OPERA, avril 2014. Deux importantes créations à Toulouse et à Bordeaux. Philippe Hurel présente dès le 15 avril 2014 son premier opéra sur la scène du Capitole à Toulouse, Les Pigeons d’argile. A Bordeaux, Christian Lauba à partir du 25 avril, propose son premier ouvrage lyrique lui aussi, La Lettre des sables. Deux noms poétiques pour deux premières mondiales.
A Toulouse, Philippe Hurel tire son sujet d’un fait d’actualitĂ©: l’enlèvement par un groupe terroriste de Patricia Hearst, hĂ©ritière d’un magnat de la presse (avril 1974). L’ouvrage est une commande du directeur du Capitole, FrĂ©dĂ©ric Chambert. Le compositeur et son librettiste (Tanguy Viel) recomposent la matière du fait historique pour en tirer la matière d’un opĂ©ra non politique mais psychologique centrĂ© sur la relation de la prisonnière et de son geĂ´lier, Patricia et Toni. Le tĂ©moignage et l’expĂ©rience de cet enlèvement par le compagnon d’armes de Toni, Charlie pèsent aussi progressivement. Le trio devient huit clos sentimental. L’opĂ©ra traite de la jeunesse inconsciente des terroristes, leur fragilitĂ© psychique face Ă la rĂ©alitĂ©, leur naĂŻvetĂ© face Ă la violence de leurs actes; ils sont ces pigeons d’argile, proie des tireurs au ball-trap, qui explosent en vol, preuve de leur dĂ©risoire pouvoir sur les ĂŞtres et le monde. FormĂ© Ă l’écriture spectrale, Philippe Hurel privilĂ©gie l’efficacitĂ© du drame, l’enchaĂ®nement resserrĂ© des Ă©pisodes en une texture transparente qui recherche l’équilibre entre texte projetĂ© naturellement (par les 6 solistes tout au long du drame) et masse orchestrale. Les Pigeons d’argile de Philippe Hurel (nĂ© en 1955) : Toulouse, Capitole, les 15,18,20,22 avril 2014. Â
A Bordeaux, Christian Lauba partage ce mĂŞme souci de l’intelligibilitĂ© naturelle du chant : pas de gros effectif orchestral donc pour La Lettre des sables, afin de laisser s’épanouir les voix sur/dans l’orchestre. Le livret de Daniel Mesguish s’inspire de La Machine Ă explorer le temps de H.G. Wells. La musique d’essence onirique interroge la rĂ©alitĂ© des ĂŞtres dans ce labyrinthe spatiotemporel, entre passĂ© et futur, qui permet rĂ©apparition ou multiplication. Qui est qui, et oĂą est-il rĂ©ellement, au moment oĂą il chante ? Sans rien dĂ©voiler ce son nouvel opĂ©ra, Christian Lauba souhaite cultiver cette part de mystère et d’envoĂ»tement premier qui fait la magie de l’opĂ©ra : perte des repères… se perdre pour mieux se retrouver ? Christian Lauba : La Lettre des sables. OpĂ©ra de Bordeaux, les 25, 27, 29 et 30 avril 2014.Â