jeudi 28 mars 2024

Livres. Alain Galliari : Richard Wagner ou le Salut corrompu (Le Passeur éditeur)

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Livres. Alain Galliari : Richard Wagner ou le Salut corrompu (Le Passeur éditeur)   …   Voici le texte d’un sceptique que la musique de Wagner ennuie (lire  à ce titre l’avant-propos). Pourtant, le sujet de sa réflexion dévoile tout ce que le théâtre wagnérien peut susciter de débats et de polémiques féconds. Loin d’assécher la perception du théâtre wagnérien, c’est un nouveau texte qui relance et éclaire sa profonde richesse sémantique.
En dehors de la foi chrétienne, le héros wagnérien, et Wagner lui-même-, exprime une quête irrépressible de salut… Mais de quel salut s’agit-il ? Telle est la question centrale posée par cet essai des plus intéressants.

Livre événement

Wagner ou le Salut corrompu

de Alain Galliari (Le Passeur éditeur)

En brossant le portrait de chacun des héros lyriques conçus par Wagner, du Holandais maudit (Le Vaisseau fantôme, 1841) à Parsifal (1879), l’auteur interroge cette recherche clé qui est au centre de la question théâtrale wagnérienne : la place du héros / le rôle de l’artiste.

Le Salut wagnérien en question …

Wagner ou le Salut corrompu d'Alain GalliariEn s’appuyant sur les mots précis et les formulations contenues dans les livrets de Wagner, écrits par le compositeur poète, le texte analyse comment l’anticléricalisme premier de Wagner, conduit le compositeur à concevoir une nouvelle scène lyrique où le héros devenu sauveur et roi-prètre (cumulant toutes ses fonctions dans Parsifal) prend jusqu’à la place de l’Elu, du Messie lui-même.
En complétant aussi sont texte par les éclairages de Claudel ou de Nietzsche (tous deux d’abord enthousiastes puis sceptiques quant au message wagnérien : « Wagner n’a médité aucun problème plus intensément que celui du Salut. » précisait Nietzsche), l’auteur élargit encore sa propre compréhension du salut wagnérien, un salut ambigu, ambivalent,  » corrompu  » comme l’envisage le titre de cet essai. En dépit des apparences, ce salut n’a rien de chrétien ni de mystique : il affirme le retour d’un ordre pour prendre la place de Dieu lui-même. Vision blasphématoire et purement égocentrique que porte un désir essentiellement personnel … Qu’on adhère ou pas à cette relecture subjective, le sujet mérite amplement d’être débattu en cette année du bicentenaire Wagner 2013.

Au total, l’auteur traverse sous cet angle thématique la plupart des grands livrets de Wagner : Tannhäuser, Tristan et Le Vaisseau Fantôme, Lohengrin et évidemment Parsifal. Il y manque Rienzi et surtout l’argument défendu dans le Ring … peut-être le sujet de prochains chapitres complémentaires ? Habité par cette question centrale relevant de son identité et de sa vocation, Wagner pourtant  » sauvé  » grâce à sa double rencontre au même moment (1864) avec Cosima et Louis II de Bavière, poursuit cette interrogation qui inspire ses pages les plus convaincantes … y compris dans les dernières pages composées pour le Ring et donc Parsifal. Cette obsession du salut est d’autant plus méritante qu’il tend à sublimer son théâtre par une question éminemment morale, le conduisant vers une poétique universelle qui intéresse la raison d’être de tout individu. Il est donc tout à fait pertinent de poser ainsi la question et de lui consacrer un essai, d’autant plus captivant qu’il est ici très argumenté.

Incidemment, telle une double lecture entre les lignes, c’est aussi l’interrogation du musicien sur son état et son statut d’artiste qui se précise peu à peu. Le poète créateur et démiurge face à la société des hommes, face à son propre destin … dommage que l’auteur n’ait pas franchi clairement le pas et inscrit l’ambition personnelle de Wagner dans cette quête continûment formulée dans chacun de ses ouvrages. Le salut dont il s’agit, serait alors non de nature spirituelle et désintéressée mais – plutôt qu’esthétique-, précisément et matériellement narcissique. Wagner avait un orgueil démultiplié, et une claire conscience de sa mission salvatrice vis à vis de l’histoire de l’art germanique. On ne s’étonne plus dès lors que le salut dont il est question l’intéresse au premier plan, en lui accordant la première place.

Alain Galliari : Richard Wagner ou le Salut corrompu. Essai. Date de parution : 5 septembre 2013. Livre papier : 16,90 € (130×200 mm, 160 pages). Livre numérique : 6,99 €. Editions Le Passeur. ISBN : 978-2-36890-040-6

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