CRITIQUE, opéra. Strasbourg. Opéra National du Rhin, le 2 déc 2021. BIZET : Carmen. Stéphanie D’Oustrac / Sivadier

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dépêches

  • lancelot joncieres saint etienne vesperini opera critique classiquenews

    CRITIQUE, opĂ©ra. SAINT-ÉTIENNE, Grand Théâtre Massenet, le 10 mai 2022. JONCIERES : Lancelot, recrĂ©ation. Orchestre Symphonique Saint-Etienne Loire, Niquet / Vesperini – Après Dimitri, dirigĂ© et enregistrĂ© par HervĂ© Niquet, ce dernier ressuscite le dernier opĂ©ra de Victorien Joncières, jamais repris depuis sa crĂ©ation Ă  l’OpĂ©ra National de Paris en fĂ©vrier 1900. Une mise en scène Ă©blouissante qui offre le plus bel Ă©crin Ă  un drame pompier empli nĂ©anmoins de beautĂ©s.
    Après Dante de Benjamin Godard, dĂ©jĂ  mis en scène par Jean-Romain Vesperini en 2019, l’OpĂ©ra théâtre de Saint-Etienne poursuit son travail mĂ©ritoire de redĂ©couvertes du rĂ©pertoire français oubliĂ©. Le…

  • shirine

    CRITIQUE, opĂ©ra. LYON, OpĂ©ra, le 4 mai 2022. ESCAICH : Shirine, crĂ©ation. Orchestre et ChĹ“urs de l’OpĂ©ra de Lyon, Franck Ollu (direction) / Richard Brunel (mise en scène) – Une crĂ©ation mondiale est toujours un Ă©vĂ©nement. Après le succès de Claude, ici mĂŞme Ă  Lyon, on attendait beaucoup du nouvel opus de Thierry Escaich. Attente déçue, compensĂ©e par un plateau de haute tenue, une mise en scène efficace et une direction exemplaire.
    Au dĂ©part une Ă©popĂ©e romanesque en vers de NĂŞzâmi, Kosrow va ChĂ®rĂ®n, chef-d’œuvre de la littĂ©rature persane du XIIe siècle, adaptĂ© et resserrĂ© en 12 tableaux par l’écrivain…

  • tero saarinen company transit 2020 arte replay classiquenews critique

    ARTE concert. STREAMING, danse. Tero Saarinen Company : TRANSIT (2020) / Ouverture Tanssin talo, jusqu’au 14 aoĂ»t 2022. Pour inaugurer la maison de la danse Ă  Helsinki (« Tanssin talo » en finnois) en fĂ©vrier 2022, Tero Saarinen prĂ©sente Transit, pièce engagĂ©e (crĂ©ation en suède, 2020)qui dĂ©nonce le meurtre de la biodiversitĂ© sous l’action humaine – Sur scène, les danseurs de la Tero Saarinen Company (fondĂ©e en 1996) Ă©voluent au rythme des animations du duo d’artistes vidĂ©astes IC-98, accompagnĂ©s par la musique de Sebastian Fagerlund et Tuomas Norvio (sons Ă©lectro de « Water Atlas »). A travers la convulsion des…

  • Lille-opera-critique-britten-songe-nuit-ete-critique-opera-classiquenews-pelly-tourniaire

    CRITIQUE, opĂ©ra. Lille, le 13 mai 2022. BRITTEN : Le Songe d’une nuit d’étĂ©. Guillaume Tourniaire / Laurent Pelly  -  DĂ©signĂ©e capitale europĂ©enne de la culture en 2004, la ville de Lille a poursuivi depuis lors cet Ă©lan en organisant tous les trois ans le festival « Lille 3000 ». Avec son offre multiculturelle, l’édition 2022 « Utopia » valorise de nombreuses expositions de tout premier plan dans la mĂ©tropole (notamment la prĂ©sentation d’oeuvres inĂ©dites d’Annette Messager au Lam Ă  Villeneuve d’Ascq) et pare les rues nordistes de nombreuses installations spectaculaires, dont les dix statues gĂ©antes en mousse entre la…

  • TRSITAN-UND-ISOLDE-bel-air-classiques-barenboim-Berlin-2018-dvd-blu-ray-critique-opera-classiquenews-tcherniakov-classiquenews-critique-review

    DVD, Blu-ray, critique : Wagner: Tristan et Isolde – Barenboim (Berlin, 2018 – Tcherniakov – 2 dvd Bel Air classiques)  -  Berlin avril 2018. Daniel Barenboim en dirigeant cette nouvelle production de Tristan offre une leçon de direction subtile, profonde allusive d’une sincĂ©ritĂ© irrĂ©sistible qui enchante dès le dĂ©but. L’ouverture saisit par l’intelligence des phrasĂ©s aux flĂ»tes et aux cordes (tempi Ă©tirĂ©s, suspendus, Ă©nigmatique, qui portent au mystère de l’acte II), Ă  ce que disent les cors orfĂ©vrĂ©s, d’une incroyable couleur lumineuse et crĂ©pusculaire Ă  la fois, pleins et riches d’une ivresse et d’une langueur extatiques, Ă©noncĂ©es comme des questionnements…

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    radio

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  • FRANCE MUSIQUE , Dim 22 mai 2022, 16h. Falla : Le Tricorne. Bilan discographique : quelle meilleure version enregistrĂ©e du tricorne de Manuel de FALLA ?
    L’austère Manuel de Falla bénéficia de son séjour parisien (1906-1914), soit 8 années avant la première guerre mondiale qui réalisèrent la transformation du petit compositeur andalou encore timide en compositeur au souffle orchestral majeur, en particulier dans ses partitions L’Amour Sorcier ou particulièrement Le Tricorne où la force et la puissance du folklore ibérique bouleversent l’ordre symphonique en une langue renouvelée.
    A l’origine, Le Tricorne est une commande de Diagilev pour la saison des…

  • PARIS, TCE, le 23 avril 2022. WAGNER : L’or du Rhin. NĂ©zet-SĂ©guin. L’or du Rhin. PrĂ©lude Ă  la Trilogie qui suit, et donc premier volet de la TĂ©tralogie wagnĂ©rienne, L’or du Rhin fixe le cadre de l’épopĂ©e lyrique conçue par Wagner pour Bayreuth. Dès l’ouverture et les premières mesures qui commence comme la naissance du monde, le mouvement primitif qui augure toute action, on est saisi par l’ampleur et l’imagination du wagner symphoniste ; l’orchestration phĂ©nomĂ©nale de Wagner, dramaturge et symphoniste de premier plan. Ne serait-ce l’ouverture, dès les premières mesures et l’évocation du bouillonnement des eaux primordiales qui s’y…


    télé

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  • ARTE, spĂ©ciale XENAKIS, les 15 et 22 mai 2022. A la fois compositeur, architecte, ingĂ©nieur, Xenakis marque l’histoire de la musique moderne par son originalitĂ©. Pionnier de l’informatique musicale, du spectacle son et lumière, du concert spatialisĂ©, il inspire encore les artistes de la scène Ă©lectronique. ARTE diffuse le documentaire inĂ©dit, “Xenakis RĂ©volution, le bâtisseur du son” et un concert rĂ©cemment donnĂ© Ă  la Philharmonie de Paris par les Percussions de Strasbourg qui interprètent deux de ses oeuvres majeures.
    ARTE, dim 22 mai 2022 Ă  00h15
    Xenakis Révolution, le bâtisseur du son
    REPLAY sur arte.tv du 15 mai au 22…

  • ARTE, mardi 5 avril 2022, 19h30. PROKOFIEV : L’Ange de feu. A l’affiche depuis le 22 mars, L’ange de feu est diffusĂ©e lors de sa dernière reprĂ©sentation en direct de Madrid (Teatro Real). Avant la barbarie nazie, la RĂ©publique de Weimar a favorisĂ© Ă  Berlin l’émergence d’œuvres, qui sans le sentiment de libertĂ© ambiant, auraient paru scandaleuses : l’irrĂ©vencieuse Sancta Susanna de Paul Hindemith, l’atonal et antimilitariste Wozzeck de Alban Berg, le jazzy et multiculturel Jonny spielt auf de Ernst Krenek… et donc L’Ange de feu de Prokofiev, leqel par sa charge paroxystique est lui, refusĂ© partout, trop puissant, trop…


    concerts et opéras

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  • TOURS, OpĂ©ra. ST-SAĂ‹NS : FrĂ©dĂ©gonde, les 10 et 12 juin 2022. RecrĂ©ation attendue Ă  l’opĂ©ra de Tours. Saint-SaĂ«ns dans on opĂ©ra en 5 actes, «  FrĂ©dĂ©gonde », aborde la geste des MĂ©rovingiens, rois des Francs du Haut Moyen-Ă‚ge, dĂ©vorĂ©s par l’ambition. Brunhilda combat son beau-frère HilpĂ©ric, son Ă©pouse FrĂ©dĂ©gonde et leur fils MĂ©rowig (ou MĂ©rovĂ©e) qui donne son nom Ă  la dynastie des MĂ©rovingiens. Ainsi les Francs se dĂ©chirent au­tour des restes du royaume de Clovis, alors que MĂ©rowig rejoint l’envoĂ»tante Brunhilda, conduite par la vengeance. Brunhilda incarne la fiertĂ© des reines meurtrières, rugissantes, passionnĂ©es dans une partition esquissĂ©e par…

  • ORLÉANS. Les 21 et 22 mai 2022 : DANSES SYMPHONIQUES. Heureux programme de l’Orchestre Symphonique d’OrlĂ©ans qui en mai 2022 cĂ©lèbre l’énergie et le mouvement de la danse en musique. Au programme, plusieurs sĂ©quences hautement symphoniques qui mettent en avant le tempĂ©rament impĂ©tueux, flamboyant voire onirique de 3 compositeurs du XXè, non des moindres. Estancia (1941) est un ballet composĂ© par l’Argentin Ginastera qui suggère avec subtilitĂ© les dĂ©lices de la vie campagnarde. Testament musical voire spirituel, Les Danses Symphoniques de Rachmaninov (1940) sont dĂ©diĂ©es au chef Eugène Ormandy qui en assure la crĂ©ation avec l’Orchestre de Philadelphie : exilĂ©…

  • FESTIVAL INVENTIO, jeudi 19 mai 2022, L’AUTRE ULYSSE – 100 ans de la publication d’Ulysse de James Joyce. Entre musique et littĂ©rature, le premier Ă©vĂ©nement du FESTIVAL INVENTIO 2022 cĂ©lèbre le centenaire de la publication d’Ulysse de James Joyce, fresque fleuve, flamboyante et faussement dĂ©cousue, dont la construction et la langue polymorphe Ă©galent Homère. Le violoniste LĂ©o Marillier, directeur artistique du Festival honore la verve, l’audace, la truculence fraternelle d’un Joyce falstaffien dans ce programme intitulĂ© « L’Autre Ulysse », fantaisie théâtrale dont le texte et la mise en scène sont assurĂ©s par lui-mĂŞme, Ă  partir d’extraits d’Ulysse de Joyce.…

  • LIEGE, OpĂ©ra. 17-25 juin 2022 : SIMON BOCCANEGRA (VERDI). Créé dans sa première version en mars 1857 Ă  La Fenice de Venise d’après un livret de Piave, Simon Boccanegra est remaniĂ© en 1880 par Verdi et le jeune librettiste Arrigo Boito. RĂ©visĂ©e en profondeur, l’œuvre gagne ainsi sa mythique scène du Conseil, et double l’intrigue familiale originelle d’une vaste fresque Ă  caractère politique. Verdi soulignant surtout la solitude du doge, sa lente et secrète agonie (car il est empoisonnĂ©), son amour pour sa fille, surtout sa noblesse vertueuse qui le rend, fatalement, incorruptible.
    La production liĂ©geoise envisage l’opĂ©ra comme « …

  • NICE, OpĂ©ra. VERDI : Macbeth. 20-26 mai 2022  -  Avec Schiller, Shakespeare demeure une source constante pour Giuseppe Verdi. Avant Otello et Falstaff, drames de la dernière maturitĂ©, Macbeth, emblème de la tragĂ©die du pouvoir, l’occupe en 1847 : Ă  travers l’ascension puis la chute du diabolique couple Ă©cossais (Macbeth et son Ă©pouse, cruelle et barbare), Verdi bouleverse aussi la tradition lyrique hĂ©ritĂ©e de Rossini, Bellini et Donizetti… Pour aiguiser le rĂ©alisme fantastique de l’action, Verdi Ă©crit une musique âpre et hallucinĂ©e ; choisit une chanteuse Ă  la voix plus rauque que sĂ©duisante pour incarner la redoutable Lady Macbeth… entitĂ©…

  • LILLE, les 12, 13, 14 mai 2022. Falla : Les TrĂ©teaux de maĂ®tre Pierre. Dans le cadre de son offre Ă©largie vers tous les publics, en particulier les enfants et leurs parents, l’ON LILLE Orchestre National de Lille propose 3 soirĂ©es dĂ©diĂ©es Ă  une partition maĂ®tresse de Falla : « Les TrĂ©teaux de MaĂ®tre Pierre ». Manuel de Falla rĂ©invente la notion mĂŞme de théâtre lyrique, le rendant accessible Ă  tous. Il ressuscite la magie des théâtres ambulants, oĂą verve, tendresse et rĂ©alisme aussi rĂ©activent ici la geste chevaleresque, sa fĂ©erie mĂ©diĂ©vale et poĂ©tique oĂą Don Quichotte, hĂ©ros ibĂ©rique par…

  • PARIS, GAVEAU, Jeu 2 juin 2022. JEAN-NICOLAS DIATKINE, piano. LISZT, SCHUBERT, WAGNER… RĂ©cital Ă©vĂ©nement autant pour l’artiste engagĂ©, dĂ©fricheur de l’absolu, capable de fouiller jusqu’au trĂ©fonds de l’œuvre, rĂ©vĂ©lant ses pĂ©pites enfouies ; que pour l’instrument aussi car Jean-Nicolas Diatkine joue un piano Schiedmayer de 1916, parfaitement restaurĂ© dont le timbre et le format sonore s’accordent au choix des pièces abordĂ©es Ă  Gaveau.
    Le programme reprend pour une large part les Ĺ“uvres jouĂ©es dans le dernier cd du pianiste : soit plusieurs perles conçues par Schubert et Wagner mais transcrites par le magicien Liszt. La ciselure verbale du lied schubertien,…

  • LILLE et sa rĂ©gion : tournĂ©e de l’ON LILLE : 20 > 27 mai 2022. SCHUBERT, BEETHOVEN – Beau programme de printemps dĂ©fendu par les instrumentistes du National de Lille, de surcroĂ®t en tournĂ©e sur le territoire lillois : 6 dates / 6 escales proposent aux spectateurs le grand frisson symphonique dans 3 Ĺ“uvres aussi enivrantes qu’accessibles.
    SCHUBERT, BEETHOVEN, MENDELSSOHN. Avant-dernière des symphonies « de jeunesse » de Schubert, la Symphonie n°5 (composĂ©e achevĂ©e dès 1816, créée Ă  Vienne en 1841) rĂ©jouit par son Ă©lĂ©gance, sa transparence et sa grâce, son esprit viennois, mozartien. D’un romantisme lumineux et printanier, elle…

  • DOUAI, les 29, 30 avril, 3 mai 2022. L’Orchestre de DOUAI joue CĂ©sar Franck, son unique Symphonie, sommet symphonique français postromantique Ă  l’époque du wagnĂ©risme ambiant… Programme de la saison Anniversaire de l’Orchestre de Douai qui cĂ©lèbre Ă©galement celui du compositeur CĂ©sar Franck (bicentenaire de la naissance en dĂ©cembre 2022). Dans son unique symphonie, CĂ©sar Franck innove et excelle avec le traitement de la cellule cyclique – sa propre invention, rĂ©alisant cet idĂ©al hautement spirituel entre lyrisme et grandeur.
    En pratique, la rĂ© mineur (créée non sans rebondissements et rĂ©sistances Ă  Paris en 1889) succède aux jalons du genre: Symphonie…

  • LILLE, cinĂ© concert, les 4, 5 mai 2022. Charlot versus Laurel et Hardy… L’ON LILLE Orchestre national de Lille poursuit son offre la pus large, pour tous les publics, ici entre orchestre et cinĂ©ma. Entre 1916 et 1917, Charlie Chaplin dĂ©veloppe le personnage de Charlot. Parmi les douze courts mĂ©trages qu’il tourne alors, « L’Émigrant » est le plus remarquable : il marque le tournant du rĂ©alisateur vers un cinĂ©ma plus ouvertement social et engagĂ©. Pour la première fois, les situations comiques s’appuient sur un fond tragique, ici celle des immigrants qui arrivent aux États-Unis, thème universel, d’une actualitĂ© toujours…

  • LILLE, ven 29 avril 22, 12h30. DAN TEPFER, piano. En 45 mn, (sans entracte), succombez au piano innovant surprenant du claviĂ©riste franco-amĂ©ricain Dan Tepfer qui est aussi astrophysicien. Le Jazz et les astres composent un imaginaire unique qui s’exprime au piano. De quoi nourrir une approche artistique hors normes et inspirer une expĂ©rience musicale totale, proposĂ©e par l’Orchestre National de Lille, Ă  l’Auditorium du Nouveau Siècle, dans le cadre de ses « concerts flash ». A l’heure du dĂ©jeuner, rien de tel pour nourrir l’esprit, pour explorer les mondes sonores, pour aiguiser sa curiositĂ©.
     
     
     
    DAN TEPFER, piano…

  • FRANCK : Hulda. Les 15, 17 mai, 1er juin 2022. A liège (15 mai), Namur (17 mai) puis Paris (TCE, 1er juin), l’annĂ©e CĂ©sar Franck 2022 vivra l’un de ses temps forts assurĂ©ment avec la recrĂ©ation de l’opĂ©ra Hulda.
    NĂ© liĂ©geois, CĂ©sar Franck (1882-1885) n’en demeure pas moins le compositeur français le plus dĂ©cisif du XIXè romantique, proposant (et rĂ©ussissant) une alternative convaincante au wagnĂ©risme ambiant, propre aux annĂ©es 1880 – 1890 en Europe. Le liĂ©geois sait ainsi renouveler l’opĂ©ra français en assimilant et Wagner et l’efficacitĂ© de l’opĂ©ra verdien. Wagner / Verdi, et si Franck en rĂ©alisait une Ă©loquente…

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  • ARTE concert. STREAMING, danse. Tero Saarinen Company : TRANSIT (2020) / Ouverture Tanssin talo, jusqu’au 14 aoĂ»t 2022. Pour inaugurer la maison de la danse Ă  Helsinki (« Tanssin talo » en finnois) en fĂ©vrier 2022, Tero Saarinen prĂ©sente Transit, pièce engagĂ©e (crĂ©ation en suède, 2020)qui dĂ©nonce le meurtre de la biodiversitĂ© sous l’action humaine – Sur scène, les danseurs de la Tero Saarinen Company (fondĂ©e en 1996) Ă©voluent au rythme des animations du duo d’artistes vidĂ©astes IC-98, accompagnĂ©s par la musique de Sebastian Fagerlund et Tuomas Norvio (sons Ă©lectro de « Water Atlas »). A travers la convulsion des…

  • OPERA LIVE STREAM : Parsifal depuis Budapest, ven 15 avril 22, 17h – Pour le Vendredi saint, diffusion en direct de la première reprĂ©sentation du nouveau Parsifal du Hungarian State Opera, par Almási-TĂłth (mise en scène), Balázs Kocsár (direction). Le dernier opĂ©ra de Wagner, vĂ©ritable drame sacrĂ©, transforme la peur de la tentation et du pĂ©chĂ© en un rĂ©cit de rĂ©demption : un jeune homme qui ignore tout, jusqu’Ă  son propre nom, dĂ©couvre le royaume du Graal (Montsalvat). Est-ce « l’innocent au cĹ“ur pur » qui, selon la prophĂ©tie, pourrait sauver le royaume ?
    VOIR PARSIFAL en direct de BUDAPEST,…

  • PĂ‚QUES 2022 (17 avril) : l’ORATORIO DE PĂ‚QUES de JS BACH. Pour Pâques, Arte diffuse sur arteconcert jusqu’au 25 aoĂ»t 2024, L’oratorio de Pâques de JS BACH. L’Oratorio de Pâques cĂ©lèbre dans la joie et l’espĂ©rance, la RĂ©surrection du Christ victorieux. C’est la lumière d’un destin soulagĂ© et enfin serein qui peu Ă  peu s’affirme Ă  mesure que la partition se rĂ©alise. 4 personnages animent et donnent vie au drame sacrĂ©, après la Passion et la Crucifxion : Simon Pierre, Jean, Marie-Madeleine et Marie de Jacques, rejoints le ChĹ“ur (tutti collectif).
    A la joie de Pâques rĂ©pond la mystique plus…

  • OPERA EN DIRECT, Der Vampyr de Marschner, ce soir, 19h30. En Écosse (Highlands), le vampire Lord Ruthwen pourra vivre une annĂ©e de plus s’il offre en sacrifice 3 jeunes femmes dans les 24 heures. Aubry, un jeune homme qui connaĂ®t le secret de Ruthwen, jure cependant de se taire. Mais lorsqu’il apprend que l’une des sacrifiĂ©es est Malwina, celle qu’il aime, le jeune homme est tiraillĂ© par un choix impĂ©rieux : sauver sa femme ou respecter son serment. L’amour ou le devoir ?
     

     
    Der Vampyr est indissociable de l’OpĂ©ra de Hanovre / Staatsoper Hannover car le compositeur Heinrich…

  • STREAMING : l’ON LILLE / Alexandre Bloch jouent Bernstein : On the town, Symphonie n°1 Jeremiah… C’était en janvier de cette annĂ©e, le National de Lille en grand effectif jouait l’un de ses compositeurs fĂ©tiches, Bernstein (Lenny, d’ailleurs mis en avant aussi Ă  l’OpĂ©ra National de Paris simultanĂ©ment car Kent Nagano assurait l’entrĂ©e au rĂ©pertoire de son ultime opĂ©ra, A QUIET PLACE…).   -   A partir du lundi 21 mars et jusqu’au 21 juin 2022, l’Orchestre National de Lille diffuse sur sa chaĂ®ne Youtube qui est son auditorium digital (AUDITO 2.0), l’intĂ©gralitĂ© du concert (ce soir 20h). Le programme cĂ©lèbre l’exultation…


    cinéma

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  • CINEMA, OpĂ©ra en direct. VERDI : Rigoletto. Le 29 janv 2022, 18h55. Enfin un nouveau direct du Met (New York Metropolitan Opera), la nouvelle production de l’opĂ©ra que Verdi a conçu d’après Victor Hugo (Le Roi s’amuse) : Rigoletto. La production de Bartlett Sher transpose l’action dans la RĂ©publique de Weimar (dĂ©cors et costumes crĂ©ant une ambiance d’inspiration Art DĂ©co, propre aux annĂ©es 1920).  Le baryton Quinn Kelsey incarne pour la première fois au Met le rĂ´le-titre, celui du nain sarcastique et acide qui sera pris Ă  son propre piège (formidable emploi pour un baryton soucieux de jouer autant que…

  • CinĂ©ma. En direct du Met de New York, sam 23 oct 2021, 18h55 : « COMME UN FEU DEVORANT RENFERME DANS MES OS / FIRE SHUT UP IN MY BONES » de Terence Blanchard, compositeur et jazzman. La crĂ©ation lyrique pourrait bien ĂŞtre l’évĂ©nement espĂ©rĂ©, soulignant la reprise d’activitĂ© du Met de New York. L’opĂ©ra en crĂ©ation est le premier opĂ©ra composĂ© par un un afro-amĂ©ricain pour la scène new yorkaise. L’action mise en musique par le trompettiste et musicien de jazz aborde des sujets d’actualitĂ© : abus sexuels, homosexualitĂ©, racisme, droits des minoritĂ©s,…
    Pour son deuxième opĂ©ra, Terence Blanchard …

  • CINÉMA. DUNE version 2021 : prochaine sortie du film rĂ©alisĂ© par Denis VILLENEUVE en 2019… Après le lĂ©gendaire film signĂ© David Lynch, et malgrĂ© les bouderies de la critique, devenu mythique, voici annoncĂ©e la version de Denis Villeneuve (PREMIER CONTACT, BLADE RUNNER 2049). Le film a Ă©tĂ© tournĂ© en dĂ©cors naturels en Hongrie et en Jordanie et devrait sortir en septembre 2021, suite Ă  son report covid oblige, initialement prĂ©vu en dĂ©cembre 2020. Le roman fantastique fĂ©erique terrifique de Frank Herbert inspire ainsi une nouvelle rĂ©alisation cinĂ©matographique oĂą le profil du jeune acteur franco-amĂ©ricain TimothĂ©e Chalamet, mĂ©morable interprète de The…

  • CINEMA, Anna Netrebko chante AIDA de Verdi, les 25 juin et 2 juillet 2020. Retour de l’opĂ©ra dans les salles obscures. Dans le cadre de l’opĂ©ration Viva l’opĂ©ra !, Ă  19h30 pour les deux dates, revivez la magie d’une production convaincante grâce au nerf expressif du chef Riccardo Muti, au timbre charnel blessĂ© de la soprano Anna Netrebko dans le rĂ´le d’Aida, esclave Ă  la cour de Pharaon et dont est Ă©pris le gĂ©nĂ©ral victorieux Radamès… Pour autant, la fille de Pharaon, Amneris (ample contralto sombre) jalouse Aida car elle aime aussi Radamès. Anna Netrebko Ă©tait alors diva verdienne, ayant…

  • CINÉMA, Fidelio le 17 mars 2020, 18h. Jonas Kaufmann chante Florestan dans les salles obscures… CĂ©lĂ©brez le 250ème anniversaire de Mudwig Beethoven, grâce Ă  la diffusion en live de la nouvelle production du Royal Opera Fidelio, avec dans le rĂ´el de Florestan, le prisonnier, victime de l’arbitraire tyranique, JONAS KAUFMANN dont le timbre rauque, de fĂ©lin blessĂ©, la puissance et la finesse devraient renouveler l’interprĂ©tation du personnage, dans le sillon d’un John Vickers avant lui.
    Fidelio narre le parcours de LĂ©onore, qui sous les traits d’un homme (Fidelio), entend sauver son mari Florestan, prisonnier politique dĂ©tenu par le tyran Don…


    expos

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  • PARIS, Exposition : « SAINT-SAĂ‹NS, un esprit libre » : 25 juin – 10 oct 2021. Le Palais Garnier Ă  PARIS, Ă  travers la Bibliothèque MusĂ©e de l’OpĂ©ra cĂ©lèbre le centenaire de la mort (1921 – 2021) du plus grand romantique français de la seconde moitiĂ© du XIXè : Camille Saint-SaĂ«ns (1835 – 1921), jamais couronnĂ© par le Prix de Rome ni reconnu Ă  sa juste valeur par les institutions Ă©tatiques ; aux cĂ´tĂ©s de Massenet, Saint-SaĂ«ns offre un visage diffĂ©rent du romantisme Ă  la française grâce Ă  son sens du drame (ses opĂ©ras Samson et Dalila ou Ascanio rĂ©cemment…

  • EXPO, Paris. Les Musiques de Picasso Ă  la Philharmonie, jusqu’au 3 janvier 2021 : c’est l’expo Ă©vĂ©nement de cette rentrĂ©e post confinement. La musique chez Picasso est d’autant plus passionnante Ă  mesurer et dĂ©couvrir que le sujet fut source de passion et de dĂ©clarations spectaculaires voire dĂ©finitive de la part du peintre. S’il a dĂ©clarĂ© qu’il n’aimait pas la musique, Picasso comme Victor Hugo avait une idĂ©e trop haute de la crĂ©ation musicale et des citations instrumentales pour accepter leur dĂ©voiement. Pas une toile ou une composition de Picasso qui en reprĂ©sentant un instrument ou un instrumentiste, n’ait Ă©tĂ© minutieusement…

  • CONFINEMENT. EXPOS et musĂ©es virtuels Ă  visiter.
    Et si le confinement Ă©tait tout simplement le temps des musĂ©es et des expos ? Comme pour l’opĂ©ra, les ballets et les concerts en ligne dĂ©sormais, l’offre culturelle musĂ©ale comme les expositions enrichissent considĂ©rablement leurs contenus. Les parcours et programmes virtuels sont en plein essor. CLASSIQUENEWS vous propose sa sĂ©lection des sites les plus captivants. Le monde de demain a dĂ©jĂ  commencĂ© : ce ne sont pas les programmes culturels ci après sĂ©lectionnĂ©s qui infirmeront cette Ă©volution sociĂ©tale et culturelle. Il faut Ă  prĂ©sent envisager de nouvelles manières d’accĂ©der aux Ĺ“uvres, de vivre…

  • ARTE, dim 5 avril 2020, 17h45. JAMES TISSOT L’étoffe d’un peintre – Portraitiste de la haute sociĂ©tĂ© britannique et parisienne, le nantais James Tissot (1836-1902) portraiture les mondanitĂ©s et les rituels sociaux comme les mutations de son temps, en particulier celui de l’Angleterre Ă  l’âge industriel quand il se fixe Ă  Londres (1871) après la guerre de 1870.
    S’il a reniĂ© son prĂ©nom (Jacques-Joseph) fleurant bon la bourgeoisie provinciale (nantaise) du XIXe siècle succombant Ă  l’anglomanie ambiante (l’Angleterre victorienne, celle du musicien Elgar, est la première puissance europĂ©enne), « James » Tissot, nĂ© Ă  Nantes en 1836, a conservĂ© le…

  • PARIS, Palais Garnier, EXPO « L’aventure du Ring en France », 5 mai – 13 sept 2020. Bibliothèque-musĂ©e de l’OpĂ©ra / BNF – OpĂ©ra national de Paris. Histoire de la mise en scène de la TĂ©tralogie en France, de la fin du 19e siècle Ă  aujourd’hui. Au dĂ©but des annĂ©es 1890, Charles Lamoureux s’investit plus que tout autre pour faire Ă©couter les opĂ©ras de Wagner dont Lohengrin et Tristan und Isolde. Mais le Ring wagnĂ©rien créé Ă  Bayreuth en aoĂ»t 1876 s’imposera plus tard encore sur la scène de l’OpĂ©ra national. Il est vrai que le contexte de la première…


CRITIQUE, opéra. Strasbourg. Opéra National du Rhin, le 2 déc 2021. BIZET : Carmen. Stéphanie D’Oustrac / Sivadier

CRITIQUE, opĂ©ra. Strasbourg. OpĂ©ra National du Rhin, le 2 dĂ©c 2021. BIZET : Carmen. StĂ©phanie D’Oustrac, Edgaras Montvidas, Amina Edris… Orchestre Symphonique de Mulhouse. Marta Gardolinska, direction. ChĹ“ur et maĂ®trise de l’OpĂ©ra National du Rhin. Alessandro Zuppardo, chef de chĹ“ur. Jean-François Sivadier, mise en scène.

Retour très attendu de l’opĂ©ra français par excellence, l’archicĂ©lèbre Carmen de Bizet, Ă  l’OpĂ©ra National du Rhin ! Une fin d’automne brĂ»lante de théâtre grâce aux talents concertĂ©s de l’équipe artistique du metteur en scène, Jean-François Sivadier, et de la fabuleuse distributio vocale, orbitant autour de StĂ©phanie D’Oustrac en Carmen. La direction musicale est assurĂ©e par la cheffe Marta Gardolinska, s’attaquant pour la première fois Ă  l’opus de Bizet, Ă  la baguette d’un Orchestre symphonique de Mulhouse plein de vivacitĂ©. Un Ă©vĂ©nement !

 

 

Carmen… la flamme qui sait perdurer

 

 

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Beaucoup d’encre a coulé pour cet opéra et cette production également, que nous sommes heureux de retrouver et redécouvrir dans un Strasbourg joliment illuminé à l’occasion du célèbre marché de noël. Créée en 2010 et parue en DVD en 2011, la production de Sivadier garde cet irrésistible attrait théâtral (jamais théâtreux) qui est sa signature. Tous ses moyens sont là au service de sa vision de l’œuvre. Avec une étonnante économie des moyens scéniques, il réussit à divertir, à émouvoir dans l’opéra le plus joué à l’opéra de Strasbourg, malgré une absence de 20 ans ! Si les composantes de la mise en scène sont pleines de mérites (costumes colorés de Virginie Gervaise, chorégraphies accessibles et efficaces de Johanne Saunier, lumières pragmatiques de Philippe Berthomé), la direction d’acteur est un bijou.

StĂ©phanie D’Oustrac, crĂ©atrice du rĂ´le il y a 11 ans, prima donna assoluta, est en pleine possession de ses talents. Sa Carmen est d’une tonicitĂ© pĂ©tillante, d’une insolence charnue. Elle incarne le personnage, tragique, avec un tel panache, un tel brio (une vivacitĂ© dans l’esprit et dans le corps) que nous en oublions presque, qu’Ă  la fin, elle meurt. Impeccable et implacable dans airs et dialogues, elle surprend mĂŞme par sa capacitĂ© Ă  jouer les castagnettes pendant qu’elle chante et qu’elle danse. Sa performance est si intense et remarquable qu’elle nous met dans l’incomprĂ©hension : comment Don JosĂ© a pu lui dire non Ă  un moment dans l’acte 2 ? Le Don JosĂ© du tĂ©nor Edgaras Montvidas rĂ©pond dignement Ă  son ardeur. Sa performance est habitĂ©e dans le jeu et irrĂ©prochable dans le chant. Celle d’Amina Edris (MicaĂ«la) est immanquablement touchante, mĂŞme si le personnage a une personnalitĂ©, un caractère, plus complexes que d’habitude dans cette production (et heureusement !). Son chant diaphane devient complètement dĂ©chirant lors de son air du 3e acte « Je dis que rien ne m’épouvante », un moment plein d’émotion dont le souvenir fait frissonner.

Régis Mengus (le toréro Escamillo) convainc plutôt par la force de sa musculature exposée et son jeu d’acteur. Les copines de Carmen, Fresquita et Mercédès (Judith Fa et Séraphine Cotrez) sont superlatives dans le célèbre trio des cartes du III et dans chacune de leurs interventions. Le baryton-basse Guilhem Worms est un Zuniga à la voix saine et large, et sa maîtrise de l’instrument ainsi que le jeu d’acteur rendent son personnage, plutôt grossier, presque séducteur. Anas Séguin en Moralès est excellent, tout comme Christophe Gay et Raphaël Brémard en Dencaïre et Remendado, délicieux. Le chœur et la maîtrise de l’Opéra du Rhin, énormément sollicités à l’occasion, sont rayonnants et leur dynamisme musical s’entend fort sous l’excellente direction du chef Alessandro Zuppardo. Marta Gardolinska, quant à elle, dirige un orchestre symphonique de Mulhouse en forme, dont nous retenons la performance sans défaut des cuivres et des bois, avec une attention aux détails et quelques interventions sur la partition que nous avons trouvées pertinentes.

 

A vivre et à consommer sans modération, à l’instar de Nietzsche au 19e siècle après la naissance de l’opus. A l’affiche à Strasbourg les 4, 6, 8, 10, 12 et 15 décembre 2021 ainsi que les 7 et 9 janvier 2022 à Mulhouse. Photo : © Klara Beck.

 

 

 

GSTAAD Menuhin Festival. BIZET : Carmen, le 24 août 2019 (Gaëlle Arquez)

gstaad-menuhin-festival-2019-PARIS-annonce-présentation-classiquenews-582GSTAAD Menuhin Festival. BIZET : Carmen, le 24 août 2019. Le samedi 24 août à 19h30, Carmen de Bizet en version de concert (Tente de Gstaad) avec dans le rôle titre, la mezzo hexagonale Gaëlle Arquez… L’esprit et le raffinement des couleurs parisiennes à GSTAAD. Le MENUHIN Festival a toujours su proposer de grands événements lyriques sous la tente. Cette Carmen devrait marquer l’édition 2019, sollicitant un plateau prometteur et les musiciens de l’opéra de Zürich. L’amour, la tendresse, le drame, le pittoresque, les couleurs… le sang espagnol ; la passion criminelle et la jalousie qui rend fou … il ya tou chez Bizet. Dans son ultime opéra, créé en 1875, et malheureux échec qui devait précipiter sa mort (foudroyé à 36 ans par un arrêt du cœur), Georges Bizet se montre grand connaisseur de l’âme humaine et en particulier de l’amour jaloux et exclusif.

 

 

CARMEN française à GSTAAD
La partition enchaîne les tubes : de la Habanera «L’amour est un oiseau rebelle» à la Séguedille «Près des remparts de Séville», chanté par la cigarière de Séville, sans omettre le langoureux et tendre «La fleur que tu m’avais jetée», Everest de tout les ténors qui ose incarner Don José, brigadier devenu contrebandier pour l’amour de Carmen.

Le plus de cette production lyrique en version de concert à GSTAAD : Gaëlle Arquez en Carmen, Marcelo Alvarez en Don José (avec de somptueux costumes selon la présentation d’annonce du Festival…).

Bizet, Prix de Rome, s’ennuie ferme dans les années 1860. Il peine à se faire un nom sur la scène lyrique parisienne. Après le Second-Empire, et la Commune (1870), malgré le wagnérisme ambiant, le jeune compositeur s’affirme en 1872 à l’Opéra-Comique avec Djamileh, un ouvrage en un acte, au parfum oriental… Fort de ce premier jalon applaudi, le compositeur reçoit une commande plus ambitieuse, avec pour librettistes Henri Meilhac et Ludovic Halévy, déjà sollicités et eux aussi remarqués par Offenbach.

Bizet choisit lui-même la nouvelle Carmen de Prosper Mérimée, roman hispanisant écrit dans les années 1830 ; le compositeur s’inspire aussi du poème Les Gitans de Pouchkine (1824). La première de Carmen a lieu le 3 mars 1875. L’accueil est froid car le meurtre représenté sur scène, la sauvagerie du portrait de l’héroïne, le réalisme de l’action, souvent brutale et exacerbée, ne manque pas de surprendre voire de choquer. Même Jacques Offenbach présent à la première, crie que Bizet lui a volé l’air de Micaëla du troisième acte!
Tout cela crée un parfum de scandale. Puccini s’en souviendra, la crudité naturaliste de Bizet en moins. Pourtant comme il est très bien expliqué dans le livret programme édité par le GSTAAD MENHIN Festival, « Bizet ne fait autre chose que de renvoyer à la bourgeoisie l’image de sa propre hypocrisie décadente! ». Un effet de miroir qui frappe encore aujourd’hui par sa justesse.

Son ami Ernest Guiraud remplace les dialogues parlés (propre au style de l’opéra comique et un rien maniéristes) par des récitatifs qui s’inscrivent mieux entre chaque séquence dramatique dont le sens du coloris et le dramatisme intense, ne cessent de captiver, de la première apparition de Carmen, à sa mort, près des arènes de Séville…

 
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Infos pratiques :
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Georges Bizet (1838–1875) «Carmen»,
Oper in 4 Akten / Opéra en 4 actes – halbszenische Aufführung

GAËLLE ARQUEZ, Mezzosopran (Carmen)
MARCELO ALVAREZ, Tenor (Don José)
JULIE FUCHS, Sopran (Micaëla)
LUCA PISARONI, Bariton (Escamillo)
ULIANA ALEXYUK, Sopran (Frasquita)
SINÉAD O’KELLY, Mezzosopran (Mercédès)
MANUEL WALSER, Tenor (Le DancaĂŻre)
OMER KOBILJAK, Tenor (Le Remendado)
ALEXANDER KIECHLE, Bass (Zuniga)
DEAN MURPHY, Bariton (Moralès)
KINDERCHOR DES OPERNHAUS ZĂśRICH
PHILHARMONISCHER CHOR BRNO / PETR FIALA, Einstudierung
ORCHESTER DER OPER ZÜRICH – PHILHARMONIA ZÜRICH
MARCO ARMILIATO, direction
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boutonreservationGSTAAD Menuhin Festival. BIZET : Carmen, le 24 aoĂ»t 2019. A 19h30, en version de concert (sous la tente de Gstaad) – RESERVEZ VOTRE PLACE

 

 

 

 

COMPTE-RENDU, critique, opéra. LILLE, le 9 juillet 2019. BIZET : Carmen, Extrémo, Bélanger… ONL, Alex. BLOCH

COMPTE-RENDU, critique, opĂ©ra. LILLE, le 9 juillet 2019. BIZET : Carmen, ExtrĂ©mo, BĂ©langer… ONL, Alex. BLOCH. Ils l’avaient laissĂ© il y a deux ans, depuis des PĂŞcheurs de perles rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s (entre autres par une direction sculptĂ©e et narrative, Ă©nergique et colorĂ©e, et une distribution oĂą brillait l’éclat de la jeunesse). Les musiciens de l’Orchestre National de Lille et leur directeur musical Alexandre Bloch, reprennent le mĂ©tier amorcĂ© et dĂ©diĂ© Ă  Georges Bizet. Pour lancer leur nouveau festival estival, « les Nuits d’été », voici donc Carmen, l’ultime opĂ©ra du maĂ®tre romantique (1875) et dans un dispositif adaptĂ© au volume de l’auditorium du Nouveau Siècle Ă  Lille. Ici pas de dĂ©cors ni de mise en scène traditionnelle, mais une gigantesque fresque illustrĂ©e, mouvante, animĂ©e en fond de plateau, un narrateur mĂŞlant humour et citations du roman de MĂ©rimĂ©e (Carmen, 1845 dont s’est inspirĂ© Bizet), soit une mise en espace qui au dernier tableau, produit pour le public une immersion convaincante. De toute Ă©vidence, pour le National de Lille, ce nouveau pari – lyrique-, est amplement rĂ©ussi. Guide et rĂ©citant, enjouĂ©, prĂ©cis quand il cite la nouvelle de MĂ©rimĂ©e, le narrateur Alex Vizorek trouve le ton juste, sans pĂ©danterie, dans la dĂ©contraction qui sied infiniment Ă  un spectacle d’opĂ©ra (merci Ă  cette intelligence), osant mĂŞme des saillies bien trempĂ©es Ă  l’endroit des RĂ©publicains ou de Manuel Vals…

 

 

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Après une ouverture riante et mĂ©diterranĂ©enne Ă  souhait oĂą le chef n’oublie jamais le drame ni mĂŞme la veine âpre et tragique ; après la première apparition de la frĂŞle Micaela (ardente Gabrielle Philipponet remplaçant au pied levĂ© Layla Claire) ; après le choeur rĂ©jouissant des enfants (chĹ“ur maĂ®trisien du Conservatoire de Wasquehal… idĂ©alement prĂ©parĂ© dans l’Ă©vocation de la relève de la garde), … voici enfin la « carmencita », furie sauvage, crĂ©ature bondissante, Ă  peine extirpĂ©e (par JosĂ©) d’un bain de sang, dans cette manufacture des cigarières Ă  SĂ©ville… oĂą les coups de poignards tranchent la peau, oĂą la voluptĂ© des corps fĂ©minins dĂ©nudĂ©s est une provocation, une abomination Ă  faire se signer les puritains. L’opĂ©ra de Bizet est une peinture Ă©rotique franche : et son hĂ©roĂŻne revendique cette libertĂ© sĂ©ditieuse. A la fois dĂ©voreuse et menthe religieuse, Aude ExtrĂ©mo incarne une sirène mĂ©morable ; elle dĂ©verse Ă  plein gosier le mĂ©tal onctueux et quasi caverneux de son ample mezzo : on aura rarement Ă©couter Carmen plus abyssale plus dominatrice, plus fatale… C’est une arme de sĂ©duction massive. Quand elle chante, tout s’efface dans ce relief vocal, cette soie au souffle infini, Ă  la fois sensuel et monstrueux.

  

 

 

L’Orchestre National de Lille et Alexandre BLOCH jouent Bizet
CARMEN revivifiée au Nouveau Siècle

 

 

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C’est une maĂ®tresse ès voluptĂ© ; on comprend que le trop frĂŞle Don JosĂ©, brigadier de pacotille, qui se place toujours dans l’ombre de sa mère, se soit soumis corps et âme sous l’attraction de cette enchanteresse dont la raucitĂ© fascine. Mais Ă  y rĂ©flĂ©chir plus scrupuleusement, le tĂ©nor quĂ©bĂ©cois Antoine BĂ©langer gagne en maturitĂ©, sĂ»retĂ© et Ă©paisseur en cours de drame ; dĂ©bord un rien serrĂ©s, ses formidables aigus se galbent et s’adoucissent; il rĂ©ussit Ă  rendre sincère et dĂ©chirant son air de la fleur (magnifique voix de tĂŞte qui a la tendresse d’un garçonnet Ă©pris) puis trouve de justes accents dignes du théâtre tragique dans le duo final oĂą il tue son bourreau, Carmen … laquelle confesse qu’elle est bien le diable incarnĂ©.

 

 

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Finalement, après ces 2h45 de spectacle, c’est lui le vrai hĂ©ros de la soirĂ©e capable sur la durĂ©e de construire son personnage, de le rendre crĂ©dible… de l’amoureux transi, au soldat pris de scrupules militaires quand le clairon sonne (chez Lilas Pastia), sans omettre le jaloux haineux (au III : vis Ă  vis du torero Escamillo, trop beau, trop noble trop arrogant : impeccable et presque hautain Florian Sempey) ; jusqu’au fou d’amour au IV, prĂ©fĂ©rant alors poignarder celle qu’il adore, plutĂ´t que d’accepter qu’elle le quitte. Ce frĂŞle transi est devenu par la force de sa passion, un sanguin criminel. La dĂ©testation qu’il Ă©prouve alors, est aussi intense que l’amour suscitĂ© par la Gitane au II.

 

 

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Outre l’acuitĂ© des scènes et confrontations Ă©pineuses, passionnelles, rageuses, la rĂ©ussite de la soirĂ©e vient des illustrations animĂ©es qui offrent un commentaire visuel et chromatique aux tableaux musicaux ; les atmosphères et les climats,  la puissance poĂ©tique de l’orchestre de Bizet, fait saillant du spectacle, s’en trouvent dĂ©cuplĂ©s.
Saluons l’imagination du plasticien Grégoire Pont : ses dessins font respirer le drame orchestral ; ils revivifient le mythe de Carmen.

 

 

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Mais ne nous trompons pas : les protagonistes de choc ce soir sont bien chaque instrumentiste du National de Lille, fabuleux collectif capable de couleurs, d’accents, d’Ă©clats,.. souvent furieux, exacerbĂ©s mais souples. Le chef Alexandre Bloch veille essentiellement au drame. Et Ă  l’opulence dĂ©taillĂ©e de la parure orchestrale : sous sa direction affĂ»tĂ©e, les bois et les cuivres en particulier, redoublent d’intensitĂ© et d’ardeur, d’indĂ©cente voluptĂ© aussi, car ainsi on comprend combien la Carmen de Bizet ronronne, tempĂŞte, s’enflamme en lascive impudeur. Clarinette, hautbois, basson subjuguent littĂ©ralement comme le trompettiste solo au I, accompagnant le changement des gardes, descendante et montante. On y dĂ©tecte les mĂŞmes justes rĂ©glages et soucis des timbres qui font actuellement la valeur du cycle Gustav Mahler en cours.
Comme il l’avait superbement dĂ©montrĂ© en mai 2017, Alexandre Bloch dĂ©voile de rĂ©elles  affinitĂ©s lyriques, dans l’Ă©nergie et l’articulation dramatique. DĂ©jĂ , il s’agissait de Bizet mais celui lĂ  de jeunesse : les PĂŞcheurs de perles (sujet du premier enregistrement discographique entre Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille - enregistrĂ© en mai 2017, Ă©ditĂ© chez Pentatone en 2018).
On peut ici et là regretter chez certains solistes la perte dommageable du texte qui rend incompréhensible leur intervention, d’autant plus qu’il n’y a pas de surtitrage. Mais la direction souvent somptueuse du directeur musical éclaircit et même explicite par le seul caractère des préludes (superbe intro du III entre autres), le sens et la direction des épisodes dont il saisit la poésie heureuse, le rêve et la volupté, comme la pression du fatum : aucun doute, ce dernier Bizet époustoufle par son génie mélodique, sa conception dramatique et par le raffinement de son orchestration.
Chef et orchestre nous transmettent le souffle et la vivacité riante, la plénitude et le nuancier méditerranéen d’un Bizet souvent touché par la grâce. C’est Manet devenu musicien, tant Alexandre Bloch en vrai amateur des timbres, réussit les alliages et les dosages comme l’équilibre des pupitres. Le voici cet orchestre solaire et viscéralement latin, non pas tant « africain » comme l’a suggéré Nietzsche alors en froid avec les brumes nordiques de Wagner, mais plutôt fiévreux et passionné, d’une ivresse insolente, d’un dramatisme à la fois sanguin et tendre. C’est un bel hommage que les interprètes ont ainsi réservé au théâtre de Bizet, des Pêcheurs de perles à Carmen.

Cette soirĂ©e fut un festin de couleurs Ă©panouies, joyeuses, aux cĂ´tĂ©s du drame noir et cru. ContrastĂ©, souverain, le National de Lille a bien raison de proposer ainsi son premier volet de son nouveau festival d’étĂ© « Les Nuits d’été » : un opĂ©ra chaque Ă©tĂ©, en juillet dans l’auditorium du Nouveau Siècle. Pour une première, c’est un triomphe au regard de la salle comble et plus qu’enthousiaste : convaincus, les spectateurs applaudissent debout tous les artistes. L’Orchestre dĂ©montre ainsi qu’il sait plaire Ă  son public. Ce dernier est prĂŞt Ă  le suivre pour de nouveaux dĂ©fis lyriques.

 

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La salle du Nouveau Siècle à Lille transformée en arènes de corrida pour le tableau final, celui tragique du meurtre de Carmen par Don José

 
  

 

 

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Carmen par l’Orchestre National de Lille et Alexandre Bloch, avec Aude Extrémo, Antoine Bélanger, Florian Sempey… à l’affiche du Nouveau Siècle, les 10 et 11 juillet 2019. Incontournable.

Illustrations : © Ugo Ponte + ONL Orchestre National de Lille 2019

 

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Version semi-scénique / 
Durée : environ 2h40 minutes + entracte
Création le 3 mars 1875 à Paris

Orchestre National de Lille
 / Direction : Alexandre Bloch
Chœur de l’Opéra de Lille – chef de chœur : Yves Parmentier
 / Chœur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal – chef de chœur : Pascale Dieval-Wils

Aude Extrémo : Carmen (photo ci dessous)

Antoine Bélanger : Don José
Gabrielle Philipponet : Micaëla
Florian Sempey : Escamillo
Pauline Texier : Frasquita
AdelaĂŻde Rouyer : Mercedes
Jérôme Boutillier : Le dancaïre
Antoine Chenuet : Le Remendado
Bertrand Duby : Zuniga
Philippe-Nicolas Martin : Moralès
Alex Vizorek : récitant
Grégoire Pont : illustrations et animations

Assistants Ă  la direction musicale : Jonas Ehrler et Victor Jacob
Chef de chant : Philip Richardson

 

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LIRE aussi notre prĂ©sentation de la nouvelle CARMEN par l’Orchestre National de LILLE

LIRE notre entretien avec François Bou, directeur gĂ©nĂ©ral de l’Orchestre National de LILLE Ă  propos du nouveau cycle estival d’opĂ©ras, Les Nuits d’Ă©tĂ©

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ENTRETIEN avec François BOU. Les Nuits d’été à LILLE… Carmen, les 9, 11 et 12 juillet 2019

carmen-bizet-alexandre-bloch-opera-lille-onl-orchestre-national-de-lille-annonce-opera-critique-opera-classiquenews-juillet-2019ENTRETIEN avec François BOU. Les Nuits d’été à LILLE… Ce pourrait être enfin une Carmen espérée, fantasmée, idéale, réalisée à Lille en ce début d’été 2019. L’Orchestre National de Lille en plus de son éloquence (et appétit) symphonique, ne montrerait-il pas une disposition égale et des affinités assumées pour le lyrique ? Entretien avec François BOU, directeur général de l’ONL Orchestre National de Lille, à propos de Carmen, nouveau spectacle lyrique présenté au Nouveau Siècle, qui inaugure les 9, 11 et 12 juillet 2019, un nouveau cycle estival pour l’orchestre, « Les Nuits d’été ». Distribution, illustrateur, récitant… , place de la musique et retour à Mérimée… François Bou présente Carmen dans le dispositif particulier de l’Auditorium du Nouveau Siècle à Lille.

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CNC / CLASSIQUENEWS : Pourquoi lancez-vous avec cette Carmen au Nouveau Siècle, une nouvelle série musicale, invitant les spectateurs, à suivre le travail de l’Orchestre National sous la direction de leur directeur musical, Alexandre Bloch ?

François BOU : Nous sommes partis du constat que sur la Métropole lilloise, il n’y avait plus d’offre culturelle et musicale à partir de fin juin, alors que le public n’avait pas pour autant déserté le territoire. Il y avait donc un créneau possible, dans la première quinzaine de juillet, chaque été. D’autant que pour l’Orchestre, le lyrique demeure un domaine important pour son enrichissement, son expérience, pour l’élargissement du répertoire. Nous présentons à peu près 39 programmes symphoniques par saison, et une session dans la fosse de l’Opéra de Lille. Il s’agit donc de compléter l’expertise symphonique de l’Orchestre National de Lille en s’ouvrant au lyrique. D’autant plus que notre directeur musical, Alexandre BLOCH est lui-même très sensible au genre opéra.

 

 

L’Histoire de CARMEN au Nouveau Siècle à Lille
Tragédie haletante entre drame et lumière

 

 

CNC / CLASSIQUENEWS : le premier enregistrement d’Alexandre Bloch était dédié aux Pêcheurs de perles de Bizet. Déjà, il s’agissait de l’opéra et de Bizet. Avec Carmen en juillet 2019, serait-ce une manière d’approfondissement du travail amorcé avec les Pêcheurs de perles ?

François BOU : Absolument, c’est Ă  la fois un prolongement et un approfondissement. Après Les PĂŞcheurs de perles qui sont un ouvrage de jeunesse, – donnĂ© au Nouveau siècle et enregistrĂ© dans la foulĂ©e, Carmen dĂ©voile l’orchestre raffinĂ© et très dramatique du dernier Bizet. Ce qui fait l’intĂ©rĂŞt des PĂŞcheurs de perles, c’est justement ce qu’Alexandre Bloch et les instrumentistes de l’Orchestre ont su dĂ©ployer : la flamme dramatique d’une partition dont les critiques de Bizet ont Ă©pinglĂ© le wagnĂ©risme. Justement, musiciens et chefs ont exploitĂ© tous les ressorts dramatiques des PĂŞcheurs de perles, avec l’énergie propre Ă  Alexandre Bloch : son Ă©lĂ©gance, son souci de clartĂ©. Tout cela devrait profiter au très grand raffinement de Carmen dont l’orchestration comme vous savez, est l’une des plus abouties dans l’histoire de l’opĂ©ra romantique français. Pour rĂ©ussir ce nouveau dĂ©fi, nous avons rĂ©uni une distribution francophone (française et quĂ©bĂ©coise) comprenant Florian Sempey (Escamillo, dĂ©jĂ  prĂ©sent dans les PĂŞcheurs de perles), Aude ExtrĂ©mo (Carmen) qui rĂ©alise comme le tĂ©nor pour Don JosĂ© (Antoine BĂ©langer), une prise de rĂ´le.

 

 

CNC / CLASSIQUENEWS : Il ne s’agit pas d’une production classique, avec mise en scène et décors. Plutôt d’un dispositif particulier qui exploite les ressources propres à l’Auditorium du Nouveau Siècle. Pouvez-vous nous expliquer de quoi il s’agit ?

François BOU : Nous avons fait appel à un illustrateur, Grégoire Pont dont les créations graphiques et quelques animations évoqueront le cadre de l’action. Les spectateurs seront immergés dans son imaginaire visuel grâce aux projections en grand format. S’agissant du drame proprement dit, nous avons écarté les dialogues et les récits et c’est le récitant Alex Vizorek qui assurera la continuité de l’action et le lien entre chaque séquence lyrique : le texte qu’il a écrit, s’inspire directement de la nouvelle de Mérimée. C’est donc aussi un retour à la source littéraire du mythe de Carmen. Avec Alexandre Bloch, nous avons souhaité laisser toute la place à la musique, au chant des solistes, à celui de l’orchestre, au choeur également. Pour que le public comprenne chaque situation et se saisisse immédiatement du souffle tragique de l’histoire de Carmen. Il en résulte à mon avis, une conception équilibrée où se détachent lumière et drame.

Propos recueillis en juillet 2019

 

 

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APPROFONDIR

Les PĂŞcheurs de Perles, 2 cd Pentatone / Orchestre National de Lille, Alexandre BLOCH, enregistrĂ© en mai 2017 – CLIC de CLASSIQUENEWS 2018
http://www.classiquenews.com/cd-opera-critique-bizet-les-pecheurs-de-perles-1864-nouvelle-version-complete-onl-orchestre-national-de-lille-a-bloch-2-cd-pentatone-2017/

REPORTAGE vidéo Les Pêcheurs de perles de BIZET par l’Orchestre National de Lille, Alexandre BLOCH
http://www.classiquenews.com/bizet-les-pecheurs-de-perles-ressuscites-par-le-national-de-lille-alexandre-pham/

LIRE aussi notre présentation de CARMEN de BIZET, les 9, 11 et 12 juillet 2019 au Nouveau Siècle à LILLE / Orch National de Lille / Alexandre BLOCH

 

 

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LIRE aussi notre prĂ©sentation de la nouvelle saison 2019 – 2020 de l’Orchestre National de Lille : temps forts, chefs et solistes invitĂ©s, diversitĂ© de l’offre de concerts et cycles Ă©vĂ©nements…

 

ONL, ORCHESTRE NATIONAL DE LILLE, nouvelle saison 2019 – 2020

ONL-orchestre-national-de-lille-saison-2019-2020-nouvelle-saison-symphonique-annonce-concerts-symphonies-chefs-maestro-opera-classiquenews-VIGNETTE-COR-19-20SAISON 2019 – 2020. ONL, Orchestre National de Lille. L’orchestre fondé par Jean-Claude Casadesus poursuit sa formidable odyssée grâce à son nouveau directeur musical, Alexandre BLOCH. Un musicien dynamique qui ne s’économise guère, ayant le goût des défis impressionnants, fusionnant grands effectifs et sens du détail comme de l’architecture. Les deux années écoulées ont démontré cette capacité du colossal et de l’intime dans le choix de partitions qui supposent un grand engagement collectif : l’inclassable mais fraternelle MASS de Bernstein, le cycle en cours dédié aux Symphonies de Gustav Mahler (avec bientôt le massif herculéen de la 8è dite des « mille » qui réunit alors, les 20 et 21 novembre 2019, pas moins de 300 artistes sur le plateau)…
La nouvelle saison 2019-2020 s’annonce sous les mĂŞmes proportions (dont la 9è de Beethoven associant solistes, chĹ“urs et orchestre pour un final somptueusement festif les 25 et 26 juin 2020)… LIRE notre prĂ©sentation complète

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COMPTE RENDU, critique, ballet. PARIS, Opéra National de Paris, le 30 juin 2019. Mats Ek / Jonathan Darlington.

COMPTE-RENDU, ballet. Paris. Palais Garnier, le 30 juin 2019. Carmen, Another Place, Boléro. Mats Ek, chorégraphies. Staffan Scheja, piano. Orchestre de l’Opéra, Jonathan Darlington, direction. Ballet de l’opéra. Le chorégraphe contemporain suédois Mats Ek sort de sa retraite pour deux créations mondiales et une entrée au répertoire du Ballet de l’Opéra National de Paris en cette toute fin de saison 2018-2019. L’occasion de découvrir sa Carmen rouge sang de haut impact sur les planches du Palais Garnier, et de voir un nouveau « solo pour deux danseurs » ainsi qu’une nouvelle relecture de l’archicélèbre Boléro de Ravel. Il en découle un programme immanquable qui est agrémenté des performances redoutables de Staffan Scheja au piano et de l’Orchestre de l’Opéra, dirigé par le chef Jonathan Darlington.

 

 

 

Revenir Ă  Paris, y danser la Vie

 

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Le triptyque commence avec l’entrée au répertoire de « Carmen », ballet d’une cinquantaine de minutes sous la musique génialissime de Rodion Chtchedrine, une sorte de transfiguration d’après Bizet. Le couple de Carmen et Don José est interprété par l’Étoile Eleonora Abbagnato et le Coryphée (!) Simon Le Borgne. Si nous attendions de la première la performance tonique et habitée qu’elle nous a offerte, avec un magnétisme affolant dans l’incarnation de notre gitane espagnole préférée, nous sommes dans la surprise et l’admiration absolue devant la performance, électrique et dramatique, du dernier. Des belles personnalités se révèlent dans les rôles secondaires, comme la caractérielle M de Muriel Zusperreguy … aux bras expressifs à souhait, le Gipsy sympathique et même alléchant de Takeru Coste ou encore l’Escamillo de Florent Melac, théâtral et affecté dans son excellente interprétation du toréador. Le ballet narratif de Mats Ek garde toute sa fraîcheur comme sa pertinence artistique, 27 ans après sa création mondiale. Sa Carmen est à l’instar de son œuvre et de son langage chorégraphique : iconoclaste, exigeante, stimulante, une LED multicolore dans un milieu souvent monotone jaune-chandelle.

La création mondiale du duo « Another Place » a eu lieu le soir de la première dans une autre distribution. Pour notre venue, en sont les créatrices, les Étoiles Stéphane Bullion et Ludmilla Pagliero. Lui, est la perfection totale dans ce langage chorégraphique qui cherche l’étrange, l’autre, l’autre mouvement, le mouvement autrement. Il maîtrise merveilleusement la désarticulation Eksienne, et paraît toujours sans effort dans ses sauts comme sans défaut dans ses atterrissages. Il montre ce soir, en plus, des talents grandissants de comédien. Son corps est son livret, et nous aimons à en rire et à en mourir l’histoire qu’il nous raconte avec les mots de Mats Ek, toujours touchant dans l’aspect très humain de ses ballets.
La Pagliero est une révélation ! Par l’humour, par l’aplomb, par tout l’éventail des sentiments qu’elle représente en mouvement. Le tout sous la musique unique de la Sonate en si mineur de Franz Liszt, brillamment exécutée par le pianiste Staffan Scheja. Un « solo pour deux danseurs » d’une poésie indéniable, duquel nous sommes témoins privilégiés des complexités des relations humaines ; dont le fil rouge est toujours l’instabilité.

Pour clore cette fabuleuse soirĂ©e, passons au BolĂ©ro, créé Ă©galement le soir de la première, et dansĂ© presque exclusivement par le corps de ballet. Il y a une baignoire au milieu du plateau qui se remplie d’eau par le geste rĂ©pĂ©titif de Niklas Ek, frère aĂ®nĂ© du chorĂ©graphe, pendant que les danseurs font sur scène ce qu’ils doivent faire, et ce n’est pas seulement aller Ă  droite et Ă  gauche, sauter par ci et par lĂ , se porter les uns les autres… C’est comme une sorte de clin d’œil Ă  l’œuvre musicale la plus vendue au monde et qui a Ă©tĂ© largement dĂ©criĂ©e par son compositeur. Si le ballet peut paraĂ®tre vide comme la partition, presque parfaitement exĂ©cutĂ©e par l’orchestre, nous sommes de l’avis qu’il s’agĂ®t lĂ  d’un commentaire artistique. Pendant que nous sommes hypnotisĂ©s par la musique et les mouvements rĂ©pĂ©titifs, nous sommes dans l’au-delĂ , au-delĂ  des prĂ©occupations mondaines et spirituelles, dans la salle les cĹ“urs palpitent comme dans la fosse et sur scène. Dans ce continuum musical et chorĂ©graphique indescriptible, se dĂ©tachent quelques personnalitĂ©s, comme Sofia Rosolini, Roxane Stojanov, Giorgio Fourès, ou encore les plus connus Marc Moreau et Fabien RĂ©villion. RĂ©jouissante cohĂ©sion des corps.

 

 

 

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COMPTE RENDU, critique, ballet. PARIS, Opéra National de Paris, le 30 juin 2019. Mats Ek / Jonathan Darlington. Un programme de fin de saison qui a tout pour plaire pour le plus grand nombre. A voir absolument ! A l’affiche au Palais Garnier les 5, 6, 8, 9, 11, 12 et 14 juillet 2019.

 

 

   

 

 

Aude Extremo, nouvelle Carmen Ă  LILLE

carmen-bizet-alexandre-bloch-opera-lille-onl-orchestre-national-de-lille-annonce-opera-critique-opera-classiquenews-juillet-2019LILLE, ONL : BIZET : CARMEN, les 9, 11 et 12 juillet 2019. L’Orchestre National de Lille et son directeur musical, Alexandre BLOCH concluent la saison 2018 – 2019 avec l’opĂ©ra romantique français le plus populaire : Carmen. C’est un ouvrage aussi lyrique que symphonique, oĂą inspirĂ© de MĂ©rimĂ©e, le compositeur Bizet, Ă  l’époque des impressionnistes, renouvelle la langue orchestrale par son sens des couleurs et de la mĂ©lodie. Si l’action se dĂ©roule en Espagne, Bizet ne voyagea jamais jusque lĂ ; et son hispanisme demeure fantasmĂ©, chromatique, sensuel… d’une force poĂ©tique exceptionnelle, vraie correspondance avec la peinture de Manet, lui aussi passionnĂ© par les sujets ibĂ©riques. Comme la grande Olympia (1863), scandaleux nu en grand format, Bizet exprime la voluptĂ© râgeuse et exacerbĂ©e de Carmen, la cigarière de SĂ©ville dont la libertĂ© provocante vaut bien la nuditĂ© Ă©rotique de Manet.
Comme pour mieux rendre digeste la franchise érotique de Carmen version Bizet, ses librettistes outrepassent la fidélité à Mérimée : Meilhac et Halévy (si en verve chez Offenbach), tempèrent ainsi la tragédie sulfureuse de Carmen en inventant le personnage de Micaëla, blonde angélique qui fiancée au brigadier José, tente de lui rappeler, ses devoirs de fils, ses vœux amoureux, sa sagesse raisonnable. Evidemment, José fera tout à fait l’inverse de tout cela.

bizet-portrait-georges-bizet-carre-classiquenews-portraitDans le cadre d’un nouveau cycle musical estival « Les Nuits d’été », l’ONL, Orchestre National de Lille se dédie à présent aux grands ouvrages lyriques. Carmen inaugure ce festival d’un nouveau genre qui en 3 dates, les 9, 11 et 12 juillet 2019, profite de l’excellente acoustique du Nouveau Siècle, auditorium moderne, résidence de l’Orchestre National de Lille. La version qu’a choisi Alexandre Bloch, directeur musical de l’Orchestre, est inédite, produisant une mise en espace avec illustrations et narrations, et un récitant dont les textes remplaçant les récitatifs parlés et chantés, sont nouveaux.

 

 

 

A LILLE, une CARMEN inédite
animée, illustrée, narrée…

 

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Alexandre Bloch qui dirige ici l’opéra intégral pour la première fois, entend montrer le génie d’un Bizet de 36 ans, mort trop tôt, dont l’orchestre chatoyant assure une synthèse de tout l’opéra français : lumière tragique voire éblouissante, couleurs méditerranéennes (rapidement opposées, par Nietzsche, aux brumes culpabilisantes de Wagner)… justesse des caractères : Carmen arrogante et libre ; Escamillo le torero, viril et vainqueur ; face au ténor, José, plus complexe, entre amant blessé, ténébreux et fou sanguin, nerveux autant que jaloux.

Le chef prolonge ainsi son travail sur l’écriture dramatique de Bizet dont il a, il y a deux ans, ressuscité dans une version urtext, la magie et l’onirisme romantique des Pêcheurs de perles (2017, cd CLIC de CLASSIQUENEWS).

Bizet a tout donné dans Carmen, jusqu’à perdre la vie, victime d’une rupture d’anévrisme selon la légende.
Dans cette vaste fresque orchestrale, souvent enivrante, douĂ©e de superbes intermèdes symphoniques, Alexandre Bloch distingue quelques passages particulièrement rĂ©ussis : au III, l’air des cartes « oĂą Carmen tire Ă  chaque fois la mort » ; Ă  la fin du mĂŞme acte III : la folie de Don JosĂ© qui comme une dĂ©claration clĂ©, dit Ă  Carmen : « tu me suivras jusqu’au trĂ©pas …, puis la brutalise. Ă€ la fin de ce passage, il apprend que sa mère est sur le point de mourir et s’écrie : Ma mère, ma mère… . Il dĂ©cide alors de suivre MicaĂ«la avant de se retourner vers Carmen en lui lançant : Sois contente je pars, mais nous nous reverrons… »

Opéra comique, c’est à dire avec récits et dialogues parlés, Carmen créé le 3 mars 1875, est à Lille, est présenté dans un dispositif semi-scénique; Alexandre Bloch souhaitant surtout se concentrer sur la musique qui il est vrai vaut bien des mises en scènes. Les récitatifs parlés-chantés accompagnés par l’orchestre (écrits par Ernest Guiraud après la mort de Bizet) sont écartés, et c’est l’humoriste Alex Vizorek qui assure la narration. Le « plus » du spectacle, qui devrait séduire le grand public : les illustrations et animations de Grégoire Pont dont on se souvient des réalisations poétiques pour L’Enfant et les sortilèges de Ravel (Lyon, 2016) : ses dessins assureront le contexte visuel de chaque tableau dramatique. Nouvelle production événement.

 

 

 

carmen-bizet-alexandre-bloch-opera-lille-onl-orchestre-national-de-lille-annonce-opera-critique-opera-classiquenews-juillet-2019ENTRETIEN avec François BOU, directeur gĂ©nĂ©ral de l’Orchestre National de Lille Ă  propos de Carmen 2019 et du nouveau cycle lyrique estival au Nouveau Siècle, ” Les Nuits d’Ă©tĂ©”…  Distribution, illustrateur, rĂ©citant… , place de la musique et retour Ă  MĂ©rimĂ©e… François Bou prĂ©sente Carmen dans le dispositif particulier de l’Auditorium du Nouveau Siècle Ă  Lille. LIRE notre entretien complet

 

 

 

 

 

 

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BIZET : Carmen
LILLE, Nouveau Siècle
Les 9, 11 et 12 juillet 2019 Ă  20h

RESERVEZ VOTRE PLACE
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/carmen/

 

 

 

Version semi-scénique / 
Durée : environ 2h40 minutes + entracte
Création le 3 mars 1875 à Paris

Orchestre National de Lille
 / Direction : Alexandre Bloch
Chœur de l’Opéra de Lille – chef de chœur : Yves Parmentier
 / Chœur maîtrisien du Conservatoire de Wasquehal – chef de chœur : Pascale Dieval-Wils

Aude Extrémo : Carmen (photo ci dessous)

Antoine Bélanger : Don José
Layla Claire : Micaëla
Florian Sempey : Escamillo
Pauline Texier : Frasquita
AdelaĂŻde Rouyer : Mercedes
Jérôme Boutillier : Le dancaïre
Antoine Chenuet : Le Remendado
Bertrand Duby : Zuniga
Philippe-Nicolas Martin : Moralès
Alex Vizorek : récitant
Grégoire Pont : illustrations et animations

Assistants Ă  la direction musicale : Jonas Ehrler et Victor Jacob
Chef de chant : Philip Richardson

 

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APPROFONDIR

 

 

VOIR
notre reportage vidéo Les Pêcheurs de Perles par l’Orchestre National de Lille et Alexandre Bloch (Reportage vidéo en 2 volets, réalisé au moment de l’enregistrement et de la représentation de l’opéra en version de concert et spatialité au Nouveau Siècle de Lille, 2017)

http://www.classiquenews.com/bizet-les-pecheurs-de-perles-ressuscites-par-le-national-de-lille-alexandre-pham/

 

 

LIRE
notre critique du cd Les Pêcheurs de perles par Alexandre Bloch et l’Orchestre National de Lille

http://www.classiquenews.com/cd-opera-critique-bizet-les-pecheurs-de-perles-1864-nouvelle-version-complete-onl-orchestre-national-de-lille-a-bloch-2-cd-pentatone-2017/

 

 

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Carmen par l’ONL Orchestre National de Lille / Alexandre BLOCH

BLOCH-alexandre-portrait-2019-chef-orchestre-national-de-lille-annonce-concert-opera-classiquenewsLILLE, ONL. BIZET : Carmen. Les 9, 11, 12 juillet 2019. Il laisse sa baguette de chef symphonique affûté, mordant, précis (cf le cycle actuel dédié aux symphonies de Gustav Mahler, en cours jusqu’à fin 2019), Alexandre Bloch, directeur musical de l’ONL Orchestre National de Lyon s’engage en juillet sur le registre lyrique et romantique. Après la réussite des Pêcheurs de Perles, opéra de jeunesse (1863), où l’orientalisme s’exprimait en teintes et en couleurs d’un rare sensualisme, voici l’opéra des opéras, Carmen, d’après Halévy, créé en 1875, à l’époque où les impressionnistes ont conquis l’affection des amateurs et collectionneurs grâce à leur première exposition (1874). De Monet à Bizet, les frontières sont ténues : nuances, passages somptueux et subtils dans la couleur, mélodies suaves et rythmes hispanisants, … comme Manet et son ibérisme affiché, Bizet quelques mois avant de mourir, compose sa Carmen : une cigarière libre et torride qui a le passion dans le sang, collectionne les amants, dont le brigadier José (pourtant fiancé à Micaëla), le délaisse bientôt pour un autre mâle plus lumineux encore, et vrai vedette des arènes, le tueur de taureaux, Escamillo.
A la rage libertaire et finalement fatale de la brune Carmen ose s’opposer le rĂŞve faussement angĂ©lique de la blonde MicaĂ«la. Entre elles, JosĂ© est tiraillĂ©, entre le devoir Ă  sa mère Ă  laquelle il avait promis d’épouser la jeune blonde ; et le noir regard de Carmen qui, comme un sortilège irrĂ©sistible, lui a jetĂ© la fleur d’amour (habanera : « L â€amour est un enfant rebelle »). Le brigadier dĂ©passĂ© s’accroche, suit Carmen : Ă  ses cĂ´tĂ©s, il apprend la passion et l’amour sauvage. Trop tard, Carmen en aime dĂ©jĂ  un autre.

Alexandre Bloch, directeur de l’Orchestre National de Lille réunit une distribution prometteuse et cohérente, dont le tempérament des chanteurs sert immédiatement le profil de chaque personnage. Dejà présent lors des représentations (et de l’enregistrement discographiques) des Pêcheurs de perles : le baryton Florian Sempey (Escamillo)…

 

 
 

 

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BIZET: CARMEN
Lille – Auditorium du Nouveau Siècle
Version semi-scénique

MARDI 9 JUILLET 2019 • 20hcarmen-bizet-alexandre-bloch-opera-lille-onl-orchestre-national-de-lille-annonce-opera-critique-opera-classiquenews-juillet-2019
JEUDI 11 JUILLET 2019 • 20h
VENDREDI 12 JUILLET • 20h

RESERVEZ VOTRE PLACE ici
https://www.onlille.com/saison_19-20/concert/carmen/

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DIRECTION MUSICALE : ALEXANDRE BLOCH
RÉCITANT : ALEX VIZOREK

CARMEN : AUDE EXTRÉMO
DON JOSÉ : ANTOINE BÉLANGER
MICAËLA : LAYLA CLAIRE
ESCAMILLO : FLORIAN SEMPEY
FRASQUITA : PAULINE TEXIER
MERCÉDĂS: ADELAĂŹDE ROUYER
LE DANCAÏRE : JÉRÔME BOUTILLIER
LE REMENDADO : ANTOINE CHENUET
ZUNIGA : BERTRAND DUBY
MORALĂS: PHILIPPE-NICOLAS MARTIN

CHŒUR DE L’OPÉRA DE LILLE
CHEF DE CHĹ’UR YVES PARMENTIER

CHĹ’UR MAĂŽTRISIEN DU CONSERVATOIRE DE WASQUEHAL
CHEF DE CHĹ’UR : PASCALE DIEVAL-WILS

ASSISTANT À LA DIRECTION MUSICALE : LÉO MARGUE
CHEF DE CHANT : PHILIP RICHARDSON

ILLUSTRATION ET ANIMATIONS : GRÉGOIRE PONT

 

 
 

 
 

 

Carmen, Violetta, Mimi… 3 visages de l’Ă©ternel fĂ©minin au XIXè

puccini-giacomo-portrait-operas-classiquenews-dossier-special-HOMEPAGE-classiquenewsARTE, Dim 7 juillet 2019. CARMEN, VIOLETTA, MIMI, ROMANTIQUES ET FATALES
« Mimi, Carmen, Violetta » compose un triptyque lyrique pour un film choral consacré aux héroïnes des trois opéras romantiques les plus joués dans le monde aujourd’hui : Carmen, La Traviata et La Bohême. Mais alors Mozart n’existe pas dans cette (pseudo) statistique ? Et Don Giovanni, et La Flûte enchantée ? Et Elvira, Anna, Zerlina, Pamina ? Quelle omission.
Selon la présentation de l’éditeur, voici donc « Trois grandes figures d’émancipation féminine : Carmen, cet obscur objet de désir, qui paie de sa vie son indomptable liberté… Violetta, la courtisane adulée qui, en sacrifiant son amour, devient une sorte de sainte laïque… Et enfin la douce et pauvre Mimi, la petite brodeuse dont la jeunesse est fauchée par la tuberculose ». Mais alors que dire de Mimi, digne et misérable, fauchée avant d’avoir pu cultiver et affirmer son maour (pour Rodolfo le poète). On peut rêver mieux comme modèle d’émancipation féminine. Mimi est quand même une victime de la Bohème parisienne, entre pauvreté, misère, indigence…
Qui sont-elles ? Et d’où viennent-elles ? A travers un montage d’archives baigné de musique et « aussi savant que sensible », le film part en quête des personnages, qui apparaissent à Paris, quasiment en même temps, au milieu du 19ème siècle, sous la plume de 3 écrivains (Alexandre Dumas Fils, Prosper Mérimée, Henry Murger). Des écrivains qui font évoluer la littérature en puisant dans leur propre vie la matière de leurs histoires.
A l’origine des mythes, on découvre avant tout 3 femmes de chair et de sang : muse, amante ou héroïne de fait divers, … comme la matière de Madame Bovary : elles viennent de la réalité, en rien de l’histoire antique ou de la fable héroïque.
Tout le mérite revient aux compositeurs d’avoir su enrichir leur psychologie jusqu’à parvenir à des personnages devenus des archétypes, des symboles, autant de visages de l’éternel féminin…

En suivant leur parcours, c’est aussi tout le 19ème siècle, romantique, réaliste, naturaliste, qui est suggéré : ses modes, sa littérature, sa musique, l’essor bourgeois né de la révolution industrielle… La musique baigne entièrement le film qui permet de faire entendre les pages les plus célèbres des 3 opéras de Giuseppe Verdi, Georges Bizet, Giacomo Puccini.

arte_logo_2013ARTE, Dim 7 juillet 2019, 18h15 CARMEN, VIOLETTA, MIMI, ROMANTIQUES ET FATALES. Auteurs : Cyril Leuthy et Rachel Kahn / RĂ©alisation : Cyril Leuthy – Coproduction : ARTE France/ ET LA SUITE PRODUCTIONS / INA avec la participation de France TĂ©lĂ©visions (2018-52mn) / illustration

COMPTE-RENDU, opéra, DIJON, Opéra, le 17 mars 2019. BIZET : Carmen. Perruchon / Klepper.

COMPTE-RENDU, opéra, DIJON, Opéra, auditorium, le 17 mars 2019. BIZET : Carmen. Perruchon / Klepper. Dennefeld, Vassiliev, Bizic, Galitskaia. Carmen n’en finit pas de surprendre. Après l’Opéra Bastille, aujourd’hui à Dijon, comme – peut-être -dans les prochaines semaines à Saint-Etienne, Metz et Gstaad, pour ne parler que des scènes francophones. Florentine Klepper (photo ci dessous, DR) s’intéresserait-elle avant tout aux destins féminins ? Après Salomé, Arabella, Dalibor, Juliette ou la clé des songes, la metteuse en scène allemande nous offre sa première Carmen, qui est aussi sa première production en France. Elle nous dit que l’évolution de la condition féminine permet à chacune de se reconnaître dans Micaëla comme dans Carmen. Pourquoi pas ? D’autre part, l’intrusion du virtuel dans notre quotidien est une donnée majeure de notre temps. Aussi, imagine-t-elle une transposition de l’action dans l’univers connecté, où les frontières entre réel et fiction s’abolissent.

 

 

 

Déjantée et parfois confuse,
la Carmen actualisée de l’Opéra de Dijon

De Mercédès à Carmen

 

 

 

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La colonisation de notre monde relationnel par le virtuel, sa conjugaison permanente au réel sont la première clé de cette lecture. La seconde concerne le quatuor essentiel. Carmen n’est que la projection des rêves de Micaëla, qui sort ainsi de son rôle de faire-valoir, mais gomme aussi leur opposition, voulue par les librettistes. Simultanément, Don José s’imagine en Escamillo. Les clones vont ainsi se confondre avec les originaux. Plus de cigarières, mais un groupe de jeunes femmes contactées sur le net, pour répondre aux appétits des joueurs. Plus de couleur locale, du gris, du noir car le soleil est banni. La mort est banalisée, amoindrie par sa virtualité. La démarche est radicale, et tout sonne faux. Tous les procédés, tous les artifices de la mise en scène contemporaine sont convoqués, avec une indéniable maestria, pour un résultat le plus souvent illisible, ambigu. Le monde du jeu vidéo, avec ses lunettes, ses consoles, ses armes, les épées laser de Star Wars, les projections, les textos échangés, les doublures virtuelles, les éclairages agressifs, les évolutions aériennes, ne manquent que les drones.

On sort consterné par cette débauche d’énergie et d’engagement pour un si piètre résultat : à aucun moment on ne peut croire à cette narration, et il faut l’oublier pour apprécier la musique, le plus souvent indemne de ce mauvais traitement. Le vaste plateau, lugubre, se meuble de fauteuils et bureaux où les écrans s’alignent. Chaque élément, mobile, permettra de renouveler le cadre. Des voilages propres à servir d’écrans feront apparaître les textos échangés, les séquences d’un jeu vidéo, dont les parties s’enchaînent et les points comptés. Si la maîtrise est incontestable, la démonstration tourne à vide, quelle qu’en soit la virtuosité. Parfois les images sont séduisantes dans leur esthétique singulière. Cependant, le ridicule guette : ainsi au dernier acte, dont le brillant défilé est totalement occulté, lorsque Micaëla déploie un lit pliant (de Conforama ?) où s’assied son compagnon, témoins de l’affrontement de Carmen et de José.  Les costumes, originaux, cohérents, nous plongent dans un univers glauque, où les hommes sont abrutis devant leurs écrans, incapables de discerner le réel du virtuel, et où les femmes n’ont guère plus d’humanité.

 

 

Klepper florentine opera carmen dijon critique par classiquenews

 

 

Tout est périlleux dans Carmen, tant chacun a en mémoire la plupart des pièces, chantées ou jouées par les plus grands interprètes. Le chef a choisi l’édition de Richard Langham Smith, en intégrant les mélodrames, supports des dialogues. Ces derniers ont été réécrits, pour répondre à la lecture de la mise en scène, dans un langage contemporain qui jure avec les textes chantés, contredisant parfois leur sens. Pour lui, la musique de Carmen « ne verse jamais dans le pittoresque », ce qui étonne, compte-tenu des références appuyées, habanera, séguedille, chanson Bohême tout particulièrement. La direction surprend plus d’une fois. Ainsi, dès le prélude, l’accélération nerveuse de la reprise du thème du toréador, juste avant l’énoncé de la phrase du destin. Attentive, soignée, la lecture lisse la partition. Tout est là, mais relativement aseptisé, les couleurs sont plus souvent celles de l’impressionnisme que des fauves. L’orchestre est irréprochable, à peine est-on surpris de l’intonation basse de la flûte solo. Les chœurs sont admirables de puissance et de projection, de cohésion, de précision. Le choeur d’enfants tout particulièrement.
Antoinette Dennefeld est familière de Carmen. On se souvient de sa Mercédès, dans la production de Calixto Bieito, à l’Opéra-Bastille, en 2017. Après des figures mozartiennes abouties (Donna Elvira, Annio de La Clemenza di Tito, Dorabella, puis Cherubino), notre mezzo passe au premier rôle, confirmant sa progression vocale et dramatique. Une sensualité naturelle, qui s’exprime par un chant opulent, sans poitrinage ni gouaille. Micaëla se réinvente en Carmen, dont ce n’est plus l’exact contraire. La synthèse qu’en réalise Elena Galitskaya est pleinement aboutie. Le Don José est, aussi une prise de rôle d’un ténor russe, Georgy Vasiliev. Puissant, clair, au registre homogène, il séduit, d’autant que son français s’avère plus qu’acceptable. Signalons aussi le bel Escamillo de David Bizic, qui ne démérite pas. Les seconds rôles sont particulièrement appréciés dans les ensembles, animés, clairs, intelligibles, précis, quels que soient les tempi, parfois très rapides, imposés par la direction.
Quelques huées à l’équipe de réalisation viennent troubler les acclamations chaleureuses qui saluent les chanteurs.

 

 

 

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COMPTE-RENDU, opĂ©ra, DIJON, OpĂ©ra, auditorium, le 17 mars 2019. BIZET : Carmen. Perruchon / Klepper. Dennefeld, Vassiliev, Bizic, Galitskaia. CrĂ©dit photographique © Gilles Abegg – Bobrik – OpĂ©ra de Dijon

 

 
 

 

SAINT-ETIENNE, Opéra. BIZET : CARMEN. 12,14,16 juin 2019.

bizet-jeune-compositeurSAINT-ETIENNE, OpĂ©ra. BIZET : CARMEN. 12,14,16 juin 2019. Carmen, est selon la conception de son crĂ©ateur Georges Bizet, une bohĂ©mienne libre et sensuelle ; elle suit ses dĂ©sirs et sĂ©duit le trop faible brigadier Don JosĂ©. Mais ce dernier est dĂ©jĂ  fiancĂ© Ă  la (blonde) et plutĂ´t sage MichaĂ«lla… JosĂ© succombe, s’engage, se passionne pour la brune Ă©ruptive et explosive Carmen… Bien qu’il n’est jamais Ă©tĂ© en Espagne, Bizet offre une alternative exceptionnellement raffinĂ©e au wagnĂ©risme ambiant : il exprime Ă  travers l’histoire et le drame de MĂ©rimĂ©e, la sensualitĂ© ibĂ©rique, en une orchestration des plus ciselĂ©e. BientĂ´t Carmen dĂ©laisse son nouvel amant pour un autre, le torero viril et triomphant, Escamillo, un ĂŞtre de lumière qui contraste avec JosĂ©, âme rongĂ©e et mĂŞme dĂ©vorĂ©e par la culpabilitĂ©…

Créé en 1875 à la salle Favart, l’ouvrage n’intéresse personne, et choque même le bon bourgeois par l’inconvenance de son propos : la sensualité criminelle et sadique d’une Carmen… femme libre, sirène obscène, dominatrice qui change d’amants comme de chemises… Bizet offre un tout autre visage de la femme, a l’opposé des Elvira, Lucia, Leïla… parfois courageuses, toujours sacrifiées et suicidaires… En séparation avec Wagner, Nietzsche reconnaît chez Bizet, cette expressivité nouvelle, régénératrice, et tant attendue, le libérant des brumes empoisonnées de opéras wagnériens. De fait, l’opéra selon Bizet, ne manque ni de couleurs envoûtantes, ni de puissance tragique. A travers le drame de Carmen, femme émancipée, l’opéra est un chef d’oeuvre devenu mythe. L’exception visionnaire de tout l’opéra romantique français.

 

 

 

Carmen de BIZET à l’Opéra de SAINT-ETIENNE

Les 12, 14 juin Ă  20h et le 16 juin 2019 Ă  15h

RESERVEZ VOTRE PLACE

http://www.opera.saint-etienne.fr/otse/saison-18-19/saison-18-19//type-lyrique/carmen/s-497/

MER. 12 JUIN 2019, 20H

VEN. 14 JUIN 2019, 20H

DIM. 16 JUIN 2019, 15H

 

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LIVRET D’HENRI MEILHAC ET DE LUDOVIC HALÉVY

D’APRĂS CARMEN, UNE NOUVELLE DE PROSPER MÉRIMÉE

CRÉATION LE 3 MARS 1875 À PARIS (OPÉRA COMIQUE)

VERSION AVEC RÉCITATIFS DE GUIRAUD

Distribution :

DIRECTION MUSICALE : ALAIN GUINGAL

MISE EN SCĂNE : NICOLA BERLOFFA

CARMEN : ISABELLE DRUET

DON JOSÉ : FLORIAN LACONI

MICAËLA : LUDIVINE GOMBERT

ESCAMILLO : JEAN-KRISTOF BOUTON

FRASQUITA : JULIE MOSSAY

MERCÉDĂS : ANNA DESTRAĂ‹L

LE DANCAĂŹRE : YANN TOUSSAINT

LE REMENDADO : MARC LARCHER

ZUNIGA : JEAN-VINCENT BLOT

MORALĂS : FRÉDÉRIC CORNILLE

ORCHESTRE SYMPHONIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE

CHŒUR LYRIQUE SAINT-ÉTIENNE LOIRE

DIRECTION : LAURENT TOUCHE

MAĂŽTRISE DE LA LOIRE / DIRECTION : JEAN-BAPTISTE BERTRAND

SAINT-ETIENNE, Opéra. BIZET : CARMEN. 12,14,16 juin 2019

 

 

 

COMPTE-RENDU, critique, opéra. LYON, Opéra, le 27 mars 2019. TCHAIKOVSKI : L’Enchanteresse. Zholdak / D. Rustioni

COMPTE-RENDU, critique, opéra. LYON, Opéra, le 27 mars 2019. TCHAIKOVSKI : L’Enchanteresse. Zholdak / D. Rustioni. Jamais représenté en France, L’Enchanteresse est pourtant l’une des partitions les plus séduisantes de Tchaïkovski, composée entre Mazeppa et La dame de Pique. La direction électrisante de Daniele Rustioni et la mise en scène ingénieuse de Andriy Zholdak, servies par une distribution époustouflante ont magnifié la création française de cet opéra enchanteur.

On est d’abord ébloui par l’intelligence du dispositif scénique et la direction d’acteurs millimétrée. Sur scène, un montage vidéo représentant le moine Mamyrov nous introduit dans la narration du drame qui s’expose à travers un triple dispositif spatial : la reconstitution de l’intérieur d’une église, monumentale et impressionnante, une cabane typiquement russe, auberge tenue par l’Enchanteresse Nastassia, et sur la gauche une chambre bourgeoise où déambulent des convives interlopes. La luxuriance des décors est d’abord un atout idoine qui évoque avec bonheur l’âme et la culture russes. Une transposition moderne ou décalée eût été à tout le moins une faute de goût. Mettre en scène l’histoire tragique de cette Carmen russe (comparaison évoquée par le compositeur lui-même dans sa correspondance) offre une multitude d’interprétations, comme ce fut le cas encore récemment avec le chef-d’œuvre de Bizet.

La Carmen versus Tchaikovski
/ Théorème russe

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L’audace de la lecture de Zholdak souligne le charme vénéneux de la jeune veuve qui parvient, tel le héros du Théorème de Pasolini, à séduire tous les cœurs, du gouverneur, en passant par le prince Nikita et son fils le prince Youri, suscitant jalousies et trahisons, jusqu’à la mort tragique du fils du gouverneur. La vision du metteur en scène ukrainien semble réduire l’intrigue à la vision du prêtre qui, parfois par des moyens virtuels (le casque qu’il coiffe au début de l’opéra), dirige le déroulement de la diégèse augmentée d’un quatrième lieu, un salon blanc à Cour aux tonalités inquiétantes. Le propos global montre une évidente réactivation du concept de lutte des classes opposant la riche aristocratie à la vulgaire faune villageoise entre lesquelles apparaissent, en marge de l’intrigue, les expériences sexuelles d’un adolescent. On est ainsi pris entre une lecture objectivement virtuose et scéniquement efficace et un défaut d’émotions contredit par la musique d’une beauté souveraine et la qualité exceptionnelle des interprètes.

En premier lieu, le rĂ´le-titre est magistralement dĂ©fendu par l’enchanteresse Elena Guseva, au caractère bien trempĂ©, tout en faisant preuve d’une fragilitĂ© Ă©mouvante lors de son grand air du 3e acte (« Je t’ai ouvert mon âme »), magnifiĂ© par une projection maĂ®trisĂ©e et un timbre rond et puissant. Le prince Youri bĂ©nĂ©ficie des talents d’acteur de Migran Agadzhanian, tĂ©nor Ă  la fois solide et lumineux qui toujours fait merveille, y compris dans son admirable duo avec sa mère au second acte (« Je n’ai devant Dieu… »). La princesse Eupraxie est justement interprĂ©tĂ©e avec conviction et un naturel autoritaire confondant par la mezzo Ksenia Vyaznikova, sorte de Junon des Steppes au timbre de lave ; remarquable Ă©galement sa suivante Nenila, campĂ©e par Mairam Sokolova. Son mari, le prince Nikita trouve une belle incarnation avec le baryton Evez Abdulla, qui concentre avec superbe toutes les tares du petit despote local, veule, intransigeant, violent, enragĂ© (voir son air de dĂ©pit du 4e acte : « Les enfers se sont ouverts »). Quant Ă  l’espèce de dĂ©miurge que reprĂ©sente Mamyrov, il est merveilleusement incarnĂ© par Piotr Micinski, inquiĂ©tant Ă  souhait et Ă  l’émission vocale impeccable. Tous les autres rĂ´les secondaires mĂ©riteraient d’être citĂ©s (comme le vagabond PaĂŻssi de Vasily Esimov ou le sorcier Koudma de Sergey Kaydalov) et complètent magnifiquement une distribution sans faille.
Dans la fosse, Daniele Rustioni dirige avec force et précision l’Orchestre et les Chœurs de l’Opéra de Lyon (ces derniers n’interviennent qu’en coulisse) et rend justice à une partition luxuriante, à la durée quasi wagnérienne, qui fait enfin son entrée dans le répertoire français.

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COMPTE-RENDU, critique, opéra. LYON, Opéra, le 27 mars 2019. TCHAIKOVSKI : L’Enchanteresse. Evez Abdulla (Prince Nikita), Ksenia Vjaznikova (Princesse Eupraxie), Migran Agadzhanyan (Prince Youri), Piotr Micinski (Mamyrov), Mairam Sokolova (Nenila), Oleg Budaratskij (Ivan Jouran), Elena Guseva (Nastassia), Simon Mechlinski (Foka), Clémence Poussin (Polia), Daniel Kluge (Balakine), Roman Hoza (Potap), Christophe Poncet de Solages (Loukach), Evgeny Solodovnikov (Kitchiga), Vasily Efimov (Païssi), Sergey Kaydalov (Koudma), Tigran Guiragosyan (Invité), Andriy Zholdak (mise en scène, lumières et décors), Simon Machabeli (costumes), Étienne Guiol (Vidéo), Georges Banu (Conseiller dramaturgique), Christoph Heil (Chef des chœurs), Orchestre et Chœurs de l’Opéra de Lyon / Daniele Rustioni, direction / illustrations : © Stofleth

L’Enchanteresse de Tchaikovski, ou la Carmen russe

FRANCE MUSIQUE, Dim 14 avril 2019, 20h. TCHAIKOVSKI : L’Enchanteresse. Les dĂ©couvertes d’œuvres rares de compositeurs pourtant archiconnus sont elles aussi exceptionnelles et cette Enchanteresse de l’auteur de Casse Noisette, Eugène OnĂ©guine (1879), La Dame de pique (1890), demeure une rĂ©vĂ©lation majeure de ces dernières semaines. ReprĂ©sentĂ© en mars 2019 Ă  l’OpĂ©ra de Lyon, l’opĂ©ra de Piotr Illiytch en 4 actes, est inspirĂ© de la pièce Ă©ponyme de Ippolit Chpajinski

tchaikovski Pyotr+Ilyich+Tchaikovsky-1L’exceptionnel ouvrage L’Enchanteresse (1887) reste étrangement méconnu ; c’est le 9è opéra de Tchaïkovski, composé juste avant sa Cinquième Symphonie. n’est plus joué aujourd’hui. A torts. Anvers l’avait récemment mis à l’honneur (2011). C’est le tour de Lyon qui souligne combien la durée de la partition (3h) est proportionnelle à sa qualité : le plus long opéra de Tchaikovsky exige des chanteurs de qualité (trop nombreux ?) et des effets scéniques à l’envi (danses et chasse au IV) : d’où la difficulté pour le monter. Car en sorcier de l’orchestration et d’un raffinement de timbres inouï, Tchaikovski ne cesse d’envoûter. C’est à cette source fantastique et dramatique passionnante que s’abreuve le jeune Rachmaninov, auteur lui aussi d’opéras (de jeunesse : tels Francesca da RImini, Le Chevalier Ladre…), actuellement totalement oubliés.
Le sujet cible l’amour et sa force irrésistible agissant comme un aimant. Tchaikovski souhaitait concevoir dans le sillon de Bizet, une Carmen russe, dénommée Nastassia, ou « Kouma ». Tenancière, elle revêt bien des aspects qui enchantent et fascinent tous les hommes prêts à la suivre, dont le Prince Nikita Kourliatev qui en paiera le prix fort lui aussi…

Dans cette production lyonnaise, les spectateurs avaient pu constater le parti du metteur en scène russe Andriy Zholdak soucieux de mettre en avant le personnage ailleurs secondaire du clerc Mamyrov qui dirige les épisodes de l’action, de France en Russie… L’espace est régulièrement divisé en 3 parties comme un retable sacré, permettant l’interaction de situations simultanées, mais parfois confuses. L’hypocrisie sociale est de mise, permettant sous les masques, la réalisation des turpitudes et des fantasmes (sexuels : les guerrières nippones provenant directement d’un manga érotique…) les plus scabreux.
Pour autant, Zholdak montre rapidement quelques limites avec une propension à en faire trop, signifiant et sur-signifiant la moindre intention musicale, y compris dans certaines scènes où le livret tient la route (tel l’affrontement déjà cité entre les époux au II). Il n’évite pas, aussi, certaines redondances fatigantes à la longue et pas toujours très lisibles – notamment la présence des guerrières japonaises sexy façon manga, trop souvent sollicitée. Plus grave, avec des lieux peu pertinents par rapport à l’action, il semble peu inspiré lors des deux derniers actes, donnant une furieuse impression de tourner en rond par rapport à la première partie de soirée.

La Carmen russe

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enchanteresse tchaïkovski opera de lyon critique classiquenewsLa distribution elle est sans défaut, y compris les « seconds rôles » / comprimari : la Nastassia d’Elena Guseva (Nastassia) déploie chaleur de timbre, expressivité mordante, sens dramatique insolent. En princesse Romanovna, Ksenia Vyaznikova s’impose elle aussi par sa présence et son acuité musicale. Les hommes sont un peu moins convaincants hélas… mais sans démériter cependant. Question de justesse et d’autorité scénique. C’est le cas du chant tendu mais racé d’Evez Abdulla (le prince Kourliatev) ; de Migran Agadzhanyan qui défend le rôle de Youri (fils du prince) honnêtement sans plus. En fosse, Daniele Rustioni pilote l’Orchestre de l’Opéra de Lyon avec énergie, à défaut de réelles nuances. La fièvre « fantastique » de l’opéra de Tchaikovski y gagne un magnétisme évident. Enfin on salue avec insistance le nez et l’audace de l’Opéra de Lyon d’élargir le répertoire lyrique par la conquête de pièces méconnues qui se révèlent captivantes après leur (re)création en France : en 2018 furent produites les créations du Cercle de Craie (Zemlinsky) et de Germania d’Alexander Raskatov… / Illustration : L’enchanteresse à Lyon en mars 2019 / (© Bertrand Stofleth)

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TCHAIKOVSKI : L’Enchanteresse, opéra.
Piotr Ilyitch TchaĂŻkovski : TcharadieĂŻka

Evez Abdulla, baryton : Gouverneur de Nijni Novgorod
Ksenia Vyaznikova, mezzo-soprano : Princesse Eupraxie Romanovna, sa femme
Migran Agadzhanyan, ténor : Youri, leur fils
Piotr Micinski,basse : Mamyrov, vieux clerc
Mayram Sokolova, mezzo-soprano : Nenila, sa soeur, suivante de la princesse
Oleg Budaratsky, basse : Ivan Jouran, maître de chasse du prince
Elena Guseva, soprano : Nastassia (surnommée Kouma), aubergiste
Simon Mechlinski, baryton : Foka, son oncle
Clémence Poussin, mezzo-soprano : Polia, amie de Kouma
Daniel Kluge, ténor : Balakine, marchand de Nijni-Novgorod
Roman Hoza, baryton : Potap, fils de marchand
Christophe Poncet de Solages, ténor : Loukach, fils de marchand
Evgeny Solodovnikov : basse, Kitchiga, lutteur
Vasily Efimov, tĂ©nor : PaĂŻssi, errant sous l’apparence d’un moine
Sergey Kaydalov, baryton : Koudma, sorcier
Tigran Guiragosyan, ténor, invité
Choeur de l’OpĂ©ra de Lyon dirigĂ© par Christoph Heil
Orchestre de l’OpĂ©ra de Lyon
Direction : Daniele Rustioni
Andriy Zholdak (mise en scène, décors, lumières)

Compte rendu, opéra. Marseille, Dôme, le 5 juin 2016. Bizet : Carmen. Marie Kalinine. Jacques Chalmeau, Richard Martin

Compte rendu, opéra. Marseille, Dôme, le 5 juin 2016. Bizet : Carmen. Marie Kalinine. Jacques Chalmeau, Richard Martin. Les défis d’une production. Le pari était de taille : celle, démesurée, du Dôme. La réussite est à cette mesure ou démesure. Les défis : une œuvre fétiche, une salle, un plateau immenses, un nombre impressionnant de cent-vingt choristes et soixante enfants s’ajoutant aux chanteurs, acteurs, sur scène et un nombre nourri de spectateurs pour un financement sous-alimenté frôlant le zéro à cette échelle, n’était-ce la généreuse participation de l’Opéra de Marseille qui sent bien dans cette entreprise de l’Opéra Studio Marseille Provence de populariser l’art lyrique un moyen d’y attirer des gens qui n’y viennent pas ; former les futurs spectateurs par l’intéressement volontaire au projet des lycées et centres de formation professionnelle comme l’an dernier pour la miraculeuse Flûte enchantée qui charma un public nouveau médusé et respectueux, souvent des parents, plongés dans le cœur de la création pendant les mois où leurs enfants avaient participé, sous la direction de maîtres à saluer, à la conception des décors, des costumes, sous l’œil bienveillant du chaleureux Richard Martin qui en signait une magique mise en scène sous la baguette du même Jacques Chalmeau, qui dirigeait déjà la Philharmonie Provence Méditerranée, soixante et dix musiciens en fin de cursus dans les conservatoire de région, auxquels on offre une belle expérience professionnelle.

 

 

 

carmen duo marseille

 

 

Défis de Carmen

 

Ce noble désir de populariser sans démagogie l’opéra, modeste en moyens mais ambitieux dans ses vœux, était riche d’un fastueux plateau de niveau national et international. Les deux compères, à la scène et à la fosse, Martin et Chalmeau, se retrouvaient donc de nouveau pour cette aventure d’autant plus périlleuse que Carmen est une œuvre patrimoniale, sacralisée et popularisée, qu’on ne touche jamais sans risquer de heurter un public qui a fait d’une œuvre publique une propriété personnelle. Autre risque supplémentaire, déconcerter des connaisseurs : par un minutieux travail de recherche d’archives en bibliothèque, Jacques Chalmeau nous offrit le luxe d’une édition critique originale de la partition de Carmen, telle qu’elle fut créée, selon lui, le 3 mars 1875 à l’Opéra-Comique, allégée d’ajouts, allongée de passages supprimés. On ne peut que saluer cette belle initiative musicologique, même si nous pouvons aussi la questionner plus bas.

 

 

Réalisation et interprétation

 

Remplir l’immense plateau sans effet grossier de remplissage n’Ă©tait pas le moindre dĂ©fi relevĂ© par Martin. Il le meuble sans l’encombrer et l’intelligente et sobre scĂ©nographie de Floriande Montardy ChĂ©rel joue le jeu avec une simplicitĂ© qui rejoint le naturel Ă©vident de cette production sans maniĂ©risme : Ă  jardin, au fond, des structures Ă©voquant vaguement, autant qu’on puisse juger dans des lumières vagues, des murs —sans doute ceux de l’usine, la manufacture de tabac— peut-ĂŞtre des remparts, ceux de SĂ©ville oĂą se nichera la taverne de Lillas Pastia, sur lesquels apparaĂ®tra enfin Carmen, juchĂ©e, perchĂ©e, intronisĂ©e physiquement mais avec dĂ©sinvolture, sur cette hauteur : la hautaine gitane ironique, les hommes Ă  ses pieds cherchant vainement Ă  l’atteindre, est d’entrĂ©e signalĂ©e on dirait par son altitude, une Ă©chelle littĂ©ralement supĂ©rieure par sa beautĂ© au reste des femmes, bien au-dessus du troupeau des hommes qu’elle domine par son intelligence. Quelques cubes, des murets au centre seront aussi banc de repos pour la pause des cigarières, pour des mères de famille, des grand-mères promenant le landau de la progĂ©niture, ou, Ă  cour, socle ou siège, pour les soldats, des gendarmes français des annĂ©es d’après-guerre oĂą se dĂ©roule ici l’action : forum antique d’une SĂ©ville au long passĂ© romain, agora marseillaise d’une PhocĂ©e grecque, bref, vaste place, piazza ou plaza mĂ©diterranĂ©enne « oĂą chacun passe, chacun va », s’offrant en spectacle et commentaire Ă  tous les autres, toujours tĂ©moins de la comĂ©die et des drames en plein air, grand marchĂ© avec marchande des quatre saisons, Ă©tals de ventes diverses, une carriole avec des oranges des vergers andalous. Et, en fond, en graphismes scalènes par les vidĂ©os suggestives de Mathieu Carvin, les toitures anguleuses d’un quartier ouvrier avec la verticale des cheminĂ©es en briques, et les grandes fenĂŞtres hagardes de la manufacture de tabac, sans doute celle, marseillaise, de la Belle-de-mai, parfois traversĂ©es d’ombres chinoises. D’autres projections, dans des lumières oniriques, dessineront des Ă©pures mouvantes, linĂ©aires, presque abstraites, de paysages urbains ou montagnards : la technique d’aujourd’hui pour Ă©voquer et Ă©viter les lourds dĂ©cors d’autrefois.
Sans faste inaccessible Ă  ce monde ouvrier sauf pour les danses gitanes de la taverne, les costumes de Gabriel Massol et Didier Buro jouent avec justesse la mode des annĂ©es 50, tabliers de travail des femmes sur les blouses simples, d’oĂą se distinguent quelques robes Ă  volants des BohĂ©miennes, suggĂ©rant subtilement, sinon la lutte des classes, celles des ethnies affrontĂ©es. DĂ©tail touchant : Ă  la pause de la Manufacture, les ouvrières s’empressent d’allumer la cigarette mais une mère se presse, se prĂ©cipite pour en profiter pour donner le sein Ă  son enfant que gardait la mĂ©mĂ©.
Un camion joyeusement traĂ®nĂ© par les enfants de la garde montante, des gendarmes boutonnĂ©s jusqu’au col, l’armĂ©e gardienne de l’ordre et des travailleurs traverse ostensiblement, occupe l’espace et, groupe inquiĂ©tant de noirs corbeaux immobiles Ă  cour et Ă  jardin, deux chĹ“urs de prĂŞtres : l’Église, l’autre pilier d’un Ă©tat rĂ©pressif de fonctionnaires comme une oppressante famille qui fonctionnait comme l’Ă©tat, celle de Don JosĂ© avec la Mère et ses principes au centre, Mère Patrie et Mère Église, Travail, Famille, Patrie. Vichy n’Ă©tait pas loin et la LibĂ©ration, de passage au fond, peut ĂŞtre incarnĂ©e par la gitane libertaire et ses anarchiques hors-la-loi. On sait grĂ© Ă  Richard Martin, dont on connaĂ®t la fibre, d’avoir soulignĂ© cette prĂ©sence inquiĂ©tante, non de la religion qui peut aussi libĂ©rer, mais d’une Ă©crasante Église espagnole toujours au service des puissants : je rappellerai que l’Espagne, loin avoir Ă©crasĂ© « l’infâme » voltairien, après la parenthèse libĂ©rale due Ă  la RĂ©volution française, l’avait vue revenir, plus puissante et arrogante que jamais, avec le rĂ©tablissement mĂŞme de l’Inquisition, Ă  l’Ă©poque de cette Carmen, dans les bagages de Ferdinand VII, le pire monarque de son histoire, que les « 100 000 fils de Saint Louis », l’armĂ©e envoyĂ©e par la France et saluĂ©e par Chateaubriand, avait restaurĂ© sur son trĂ´ne, assis dĂ©jĂ  sur le massacre et l’exil des libĂ©raux, comme fera, exactement un siècle plus tard le gĂ©nĂ©ral bigot Franco. Et je ne puis m’empĂŞcher de voir, dans ce dĂ©risoire et luxueux trĂ´ne de procession portĂ© dans sa vacuitĂ© triomphale dans le grotesque dĂ©filĂ© final des toreros, piètres hĂ©ros d’un peuple asservi aux jeux de cirque sans pain, une allĂ©gorie de la sinistre mascarade franquiste qui se pavanait encore aux jours oĂą Martin situe l’action.
Les masques goyesques de sinistre carnaval tauromachique, le ridicule char de triomphe d’un Escamillo attifĂ© de grotesque façon, dĂ©noncent aussi clairement l’imposture de l’hĂ©roĂŻsme de farce d’une corrida oĂą le sadisme des spectateurs paie pour applaudir le sang versĂ©, pour acclamer en direct la torture et le meurtre d’une vie : « Viva la muerte ! », ‘Vive la mort !’, le cri mĂŞme du fascisme espagnol. Ce mĂŞme public qui fera cercle pervers, avide du spectacle sanglant, mais immobile et indiffĂ©rent au drame qu’il n’empĂŞchera, pas autour de l’estocade finale de Don JosĂ© Ă  Carmen : dans ou hors de l’arène, la mĂŞme soif de sang.
La nĂ©cessaire sonorisation des solistes, du moins Ă  la première, pose un problème de rĂ©glage spatial : les voix du fin fond de la scène, ou des coulisses pour Escamillo et Don JosĂ©, paraissent plus grosses que lorsqu’elles sont devant oĂą elles retrouvent un volume plus acceptable. Les vifs dĂ©placements des personnages du dĂ©licat quintette, perturbant les volumes sont cause sans doute aussi d’une impression de dĂ©calage. La joyeuse chorale turbulente des enfants, avec cette distance et ce mouvement, Ă©tait difficile Ă  tenir Ă  la baguette. Les chĹ“urs, statiques, sonnent bien tout naturellement, emplissant l’espace, tout comme l’orchestre finement tenu par Chalmeau qui, avec une dĂ©votion respectueuse, suit Ă  la lettre les subtiles indications de dynamique et de nuances de volume de Bizet, parfaitement suivi par sa phalange.
L’autre problème est le choix, discutable, au prĂ©texte de fidĂ©litĂ© originelle, de la version OpĂ©ra-comique de Carmen : les passages parlĂ©s imposent aux chanteurs un dĂ©placement fatigant de la voix qui n’est pas toujours heureux, sans compter le jeu théâtral diffĂ©rent du lyrique. Seules les voix graves, en gĂ©nĂ©ral parlent et chantent sur la mĂŞme tessiture et le Zúñiga plein d’Ă©lĂ©gance de la basse FrĂ©dĂ©ric Albou, Ă  partir d’un sol ou fa, garde la mĂŞme Ă©gale et belle couleur sombre dans sa parole ou chant. Le handicap du texte parlĂ© ne se pose pas pour les truculents et picaresques comparses, fripons fripĂ©s, pendards Ă©videmment pendables, Jean-NoĂ«l Tessier, joli tĂ©nor, le Remendado, et Mickael Piccone, baryton, le DancaĂŻre, qui assument allègrement la part opĂ©ratique comique de l’Ĺ“uvre. Ce versant presque opĂ©rette Ă©tait annoncĂ© par l’air restituĂ© ici Ă  Morales, excellemment interprĂ©tĂ© par le baryton Benjamin Mayenobe, une histoire vaudevillesque saugrenue, d’ailleurs soulignĂ©e par la projection d’un Guignol.
Autre retour Ă  la version originale, le changements de tessiture de Mercedes, redevenue ici soprano lĂ©ger, dĂ©licieusement et malicieusement incarnĂ©e par Sarah Bloch, avec sa digne complice en frasques, Frasquita, au timbre doucement voluptueux de la mezzo HĂ©lène Delalande. Seule « étrangère » de cette distribution française, la soprano armĂ©nienne Lussine Levoni est autant une Micaela Ă©trangère au monde grouillant sĂ©villan et gitan qu’elle est intĂ©grĂ©e lyriquement dans un rĂ´le français qu’elle sert avec une voix tendre mais ferme, Ă©gale sur toute sa tessiture. Le baryton Cyril Rovery, se tirant sans difficultĂ© de l’air ardu du torĂ©ador qui nĂ©cessite autant de grave que d’aigu, les chanteurs sacrifiant en gĂ©nĂ©ral le premier pour faire sonner le second, d’une voix Ă©gale, campe un Escamillo certes ostentatoire mais plein de panache, avantageux et gĂ©nĂ©reux de son athlĂ©tique personne, vrai star qui ose un strip, lançant spectaculairement son dĂ©bardeur aux fans, aux femmes, et l’on est heureux qu’il offre la beautĂ© de sa plastique aux dames et Ă  l’envie des hommes plutĂ´t qu’Ă  une brave bĂŞte de taureau qui n’en a rien Ă  faire.
Don JosĂ©, c’est le Marseillais international Luca Lombardo, qui a chantĂ© le rĂ´le dans le monde entier, incarnant et dĂ©fendant le beau chant français. Il unit, Ă  un physique d’homme mĂ»r, blessé par l’existence, la fraĂ®cheur juvĂ©nile d’une voix comme une nostalgie dĂ©chirante de la jeunesse qui rend plus poignant son Ă©moi devant la jeunesse et la beautĂ© de Carmen. C’est une autre dimension humaine du personnage qu’il apporte Ă  l’Ĺ“uvre, une vĂ©ritĂ© passionnelle qui n’est pas simplement l’incompatibilitĂ© ironisĂ©e par la gitane entre le chien soumis gardien de l’ordre et le loup Ă©pris de liberté : l’homme accrochĂ© Ă  une jeunesse qu’il poignarde, cloue d’un couteau faute de pouvoir la fixer. Ligne de chant, tenue de souffle, sa voix se plie au nuances et nous offre l’aigu de l’air de la fleur en un pianissimo doucement douloureux, voulu par Bizet, que les tĂ©nors n’osent jamais en scène.

 

 

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Digne objet de ses vĹ“ux, allure, figure, jeunesse, Marie Kalinine, dans la tradition dĂ©poussiĂ©rĂ©e par les grandes interprètes espagnoles du rĂ´le comme Los Ăngeles ou Berganza, est une Carmen de grande classe, non de classe supĂ©rieure aristocratique, mais de la noblesse innĂ©e gitane, ouvrière, cigarière, contrebandière, mais en rien roturière ou ordurière, ce n’est pas une cagole marseillaise. Comme dans MĂ©rimĂ©e, elle se fera castagnettes des dĂ©bris d’une assiette qu’elle casse pour accompagner sa danse, et qu’elle rejette ensuite avec dĂ©dain. Carmen, en latin et en espagnol signifie ‘charme’, sortilège : elle est l’intelligence de la femme qui toujours fut suspecte, d’Ăve aux sorcières auxquelles l’assimile d’emblĂ©e le timorĂ© Don JosĂ© pour se justifier et s’innocenter de sa folle passion. VeloutĂ© colorĂ© de la voix, grave profond sans effet vulgaire de poitrine, elle joint, Ă  l’Ă©lĂ©gance de la silhouette celle du timbre d’une voix aisĂ©e sur toute la tessiture, un jeu tout en finesse, sans effet, qui rend plus terrible, celui comme un coup de poignard qu’elle assène Ă  JosĂ© d’un murmure cruel : « Non, je ne t’aime plus», allant au devant de son suicide.
Mère et fille, sĹ“urs par la beautĂ© Ă©gale de leur silhouette, les chorĂ©graphes et danseuses flamencas MarĂ­a et Ăve PĂ©rez, assurent et assument la vĂ©ritĂ© andalouse d’une Carmen que nombre d’Espagnols, en dehors des emprunts (Iradier) et inspirations (Manuel GarcĂ­a) de Bizet, sentent comme vraiment espagnole.

Version originale de Carmen? Tout en saluant le travail musicologique de Chalmeau pour revenir Ă  l’original de la crĂ©ation, on se permettra quelques remarques. D’abord, les textes parlĂ©s ne sont pas donnĂ©s, heureusement, in extenso. MĂŞme coupĂ©s, ils n’apportent pas grand chose sauf un dĂ©tail de la vie de JosĂ© qui a fui la Navarre après un drame d’honneur, un duel sans doute, et sont bien moins bons que les rĂ©citatifs concis et bien frappĂ©s de Guiraud. Les pages orchestrales rĂ©tablies sont naturellement belles mais leur lĂ©gèretĂ©, Ă  une première et seule Ă©coute, tire encore l’Ĺ“uvre vers le versant OpĂ©ra-Comique et l’air rajoutĂ© de Morales, cette comique histoire de cocu, la fait sombrer, avec le pendant du quintette des contrebandiers, franchement vers l’opĂ©rette. Bizet fut sans doute avisĂ© de les couper et, sans nier le plaisir de la curiositĂ©, il n’y a sans doute pas lieu de sacraliser la première d’un spectacle vivant toujours appelĂ© Ă  bouger : l’intĂ©rĂŞt historique n’est pas forcĂ©ment esthĂ©tique. Figaro s’Ă©tait “mis en quatre”, selon l’expression de Beaumarchais pour plaire car la version en cinq actes de la première fut un Ă©chec ; Mozart fit un deuxième air pour son Guglielmo de CosĂ­, plus court, et on ne chante pratiquement jamais le premier, sans compter les retouches d’autres Ĺ“uvres ; on sait aussi ce qu’il advint du Barbier de Rossini Ă  la première ; Bizet aussi, de son vivant, retoucha le sien.Verdi n’a cessĂ© de remanier ses opĂ©ras.
Par ailleurs, si c’est lĂ  la version originale, on s’Ă©tonne de ne pas trouver la habanera initialement Ă©crite par Bizet (enregistrĂ©e en « plus » par Michel Plasson dans un enregistrement) puisque il abandonna cette mouture et emprunta ce qui est devenu « L’amour est enfant de Bohème… » au plaisant duo entre un sĂ©ducteur crĂ©ole et une jolie mulâtresse, El arreglito de Sebastián Iradier, qu’il cite, musicien espagnol professeur de l’ImpĂ©ratrice EugĂ©nie de Montijo, connu universellement par son autre habanera, La paloma.

 

 

 

Compte rendu critique, opéra. Marseille, Dôme, le 5 juin 2016. Bizet : Carmen. La Philharmonie Provence Méditerranée, le Chœur Philharmonique et le Chœur Amoroso du CNRR de Marseille sous la direction musicale Jacques Chalmeau.

Mise en scène et lumières : Richard Martin.
ScĂ©nographie : Floriande Montardy ChĂ©rel ; costumes : Gabriel Massol et Didier Buro. VidĂ©o : Mathieu Carvin / Char et le costume d’Escamillo : Danielle Jacqui.

Distribution
Carmen : Marie Kalinine ; Micaela : Lussine Levoni ; Mercédès: Sarah Bloch ; Frasquita : Hélène Delalande ; Don José : Luca Lombardo ; Escamillo : Cyril Rovery ; Morales : Benjamin Mayenobe ; le Dancaïre : Mickael Piccone ; le Remendado : Jean-Noël Tessier ; Zúñiga Frédéric Albou
Ana Pérez et Marie Pérez : chorégraphie et danse flamenco.

 

Photos : © Frédéric Stephan

 

 

Tombooks : chanter chez soi Carmen avec le chĹ“ur et l’orchestre

carmen-tombooks-partition-interactive-pour-chant-carmen-bizet-partition-pour-chantL’Ă©diteur Tombooks invente la partition interactive pour la voix. Chantez chez vous, La Habanera de Carmen avec l’orchestre et le choeur. Sing Bizet – Habanera, Carmen (partition interactive de chant). L’éditeur Tombooks inaugure sa collection de partitions interactives pour chant en Ă©ditant la cĂ©lèbre Habanera de l’opĂ©ra de Georges Bizet (1875) : Carmen. Chantez ainsi dans votre salon l’air le plus fameux de l’ouvrage de Bizert, avec l’orchestre et le choeur.

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Chantez la Habanera de Carmen avec l'orchestre et le chœur !

Chantez la Habanera de Carmen avec l’orchestre et le chĹ“ur !

Compte rendu, opéra. Peralada, festival (Catalogne espagnole). 4Carmen, création. Mardi 5 août 2015. Avec Marta GARCÍA CADENA, Néstor PINDADO, Toni VIÑALS, chant. Alfredo ARMERO, piano. Àlex RODRÍGUEZ FLAQUÉ, violoncelle. Marc Rosich, mise en scène. Mischa Tangian et Helena Tornero (Carmen 1), Carles Pedragosa et Jordi Oriol (Carmen 2), Clara Peya et Marc Angelet (Carmen 3), Lucas Peire et Marc Artigau (Carmen 4)

peralada 2015Le château casino de Peralada en Catalogne espagnole (Ă  deux pas de la frontière française par le Perthus), est certes une destination rĂŞvĂ©e par le charme vĂ©gĂ©talisĂ© de son superbe domaine privĂ© ; il s’est surtout taillé depuis des dĂ©cennies, une très solide et lĂ©gitime rĂ©putation comme temple lyrique incontournable, accueillant chaque Ă©tĂ©, en aoĂ»t, les solistes en vogue qui pratiquent ici (entre autres) l’exercice intimiste du rĂ©cital chambriste ; ainsi avant notre prĂ©sence, les grandes voix masculines s’y sont illustrĂ©es  : les Lohengrin contrastĂ©s / opposĂ©s (complĂ©mentaires?) tels Jonas Kaufmann et Klaus Florian Vogt (rien de moins), sans omettre le pĂ©ruvien rossinien Juan Diego Florez ou encore la soprano vedette, Diana Damrau. … l’opĂ©ra n’est pas en reste sur la vaste scène amĂ©nagĂ©e dans le parc (cette annĂ©e, pour sa 29ème Ă©dition, c’Ă©tait l’Otello de Verdi avec le trio Gregory Kunde, Eva Maria Wetbroeck et Carlos Alvarez) ;  ni comme ce soir les nouvelles oeuvres, telle cette crĂ©ation, commande du festival très habilement conçue malgrĂ© la disparitĂ© des mains qui y ont participĂ© : pas moins de quatre compositeurs, -tous inspirĂ©s et rĂ©unis autour du thème de Carmen. Il en dĂ©coule une soirĂ©e atypique sous la voĂ»te Ă©toilĂ©e et par une chaleur quasi caniculaire :” 4Carmen Opera contemporaine” selon le titre (en catalan) affichĂ©.

 

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Création lyrique au festival catalan de Peralada

Performances d’acteurs : Carmen forever

Qui est Carmen? On serait tentĂ© de reformuler la question au regard du spectacle de 1h30 : quelles chances l’opĂ©ra a-t-il offert  Ă  la cigarière pour ĂŞtre rĂ©ellement comprise comme femme? Force est de constater que l’icĂ´ne de la libertĂ© fĂ©minine se heurte Ă  une incomprĂ©hension masculine Ă  rĂ©pĂ©tition.
Ailleurs (Ă  Paris), en fĂ©vrier 2014, le dramaturge et Ă©crivain Eric Emmanuel  Schmitt s’Ă©tait posĂ© la question Ă  son tour non sans pertinence (lire notre compte rendu du spectacle “le mystère Bizet”, Paris, Salle Gaveau, le 14 fĂ©vrier 2015), et lui aussi par le biais d’un spectacle inĂ©dit dont il avait Ă©crit le scĂ©nario mais qui utilisait alors les airs originaux de Bizet.

 

peralada 4carmen festival peralada compte rendu review presentation 2015 CLASSIQUENEWSA Peralada, l’enjeu est tout autre … C’est d’abord une rĂ©alisation théâtrale qui s’appuie sur les capacitĂ©s de trois talents plutĂ´t convaincants ; un spectacle au cours duquel Carmen traverse des situations diverses structurĂ©es en 4 Ă©pisodes (Passion, mort et douleur ; Carmen aux enfers ; Restaurant Carmen ; Autopsie)… Elle semble d’abord condamnĂ©e Ă  ĂŞtre tuĂ©e par un Don JosĂ© plus machiste et possessif que jamais et qui d’ailleurs a troquĂ© sa tessiture originelle de tĂ©nor pour un baryton sombre et tourmentĂ©;  ainsi Carmen y Ă©prouve la mort, comme une scène primitive, rĂ©pĂ©titive et inĂ©luctable, face Ă  un JosĂ© prĂŞt Ă  la violenter sans mĂ©nagement (dĂ©nonciation des violences faites aux femmes) : Carmen ne serait-elle pas justement ce corps destinĂ© Ă  la barbarie et la torture puis la mort ? La vision mĂ©rite rĂ©flexion ;  puis la lolita sensuelle accueille sur le piano central et avec dĂ©lices, les assauts d’un Escamillo excitĂ© en serveur dominateur d’opĂ©rette, dans une scène  de cabaret dĂ©jantĂ© oĂą le dĂ©lire impose la principale qualitĂ© de la production : le sens de la performance partagĂ©e par les 3 chanteurs/acteurs, lesquels savent ĂŞtre parfaitement complices selon le caractère de chaque sĂ©quence : saluons en particulier la figure passionnante du tĂ©nor Toni Viñals (nĂ© Ă  Barcelone en 1978)  : expressivitĂ© affĂ»tĂ©e, voix mordante et tranchante, profile fluide et vivace, vraie nature scĂ©nique Ă  la Monty Python.
Enfin,  selon nous le meilleur tableau par sa profondeur  et sa justesse tragique : le corps  de Carmen morte dans une salle d’autopsie. Inerte mais consciente, la pauvre victime chante sa profonde solitude, une incomprĂ©hension fondamentale aussi qui la rend dĂ©finitivement Ă©trangère aux deux hommes que l’opĂ©ra lui inflige. .. JosĂ© et Escamillo. Que cette hĂ©roĂŻne souffre d’ĂŞtre ainsi tourmentĂ©e, incomprise, manipulĂ©e. Depuis Bizet, aucun partenaire qui la connaisse rĂ©ellement …. sauf le spectateur finalement touchĂ© par cette figure de femme amoureuse insatisfaite qui souffre beaucoup mais rit trop peu. Comme un lieto final des plus rĂ©jouissants, Carmen prend finalement sa revanche et finit par tuer sur la table d’opĂ©ration, celui qui n’avait cessĂ© de la brutaliser, JosĂ© en professeur en blouse blanche.

MalgrĂ© l’absence dommageable de surtitres qui auraient grandement aidĂ© Ă  la comprĂ©hension de toutes les nuances des quatre  livrets  (combinant l’anglais,  l’espagnol et, localitĂ© oblige : le catalan Ă©videmment), on suit pas Ă  pas cette rĂ© appropriation satirique / comique de la Carmen de Bizet.
Les amateurs ont peut ĂŞtre Ă©tĂ© déçus car ils chercheront en vain un air de l’ouvrage originel de Bizet. Mais les amoureux d’un théâtre musical portĂ© par le jeu captivant des trois acteurs chanteurs auront Ă©tĂ© saisis par la libertĂ© de ton, les dĂ©fis d’une relecture riche en pĂ©ripĂ©ties parodiques, d’autant mieux exploitĂ©s dans l’Ă©crin du magnifique cloĂ®tre de Peralada dont la sobriĂ©tĂ© du cadre laisse toute visibilitĂ© aux mouvements des solistes, parfois finement chorĂ©graphiĂ©s  (dans les joutes où s’affrontent les deux hommes en particulier).

Aux cĂ´tĂ©s des solistes deux seuls instrumentistes assurent la tension musicale des quatre Ă©pisodes fondamentaux: le formidable violoncelliste Alex Rodriguez FlaquĂ© et le pianiste Alfredo Armero, heureux partenaires et tout autant acteurs, d’une crĂ©ation qui a pleinement dĂ©fendu sa place dans la très riche programmation du festival catalan de Peralada. RĂ© Ă©crire la tragĂ©die comĂ©die de Carmen, mythe andalou mis en opĂ©ra par le français Bizet ici au coeur de la Catalogne espagnole est un dĂ©fi inĂ©dit qui ne peut que susciter la curiositĂ©. Le rĂ©sultat est loin de dĂ©mĂ©riter : la prestation coproduite avec le concours des Ă©quipes techniques et artistiques d’Opera de Butxaca i Nova CreaciĂł (OBNC),  rappelle Ă  ceux qui l’oublient souvent que l’opĂ©ra c’est du chant et aussi du théâtre ; il ouvre mĂŞme une brèche fertile pour l’Ă©quilibre artistique du plus lyrique des festivals estivaux de Catalogne.

 

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Compte rendu critique, opéra. Peralada, festival (Catalogne espagnole). 4Carmen, création. Mardi 5 août 2015. Avec Marta GARCÍA CADENA, Néstor PINDADO, Toni VIÑALS, chant. Alfredo ARMERO, piano. Àlex RODRÍGUEZ FLAQUÉ, violoncelle. Marc Rosich, mise en scène. Mischa Tangian et Helena Tornero (Carmen 1), Carles Pedragosa et Jordi Oriol (Carmen 2), Clara Peya et Marc Angelet (Carmen 3),  Lucas Peire et Marc Artigau (Carmen 4).

Compte rendu, opéra. Orange, Chorégies. Bizet : Carmen. Le 14 juillet 2015. Orchestre Philharmonique de radio France. Chœurs des Opéras d’Angers-Nantes, du Grand Avignon et de Nice. Maîtrise des Bouches-du-Rhône. Direction musicale : Mikko Franck. Mise en scène, décors, costumes : Louis Désiré.

5 carmen_philippegromelle2Les Espagnols, nous ne détestons rien tant que l’interprétation hyper coloriste de notre couleur locale, surtout de cette Andalousie que, par une synecdoque abusive autrefois imposée par le franquisme, on a longtemps donnée comme la partie pour le tout d’une Espagne plurielle et diverse. Aussi applaudit-on à cette vision de Carmen, épurée d’espagnolisme de façade, d’espagnolade pour caricaturales « fiestas » bachiques et sanglantes, que nous offre la mise en scène de Louis Désiré, dont les somptueux et sombres éclairages de Patrick Méeüs mettent, paradoxalement, en lumière, la profonde noirceur hispanique, l’âme tragique au milieu de la fête, la célébration de la vie au bord du précipice : allure et figure jusqu’à la sépulture. Incarnée par l’Espagnole Carmen qui, si « elle chante  de la musique française », ce dont on donne acte à Louis Désiré dans sa note, n’enchante pas moins par une musique qui emprunte à l’Espagne certains  de ses rythmes, comme la séguedille, le polo prélude à l’Acte IV inspiré du Poeta calculista du fameux Manuel García, père andalou de la Malibran et de Pauline Viardot García qui venait d’en éditer des œuvres et, surtout, l’emblématique habanera, « L’amour est un oiseau rebelle », que Bizet reprend du sensuel et humoristique El arreglito de son ami espagnol Sebastián Iradier, auteur de La paloma, professeur de musique de l’impératrice espagnole Eugénie de Montijo, qu’il a l’élégance de citer. Mais l’art n’a pas de frontières, les génies prennent leur bien où ils le trouvent et, d’après un texte très justement espagnol de Mérimée, la française et hispanique Carmen de Bizet est universelle, figure mythique sur laquelle nous nous sommes déjà penchés, et, personnellement, sur son clair-obscur sexuel .

Carmen au Théâtre Antique : nocturne goyesque à Orange

Héros déracinés et ligotés, illusion de liberté

Je ne reviendrai pas sur tout ce que j’ai pu écrire sur les personnages, déracinés, ligotés par la société, condamnés à une errance, à la fuite : Don José, nobliau navarrais, arraché à sa contrée par une affaire d’honneur et de meurtre, réduit à être déclassé, soldat, dégradé, emprisonné puis contrebandier contre sa volonté, aux antipodes nationaux de chez lui, dans cette Andalousie où il reste fondamental étranger ; sa mère qui l’a suivi dans un proche village, conscience du passé, du terroir, des valeurs locales, et cette Micaëla, orpheline venue d’on ne sait où, escortant la mère et suivant José ; ces contrebandiers, passant d’un pays (Gibraltar anglais) à l’autre, sans oublier ces femmes, ces ouvrières, sans doute fixées dans l’usine, par la nécessité esclavagiste du travail, mais peut-être bientôt enracinées par un mariage donnant au mâle nomade la fixité contrainte du foyer : la femme soumise ne peut que procréer des fillettes dans le rang sinon des filles soumises, des fillettes déjà esclaves, avant d’être l’objet de la convoitise brutale de la troupe des hommes, dont seule Carmen, avec son art de l’esquive, se tire un moment. Les petits garçons sont aussi formatés par l’ordre social, « comme de petits soldats », avant d’être des grands, gardiens de l’ordre corseté et oppressif.

Don José est d’entrée l’homme prisonnier, ligoté : de ses préjugés, de sa chasteté, de son uniforme. Fils soumis à la Mère, dont la maternelle Micaëla apporte le message,  à la Mère église, à la Mère Patrie: homme enfant malgré les apparences. Carmen, apparemment prisonnière et ligotée par lui, lui offrira l’occasion de la liberté mais oiseau rebelle, papillon insaisissable, elle sera finalement épinglée, fixée par le couteau d’une implacable loi.

RÉALISATION

Cartes sur table, sur scène : la donne du destin

Dans une obscurité augurale, sans doute du destin indéchiffrable, vague lumière qui fait hésiter entre rêve et éveil, ou goyesque cauchemar plein de formes inconnues qui envahissent la scène, une foule grouillante se précise, femmes en peu seyantes robes orange ou marron (Louis Désiré), soldats en uniformes noirs, et, au milieu, se détache la lumineuse blancheur de l’habit de Carmen, un bouquet de roses sanglantes de rougeur à la main. L’ouverture sonne, lancée par un enfant et s’anime déjà du drame : José, seul, cartes à la main, Carmen s’avance vers lui comme la fatalité, déjà voile de deuil sur la tête, lui jetant les fleurs sur le thème du destin. D’avance, tout est dit, écrit. L’on comprend ces cartes géantes posées comme au hasard, comme en équilibre instable, de guingois, contre la solidité du mur antique : la vie comme un fragile château de cartes dont on sent le possible et inéluctable écroulement sur les héros confrontés, pour l’heure vide de sens, à l’envers, simples somptueux tapis de sol qui ne s’éclaireront qu’à l’heure fatale décidée par un destin obscur qui échappe aux hommes et à Carmen même qui le connaît : pique et carreau. Ces cartes se déclineront, mises en abîme, en éventails et cartes en main, à jouer, de tous les personnages : chacun a la main, mais aucun l’atout décisif : « Le destin est le maître », reconnaîtra Carmen. Tout converge intelligemment vers l’air fatidique des cartes où la clarté impitoyable du destin s’éclaire tragiquement à leur lecture.

Autre lumière dans cette ambiante obscurité, le magnifique effet solaire des doublures dorées des soldats fêtant Escamillo ou, moins réussi, trop clinquant, le défilé des « cuadrillas » en habits de lumière éclairant heureusement le ridicule des faux héros de la virilité et du courage que sont les toreros.

On admire d’autres trouvailles : les lances des dragons plantĂ©es sur le sol Ă  la fois herse, dĂ©fense, agression possible et prison pour Don JosĂ©, habitĂ© dĂ©jĂ  du rĂŞve de la taverne de Pastia, traversĂ© par l’ombre, les ombres de Carmen robe d’une sobre Ă©lĂ©gance espagnole, en mantille, devenant filet, rets d’un sortilège jetĂ© sur le pauvre brigadier, Carmen signifiant aussi, en espagnol, â€charme’, â€magie’.  La corde, Ă©galement, circulera comme signe des liens de l’amour, du destin, de l’impossible libertĂ© sauf dans la mort, et mĂŞme de l’évasion plaisante du quintette qui a un rythme de galop digne d’Offenbach. Il y a aussi cette magnifique idĂ©e, enchaĂ®nant la fin du III avec l’acte IV, la cape de matador (‘tueur’, en espagnol) dont Escamillo couvre galamment Carmen, devenant sa parure de mort prochaine. Enfin, la fleur se dissĂ©mine aussi dans le parcours, offerte d’abord par Zúñiga Ă  Carmen, par Carmen Ă  Don JosĂ© depuis l’ouverture, avec son acmĂ©, son sommet dans l’air de la fleur, puis par le torero Ă  la gitane, finalement traces de sang sur son corps sacrifiĂ© par JosĂ© sur la carte fatidique.

Le privilège des proches places de la presse se retourne, hélas, contre la vision d’ensemble : effet de la perspective, toute cette foule nourrie de choristes semble s’accumuler, s’écraser sur l’avant-scène, occupant ou saturant l’espace étroit laissé par les superbes cartes adossées contre le fond. Mais, vu à la télévision, le dispositif, en plongée, prend son sens, a une indéniable beauté plastique et picturale qui saisit et séduit. Les cartes révélées par la lumière font rêver. Et, ce que la distance semblait diluer du jeu des chanteurs se magnifie par des gros plans qui émeuvent par la beauté et le jeu intense et nuancé des interprètes, dignes du cinéma. Cette production télé aura bénéficié d’un exceptionnel réalisateur qui a capté l’essence de cette mise en scène, Andy Sommer.

INTERPRÉTATION

mikko frank dirigeantCe début avec tout ce monde serré sur l’obscurité du plateau, forcément contraint dans ses mouvements, ne pouvait donner au chef Mikko Franck l’occasion de faire briller une ouverture en discordance avec la tonalité ombreuse du plateau. Quelques malotrus, tous à jardin et groupés, donc dirigés, se permettront des huées inconvenantes. Sortant d’une excessive tradition coloriste, quelques tempi sont lents aux oreilles de certains, mais quelle mise en valeur du crescendo, partant d’une lenteur inquiétante de l’abord de la chanson gitane qui, de sa contention première, éclate en folle rage festive sur les cris des trois danseuses ! Et le quintette mené à un train d’enfer ! Cette approche, impressionniste, impressionne par la mise en valeur des timbres, des couleurs d’une délicatesse toute mozartienne de l’instrumentation plus que de l’orchestration de Bizet. Le problème est, peut-être, que la mise en scène symbolique avec ces cartes matérialisant le destin, visant le mythe, demandait sans doute plus de simplification des lignes que de rutilance des détails. Les chœurs, malgré des craintes sur l’encombrement de la scène, tirent leur épingle du jeu et les enfants, très engagés, se paient, bien sûr, un triomphe.

On nous a épargné, par des chanteurs étrangers même à la parfaite diction, les passages parlés de cet opéra-comique à l’origine, guère intéressants (qui comprend aujourd’hui l’histoire de l’épinglette qui justifie le moqueur « épinglier de mon cœur de Carmen à José ?). Les récitatifs de Guiraud sont concis et percutants (« Peste, vous avez la main leste ! »), ou sonnent comme des maximes : « Il est permis d’attendre, il est doux d’espérer ». C’est bien vu et bien venu.

Comme toujours à Orange, le plateau est d’une homogénéité digne de mention. En Remendado truand rapiécé selon son nom, on a plaisir à retrouver Florian Laconi, faisant la paire, inverse en couleur de voix, lumière et ombre, avec le tonitruant et truculent Dancaïre d’Olivier Grand, couple symétrique et antithétique avec  ces coquines de dames : la fraîcheur lumineuse de la Frasquita d’Hélène Guilmette contrastant joliment avec la chaleur du mezzo sombre de Marie Karall. Armando Noguera campe un fringant Morales, perché sur sa belle voix de baryton comme un coq sur ses pattes pour séduire Micaëla. Le Zuñiga de Jean Teitgen est tout séduction aussi par un timbre sombre, profond, et une allure de « caballero » élégant et humain.

Humaine, si humaine, le miel  de l’humanité est distillé, avec l’inaltérable grâce qu’on lui connaît et que l’on goûte, par la Micaëla tendre d’Inva Mula, maternelle et protectrice messagère de la Mère, mère en puissance et, pour l’heure, amante blessée mais compatissante et courageuse. La voix, moelleuse, apaisante, se déploie en lignes d’une aisance céleste mais aux pieds sur la terre de la piété et pitié.

Dans le rĂ´le Ă  l’ingrate tessiture dâ€Escamillo, trop grave pour un baryton, trop aigu pour une basse, nouveau venu Ă  Orange, Kyle Ketelsen est foudroyant de prĂ©sence physique et vocale, amplitude, largeur, couleur et incarnation, il remporte avec justice tous les suffrages.

Que dire de Jonas Kaufmann qu’on n’ait déjà dit ? Il sait déchirer le tissu de sa superbe voix pour rendre les déchirures rauques de ce héros passionné meurtri, un Don José d’abord rêveur ou prostré par le passé sur sa chaise, interloqué par l’audace de la femme, de cette femme, de cette Carmen qui fait son chemin en lui, jusqu’à l’air à la fois intime et éclatant de la fleur. Il le commence en demi-teinte, comme se chantant à lui-même, en tire des couleurs et nuances d’une frémissante sensibilité et sensualité et en donne le si bémol final en double pianissimo, comme il est écrit dans la partition, en voix de poitrine, qui prend tout son sens : la voix du cœur. Il est bouleversant.

Face à lui, face à face, effrontée et affrontée, Kate Aldrich entre dans la catégorie moderne des Carmen que Teresa Berganza rendit à la fidélité de la partition et à la dignité féminine et gitane sans grossissement de féminisme ou gitanisme outrancier. Elle est d’une beauté qu’on dirait du diable si ce sourire éclatant ne lui donnait une humanité fraternelle et une fraîcheur parfois angélique : sûre sans doute de sa séduction mais sans se laisser abuser par elle, elle donne au personnage une distance avec la personne qui dit, sans dire, sa profondeur et une sorte de détachement désabusé du monde. La voix répond au physique, élégante, souple, satinée, raffinée, n’escamotant pas les nuances, n’accusant aucun effet dans la grandeur démesurée de l’espace qu’elle habite sans effort. Il faudrait des pages pour détailler la finesse de son jeu heureusement capté par la télévision : rieuse, railleuse, blagueuse (Carmen a des mots d’esprit des plus plaisants), enfin, tragique. Élégante même dans ces gestes pour chasser, comme mouches importunes, tous ces hommes bavant de désir, écartant d’une main la fleur de l’officier dans la taverne, la photo dédicacée de l’arrogant torero, passionnée avec José et plus grave, déjà, avec Escamillo. Est-elle la figure mythique de l’héroïne ? Les mythes ne sont plus de ce temps. Elle me semble plutôt une femme du nôtre, qui a conquis sa liberté et qui en a accepté le prix : ce qu’allégorise sans doute la mort de Carmen au nom de toutes les femmes autrefois sacrifiées sur l’autel de l’honneur des hommes.

Compte rendu, opéra. Orange, Chorégies. Bizet : Carmen. Le 14 juillet 2015. Orchestre Philharmonique de radio France. Chœurs des Opéras d’Angers-Nantes, du Grand Avignon et de Nice. Maîtrise des Bouches-du-Rhône. Direction musicale : Mikko Franck. Mise en scène, décors, costumes :  Louis Désiré.

Distribution : Carmen : Kate Aldrich ; Micaëla : Inva Mula; Frasquita : Hélène Guilmette
Mercédès : Marie Karall ; Don José :  Jonas Kaufmann ;  Escamillo : Kyle Ketelsen ;
Zuñiga :  Jean Teitgen ; le Dancaïre Olivier Grand; le Remendado : Florian Laconi
; Moralès : Armando Noguera. Illustration : Philippe Gromelle

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  1. Voir Benito Pelegrín « Carmen, entre chien et loup de la sexualité », entre autres études, in Carmen, Édité par Élisabeth Ravoux-Rallo, Figures mythiques, Éd. Autrement, p.50-75, 1986.

Orange. Mikko Franck dirige Carmen

mikko frank dirigeantOrange, ChorĂ©gies. Carmen de Bizet par Mikko Franck. Les 8, 11, 14 juillet 2015.  C’est Ă©videmment la production Ă©vĂ©nement des ChorĂ©gies cette annĂ©e, avec en fosse, l’excellent et bouillonnant finnois Mikko Franck, l’une des meilleures baguettes pour l’opĂ©ra au monde Ă  l’heure actuelle. Sa direction fine et poĂ©tique, d’une fièvre ardente et raffinĂ©e, – s’il est inspirĂ© suffisamment Ă©videmment car l’humeur du bonhomme est changeante-, devrait Ă©blouir dans le Théâtre Antique. On se souvient ici mĂŞme d’une Tosca orchestralement Ă  tomber (2010), qui a permis au festival d’Orange de renouer avec ses heures les plus glorieuses.
Comme Nietzsche (déçu de Wagner son ex idole), succombez Ă  la chaleur sensuelle de la cigarière vĂ©nĂ©neuse, Carmen dont Bizet fait une maĂ®tresse amoureuse, passionnĂ©e et libre de son destin. A peine a-t-elle sĂ©duit le brigadier devenu contrebandier pour elle, JosĂ©, que la brune ensorceleuse créée par MĂ©rimĂ©e trente annĂ©es auparavant, dĂ©sire un nouvel homme, la vedette des arènes en liesse, capable de dĂ©fier le taureau le plus agressif : Escamillo. Entre ces deux hommes, JosĂ©/Escamillo, Carmen dĂ©voile sa vraie nature, sauvage et entière, flamboyante et radicale. Pourtant scandaleuse la partition, grâce Ă  ses couleurs si dĂ©licieusement mĂ©diterranĂ©ennes (source de l’enchantement d’un Nietzsche justement), suscite un triomphe tenace, malgrĂ© la crĂ©ation Ă©lectrique qui acheva l’auteur. Pas moins de 33 reprĂ©sentations Ă  l’OpĂ©ra-Comique, entre la première le 3 mars 1875 et le dĂ©cès de Bizet, au mois de juin suivant.
bizet georgesEn 2015, Orange accueille ainsi sa 9ème production de Carmen (depuis 1984) oĂą sous la direction de Mikko Franck qui dirige l’orchestre Philharmonique de Radio France dont il sera directeur musical en 2016, brillent les deux Ă©toiles de la soirĂ©e : Kate Aldrich (Carmen) et le tĂ©nor cĂ©lĂ©brissime, Jonas Kaufmann( Don JosĂ©)… A suivre aussi, dans les rĂ´les secondaires : HĂ©lène Guilmette (Frasquita), Armanda Noguera en Moralès… La mise en scène quant Ă  elle s’avère bien terne, exploitant si peu les excellents acteurs chanteurs pourtant prĂŞts Ă  tout oser.

ChorĂ©gies d’Orange
Carmen de Bizet
Mikko Franck, direction
Les 8, 11 et 14 juillet 2015
RĂ©server sur le site des ChorĂ©gies d’Orange

En direct sur France 3, samedi 11 juillet 2015 Ă  partir de 21h30

Festival des Chorégies d’Orange (84). Carmen, Il Trovatore, concerts. Du 7 juillet au 4 août 2015

theatreOrange-aOrange.ChorĂ©gies. Carmen, Il Trovatore, concerts. Du 7 juillet au 4 aoĂ»t 2015. Un scandale absolu ? Carmen causa-t-elle un scandale analogue Ă  celui de PellĂ©as (Debussy) puis du Sacre (Stravinsky) et de DĂ©serts (Varèse) ? On aimerait le penser, pour que nous fussions pleinement … scandalisĂ©s par la sotte incomprĂ©hension des publics, et puisque comme le disait un polĂ©miste du XXe, « la colère des imbĂ©ciles remplit le monde ». Tout Ă©tait rĂ©uni en cet opĂ©ra-« comique », – et on ne relit pas sans sourire amertumĂ© le sous-titre de « classement » Ă  travers lequel ce chef-d’œuvre de la tragĂ©die lyrique fut en son temps catalogué !- pour susciter le plus violent des refus, Ă  commencer par l’ histoire racontĂ©e et son « hĂ©roĂŻne »-repoussoir pour une sociĂ©tĂ© avide de conventions et de respectabilitĂ©.

Musique cochinchinoise
Et certes une partie de la critique se surpassa dans l’invective, comme nous le rappelle le musicologue Hervé Lacombe en citant un article d’Oscar Commettant dans le Siècle du 8 mars 1875 : « Peste soit de ces femelles vomies par l’enfer, et quel singulier opéra-comique que ce dévergondage castillan ! …Délire de tortillements provocateurs, de hurlements amoureux, de dans es de Saint-Guy graveleuses plus encore que voluptueuses… Cette Carmen est littéralement et absolument enragée. Il faudrait pour le bon ordre social la bâillonner et mettre un terme à ses coups de hanche effrénés, en l’enfermant dans une camisole de force après l’avoir rafraîchie d’un pot à eau versé sur sa tête. » Ou d’un magistral jugement esthétique qui mérite que le nom de son auteur, Camille du Locle (co-directeur de l’Opéra Comique), passe à la postérité : « C’est de la musique cochinchinoise, on n’y comprend rien. »

Doublement immigrée
Mais au fait, qui donc là était en cause ? Le musicien capable d’illustrer « le dévergondage castillan, le délire et les hurlements amoureux » de la demoiselle forcenée, l’écrivain qui avait fourni aux librettistes une histoire terrifiante ? On dirait a priori que Prosper Mérimée, le « nouvelliste » demeurait le plus coupable. Pourtant en 1875, il était en quelque sorte « mort en odeur de sainteté », (1870), ayant effacé par ses fonctions officielles (Les Monuments Historiques, ou comme on dirait aujourd’hui, le Patrimoine) au service d’une Monarchie de Juillet et surtout d’un Second Empire qu’il admirait comme remparts contre la Subversion sociale, la scélératesse de sa Carmen (d’ailleurs écrite en 1845). Carmen, cette double immigrée : gitane, donc déjà en situation plus ou moins régulière pour « son pays d’origine », l’Espagne, et devenue pour les Français lecteurs de la nouvelle l’exotique et volcanique rebelle qui mène les hommes à leur perte, choisissant un représentant de l’Ordre (le subalterne Don José) comme instrument du destin pour vivre… sa triade « l’amour-la liberté-la mort ».

Foutriquet le Fusilleur
Cinq ans après la mort de l’auteur, la France profonde, qui choisit quasiment par surprise la République (l’amendement Wallon, voté par une voix de majorité !), est encore sous le coup du séisme idéologique et politique de la Commune, impitoyablement réprimée dans le sang devant l’œil goguenard des Prussiens occupants, liquidée par les troupes de Monsieur Thiers, alias le Fusilleur, alias Foutriquet. Symboliquement considérée comme inspiratrice des pétroleuses( les femmes accusées par la Répression Versaillaise d’avoir mis le feu aux bâtiments en réalité incendiés dans les combats au centre de Paris, pendant « la Semaine Sanglante »), Louise Michel vient d’être déportée en Nouvelle Calédonie, d’où cette féministe et révolutionnaire ne reviendra qu’en 1880…

Le théâtre des entrevues de mariage
bizet georgesEn tout cas, si la Carmen de Mérimée a déjà connu son absolution , et même si « le plus âgé des directeurs de l’Opéra-Comique s’effraie de voir sur sa scène : «  ce milieu de voleurs, de bohémiennes, de cigarières arrivant au théâtre des familles qui organisent là des entrevues de mariage – cinq ou six loges louées pour ces entrevues –, non c’est impossible ! », des concessions sur l’histoire et certains personnages, la bonne réputation des librettistes Meilhac et Halévy emportèrent « le marché » en faveur de ce Georges Bizet dont la lyrique Djamileh avait eu un vif succès. « Prima la musica, e poi le parole », le rassurant adage devait « couvrir par son bruit harmonieux » les messages de la gitane révoltée… « Malheureusement », le génie de Bizet – se servant de l’alternance des parties dialoguées et du socle musical – transcende aussitôt les petits arrangements qu’on pouvait espérer d’un compositeur a priori non « révolutionnaire », en tout cas sans idéologie reconnaissable, et porte à l’incandescence l’histoire et la personne de Carmen, femme libre.
Tout comme Mozart était « fait » pour créer avant tout Don Giovanni, Beethoven Fidelio, Berg Wozzeck, Bizet « reste Carmen », pour une éternité qui lui rend presque aussitôt justice et fera de Carmen l’opéra français le plus joué au monde (selon le livre Guinness des Records). Sa mort cruellement précoce (37 ans !), qui suit de quelques mois la venue au monde du chef d’œuvre, contribue à « sanctuariser » l’opéra dans l’histoire musicale…

Nietzsche désaddicté
Et aussi Ă  en faire un symbole d’ « art français » – clartĂ©-cruautĂ© racinienne du discours, vĂ©ritĂ© naturaliste et tragique de ce qui est montrĂ© – contre « l’autre cĂ´tĂ© du Rhin », engluĂ© dans son brouillard mĂ©taphysique… On pense Ă©videmment Ă  Nietzsche « dĂ©saddicté » de son Wagner, et allant chercher dans la lumière mĂ©diterranĂ©enne des Cimarosa ou Rossini, mais surtout celle de Carmen, une vĂ©ritĂ© supĂ©rieure, « la profondeur du Midi » : « Je viens d’entendre quatre fois Carmen, Ă©crit-il en janvier 1888 Ă  son ami Peter Gast, c’est comme si je m’étais baignĂ© dans un Ă©lĂ©ment plus naturel. »(Et suit la demi-phrase dĂ©sormais chère Ă  tout Ă©cho » vendeur » de comm culturelle : « la vie sans musique n’est qu’une erreur (, une besogne Ă©reintante, un exil) ».

La poésie dans la vie
Mais au XXe, on ira surtout du côté de chez Alberto Savinio – peintre comme son frère Giorgio de Chirico, compositeur, critique et littérateur – des clés pour mieux saisir la grandeur de Bizet : « Le secret de Carmen tient peut-être à ce qu’elle est si proche de nous et en même temps si lointaine, sincère et directe, en même temps si retorse et chargée de fatum (destin). Je ne vois pas d’autre exemple, même chez les Grecs, de ce fatum dans le « trio des cartes ». Avec autant de grâce mélancolique les pleurs de l’air, de la lumière, de la vie qui devra continuer que le thème du 4e acte par lequel Frasquita et Mercédès murmurent leurs funèbres mises en garde…On a tant parlé de la rédemption dans les finales de Dostoievski : et de la rédemption du finale de Carmen, qui a jamais parlé ? » Et de citer les trois « rapprocheurs » qui ont amené au XIXe « la poésie dans la vie : Baudelaire, Manet, Bizet… ».

Sous le Haut Mur
Alors, comment faire passer sous le Haut Mur cette modernitĂ©, ce climat d’intuition, cette passion violente, ce mouvement perpĂ©tuel d’aventures, et les huis clos tragiques ? C’est Louis DĂ©sirĂ© – « costumier et scĂ©nographe » – qui a en charge la mise en espace de cette Carmen dont ne peut savoir si elle jouera la rupture avec la tradition, y compris « orangienne » ; ce spĂ©cialiste de l’opĂ©ra XIXe (Werther de Massenet lui est cher…) a dĂ©jĂ  ici fait dĂ©cors et costumes pour Rigoletto. Le chef finlandais Mikko Franck – Ă©videmment hyper-spĂ©cialiste de Sibelius, et aussi de son compatriote Rautavaara – est un habituĂ© de «  sous le mur » – Tosca en 2010, Vaisseau FantĂ´me en 2013 -, et c’est un mois après son Trouvère orangeais avec le « Philhar » de Radio-France qu’il en prend la succession de Myung-Whun-Chung Ă  la direction musicale…Kate Aldrich arrive ici en Carmen, de mĂŞme que Kyle Ketelsen en Escamillo, et très spectaculairement Jonas Kaufman incarne Don JosĂ©, Inva Mula Ă©tant la douce Micaela.

Au cœur de la Trilogie
11 ans après Nabucco, 6 après Macbeth, 2 après Rigoletto. Et encore, pour ceux qui aiment le chiffrage dans la vie : 2 ans après la mort de la mère, 15 après celle de Margherita l’épouse, 5 après le début de la vie commune avec la cantatrice Giuseppina Strepponi… Ainsi va Giuseppe Verdi en 1853 (il a 40 ans), au cœur d’une Trilogie qui marque son évolution et l’histoire de l’opéra italien : avec Rigoletto, Traviata et Le Trouvère, c’est, écrit P.Favre-Tissot, « le fruit d’un cheminement progressif, un point d’équilibre atteint dans une quête de la perfection au terme d’une évolution réfléchie et non comme un miracle artistique spontané. » Adaptation de Victor Hugo (Le Roi s’amuse) pour Rigoletto, d’Alexandre Dumas fils (La Dame aux Camelias) pour Traviata : deux origines très « pro », comme on dirait aujourd’hui, et du beau travail. Mais pour le Trouvère, on peut avoir oublié la pièce théâtrale espagnole, El Trovador, et surtout son auteur, A.G.Gutierrez.

Rocambolesque ?
Etant admis qu’on n’est nullement ici dans l’historique, fĂ»t-il très transposĂ© – Don Carlos, Un bal MasquĂ© – , il est pourtant rare qu’un livret propose un tel cocktail d’invraisemblance et de complication. Certes, le genre « croix de ma mère » – comme on le disait pour symboliser les artifices lacrymaux du mĂ©lo – a largement sĂ©vi en cette pĂ©riode pour alimenter les « scenars » Ă  coups de théâtre, objets-colifichets symboliques et autres attrape-badauds du feuilleton lyrique. Et comme avait concĂ©dĂ© le bon Boileau, hĂ©raut du XVIIe français classique en terre encore baroque, « le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable ». C’était aussi en France le temps oĂą le roman-feuilleton s’inventait une lĂ©gitimitĂ©, d’Eugène Sue et ses Mystères de Paris Ă  Ponson du Terrail Ă  qui on attribue l’introuvable « elle avait les mains froides comme celles d’un serpent » et dont le Rocambole s’est  adjectivĂ©. (La littĂ©rature « industrielle » du XIXe a bien eu sa descendance au XXe chez Guy des Cars ou Maurice Dekobra, et de nos jours dans le binĂ´me des jumeaux-rivaux Musso-LĂ©vy…).

Une nuit à l’opéra
Giuseppe VerdiPour Il Trovatore, une gitane (encore ) et sorcière brûlée vive, sa fille Azucena qui l’aurait vengée en faisant disparaître l’un des fils du comte de Luna, la princesse d’Aragon Léonora qui devient folle d’amour d’un Trouvère, Manrico, alors que le fils du comte de Luna… « et ce qui s’en suivit », ainsi qu’on le lit dans certains sous-titres de romans populaires. A vous, spectateur, de jouer – slalomer ?- entre les péripéties toutes plus troublantes et inattendues les unes que les autres.(P.Favre-Tissot note que « le caractère rocambolesque de l’intrigue poussa les Marx Brothers à choisir Il Trovatore pour leur désopilant film Une nuit à l’opéra « !). Mais surtout de vous relier à une musique dont nul ne semble contester la force émotive – la première elle-même fut un triomphe, à la différence d’une Traviata incomprise car porteuse de scandale social, comme sa « descendante » …Carmen -, et le tourbillon des affects. « Une des musiques les plus étincelantes nées de la plume de Verdi, dit encore P.Favre-Tissot. Ce torrent sonore continu, charriant impétueusement les passions romantiques, emporte tout sur son passage. Le traditionalisme des formes rassure le public (pour) un sujet que Verdi a qualifié de sauvage. Et à un orchestre plus élémentaire répond une écriture vocale paroxystique. »

Les chants sont des cerfs-volants solitaires
Echo contemporain de ce que notre Alberto Savinio écrivait dans une de ses critiques  : «  Il Trovatore, c’est le chef-d’œuvre de Verdi. Dans aucun autre de ses opéras, l’inspiration n’est aussi élevée. Aucun autre ne peut se vanter de posséder des chants aussi solitaires, purs, verticaux…Chants d’une espèce singulière, qui ouvrent une fenêtre soudaine, par laquelle l’âme prend son envol violemment et en même temps très doucement, dans la liberté infinie des cieux. Chants qui sont des cerfs-volants solitaires, dans un étrange calme, dans un ciel sans vent, montant tout droit dans la nuit infinie… » L’inspiration du poète Savinio semble ici appeler non le lieu clos d’une « maison d’opéra » mais bien le « ciel ouvert » sous les étoiles. Charles Roubaud – un familier d’Orange – devra trouver le mélange d’ardeur et de lyrisme, de surprises théâtrales et « cheminements » sous le Mur pour le chef-d’œuvre aux paradoxes. C’est au chef français – et quasi-autrichien, tant une partie de sa carrière a été viennoise – Bertrand de Billy qu’il convient de porter à incandescence l’Orchestre National de France, des chœurs « français-méditerranéens », et des solistes à prestige : retour attendu de Roberto Alagna ( Manrico) et de Marie-Nicole Lemieux–(Azucena) -, arrivée de Hui He (Leonora) et George Petean (Conte de Luna).

Lyrique et symphonique
argerich_alix_Laveau_emi_pianoEt puis les Chorégies ne seraient pas tout à fait elles-mêmes si on n’ajoutait pas aux « deux-fois-deux opéras » l’accompagnement des concerts lyriques et symphoniques. Cela permet aussi à certains orchestres de faire leurs premières armes dans l’immense acoustique du Théâtre Romain, ainsi pour le National de Lyon qui « débute » ici tout comme un chef (pour lui invité), Enrique Mazzola, une soprano, la Russe Ekaterina Siurina, en duo avec le plus habitué ténor Joseph Calleja : airs extraits pour l’essentiel du trésor lyrique italien XIXe. Le Philhar de Radio-France connaît bien Orange, où il a aussi joué avec Myung Whun Chung : mais deux « petits nouveaux » solistes du clavier, Martha Argerich et Nicholas Angelich, dans Poulenc, à côté de la grandiose « Avec orgue » de Saint-Saëns (3e Symphonie, Christophe Henry).Enfin, en même temps que Trovatore, l’O.N.F. et Bertrand de Billy explorent la 9e de Dvorak et le Concerto en sol de Ravel (avec Cédric Tiberghien).

Festival des Chorégies d’Orange (84). Du 7 juillet au 4 août 2015. Georges Bizet (1838-1875), Carmen : mercredi 8, samedi 11, mardi 14 juillet , 21h45 ; Giuseppe Verdi (1813-1901), Il Trovatore : samedi 1er août, mardi 4 août, 21h30. Mardi 7, 21h45, Concert lyrique ; vendredi 10, 21h45, concert symphonique ; lundi 3, 21h30, concert symphonique. Information et réservation : T. 04 90 34 24 24 ; www.choregies.fr

Carmen de Bizet

logo_francemusiqueGARANCA ELINA new york carmen Kaufmann garanca7France Musique. Le 7 mars 2015, 19h. Carmen en direct du Metropolitan Opera de New York. Sous la direction de Louis Langrée, la mezzo sensuelle vénéneuse venue de Lettonie, Elina Garanca enchante les sens et vampirise le pauvre José qui cependant sera son bourreau… Sur le plateau new yorkais, Jonas Kaufmann incarne aussi avec intensité, subtilité, et passion, le feu méditerranéen qui traverse toute la partition de Bizet, son chef d’oeuvre, solarisant le roman de Mérimée dont il fait une fresque chatoyante et scintillante en hommage au raffinement ibérique.

Elina GarancaAvec AIlyn Pérez (Micaëla), Gabor Bretz (Escamillo). Femme provocante et libre, Carmen assume son orgueil, sa fantaisie dévorante : elle s’entiche d’abord pour le brigadier José, puis l’écarte pour le torero, vainqueur des arènes, Escamillo. Mais on aurait tort d’étiqueter trop vite les virilités en présence : José le faible, Escamillo, la star testostéronée… C’est bien José, transfiguré et rendu fou par l’amour qu’il ressent pour la cigarière, qui la tue en une ultime confrontation, dans la clameur de l’arène où est confirmé le triomphe d’Escamillo. Le portrait de Carmen est particulièrement fouillé par Bizet qui fait de son héroïne, une figure suave mais aussi tragique (le fameux trio des cartes dévoile l’âme ténébreuse, consciente, funèbre de la femme qui assume pleinement son destin et sa posture : un double féminin de Don Giovanni. L’orchestre scintille, d’un raffinement instrumental inouï. Carmen est un opéra hypnotique qui exige d’excellents chanteurs acteurs et un  chef aussi puissant, dramatique que fin et subtil. Pas sûr que la baguette de Louis Langrée relève les défis d’une partition admirée par Nietzsche, revenu de Wagner. Aux brumes coupables empoisonnées du Germanique, le philosophe préfère désormais le soleil  brûlant et les rythmes africains de Carmen.

+ d’infos sur le site du Metropolitan Opera : http://www.metopera.org/opera/carmen-bizet-tickets?icamp=carmen&iloc=hpg

Livres. La Habanera de Carmen par Hervé Lacombe et Christine Rodriguez (Fayard).

carmen la habanera de carmen naissance d'un tube herve lacombe christine rodriguez fayard carmen habanera livresLivres. La Habanera de Carmen par Hervé Lacombe et  Christine Rodriguez (Fayard). Le romantisme à l’opéra a longtemps imposer sur le planches la figure sacrifiée de la femme immolée, fille, épouse, jeune mariée dévoilée, abandonnée, sans victoire sinon la dignité blessée d’une victime toujours trahie ou répudiée. De Lucia à Violetta, sans omettre Norma ou Jenufa… les compositeurs inspirés par les écrivains ont offert de sublimes portraits de femmes détruites. Or surgit en France, l’alternative sublime conçue par Bizet et sa Carmen (et si admirés par Nietzsche maudissant alors les vapeurs culpabilisantes de Wagner) : une lionne, indépendante et forte, enfin maîtresse de son destin ; une femme qui d’abord s’impose par son corps, une sensualité lascive inimaginable alors, inédite, scandaleuse : libre.  C’est ce corps en son déhanchement chorégraphie qu’analysent scrupuleusement les auteurs, soulignant la force d’une image devenue légendaire : Carmen c’est l’icône de la féminité enfin libérée et conquérante. Le génie de Bizet est d’avoir ciselé l’une des musiques les plus envoûtantes : la Habanera, entrée inoubliable de la cigarière, est devenue légitimement un tube universel qui concentre et cultive le mystère féminin.

Carmen : aux origines du mythe

CLIC_macaron_20dec13De Mérimée à Bizet, Carmen et sa chanson sont devenues source d’inspiration pour bon nombre de chanteurs du XXè et XXIè siècles : un succès actuel jamais atténué. Les chanteurs de variétés européens, américains et même asiatiques, le rock underground, le cinéma, nombre de séries télévisées américaines, maintes publicités – fascinent  depuis cent quarante ans un public bien plus vaste que celui qui se passionne pour l’art lyrique ?

Hervé Lacombe et Christine Rodriguez démêlent l’écheveau des influences et des sources diverses de la mélodie entêtante : « l’amour est enfant de Bohème… tu crois l’éviter, il te tient… ». De Cuba à Paris, ils dévoilent les composantes de ce chant de sirène postromantique, synthèse orientalisante de tous les fantasmes érotiques d’une époque qui brilla par son hypocrisie puritaine. « Le voyage, le nomadisme, la danse ont à voir avec la leçon amoureuse de Carmen ». En analysant tous les enjeux d’une des scènes d’entrées à l’opéra parmi les plus impressionnantes qui soient, les auteurs interrogent et célèbrent la réussite d’une figure brûlante, corps scandaleux, dévoilé que renforce l’aplomb et la posture d’une femme  dominatrice. Ce monstre magnifique, sa chanson enivrante, inoubliable, ne pouvaient trouver meilleur réquisitoire. Le texte argumenté, historique et critique, scrutant, démontant toutes les facettes d’un mythe à la construction parfaite, se montre passionnant.

Livres. La Habanera de Carmen par Hervé Lacombe et  Christine Rodriguez (Fayard).  EAN : 9782213682617, collection : Musique. Parution : 22/10/2014. 224 pages. Format : 120 x 185 mm. Prix public ttc : 17 €.

HervĂ© Lacombe est l’auteur des biographies de Bizet et de Poulenc, d’une Ă©tude sur l’opĂ©ra français au XIXe siècle et d’un essai sur la mondialisation de l’opĂ©ra au XXe siècle (Fayard). Christine Rodriguez est l’auteur de Les Passions, Du rĂ©cit Ă  l’opĂ©ra : rhĂ©torique de la transposition dans Carmen, Mireille, Manon (Classiques Garnier).

Compte rendu, opéra. Tours. Grand Théâtre, le 17 janvier 2014. Georges Bizet : Carmen. Andrea Hill, Florian Laconi, Vannina Santoni, Sébastien Soulès. Jean-Yves Ossonce, direction musicale. Gilles Bouillon, mise en scène

carmen_opera_de_tours_orchestre_symphonique_region_centre_toursL’Opéra de Tours ouvre l’année 2014 en reprenant la production imaginée par Gilles Bouillon, créée in loco voilà six ans. Point d’espagnolades, ni d’Andalousie de pacotille, mais une scénographie intemporelle, qui rappelle par instants l’Espagne d’Almodovar. De hautes palissades, une estrade, une roulotte et des grillages, voilà qui suffit à poser le cadre au cœur duquel la tragédie de l’amour déçu se joue. L’orchestre maison, toujours bien préparé et dirigé par Jean-Yves Ossonce, joue au diapason de cette mise en scène, dans une belle urgence musicale qui n’est jamais précipitation, aux tempi mesurés, laissant le temps aux harmonies tissées par Bizet de déployer leurs couleurs ardentes. Ce qui nous vaut une première partie incandescente, tant sur scène que dans la fosse. L’entracte passé, et sans qu’on comprenne pourquoi, la tension – autant que l’attention – retombe, les personnages paraissant soudain comme vidés de leur substance, les interprètes se bornant à exécuter leurs actions, semblant d’un coup ne plus y croire. C’est ainsi que le dernier acte tombe à plat, avec ce rideau rouge, ces lampions, et surtout cet immense panneau publicitaire vantant la tauromachie qui dévore une grande partie de l’espace scénique. Jouant – avec raison – la carte de l’épure, le metteur en scène donne involontairement à ce tableau un air de fête de village bon marché qui nous écarte de toute émotion. Les deux protagonistes eux-mêmes peinent à faire éclater la violence contenue dans la musique, et c’est calmement égorgée par son ancien amant, attendant sa fin, que Carmen expire.

Une frustration finale à la mesure de l’énergie qui animait les deux premiers actes et augurait du meilleur.

 

Une demi-Carmen

Aux côtés d’un chœur parfaitement en situation et parmi des seconds rôles efficaces, nous retiendrons en particulier la Frasquita sonore de Chloé Chaume, la Mercédès espiègle et mutine d’Albane Carrère ainsi que le Remendado impeccable de Vincent Ordonneau tout comme le Moralès charismatique et bien chantant de Régis Mengus. Le Zuniga de Vincent Pavesi en impose par sa voix puissante, mais l’aigu demeure ce soir-là bouché et sans éclat, un jour de méforme sans doute.
L’Escamillo de Sébastien Soulès déconcerte, d’autant plus que sa prestance scénique ne trouve aucun écho dans sa voix chantée, au grave sonore mais à l’aigu terne et confidentiel, comme déconnecté du reste de l’instrument, audiblement mal à l’aise dans la tessiture hybride du rôle.
Débutant dans le rôle de Micaëla, la jeune Vannina Santoni croque avec bonheur ce personnage, moins naïf qu’une certaine tradition voudrait le faire croire, et distille de beaux piani. Néanmoins, la voix paraît manquer de soutien et de hauteur de place, ce que trahit un vibrato qui tend à s’élargir dans la nuance forte, notamment dans l’aigu, l’émission vocale perdant alors de sa concentration et de son focus. De beaux moyens, qui méritent justement une attention toute particulière dans leur gestion et leur emploi.
Le couple central de l’œuvre fonctionne plutôt bien, sans doute à cause de l’opposition qui sépare les deux amants.
Florian Laconi en Don José impressionne par une solidité, vocale autant que scénique, à toute épreuve et une puissance sonore qui remplit la salle, osant même de beaux allègements dans son duo avec Micaëla. Toutefois, notre étonnement demeure face à une émission apparaissant souvent lourde – rendant depuis notre place les sons parfois bas en terme de justesse – et un soutien semblant demander un effort musculaire considérable, ainsi que cette couverture de l’aigu qui demeure un mystère pour nous. Mais reconnaissons que le ténor français parvient au bout du rôle sans encombre, alignant les aigus avec panache, une force de la nature.
Sa prestation, plutôt brute de décoffrage, trouve son exact contraire dans l’incarnation toute en élégance et en retenue de la mezzo américaine Andrea Hill, qui effectuait ici ses débuts sous les traits de la cigarière.
Ancienne pensionnaire de l’Atelier Lyrique de l’Opéra de Paris, la chanteuse paraît avoir attentivement écouté Denise Scharley autant que Teresa Berganza, donnant vie à une première Carmen de très haut niveau. La maîtrise de la voix est totale, chaque inflexion trouvant naturellement sa place, au service d’une diction remarquablement travaillée, dans la grande tradition française. Une sensualité qui n’est jamais vulgarité, un jeu de scène à l’élégance jamais prise en défaut, tous les éléments sont réunis pour susciter bien des espoirs, jusqu’à un air des Cartes d’une poignante intimité, au legato imperturbable et au magnétisme intense. Seule la puissance de l’instrument demeure encore modeste et demande à se développer davantage pour pouvoir prétendre à des salles aux dimensions plus vastes. Nonobstant ce détail, nous tenons là une future grande titulaire du rôle-titre.
Une Carmen tourangelle qui nous aura permis de découvrir en Andrea Hill un jeune talent à suivre de très près.

Tours. Grand Théâtre, 17 janvier 2014. Georges Bizet : Carmen. Livret de Henry Meilhac et Ludovic Halévy, d’après la nouvelle de Prosper Mérimée. Avec Carmen : Andrea Hill ; Don José : Florian Laconi ; Micaëla : Vannina Santoni ; Escamillo : Sébastien Soulès ; Frasquita : Chloé Chaume ; Mercédès : Albane Carrère ; Le Dancaïre : Ronan Nédelec ; Le Remendado : Julien Ordonneau ; Zuniga : Vincent Pavesi ; Moralès : Régis Mengus. Chœur de l’Opéra de Tours. Orchestre Symphonique Région Centre-Tours. Jean-Yves Ossonce, direction musicale ; Mise en scène : Gilles Bouillon ; Décors : Nathalie Holt ; Costumes : Marc Anselmi ; Lumières : Marc Delamézière ; Dramaturgie : Bernard Pico

Illustration : Andrea Hill (Carmen) © François Berthon

Bizet : Carmen Ă  l’OpĂ©ra de Tours

bizet_portraitTours, OpĂ©ra. Carmen de Bizet. Les 17,19,21 janvier 2014. Reprise Ă©vĂ©nement. La production de Gilles Bouillon et Nathalie Holt a Ă©tĂ© un grand succès en 2008. Une nouvelle distribution, menĂ©e par Andrea Hill  et Florian Laconi (dans les rĂ´les de Carmen et Don JosĂ©), renouvelle la sĂ©duction vocale d’un ouvrage justement estimĂ© après la mort du compositeur : Bizet s’est Ă©teint quelques semaines après la crĂ©ation malheureuse de son oeuvre, Ă©tranger Ă  son riomphe planĂ©taire actuel. Carmen est une femme libre, intransigeante, forte. MagnifiĂ©e par le gĂ©nie de Bizet, c’est la “vraie la vie” qui explose sur scène, Ă  l’image d’une musique inĂ©puisable dont Nietzsche dĂ©sormais ennemi du théâtre wagnĂ©rien en ses brumes lĂ©nifiantes vĂ©nĂ©neuses hypnotiques, a louĂ© la santĂ© mĂ©diterranĂ©enne, franche et directe, et mĂŞme ses rythmes ” africains “. Contre le nord voilĂ©, sa texture Ă©touffante, le philosophe retrouvait l’ivresse des couleurs, la sensualitĂ© latine assumĂ©e et librement vĂ©cue par Bizet, Ă  travers le profil de son hĂ©roĂŻne, vraie femme fatale, aussi entière et passionnĂ©e que tendre et exclusive. Reprise Ă©vĂ©nement Ă  l’OpĂ©ra de Tours pour 3 dates incontournables.

 

 

reprise de Carmen Ă  l’OpĂ©ra de Tours

Vendredi 17 janvier 2014 Ă  20h
Dimanche 19 janvier 2014 Ă  15h
Mardi 21 janvier 2014 Ă  20h

Samedi 11 janvier Ă  14h30 • Grand Théâtre de Tours – Salle Jean Vilar • EntrĂ©e gratuite dans la limite des places disponibles

 

Bizet : Carmen Ă  l’OpĂ©ra de Tours. OpĂ©ra en quatre actes
Livret de Henri Meilhac et Ludovic HalĂ©vy, d’après la nouvelle de P. MĂ©rimĂ©e
Création le 3 mars 1875 à Paris
Alkor Edition Kassel – Version originale dialogues parlĂ©s
Présenté en français, surtitré en français

Direction : Jean-Yves Ossonce
Mise en scène : Gilles Bouillon
Décors : Nathalie Holt
Costumes : Marc Anselmi
Lumières : Marc Delamézière
Dramaturgie : Bernard Pico

Carmen : Andrea Hill
Micaëla : Vanina Santoni
Frasquita : Chloé Chaume
Mercédès : Albane Carrère
Don José : Florian Laconi
Escamillo : Sébastien Soulès
Zuniga : Vincent Pavesi / Moralès : NN
Le Dancaïre : Ronan Nédélec / Remendado : Vincent Ordonneau

Orchestre Symphonique Région Centre-Tours
Choeurs de l’OpĂ©ra de Tours et choeurs supplĂ©mentaires

Coproduction dĂ©cors et costumes OpĂ©ra de Tours/Conseil GĂ©nĂ©ral d’Indre & Loire (2008) – RĂ©alisĂ©e dans les ateliers de l’OpĂ©ra de Tours

boutonreservation

 

 

Une cigarière libre, mangeuse d’hommes

calve_emma_carmenGeorges Bizet (1838-1875) savait-il que, malgrĂ© l’Ă©chec de son vivant de Carmen (cet insuccès devait accĂ©lĂ©rer sa fin malheureuse quelques jours après la crĂ©ation de l’ouvrage), il avait composĂ© l’oeuvre lyrique la plus populaire aujourd’hui?
Le brigadier Don JosĂ© Ă©prouve les provocations de la belle cigarière Carmen. Il ramasse la fleur qu’elle lui jette Ă  la sortie de la manufacture de tabac. Lors d’une bagarre entre ouvrières, Carmen est arrĂŞtĂ©e et confiĂ©e Ă  la garde de Don JosĂ©. Usant de tout son charme, la voluptueuse sirène le persuade de la laisser s’enfuir… Par amour, le beau militaire trahit son engagement, devient contrebandier en rejoignant les Gitans. Mais trop vite dĂ©laissĂ© par la belle indomptable, il dĂ©cide de l’assassiner… Surtout connu aujourd’hui comme Ă©crivain, Prosper MĂ©rimĂ©e fut aussi traducteur, critique, historien, archĂ©ologue. MĂ©rimĂ©e inventa la doctrine de protection du patrimoine et rĂ©alisa presque seul l’inventaire des monuments de France. Carmen, Ă©ditĂ©e en 1845, est restĂ©e son Ĺ“uvre la plus fameuse. 30 ans après sa publication, Bizet lui offre un Ă©crin musical digne de sa nature passionnĂ©e et sanguine. “Africaine” dira ainsi Nietzsche qui y voyait l’opĂ©ra alternatif au wagnĂ©risme dont il ne partageait plus la croyance. Le compositeur approfondit le trio amoureux: Carmen, JosĂ©, Escamillo… le brigadier reste prisonnier d’une passion qu’il subit en victime; Carmen Ă©touffe rapidement et quand paraĂ®t la star des arènes, Escamillo, dans ses habits de lumière, ce nouvel Adam triomphant, incarne la promesse d’une nouvelle aventure… C’est pour Carmen un idĂ©al sensuel que refuse de rĂ©aliser JosĂ©, enchaĂ®nĂ© par le lien qui le relie Ă  sa mère (mourante) et Ă  MicaĂ«lla (sa blonde et impuissante fiancĂ©e)… trop fragile rivale de Carmen.

 

Opéra en quatre actes, livret de Ludovic Halevy et Henri Meilhac. Création à Paris le 3 mars 1875

 

Illustrations: Bizet et Emma CalvĂ©, Carmen mythique… (DR)

 

VIDEO.La Carmen choc de Carlos Wagner Ă  Metz et Nancy (mars 2011)

video_carmen_metzCarmen choc Ă  Metz puis Nancy. Production Ă©vĂ©nement du chef-d’oeuvre de Bizet: Carmen. Eric Chevalier, directeur de l’OpĂ©ra Théâtre de Metz MĂ©tropole prĂ©sente Ă  Metz avant Nancy, la nouvelle production de l’opĂ©ra créé en 1875, dans la mise en scène de Carlos Wagner. Spectacle Ă©vĂ©nement, Ă  Metz puis Nancy jusqu’au 1er mars 2011. Reportage classiquenews.com

Radio. Carmen de Bizet. France Musique, le 22 décembre 2012, 19h30

Georges Bizet

Carmen, 1875

France Musique
Samedi 22 décembre 2012, 19h30

logo_fmusiqueBizetGeorges Bizet (1838-1875) savait-il que, malgrĂ© l’Ă©chec de son vivant de Carmen (qui devait accĂ©lĂ©rer sa fin malheureuse quelques jours après la crĂ©ation de l’ouvrage), il avait composĂ© l’oeuvre lyrique la plus populaire aujourd’hui? Le brigadier Don JosĂ© subit les provocations de la belle cigarière Carmen. Il ramasse la fleur qu’elle lui jette Ă  la sortie de la manufacture de tabac. Lors d’une bagarre entre ouvrières, Carmen est arrĂŞtĂ©e et confiĂ©e Ă  la garde de Don JosĂ©. Usant de tout son charme, la voluptueuse sirène le persuade de la laisser s’enfuir… Par amour, le beau militaire trahit son engagement, devient contrebandier en rejoignant les Gitans. Mais trop vite dĂ©laissĂ© par la belle indomptable, il dĂ©cide de l’assassiner…

Surtout connu aujourd’hui comme Ă©crivain, Prosper MĂ©rimĂ©e fut aussi traducteur, critique, historien, archĂ©ologue. MĂ©rimĂ©e inventa la doctrine de protection du patrimoine et rĂ©alisa presque seul l’inventaire des monuments de France. Carmen, Ă©ditĂ©e en 1845, est restĂ©e son Ĺ“uvre la plus fameuse. 30 ans après sa publication, Bizet lui offre un Ă©crin musical digne de sa nature passionnĂ©e et sanguine. “Africaine” dira mĂŞme Nietzsche qui y voyait l’opĂ©ra alternatif au wagnĂ©risme dont il ne partageait plus la croyance. Le compositeur approfondit le trio amoureux: Carmen, JosĂ©, Escamillo… le brigadier reste prisonnier d’une passion qu’il subit en victime; Carmen Ă©touffe rapidemment et quand paraĂ®t la star des arènes, Escamillo, dans ses habits de lumière, ce nouvel Adam, incarne la promesse d’une nouvelle aventure… que refuse de rĂ©aliser JosĂ©, enchaĂ®nĂ© par le lien qui le relie Ă  sa mère (mourante) et Ă  MicaĂ«lla… trop fragile rivale de Carmen.

logo_fmusiqueSamedi 22 décembre 2012, 20h

Diffusion de l’opĂ©ra intĂ©gral: Carmen de Bizet

Avec Anna Caterina Antonacci, Ludovic TĂ©zier, Genia KĂĽhmeier … Philippe Jordan, direction (OpĂ©ra Bastille, dĂ©cembre 2012)

Opéra en quatre actes, livret de Ludovic Halevy et Henri Meilhac. Création à Paris le 3 mars 1875

Illustrations: Bizet (DR)