mardi 19 mars 2024

LIVRE événement, compte rendu critique. LE FER ET LES FLEURS : Etienne-Nicolas MÉHUL (co édition Pal. Bru Zane / Actes Sud)

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mehul-livre-actes-sud-le-fer-et-les-fleurs-annonce-critique-par-classiquenews-CLIC-de-classiquenews-dossier-MEHUL-2017LIVRE événement. LE FER ET LES FLEURS : Etienne-Nicolas MÉHUL (co édition Pal. Bru Zane / Actes Sud). Enfin une somme quasi exhaustive des dernières avancées scientifiques, concernant un compositeur marquant de la Révolution à l’Empire : Méhul. C’est le premier Romantique français, précurseur de Berlioz et Spontini, dont le génie post gluckiste, a façonné un dramatisme sanguin, noble, viril surtout (plus michelangelesque que Raphaélien, reconnaîtra Cherubini (auteur d’une notice biographique, la seule qu’il ait jamais écrite), avec lequel Méhul composa le pilier du « bon goût », comme inspecteurs et juges au Conservatoire de Paris, alors que Gossec y était professeur de composition. Le livre n’est pas une biographie (laquelle demeure encore à écrire de façon complète), mais elle regroupe plusieurs textes et articles dont les thématiques organisées et structurées selon un plan valable, constituent par complémentarité et dans un corpus contextualisé, une remarquable avancée documentaire sur Etienne-Nicolas Méhul (1763-1817), dont les oeuvres majeures demeurent ses symphonies (toujours mésestimées mais récemment exhumées par Bruno Procopio, chef transatlantique à l’énergie intacte comme défricheur de partitions fortes, entre Baroque et Romantisme français), l’opéra gluckiste et fantastique (en cela ossianique) Uthal, ou le drame sacré Joseph… Le lecteur parcourt ainsi les aspects et facettes d’une oeuvre marquante, – emblématique de la fureur et de l’éclat nerveux, très dramatique, hérité des Lumières et des tumultes variés de la période révolutionnaire. Tempérament destiné au théâtre, Méhul cultive cette sensibilité féline et virile qui le rapproche de Beethoven et rayonne dans ses oeuvres purement orchestrales (à notre avis, le filon à réinvestir et approfondir dans les années qui viennent, et que l’ouvrage ne renseigne pas assez).

 

 

Méhul : génie romantique français, frénétique, nerveux, viril
Le Beethoven français

 

MEHUL-compositeur-romantisme-francais-Etienne_nicolas_mehulVoici donc des contributions décisives documentant « Méhul et la vie politique » (dont ses rapports à Bonaparte, lequel même s’il ne faisait pas mystère de ses goûts italiens, – voir la faveur réservée à Paisiello, ne manqua pas d’honorer et récompenser l’art de Méhul); « Méhul et les institutions » (présence discrète mais marquante au Conservatoire : 1793-1815 ; focus sur le Méhul théoricien et pédagogue, dont témoigne sa Méthode de piano et son implication pour une édition ambitieuse qui ne s’achèvera qu’après sa mort, reprise par Q. de Quincy, R-Rochette puisHalévy : le « Dictionnaire de la langue des beaux-arts »… finalement publié en 1858 ) ; 7 articles clés témoignent dans la partie centrale de « Méhul à l’ouvrage » (Uthal et l’ossianisme / le ballet, école de la Symphonie ? /La chasse du jeune Henri / Méhul et le mélodrame : le cas des Hussites / Qui a composé la Messe de Méhul ? / enfin, Euphrosine ou le Tyran corrigé (1790) / et un article majeur sur la chronologie des ouvrages créés du vivant de l’auteur et leur réception : « la programmation de Méhul à Paris de son vivant »).
Une ultime (et 4è) partie interroge la « postérité » de Méhul à travers les déclarations et nombreux hommages littéraires réalisés à ou après sa mort : ainsi les discours prononcés sur la tombe ; la biographie critique rédigée par son confrère Cherubini, divers essais sur son œuvre et sa personnalité (l’horticulteur à Pantin / Méhul au coeur de la réforme de Castil-Blaze, promoteur de toujours plus de théâtre à l’opéra), surtout, écrits de Berlioz à propos de son « modèle » Méhul…
mehul-etienne-louis-Mehul-006En somme l’on ne pouvait rêver meilleure somme documentaire pour mesurer la valeur et l’apport de Méhul. Une seule réserve cependant, il aurait été très pertinent de dédier une analyse complète de son écriture purement symphonique (certes amorcée par l’article qui en identifie les traces dans les ballets) comme éclaircir les réels « élèves » ou disciples de Méhul après sa mort, dont Louis-Ferdinand Hérold, qui ont été capables de concevoir et prolonger son oeuvre essentielle dans l’évolution de la musique romantique française. Lecture hautement recommandée d’autant mieux opportune pour le bicentenaire Méhul 2017.

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CLIC D'OR macaron 200LIVRE événement. LE FER ET LES FLEURS : Etienne-Nicolas MÉHUL (co édition Pal. Bru Zane / Actes Sud). Ouvrage collectif sous la direction d’A. Dratwicki et Etienne Jadin — Parution : le 6 septembre 2017 – 40 euros TTC — 704 pages — ISBN 978-2-330-08019-8 — Livre élu « CLIC de CLASSIQUENEWS » de septembre 2017.

LIRE aussi notre dépêche annonce actualités de l’année Méhul 2017

VOIR aussi, Symphonie n°1 de Méhul (1808) révélée par Bruno Procopio, maestro transatlantique

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