vendredi 29 mars 2024

Spectacle, compte rendu critique. Troyes, Théâtre de la Madeleine, mardi 19 mai 2015. Vanités. Claude Lejeune, Pascal de L’Estocart. L’Echelle. Avec Charles Barbier, Caroline Marçot, Nicolas Rouault, Marthe Vassallo (chant), Olivier Debelhoir et Alexandre Denis (circassiens), Laura de Nercy (comédienne, danseuse).

A lire aussi

Qu’avons nous aujourd’hui comme idée majeure, comme représentations parlantes de la Renaissance ? Jérôme Bosch et ses scènes délirantes, mi fantastiques mi démoniaques ; Albrecht Dürer et sa Melancolia … songeuse énigmatique ; Erasme dont l’éloge de la Folie exprime une connaissance prodigieuse de la psyché humaine, ses troubles, ses ambivalences, ses contradictions… Le spectacle de L’Echelle assemble tout cela en y évoquant aussi concrètement la conception des humeurs de l’homme.

Emblème du geste collectif défendu par l’Ensemble L’Echelle codirigé par les chanteurs Charles Barbier (ténor) et Caroline Marçot (mezzo soprano), l’équilibre, le pari de la mesure en toute chose… notion qui infléchit la présentation formelle du spectacle : 4 chanteurs a cappella dont le contrepoint raffiné articule en français des textes dont les sujets sont illustrés simultanément par une actrice (formidable Laura de Nercy) et deux acrobates circassiens. Sur scène, les artistes du cirque, incroyables magiciens du jeu des équilibres apportent au spectacle musical, son essence héroïque : faite d’improbables associations humaines, dont les tours époustouflants sont hymnes à la grandeur sublime du geste humain.

 

 

Entre cirque et théâtre musical, les Vanités loufoques, poétiques de L’Echelle

Folie douce et jeux d’équilibre

 

echelle-poutres-vanites-cirque-circassiens-classiquenews-concert-clic-evenement-mai-2015Aux textes polyphoniques de Claude Lejeune (1530-1600) et Paschal de l’Estocart (ca. 1538-1587) répond l’imaginaire burlesque et comique d’Aperghis (1945) dont le travail sur l’absurde du verbe comme du geste théâtral élargit et nourrit davantage le cadre du spectacle vers la comédie déjantée comme le questionnement insatisfaisant et créatif. Ainsi s’affirme en cours de représentation un univers à part dont le délire essentiellement poétique retrouve la saveur des Vanités du XVIIè (qui est le vrai prétexte de la performance); où la réunion d’objets épars composent une sagesse sur la condition humaine telle qu’elle est conçue et comprise depuis le XVIème siècle. Un crâne et un sablier, des fleurs et une bougie attestent de la fragilité d’une vie terrestre auquel répond pendant le spectacle la formidable élévation du circassien sur une échelle de poutres posées dont le geste final -percer un sac de sable sur l’actrice (la condition humaine), inscrit le sujet dans un temps toujours compté, au tic tac péremptoire. C’est assurément le temps fort de la soirée.
S’y glissent aussi des séquences riches et visuellement puissantes dont les plus impressionnantes demeurent la mise à genoux et le pèlerinage du croyant accablé, l’équilibriste sur une échelle, l’union des bulles de savon et d’une flamme de bougie, la dernière cascade … à skis (!)… Car le spectacle n’est pas étranger à l’humour le plus fantasque.

 

 

 

 

Des mélodies aux sujets expressifs, des personnages funambules, gargouilles revisitées ou acrobates équilibristes qui réveillent nos âmes d’enfants, le spectacle Vanités de L’Echelle déploie avec justesse l’échelle des symboles de la Renaissance, la poétique des Vanités, tout en renouvelant la forme même du spectacle entre cirque, chant et théâtre musical. Ne manquez pas les prochaines reprises de ce spectacle hors normes.

 

 

___________________________

Spectacle, compte rendu critique. Troyes, Théâtre de la Madeleine, mardi 19 mai 2015. Vanités. Claude Lejeune, Pascal de L’Estocart. L’Echelle. Avec Charles Barbier, Caroline Marçot, Nicolas Rouault, Marthe Vassallo (chant), Olivier Debelhoir et Alexandre Denis (circassiens), Laura de Nercy (comédienne, danseuse). Caroline Boyer (lumières). Illustrations : © CLASIQUENEWS.TV 2015

 

 

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

CRITIQUE, opéra. PARIS, Théâtre des Champs-Elysées, le 26 mars 2024. LULLY : Atys (version de concert). Les Ambassadeurs-La Grande Ecurie / Alexis Kossenko (direction).

Fruit de nombreuses années de recherches musicologiques, la nouvelle version d’Atys (1676) de Jean-Baptiste Lully proposée par le Centre...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img