vendredi 11 octobre 2024

LIVRE événement, annonce. IAN BOSTRIDGE : Le Voyage d’hiver, anatomie d’une obsession (Actes Sud)

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LIVRE événement, annonce. IAN BOSTRIDGE : Le Voyage d’hiver, anatomie d’une obsession (Actes Sud). Ténor schubertien reconnu, diseur et fervent interprète du lied romantique, le Britannique Ian Bostridge livre ici le témoignage d’une vie entière à questionner le sens comme la forme des lieder de Schubert.

 

 

 

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Franz Schubert était au piano quand chantait son ami Vogl, légendaire voix, capable de former avec le compositeur pianiste, un duo d’une exceptionnelle subtilité : clavier et voix ne formaient alors qu’un chant doué de tous les dons poétiques et expressifs. Un seul cœur à 2 êtres… Ayant chanté plus de 120 fois le cycle des cycles, le voyage des voyages, c’est à dire, l’ultime cycle de mélodies schubertiennes : Le Voyage d’hiver, le ténor analyse, décortique, commente la signification de chaque poème d’un opus vécu comme un drame universel, et filmé en 1994 (Winterreise). Enquêteur, Bostridge qui est loin de faire l’unanimité vis à vis de sa propre interprétation du cycle, – certains le trouve trop maniéré, voire outré dans son articulation de la nostalgie poétique schubertienne-, dévoile de l’intérieur, la fabrique musicale de Franz Schubert à Vienne, quelques mois avant sa mort, alors qu’il est occupé par la composition des 24 séquences vocales et pianistiques du Voyage. La brume, l’évocation rêveuse, l’essence même de la mélancolie germanique… tout se cristallise dans ce cycle mythique, véritable pilier de l’âme et de la culture romantique allemande. Bostridge mesure le génie de Shubert comme il comment sa fortune critique et la réception du cycle après la mort de l’auteur, au XIXè comme au XXè.  D’ailleurs, en visuel de couverture, le chanteur (aujourd’hui quinquagénaire, il est né à Londres en 1964), a choisi le tableau du peintre historiciste Anton von Werner, le Cantonnement d’étape où des soldats prussiens (bottes crottées et boueuses) occupent le salon XVIIIè rocaille du château de Brunoy, Essonne) : une toile de 1894 où l’auteur réactive la fière et rustique soldatesque allemande de 1870 ; c’est à dire la fierté des vainqueurs de l’Empire français. Ici la brutalité épaisse des teutons à laquelle le peintre oppose la féminité décadente de l’intérieur architectural à la française. Pourtant c’est bien une partition de Schubert que le soldat chanteur interprète comme sublimé immédiatement par le verbe schubertien : « Am Meer », / Au bord de la mer, d’après Heine (1828), car les soldats prussiens aimaient particulièrement goûter et partager la finesse schubertienne… barbarie guerrière et sensibilité poétique.

 

 

 

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Tout Schubert est là dans cette apparente contradiction, en véritable monument de la culture allemande romantique et postromantique, à la fois tendre, onirique et fantastique, virile et poétique. Evidemment la prose du chanteur interprète suscite bien des questions voire des oppositions. Mais Schubert appartient à tout le monde, surtout à ceux qui s’y sont immergés avec passion, avec engagement, mais aussi esprit critique, car à travers la présentation et l’analyse de chaque lied, se précise aussi le profil de toute époque, celle de la société viennoise dans laquelle s’est forgée bon an mal an, la sensibilité et l’oeuvre de Franz Schubert. Contestable, l’approche du ténor Ian Bostridge reste passionnante. Grande critique à venir dans le mag cd dvd livres de classiquenews, mi janvier 2018, quand est publié l’ouvrage édité par Actes Sud.

 

 

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LIVRE événement, annonce. IAN BOSTRIDGE : Le Voyage d’hiver, anatomie d’une obsession / essai (Actes Sud) – Hors collection – Janvier, 2018 / 14,0 x 20,5 / 448 pages – traduit de l’anglais par : Denis-Armand CANAL — ISBN 978-2-330-07745-7- Prix indicatif : 29 € / parution annoncée le 3 janvier 2018.  Probable CLIC de CLASSIQUENEWS… (de janvier 2018)

 

 

 

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