vendredi 19 avril 2024

Mirella Freni: A life devoted to Opera (Stocker, 2010)1 dvd Arthaus Musik

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Diva Freni

Puissance et clarté, éclat et égalité de la ligne vocale, actrice et cantatrice, la soprano Mirella Freni s’est engagée toute sa vie pour l’opéra. Elle fut la soprano préférée de Karajan qui a tout de suite été conquis par son sens dramatique (Mimi, Aïda, Butterfly…). Née en 1935 à Modène, Mirella Freni est la soeur de lait (dans la même garderie) de Luciano Pavarotti, qui deviendra son partenaire sur scène et son « frère » dans la vie.
Débuts remarquée et encouragée par Benaminio Gigli, le ténor légendaire qui détecte chez la jeune fille, une puissance irrésistible qui la pousse déjà à interpréter. En février 1955, au théâtre de Modène, elle chante Micaëlla dans Carmen de Bizet: une détermination vocale et des aigus inimaginables qui transcendent le rôle de l’ingénue rivale trop fragile de Carmen. Technique, intonation juste. La Bohème (Mimi), L’Elixir d’amore (Nerina) sont exceptionnels… Avec Pavarotti, Mirella Freni devient légendaire dès 1967: leur duo embrase la scène. Amsterdam, Covent Garden, Milan (La Scala en 1962: pour Nanetta de Falstaff au pied levé) la demandent. Elle chante Mimi à nouveau dans la production de Karajan et Zeffirelli (1967) dont le docu dévoile les répétitions de l’époque. Rôle qu’elle défend avec une conviction (Chicago, 1988 avec Pavarotti; Vienne, avec Domingo en 1983) pendant toute sa carrière, avec une émotivité bouleversante car en plus d’être une chanteuse remarquable, Freni est aussi une comédienne subtile et naturelle.
Avec son second mari la basse bulgare Nikolaï Giaurov (décédé en 2004), elle fonde en 2002, une école de chant à Modène dans l’ancien hôpital où elle est née (!). Ambassadrice du bel canto avec la pianiste Paola Molinari, Mirella Freni se passionne pour transmettre le style qu’elle a incarné sur scène.

L’opéra est la manière la plus naturelle de faire du théâtre: une technique centrée sur l’articulation du texte, sur la projection en avant non sur la largeur épaisse et trop grasse du larynx; dans le masque, le chanteur fait briller les couleurs et les harmonies naturelles du timbre…
A Paris, Maria Callas lui propose de déjeuner avec elle mais Mirella Freni décline cette invitation et promet de lui adresser la liste des lieux où elle chante afin qu’elles se rencontrent. Freni n’enverra rien par respect et Callas mourra quelques semaines plus tard…

Le public scaligène peut se montrer haineux à tort: quand Freni chante sa première Traviata en 1964, un an seulement après l’avoir portée en triomphe avec Mimi, elle est huée: ce n’est pas seulement une question de maturité vocale; Mirella Freni n’avait peut-être pas fait le bon choix du rôle: l’identité de son timbre ne convenait pas à celle de Violetta Valery mais le coup monté (balles puantes sur le parterre avait été bien orchestré)… En 1972 (Covent Garden), la soprano démontrera que le rôle verdien lui va à ravir avec un sens naturel du drame et une délicatesse vocale très convaincants.

Tous les aspects d’une vie faite pour l’opéra sont ici abordés : la subtilité de la comédienne, la technicienne innée, douée d’une musicalité exceptionnelle, sont évoquées grâce aux témoignages de ses partenaires dont surtout Domingo (hélas pas d’archives de Pavarotti), le metteur en scène Lamberto Pugelli (réalisateur d’une Fedora de Giordano à la Scala en 1993 qui reste mémorable par sa tension tragique)… En 1976, la partenaire de Domingo dans Otello, en direct de La Scala sur la télévision nationale italienne incarne une Desdémone pure, étincelante de puissance et de sensibilité. Tragédienne et musicienne hors pair, Mirella Freni réactive le profil des sopranos incandescentes pour lesquelles le bel canto n’est pas qu’une affaire de décibels mais de théâtre et de jeu scénique. Passionnant. L’artiste a fait ses adieux en 2005 dans La pucelle d’Orléans de Tchaïkovski à l’Opera de Washington. Pour ses 75 ans, Mirella Freni, chanteuse célébrée, femme accomplie, méritait bien ce documentaire légitimement élogieux.

Mirella Freni: a life devoted to Opera (réalisation: Marita Stocker, 2010). Le DVD constitue un coffret spécialement édité par Arthaus Musik pour fêter les 75 ans de la soprano italienne née à Modène: A tribute to Mirella Freni, coffret de 3 dvd incontournables. Le documentaire « a life dedicated to Opera » est complété par La Bohème de Puccini avec Luciano Pavaroti (Opéra de San Francisco, 1988) et Fedora de Giordano (captation à La Scala, 1993, avec Placido Domingo).

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