vendredi 19 avril 2024

Philip Glass (1937): Hydrogen Jukebox, création française De Nantes à Caen. Du 12 janvier au 5 mars 2009

A lire aussi
Philip Glass
Né en 1937

Hydrogen Jukebox, 1990
Création française


Du 12 janvier au 5 mars 2009

Nantes, Graslin: les 12, 13, 14 janvier 2009
Nantes, Grand T. Les 22, 24, 26 janvier 2009

Angers, Grand Théâtre. Les 28 et 29 janvier 2009

Orléans, Le Carré. Le 16 janvier 2009
Dijon, Opéra. Le 1er février 2009
Besançon, Théâtre musical. Le 13 février 2009
Poitiers, Auditorium. Le 19 février 2009
Caen, Théâtre. Le 5 mars 2009

Beatnik attitude
Fin 1940, au sortir de la guerre nucléaire qui a entraîné l’Europe
exsangue, fait basculer l’ordre planétaire, et saisit les intellectuels en un trauma qui a révélé la
chute de la civilisation, trois écrivains américains se retrouvent à
l’Université de Columbia et expriment chacun à leur façon le choc
éprouvé: Williams Burroughs publie Le Festin nu (1959), Allen Ginsberg,
Howl (1955), et Jack Kerouac, auteur de Sur la route (1957), formalise
leur engagement et leur prise de conscience et se désignant désormais
comme la Beat géneration,
par référence aux vagabonds adeptes des trains de marchandises,
nouvelle espèce de bohèmes émigrés, traversant un monde désormais
éclaté… Contre cette expérience du désenchantement, les intellectuels
proclament l’ivresse des sens, la fin des règles étriquées de la
bourgeoisie bien pensante. Il faut jouir de la vie et choisir la démence de vivre.
A San Francisco, le groupuscule se fédère au cours des années 1950:
toute une pensée libertaire inspire les beatniks, futurs hippies,
anticipant la génération de mai 1968.
La genèse de Hydrogen Jukebox
commence lorsque pour répondre à une commande de vétérans du Viet Nâm,
exprimée en 1988, Philip Glass, né en 1937, part à la recherche d’Allen
Ginsberg (1926-1997) qu’il a connu en Inde. Le poète dans le sillon
d’Henri Michaux livre sa conscience aux drogues exploratrices d’un
nouvel état sensible, plus apte à décrire et éprouver les mondes
parallèles, comme à critiquer violemment l’impasse de l’Amérique
puritaine d’Eisenhower. Son poème Howl suscite ce titre un
beau scandale: jugeant son oeuvre particulièrement obscène, le FBI
classe son auteur au nombre des libertaires dangereux, ennemis de
l’ordre intérieur. Comme le free-jazz est constitué de courtes
scénettes, le poète expérimente dans Reality sandwiches, une
écriture fugace, dessinant en épisodes, des tranches de vie et des
carnets de voyage. Ginsberg et Glass composent ainsi le texte nourri
des poèmes beatnik qui est à la source d’Hydrogen Jukebox. Il
s’agit d’un vaste tableau en 15 scènes, foisonnant et kaléidoscopique
dont la charge critique, ironique et lyrique fustige les travers de
l’Amérique du nord des années 1950 à 1980.

Philip Glass
Auteur prolixe, ardent représentant de la musique répétitive, Philip
Glass
est né à Baltimore, il y a 71 ans. Passionné par la photographie
de Muybridge qui décompose le mouvement, le musicien s’engage aussi à
transcrire la musique indienne de Ravi Shankar: l’élève de Nadia
Boulanger ne tarde pas à imposer sa propre écriture. On lui doit nombre
d’opéras (une vingtaine à ce jour, depuis Einstein on the Beach,
créé en 1976 avec le concours de Bob Wilson et de la chorégraphe
Lucinda Child). Aux côtés de Bob Wilson, Philip Glass a aussi travaillé
avec David Bowie et Brian Eno. En hommage à Allen Ginsberg décédé en
1997, le compositeur écrit une nouvelle partition engagée d’après son
poème Ode au plutonium. En avril 2008, Philip Glass a créé son dernier opéra au Metropolitan de New Yok, Satyagraha,
avant d’inspirer Bartabas et de faire jouer l’une des ses oeuvres, à
Paris au Grand Palais, en juin 2008 dans le cadre de l’exposition Monumenta de Richard Serra.

Hydrogen: penser le monde…
Hydrogen Jukebox composé avec le poète Allen Ginsberg en 1990, est
ainsi créé en France en janvier 2009, du 12 janvier au 5 mars 2009,
d’Angers et Nantes à Caen, soit 13 dates événements et 7 villes
d’accueil pour une tournée mémorable.
« Lorsque
je créais des pièces musicales à caractère social, j’utilisais souvent
des langages inusités, voire obscurs, comme le sanskrit pour
Satyagraha, l’égyptien ancien pour Akhnaten, le latin pour The Civil
Wars ou juste quelques syllabes et nombres pour Einstein on The Beach.
Avec Jukebox, j’ai travaillé avec le langage vernaculaire que nous
pratiquons tous. Et la poésie d’Allen semble faite pour cela, car il
puise dans les sons et les rythmes qui nous entourent pour façonner son
langage poétique, un langage américain qui est logique, sensuel parfois
abstrait mais toujours expressif. Fondre langage et musique ensemble
apporte un sentiment de puissance, de plénitude sensorielle au sens
propre, comme seul l’opéra en procure.
» précise Philip Glass à propos de Hydrogen Jukebox.

Pour Allen Grinsberg, l’ouvrage pointe du doigt les éléments qui
menacent notre civilisation. En décrivant tout ce qui complote contre
la survie de notre monde, l’opéra délivre en effet un oxygène
salvateur: un baume pour maintenir l’humanité hors d’atteinte de ses
faiblesses destructrices? : « En
définitive, l’objet d’Hydrogen Jukebox, ses fondements, son message
secret, est de soulager la souffrance humaine par une prise de
conscience aigue des obsessions, névroses et problèmes que nous
rencontrons en cette fin de millénaire. Ainsi ce “mélodrame” est un
aperçu millénariste de ce qui se passe, de ce que nous pensons, des
nouvelles percutantes des Etats-Unis et du monde. En construisant cette
pièce, nous pensions au déclin de l’empire, la chute de l’Amérique en
tant qu’empire et même à la destruction de la planète dans les
prochains siècles. Nous avons dressé la liste des choses que nous
voulions couvrir – Philip et moi ainsi que Jerome Serlin le scénariste,
quelques sujets communs. Il y avait, bien sûr, le Bouddhisme, la
méditation, le sexe, la révolution sexuelle. Il y avait la notion de
corruption en politique, à la tête de l’état. On y trouvait aussi des
thématiques sur l’art, le voyage, les rapports Orient Occident ainsi
que l’écologie, dont tout le monde parlait. Et, bien entendu, la
guerre, la paix et le pacifisme.
Hydrogen Jukebox serait-il un
manifeste ultime préapocalyptique, déroulé en un appel du dernier
recours, avant que l’humanité n’implose, avant cette fin du monde qui
pourrait bien être son but inéluctable?

Le titre Hydrogen Jukebox vient d’un vers du poème Howl : …listening to
the crack of doom on the hydrogen jukebox… (…tout en écoutant le
crash apocalyptique d’un jukebox à hydrogène). Cela renvoie à un état
de technologie hypertrophiée, un état psychologique dans lequel les
gens sont à la limite de leur apport sensoriel face à la civilisation
de jukeboxes militaires, face au puissant grondement industriel ou face
à une musique qui vous secoue les os et pénètre votre système nerveux,
comme le ferait un jour un bombe à hydrogène, en annonçant l’apocalypse
», annonce Allen Ginsberg.

Distribution
Direction musicale: Philippe Nahon
Mise en scène: Joël Jouanneau
Décors: Jacques Gabel
Costumes: Claire Sternberg
Lumière: Franck Thévenon
Vidéo: Camille Béquié
Chef de chant: André Dos Santos
Régisseur de production: François Bagur

Mia Delmaë, soprano 1
Céleste Lazarenko, soprano 2
Aurore Ugolin, mezzo soprano
Michael Bennett, ténor
Jeremy Huw Williams, baryton
Jean-Loup Pagésy, baryton basse
Eric Génovèse Sociétaire de la Comédie Française, le narrateur

Ars Nova ensemble instrumental
Pierre-Simon Chevry, flûte
Eric Lamberger, clarinette,
Jacques Charles, saxophone
Isabelle Cornélis, percussions
Elisa Humanes, percussions
Michel Maurer, piano,
Philippe Nahon, direction

Illustrations: Philip Glass, Allen Ginsberg (DR)

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