mardi 16 avril 2024

Paris. Théâtre des Champs Élysées, le 29 avril 2013. Orchestre National de France. Alexandre Tharaud, piano. Daniele Gatti, direction

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L’Orchestre National de France sous la direction de Daniele Gatti joue au Théâtre des Champs Élysées en un concert époustouflant, plusieurs bijoux
orchestraux du 20e siècle. Le pianiste Alexandre Tharaud se joint à eux
pour une soirée pétillante et pleine de finesse.


L’étrange familiarité ou les trésors du 20e siècle

Le programme commence avec le ballet Petrouchka d’Igor Stravinsky, ici interprété dans la version aux effectifs réduits de 1947. L’oeuvre remplie d’emprunts au folklore russe mais aussi à la valse et à la chanson populaire est pourtant d’une grande individualité. L’orchestre impressionne dès le début avec une précision millimétrique et un certain exotisme mécanique, dans le plus pur esprit du compositeur. La direction de Daniele Gatti est brillante et virile, avec un tel entrain que la baguette lui échappe des mains… Ceci n’affecte évidemment en rien l’interprétation, mais témoigne de l’immense force du chef. Les timbres particuliers sont exploités avec prestance, et la bitonalité de l’oeuvre est gérée avec aisance et beaucoup de punch par les musiciens.

Alexandre Tharaud paraît après l’entracte dans le Concert pour la main gauche en ré majeur de Maurice Ravel. La grandiose introduction orchestrale paraît inspirer le pianiste qui commence ses vagues d’arpèges ascendants avec une gestuelle percutante et quelque peu expressionniste. L’oeuvre d’une grande virtuosité, est interprétée par le pianiste avec une évidente et ravissante conscience de … l’art du spectacle. La symbiose entre le soliste et l’orchestre est épatante, nous remarquons particulièrement la réactivité et l’audace des vents. Alexandre Tharaud montre sa connaissance et sa maîtrise du langage pianistique ravélien.

Il charme et séduit franchement dans l’harmonie jazzy, moins dans son traitement du contrepoint. Après plusieurs rappels, le soliste offre en tant que bis le Prélude pour la main gauche d’Alexandre Scriabine, morceau de beauté romantique qu’il interprète avec délicatesse et sentiment.

Le concert se termine avec la Suite n° 2 du ballet Daphnis et Chloé de Ravel. L’incroyable partition, sans doute l’un des chefs-d’oeuvre de l’histoire de la musique, est jouée de façon spectaculaire par l’orchestre aux couleurs insolites. Le brio du chef est contagieux et omniprésent. Même la flûte solo est envahie par cette force et le résultat est frappant.
Daniele Gatti privilégie donc la force rythmique et l’éclat saisissant de
l’oeuvre aux couleurs rêveuses des modulations. L’enthousiasme est toujours bien reçu par l’auditoire mais nous n’avons pourtant pas eu droit à un bis.

En sortant du concert, la marque des interprètes nous saisit encore : tempérament puissant du chef, charme pétillant d’Alexandre Tharaud. Programme à l’affiche le 7 mai à Dijon ou le 11 mai à Vienne. Le concert sera diffusé le vendredi 17 mai 2013 à 20h sur France Musique.

Paris. Théâtre des Champs Élysées, le 29 avril 2013. Ravel, Stravinsky. Orchestre National de France. Alexandre Tharaud, piano. Daniele Gatti, direction

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