vendredi 19 avril 2024

Mozart, Don Giovanni.France Musique, le 10 juin à 19h

A lire aussi

Dans la carrière du compositeur, Don Giovanni marque le deuxième grand pari réussi, orchestré avec Lorenzo da Ponte. Ils viennent de triompher à Prague avec les Noces (fin 1786), un opéra exaltant sur un sujet totalement neuf (Beaumarchais). Enivrée par la musique de Mozart, Prague commande un nouvel ouvrage : or, en choisissant Don Giovanni, Mozart trouvera une conjonction troublante entre le sujet de son opéra, et les épisodes de sa vie.

Un don Giovanni peut en cacher un autre. Mois de juin, mois mozartien. Qui s’en plaindrait ?
Si Gaumont publie en un coffret indispensable, le film culte signé Joseph Losey, dans une version totalement démaquillée, régénérée, remixée, France Musique diffuse la production présentée sur les planches de Garnier fin janvier dernier, sous la baguette de Sylvain Cambreling et mise en scène par Michael Haneke.
Que penser de cette nouvelle actualisation, où la Séville du XVIIIème s’est muée en une forêt glaçante de tours et de buldings d’un cœur de mégapole, style New Yok city ou La Défense ?
A en croire les critiques ici et là, intraitables sur la gestion désastreuse de Gérard Mortier à la tête de l’Opéra national de Paris, ce Don Giovanni ne serait pas à inscrire parmi les faits marquants de l’Institution…

Laissons ce soir nos seules oreilles juger. Les promesses de la distribution devraient tout au contraire nous permettre d’entendre un Mozart de grande tenue.

Dans la carrière du compositeur, Don Giovanni marque le deuxième grand pari réussi, orchestré avec Lorenzo da Ponte. Ils viennent de triompher à Prague avec les Noces (fin 1786), un opéra exaltant sur un sujet totalement neuf (Beaumarchais). Enivrée par la musique de Mozart, Prague commande un nouvel ouvrage : or, en choisissant Don Giovanni, dont l’histoire n’est pas des plus originales à l’époque… depuis Tirso da Molina et Molière ou encore Gazzaniga qui a mis en musique l’histoire du Dissoluto dès 1782, le compositeur trouvera une étrange conjonction d’événements entre la couleur de l’ouvrage, réflexion sur la mort, le système social qui s’érige contre toute entrave à l’énergie vitale de l’homme libre, et les épisodes tragiques de sa propre vie : il perd le père adoré Leopold (28 mai 1878), son ami, le comte Hartzfeld ; doit se séparer de la cantatrice Nancy Storace – la créatrice de Susanna- ; et c’est encore le décès du bien aimé docteur Barisani.
Mozart compose une partition grandiose et tendre, où souffle un pur esprit tragique : l’homme mis au défi par lui-même en un tête-à-tête radical ne peut se consumer que dans l’horreur. Cynisme, vérité, mort. Mais aussi humanité, car la musique indique que l’auteur a de la tendresse pour sa créature. Et si Don Giovanni pourfend l’ordre établi et s’il menace l’équilibre social, sa grandeur héroïque le sauve de l’infamie dégradante : il n’est pas un lâche. Il meurt en héros. Goethe et Schiller y reconnaîtront l’étoffe d’un modèle.

Le 29 octobre 1787, les Praguois acclament le nouvel opéra de Mozart. Ils auront vu, avant Vienne qui boudera l’œuvre, lors de sa création dans la capitale impériale, le 7 mai 1788, – malgré la défense qu’en fit Haydn-, la fulgurance d’un génie contemporain : à la gravité métaphysique du sujet et de la partition, correspond aussi cette vitalité ensorcelante d’un compositeur capable dans l’urgence, de composer toute l’ouverture, la veille ou l’avant-veille de la première. De sorte que les musiciens de l’orchestre la déchiffrèrent presque au moment de la création…


Wolfgang Amadeus Mozart

(1756-1791),
Don Giovanni (1787)
Il dissoluto punito
Dramma Giocoso
en deux actes
(1787)

Livret de Lorenzo Da Ponte
Mise en scène : Michael Haneke

Don Giovanni : Peter Mattei
Il Commendatore : Robert Lloyd
Donna Anna : Christine Schäfer
Don Ottavio : Shawn Mathey
Donna Elvira : Mireille Delunsch
Leporello : Luca Pisaroni
Masetto : David Bizic
Zerlina : Aleksandra Zamojska

Choeurs,
Orchestre de l’Opéra national de Paris
Direction musicale:
Sylvain Cambreling

Enregistrement du 27 janvier 2006 réalisé à l’Opéra Garnier à Paris.
ApprofondirConsulter aussi la fiche de présentation de la production, sur le site de l’Opéra national de Paris.

Crédit photographique : DR © opéra national de Paris 2006

- Sponsorisé -
- Sponsorisé -
Derniers articles

OPÉRA GRAND AVIGNON. VERDI : Luisa Miller, les 17 et 19 mai 2024. Axelle Fanyo, Azer Zada, Evez Abdulla… Frédéric Roels / Franck Chastrusse...

Malentendu, quiproquos, contretemps… Luisa Miller puise sa force dramatique dans son action sombre et amère ; la tragédie aurait...
- Espace publicitaire -spot_img

Découvrez d'autres articles similaires

- Espace publicitaire -spot_img