samedi 20 avril 2024

Nouveau Rigoletto à Liège

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VERDI_442_Giuseppe_Verdi_portraitLiège, ORW. Verdi : Rigoletto. 15>31 mars 2015. Le bossu maudit. En jouant l’arrogance des courtisans infects, le fou du Duc (de Mantoue) croit tirer les ficelles : mais en devenant le dindon trompé, il perd jusqu’à la vie de son bien le plus précieux : sa fille Gilda… âme trop angélique sacrifiée dans l’arène d’une humanité parfaitement barbare et cynique. Le ton est donné et la musique de Verdi suit à la lettre, la plume acerbe et touchante, critique, voire satirique et brûlante du grand Victor Hugo qui lui a soufflé sa trame (l’opéra de Verdi reprend le sujet du Roi s’amuse). Sous couvert d’un drame de cour, Verdi brosse le portrait d’une assemblée de politiques ignobles et railleurs, parfaits libertins, dont le seul souci est de meurtrir les cœurs surtout purs. Voyez comment Gilda, jeune femme innocente et trop naïve, se fait dévorer par cette humanité corrompue.
De la pièce hugolienne, Verdi et son librettiste Piave font un huit clos à 3  : le Duc prédateur ; le bouffon dépassé ; sa fille manipulée, sacrifiée ; soit le ténor, le baryton, la soprano. A trop avoir raillé, on est raillé et perdu soi-même : voilà la triste fable de Rigoletto, bossu amuseur à Mantoue qui sans le savoir, offre au Duc son patron, sa propre fille comme offrande sacrificielle.
L’acte I  débute par la malédiction de Rigoletto par l’une de ses victimes, Monterone, que le bossu a raillé alors que le Duc a déshonoré sa fille… un tel sort attend le bossu. Mais il ne le sait pas encore.
Au II, Rigoletto à qui on vient d’enlever sa fille Gilda, la découvre sortant (dépucelée) de la chambre du Duc. Dans un air final, Rigoletto  jure de se venger.
Au III, le Duc magnifique s’enflamme à l’évocation de ses conquêtes et de la légèreté des femmes (air fameux : la donna è mobile...). Mais Rigoletto lui a préparé un piège en payant le service du tueur Sparafucile et de sa sœur Maddalena. En une nuit de terreur où Verdi fait souffler la violence d’une tempête, Rigoletto croit tenir le sac qui contient le corps assassiné du Duc impi : c’est sa fille Gilda qui s’est présentée à sa place sous la lame vengeresse. L’agneau a sauvé le décadent.

 

 

 

Un père maudit et meurtri

 

Vague verdienne en juin 2014En une action violente et terriblement efficace, Verdi aborde la barbarie humaine, surtout la souffrance d’un père qui pleure difficilement la perte de sa fille (dès la fin de l’acte I, quand les courtisans ont enlevé Gilda pour la livrer au Duc ; surtout dans la scène finale où le père découvre le corps de son enfant sacrifié dans son sac/linceul…). La force de Verdi vient de la justesse et de la profondeur des sentiments qu’il est capable d’exprimer : n’a-t-il pas lui-même été particulièrement frappé par la perte de ses filles et de son épouse ? Apreté cynique, tendresse éperdue, barbarie noire… l’opéra manière Verdi atteint un souffle et un réalisme jamais vu avant lui, d’une violence grotesque à la mesure de sa source hugolienne. Après Macbeth et Luisa Miller, – inspiré par Shakespeare et Schiller, Rigoletto, créé à La Fenice en mars 1851, incarne avec Le Trouvère et La Traviata, la trilogie de la maturité triomphante : un sommet à trois couronnes qui scelle définitivement le génie de Verdi sur la scène lyrique italienne et européenne.

Prendre la place… Rigoletto est aussi un jeu de chaises musicales. Un jeu fatal. Alors qu’il se moque comme les autres courtisans du prince Monterone au début de l’opéra (lequel le maudit), Rigoletto ne tarde pas à prendre sa place : de moqueur, il devient moqué ; sa fille, trésor domestique qu’il tenait caché, est cyniquement déflorée par le Duc et vouée à la haine barbare des courtisans. Puis, au dernier acte, par une nuit d’orage et de tempête (shakespearienne), la pauvre amoureuse, Gilda, accepte de prendre la place du duc, et se fait à sa place, violemment poignardée par Sparafucile, le mercenaire payé par Rigoletto -, elle est jetée dans une toile de jute et ainsi révélée à son père… choqué, inconsolable.


Rigoletto de Verdi à l’Opéra royal de Wallonie

Opéra en 3 actes. 
Livret de Francesco Maria Piave d’après Le Roi s’amuse de Victor Hugo. Création : Venise, 11 mars 1851

Direction musicale / Renato Palumbo
Mise en scène / Stefano Mazzonis di Pralafera

Le Duc de Mantoue / Gianluca Terranova
Rigoletto / Leo Nucci
Gilda / Désirée Rancatore
Sparafucile / Luciano Montanaro
Maddalena / Carla Dirlikov
Le Comte Monterone / Roger Joakim

Orchestre et chœur de l’Opéra royal de Wallonie

Représentations:
boutonreservationOpéra royal de Wallonie
Les 15, 19, 22, 25, 28 et 31 mars 2015

 

 

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