samedi 20 avril 2024

Schumann: Missa Sacra (Jourdain, 2011)1 cd Aparté

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La Missa Sacra de Schumann indique très clairement le génie du compositeur en matière d’écriture sacrée et chorale: à Dresde puis Düsseldorf, Schumann maître incomparable du romanstisme germanique, dirige de nombreux chœurs, perfectionnant toujours sa parfaite connaissance de l’interprétation collective. Il a déjà composé brillamment pour des effectifs impressionnants associant solistes, chœur et orchestre, sans que jamais la sonorité ne soit épaisse ou colossale (mais d’une vivacité dramatique palpitante): Scènes de Faust (1844-1853), Le Paradis et la péri (1843), Le Pèlerinage de la rose (1851)… la Missa sacra de 1852, composé pendant le séjour décisif à Düsseldorf (ultime période de fécondité artistique où il reçoit surtout la visite de son admirateur et bientôt fils spirituel, Johannes Brahms) marque un point d’accomplissement de ce point de vue. Le luthérien si coupable et repentant, conscient malgré son génie musicien, de sa trop perfectible humanité, compose une messe catholique en latin, facile d’accès comme d’exécution, s’inspirant de la Messe en ut de Beethoven et de la tradition viennoise.

En dépit d’une évidente attention à la clarté du discours choral, Geoffroy Jourdain s’abandonne parfois à surenchérir, préférant à la libre et simple énonciation chorale et surtout solistique (la soprano Amandine Trenc est hors sujet, trop maniérée et affectée, poseuse plus qu’humble fervente), des appuis surlignés, des tutti trop clinquants: la musique de Schumann appelle à la rêverie, à l’onirisme le plus planant; il lui faut une transparence simple et flexible: caractère et quête avortés par une direction souvent plus démonstrative que réellement sincère: cette affectation expressive est surprenante chez Schumann comme de la part d’un chef dont on aimait jusque là, le respect murmuré des connotations les plus ténus. Cependant convaincante indiscutable dans un Sanctus très inspiré (avec un soliste plus en phase avec le naturel schumanien: Cyrille Dubois, ténor), la lecture est par ailleurs d’une irrésistible cohérence musicale. La sonorité fluide et aérienne (à part une tentation pour l’épaisseur dans les tutti) rend hommage au Schumann le plus sincère. L’Agnus Dei est de notre point de vue le plus abouti: profond, juste, sincère, sans boursouflures.
La science du contrepoint clair et transparent, idéalement articulé, du chœur s’épanouit enfin dans les Quatre pièces chorales, ardentes prières a cappella (Vier doppelchörige Gesänge), d’une maîtrise sonore supérieure encore. L’opus 141 composé à Dresde en 1849 confirme le génie choral de Schumann à 8 voix (double chœur). Le sublime Talismane de clôture, hymne goethéen au Dieu universel, mystérieux et omnipotent, met en avant les qualités expressives des Cris de Paris, qui pour l’occasion, éblouissent par la diction vivante et palpitante du verbe, fait arme sonore. Programme globalement réjouissant.

Robert Schumann: Missa Sacra opus 147, Vier doppelchörige Gesänge, opus 141. Les Cris de Paris. Geoffroy Jourdain, direction. 1 cd Aparté AP044. 58′. Enregistré en octobre 2011.

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