vendredi 29 mars 2024

Richard Wagner, L’Or du Rhin (Munich, 1869)Direct, Radio classique, le 8 juillet à 21h45

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Si l’Or du Rhin est le prologue de la Tétralogie de l’Anneau du Nibelung, sa rédaction sous forme de poème a été la dernière. Dans un processus extrêmement long, près de 25 années de gestation pour l’ensemble du cycle, finalement créé dans sa totalité en 1876, Wagner écrit tout d’abord l’action du Ring. Il commencera par le Crépuscule des Dieux pour rédiger, au terme de sa rédaction, le poème de l’Or du Rhin. Le compositeur élabore une cosmogonie musicale dont l’ambition est de souligner la malédiction des êtres quand ils ont perdu toute vertu, quand ils ont délibérement monayé leurs innocence première.
L’Or du Rhin fut créé avant la construction et l’achèvement du théâtre de Bayreuth. L’ouvrage est représenté, dès septembre 1869 à Munich à l’instigation de Louis II de Bavière, le mécène de Wagner.

Nous sommes à la genèse de l’épopée. Wagner y décrit les manipulations inspirées par la voracité des personnages pour le pouvoir et la richesse. Le dieu des dieux Wotan, que Wagner a imaginé d’après le dieu scandinave Odin, a vendu la déesse Freia aux géants Fafner et Fasolt pour qu’ils lui bâtissent un palais digne de son orgeuil. Mais entre temps les géants ont changé d’avis et convainus par Loge, le maître du feu, ils souhaitent plutôt l’or du Rhin, dérobé par le nain Nibelungen, Albérich. Wotan s’abaisse à descendre parmi les Nibelungen, pour voler à Albérich son or.

A l’origine du cycle, tractations, manipulations, mensonge et détournement sont révélateurs des personnalités en présence. La vertu , la justice et la loyauté sont piétinées par un Dieu sans scrupule (Wotan), des Géants vénaux, des Nains affrontés (Albérich et Mime) plus retors encore que le Dieux sensés être plus civilisés. Albérich incarne la figure exemplaire du calculateur tyranique : il a renoncé à l’amour pour se rendre maître de l’Or. Mais un maître ridicule qui se fera berner par plus astucieux que lui.

La vision de Wagner, compositeur et poète (il a rédigé lui-même le livret) est des plus sombres et des plus désenchantées. Influencé par Shopenhauer, il exprima encore plus explicitement le poison de l’amertume et de son pessimisme quand il interrompt la composition de la Tétralogie, pour écrire Tristan.
Tout acte réalisé se paie. Que Wotan veuille construire un palais fastueux : soit ! Mais qu’il ait vendu Freia, qu’il manipule et agisse au mépris des valeurs essentielles, et c’est tout un monde qui bascule. Erda paraît déjà et prophétise la Crépuscule des Dieux. Au moment où les géants bâtisseurs reçoivent leur tribut en or, la malédiction s’accomplit et Fafner tue son frère Fasolt. Certes, à la fin de l’Or du Rhin, les Dieux conduits par Wotan, à l’exception de Loge, s’élèvent sur l’arc-en-ciel survenu après un orage, pour prendre possession de leur demeure céleste. Brève temps de gloire. Car dans les Journées qui suivent, d’autant plus dure et amère, sera leur chute.

Radio classique
en direct du festival d’Aix

Direction musicale
Sir Simon Rattle

Mise en scène, scénographie et vidéo
Stéphane Braunschweig

Costumes, collaboration à la vidéo
Thibault Vancraenenbroeck
Lumière
Marion Hewlett et Patrice Lechevallier
Collaboration à la mise en scène
Georges Gagneré
Collaboration à la scénographie
Alexandre de Dardel
Collaboration artistique
Anne-Françoise Benhamou

Wotan
Sir Willard White
Donner
Detlef Roth
Froh
Joseph Kaiser
Loge
Robert Gambill
Fasolt
Evgeny Nikitin
Fafner
Alfred Reiter
Alberich
Dale Duesing
Mime
Burkhard Ulrich
Fricka
Lilli Paasikivi
Freia
Mireille Delunsch
Erda
Anna Larsson
Woglinde
Sarah Fox
Wellgunde
Victoria Simmonds
Flosshilde
Ekaterina Gubanova

Orchestre
Berliner Philharmoniker


Approfondir

Lire notre dossier spécial consacré à l’Anneau du Nibelung

Illustrations

Wotan, seigneur à la lance, maître du feu. Dessin de Hendrich, 1906.
Portrait de Richard Wagner (dr)

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