deutsche Grammophon réédite en un coffret nécessaire pour tout mélomane, les enregistrements du chef né en 1914 (comme Fricsay ou Kubelik) réalisés par la marque jaune et aussi pour Decca, label frère. Il en résulte une collection de prises, en studio et live, d’une portée musicale et spirituelle, incontournable. Car pour le maestro, la musique est avant tout un acte mystique. Son geste ample, profond, fouille chaque partition, lui confère une respiration noble, méditative, d’un galbe spécifique. Il est vrai que c’est Toscanini qui écoutant les tempi du jeune chef dans un ouvrage inconnu alors, Il Mundo della luna de Hyadn, reste médusé et prend alors son cadet sous sa protection. Chef lyrique, Giulini dirige La Traviata à la Scala dans la mise en scène de Visconti avec Maria Calas en 1955 : production mythique qui assoit sa stature de très grand chef d’opéra. Il a 41 ans. C’est l’artiste esthète qu’engage Walter Legge pour la firme EMI.
Comme Karajan, Giulini choisit toute la distribution, impose le temps des répétitions, exige, contrôle… pour le meilleur. Un idéal sinon rien. Combien d’autres maestros ont su affirmer leur tempérament et leur pertinence grâce à cette exigence artistique (les meilleurs : Fricsay, Kubelik, Carlos Kleiber, et jusqu’à Abbado, …). Giulini incarne donc une façon de travailler, la recherche de la perfection semée d’élégance et d’urgence, désormais reconnaissable et mémorable. Quand le chef ne trouvera plus les conditions nécessaires , il renoncera définitivement à l’opéra (en 1968, à la scène mais pas au studio), pour s’intéresser surtout à l’écriture symphonique.

CLIC D'OR macaron 200Le coffret Giulini par Deutsche Grammophon soit 42 cd, permet de suivre l’évolution de son travail, à l’opéra  : 3 Verdi d’anthologie : Rigoletto (1979, Vienne), Il Trovatore / le Trouvère (Rome, 1984), Falstaff (Los Angeles, 1982), dont l’énergie et le sens du détail réalisent des lectures qui frappent immédiatement par le son hyperélégant, fin, subtil, furieusement dramatique de l’orchestre : un modèle du genre.

On suit aussi, surtout, l’approfondissement de Giulini dans le domaine symphonique et concertant. RĂ©pertoire germanique (austro-allemand Ă©videment), de Mozart (Concerto pour piano n°23 avec Vladimir Horowitz ; symphonies 40 et 41 : les plus anciennes prises, Ă  Londres avec le New Philharmonia en octobre 1965) et Beethoven (en 1978 : Concertos et Symphonies 1, 3, 5, 6, 9), surtout Brahms (1 et 2 par deux orchestres : Los Angeles Phil et Wiener Phil. ; 3 et 4)… Le “souffle Giulini”, entre noblesse et profondeur, architecture et intĂ©rioritĂ©, se mesure Ă©galement chez Bruckner (symphonies 7, 8, 9… aussi nĂ©cessaires, fondamentales que celles par Gunter Wand, son ainĂ© et autre BrucknĂ©rien de poids), et chez SCHUBERT dont il est l’un des pionniers Ă  dĂ©montrer fondamentalement l’introspection et l’ampleur structurelle, c’est Ă  dire le gĂ©nie (Symphonies 4, 8, 9). Giulini fut aussi un malhĂ©rien convaincu bien que trop confidentiel (Symphonie n°9, Das lied von der Erde / Le chant de la terre). 

Le coffret DG Ă©claire aussi ses lectures d’œuvres sacrĂ©es (la spiritualitĂ© et l’éloquence du silence n’étant jamais Ă©loignĂ©es de chaque interprĂ©tation) ; ainsi se distinguent ici les Requiem de FaurĂ©, de Verdi, Ein deutsches Requiem de Brahms ; comme le Stabat Mater de Rossini.

Les amateurs de piano symphonique, retrouverons ses lectures des Concertos de Chopin (n°1 avec Zimerman, 1978 avec le Los Angeles Philh.)
Autre volet Ă©loquent, l’écriture française telle qu’elle se dĂ©tache par son sens des couleurs et un Ă©quilibre soignant la transparence : Ravel (Pavane, Ma Mère l’Oye, Rhapsodie espagnole), Debussy (La mer), – Ravel et Debussy rĂ©alisĂ©s en 1979 avec le Los Angeles Philh. -, FaurĂ© dĂ©jĂ  citĂ© ; mais aussi Franck (Symphonie en rĂ©)…

A Ă©couter aussi parmi ses plus anciens enregistrements ici, la cantate An die Nachgeborenen, de Gottried von Einem – preuve d’une belle ouverture de rĂ©pertoire-, avec Dietrich Fisher-Dieskau (Wiener Symphoniker, Vienne GroĂźer Saal, nov 1975), Tableaux d’une exposition de Moussorgski (1976) et Britten (SĂ©rĂ©nade pour tĂ©nor en 1977, les deux compositeurs avec le Chicago Symph Orch). Toujours, ses respirations qui semblent jaillir du sĂ©pulcre, cette grandeur jamais grandiloquente, cette sincĂ©ritĂ© qui tend Ă  l’introspection (on comprend que Giulini ait pu influencer Myunh Wun Chung… ). Que du très très bon. Coffret incontournable. Un must. CLIC de Classiquenews

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CLIC D'OR macaron 200CD, coffret, événement. CARLO MARIA GIULINI : The complete recordings on DEUTSCHE GRAMMOPHON (and DECCA) - 42 cd Deutsche Grammophon : 1965-1990 / CLIC de CLASSIQUENEWS d’avril 2019. Réf.: 0289 483 6224 0.

CD, coffret événement, annonce. DANIEL BARENBOIM : Complete Berlioz recondings on Deutsche Grammophon (10 cd DG)

barenboim berlioz complete berlioz recordings deutsche grammophon  10 cd critique cd review cd classiquenews actualite infos cd musique classique concerts livres opera festivalsCD, coffret événement, annonce. DANIEL BARENBOIM : Complete Berlioz recondings on Deutsche Grammophon (10 cd DG). Daniel Barenboim a dirigé l’Orchestre de Paris de 1975 à 1989, presque 15 ans d’une complicité et d’un travail en profondeur au service des grands compositeur romantiques, en particulier du génie de Berlioz. Pour les 150 ans du plus grand Romantique français en 2019, Hector Berlioz est mort en 1869, DG Deutsche Grammophon publie un coffret de 10 cd réunissant l’intégrale des enregistrements de Barenboim et de l’Orchestre de Paris dédié à Hector Berlioz. Agé de 33 ans, le maestro célébré internationalement, allie classicisme lumineux et souffle dramatique parfois d’une grande profondeur.
Au programme de ce coffret événement : Symphonie Fantastique, Rêverie et caprice, ouverture du Carnaval Romain composent le volet orchestral ; la majorité des enregistrements concerne surtout l’opéra avec Roméo et Juliette, La Damnation de Faust, Béatrice et Bénédicte, sans omettre la cantate pour le prix de Rome, La mort de Cléopâtre et le Requiem… Piloté par le pianiste et chef, l’orchestre parisien a peut-être ici connu une décade miraculeuse, par sa sonorité pleine et onctueuse, sons sens du détail et de l’architecture… A venir, mi février 2019 dans le mag cd dvd livres de classiquenews : la critique développée du coffret DANIEL BARENBOIM : Complete Berlioz recondings on Deutsche Grammophon (10 cd DG).

LIRE aussi notre grand dossier BERLIOZ 2019

CD coffret événement, annonce. SEIJI OZAWA The complete recordings on DG (50 cd Deutsche Grammophon)

OZAWA seiji complete recordings deutsche gramophon cd box set review cd critique cd classiquenews annonce critique maestro musique classique opera concerts infos actualitesCD coffret Ă©vĂ©nement, annonce. SEIJI OZAWA The complete recordings on DG (50 cd Deutsche Grammophon : 1972 – 2007) - Charles Munch (1949 – 1962), Erich Leinsdorf (1962-1969) avant Ozawa et après lui, James Levine furent les lĂ©gendes qui ont ciselĂ© la sonoritĂ© nerveuse et souple du Symphonique de Boston. Sous l’ère de Seiji Ozawa (de 1973 Ă  2002), la phalange amĂ©ricaine atteint des sommets de poĂ©sie symphonique, servie aussi par une ingĂ©nierie de l’enregistrement qui n’a rien Ă  voir avec notre format standard compact actuel . Le coffret des complete recordings on Deutsche Grammophon, dĂ©bute dès 1972 (avec le San Francisco Symphony dont il est directeur de 1970 Ă  1976), puis en 1973, avec ses chers instrumentistes de Boston : dĂ©sormais, dans tous les genres, concertos, symphonies et aussi opĂ©ra, Ozawa maintient un très haut niveau d’implication esthĂ©tique, cherchant un son Ă  la fois plein et dĂ©taillĂ©, qui fait merveille entre autres dans le rĂ©pertoire française, de Berlioz Ă  Ravel.
NĂ© en 1935, Ozawa signe alors ses enregistrements parmi les plus aboutis : âgĂ© de 38 ans au dĂ©but de son mandat Ă  Boston, le chef d’origine japonaise (en rĂ©alitĂ© nĂ© en Chine Ă  Shenyang) dĂ©fend une sensibilitĂ© de fauve, Ă  la subtilitĂ© fĂ©line, qui dans les tutti, – choraux ou de plein orchestre, prĂ©serve toujours la transparence. Les 50 cd du coffret DG doivent constituer les fondations de toute discographie actuelle car douĂ© d’une curiositĂ© Ă©largie, l’alchimiste Ozawa aborde chaque partition avec cette tension Ă©lectrique, nerveuse, pourtant habitĂ©e par l’échelle du monumental qui sait organiser et structurer tout dĂ©veloppement, assurant Ă  chaque Ă©pisode une architecture explicite qui frappe par sa hauteur de vue.

 

 

 

Intégrale des enregistrements pour DG
Seiji OZAWA le félin fauve de Boston

 

 

 

Le coffret DG Deutsche Grammophon rassemble ainsi plusieurs jalons de son riche rĂ©pertoire, qui mĂŞle les piliers archi connus et les perles moins jouĂ©es dont en particulier plusieurs Français (Damnation de Faust de Berlioz, Les Contes d’Hoffmann de Bizet – avec le National de France en 1986 ; PellĂ©as et MĂ©lisande, et Dolly de FaurĂ©)… qui en font l’un des meilleurs interprètes de notre rĂ©pertoire hexagonal.

Parmi les grands thèmes transversaux de ce narrateur symphoniste hors pair, distinguons les RomĂ©o et Juliette de Prokofiev, Berlioz, Tchaikovsky ; la maĂ®trise symphonique d’Ozawa se dĂ©voile et son confirme ici chez Brahms (Symphonies 1 et 2), Mahler (Symphonie n)1 « Titan », d’une fĂ©brilitĂ© fĂ©line Ă©blouissante), Berlioz (la Symphonie Fantastique) ; RAVEL (BolĂ©ro, Alborada del gracioso, Ma Mère l’Oye / Daphnis et Chloé…) ; TCHAIKOVSKY (musique des ballets du Lac des cygnes et de Casse-noisette / Symphonies n°4 et n°5 avec le Berliner Philharmoniker); PROKOFIEV dont il enregistre aussi avec le Berliner, les 7 symphonies en 1991-1992…

CLIC D'OR macaron 200Quelques perles de ce coffret indiscutable ? Les opus dédiés à POULENC (Stabat Mater avec Kathleen Battle, Concerto pour orgue, Concert champêtre,…), évidemment les BERLIOZ et les RAVEL déjà cités ; sans omettre, A Midsummer Night’s dream (solistes : Kathleen Battle, Frederica von Stade, 1994), et le plus récent enregistrement avec le pianiste Yundi Li (Concertos de Prokofiev et Ravel avec le Berliner, 2007). Pour les afficionados comme nous, reportez vous aussi au récent enregistrement de la 9è Symphonie de Beethoven dont le maestro Ozawa réalise une lecture aussi chambriste qu’éblouissante, réflexion sur le rapport des voix et des instruments, et au sein de l’orchestre des pupitres entre eux pour une vision régénérée, épurée, captivante par sa ligne et son intensité : LIRE ici notre critique BEETHOVEN : 9è par Ozawa (Mito Chamber Orchestra / Decca, janvier 2019)
http://www.classiquenews.com/cd-evenement-critique-seiji-ozawa-beethoven-9-mito-chamber-orchestra-1-cd-decca/

 

 

 

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OZAWA seiji complete recordings deutsche gramophon cd box set review cd critique cd classiquenews annonce critique maestro musique classique opera concerts infos actualitesCD coffret événement, annonce. SEIJI OZAWA The complete recordings on DG (50 cd Deutsche Grammophon) - Grande critique du coffret 50 cd DG Deutsche Grammophon : SEIJI OZAWA The complete recordings on DG Deutsche Grammophon, à venir dans le mag cd dvd livres de CLASSIQUENEWS

 

 

 

 

 

 

 

CD, annonce. ” Mademoiselle , par Julie Fuchs (DG)

fuchs mademoiselle cd deutsche grammophon critique review cd annonce portrait par classiquenews cd critique compte rendu operaCD, annonce. JULIE FUCHS, soprano : Mademoiselle (1 cd DG). Dans son premier cd chez DG intitulé « YES » avec le National de Lille (sept 2015), la soprano Julie Fuchs osait avec délices défricher quelques pépites françaises de la Belle Epoque, « en diseuse enivrée, d’une irrésistible séduction » (selon les mots de notre rédacteur d’alors Lucas Irom :
http://www.classiquenews.com/cd-evenement-compte-rendu-critique-julie-fuchs-yes-deutsche-grammophon-2015/

Qu’en sera-t-il pour ce second volume sous Ă©tiquette jaune ? C’est un nouvel opus titrĂ© « Mademoiselle », oĂą par le choix de nouvelles pĂ©pites, la cantatrice s’adonne Ă  nouveau au plaisir du jardin personnel et de l’autoportrait musical. Mais ici selon de nouveaux goĂ»ts en particulier une affection pour l’opĂ©ra romantique français et italien, plutĂ´t “bel canto” que sĂ©quence dramatique et tragique.
Elle nous avait ravis dans son incarnation très suave et ronde de Leïla dans Les Pêcheurs de Perles, réalisation majeure réalisée par L’Orchestre National de Lille et son directeur musical, Alexandre Bloch (le cd est sélectionné dans la catégorie Enregistrement de l’année 2018 des prochaines 26èmes Victoires de la musique classique). Pour autant, la jeune diva française maîtrise-t-elle idéalement le style français romantique, en particulier cette articulation qui hier ont fait les grandes cantatrices telles Dessay pour la virtuosité éclatante et ciselée ; ou Régine Crespin au phrasé et à la diction, impeccables ?
Réponse dans notre prochaine grande critique dans le mag cd dvd livres de classiquenews. Nouveau cd à paraître le 15 février 2019 sous étiquette DG Deutsche Grammophon

CD, annonce. « 33 ». Simon Ghraichy, piano (1 cd DG Deutsche Grammophon)

ghraichy piano simon cd classiquenewsCD, annonce. «  33 ». Simon Ghraichy, piano (1 cd DG Deutsche Grammophon). Après un premier disque DG intitulé « Héritages » (il avait 31 ans), le pianiste à la chevelure léonine récidive dans un programme dénommé « 33 » (comme son nouvel âge), lui aussi métissé, comme lui alliant rythmes latinos, saveurs outre-Atlantiques et standards romantiques français (plus ou moins connus tel Alkan, génie oublié du romantisme français au clavier : cf. la Chanson de la folie au bord de la mer). Il est en fait mexicain, libanais et français : triple nationalité qui est une chance, la promesse de réalisations au carrefour de plusieurs cultures ; la concrétisation d’une nouvelle constellation, mosaïque de mondes sonores épicés, variés, éclectiques. L’ancien élève du Conservatoire national supérieur de musique de Paris décloisonne la notion sclérosante de répertoires : il n’y a ni répertoire classique ni chemins détonnants ; ni grands maîtres, ni petits maîtres. Il n’y a que des sensibilités et des expériences, des imaginations audacieuses et suggestives qui se cristallisent sous les doigts et par la volonté créative de quelques compositeurs dont le pianiste démiurge sélectionne et agence chaque œuvre ainsi choisie. « Liszt et les Amériques » était le titre de son récital à New York (Carnegie Hall, 2015) : déjà la volonté d’un multiculturalisme sans frontières et sans apriori. Dans son nouvel album, « 33 », les alliages sont tout aussi prometteurs, percutants, parfois provocants : Tárrega, Alkan, Ramirez, Schumann, Gonzales, Glass, Nyman, Szymaánski, Shilingl, Schumann… là encore, la volonté d’une alternance entre deux mondes : le nouveau et l’ancien, entre le populaire et le savant, le traditionnel et le classique… Voilà qui rompt avec des traditions et des postures conservatrices. A chacun de trouver l’unité et la cohérence dans ce meiltingpot surprenant et peut-être enivrant.

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CD, annonce. 33, Simon Ghraichy, piano. 1 cd DG. AnnoncĂ© le 8 fĂ©vrier 2019 – concert le 19 fĂ©vrier 2019 au TCE, PARIS.

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CD, critique. Evénement : MOZART : Seong Jin Cho, piano. MOZART (1 cd DG Deutsche Grammophon)

seong jin cho mozart nezet seguin cd dg critique review cd par classiquenewsCD, critique. Evénement : MOZART : Seong Jin Cho, piano. MOZART (1 cd DG Deutsche Grammophon) Evidemment l’accompagnement (et davantage du maestro québécois Yannick Nézet-Séguin, mozartien de premier plan, depuis son intégrale lyrique en cours depuis Baden Baden chaque été avec Rolando Villazon) est un « plus » décisif, pour un jeune pianiste. Mais le tempérament de ce dernier évite bien des erreurs que d’autres, parmi ses confrères surtout asiatiques, cultivent malgré leur célébrité : Jin Cho collectionne, lui, avec une attention peut-être encore trop précautionneuse, à l’inverse de ses confrères (et consoeurs), une pudeur, et une retenue qui sait aussi s’exprimer dans le clavier. Son refus de la pure virtuosité, soeur d’une ineffable et bien présente intériorité fait miracle ici, car ce Mozart de 1785 (Concerto), d’une maturité experte et si intensément poétique, expose à nu ; révèle les limites d’un jeu sans âme. Rien de tel chez le jeune coréen, déjà remarqué pour ses audaces et introspections chopiniennes et qui gagne dans ce nouveau programme d’indiscutables palmes mozartiennes. Créé à Vienne par Wolfgang lui-même, le Concerto n°20 est un sommet d’élégance et de profondeur, un mariage inouï entre séduction et vérité. A 29 ans, Mozart démontre un génie inclassable, traversé comme personne par la grâce la plus pure. En mode mineur comme le K 491 (ré mineur), il ouvre la voie des pièce maîtresse de l’histoire de la musique, comme est essentielle aussi, par sa couleur et sa progression architecturée, le Symphonie unique de Franck.

Mozart Wolfgang portrait par classiquenews -by-Croce-1780-81Par son innocence éperdue qui affleure dans le mouvement central, le Concerto fait de son essence tragique, un miroitement pudique constellé de nuances tendres. Une telle palette d’émotions et d’accents millimétrés s’entend rarement chez les interprètes. Or cela est palpable dans le jeu du coréen, dans ses audaces (variations libres du premier mouvement) et dans son respect scrupuleux des dynamiques. Le Concerto n°20 est parmi les plus bouleversants de Wolfgang, touchant et au delà par sa profondeur tragique, une sincérité qui désarme et saisit par sa justesse. La finesse d’intonation du jeu pianistique suscite l’admiration par son équilibre, sa mesure, et aussi une simplicité du style qui s’écarte comme on a dit de l’arène plus commune et pourtant largement médiatisée défendue par ses confrères et consoeur asiatiques, surtout chinois. A chacun de deviner (les pianistes de Chine ne sont pas si nombreux actuellement). Le coréen sait demeurer pudique, presque secret, apportant la tendresse et l’humanité, la gravitas et cette innocence qui est insouciance, tant vénérée et sublimée par l’écriture du divin Wolfgang.

 

 

 

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  Après la complicitĂ© et l’écoute rĂ©solument chambriste qui unit soliste et chef dans le Concerto n°20, voici deux Sonates parmi les plus redoutables, ne serait-ce que par l’étendue lĂ  encore des couleurs contrastĂ©es. Dans la Première sonate (K281), le pianiste saisit le caractère fantasque du dernier mouvement ; ses Ă©lans tenant du caprice (Rondo – Allegro, plage 6).

L’ultime sonate du programme K332 a cette lĂ©gèretĂ© tragique et chantante et grave qui rĂ©vèle l’interprète capable de vrais Ă©clairages intĂ©rieurs, d’une Ă©loquence tendre et toujours Ă  l’Ă©coute du cĹ“ur.
Pourtant parfois on aimerait une ciselure plus nuancĂ©e encore de l’Ă©criture allegro. Une articulation plus proche de la parole et de l’intonation Ă©motionnelle. Mais d’une manière gĂ©nĂ©rale, la sensibilitĂ© inspire une approche tĂ©nue proche de l’intime, cultivant l’extrĂŞme dĂ©licatesse pudique qui renvoie au Schubert le plus rĂŞveur et le plus introspectif.
Pourtant jeune et nouveau sur la planète Mozart, le jeune corĂ©en surprend par son attention Ă  la clartĂ© pudique, Ă  l’intonation  rentrĂ©e, parfois secrète, dĂ©barrassĂ©e de toute affectation, une bouleversante sincĂ©ritĂ© qui se rĂ©vèle vĂ©ritablement dans le mouvement central de la K332, d’une tendresse enivrante, idĂ©alement inscrite dans les replis d’un songe intime.
VCLIC D'OR macaron 200oilĂ  donc une remarquable lecture mozartienne. Celui qui s’est jusque la affirmĂ© non sans arguments chez Chopin, dĂ©voile ici des affinitĂ©s Ă©videntes chez Wolfgang entre candeur et vĂ©ritĂ©. Bouleversant d’intelligence et de nuance sans l’artifice de la pure dĂ©monstration technicienne. CLIC de CLASSIQUENEWS de dĂ©cembre 2018.

 

 

 

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CD, événement, critique. Seong-Jin Cho, piano. Mozart: Piano Concerto No. 20, K. 466; Piano Sonatas, K. 281 & 332. Chamber Orchestra of Europe. Yannick Nézet-Séguin, direction. 1 cd DG Deutsche Grammophon.

 

 

 

CD, critique. HANDEL / HAENDEL : Serse (1738) / Fagioli, Genaux (Emelyanychev, 2017) – 3cd Deutsche Grammophon

Handel fagioli serse haendel cd review critique cd par classiquenews opera baroque par classiquenews genaux aspromonte Serse-CoffretCD, critique. HANDEL / HAENDEL : Serse (1738) / Fagioli, Genaux (Emelyanychev, 2017 – 3 cd DG Deutsche Grammophon, 2017). VoilĂ  une production prĂ©sentĂ©e en concert (Versailles, novembre 2017) et conçue pour la vocalitĂ  de Franco Fagioli dans le rĂ´le-titre (il rempile sur les traces du crĂ©ateur du rĂ´le (Ă  Londres en 1738, Caffarelli, le castrat fĂ©tiche de Haendel) ; le contre-tĂ©nor argentin est portĂ©, dès son air « « Ombra mai fu » », voire stimulĂ© par un orchestre Ă©lectrique et Ă©nergique, portĂ© par un chef prĂŞt Ă  en dĂ©coudre et qui de son clavecin, se lève pour mieux magnĂ©tiser les instrumentistes de l’ensemble sur instruments anciens, Il Pomo d’Oro : Maxim Emelyanychev. La fièvre instillĂ©e, canalisĂ©e par le chef Ă©tait en soi, pendant les concerts, un spectacle total. Physiquement, en effets de mains et de pieds, accents de la tĂŞte et regards hallucinĂ©s, le maestro ne s’économise en rien.
L’enregistrement prolonge la vitalité du concert et rend compte d’un esprit de troupe, sachant pour chaque chanteur caractériser idéalement chaque personnage.
En Serse / Xerxes 1er, Franco Fagioli démontre une maîtrise parfaite des mélismes et acrobaties vocales écrites par Haendel. Fagioli vocalise sans peine, dans les aigus comme dans les graves, sur l’étendue de sa tessiture, indiquant combien les ornements sont porteurs de sens, signifient idéalement la volonté du Roi Perse, dans le grave engorgé, en un chant qui dans un seul souffle sait distiller piani et forte sans césure (cf l’ambitus ahurissant de l’air « « Crude furie » », de l’extrême aigu aux graves souterrains). Le caprice, le désir, le plaisir du prince (amoureux volatile) s’exprime et prend forme avec un naturel … désarmant.
Autour du Divo, comme on disait des castrats idolâtrés au XVIIIè, Fagioli, ses partenaires défendent avec beaucoup de classe et d’intensité, le relief émotionnel de leur personnage : Inga Kalna incarne une Romilda, solide, parfois instable, mais toujours très volontaire et expressive (en rien cette féminité fragile et fébrile, ailleurs portée par des sopranos pointues). Il est vrai que la soprano chante à présent Rodelinda avec une vérité irrésistible.
En Arsamene, la mezzo coloratoure canadienne (originaire de Fairbanks), Vivica Genaux (enfin voilà dans le rôle du frère de Serse une voix féminine de poids, plutôt qu’un contre-ténor trop lisse et pas assez typé) qui confirme son immense facilité vocale et dramatique, un tempérament exceptionnellement ciselé et percutant qui fait d’elle la mezzo baroque de l’heure (avec Ann Hallenberg). Amastre gagne une épaisseur réelle grâce à la tessiture élargie, soutenue aux extrémités, de l’alto Delphine Galou, voix sûre, droite, profonde.
Jeune diva à suivre désormais, Francesca Aspromonte offre une remarquable couleur, entre brio et tendresse au personnage d’Atalanta, moins piquante intrigante que vrai tempérament amoureux, elle aussi prête à en découdre.
CLIC_macaron_2014Acteur en diable, se jouant des travestissements (en jardinier, en marchande de fleurs, voix de tête drôlissime à l’envi), le baryton Biagio Pizzuti éclaire la figure d’Elviro, d’une vérité humaine, comique certes, mais très proche du spectateur / auditeur.
Un pilier efficace dans la trame dramatique qui contraste parfaitement avec la noblesse plus digne de ses partenaires.
Autant le profil de l’empereur Serse est lumineux, autant celui de Ariodate (Andrea Mastroni) est lugubre et sombre, qui ferait résonner jusqu’aux cintres. Et l’auditeur.

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CD, critique. HANDEL / HAENDEL : Serse (1738). Dramma per musica en 3 actes, livret d’après Nicolò Minato et Silvio Stampiglia / Créé Ă  Londres en avril 1738

Serse : Franco Fagioli
Arsamene, son frère : Vivica Genaux
Romilda : Inga Kalna
Atalanta : Francesca Aspromonte
Ariodate : Andrea Mastroni
Amastre : Delphine Galou
Elviro : Biagio Pizzuti

Il Pomo d’Oro / Maxim Emelyanychev, direction.

 

 

 

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LIRE nos autres critiques des cd et concerts par Franco Fagioli

CD, compte rendu critique. Gluck: Orfeo ed Euridice, 1762 (Franco Fagioli, Laurence Equilbey, 3 cd Archiv, avril 2015)
http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-gluck-orfeo-ed-euridice-1762-franco-fagioli-laurence-equilbey-3-cd-archiv-avril-2015/

CD événement, annonce. FRANCO FAGIOLI : ROSSINI (1 cd Deutsche Grammophon, à venir le 30 septembre 2016).
http://www.classiquenews.com/cd-evenement-annonce-franco-fagioli-rossini-1-cd-deutsche-grammophon-a-venir-le-30-septembre-2016/

Compte rendu, opéra. Paris, Palais Garnier, le 16 septembre 2016. Cavalli : Eliogabalo (1667), recréation. Franco Fagioli… Leonardo Garcia Alarcon, direction musicale. Thomas Jolly, mise en scène
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-opera-paris-palais-garnier-le-16-septembre-2016-cavalli-eliogabalo-recreation-franco-fagioli-leonardo-garcia-alarcon-direction-musicale-thomas-jolly-mise-en-scene/

Compte-rendu critique, opéra. Nancy. Opéra National de Lorraine, le 7 mai 2017. Gioachino Rossini : Semiramide. Salome Jicia, Franco Fagioli, Nahuel Di Pierro, Matthews Grills. Domingo Hindoyan, direction musicale. Nicola Raab, mise en scène
http://www.classiquenews.com/compte-rendu-critique-opera-nancy-opera-le-7-mai-2017-rossini-semiramide-jicia-fagioli-hindoyan-raab/

CD, compte rendu critique. FRANCO FAGIOLI, contre ténor : Handel Arias (1 cd Deutsche Grammophon). Parmi les contre ténors actuels, ceux qui savent caractériser un personnage, au lieu de déployer toujours la même technique, l’argentin Franco Fagioli réalise une belle prouesse, sur le sillon de son aîné Max Emanuel Cencic, qui lui accuse les signes inquiétants de son âge vocal : medium certes élargi mais…
http://www.classiquenews.com/cd-compte-rendu-critique-franco-fagioli-contre-tenor-handel-arias-1-cd-deutsche-grammophon/

CD, compte rendu critique. « VERISMO » : Boito, Ponchielli, Catalani, Cilea, Leoncavallo, Mascagni, Puccini, airs d’opéras par Anna Netrebko, soprano (1 cd Deutsche Grammophon)

verismo-anna-netrebko-VIGNETTE-160-cd-presentation-review-cd-critique-cd-classiquenews-582-594-1CD, compte rendu critique. « VERISMO » : Boito, Ponchielli, Catalani, Cilea, Leoncavallo, Mascagni, Puccini, airs d’opéras par Anna Netrebko, soprano (1 cd Deutsche Grammophon). De La Wally à Gioconda, d’Adrienne Lecouvreur à Marguerite, sans omettre les pucciniennes Butterfly, Liù et Turandot, aux côtés de Manon Lescaut, Anna Netrebko confirme son immense talent d’actrice. En plus de l’intensité d’une voix de plus en plus large et charnelle (medium et graves sont faciles, amples et colorés), la soprano émerveille et enchante littéralement en alliant risque et subtilité. C’est à nouveau une réussite totale, et après son dernier album Iolanthe / Iolanta de Tchaikovsky et celui intitulé VERDI, la confirmation d’un tempérament irrésistible au service de l’élargissement de son répertoire… Au très large public, Anna Netrebko adresse son chant rayonnant et sûr ; aux connaisseurs qui la suivent depuis ses débuts, la Divina sait encore les surprendre, sans rien sacrifier à l’intelligence ni à la subtilité. Ses nouveaux moyens vocaux même la rendent davantage troublante. CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2016.

verismo-anna-netrebko-582-582-classiquenews-presentation-review-critique-cd-deutsche-grammophonDe Boito (né en 1842), le librettiste du dernier Verdi (Otello et Falstaff), Anna Netrebko chante Marguerite de Mefistofele (créé à La Scala en 1868), dont les éclats crépusculaires préfigurent les véristes près de 15 années avant l’essor de l’esthétique : au III, lugubre et tendre, elle reçoit la visite du diable et de Faust dans la prison où elle a été incarcérée après avoir assassiné son enfant. « L’altra notte in fondo al mare » exprime le désespoir d’une mère criminelle, amante maudite, âme déchue, espérant une hypothétique rémission. Même écriture visionnaire pour Ponchielli (né en 1834) qui compose La Gioconda / La Joyeuse sur un livret du même Boito : également créé à La Scala mais 8 ans plus tard, en 1876, l’ouvrage affirme une puissance dramatique première en particulier dans l’air de Gioconda au début du IV : embrasée et subtile, Netrebko revêt l’âme désespérée (encore) de l’héroïne qui dans sa grande scène tragique (« Suicidio ! ») se voue à la mort non sans avoir sauvé celui qu’elle aime, Enzo Grimaldi… l’espion de l’Inquisition Barnaba aura les faveurs de Gioconda s’il aide Enzo à s’enfuir de prison. En se donnant, Gioconda se voue au suicide.

JUSTESSE STYLISTIQUE. Une telle démesure émotionnelle, d’essence sacrificielle, se
retrouve aussi chez Flora dans La Tosca de Puccini (né en 1858), quand la cantatrice échange la vie de son aimée Mario contre sa pudeur : elle va se donner à l’infâme préfet Scarpia. Anna Netrebko éblouit par sa couleur doloriste et digne, dans sa prière à la Vierge qu’elle implore en fervente et fidèle adoratrice… (« Vissi d’arte » au II).
Mais Puccini semble susciter toutes les faveurs d’une Netrebko, inspirĂ©e et maĂ®tresse de ses moyens. Sa Manon Lescaut, dĂ©fendu aux cĂ´tĂ©s de son Ă©poux Ă  la ville, – le tĂ©nor azerbaĂŻdjanais Yusif Eyvazov-, se rĂ©vèle Ă©vidente, naturelle, ardente, incandescente, … d’une candeur bouleversante au moment de mourir. Le velours de la voix fait merveille. Le chant sĂ©duit et bouleverse.
Même finesse d’intonation pour sa Butterfly : « Un bel dì vedremo », autre expression d’une candeur intacte celle de la jeune geisha qui demeure inflexible, plus amoureuse que jamais du lieutenant américain Pinkerton, affirmant au II à sa servante Suzuki, que son « époux » reviendra bientôt…

TURANDOT IRRADIANTE… Plus attendus car autrement périlleux, les deux rôles de Turandot (l’ouvrage laissé inachevé de Puccini) : deux risques pourtant pleinement assumés là encore qui révèlent (et confirment) l’intensité dramatique et la justesse expressive dont est capable la diva austro-russe. Pourtant rien de plus distincts que les deux profils féminins : d’un côté, la pure, angélique et bientôt suicidaire Liù ; de l’autre, l’impériale et arrogante princesse chinoise (elle paraît ainsi en tiare d’or en couverture du cd) : Turandot dont la diva, forte de ses nouveaux graves, d’un médium large et tendu à la fois, sait dévoiler sous l’écrasante pompe liée à sa naissance, le secret intime qui fonde sa fragilité… (premier air de Turandot: « In questa reggia »). Le souci du verbe, la tension de la ligne vocale, l’éclat du timbre, la couleur, surtout la finesse de l’implication imposent ce choix comme l’un des plus bouleversants, alors qu’il était d’autant plus risqué. « La Netrebko » sait ciseler l’hypersensibilité de la princesse, sa pudeur de vierge autoritaire sous le décorum (qu’elle sait plus à déployer dans le choix du visuel de couverture du programme ainsi que nous l’avons souligné précédemment). Est-ce à dire que demain, Anna Netrebko chantera le rôle dans son entier sur les planches ? La question reste posée : rares les cantatrices capables de porter un rôle aussi écrasant pendant tout l’opéra.


CLIC_macaron_2014SOIE CRISTALLINE POUR PURS VÉRISTES
. Aux cĂ´tĂ©s des prĂ©curseurs visionnaires, – ici Boito et Ponchielli, place aux vĂ©ristes purs et durs, crĂ©ateurs renommĂ©s, parfois hautains et exclusifs, au sein de la Jeune Ecole (la Giovane Scuola), ainsi qu’en avant-gardistes dĂ©clarĂ©s, il se nommaient ; paraissent ici Giordano (1867-1948), Leoncavallo (1857-1919), Cilea (1866-1950). Soit une dĂ©cennie miraculeuse au carrefour des deux siècles (1892-1902) qui enchaĂ®ne les chefs d’oeuvres lyriques, vrais dĂ©fis pour les divas prĂŞtes Ă  relever les obstacles imposĂ©s par des personnages tragiques (souvent sacrificiels), « impossibles ».
Pour chacun d’eux, Anna Netrebko offre la soie ardente de son timbre hyperféminin, sachant sculpter la matière vocale sur l’écrin orchestral que canalise idéalement Antonio Pappano. L’accord prévaut ici entre chant et instruments : tout concourt à cette « ivresse » (souvent extatique) des sentiments qui très contrastés, exige une tenue réfléchie de l’interprète : économie, intelligibilité, intelligence de la gestion dramatique autant qu’émotionnelle. La finesse de l’interprète éblouit pour chacune des séquences où perce l’enivrement radical de l’héroïne. Sa Nedda (Pagliacci de Leoncavallo, créé en 1892), exprime en une sorte de berceuse nocturne, toute l’ardente espérance pourtant si fébrile
de la jeune femme malheureuse avec son époux Canio, mais démunie, passionnée face à l’amour de son amant le beau Silvio. Plus mûre et marquée voire dépassée par les événements révolutionnaires, Madeleine de Coigny (André Chénier de Giordano, créé en 1896) impose l’autorité d’une âme amoureuse qui tout en dénonçant la barbarie environnante (incendie du château familial où meurt sa mère, fuite, errance, déchéance, misère…), s’ouvre à l’amour du poète Chénier, son unique salut.
Mais en plus de l’intensitĂ© dramatique – fureur et dĂ©passement, Anna Netrebko sait aussi filer des sons intĂ©rieurs qui ciselĂ©s – c’est Ă  dire d’une finesse bellinienne, donc très soucieux de l’articulation du texte, illuminent tout autant le relief des autres figures de la passion : La Wally (de Catalani, 1854-1893) et sa cantilène Ă©thĂ©rĂ©e, comme l’admirable scène quasi théâtrale d’Adrienne Lecouvreur (de Cilea,), regardent plutĂ´t du cĂ´tĂ© d’une candeur sentimentale, grâce et tendresse oĂą lĂ  encore l’instinct, le style, l’intonation confirment l’immense actrice, l’interprète douĂ©e pour la sensibilitĂ© Ă©conome, l’intensitĂ© faite mesure et nuances, soit la rĂ©surgence d’un certain bel canto qui par sons sens des phrasĂ©s et d’une incarnation essentiellement subtile approche l’idĂ©al bellinien. La diversitĂ© des portraits fĂ©minins ici abordĂ©s, incarnĂ©s, ciselĂ©s s’offre Ă  la maĂ®trise d’une immense interprète. Chapeau bas. « La Netrebko » n’a jamais Ă©tĂ© aussi sĂ»re, fine, rayonnante. Divina.

CD, compte rendu critique. « VERISMO » : Boito, Ponchielli, Catalani, Cilea, Leoncavallo, Mascagni, Puccini, airs d’opéras par Anna Netrebko, soprano. Orchestre de l’Accademia Santa Cecilia. Antonio Pappano, direction. Enregistrement réalisé à Rome, Auditorium Parco della Musica, Santa Cecilia Hall, 7 & 10/2015; 6/2016 — 1 cd Deutsche Grammophon 00289 479 5015. CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2016. Parution annoncée : le 2 septembre 2016.

 

 

 

Impériale diva

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Discographie précédente

 

 

Anna Netrebko chante Verdi chez Deutsche GrammophonCD. Anna Netrebko : Verdi  (2013)  …     Anna Netrebko signe un récital Verdi pour Deutsche Grammophon d’une haute tenue expressive. Soufflant le feu sur la glace, la soprano saisit par ses risques, son implication qui dans une telle sélection, s’il n’était sa musicalité, aurait été correct sans plus … voire tristement périlleuse. Le nouveau récital de la diva russo autrichienne marquera les esprits. Son engagement, sa musicalité gomment quelques imperfections tant la tragédienne hallucinée exprime une urgence expressive qui met dans l’ombre la mise en péril parfois de la technicienne : sa Lady Macbeth comme son Elisabeth (Don Carlo) et sa Leonora manifestent un tempérament vocal aujourd’hui hors du commun. Passer du studio comme ici à la scène, c’est tout ce que nous lui souhaitons, en particulier considérant l’impact émotionnel de sa Leonora … En LIRE +

 

 

 

 

iolanta anna netrebko tchaikovski cd deutesche grammophon clic de classiquenews janvier 2015CD. SimultanĂ©ment Ă  ses reprĂ©sentations new yorkaises (janvier et fĂ©vrier 2015), Deutsche Grammophon publie l’opĂ©ra oĂą rayonne le timbre embrasĂ©, charnel et angĂ©lique d’Anna Netrebko, assurĂ©ment avantagĂ©e par une langue qu’elle parle depuis l’enfance. Nuances, richesse dynamique, finesse de l’articulation, intonation juste et intĂ©rieure, celle d’une jeune âme ardente et implorante, pourtant pleine de dĂ©termination et passionnĂ©e, la diva austro-russe marque Ă©videment l’interprĂ©tation du rĂ´le de Iolanta : elle exprime chaque facette psychologique d’un personnage d’une constante sensibilitĂ©. De quoi favoriser la nouvelle estimation d’un opĂ©ra, le dernier de TchaĂŻkovski, trop rarement jouĂ©.  En jouant sur l’imbrication très raffinĂ©e de la voix de la soliste et des instruments surtout bois et vents (clarinette, hautbois, basson) et vents (cors), TchaĂŻkovski excelle dans l’expression profondes  des aspirations secrètes d’une âme sensible, fragile, dĂ©terminĂ©e : un profil d’hĂ©roĂŻne idĂ©al, qui rĂ©pond totalement au caractère radical du compositeur. Toute la musique de TchaĂŻkovski (52 ans) exprime la volontĂ© de se dĂ©faire d’un secret, de rompre une malĂ©diction… La voix corsĂ©e, intensĂ©ment colorĂ©e de la soprano, la richesse de ses harmoniques offrent l’épaisseur au rĂ´le-titre, ses aspirations dĂ©sirantes : un personnage conçu pour elle. VoilĂ  qui renoue avec la rĂ©ussite pleine et entière de ses rĂ©centes prises de rĂ´les verdiennes (Leonora du trouvère, Lady Macbeth) et fait oublier son erreur straussienne (Quatre derniers lieder de Richard Strauss). LIRE notre dossier complet ” IOLANTA par Anna Netrebko “

 

CD. Anna Netrebko : Souvenirs (2008) …   Anna Netrebko n’est pas la plus belle diva actuelle, c’est aussi une interprète à l’exquise et suave musicalité. Ce quatrième opus solo est un magnifique album. L’un de ses plus bouleversants. Ne vous fiez pas au style sucré du visuel de couverture et des illustrations contenues dans le coffret (lequel comprend aussi un dvd bonus et des cartes postales!), un style maniériste à la Bouguereau, digne du style pompier pure origine… C’est que sur le plan musical, la diva, jeune maman en 2008, nous a concocté un voyage serti de plusieurs joyaux qui font d’elle, une ambassadrice de charme… et de chocs dont la tendresse lyrique et le choix réfléchi des mélodies ici regroupées affirment une maturité rayonnante, un style et un caractère,  indiscutables. EN LIRE +

 

 

 

 

Prochains rôles d’Anna Netrebko :

netrebko anna macbeth classiquenews review account ofLady Macbeth dans Macbeth de Verdi : 18,21, 27 décembre 2016 à l’Opéra de Munich
Leonora dans Il Trovatore de Verdi : 5-18 février 2017 à l’Opéra de Vienne
Violetta Valéry dans La Traviata de Verdi : 9-14 mars 2017, Scala de Milan
Tatiana dans Eugène Onéguine de Tchaikovski : 30 mars-22 avril 2017, Metropolitan Opera New York
puis à l’Opéra Bastille à Paris, du 16 au 31 mai 2017, rôle assuré en alternance avec Sonya Yoncheva (juin 2016)

 

 

CD, coffret événement, annonce. THE ORIGINALS, volume 2 (50cd, Deutsche Grammophon)


Originals legendary recordings volume 2, vol II, review announce annonce classiquenews cd critique Cvr-00028947960188-240x240CD, coffret événement, annonce. THE ORIGINALS, volume 2. Deutsche Grammophon édite le 2ème coffret « The Originals », ou « Legendary recordings »
, perles de son catalogue légendaire où l’on retrouve plusieurs chefs pianistes, orchestres, chanteurs de légende dans des oeuvres particulièrement bien défendues et qui ont fait la notoriété de la marque depuis l’après guerre. Paru en novembre 2014 (il y a un peu moins de 2 ans, CLIC de CLASSIQUENEWS), le premier coffret The Originals, première moisson sélective de 50 cd à écouter d’urgence, était dans sa robe bleue, d’un indiscutable apport. Déjà, le mélomane, connaisseur ou curieux y retrouvait pour son plus grand profit, les chefs à tempérament dont Evgeny Mravinski, Karl Böhm, Karajan, Bernstein, Abbado, Fricsay, Kubelik… l’organiste Helmut Wacha (toujours indépassable dans Bach ainsi dès 1956), les pianistes Emil Gilels (dont 2016 marque le centenaire), Maurizio Pollini et le baryton D Fisher-Dieskau … chacun dans des lectures effectivement marquantes. Les orchestres ici représentés sont l’Orchestre Lamoureux, l’Orchestre de l’opéra de Berlin, la Chapelle de Dresde, le Symphonique de la radio bavaroise, le Wiener Symphoniker, l’Orchestre de la Radio de Berlin, surtout le Berliner Philharmoniker… Mêmes grands interprètes dans le nouveau coffret de 50 cd (dan sa livrée blanche cette fois), publié en septembre 2016, et dans des choix de répertoires différents, non moins convaincants : écoutez entre autres les Symphonies de Tchaikovsky par
à Vienne en 1956 : indémodables, fascinantes).

A leur geste superlatif s’ajoute les tempérament et caractère d’autres artistes qui comptent aussi et font le nouvel intérêt du présent coffret absolument incontournable : le violoniste Nathan Milstein dans JS Bach (1974), ABM soit le pianiste Arturo Benedetto Michelangelo dans les Concertos pour piano de Beethoven sous la direction de Carlo Maria Giulini en 1979 ; joyau romantique français serti par Igor Markevitch, Paris, Salle de la Mutualité en 1961 : Symphonique Fantastique de Berlioz et ouverture Anacréon de Cherubini ; les Symphonies de Brahms par Eugen Jochum et le Berliner Philharmoniker en 1953 et 1956 ; les Chopin dont les 24 Préludes par Martha Argerich (1974) ; les Quatuors de Debussy et Ravel par le Melos Quartett (1979) ; Les Smetana de Ferenc Fricsay (dont la Maldau, Berliner Philharmoniker, 1960) ; évidemment l’Amour Bruno / L’Amour Sorcier de Falla par la sublime Grace Bumbry et Lorin Maazel en 1965 ; Les Sibelius de Hans Rosbaud (1954; avec le Berliner Phil.) …
Carlos Kleiber : génie de la baguetteParmi les oeuvres intégrales lyriques, saluons la réédition des fabuleux témoignages que sont La Création de Haydn par Karajan (1966-1969) ; Les Noces de Figaro de Mozart par Böhm (F-Dieskau, Janowitz, Mathis, Prey, Troyanos, Berlin 1968) ; sans omettre le fameux Rigoletto de Verdi par Giuliani (Capuccilli, Domingo, Cotrubas, Ghiaurov… Vienne 1979), et tout autant, le Freischütz anthologique de Carlos Kleiber signé en 1973 à Dresde (s’il ne fallait conserver q’un enregistrement, par son souffle, sa poésie romantique : ce serait celui là : photo ci contre). 50 cd incontournables pour réviser ses classiques par une colonies d’artistes à la musicalité rayonnante, convaincante, engagée. Prochaine critique complète du coffret THE ORIGINALS, Legendary recordons from The Deutsche Grammophon Catalogue : 50 cd, volume II — parution : septembre 2016, à venir dans le mag cd dvd livres de CLASSIQUENEWS.COM —  CLIC de CLASSIQUENEWS de septembre 2016.

originals-box the originalsLIRE aussi notre compte rendu du coffret : THE ORIGINALS : The legendary recordons from the Deutsche Grammophon Catalogue, 50 cd, volume I, parution : novembre 2014, CLIC de CLASSIQUENEWS 2014

 

CD, compte rendu. Emil Gilels : récital de Seattle 1964 (1 cd Deutsche Grammophon)


gilels emil seattle 1964 cd review presentation critique cd classiquenews compleete review on classiquenews cd compte rendu critique cd deutsche grammophonCD, compte rendu. Emil Gilels : récital de Seattle 1964 (1 cd Deutsche Grammophon)
. Les crépitements nerveux, d’un feu énergique puissamment assumé, voire parfois vindicatif (ampleur orchestrale du jeu) affirme l’engagement de l’artiste chez Beethoven (Sonate n°21, énoncée avec une fougue électrique, d’une force diabolique). Son Chopin, plus emprunt de grâce et de vocalità (Variations sur Là ci darem la mano) ouvre d’autres champs plus intérieurs et presque oniriques, d’une ivresse absente chez le premier Beethoven. Quoique très vite, le pianiste plus déchainé qu’enivré, fait couler des torrents d’énergie dramatique là aussi impressionnante.

Le pianiste de 48 ans (qui mourra en 1985), est au sommet de sa mûre expérience comme soliste et récitaliste. Le récital américain que réédite Deutsche Grammophon (pour le centenaire Gilels 2016 : il est né en octobre 1916) rend idéalement compte de son immense tempérament, carrure de lion et conteur irrésistible… alliant caresse et passion rageuse. C’est un monstre-interprète, virtuose des épisodes contrastés, d’une urgence enivrée quasi vertigineuse à suivre (le développement du motif mozartien chez Chopin, dont l’interprète au clavier fait une nuit fantastique, course effrénée et visions haletantes…).

CLIC_macaron_2014Le presque quasi contemporain de Richter (nĂ© un an avant Gilels en 1915, – et comme lui immense musicien), impose ici une impĂ©tuositĂ© Ă©lectrique incandescente dont la braise semble vĂ©ritablement enflammer le clavier (urgence parfois panique de la Sonate n°3 opus 28 de Prokofiev). Le talent rude, au physique de bucheron, dĂ©couvert alors par Arthur
Rubinstein, se montre d’une éloquence véritablement hypnotique dans les 3 séquences de Debussy (Images I : Reflets, enchanteurs ; hommage à Rameau, énigmatique et « satien »).

Miroirs de Ravel (Alborada del gracioso) envoûte par le même feu liquide très subtilement énoncé, d’une ciselure nerveuse aux scintillements et arrières plans dignes d’un orchestre (phénoménale architecture).

Gilels-Emil-02Malgré la prise de son pas toujours très propre (2ème mouvement du Beethoven), l’acuité, l’assise, le feu poétique, la terrifiante agilité du pianiste s’impose à nous, plus de 50 ans après la réalisation du concert de Seattle. Certainement un témoignage majeur de la fièvre musicale du pianiste russe (né à Odessa, actuelle Ukraine, en 1916). On reste médusé par la nature des critiques américains et germaniques lui reprochant le côté provincial et maniéré de son jeu à la russe… même inexacte et maladroite la réserve finit par atteindre l’immense pianiste. Il ne faut qu’écouter la vie, l’appel à l’ivresse de la danse russe de Petrouchka pour mesurer la spontanéité miraculeuse du jeu de Gilels. Un géant assurément du piano au XXème. Réédition légitime. Pour son centenaire, Deutsche Grammophon devait bien souligner l’originalité puissante d’un interprète à bien des égards fascinant. Cet inédit rend hommage à son très grand talent. A écouter absolument.

Simultanément à DG, Sony classical célèbre aussi le talent impressionnant de Gilels, en rééditant l’intégrale des enregistrements RCA et Columbia. Compte rendu critique à venir sur classiquenews.com.

CD, compte rendu. Emil Gilels, piano : récital de Seattle 1964 : Beethoven, Chopin, Debussy, Prokofiev (1 cd Deutsche Grammophon) — Parution le 19 août 2016.

 

CD événement, annonce : Anna Netrebko ose Turandot dans son nouvel album VERISMO (1 cd Deutsche Grammophon).

verismo-anna-netrebko-582-582-classiquenews-presentation-review-critique-cd-deutsche-grammophonCD événement, annonce : Anna Netrebko ose Turandot dans son nouvel album VERISMO (1 cd Deutsche Grammophon). Que vaut la Turandot osée par Anna Netrebko dans son album Verismo ? On se souvient que dans son précédent récital monographique intitulé simplement « VERDI », la diva osait y chanter Lady Macbeth (qu’elle jouera ensuite sur scène à New York au Metropolitan en une saisissante incarnation car les personnages hallucinés lui vont à ravir) : véritable déclaration d’intention, à côté de sa Leonor du Trouvère, là encore une prise de rôle qui de Berlin, Salzbourg à Paris, allait affirmer (contre tous), sa fibre verdienne. Dépassée ? Sans moyens ? Que nenni : le soprano onctueux, sensuel d’une intensité frappante a convaincu.
S’agirait-il du même principe ici, dans son album à paraître début septembre 2016 : « Verismo », l’audacieuse et surprenante diva s’expose en princesse orientale, clin d’œil manifeste et direct à sa Turandot osée (plage 11 du récital) : « In questa reggia »…

 

 

 

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Déchirante Turandot d’Anna Netrebko

 

 

En avant-première, classiquenews vous livre les rĂ©sultats de notre Ă©coute du cd VĂ©risme : aux cĂ´tĂ©s du superbe scintillement tragique de sa LiĂą, courte et fulgurante immersion dans cette fĂ©minitĂ© fragile et loyale, Anna Netrebko aborde le personnage en titre : Turandot dont la soprano « ose » incarner avec de vrais moyens cependant, le grand air de la princesse chinoise cette fois, expression de sa dignitĂ© impĂ©riale de grande vierge intouchable qui sous le masque d’une cruautĂ© dĂ©clarĂ©e, assumĂ©e, cultive en vĂ©ritĂ© une fragilitĂ© outragĂ©e qui entend venger la mort de son aĂŻeule Lo-u-ling : son grand air de l’acte II, – celui qui prĂ©cède l’épreuve des 3 Ă©nigmes : « In questa reggia » saisit par sa justesse expressive, la vĂ©ritĂ© qui se dĂ©gage d’un chant embrasĂ©, qui est celui d’une âme prisonnière de sa propre position. Anna Netrebko exprime la sensibilitĂ© d’une âme dĂ©chirĂ©e que le sort de son aĂŻeule touche infiniment et qui l’enchaĂ®ne aussi en une virginitĂ© donc une solitude, qui la dĂ©passent. DĂ©claration et prière : la princesse est une femme qui assène et qui souffre : chair tiraillĂ©e que le timbre incandescent aux aigus assumĂ©s de la cantatrice sublime. La couleur de sa voix convient idĂ©alement au profil fĂ©minin imaginĂ© par Puccini. La dĂ©couverte est prodigieuse et l’on aimerait tant l’entendre tout au long de la partition comme Butterfly….

 

 

 

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Suite de la critique complète de l’album VERISMO d’Anna Netrebko, à venir le jour de sa parution, le 2 septembre 2016. CLIC de CLASSIQUENEWS de la rentrée 2016.

 

 

OPERA. ActualitĂ©s de la soprano Anna Netrebko : de Mozart, Verdi Ă  Puccini…

salzburg salzbourg logo 2016 0104_festspiele_023OPERA. ActualitĂ©s de la soprano Anna Netrebko : de Mozart, Verdi Ă  Puccini… Anna Netrebko, Ă©gĂ©rie de Salzbourg. Lors d’un talk publique organisĂ© avec la star du lyrique (dont DG sortira le prochain album “Verismo”, très attendu, en septembre prochain), la direction du Festival de Salzbourg (par la voix de sa prĂ©sidente actuel: Helga Rabl-Stadler) a soulignĂ© l’attachement qui unit la soprano austrorusse et l’institution musicale estivale : « Anna a contribuĂ© Ă  l’histoire du Festival et je souhaite qu’elle continue Ă  la faire », a dĂ©clarĂ© en substance madame R-Stadler.

Anna Netrebko a rĂ©alisĂ© ses dĂ©buts Ă  Salzbourg en chantant Donna Anna – un rĂ´le qui lui Ă©tait dĂ©signĂ©-, Ă  l’étĂ© 2002, sous la direction du chef Nikolaus Harnoncourt, dĂ©cĂ©dĂ© rĂ©cemment (mars 2016). Leur coopĂ©ration s’est poursuivit ensuite avec Susanna dans Les Noces de Figaro mises en scène de Claus Guth : une production Ă  nouveau mozartienne (dĂ©pressive et dĂ©senchantĂ©e mais si juste et profonde) dont elle garde un souvenir intact et qu’elle vĂ©nère au dessus de tout, y compris avant la fameuse Traviata avec Villazon, rĂ©alisĂ©e en 2005.

 

 

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DES ROLES DE PLUS EN PLUS DRAMATIQUES… Devenue mère en 2009, Anna Netrebko a fait Ă©voluer ses choix musicaux vers des rĂ´les plus dramatiques, moins brillants et clairs (que Susanna par exemple). Ainsi ses prises de rĂ´les chez Verdi : Leonora du Trouvère, surtout Lady Macbeth rĂ©cemment… autant d’incarnations fortes et puissantes qui aux cĂ´tĂ©s de sa Iolanta (Tchaikovski) ont Ă©tĂ© d’éblouissantes rĂ©ussites. L’opĂ©ra Manon Lescaut de Puccin lui a permis de chanter aux cĂ´tĂ©s de son Ă©poux (depuis 2014), le baryton Yusif Eyvazov (Renato Des Grieux), — Anna Netrebko reprendra le rĂ´le de Manon au Metropolitan Opera de New York du 14 novembre au 3 dĂ©cembre 2016 (voir ici l’agenda d’Anna Netrebko)
Aujourd’hui, Anna Netrebko avoue ne chanter que des rôles qu’elle aime viscéralement. Voilà pourquoi elle ne chantera jamais Norma par exemple… mais aussi voilà pourquoi elle se permet d’aborder deux airs (irrésistibles) de Turandot de Puccini, au studio… à découvrir dans son prochain album : « Verismo » (parution début septembre 2016) : le visuel du nouveau cd l’indique clairement : Anna Netrebko ne fait pas qu’être l’une des plus belles sopranos au monde, l’interprète affirme aussi une audace artistique intacte qui la conduit à aborder aujourd’hui des personnages. inimaginables à ses débuts salzbourgeois… La mozartienne belcantiste, récemment verdienne de choc, serait-elle en définitive vériste et puccinienne ? Réponse chez DG début septembre 2016. Annonce, présentation, compte rendu critique complet à venir sur classiquenews.com

Illustration : en tiare d’impĂ©ratrice (rĂ©fĂ©rence Ă  la princesse orientale Turandot?), Anna Netrebko paraĂ®t Ă©nigmatique, sĂ©duisante, irrĂ©sistible en couverture de son prochain album “Verismo”…

Prochains rĂ´les d’Anna Netrebko :

netrebko anna macbeth classiquenews review account ofLady Macbeth dans Macbeth de Verdi : 18,21, 27 dĂ©cembre 2016 Ă  l’OpĂ©ra de Munich
Leonora dans Il Trovatore de Verdi : 5-18 fĂ©vrier 2017 Ă  l’OpĂ©ra de Vienne
Violetta Valéry dans La Traviata de Verdi : 9-14 mars 2017, Scala de Milan
Tatiana dans Eugène Onéguine de Tchaikovski : 30 mars-22 avril 2017, Metropolitan Opera New York
puis Ă  l’OpĂ©ra Bastille Ă  Paris, du 16 au 31 mai 2017

Les Sœurs Labèque signent chez Deutsche Grammophon

CD, signature. Les sĹ“urs Katia et Marielle Labèque signent chez Deutsche Grammophon. Les pianistes françaises le plus cĂ©lèbres au monde, dont le duo forme le « quatre mains » le plus cĂ©lĂ©brĂ© actuellement, signent un contrat d’exclusivitĂ© chez Deutsche Grammophon. Elles se produisent dĂ©jĂ  depuis 35 ans, particulièrement distinguĂ©es par leur enregistrement de Rhapsody in Blue de Gershwin (1980) qui attestait de leur sensibilitĂ© pour la musique amĂ©ricaine… Les deux artistes viennent d’ouvrir le Festival de Gstaad en Suisse, dans un programme lĂ  encore très personnel voire intime, oĂą la sĂ©lection de pièces intimistes, de Brahms, Strauss Ă  Satie, Poulenc, FaurĂ© et Glass réécrit leur parcours familial et artistique (le 14 juillet 2016, compte rendu critique Ă  venir sur classiquenews).

Très liées au milieu de l’avant garde américaine, en particulier des chercheurs minimalistes dont Steve Reich et surtout Philip Glass, Katia et Marielle Labèque avaient créé en 2007 leur propre label (KML) leur permettant de publier les fruits d’une démarche très personnelle et particulièrement riche, liés à leurs explorations les plus récentes. En juillet 2016, soit presque 10 ans après, une nouvelle page se tourne pour un chapitre prometteur à écrire chez Deutsche Grammophon. Prochain disque annoncé : Stravinsky et de Debussy (parution en novembre 2016, concert à Radio France le 15 janvier 2017).

D’ici là, Katia et Marielle Labèque annoncent la réédition du double cd, « Minimalist Dream House » au moment de leur concert à la Philharmonie de Paris, le 25 septembre prochain, (à 20h30 : concert de musique américaine : Ives, Zappa, création mondiale de la nouvelle oeuvre de Bryce Dessner).

labeque katia et marielle piano quatre mains classiquenews

LIVRE. L’éditeur Buchet-Chastel annonce en complément un livre d’entretiens : « Une vie à quatre mains », que Deutsche Grammophon complètera par un coffret en 6 cd, réunissant les enregistrements phare du label KML Recordings.

CD, compte rendu critique. Mozart : Les Noces de Figaro / Le Nozze di Figaro. Sonya Yoncheva (Nézet-Séguin, 3 cd Deutsche Grammophon)

Le nozze di figaro mozart les noces de figaro deutsche grammophon 3 cd nezet-seguin_hampson_fauchecourt critique cd review classiquenews presentation annonce depeche clic de classiquenews juin 2016CD, compte rendu critique. Mozart : Les Noces de Figaro / Le Nozze di Figaro. Sonya Yoncheva (NĂ©zet-SĂ©guin, 3 cd Deutsche Grammophon). Voici donc la suite du cycle Mozart en provenance de Baden Baden 2015 et pilotĂ© par le chef Yannick NĂ©zet-SĂ©guin et le tĂ©nor Roland Villazon : ces Noces / Nozze marque le dĂ©jĂ  quatrième opus sur les 7 ouvrages de maturitĂ© initialement choisis. Ce live confirme globalement les affinitĂ©s mozartiennes du chef quĂ©bĂ©cois nĂ© en 1975,et qui poursuit son irrĂ©pressible ascension : il vient d’être nommĂ© directeur musical du Metropolitan Opera de New York. Hormis quelques rĂ©serves, la tenue gĂ©nĂ©rale, vivace, qui exprime et la vĂ©ritĂ© des profils et l’ivresse rythmĂ©e de cette journĂ©e Ă©tourdissante, convainc. Soulignons d’abord, la prestation superlative vocalement et dramatiquement de la soprano vedette de la production. Elle fut Marguerite du Faust de Gounod Ă  Baden Baden (Festival de PentecĂ´te 2014) : la voici en Comtesse d’une ivresse juvĂ©nile et adolescente irrĂ©sistible, saisissant la couleur nostalgique d’une jeune Ă©pouse mariĂ©e trop tĂ´t et qui a perdu trop vite sa fraicheur (quand elle n’était que Rosine….). Sonya Yoncheva renouvelle totalement l’esprit du personnage en en rĂ©vĂ©lant l’essence adolescente avec une grâce et une finesse absolues : son « Porgi amor » ouvrant le II, est affirmation toute en dĂ©licatesse d’une aube tendre et angĂ©lique Ă  jamais perdue : l’aveu d’un temps de bonheur irrĂ©mĂ©diablement Ă©vanoui : dĂ©chirante prière d’une âme Ă  la mĂ©lancolie remarquablement Ă©noncĂ©e. Ce seul air mĂ©rite les meilleures apprĂ©ciations. Car Sonya Yoncheva a contrairement Ă  la plupart de ses consĹ“urs, le charme, la noblesse, la subtilitĂ© et… surtout le caractère et l’âge du personnage. Inoubliable incarnation (mĂŞme charme Ă  la langueur irrĂ©sistible dans le duo Ă  la lettre du II : Canzonetta sull’aria).

 

 

 

Une Rosina nostalgique inoubliable
La comtesse blessée, adolescente de Sonya Yoncheva

 

 

EXCELLENCE FEMININE....A ses côtés, deux autres chanteuses sont du même niveau : incandescentes, naturelles, vibrantes : la Susanne (pourtant au timbre mûre) de Christiane Karg (de plus en plus naturelle et expressive : sensibilité de son ultime air avec récitatif au IV : « Giunse alfin il momento / Deh vient , non tardar, o gioia bella… »), et surtout l’épatante jeune soprano Angela Brower, vrai tempérament de feu dans le rôle travesti de Chérubin. Les 3 artistes éblouissent à chacune de leur intervention et dans les ensembles. Même Regula Mühlemann fait une Barberine touchante (cherchant son épingle dans le jardin : parabole du trouble et de l’oubli semés tout au long de l’action) au début du IV. Exhaustif et scrupuleux, Yannick Nézet Séguin respecte l’ordre originel des airs et séquences de l’acte III ; il dirige aussi tout l’acte IV avec l’air de Marceline (« il capo e la capretta » : épatante Anne-Sofie von Otter, plus fine actrice que chanteuse car

Diva d'aujourd'hui : Sonya Yoncheva chante Irisl’instrument vocal est Ă©raillĂ©), et le grand rĂ©cit de Basilio (sur l’art bĂ©nĂ©fique de se montrer transparent : « In quagli anni », chantĂ© par un Rolando Villazon, malheureusement trop outrĂ© et maniĂ©rĂ©, cherchant a contrario de tout naturel Ă  trouver le dĂ©tail original qui tue ; cette volontĂ© de faire rire (ce que fait le public de bonne grâce) est Ă©tonnante puis dĂ©concertante ; dommage (rien Ă  voir avec son chant plus raffinĂ© dans l’Enlèvement au sĂ©rail, prĂ©cĂ©demment Ă©ditĂ©). Face Ă  lui, le Curzio de Jean-Paul FauchĂ©court est mordant et vif Ă  souhait, soulignant la verve de la comĂ©die sous l’illusion et les faux semblants du drame domestique. Contre toute attente, le Comte Almaviva de Thomas Hampson montre de sĂ©rieuses usures dans la voix et un chant constamment en retrait, – ce malgrĂ© la justesse du style et l’aplomb des intentions, et pourtant d’une prĂ©cision Ă  peine audible (mĂŞme si l’orchestre est placĂ©e derrière les chanteurs selon le dispositif du live Ă  Baden Baden). Le Figaro un rien rustre et sanguin de Luca Pisaroni est percutant quant Ă  lui, trop peut-ĂŞtre avec une couleur rustique qui contredit bien des Figaro plus policĂ©s, mieux nuancĂ©s (Hermann Prey).

 

 

seguin_yannick_nezet_chef_maetroSur instruments modernes, l’orchestre palpite et s’enivre au diapason de cette journĂ©e Ă  perdre haleine avec la couleur trĂ©pidante, ronde du pianoforte dans rĂ©citatifs et airs ; pourtant jamais prĂ©cipitĂ©e, ni en manque de profondeur, la baguette de Yannick NĂ©zet-SĂ©guin ne se dilue, toujours proche du texte, du sentiment, de la finesse : l’expressivitĂ© souple assure le liant de ce festival enfiĂ©vrĂ© qui marque en 1786 la première coopĂ©ration entre Da Ponte et Mozart, inspirĂ©s par Beaumarchais (le mariage de Figaro, 1784). Pour l’excellence des parties fĂ©minines, – le sommet en Ă©tant la subtilitĂ© adolescente de la Comtesse de Sonya Yoncheva, pour l’allure palpitante de l’orchestre grâce Ă  la vivacitĂ© nerveuse du chef, ce live de Baden Baden mĂ©rite tous les Ă©loges. Au regard des accomplissements ainsi rĂ©alisĂ©s, les rĂ©serves Ă©mises ne sont que broutilles face Ă  la cohĂ©rence d’ensemble. Saluons donc la rĂ©ussite collective de ce 4è Mozart Ă  ranger au mĂ©rite du duo d’initiateurs NĂ©zet-SĂ©guin et Villazon Ă  Baden Baden.
CLIC de classiquenews de juillet 2016.

 

 

 

CLIC_macaron_2014CD, compte rendu critique. Mozart : Les Noces de Figaro / Le Nozze di Figaro. Sonya Yoncheva, Angela Brower, Christiane Karg, Anne Sofie von Ottter, Regula Mühlemann, Jean-Paul Fauchécourt, Luca Pisaroni, Thomas Hampson, Rolando Villazon… Vocalensemble Rastatt, Chamber orchestra of Europe. Yannick Nézet Séguin, direction — 3 cd Deutsche Grammophon 479 5945 / CLIC de classiquenews de juillet 2016

Récital du pianiste Seong-Jin Cho, en direct sur internet

seong-jin-cho-mozart-schubert-chopin_d_jpg_720x405_crop_upscale_q95En direct sur internet, ce soir, 20h : récital du pianiste Seong-Jin Cho, nouveau signataire chez l’écurie Deutsche Grammphon, après son triomphe récent au dernier Concours Chopin de Varsovie. Concert en direct depuis Reims. Il a remporté le premier Prix lors du dernier Concours Chopin de Varsovie en octobre 2015 (17ème Concours).

 

seong_jin_cho_chopin_17_concours_piano_varsovie_meaNé à Séoul le 28 mai 1994, Seong-Jin Cho est un jeune talent prometteur qui a déjà remporté plusieurs distinction : Grand Prix du Concours international Chopin pour jeunes pianistes (2008), 3e prix du concours international Tchaïkovski (2011), 3e prix du Concours international Arthur Rubinstein… Elu et distingué à Varsovie par un Jury composé de Martha Argerich, Philippe Entremont, Nelson Goerner, Seong-Jin Cho inscrit son nom dans une liste de lauréats prestigieux tels que Maurizio Pollini (1er prix, 1960), Martha Argerich (1965), Krystian Zimerman (1975), Yundi Li, Rafal Blechacz (2005)… tous artistes ayant signé par la suite avec le prestigieux label jaune toujours bien placé dans la carrière des grands noms du piano, Deutsche Grammophon. Daniil Trifonov, Yuja Wang, Yundi, hier Lang Lang (aujourd’hui passé chez Sony)… font aussi partie de l’écurie DG. Qu’en sera-t-il pour le jeune sud coréen Seong-Jin Cho ? Dans un récent communiqué, réaffirmant son partenariat avec l’Institut Chopin de Varsovie, coorganisateur du Concours Chopin fondé en 1927, Deutsche Grammophon annonce un prochain enregistrement Chopin par le nouveau lauréat du Concours polonais, Seong-Jin CHO. A suivre… EN LIRE + sur Seong-Jin CHO, premier prix du 17ème Concours Chopin de Varsovie (octobre 2015)

 
Au programme :
Mozart : Rondo K 511
SCHUBERT : Sonate pour piano n°19
CHOPIN : 24 Préludes pour piano
Seong-Jin Cho, piano
VOIR le direct ce soir Ă  partir de 20h sur le site de Deutsche Grammophon : http://www.deutschegrammophon.com/fr/gpp/index/seong-jin-cho-reims

 

LIRE aussi notre critique complète du premier cd de SEONG-JIN CHO, programme Chopin, CLIC de CLASSIQUENEWS d’octobre 2015

 

CD, coffret événement. EMERSON String Quartet / Quatuor Emerson : complete recordings on DG Deutsche Grammophon (52cd)

emerson string quartet 52 cd deutsche grammophon cd review critique compte rendu classiquenews clic de classiquenews juin 2016CD, coffret Ă©vĂ©nement. EMERSON String Quartet / Quatuor Emerson : complete recordings on DG Deutsche Grammophon (52cd). VoilĂ  40 ans dĂ©jĂ  que les Emerson traverse pays et rĂ©pertoire, affirmant une cohĂ©sion sonore et expressive d’une indiscutable force. FondĂ© Ă  New York en 1976, les quatre instrumentistes Ă  cordes (David Finckel, Eugene Drucker, Lawrence Dutton, Philip Setzer, Paul Watkins, Guillermo Figueroa) ont pu approfondir une complicitĂ© et une Ă©coute rares que leurs enregistrements majoritairement pour DG – prestigieux label jaune-, Ă©claire, dĂ©voilant une diversitĂ© curieuse, et pourtant une unitĂ© et une logique qui fondent aujourd’hui comme rĂ©trospectivement l’intelligence de leur dĂ©marche : servir les auteurs du XXè Ă  partir d’une souplesse tous azimuts forgĂ©e et ciselĂ©e dans l’apprentissage des auteurs romantiques germaniques, slaves et russes. La particularitĂ© des Emerson revient aux deux violonistes qui alternent selon les cycles et les rĂ©pertoires la place de premier violon. Leur performance en 2010 entre autres, lors de la Biennale de Quatuors Ă  cordes qui invite Ă  Paris Ă  la Philharmonie les meilleures phalanges chambristes du genre, ont affirmĂ© un puretĂ© de son subjuguante au service des compositeurs abordĂ©s : en majoritĂ©, non pas les grands classiques viennois : – mĂŞme s’ils jouent les 7 dernières Paroles du Christ de Haydn et la « rafraĂ®chissant » verve du n°77, Mozart (les 6 Quatuors dĂ©diĂ©s Ă  Haydn) et Beethoven (intĂ©grale ici en 5 cd, 21-27)-, mais plutĂ´t les « classiques » modernes, ceux du XXème siècle qui ont fait le coeur le plus palpitant de leur vaste rĂ©pertoire : Bartok (les 6 Quatuors dont « Lettres intimes »), incontestablement Dvorak (dont aussi les pièces avec piano), surtout les russes dont Ă©videmment l’intĂ©grale des Quatuors de Chostakovitch (cd 30-34).

emerson string quartet deutsche grammophon coffret box set 52 cd clic de classiquenews juin 2016 review cd critique quatuoremerson-oqlg

Parmi les premiers romantiques, citons l’exceptionnel relief de leurs Schubert (D804, D810 …), la lumière des Mendelssohn (avec l’Octuor); la souplesse liquide des Schumann (n°3 opus 41/3 et le Quintette pour piano); … Tout cela prĂ©lude Ă  l’acuitĂ© d’une sensibilitĂ© portĂ©e et inspirĂ©e par les derniers romantiques (Ă©videmment Brahms) et les Ă©critures du XXè que l’on a citĂ©es, auxquelles s’associent Webern (Quatuors et Trios, cd19), Berg (Suite lyrique, cd51), tout un cycle d’auteurs Ă  l’œuvre restreinte voire unique (mais si gĂ©niale) : Tchaikovsky, Borodine, les français (trop rares) Ravel, Debussy, Nielsen, Sibelius, Martinu, Grieg… Ce legs postromantiques et moderne est idĂ©alement complĂ©tĂ© par les incursions plus contemporaines chez Harbison, Wernick, Schuller, Ives… les 52 cd composent une rĂ©trospective magistrale qui dĂ©montre une logique artistique, une Ă©loquente maturitĂ© sonore. Incontournable.

CLIC D'OR macaron 200CD, coffret événement. EMERSON String Quartet / Quatuor Emerson : complete recordings on DG Deutsche Grammophon (52cd Deutsche Grammophon 00289 479 5982 GB52). Parution : juin 2016. CLIC de CLASSIQUENEWS

CD, coffret événement, annonce. Mozart : Les Noces de Figaro par Yannick Nézet Séguin (3 cd Deutsche Grammophon)

Le nozze di figaro mozart les noces de figaro deutsche grammophon 3 cd nezet-seguin_hampson_fauchecourt critique cd review classiquenews presentation annonce depeche clic de classiquenews juin 2016CD, annonce. Mozart : Les Noces de Figaro par Yannick NĂ©zet SĂ©guin. Alors que Sony classical poursuit sa trilogie sous la conduite de l’espiègle et pĂ©taradant Teodor Currentzis (1), Deutsche Grammophon achève la sienne sous le pilotage du MontrĂ©alais Yannick-NĂ©zet SĂ©guin rĂ©cemment nommĂ© directeur musical au Metropolitan Opera de New York. Après Don Giovanni, puis Cosi, les Nozze di Figaro sont annoncĂ©es ce 8 juillet 2016. A l’affiche de ce live en provenance comme pour chaque ouvrage enregistrĂ© de Baden Baden (festival estival 2015), des vedettes bien connues dont surtout le tĂ©nor franco mexicain Rolando Villazon avec lequel le chef a entrepris ce cycle mozartien qui devrait compter au total 7 opĂ©ras de la maturitĂ©. Villazon on l’a vu, se refait une santĂ© vocale au cours de ce voyage mozartien, rĂ©apprenant non sans convaincre le dĂ©licat et subtil legato mozartien, la douceur et l’expressivitĂ© des inflexions, l’art des nuances et des phrasĂ©s souverains… une autre Ă©coute aussi avec l’orchestre (les instrumentistes Ă  Baden Baden sont placĂ©s derrière les chanteurs…) Leur dernier enregistrement, L’Enlèvement au sĂ©rail (qui a rĂ©vĂ©lĂ© le chant millimĂ©trĂ© du jeune tĂ©nor Paul Schweinestet dans le rĂ´le clĂ© de Pedrillo) excellait dans ce sens dans la restitution de ce chant intĂ©rieur et suave portĂ© par la finesse des intentions. Qu’en sera-t-il pour ce nouveau Da Ponte qui clĂ´t ainsi la trilogie des opĂ©ras que Mozart a composĂ© avec l’écrivain poète ?
La distribution regroupe des tempéraments prêts à exprimer l’esprit de comédie et ce réalisme juste et sincère qui font aussi des Nozze, l’opéra des femmes : Sonya Yoncheva chante la Comtesse, Anne Sofie von Otter, Marcellina, la moins connue Christiane Karg dans le rôle clé de Susanna… les rôles masculins promettent d’autres prises de rôles passionnants à suivre : Luca Pisaroni en Figaro ; Thomas Hampson pour le Comte Almaviva ; Rolando Villazon incarne Basilio le maître de musique, et Jean-Paul Fouchécourt, Don Curzio (soit pour ces deux derniers personnages, deux sensibilités invitées à sublimer l’expressivité de deux rôles moins secondaires qu’on l’a dit…).
Quelle cohérence vocale ? Quelle réalisation des situations psychologiques à travers les 4 actes ? Quelle conception à l’orchestre ? On sait combien l’opéra de Mozart et da Ponte a transfiguré la pièce de Beaumarchais dans le sens d’une libération des individualités, dans l’esprit d’une comédie réaliste parfois délirante où perce la vérité des caractères. Yannick Nézet-Séguin et son complice Rolando Villazon sont-ils au rendez vous de tous ces défis ? Réponse dans notre grande critique des Noces de Figaro par Nézet-Séguin et Villazon, à paraître dans le mag cd dvd livres de CLASSIQUENEWS, le jour de la sortie du coffret, le 8 juillet 2016.

 

CD, annonce. Mozart : Les Noces de Figaro par Yannick Nézet Séguin, 3 cd Deutsche Grammophon — 479 5945. Parution annoncée le 8 juillet 2016.

 

 

 

LE CYCLE MOZART de Yannick Nézet-Séguin et Rolando Villazon. LIRE aussi nos critiques complètes CLASSIQUENEWS des opéras précédemment enregistrés par Yannick Nézet-Séguin :

Don-Giovanni.cd_.01DON GIOVANNI. Entrée réussie pour le chef canadien Yannick Nézet-Séguin qui emporte haut la main les suffrages pour son premier défi chez Deutsche Grammophon: enregistrer Don Giovanni de Mozart. Après les mythiques Boehm, Furtwängler, et tant de chefs qui en ont fait un accomplissement longuement médité, l’opéra Don Giovanni version Nézet-Séguin regarderait plutôt du coté de son maître, très scrupuleusement étudié, observé, suivi, le défunt Carlo Maria Giulini: souffle, sincérité cosmique, vérité surtout restituant au giocoso de Mozart, sa sincérité première, son urgence théâtrale, en une liberté de tempi régénérés, libres et souvent pertinents, qui accusent le souffle universel des situations et des tempéraments mis en mouvement. Immédiatement ce qui saisit l’audition c’est la vitalité très fluide, le raffinement naturel du chant orchestral; un sens des climats et de la continuité dramatique qui impose des l’ouverture une imagination fertile… Les chanteurs sont naturellement portés par la sureté de la baguette, l’écoute fraternelle du chef, toujours en symbiose avec les voix.

Cosi_Mozart-Nezet_seguin_cd_DG_villazonCOSI FAN TUTTE. Voici un Cosi fan tutte (Vienne, 1790) de belle allure, surtout orchestrale, qui vaut aussi pour la performance des deux soeurs, victimes de la machination machiste ourdie par le misogyne Alfonso … D’abord il y a l’élégance mordante souvent très engageante de l’orchestre auquel Yannick Nézet-Séguin, coordonnateur de cette intégrale Mozart pour DG, insuffle le nerf, la palpitation de l’instant : une exaltation souvent irrésistible. Le directeur musical du Philharmonique de Rotterdam n’a pas son pareil pour varier les milles intentions d’une partition qui frétille en tendresse et clins d’oeil pour ses personnages, surtout féminins. Comme Les Noces de Figaro, Mozart semble développer une sensibilité proche du coeur féminin : comme on le lira plus loin, ce ne sont pas Dorabella ni Fiodiligi, d’une présence absolue ici, qui démentiront notre analyse.

 

mozart-2-cd-deutsche-grammophon-die-entfurhung-aus-dem-serail-enlevement-au-serail-yannick-nezet-seguin-villazon-prohaska-paul-schweinester-rolando-villazonL’ENLEVEMENT AU SERAIL. CD, compte rendu critique. Mozart : L’Enlèvement au sérail, Die Entfhürung aus dem serail. Schweinester, Prohaska, Damrau, Villazon, Nézet-Séguin (2 cd Deutsche Grammophon). Après Don Giovanni et Cosi fan tutte, que vaut la brillante turquerie composée par Mozart en 1782, au coeur des Lumières défendue à Baden Baden par Nézet-Séguin et son équipe ? Évidemment avec son léger accent mexicain le non germanophone Rolando Villazon peine à convaincre dans le rôle de Belmonte;  outre l’articulation contournée de l’allemand, c’est surtout un style qui reste pas assez sobre, trop maniéré à notre goût, autant de petites anomalies qui malgré l’intensité du chant placent le chanteur en dehors du rôle.

 

 

(1) Sony classical a publiĂ© Cosi fan tutee,  Le Nozze di Figaro… reste Don Giovanni, annoncĂ© courant dernier quadrimestre 2016

CD, annonce. Funambules : duo Thomas Enhco / Vassilena Serafimova (1 cd Deutsche Grammophon)

ENHCO thomas vassilena Serafimova funambules deutsche grammophon cd review presentation account of CLASSIQUENEWS COVER-FINAL-WEB-CARRE-BDCD. FUNAMBULES… Piano, Marimba et davantage…. Thomas Enhco et Vassilena Serafimova : Funambules (1 cd Deutsche Grammophon). Leur duo musical d’une rare intensitĂ© crĂ©ative ne cesse de surprendre  depuis 7 ans dĂ©jĂ  : les « Funambules » Thomas et Vassilena ose, innove, explore au carrefour des genres (classique, jazz, impro…) et des dispositifs instrumentaux entre piano et Marimba… Les deux lutins Ă  l’imagination sans limite, sur la couverture de leur cd Funambules, sont deux Ă©lectrons rouges courrant sur un sol bleu argentĂ© lunaire ; ils rĂ©activent l’attraction des partitions anciennes, Ă©lectrisent leur charge expressive et reconstruisent en un cycle cohĂ©rent, un nouvel Ă©difice atypique et poĂ©tique, un parcours d’une sĂ©duction sonore imprĂ©vue. Rencontre inespĂ©rĂ©e, imprĂ©visible qui sait se renouveler Ă  chaque session. En tĂ©moigne ce nouveau programme « Funambules » oĂą la prĂ©sence active des deux guides convoquent tout un monde d’illusions et d’onirisme, aux rĂ©fĂ©rences connues mais aux rives inĂ©dites qui associent l’univers du pianiste et  la fantaisie libĂ©rĂ©e de la percussionniste. Le 8 avril, Deutsche Grammophon publie leur premier rĂ©cital Ă  deux voix et quatre mains. Enfant d’une famille artiste (son grand père est le chef d’orchestre Jean-Claude Casadesus), Thomas Enhco est RĂ©vĂ©lation de l’annĂ©e aux Victoires du Jazz 2015. La Bulgare Vassilena Serafimova adapte l’art du marimba au rĂ©pertoire classique avec une verve nouvelle, une sensibilitĂ© sans limites… Prochaine critique complète du cd Funambules par Thomas Enhco et Vassilena Serafimova.

 

 

Thomas enhco vassilena Serafimova mozart funambules TM

 

 

CONCERT, le 3 Mai 2016. Paris, Bouffes du Nord, programme « Funambules » : Mozart, Bach, Fauré, Saint-Saëns… Infos, modalités de réservations sur le site CLUB DEUTSCHE GRAMMOPHON

VOIR SUR VEVO, la vidéo de Thomas ENHCO et Vassilena Serafimova

 

 

enhco vassilena serafimova VASSILENA-X-THOMAS-204-150x150Thomas ENHCO et Vassilena SERAFIMOVA : transposition pour piano et marimba de la Sonate pour 2 pianos K448 de Mozart. Dans une usine désaffectée, les deux instrumentistes courrent ; cherchent comme dans un jeu de piste…, le pianiste et la percussionniste jouent, jonglent, dialoguent comme s’ils improvisaient, soulignant sans lourdeur ni conformité, l’énergie enfantine, facétieuse d’un Mozart ayant su cultiver sa faculté d’imagination, de joyeuse et irrésistible innocence.

 

VOIR AUSSI une autre vidéo de Thomas Enhco et Vassilena Serafimova

 

 

 

Coffret cd, compte rendu critique. Intégrale Maurice Ravel par Lionel Bringuier (4 cd Deutsche Grammophon)

RAVEL lionel bringuier complete integrale Ravel Yuja wang ray chen review compte rendu critique cd classiquenews 4 cd deutsche grammophon 4795524Coffret cd, compte rendu critique. IntĂ©grale Ravel par Lionel Bringuier (4 cd Deutsche Grammophon). Première saison symphonique de Lionel Brunguier Ă  ZĂĽrich... VoilĂ  une première somme orchestrale dont tout jeune chef pourrait ĂŞtre particulièrement fier, enregistrĂ© par un label prestigieux dont chaque volet enregistrĂ© sĂ©parĂ©ment, compose aujourd’hui cette intĂ©grale captivante. NĂ© niçois en septembre 1986, le maestro français Lionel Bringuier va souffler prochainement ses 30 ans. Et pourtant force est de constater une sensibilitĂ© vive et analytique, douĂ©e de respirations magiciennes dans le sillon tracĂ© par ses prĂ©dĂ©cesseurs, les premiers enchanteurs dĂ©jĂ  collaborateurs de Decca / Philips, Ă  leur Ă©poque, dĂ©fenseurs passionnĂ©s / passionnants d’un rĂ©pertoire romantique et moderne français qui s’affirmait sans qu’il soit besoin d’Ă©taler aujourd’hui presque exclusivement l’argument des instruments d’Ă©poque. La seule sensibilitĂ© instrumentale de chaque tempĂ©rament fĂ©dĂ©rateur, sa science personnelle des nuances et des dynamiques… – les Ansermet, Martinon, Cluytens et hier, Armin Jordan, suffisait alors Ă  dĂ©montrer une maĂ®trise vivante de l’Ă©loquence orchestrale symphonique Ă  la française. Le jeune Bringuier serait-il animĂ© par le mĂŞme souci d’Ă©loquence et de style ?

 

 

A Zurich, directeur musical de la Tonhalle, un chef français rĂ©alise une première intĂ©grale ravĂ©lienne captivante…

Prodiges ravéliens de Lionel Bringuier

 

bringuier tonhalle Bringuier_Lionel__c__Priska_Ke_016d0fd013L’Ă©lève de Zsolt Nagy au Conservatoire de Paris, laurĂ©at du 25ème Concours de Besançon 2005 (grâce Ă  la Valse du mĂŞme Ravel), affirme ici dans les champs ravĂ©liens, une tension ciselĂ©e souvent irrĂ©sistible, mĂŞme si la prise de son trop flatteuse souvent, exacerbe la plĂ©nitude sonore plutĂ´t que sa transparente clartĂ©. Un manque de dĂ©tail et de ciselure arachnĂ©nenne qui ne doit pas ĂŞtre attribuĂ© Ă  la direction fine, articulĂ©e, subtilement dramatique du jeune maestro. Ce sont moins les Concertos pour piano (avec le concours de l’excellente mais un rien trop technicienne pianiste chinoise Yuja Wang en avril 2015) que les pages purement orchestrales, nĂ©cessitant lyrisme, dĂ©tail, feu dramatique qui confirment le tempĂ©rament du directeur musical, assistant de Salonen Ă  Los Angeles (2007), puis chef associĂ© nommĂ© par Gustavo Dudamel.

CLIC_macaron_2014Les 4 cd édités par Deutsche Grammophon regroupent les premières réalisations officielles de Lionel Bringuier comme nouveau directeur musical de la Tonhalle de Zurich, depuis septembre 2014, successeur de David Zinman. Tous, live de septembre 2014 à novembre 2015 montrent la complicité évidente entre chef et instrumentistes. Analysons les apports des cd les plus intéressants.

CD1 : ShĂ©hĂ©razade scintille de lueurs inĂ©dites, roussĂ©liennes, entre tragĂ©die, mystère et texture allusive ; Tzigane souffre d’un trop plein d’ardeur (Ray Chen peu subtil) ; Le tombeau de Couperin en revanche offre un beau festin de couleurs instrumentales.
CD2 : Si le Oncerto pour piano en sol majeur est trop percutant pet pas assez allusif (pianisme incisif de la soliste chinoise, certes prĂ©cise mais peu subtile), les Valses nobles et sentimentales Ă©talent une souple et flamboyante texture ; et Ma Mère l’Oye convoque toute la magie et la nostalgie du Ravel conteur, prophète d’un raffinement et d’une Ă©lĂ©gance exceptionnelle. Lionel Bringuier, ravĂ©lien engagĂ© et soucieux, tisse une Ă©toffe orchestrale des plus soignĂ©es, Ă  la fois, dĂ©taillĂ©e et d’une grande ductilitĂ© expressive.

bringuier lionel chef maestroLe CD 3 montre la direction sous un jour un peu trop dĂ©taillĂ© et prĂ©cautionneuse (dĂ©roulĂ© et continuitĂ© des 4 Ă©pisodes de la Rhapsodie espagnole) ; cependant que Alborada del Gracioco enchante littĂ©ralement ; mais c’est Ă©videmment La Valse – morceau de bravoure qui valut Ă  l’intĂ©ressĂ© son fameux Prix de Besançon et le dĂ©clic pour sa carrière internationale qui s’impose Ă  nous : confirmation d’un beau tempĂ©rament, habile dans le fini instrumental et d’une Ă©coute attentive Ă  la progression enivrante du poème chorĂ©graphique dont il souligne les Ă©clairs mordants, cyniques, l’ivresse Ă©chevelĂ©e, Ă  la fois dĂ©construite et organiquement structurĂ©e. Le travail sur les bois est en particulier flamboyant et magnifiquement ciselĂ© ; on comprend que d’une telle vision / comprĂ©hension, l’Ă©coute en sorte comme saisie par tant de contrastes maĂ®trisĂ©s, jouant sur la volubilitĂ© des instruments et l’Ă©lan collectif comme vĂ©nĂ©neux, emportant vers la transe finale. Un sacre du printemps ravĂ©lien, aux forces chtoniennes soumises au moulinet le plus raffinĂ©. Pour autant la mĂ©canique est idĂ©alement huilĂ©e, dĂ©taille tout… pourtant l’on se dit que si le technicien si douĂ© y mettait la vraie urgence, un feu irrĂ©pressible, la direction en serait non seulement magistrale mais rĂ©ellement captivante… Finalement le maestro qui ne peut que progresser nous promet de futurs accomplissements (Ă  l’opĂ©ra entre autres ? et par Richard Strauss dont les poèmes symphoniques pourraient ĂŞtre bonne amorce..?). De toute Ă©vidence Ă  suivre.

CD 4 : c’est le morceau de bravoure et le lieu des rĂ©vĂ©lations comme des accomplissements s’il y a lieu. Le ballet ici dans son intĂ©gralitĂ©, Daphnis et ChloĂ©, doit d’abord, enchanter, plus instinctif et d’une vibration allusive plutĂ´t que dĂ©crire ou exprimer. L’Ă©noncĂ© est certainement moins murmurĂ© et mystĂ©rieux que Philippe Jordan dans son excellente version parue en 2015, MAIS l’acuitĂ© des arĂŞtes orchestrales, l’intelligence globale, l’hĂ©donisme scintillant, bien prĂ©sent, se rĂ©vèlent malgrĂ© une Ă©toffe sĂ©ductrice souvent entière encore pas assez polie, ni filigranĂ©e, d’une plĂ©nitude amoureuse, manquant parfois et de tension et de lâcher prise. Le jeune chef aurait-il dĂ» encore attendre avant d’enregistrer ce sommet de symphonisme français ? … assurĂ©ment, mais il y reviendra. Car si l’Ă©noncĂ© est parfois trop explicite, et les contours comme les passages pas assez modulĂ©s ni nuancĂ©s (Danse gracieuse de Daphnis… trop claire, trop manifeste, et mĂŞme trop appuyĂ©e ; mĂŞme traits trop Ă©pais et marquĂ©s pour l’enchantement nocturne de Pan qui clĂ´t le premier tableau…), la baguette sait danser, et mĂŞme s’enfoncer dans le mystère, dans l’ivresse infinie, confinant Ă  l’immatĂ©rialitĂ© atmosphĂ©rique. Evidemment emportĂ© par le sens narratif plus facile, le chef rĂ©ussit davantage Danse gĂ©nĂ©rale, Danse grotesque de Dorcon, … tout ce qui rĂ©clame le manifeste et l’expressif (Danse guerrière, Danse suppliante du II…).

 

 

Lionel Bringuier : jeune maestro Ă  suivre

 

 

L’enchantement de l’aube ouvrant le III, manque lui aussi de scintillement mĂŞme si l’on reconnaĂ®t une très belle parure analytique. Le travail est nĂ©anmoins splendide, techniquement et esthĂ©tiquement convaincant, Ă  dĂ©faut d’y contenir ce supplĂ©ment d’âme et de mystère qui font tant dĂ©faut. Si l’on exprime nos rĂ©serves c’est que passionnĂ©s par Ravel comme le chef, nous espĂ©rons que dans un second temps, (prochain?), le maestro nous comble cette fois, au-delĂ  de l’Ă©loquence flamboyante trouvĂ©e ici malgrĂ© son jeune âge. En dĂ©pit de nos rĂ©serves, le contenu de cette première saison zĂĽrichoise de Lionel Bringuier, audacieux defenseur de la musique française s’impose Ă  nous avec force et Ă©clat. MĂŞme s’il y manque la profondeur et la subtilitĂ© espĂ©rĂ©es, le rĂ©sultat est convaincant, prometteur. C’est donc un CLIC d’encouragement et l’espĂ©rance que les prochaines rĂ©alisations iront plus loin encore dans le sens d’une absolue finesse suggestive.

 

 

 

RAVEL lionel bringuier complete integrale Ravel Yuja wang ray chen review compte rendu critique cd classiquenews 4 cd deutsche grammophon 4795524CD, coffret Maurice Ravel : intégrale des œuvres orchestales / complete orchestral Works. Lionel Bringuier. Tonhalle-Orchester Zürich (avec Yuja Wang, piano ; Ray Chen, violon) / 4 cd Deutsche Grammophon, live 2014-2015). CLIC de CLASSIQUENEWS.

CD, coffret événement, annonce. Leonard Bernstein collection II (64 cd Deutsche Grammophon)

bernstein collection part two review presentation account of classiquenews CLIC de CLASSIQUENEWS 1507-1CD, coffret Ă©vĂ©nement, annonce. Leonard Bernstein collection II (64 cd Deutsche Grammophon). Avant le centenaire Bernstein (2018), Deutsche Grammophon publie un somptueux coffret grand format (format d’un ancien vinyle), en rĂ©alitĂ© le second (le volume I Ă©tait paru en 2014), cette fois dĂ©diĂ© au legs surtout symphonique (mais pas que…) du chef amĂ©ricain, rĂ©putĂ© pour l’engagement de sa direction, sa facultĂ© Ă  emporter le collectif qu’il dirige au delĂ  d’une simple rĂ©alisation : la transe, le dĂ©passement, l’ivresse sont souvent les offrandes habituelles d’une sensibilitĂ© irrĂ©sistible capable d’Ă©lectriser les musiciens avec lesquels il a su cultiver un lien particulier. Le coffret rĂ©unit les enregistrements Decca de 1953, reliĂ©s Ă  sa profonde affection pĂ©dagogique, destinĂ©s Ă  diffuser les grands cycles symphoniques pour le plus grand nombre (Eroica de Beethoven, PathĂ©tique de Tchaikovski, Nouveau Monde de Dvorak… autant de dĂ©fis pour tous les chefs symphonistes).

Mahler, Sibelius, Tchaikovsky… by Leonard Bernstein

Testament symphonique de Lenny

L’intĂ©grale des Symphonies de Gustav Mahler avec le Wiener Symphoniker (qui dans les annĂ©es 1970 ne connaissait absolument pas l’Ă©criture symphonique de celui qui avait pourtant dirigĂ© l’OpĂ©ra de Vienne…), plusieurs Symphonies de Mozart (Linz, Haffner, les 3 dernières…), de Tchaikovski, l’immense testament Sibelius (chapitre majeur de son propre parcours : symphonies 1, 2, 5 et 7), et tout un volet Stravinsky complètent avantageusement le recueil, sans omettre l’Ĺ“uvre du Bernstein compositeur grâce aux extraits du ballet Fancy Free et la comĂ©die musicale On the town qui en a dĂ©coulĂ©… Bernstein pianiste est aussi Ă©voquĂ© dans le Concerto pour piano en sol majeur de Ravel, jouĂ©/dirigĂ© avec les Wiener Symphoniker.

 

 

 

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Dans un article passionnant recueillant certaines confessions intimes du chef compositeur, le profil et la quĂŞte de sens de celui qui avait le goĂ»t des autres parce qu’il dĂ©testait la solitude, se prĂ©cise. Il y est aussi question de son identitĂ© juive, capable d’oubli et de pardon, en dirigeant une phalange qui Ă©tait composĂ©e d’anciens nazis et de SS repentis… que Solti, autre chef juif a bien connu (c’est d’ailleurs lui qui encourage Bernstein Ă  ne pas abandonnĂ© le travail dĂ©diĂ© aux symphonies de Mahler avec la Philharmonie de Vienne ; tout un symbole…).

CLIC_macaron_2014Enfin Deutsche Grammophon ajoute deux opĂ©ras intĂ©gralement dĂ©voilĂ©s : La Bohème de Puccini et Tristan und Isolde de Wagner (1981), oĂą la force du chant orchestral se montre lĂ  encore, fruit d’un travail d’approfondissement poĂ©tique, passionnant.

 

 

Critique complète et développée du coffret LEONARD BERNSTEIN COLLECTION II à venir dans le mag cd, dvd livres de classiquenews.com

CD, coffret Ă©vĂ©nement, annonce. Leonard Bernstein collection II (64 cd Deutsche Grammophon). CLIC de classiquenews d’avril 2016.

ANALYSE du contenu du coffret LEONARD BERNSTEIN Collection II :

Le coffret offre le legs symphonique de Leonard Bernard en 4 lots : 

  • le premier lot regroupe l’intĂ©grale des Symphonies de Gustav Mahler rĂ©alisĂ©e entre 1974 et 1988, avec 4 orchestres : le Berliner Philharmoniker (n°9, 1979), le Concertgebouw d’Amsterdam (n°1 et n°4, 1987 ; n°9, 1985) ; le New York Philharmonic (n°2, 3 et 7, 1985 et 1987); enfin les Wiener Philharmoniker (n°5, 1987 ; n°6, 1988 ; n°8, live de Salzbourg 1975 et n°10, 1974).
  • le lot 2, complète le cycle mahlĂ©rien avec Das lied von der Erde, 1966 ; Das Knaben wunderhorn, 1987 ; Kindertotenlieder, RĂĽckert-lieder 1988 ; ajoute les Mendelssohn (Symphonies n°3, 4, et 5 avec le Philharmonique d’Israel, 1978, 1979), et tout un cycle Mozart avec 2 orchestres : Wiener Philharmoniker (Symphonies 25, 29, 35, 36, 38, 39, 40 et 41, 1981-1987 ; Concerto pour piano K 450, 1966), orchestre de la Radio Bavaroise (Grande Messe en ut KV 427, 1990 ; Requiem, 1988); sans omettre, l’opĂ©ra intĂ©gral LA BOHEME de Puccini (Rome, Accademia Santa Cecilia, juin 1987).
  • le lot 3 Ă©voque l’extension du rĂ©pertoire symphonique explorĂ© par le chef amĂ©ricain. Ses Schubert (Symphonies 5,8, 9 avec le Concertgebouw Amsterdam, 1987) ; Schumann (Symphonies 2, 3 et 4, Concerto pour violoncelle avec Masha Maisky, avec les Wiener Philharmoniker, 1984-1985) ; Shostakovitch (Symphonies 1, 7 « Leningrad », 1988 avec le Chicago Symph. Orchestra ; Symphonies 6 et 9, Wiener Phil. 1985) ; Sibelius (magistrales Symphonies 1, 2, 5 et 7, Wiener Philh. 1986, 1987, 1990, cycle DG qui complète avantageusement les bandes SIBELIUS / Sony (de 1960-1966 avec le Philharmonic de New York, remastĂ©risĂ©es) rĂ©cemment publiĂ©es sous la forme d’un coffret lui aussi Ă©vĂ©nement) ; la seule coopĂ©ration enregistrĂ©e avec le National de France en mai 1987 (Richard Strauss : extraits de SalomĂ© avec Montserrat CaballĂ©) ; enfin le cycle Stravinsky avec le Philhamronique d’IsraĂ«l : L’oiseau de feu, la suite Pulcinella, 1984 ; PĂ©trouchka, scènes de ballet (1982) ; Le Sacre du printemps (1982) ; Symphonies (1982-1984), complĂ©tĂ©s par Les Noces et la Messe (English Bach Festival, mars 1977).

 

  • bernstein collection part two review presentation account of classiquenews CLIC de CLASSIQUENEWS 1507-1Enfin le lot 4 parachève le corpus (cd 49-64) : soulignant l’ouverture du chef symphoniste, pĂ©dagogue et passeur auprès du plus grand nombre ; ainsi en tĂ©moignent les 4 bandes enregistrĂ©es avec le Stadium concerts Symphony orchestra (avec analyses du maestro lui-mĂŞme) : enregistrements de 1953, analyses Ă©ditĂ©es ensuite en 1956 et 1957, Ă  savoir : les sommets du romantisme symphonique capables de sĂ©duire le très grand public, Symphonie n°2 de Schumann, Symphonie n°3 Eroica de Beethoven, Symphonie n°4 de Brahms, Symphonie n°5 de Dvorak « Du Nouveau Monde », enfin la 6ème de Tchaikovski « PathĂ©tique ». Le cycle de 4 est d’autant plus marquant que l’époque est alors aux prises stĂ©rĂ©o particulièrement sĂ©ductrices et attractives (cd 59-63). Le lot 4 comprend aussi, le cycle TCHAIKOVSKI de Bernstein rĂ©alisĂ© avec deux orchestres : le New York Philh (Symphonies 4,5, 6, 1986-1989), le Philharmonique d’IsraĂ«l (Romeo et Juliette / Francesca da Rimini, 1978 ; Hamlet, Capriccio italien, Ouverture de 1812, 1984) ; le dernier recueil discographique comprend aussi le Concerto pour violoncelle de Dvorak toujours avec Misha Maisky, juin 1988) ; enfin le cycle ajoute la 2ème intĂ©grale lyrique de la Collection II : Tristan und Isolde de Wagner (Peter Hofmann / Hildegard Behrens, Hans Sotin… avec l’Orchestre de la Radio Bavaroise, live rĂ©alisĂ© Ă  Munich en 1981). Sans omettre, l’autre apport, l’un des plus anciens du lot discographique, les bandes live de 1944 et 1945, alors en pleine fin de guerre, d’après Fancy Free et On the town (extraits, sĂ©lections) dont parmi le cast Billy Holiday… Un must absolu qui s’inscrit aussi dans l’esthĂ©tique de l’AmĂ©rique au moment de la libĂ©ration.

 

 

 

CD, coffret Narcisso Yepes : The complete Concertos recordings (5 cd Deutsche Grammphon)

yepes narcisso cd deutsche grammophon complete concertos recordings review compte rendu annonce critique classiquenews 028947954675-Cvr_n-240x240CD, coffret Narcisso Yepes : The complete COncertos recordings (5 cd Deutsche Grammphon). Décédé en mai 1997, le guitariste espagnol (né à Lorca en novembre 1927) Narcisso Yepes, incarne l’âge d’or de la guitare classique que Deutsche Grammophon a accompagné pendant plus de 20 années, en particulier de 1969 à 1979, soit une décennie parmi ses meilleures années comme interprète. Quadra puis quinqua, Yepes, ancien élève musicien au Conservatoire de Valence et d’origine plutôt modeste, se révèle subtile concertiste, soucieux de mettre en lumière une technicité souple et éloquente que son jeu précis, rond, chaleureux enrichit, en particulier dans plusieurs Concertos créés pour lui, et des transcriptions d’après Vivaldi (initialement pour luth), Granados, Falla, Albéniz (initialement pour piano)… entre autres. Le film Jeux interdits (René Clément, 1952, Narcisso Yepes a alors 25 ans et incarne la nouvelle génération d’interprète) le propulse internationalement, en particulier grâce à la pièce de Fernando Sor, à peine remanié. La musique angélique irradiante lumineuse exprime la tendresse d’une enfance sacrifiée sur l’autel de la guerre et de la barbarie humaine, enfance de la très jeune orpheline Paulette (5 ans) dont les parents on été mitraillés dans un convoi sur une route de la France de l’Exode de 1940… L’énergie palpitante du jeu de Yepes traduit magnifiquement la poésie pure, pleine d’espérance comme de blessures que le film de René Clément communique. Hélas pas de Jeux Interdits dans le coffret mais le Concerto de Rodrigo saura tout autant traduire et transmettre le feu pudique d’un Yepes souverain en son style.

Guitare concertante chez Deutsche Grammophon : 1969-1979

Narcisso Yepes, la probité de l’art

CLIC D'OR macaron 200Celui qui inaugura sa carrière officielle sous la direction du chef Ataulfo Argenta (l’élève de Karl Schuricht et qui crĂ©a l’orchestre de chambre de Madrid en 1949), dans le fameux Concerto d’Aranjuez de Joaquin Rodrigo, – ample concerto nĂ©obaroque et rĂ©solument mĂ©ditatif et chambriste si proche du tempĂ©rament naturel de Yepes (pièce prĂ©sente ici dans deux enregistrements, celui inaugural de mai 1969 puis celui plus tardif qui clĂ´t le cycle, rĂ©alisĂ© Ă  Londres en avril 1979), s’affirma surtout pour la grande technicitĂ© avec laquelle il s’était rendu maĂ®tre de sa guitare Ă  10 cordes. Un instrument que Maurice Ohana a mis en scène dans le fameux Concerto (Tres graficos / Trois graphiques pour guitare et orchestre-) composĂ© spĂ©cialement pour le guitariste et ici enregistrĂ© avec le LSO et Rafael FrĂĽbeck de Burgos en janvier 1975).

Yepes-Narciso-16Le coffret édité par Deutsche Grammophon réunit en 5 cd l’intégralité de ses enregistrements de concertos effectués entre 1969 et 1979. Outre le Rodrigo de 1969, distinguons surtout les Concertos de Giuliani (1977), Bacarisse/Halffter (1972), Ruiz-Pipo (1975), Villa-Lobos et Castel Nuoco-Tedesco (1976), auxquels le Concerto d’Aranjuez de Rodrigo (enregsitré deux fois, à 10 années d’intervalle) apporte un complément plus méditatif et atemporel. Tout l’art de Narcisso Yepes est là, concentré dans ce condensé de musique baroque, néo baroque, et contemporaine : concentration mesurée, et sonorité limpide, aux côtés d’une digitalité précise voire arachnéenne. Et toujours sur chacune des pochettes de cette collection choisie, le visage concentré, simple d’un homme mûr quasi chauve, dont les yeux en forme de sourire se cachent derrière de grosses lunettes… Yepes c’est la probité de l’art, qui n’a besoin ni du masque séducteur de la jeunesse, ni d’un effet marketing décalé pour affirmer sa souveraine musicalité. Modestie et mise sans prétention d’un immense interprète. Coffret événement.

CD, coffret Narcisso Yepes : The complete Concertos recordings (5 cd Deutsche Grammphon). CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2016.

LIRE aussi la présentation du coffret Narcisso Yepes sur le site du Club Deutsche Grammophon :

CD coffret, compte rendu critique. THE MONO ERA (51 cd édition limitée Deutsche Grammophon)

deutsche grammophon mono era coffret box announce compte rendu critique review classiquenews the mono era 1948 - 1957CD coffret, compte rendu critique. THE MONO ERA (51 cd Ă©dition limitĂ©e Deutsche Grammophon). DĂ©buts monographiques. C’est un peu Deutsche Grammophon avant Deutsche Grammophon… A l’Ă©poque oĂą la prestigieuse marque jaune lance ses premiers microsillons (33 tours vinyles), au dĂ©but des annĂ©es 1950, la pĂ©riode est Ă  l’Ă©dification de son catalogue : dĂ©velopper une offre riche et diversifiĂ©e, en prenant en compte les diffĂ©rents profils artistiques approchĂ©s et fidĂ©lisĂ©s. Le marketing comme actuellement n’est pas aussi dĂ©veloppĂ© mais l’intuition des responsables du label impose une exigence dès les origines. C’est l’enjeu de ce coffret en 51 cd en Ă©dition limitĂ©e qui publiĂ© sous le titre de “L’ERE MONO” (The mono era) regroupe quelques uns des enregistrements d’alors, les plus significatifs de cette ère originelle, soit juste après la guerre, entre 1948 et 1957. Surfant sur la nouvelle avancĂ©e technologique de l’enregistrement (microsillons), le label impose peu Ă  peu ses tulipes stylisĂ©es (Ă  partir de 1949), comme sa couleur solaire (mais sous la forme d’une large rayure verticale jaune centrĂ©e sur la couverture, avant qu’elle ne soit ensuite placĂ©e en haut et horizontalement). Le coffret Ă©ditĂ© par Deutsche Grammophon donne une indication des choix artistiques Ă  la fin des annĂ©es 1940.

DG après guerre : premiers monos (1948-1957)

Avant la guerre, Polydor avait affirmĂ© avec austĂ©ritĂ© ses bandes publiĂ©es en 78 tours (Ă  partir de 1949). Après la guerre DGG, Deutsche Grammphon Gesellschaft, impose son ambition de qualitĂ©, en jaune, dĂ©diĂ©e surtout au piano, aux programmes symphoniques, (rĂ©vĂ©lant dĂ©jĂ  l’excellence des orchestres internationaux), mais aussi Ă  la musique de chambre et Ă  l’opĂ©ra, sans omettre l’Ă©criture chorale. Parallèlement Ă  la musique ancienne (surtout prĂ©romantique), Ă©ditĂ© par le label Archiv Produktion (tout en argent dès 1947), le “grand rĂ©pertoire” (dont les contes parlĂ©s) est confiĂ© Ă  DGG et sa parure jaune, dès 1946. Pionnier, le Quatuor Amadeus fait paraĂ®tre dès 1949, le Quatuor en sol majeur de Schubert en trois 78 tours… mais les premiers albums microsillons sortent vĂ©ritablement en 1951 avec leur couverture arborant une large bande vertical jaune d’oĂą se dĂ©tache la marque couronnĂ©e de son bouquet de tulipes stylisĂ©es – 23 tulipes banches au total- ; ainsi les Amadeus pour le nouveau support enfin commercialisĂ©, rĂ©enregistrent l’Ĺ“uvre D887 en 1951 (cd1), auparavant les membres du Quatuor Koeckert enregistrent le Quatuor amĂ©ricain de Dvorak opus 96 dès novembre 1950 Ă  Hanovre (cd 28)… Et l’un des premiers enregistrements fondateurs de DGG reste Tsar et charpentier d’Albert Lortzing de septembre et octobre 1952 (Orchestre de Stuttgart dirigĂ© par Ferdinand Leitner), ici Ă©ditĂ© en première mondiale (cd 22 et 23, solide distribution, direction fluide et vivante de Leitner). En 1953 sort le premier 45 tours, idĂ©al pour les rĂ©citals lyriques ou les Ĺ“uvres plus courtes. Tout cela dynamise un marchĂ© naissant et florissant oĂą après la guerre, tout est Ă  reconstruire.

deutsche grammophon coffret box the mono era 51 cd review announce compte rendu critique classiquenewsUn rĂ©seau d’artistes et d’interprètes participent alors Ă  l’Ă©dification du premier catalogue DGG : les orchestres germaniques Ă©videmment ; Bamberg juste composĂ© en 1946, Berlin, Stuttgart, surtout le nouvel orchestre de la Radio Bavaroise d’Eugen Jochum, créé en 1949 et dont tĂ©moignent les cd 20 et 21 (Symphonies de Mozart et Beethoven, de 1951-1955 : frappantes par leur Ă©nergie, mais la grâce fluide subtile d’un Krips en moins – Te Deum de Bruckner en 1950 ; DGG enregistre aussi la Philharmonie Tchèque et ici Karel Ancerl, passĂ©s Ă  l’Ouest (entre autres, dans un Chostakovitch âpre, brĂ»lĂ© – Symphonie n°10 opus 93 de 1956)… En 1952, la productrice Elsa Schiller règne sans partage imposant une direction clairement structurĂ©e oĂą pèsent les figures des pianistes (elle-mĂŞme jouait du clavier), tels que Kempff (ayant pactisĂ© avec les nazis, et artistes dĂ©jĂ  ancien), Elly Ney, Conrad Hansen, les polonais Stefan Askenaze, Halina Czerny-Stefanska, le volubile Shura Cherkassky (Concertos de Tchaikovski, cd5, 1952-1957), Monique Haas, Clara Haskil, Adrian Aeschbacher, et surtout Sviastoslav Richter, Ă©lectrique / cinglant, percussif (dĂ©buts discographiques avec son rĂ©cital Schumann : Waldszenen opus 82 et extraits de FantasiestĂĽcke opus 12, de 1957).

CLIC_macaron_2014L’IDEAL en MONO. La prise mono de DGG est assurĂ©e par un micro situĂ© 3m au dessus de la tĂŞte du chef, plus un 2ème micro pour capter l’espace de la salle. Cette esthĂ©tique peaufinĂ©e, fixĂ©e dans le courant des annĂ©es 1950 et autoproclamĂ©e “parfaite”, entre “art et technologie” dĂ©fendue par la DGG est parfaitement incarnĂ©e par le geste efficace du chef Ferdinand Leitner, artisan d’une solide vitalitĂ© dans l’opĂ©ra de Lortzing dĂ©jĂ  citĂ© et les Symphonies RhĂ©nane de Schumann et Ecossaise de Mendelssohn (cd 31, de 1954 et 1955). Un standard typique de l’Ă©poque. MĂŞme Ă©quilibre convaincant dans les Symphonies La Grande D 944 de Schubert et n°88 de Haydn enregistrĂ©es par Wilhelm Furtwangler Ă  Berlin en dĂ©cembre 1951 (et le Berliner Philharmoniker) : d’un souffle tout olympien, Ă  la fois puissant et profond, d’une urgence grandiose unique.

Surprises et dĂ©couvertes pour beaucoup, les lectures symphoniques suivantes, autres arguments du prĂ©sent coffret inestimable : 2ème de Brahms et Variations et Fugue d’après Mozart de Reger par le chef Karl Boehm (Berliner Philharmoniker, cd4) ; Les (autres) Variations de Reger d’après Hiller par le chef Paul Van Kempen (cd25) ; les dĂ©buts du jeune Lorin Maazel, de mars Ă  juin 1957, dans un programme intense et dramatique, d’une furieuse vitalitĂ© quasi fĂ©line et enivrĂ©e (Berlioz), entièrement dĂ©diĂ© au mythe des amants tragiques RomĂ©o et Juliette : Berlioz, Tchaikovsky, Prokofiev (Berliner Philharmoniker, cd 34) ; Paul Hindemith par lui-mĂŞme, le chef jouant le compositeur dans le cd17 : Symphonie Mathis le peintre, Les Quatre tempĂ©raments, Symphonie MĂ©tamorphoses d’après Weber (Berliner Philharmoniker, ).


fricsay ferenc deutsche grammophon classiquenews review critique cd ferenc_fricsay2-max_jacoby_dgFleurons du coffret
: les prĂ©sence du baryton Dietrich Fisher Dieskau, timbre de miel (lieder de Wolf, Brahms, Schumann, dĂ©buts discographiques de, respectivement 1951, 1954 et 1957), et du chef Ferenc Fricsay, tous deux signĂ©s en 1949 par la DGG. La verve et l’Ă©loquence ciselĂ©e, finement habitĂ©e de Fricsay captivent dans les cd 10 (facĂ©tieux, pĂ©tillant Rossini de La boutique fantasque puis la sensuelle Scheherazade de Rimsky, deux enregistrements Ă  Berlin de 1955 et 1957) et cd 11 (fameux Songe d’une nuit d’Ă©tĂ© avec Rita Streich de 1951 avec le Berliner Philharmoniker)…

markevitch deutsche grammophon creation hadyn oratorio deutsche grammophon review cd critique classiquenews Igor-Markevitch.Majeure aussi Ă  notre avis, – et Ă©ditĂ©e en première mondiale ici : La CrĂ©ation de Haydn dirigĂ©e par Igor Markevitch avec le Berliner Philharmoniker et Irmgard Seefried (Eve; Gabriel, et ses deux partenaires ne sont pas si mal : la basse Kim Borg en Adam / Raphael ; le tĂ©nor Richard Holm en Uriel – CD 37 et 38), enregistrĂ©e Ă  Berlin, Ă©glise JĂ©sus Christ en mai 1955 : travail en finesse et très imaginatif du chef, exploitant toutes les ressources de l’orchestre, dans un son presque spatialisĂ© et pour du mono, rĂ©ellement impressionnant : soit une prise Ă  la mesure du sujet… Ă©pique / cosmique. Tout le trait vif, acĂ©rĂ© du pĂ©nĂ©trant Markevitch s’Ă©coute ici avec un sens du drame franc, direct mais subtil.

Autres arguments du coffrets : la 2ème de Rachmaninov par l’assistant du mythique Mravinsky, Kurt Sanderling (cd45, Philharmonique de Leningrad, 1956)

streich-rita-soprano-deutsche-grammophon-soprano-review-critique-cd-classiquenews-the-mono-era-classiquenews-CLIC-de-classiquenewsLa musique française et les interprètes français sont prĂ©sents en ces annĂ©es de guerre froide : Ă©coutez le pĂ©tulant Markevitch avec l’Orchestre Lamoureux dans la Symphonie Haffner de Mozart (cd36); surtout le Quatuor Lowenguth (Alfred Lowenguth, premier violon), dans un rĂ©cital exclusivement romantique français, ici publiĂ© en première mondiale (Quatuors exceptionnellement ciselĂ©s de Debussy, Ravel de 1953, et surtout Albert Roussel, enregistrĂ© dès 1950).

stader maria deutsche grammophon the mono era review critique cd classiquenewsLes chanteurs et l’opĂ©ra ne sont pas omis dans cette Ă©vocation historique : prises dĂ©sormais lĂ©gendaires, celles de la soprano Maria Stader (CD46) dans Mozart (Exsultate jubilate, voix angĂ©lique, finement nasalisĂ©e comme le fut aussi une Schwarzkopf, avec suffisamment de fragilitĂ© pour vibrer avec justesse, – un angĂ©lisme que sa Konstanz de l’Enlèvement au sĂ©rail colore d’accents plus fièvreux et dramatiques, âme juste et pure, sous la direction de Ferenc Fricsay et son orchestre RIAS Orchester Berlin, en janvier et mai 1954) ; le rĂ©cital lyrique et symphonique de la lumineuse et stratosphĂ©rique Rita Streich (cd47) (Mozart, Rossini, Donizetti, Weber, Verdi… compilation de prises diverses rĂ©alisĂ©es entre 1953 et 1958 ; ce sont aussi, les (immenses et lĂ©gendaires) chanteurs wagnĂ©riens en 1954 et 1955 : Astrid Varnay (BrĂĽnnhilde) et le tĂ©nor incandescent Wolfgang Windgassen (Siegmund, Siegfried), orchestre de la Radio Bavaroise (cd48) ; on retrouve le fabuleux tĂ©nor, timbre intense et fin, musicalement idĂ©al, d’un hĂ©roĂŻsme acĂ©rĂ© dans un album Wagner (cd49), rĂ©sumant son Ă©clatante carrière ici windgassen tenor wagner Wolfgang Windgassen 1914-1974 deutsche grammophon the mono era critique cd review classiquenewsentre 1953 et 1956 (Rienzi, Tristan, Siegfried, Parsifal, Lohengrin, TannhaĂĽser, Walther des MaĂ®tres Chanteurs : une leçon d’ardente finesse oĂą le chant wagnĂ©rien Ă©tait théâtre et phrasĂ©s avant d’ĂŞtre (comme trop souvent aujourd’hui), projection hurlante. La direction affĂ»tĂ©e et sans lourdeur de Ferdinand Leitner (avec les Symphoniques de Bamberg et de MĂĽnich) ajoute aussi Ă  ce somptueux accomplissement que tous les wagnĂ©ristes autoproclamĂ©s devraient Ă©couter et réécouter : Wunderlich par son style racĂ©, cet hĂ©roisme acĂ©rĂ©, vif argent est un helden tĂ©nor wagnĂ©rien de premier intĂ©rĂŞt. Inoubliable prĂ©sence de l’acteur (son Tristan de 1953 est Ă  ce titre stupĂ©fiant)… qui fait regretter la durĂ©e trop chiche de chaque sĂ©quence : le travail sur la gradation dramatique et psychologique de chaque personnage aurait mĂ©ritĂ© des pistes plus longues, plus respectueuses d’une incarnation millimĂ©trĂ©e.

BĂ©mol : mâte et tendue, la sonoritĂ© âpre ne rend pas rĂ©ellement service aux prises de Hans Rosbaud dirigeant le Berliner Philharmoniker (Concertos pour violon de Mozart avec en soliste Wolfgang Schneiderhan, en 1956) ; ses Haydn (Symphonies Oxford et Londres, cd44 en 1957 sont plus intĂ©ressantes : autour du Viennois, l’orchestre travaille un son, une transparence plus ambivalente (l’humour et l’Ă©lĂ©gance). Fischer-Dieskau, Fricsay, Markevitch, le jeune Maazel, Stader, Streich et Wunderlich, le son des orchestres allemands d’après guerre… tout cela constitue un premier hĂ©ritage unique voire exceptionnel, et mĂŞme en prise mono, parfaitement audibles, voire dĂ©taillĂ©s et d’une indiscutable prĂ©sence Ă  l’Ă©coute. Coffret Ă©vĂ©nement, CLIC de CLASSIQUENEWS de fĂ©vrier et mars 2016.

CD coffret, compte rendu critique. THE MONO ERA (51 cd Ă©dition limitĂ©e Deutsche Grammophon). CLIC de CLASSIQUENEWS.COM de fĂ©vrier et mars 2016. Illustrations : Ferenc Fricsay, Igor Markevitch, Rita Streich, Maria Stader et Wolfgang Windgassen ‘DR)

 

CD coffret, annonce. THE MONO ERA (51 cd édition limitée Deutsche Grammophon)

deutsche grammophon mono era coffret box announce compte rendu critique review classiquenews the mono era 1948 - 1957CD coffret, annonce. THE MONO ERA (51 cd Ă©dition limitĂ©e Deutsche Grammophon). MONO LEGENDAIRE. Il fut un temps (premier, pionnier) oĂą l’illustre label jaune enregistrait alors en… mono. Mais ce que l’on perd en prouesse technologique et sonore est compensĂ© ici en justesse et raffinement de l’interprĂ©tation car nous voici propulsĂ©s dans les annĂ©es d’après guerre (dès 1948) et jusqu’en 1957, soit les annĂ©es fastes artistiquement oĂą Deutsche Grammophon (alors DGG pour Deutsche Grammophon Gesellschaft) construit alors son catalogue avec le concours de tempĂ©raments dont les noms aujourd’hui citĂ©s, donnent le vertige. Une Ă©poque oĂą l’esthĂ©tique exigeante de la rĂ©alisation discographique signifiait d’abord, un aboutissement ou un accomplissement, le fruit de travail et de rĂ©flexion patiemment mĂ»ri (Ă  mille lieues des coups marketing actuels oĂą martelant un jeunisme aigu, on souhaite toujours nous imposer un talent inĂ©dit, nouveau, ignorĂ©, sorti d’on ne sait oĂą !!!, effet d’annonce qui retombe bien souvent comme un mauvais soufflĂ©). Le coffret qui n’aurait pu ĂŞtre qu’une compilation de dĂ©jĂ  Ă©coutĂ©/publiĂ©, rassemble ici près de 17 enregistrements inĂ©dits exhumĂ©s pour la première fois (insondable richesse des archives Deutsche Grammophon).

Magie intemporelle des premiers microsillons

deutsche grammophon coffret box the mono era 51 cd review announce compte rendu critique classiquenewsQuand les disques vinyles DGG (Deutsche Grammophon Gesellschaft) Ă©taient mono… Tous les programmes sont Ă©ditĂ©s avec leur pochette d’origine (visuel de couverture uniquement ; le dos souvent gĂ©nĂ©reusement documentĂ©/renseignĂ© mais illisible, n’est pas concernĂ©). C’est l’Ă©poque primitive des premiers microsillons 33 tours classiques, contraints Ă  la durĂ©e rĂ©glementaire par face concernĂ©e. Le livret richement illustrĂ© sur papier de qualitĂ©, prĂ©cise le contexte historique, esthĂ©tique, technologique d’alors, grâce Ă  la publication d’un texte Ă©ditĂ© par DG, pour sa communication interne, juste après la Foire de DĂĽsseldorf en septembre 1951.

CLIC_macaron_2014Parmi les musiciens, chanteurs, instrumentistes et chefs prĂ©sents dans le coffret : Ferenc Fricsay, Wilhelm Furtwängler, Wilhelm Kempff, David Oistrakh, Sviatoslav Richter, Cherkassky, Karel Ancerl, Fricsay, Furtwängler, Kempff, Oistrakh, Richter, Cherkassky, Ancerl, Fischer-Dieskau (his debut recording), Haskil, Hindemith, Jochum, van Kempen, Markevitch, Martzy, Wolfgang Windgassen and Astrid Varnay, Clara Haskil, Paul Hindemith, Eugen Jochum, van Kempen, Ferdinand Leitner (intĂ©gral de l’opĂ©ra Le Tsar et le charpentier de Lortzing de 1952),  Lorin Maazel, Igor Markevitch, Martzy, Hans Rosbaud, les chanteurs Maria Stader,  Wolfgang Windgassen, Astrid Varnay, Dietrich Fischer-Dieskau (ses premiers enregistrements : lieder de Brahms, WOlf, Schumann)…  Tous les programmes et enregistrements sont prĂ©sentĂ©s de façon alphabĂ©tique au nom des interprètes dont ils tĂ©moignent de la sensibilitĂ© comme de l’engagement artistique… Prochaine critique, compte rendu complet et dĂ©veloppĂ© du coffret THE MONO ERA, 51 cd Deutsche Grammophon / 1948 – 1957, dans la mag CD DVD LIVRES de classiquenews.com

CD coffret, annonce. THE MONO ERA (51 cd édition limitée Deutsche Grammophon). CLIC de CLASSIQUENEWS de mars 2016. Parution annoncée : le 19 février 2016. En lire + sur le site du Club Deutsche Grammophon / page dédiée : The Mono Era by Deutsche Grammophon

Collection de contes musicaux légendaires : Raconte-moi en musique

Raconte-moi_rectoCD, coffret Ă©vĂ©nement. Raconte moi en musique. Deutsche Grammophon imagine un coffret de 4 cd regroupant les plus belles histoires en musique qui raconte surtout l’aventure des instruments de l’orchestre. Le cycle de réédition comprend contes musicaux, Ballet pour enfants, opĂ©ra contĂ©… une immersion opportune dans l’univers irrĂ©sistible des histoires en musique pour petits et grands. C’est un coffret idĂ©al pour les parents soucieux d’initier leurs chères tĂŞtes blondes Ă  l’univers de la musique classique, des instruments, de l’orchestre (tout en s’initiant eux-mĂŞmes). Y paraissent des contes musicaux oĂą la musique accompagne l’action (L’Histoire de Babar de Poulenc, dite par Jeanne Moreau ; ou La BoĂ®te Ă  joujoux de Debussy, version pour piano) ; il y a en particulier les textes spĂ©cialement Ă©crits pour prĂ©senter les instruments de l’orchestre oĂą chaque instrument est le personnage de l’histoire : l’extraordinaire “Piccolo, saxo et compagnie” (ou la petite histoire d’un grand orchestre… lequel comprend la famille des saxophones, protagonistes d’une odyssĂ©e dĂ©jantĂ©e poĂ©tique), et aussi Variations et Fugue sur un thème de Purcell de Britten, partition dirigĂ©e, rĂ©citĂ©e par le chef Lorin Maazel. Il y a enfin un opĂ©ra contĂ© (La FlĂ»te enchantĂ©e de Mozart prĂ©sentĂ©e et jouĂ©e par de nombreux comĂ©diens dont Claude Riche en narrateur).

Contes enchantés

Notre prĂ©fĂ©rence va au Carnaval des animaux dit par la subtile et enchantĂ©e Mireille, et au Pierre et le loup, inusable fĂ©erie Ă  la fois terrifiante et drĂ´le signĂ©e de Prokofiev, racontĂ© par un Charles Aznavour d’une rare finesse ; c’est un incroyable comĂ©dien, comme Peter Ustinov pour Piccolo, saxo et compagnie… Mireille, Aznavour, Ustinov… 3 magiciens pour des histoires irrĂ©sistibles au charme lĂ©gendaire. Deutsche Grammophon a eu le nez fin de regrouper ces 7 histoires en musique en un coffret incontournable. Les plus jeunes dĂ©couvriront la magie des instruments, et leurs parents comme les mĂ©lomanes avertis redĂ©couvriront la sĂ©duction de comĂ©diens qu’inspirent des textes et des musiques qui rĂ©ussissent la fusion du texte et de la musique. Ce coffret est un must absolu ; la mine contenant pĂ©pites et joyaux dont a rĂŞvĂ© tout parent pour son enfant, tout mĂ©lomane exigeant, nostalgique de son âme d’enfant. D’autant que les versions regroupent aussi des chefs très affĂ»tĂ©s : Claudio Abbado, Ferenc Fricsay, Semyon Bychkov, Lorin Maazel, et les pianistes Jean-Marc Luisade et Alberto Neuman… Opportune réédition.

CLIC_macaron_2014RACONTE-MOI en MUSIQUE. Coffret de 4 cd Deutsche Grammophon, coup de cœur de la Rédaction de classiquenews, CLIC de CLASSIQUENEWS de février 2016. LIRE notre grande critique dans le mag cd, dvd, livres de classiquenews. Parution : le 12 février 2016.

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