mardi 16 avril 2024

Mozart: Les Nozze di Figaro, les noces de Figaro. StrehlerFrance 3, en direct de Bastille, le 3 novembre 2010 à 20h30

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Mozart

Les Noces de Figaro

Reprise

Philippe Jordan, direction
Giorgio Strehler, mise en scène


France 3
En direct de l’Opéra Bastille
Mercredi 3 novembre 2010 à 20h30

Paris, Opéra Bastille

Du 26 octobre au 24 novembre 2010

Créée il a presque 40 ans (37 pour être précis, au théâtre Gabriel de Versailles en 1973), la production des Noces de Figaro de Mozart
dans le dispositif scénique de Giorgio Strehler revient à Paris. Donnée
avec succès jusqu’en 2003 sur la scène de l’Opéra de Paris (à Garnier
puis Bastille), la magie du spectacle réinvestit la scène parisienne
après 7 ans d’absence.
Le théâtre retrouve une performance scénique inoubliable grâce à la
volonté d’Humbert Camerlo, ex assistant de Strehler qui en réadapte le
déploiement réalisé pour la Scala de Milan.

Qu’est ce qui explique la poésie et la réussite d’un spectacle devenu
emblématique à Paris car joué sans discontinuité pendant près de 30
années (de 1973 à 2003)?
A l’origine, il y a le voeu, véritable amorce du lyrique en France,
initié par Rolf Liebermann venu de Hambourg qui a souhaité donner une
grande fête mozartienne à Versailles au Théâtre Gabriel. Alors que l’on
jouait de façon poussiéreuse le Mariage de Figaro en Français Salle
Favart, Liebermann « ose » afficher Le Nozze di Figaro en italien, avec
Georg Solti dans la fosse (il était alors directeur musical de l’Opéra)
et Giorgio Strehler pour sa réalisation scénique. Vitalité
mordante du chef, subtilité de l’homme de théâtre… Choix d’autant plus
judicieux que Paris reprenait le leadership en matière lyrique:
Strehler, homme de théâtre célébré grâce à son travail au Piccolo Teatro
à Milan était alors salué jusqu’à Salzbourg.
Or plus qu’une lecture propre à son époque et donc aux années 1970,
Strehler sait exprimer l’universel et l’atemporel, voire la dimension et
le souffle mythique dans le chef d’oeuvre de Mozart et de Da Ponte.
En particulier par un geste d’acteur millimétré, accordé à chaque
variation de la musique, par un choix de décors à la fois solennels et
dépouillés, dont les surfaces lisibles entre ombre et lumière, clair
obscur emblématique de la manière Strehler, accusent l’action des
personnages au premier plan, mouvement et chant, enjeux et
confrontations.

Il sait sculpter l’ombre, souligner la part des silences, agit comme un
peintre, trouvant un juste équilibre entre action et suggestion pour
servir la vérité de Mozart. Soucieux du langage musical et de la
théâtralité de chaque note, Strehler rétablit surprises et fulgurances
dans une partition sertie comme un joyau. Il y est question de densité
et de complexité, de transcendance aussi car la divine musique agit
comme un baume sur le livret de Da Ponte. Mozart a sublimé l’enjeu
poétique de la pièce de Beaumarchais. Sa musique a donné un second
souffle à l’intrigue… Les Nozze sont au coeur de la création lyrique
mozartienne, l’opéra des femmes: un sommet de tendresse et de finesse où
tout converge vers la scène de compassion accordée par la Comtesse
pourtant trahie, à son époux, libertin et manipulateur.

Vérité de Mozart

A la demande de Nicolas Joel, les décors ont été recréés à Milan car ceux de Paris sont détruits. Dans la fosse, Philippe Jordan
dirige l’orchestre maison avec cette finesse et ce legato qui
promettent d’être captivants. Mozartien, le chef qui est le directeur
musical de l’Opéra national de Paris connaît bien l’opéra mozartien:
enfant chanteur sous la direction de Nikolaus Harnoncourt (l’un des 3
garçons dans La Flûte Enchantée), Philippe Jordan aborde avec tendresse
et fraternité, le personnage de la Comtesse: un rôle plus fort qu’on ne
le pense: déterminé, opiniâtre, et humain. Même ivresse des sens et
polyphonie du sentiment avec Chérubin et Barberine, deux jeunes âmes en
métamorphoses, deux anges tombés sur terre, saisis dans leur obligation
de s’incarner à la mesure humaine et terrestre: Mozart ne peint pas des
personnages; il est avec eux, à leurs côtés dans des moments cruciaux de
leur devenir: chacun chante la perte d’un état, avec nostalgie et
presque recueillement: Rosina regrette le temps où elle était aimée;
Chérubino s’éveille à l’amour et au désir en un instant qui marque le
deuil de son innocence; même constat stupéfiant pour Barbarina qui
cherchant une épingle dans la nuit, dit toute la triste mais digne
abnégation face à l’inéluctable disparition des choses, donc des êtres.

Mozart. Les Noces de Figaro. Reprise de la production de Giorgio Strehler. Paris, Opéra Bastille, du 26 octobre au 24 novembre 2010.
Avec Ludovic Tézier (le comte), Barbara Frittoli (la Comtesse),
Ekaterina Syurina (Suzanne), Luca Pisaroni (Figaro), Karine Deshayes
(Cherubin)… Philippe Jordan, direction

Illustration: Dernier portait de Mozart, Giorgio Strehler (DR)
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