vendredi 29 mars 2024

Paris. Salle Pleyel, le 11 juin 2007, Concert Beethoven. Gewandhausorchester Leipzig, Viviane Hagner, Riccardo Chailly

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La venue du Gewandhaus de Leipzig et de son directeur musical depuis 2005, Riccardo Chailly, pour la première fois dans Pleyel rénové était l’un des évènements attendus de cette saison de réouverture. Fort belle saison au demeurant qui a permis de faire revenir à Paris les très grands chefs et leurs orchestres qui avaient quelque peu déserté la capitale. La saison à venir promet également d’être riche.
Ce 11 juin 2007, le programme était exclusivement consacré à Beethoven avec l’ouverture Coriolan, la 1ère Symphonie et le Concerto pour violon avec la jeune Viviane Hagner, en remplacement de Sergueï Khatchatrian, initialement prévu. C’est un Beethoven contrasté à la fois cru et racé, tendre et festif, que nous ont offert les interprètes. Riccardo Chailly mène avec une énergie rayonnante un orchestre au son magnifique et à l’équilibre souverain grâce à sa maîtrise de la texture, des équilibres et des contrastes comme des couleurs. La gestique est souple, enthousiaste, virevoltante, pétrissant avec anticipation chaque modulation, surprise ou intervention de tel ou tel pupitre. Le bonheur de jouer et la jouissance du résultat entendu sont immédiatement rendus aux musiciens au travers de sourires complices et empathiques. Tout Beethoven est ici audible: du moindre trait des exceptionnelles cordes au contrechant goguenard et subtile du basson de David Petersen ou de la flûte enchantée de Cornelia Grohmann. Chaque note est travaillée, aimée et mise au contact physique des autres pour une intense osmose servie par une écoute mutuelle manifestement cultivée au plus haut degré par cet orchestre. Les contrastes sont omniprésents et justes qu’il s’agissent de nuances, de phrasés, voire d’une rupture de climat créée par l’intervention musclée, mais toujours en situation, des cuivres et d’une timbale énergique et précise. En quelque sorte, une synthèse complètement maîtrisée et aboutie… qui rend inutile toute discussion sur le type de formation et d’instruments les plus à même de jouer cette musique. Il n’est pas question ici d’authenticité présumée, seulement de musique et de quelle musique. Le Coriolan est attaqué de front avec presque de la hargne, comme le faisait, excusez du peu.. un certain Carlos Kleiber. Toutefois, l’acoustique un peu sèche de Pleyel ne rend pas complètement justice à cette interprétation crue mais si forte et juste. La Première Symphonie, proche héritière de Haydn et de Mozart, est menée de manière très motorique avec une accentuation des contrastes, des rebonds incessants et une énergie très intrinsèque à cette musique.
Après l’entracte, l’entente avec le violon de Viviane Hagner est du même niveau et l’écoute mutuelle encore plus manifeste. Le son sublime de Viviane Hagner s’accorde parfaitement avec celui des cordes de l’orchestre ce qui nous vaut notamment un adagio d’anthologie avec des nuances incroyables, des pizzicati cosmiques et des interventions des bois d’une précision et d’une subtilité à faire pâlir d’autres interprètes. Accueil triomphal d’un public manifestement charmé par tant de musique et de bonheur. C’est probablement le secret, se donner du bonheur en faisant de la musique et l’offrir au public. Riccardo Chailly est décidément un immense chef d’orchestre. Il reviendra le 7 juin 2008 avec son orchestre, dans un programme Pärt, Brahms et Tchaïkovski.

Paris. Salle Pleyel, 12 juin 2007. Ludwig von Beethoven
(1770-1827)
: Coriolan op. 62, Symphonie n°1 op. 21, Concerto pour
violon et orchestre op. 61
. Viviane Hagner, violon.
Gewandhausorchester Leipzig. Riccardo Chailly, direction.

Crédits photographique
Riccardo Chailly (DR)
Viviane Hagner © B.Ealvega

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