vendredi 29 mars 2024

ROSENKAVALIER par Rattle depuis le MET

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Richard Strauss, un "génie contesté"FRANCE MUSIQUE. Sam 4 janv 2020. R STRAUSS : Le Chevalier à la Rose. En léger différé du Metropolitan Opera de New York. Rosenkavalier, Le Chevalier à la rose, est le sommet lyrique de 1911, conçu par le duo légendaire Richard Strauss et Hugo von Hofmannsthal, conçu à la veille de la première guerre mondiale qui allait emporter l’empire des Habsourg. « La Maréchale, Ochs, Octavian, le riche Faninal et sa fille, tous les liens vitaux qui se sont tissés entre eux, ces personnages, on dirait que tout cela s’est trouvé là ainsi, il y a très longtemps”, ainsi s’exprime le metteur en scène Herbert Wernicke, soucieux de rendre vie à chacun des protagonistes d’un opéra dont le vrai sujet est le temps, l’oeuvre de la durée et donc l’empreinte qu’elle impose aux êtres et aux esprits, la métamorphose, le renoncement et l’amour… Créé à l’Opéra Bastille en 1997 en coproduction avec Salzbourg (avec La Maréchale de Renée Fleming et le Quiquin/Oktavian de Susan Graham), le spectacle aujourd’hui continue de marquer les esprits.
hofmannsthal Hugo_von_Hofmannsthal richard straussWernicke (décédé en 2002) avait créé un décor au jeu miroitant, évocation du temps qui s’évade et coule, et le labyrinthe où se perdent les protagonistes, – théâtre des illusions où de grandioses miroirs, d’une échelle colossale jamais vue auparavant, absorbent l’action, la transfigurent même en intégrant acteurs, orchestre, scène et public. Ce grand théâtre du monde submerge la scène et touche directement le spectateur en une féerie collective vivante d’un souffle et d’une poésie irrésistible. Qu’en sera-t-il sur la scène du MET en ce mois de janvier 2020 dans la mise en scène de Robert Carsen ? Photo ci dessus : Hugo von Hoffmansthal (DR)

FRANCE MUSIQUE. Sam 4 janv 2020, 19h. R STRAUSS : Le Chevalier à la Rose

 

 

 

 

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Approfondir : l’œuvre du temps…

 

 

Un opéra contemplatif onirique sur l’oeuvre du temps…
« Le temps est une étrange chose.
Il est tout autour de nous, il est aussi en nous.
Il ruisselle dans nos miroirs, il coule sur mes
tempes. Et entre moi et toi,
Il coule à nouveau ; sans bruit, comme un
sablier. »
La Maréchale, ACTE I

 

 

Duo mythique
Avec son librettiste Hugo von Hoffmannsthal, rencontré dès 1900, Richard Strauss réalise un duo légendaire à l’opéra, l’équivalent au début du XXè du binome mythique lui aussi Mozart / Da Ponte. Ainsi naissent sous leurs plumes associées, plusieurs sommets lyriques avant la première guerre : Elektra, Der Rosenkavalier, Ariadne auf Naxos, Die Frau ohne Schatten, Die ägyptische Helena, Arabella.
Ils ont choisi pour Rosenkavalier, le cadre de la Vienne impériale baroque, celle des premières années de règne de Marie-Thérèse d’Autriche, dans la seconde moitié du XVIIIè, ère de raffinement extrême influencé par le style versaillais français. Dans l’esprit du compositeur, il s’agit de créer un nouvel opéra mozartien, dans la suite des Noces de Figaro, après les déflagrations de Salomé (1905, d’après Wilde), d’Elektra (1909) qui lui valent une réputation d’auteur moderne scandaleux mais irrésistible…

strauss richardStrauss et Hoffmannsthal pour créer de la vérité, inventent et jouent avec l’histoire : bien que non historiquement avérée à l’époque de l’impératrice, la valse est omniprésente ici, propre à la sensibilité des deux auteurs. Tous les personnages ont leur valse emblématique de Ochs à Quiquin ou Octavian… La création en février 1911 – à l’Opéra royal de Dresde (dans la mise en scène de Max Reinhardt avec lequel Strauss et Hoffmannsthal fonderont le Festival de Salzbourg en 1922), est un choc et un triomphe : depuis Elektra, toutes les grandes villes d’Europe se mettent à la page Straussienne. New York affiche très vite l’ouvrage mais Paris, à cause de la guerre, ne pourra écouter l’opéra qu’en 1927. En 1925, sans épuiser la riche matière poétique de l’ouvrage, Robert Wiene, précurseur du cinéma expressionniste allemand, adapte l’opéra de Strauss et Hoffmannsthal au cinéma.

On oublie que Richard Strauss fut parallèlement à sa carrière de compositeur flamboyant, un chef d’orchestre précoce (il conduit l’orchestre dès ses 9 ans) avisé et pertinent (mozartien, il est l’un des premiers à faire réhabiliter Cosi fan tutte, jusque là mésestimé en raison de la pseudo « faiblesse » de livret) ; le jeune Strauss répond à l’invitation de Hans von Bulow et dirige l’orchestre de l’opéra de Meiningen, de l’Opéra de Munich et succède à Bulow comme directeur musical du Philharmonique de Berlin… Il dirige Tannhaüser à Bayreuth (1894). Il est nommé directeur artistique de l’Opéra de Vienne (après Gustav Mahler), soit de 1919 à 1925, et y dirige entre autres, les opéras de Mozart et de Wagner.

 

Rappel des personnages :

LA MARÉCHALE
Princesse von Werdenberg, femme dans la
trentaine qui a pour amant le jeune Octavian

OCTAVIAN
Jeune homme de la noblesse viennoise, âgé
de dix-sept ans, amant de la Maréchale

LE BARON OCHS VON LERCHENAU
Cousin de la Maréchale, fiancé à Sophie de
Faninal – la plupart des mises en scènes et des productions grossissent les traits du personnages au point d’en faire un Falstaff mal dégrossi aux manières brusques ; or Strauss et Hoffmannsthal l’avaient conçu en vrai contemporain de La Maréchale, trentenaire, élégant et fin. Bien peu de baryton offrent une juste caractérisation du personnage.

MONSIEUR DE FANINAL
Riche commerçant récemment anobli

SOPHIE
Fille de Monsieur de Faninal

MARIANNE LEITMETZERIN
Duègne de Sophie

VALZACCHI
Valet intrigant

ANNINA
Nièce et complice de Valzacchi

FRANCE MUSIQUE diffuse donc la production du Met permettant le retour de Simon Rattle, chef peu lyrique en réalité. Le grand chef britannique y dirige la première reprise de la brillante production du Chevalier à la Rose de Strauss imaginée par Robert Carsen. Le plateau est superbe, avec entre autres Camilla Nylund dans le rôle de la Maréchale et Magdalena Kozena dans celui d’Octavian.

 

 

Concert donné en direct du Metropolitan Opera de New York.
Richard Strauss : Le chevalier à la rose (« Der Rosenkavalier »)
Opéra en trois actes créé au Königliches Opernhaus de Dresde / 26 01 1911
Hugo von Hofmannsthal, librettiste
Camilla Nylund, soprano, La Maréchale, princesse von Werdenberg
Magdalena Kozena, mezzo-soprano, Octavian, jeune amant de la Maréchale
Markus Eiche, baryton, Herr von Faninal, le riche père parvenu de Sophie
Günther Groissböck, basse, Baron Ochs auf Lerchenau, le cousin de Marschallin
Golda Schultz, soprano, Sophie, la fille de Faninal
Katharine Goeldner, mezzo-soprano, Annina, la nièce et partenaire de Valzacchi
Matthew Polenzani, ténor, Chanteur italien
Thomas Ebenstein, ténor, Valzacchi, un intrigant
Alexandra LoBianco, soprano, La duègne de Sophie, Noble veuve
Scott Corner, basse, Inspecteur de police
Scott Scully, ténor, Premier Majordome
Mark Schowalter, ténor, Second Majordome
Tony Stevenson, ténor, L’aubergiste
James Courtney, basse, Le notaire
Metropolitan Opera Chorus dirigé par Donald Palumbo
Metropolitan Opera Orchestra
Direction : Simon Rattle

 

 

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