vendredi 29 mars 2024

PORTRAIT ENTRETIEN : ALAIN BARAIGE, pianiste et compositeur.

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BARAIGE ALAIN concerts piano compositeur par classiquenews portrait presentation par classiquenews Alain09 copiePORTRAIT ENTRETIEN : ALAIN BARAIGE, pianiste et compositeur. En partenariat avec le site SHIIMER, classiquenews souligne la diversité des talents d’aujourd’hui et présente les artistes et les projets qui méritent d’être suivis. Après Bartu Elci-Ozsoy (violon) et Tamara Caucheteux (piano), voici un autodidacte explorateur au tempérament exemplaire : praticien du clavier et compositeur exigeant… Le lyonnais Alain Baraige a débuté sa formation au piano en autodidacte ; libre et curieux, l’artiste créateur traverse styles, genres et formes, encouragé par Georges Cziffra qu’il rencontre directement et dont il recueille la leçon de vie, l’esprit et la sensibilité artistique. Exigeant sur la forme et le sens, le compositeur dialogue en permanence avec l’interprète : ses récentes sessions de travail avec Nicolas Bacri ont apporté une relecture féconde du contrepoint, nouveau cadre d’expérimentations et de découvertes personnelles. Comme interprète au clavier, l’artiste sait interroger sur la technique pianistique offrant des solutions personnelles d’un bénéfice inédit. Les mondes imaginaires d’Alain Baraige se nourrissent de sa passion viscérale pour la musique et la pratique très personnelle du piano (un Fazioli), l’admiration des Français, Ravel et Debussy. Ses compositions en témoignent, riches, généreuses, animées par l’élan vital… soucieuse de cohérence et d’architecture, organique comme spirituelles. Entretien exclusif pour classiquenews.

 

 

 

Entretien portrait avec Alain Baraige

 

 

 

 

Quel est votre répertoire de prédilection actuellement et pourquoi ?

Mon répertoire est intégralement constitué par mes compositions. J’ai toujours envisagé la musique comme un prolongement direct de ma vie intérieure. Aujourd’hui j’estime être privilégié de pouvoir réaliser mes rêves de jeunesse. Dans le monde musical je suis quelque peu différent non par volonté mais par nature. Je conçois le rôle de la musique et le jeu du piano comme l’expression d’une pulsion vitale, ce qui se retrouve à la fois dans mon jeu de piano (par les techniques employées) et dans mes conceptions de l’écriture.

 

 

 

Pouvez citer 2 artistes du passé ou actuels, qui seraient vos modèles ? Pour quelles raisons ?

Mes deux pianistes favoris sont Georges Cziffra et Josef Lhevinne, pour des raisons très différentes. Josef Lhevinne est pour moi l’incarnation de l’élégance et de la perfection technique. Quant à Georges Cziffra, il est à l’origine de ma vocation de pianiste. L’histoire qui nous lie est pour le moins providentielle. En effet, jusqu’à l’âge de seize ans, je n’avais jamais touché un piano. Mon contact avec cet instrument se résumait à la passion avec laquelle j’écoutais en boucle un disque, rapporté par mon père, de Georges Cziffra interprétant Liszt. Jusqu’au jour où une voisine me prêta son piano. Dès lors, en véritable autodidacte, je reproduisais plus de douze heures par jour tout ce que j’avais imaginé des années durant de la technique intrinsèque à la pratique de cet instrument. J’y associais mes émotions évidemment, c’était devenu un nouveau langage.  En quelques années, j’avais acquis un niveau quasi-professionnel, avec des méthodes de travail extrêmement personnelles et vraiment novatrices. Si bien, qu’une amie de mes parents connaissant personnellement G.Cziffra lui a parlé de moi, de mon admiration pour lui, de mon apprentissage fulgurant et passionné du piano. Il m’a alors invité à Senlis, chez lui. Cette rencontre fut d’une portée inestimable pour moi et pour ma carrière de pianiste, plus je le connaissais, et plus je m’attachais à l’homme autant que j’admirais le pianiste. Ses encouragements et conseils m’ont apporté ce que nul autre ne pouvait me donner.

En ce qui concerne les compositeurs, mes préférences vont vers Debussy et Ravel qui sont  ma source d’inspiration majeure. J’aime particulièrement la richesse harmonique, la fluidité, le mélange Orient – Occident et l’inventivité.

 

 

 

Sur quel programme précis travaillez-vous actuellement ? Quels en sont les défis techniques ?

Le travail au contact de Nicolas Bacri m’a ouvert de nombreux horizons et m’a amené à redécouvrir l’importance du contrepoint et de la fugue. Mes nouvelles compositions intègrent tant sur le fond que sur la forme la richesse de ces échanges. Le défi est donc de rester fidèle à l’esprit de mes conceptions originelles tout en tenant compte de l’apport de cette vision plus architecturée de l’écriture musicale. Je construis actuellement ce répertoire en parallèle tout en retravaillant mes précédentes compositions  sur le plan pianistique.

 

 

 

Quelle serait la qualité artistique qui vous singularise ?

baraige-alain-compositeur-piano-portrait-par-classiquenewsLe compositeur et l’interprète sont dans un dialogue permanent. Ce qui définit mon travail pianistique, c’est la recherche d’un son « rond » sans agressivité même dans le fortissimo. J’ai travaillé avec des masseurs et des ostéopathes pendant des années afin de mettre au point une technique de maîtrise du poids, de sa répartition, du toucher par une zone différente du doigt, et aussi de l’élimination des tensions musculaires de tout le bras, de la main et de l’épaule. Pour moi, la meilleure technique est celle qui régit le monde animal et son comportement. Souplesse, adaptation et loi du moindre effort en vue d’une efficacité et d’une longévité maximales.
Un petit exemple facile à comprendre : le poids du bras est l’élément de base. Compensé par un touché de note avec la pulpe du doigt (300 capteurs sensoriels par mm2), on entraine une adhérence, une présence sur la note, une profondeur de toucher qui génère un son rond moins percussif, et donc une plus longue plénitude de la résonance. L’effort consiste non pas à frapper la note, mais à lever le bras pour se servir de la force d’attraction et utiliser le poids naturel du bras considéré comme un pont mobile entre l’épaule et la main. Le relâchement musculaire est de mise afin d’envoyer l’énergie au bon endroit, au bon moment. La visualisation de chaque geste et l’écoute  intérieure de chaque son viennent compléter ce dispositif technique.

Sur le plan de l’écriture, je recherche la simplicité (donner l’impression que la pièce est spontanée), utiliser un langage accessible au plus grand nombre. Tenter de participer autant que possible à l’harmonisation intérieure de l’auditeur pendant l’écoute. C’est l’influence de mes années de méditation d’études des neurosciences et de diverses techniques de psychologie qui se cache dans cette démarche et qui s’intègre directement dans ma musique et dans mon jeu.
Mes disques sont ce que l’on appelle des  « concept albums » ; la construction  d’une vision de l’existence. Le premier : « L’eau, le ciel et la lumière » est une sorte « d’ouverture »  de ce qui va se développer dans les albums suivant. Chaque élément représente  une étape de la vie.
L’eau pour l’enfance que je développe dans le deuxième disque :  « Enfantillages ».
Le ciel pour l’âge adulte et le développement personnel que l’on retrouve dans le disque : « Per aspera ad astra ».
Enfin la lumière pour la spiritualité dans un prochain épisode que je suis en train de composer.

 

 

 

Sur quel type d’instrument jouez vous ? Quelles en sont les qualités / spécificités ?

J’ai l’immense chance de travailler sur un Fazioli  F 212. La première fois que j’ai touché un Fazioli, c’était au Pianosphère de Paris. Une pure merveille réglée par Jean-Michel Daudon. Pendant le concert, je me suis senti en harmonie avec ce F308 mis à ma disposition pour l’occasion.  En ce qui concerne le F212, j’en  apprécie  la longueur de son, la plénitude  des basses, l’équilibre général et la dynamique jamais agressive des aigus.

 

 

 

Quels sont vos projets à venir ?

J’ai l’habitude depuis toujours d’alterner les périodes de concerts et celles de composition de façon à nourrir par le vécu, l’écriture et le jeu. Les périodes de concert m’ont amené à jouer souvent en France (notamment en collaboration avec la FNAC) mais aussi en Italie (notamment à Florence, au Consulat), en Roumanie (plusieurs tournées étalées sur les années 90) et aux U.S.A à Los Angeles, San Francisco et New York. 270 radios à travers tous les états américains ont choisi de diffuser ma musique. Je suis actuellement en période d’écriture. Ces périodes d’écriture m’ont amené à composer en plus de mon œuvre pour piano : deux musiques de film, des musiques de scène pour le  théâtre,  pour des pièces radiophoniques et enfin j’ai composé la musique de spots publicitaires, comme pour Handi’chiens et pour le sculpteur Victor Caniato. Je reprendrai la production de vidéos,  de disques puis de concerts dans le courant du dernier trimestre 2018.

 

 

 

Propos recueillis en décembre 2017

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VIDEO : Mémoire océane, composition d’Alain Baraige
https://www.shiimer.com/profil/alain.baraige/m/91ab0f2c-cd2b-46fb-a7d6-70ef527c68ee

 

 

 

 

 

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