PARIS, Gaveau. RĂ©cital JN DIATKINE, le 17 juin 2021, 20h30. Jean-Nicolas Diatkine vient de publier chez Solo Musica un recueil discographique rĂ©unissant les Sonates n°7, 23 et 28 de Beethoven : nouvelle offrande dâun cheminement menĂ© sur le long terme et qui ne cesse toujours et encore dâinterroger la matiĂšre musicale conçue par Ludwig. « Beethoven reprĂ©sente Ă la fois le sommet et la base de toute ma vie musicale ; le sommet parce que son exploration ouvre sans cesse de nouveaux paysages, de nouveaux espaces, Ă lâinfini. La base, car il a Ă©tĂ© un point originel dans mon Ă©veil musical dâenfant. Jouer aux petites voitures et aux avions ( que jâai conservĂ©s sous la forme dâun simulateur de vol dont je suis tou-jours passionnĂ© ) ne pouvait sâaccomplir pour moi quâavec les symphonies de Beethoven jouĂ©es sur un tourne-disque en arriĂšre-plan, jusquâĂ ce quâelles prennent finalement le dessus sur mes scenarii de jeux », prĂ©cise le pianiste viscĂ©ralement BeethovĂ©nien. « Plus tard jâai eu lâoccasion dâapprocher avec mon maĂźtre le compositeur Narcis Bonet la puissance crĂ©atrice de Beethoven, dont il réédita les symphonies en collaboration avec Igor Markevitch » poursuit Jean-Nicolas Diatkine que la connaissance des Ćuvres de Beethoven a rendu plus conscient et Ă©veillĂ© encore. Sa sensibilitĂ© et son acuitĂ© interprĂ©tative dĂ©coulent dâune profonde connaissance des Sonates confrontĂ©es Ă la langue de ses symphonies. A Gaveau, le pianiste tisse les filiations fondatrices qui unissent Schumann, Liszt, Wagner⊠et Beethoven. Relation dâadmiration et de cĂ©lĂ©bration oĂč le mythe de lâamour fatal, impossible et transscendant traverse et nourrit les partitions inspirĂ©es par les figures mĂ©morables de HĂ©ro et LĂ©andre, Tristan und IsoldeâŠ
Jean-Nicolas Diatkine Ă GaveauâŠ
Les mondes shakespeariens, dansants de Beethoven
Au clavier, lâinterprĂšte en exprime la puissance crĂ©atrice, la facultĂ© gĂ©niale dâorganisation ; Beethoven est un architecte et aussi un promeneur qui offre Ă lâauditeur une multiplicitĂ© de paysages et chemins de traverses, rĂ©unis, organisĂ©s dans une unicitĂ© bouleversante.
Comme un passeur et un guide, le pianiste tente de rĂ©aliser un milieu salvateur qui prĂŽne lâĂ©quilibre des sens : entre lâinstant prĂ©sent vertical, oĂč lâinstrumentiste joue et lâauditeur reçoit lâoeuvre et lâautre chemin, horizontal bien dĂ©fini de la partition originelle; Ă travers lâordre et la loi (selon le mot du chef FurtwĂ€ngler) affirmĂ©s avec une volontĂ© inouĂŻe, le pianiste sĂšme son parcours de repĂšres, jalonnant la promenade de joyaux qui frappent par leur esprit dâarchitecture et de clartĂ©.
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PARIS, Salle Gaveau
JEAN-NICOLAS DIATKINE, piano – JEUDI 17 JUIN 2021, 20h30
RĂSERVEZ VOTRE PLACE
https://www.sallegaveau.com/spectacles/jean-nicolas-diatkine-piano-2-1
Programme :
Beethoven : Sonate N°28 op.101
Wagner-Liszt : Isoldesliebestod
Liszt : Ballade n°2
Schumann : Ătudes Symphoniques op.13
PAR TĂLĂPHONE
01.49.53.05.07
Du lundi au vendredi de 10h Ă 18h
BILLETTERIE
Du lundi au vendredi de 10h Ă 18h
et 1h avant chaque concert.
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VOIR / ECOUTER Jean-Nicolas Diatkine (Paris, Gaveau, déc 2011)
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Sonate n°28 opus 101 de BEETHOVEN
Point commun entre le concert et lâenregistrement citĂ©, la Sonate n°28 opus 101. La premiĂšre Ă©coute de la partition revĂȘt la forme et lâexpĂ©rience dâun rĂȘve, selon JN Diatkine. « Cette Ćuvre commença Ă exercer sur moi la mĂȘme fascination que les ruines de Troie sur les archĂ©ologues ». « Everest » pour les pianistes (comme peut lâĂȘtre le quatuor op.131), la 28 opus 101 offre la mĂȘme complexitĂ© raffinĂ©e que la forme quatuor : dialogue entre les voix, usage des phrasĂ©s propres aux coups dâarchet, et de leur respiration ; la multiplicitĂ© des voix en dialogues inscrit la partition dans un Ă©change permanent, multiple, mobile. JN Diatkine souligne lâadmiration de Wagner pour lâoeuvre : « Beethoven a dĂ©couvert lĂ un monde tout nouveau, oĂč tout est mĂ©lodie, formes, des formes qui sâavancent vers quelquâun, mĂȘme si aucun Ćil ne les voit » indique lâauteur du Ring.
Le premier mouvement aspire Ă une libĂ©ration dansante (« le fameux Chant sacrĂ© dâaction de grĂące dâun convalescent Ă la DivinitĂ© en mode Lydien ») ; puis Beethoven affirme sa volontĂ© en une marche Ă lâesprit conquĂ©rant voire belliqueux, qui enchaĂźne plusieurs Ă©pisodes dramatiques resserrĂ©s, rapidement rĂ©conciliĂ©s en un accomplissement final facĂ©tieux ; le 3Ăšme mouvement fait surgir une mĂ©lancolie brutale qui sâapaise par lâaccord de mi majeur arpĂ©gĂ© vers le bas puis vers le haut. Le 4Ăš et dernier mouvement affirme une Ă©nigme conçue autour de son noyau central, la fugue en la mineur, jaillissement burlesque qui reprenant la verve comique de Shakespeare, cite aussi le rire final de Falstaff. La coda dĂ©concerte lâauditeur sur le mĂȘme mode surprenant et dĂ©lirant ; en une sĂ©rie dâaccords ascendants, Beethoven semble nous dire : « Vous croyez que câest fini ? Et bien dĂ©trompez-vous ». Au service de la partition, Jean-Nicolas Diatkine souligne la dĂ©rision crĂ©atrice dâun Beethoven insaisissable.
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